La poupée qui chantait et autres histoires fantastiques - Geneviève Steinling - E-Book

La poupée qui chantait et autres histoires fantastiques E-Book

Geneviève Steinling

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Beschreibung

Ces quatre nouvelles fantastiques aux chutes surprenantes vous feront voyager dans le temps et dans l'espace avec tout ce que cela comporte d'effrayant. Vous ferez la connaissance de Victor, propulsé malgré lui deux siècles en arrière. Vous plongerez dans le cauchemar d'un homme amnésique prisonnier d'une chambre d'hôtel. Pierrot vous ensorcellera avec sa chanson et la petite fille qui voulait grandir vous bouleversera. Ne vous approchez pas trop près de ces personnages en quête d'identité car ils pourraient vous voler la vôtre ! Amateurs et amatrices de frissons, ces textes sont pour vous.

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Seitenzahl: 152

Veröffentlichungsjahr: 2024

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À mes enfants,

Arnaud, Julien, Guillaume, Diana,

À vous qui êtes mes plus grands bonheurs.

SOMMAIRE

La poupée qui chantait :

Sous le pont de l’Esplumoir :

Le cordon était coupé :

La petite fille qui voulait grandir :

Avertissement

À toi qui ouvres ce livre,

Aucune explication ne te sera donnée sur le pourquoi et le comment de ces quatre histoires parce qu’il arrive que certains faits nous dépassent, il nous faut alors accueillir l’insaisissable sans chercher à comprendre.

La poupée qui chantait

Dans la nuit, un cri.

Celui d’une femme couchée dans un lit.

Une jeune fille entre dans la chambre.

— Qu’est-ce qui se passe, maman ?

— Rien … Juste un cauchemar.

— Sacré cauchemar pour te faire hurler comme ça !

— Tout va bien, ma chérie. Ne t’inquiète pas !

— Tu es sûre ?

— Oui. Retourne dans ta chambre !

— Okay… Mais attends…

La jeune fille part et revient.

— Tiens, voilà mon Pierrot !

— Non ! Tu en as besoin pour dormir.

— Ce soir, c’est toi qui en a besoin. Je pose la poupée sur la table de nuit. Elle veillera sur toi.

— Mais…

— Si tu as peur, fais-la chanter !

****

Stéphanie revoyait les images de son mauvais rêve. Sa fille se trouvait au sommet d’une montagne escarpée. Le corps suspendu dans le vide, elle se cramponnait d’une main à un rocher en lançant des appels désespérés.

Stéphanie avait accouru et réussi à saisir la main libre de sa fille.

Au moment où, dans un ultime effort, elle allait la sauver, deux oiseaux avaient surgi.

À coups de bec, ils s’étaient acharnés sur les mains unies jusqu’à ce que les doigts des deux femmes se dénouent.

La jeune fille avait chuté.

Elle gisait sur le sol.

Inanimée.

Stéphanie se retenait de pleurer parce que dans son cauchemar, les larmes qu’elle versait étaient rouges de sang. La scène lui revenait. Quand elle allait sauter pour rejoindre sa fille, son mari l’en avait empêchée.

Instinctivement, elle contracta son corps dans un mouvement de recul.

— Tu étais là, Jean… Mais ce soir, tu n’es pas là, murmura-t-elle.

Elle soupira.

Elle aurait tant voulu qu’il soit à ses côtés pour qu’il l’apaise mais il se trouvait à l’autre bout de la France, contraint d’animer un séminaire de plusieurs jours.

Son retour était prévu pour le lendemain soir.

La lumière du lampadaire de rue se faufilait à travers les volets et donnait une douce clarté à la pièce.

Le regard de Stéphanie s’attarda sur le chapeau de paille qui ornait le mur face au lit.

Elle se revit tressant sur son bord les fleurs qu’elle avait cueillies avec sa fille.

— Elle devait avoir quatre ans, murmura-telle.

Il y avait de cela quatorze ans pourtant les fleurs restaient intactes.

— Ces myosotis sont une vraie curiosité, s’était étonnée dernièrement sa belle-mère. Quel est ton secret ?

Stéphanie n’avait pas de réponse à lui fournir et sous son insistance, elle lui avait lancé une boutade.

— Pour ôter la poussière, je souffle dessus, ça doit être ça.

— Tu te rends compte, Stéphanie, c’est grâce à ton souffle qu’elles restent éternelles ! avait réagi sa belle-mère, friande de tout ce qui touchait à l’inexplicable. Tu as ce pouvoir et tu ne le sais même pas.

— Mais non ! avait souri Stéphanie. Mon souffle n’y est pour rien. Je plaisantais.

Sur la table de nuit, Pierrot la regardait.

Le calot noir qui le coiffait mettait en exergue la blancheur de son visage.

Les yeux maquillés fixaient le vide, ils étaient en adéquation avec la bouche qui se fermait sur un sourire triste.

Un vêtement de satin blanc habillait le corps confectionné dans une cotonnade rembourrée de paille. Une collerette en tulle couleur du feu cerclait le cou. La poupée portait de simples espadrilles en toile noire.

Elle tenait dans ses mains un violon.

Quand on remontait la clé qui jaillissait de son dos, le bras gauche levait le manche de l’instrument de musique jusqu’au menton, la main droite frottait l’archet sur les cordes et une voix androgyne entonnait la chanson déjà programmée.

Stéphanie tourna la clé.

Le mécanisme se mit en marche.

La voix de la jeune femme se mêla à celle de la poupée.

À la claire fontaine m’en allant promener J’ai trouvé l’eau si belle que je m’y suis baigné. Sous les feuilles d’un chêne, je me suis fait sécher. Sur la plus haute branche, un rossignol chantait. Chante, rossignol, chante, toi qui as le cœur gai. Tu as le cœur à rire… Moi, je l’ai à pleurer.

****

La figure chiffonnée d’une mauvaise nuit, Stéphanie se dit qu’elle allait devoir forcer sur le fond de teint et le fard à joues si elle voulait éviter les remarques de ses collègues du commissariat.

Elle se doucha, s’habilla, camoufla ses traits tirés sous un bon maquillage, but un café et réveilla sa fille.

— Debout, ma chérie ! Je te rappelle que tu dois finir ton dossier pour ton entrée à la Fac. Je fonce au commissariat juste pour la matinée et je prends mon après-midi. Je viens te chercher à midi. Sois prête !

Elles avaient prévu de déjeuner dans un restaurant japonais.

— Réveille-toi, il est l’heure ! insista Stéphanie.

— Oui, oui, tout de suite, ronchonna sa fille.

Stéphanie laissa la porte de la chambre ouverte et alluma la lumière du couloir parce que d’ici à imaginer que sa fille se rendorme, il n’y avait qu’un pas. Elle ferma la porte d’entrée derrière elle, ouvrit celle du garage, s’installa au volant de sa voiture et démarra.

****

À peine avait-elle franchi la porte du commissariat qu’une voix l’interpela :

— Lieutenant Mielo ! Le commissaire vous attend dans son bureau.

— J’enfile ma tenue de service et j’y vais, répondit Stéphanie.

— Faites vite ! Il n’aime pas attendre.

Stéphanie se hâta et deux minutes plus tard, elle frappait déjà à la porte du bureau de son supérieur hiérarchique.

De stature imposante, cheveux courts et noirs comme la barbe qu’il laissait pousser depuis quelques jours, le commissaire fraichement nommé au sein de l’équipe était craint de tous.

Après un bref salut, il confia à Stéphanie une « mission particulière, importante et urgente ».

— Je vous demande la plus grande discrétion car, à part vous et moi, personne ne doit être au courant, précisa-t-il.

— Vous pouvez compter sur moi, Commissaire.

— Très bien. C’est au sujet du dossier Pinot. Une lettre du toubib vient d’être découverte par monsieur de Sinclairon, le nouveau propriétaire du château. Il s’agirait de ses aveux, ce qui représente un élément essentiel pour l’enquête. Vous partez tout de suite pour récupérer la lettre. Vous vous y rendrez avec votre propre voiture.

Stéphanie le regarda avec étonnement.

— Question de discrétion…Vous êtes venue avec votre voiture, n’est-ce pas ?

— Oui, elle est garée sur le parking.

— Bien. Et vous irez seule, sans votre coéquipier.

— J’avoue ne pas comprendre. Nous faisons toujours équipe, lui et moi.

— Je ne vous demande pas de comprendre, je vous demande d’exécuter mes ordres, s’emporta le commissaire.

Son supérieur était réputé pour ses excès de colère quand on lui tenait tête, il prenait cela pour de la provocation et il se mettait à hurler.

Elle se tut.

— Voilà l’adresse, poursuivit-il en lui tendant un papier. C’est à une heure de route, à quelques kilomètres de Soissons. Par ce temps neigeux, le mieux est de vous garer au village et de traverser à pied le chemin de terre qui mène au château.

Stéphanie ne répondait pas.

— Un problème, Lieutenant ?

— J’avais prévu de déjeuner au restaurant avec ma fille. J’avais pris mon après-midi, répondit timidement Stéphanie. Vous aviez signé l’accord.

— Je m’en souviens. C’est pour ça que j’allais vous autoriser d’emmener votre fille avec vous. Vous déjeunerez après m’avoir remis la lettre et tout le monde sera content.

Le règlement interdisait formellement de mêler un membre de sa propre famille à une mission ou à une enquête et Stéphanie n’avait pas l’intention d’y déroger.

— Si vous me permettez, le brava-t-elle poliment, je ne préférais pas. Jamais je ne ferais courir un risque à ma fille, si minime soit-il.

— S’il y avait un risque, je le saurais ! s’énerva le commissaire. Emmenez votre fille avec vous et remettez vos vêtements de ville, ce n’est qu’une formalité. Vous prenez la lettre et point.

— Je n’y vais pas en tenue de service ? Pourtant à chaque fois que…

— Toujours pour une histoire de discrétion. Et bien sûr, vous ne prendrez pas votre arme.

Elle sourcilla.

— Puisque je vous dis que c’est juste une formalité.

— Dans ce cas, pourquoi n’envoyez-vous pas le stagiaire chercher cette lettre ?

— Parce que c’est une pièce importante, soupira le commissaire avec agacement. Faites ce que je vous demande. Allez !

Il était son supérieur, elle était en service et elle devait obéir, elle s’exécuta et sortit.

« Mais j’irai seule, se promit-elle. »

Le commissaire composa un numéro sur son téléphone.

— Elle arrive, dit-il à voix basse.

— Avec sa fille, n’est-ce pas ?

— Oui, je pense.

— Vous en êtes sûr ou vous le supposez ?

— J’en suis sûr à 90 %.

— Ce n’est pas assez ! Sa fille doit impérativement venir, arrangez-vous pour qu’elle l’accompagne.

— Je ne vois pas comment l’obliger à…

— Trouvez ! Et vite ! Ce serait regrettable que vous soyez celui par qui la chaîne se rompt, tonna la voix à l’autre bout du fil.

— Je vais faire mon possible.

— Et qu’elle prenne avec elle sa poupée, évidemment !

— Sur ce point, je n’ai aucun doute, j’ai entendu sa mère dire à ses collègues qu’elle ne s’en séparait jamais. Ce qui d’ailleurs avait provoqué l’étonnement, vu l’âge de la jeune fille.

— J’espère pour vous que vous dites vrai, l’avertit son interlocuteur avant de couper la conversation.

Le commissaire se leva, sortit de son bureau, se dirigea vers le distributeur à boissons et se servit un café noir sans sucre.

Cette pause lui permit de réfléchir à la façon dont il allait s’y prendre. De retour dans son bureau, il composa le dernier numéro appelé.

— J’ai une idée mais il me faut votre accord.

— Eh bien, dites ! Le temps presse.

— Vous pourriez les inviter toutes les deux pour un déjeuner au château.

— Excellente idée ! Elle ne pourra pas refuser.

Le commissaire était loin d’en être persuadé, il savait qu’il allait devoir se montrer persuasif.

****

Au volant de sa voiture, Stéphanie songea à téléphoner à sa fille pour annuler leur rendez-vous car elle savait que jamais elle ne serait de retour pour midi.

Elle se gara le long d’un trottoir et chercha son mobile dans son sac à main, il n’y était pas.

Elle fouilla dans ses poches, inspecta le dessus et le dessous de son siège, de celui du passager. Elle ne le trouva pas.

Elle passa en revue les dernières heures, elle ne se souvenait pas de l’avoir mis dans son sac ni dans sa parka. Il se trouvait donc encore dans son appartement. Elle décida de faire un détour pour le récupérer.

Tout en roulant, elle appréhendait la réaction de sa fille souvent imprévisible et quand elle lui expliqua la situation, elle fut une nouvelle fois surprise, elle s’attendait à tout mais pas à cette réponse-là :

— C’est super ! Je suis prête. Habillée, coiffée, pas maquillée, mais on s’en fiche, plus qu’à lacer mes chaussures, enfiler mon manteau. Je prends prendre mon bonnet et mon écharpe et je te suis.

— Mais non, tu restes ici !

— Pourquoi ?

— Parce que tu as ton dossier à remplir.

— Je le ferai demain, on n’est pas à un jour près.

— De toute façon, aucune personne étrangère n’a le droit de m’accompagner quand je suis en service.

— Je ne suis pas une étrangère, je suis ta fille.

— Ne fais pas l’idiote, tu as très bien compris ce que je voulais dire.

— Ton commissaire n’en saura rien. Et d’abord, tu n’es même pas en tenue réglementaire.

— C’est parce que c’est… C’est… C’est une affaire un peu particulière, se reprit Stéphanie. Je dois juste récupérer un papier.

— Donc tu n’en auras pas pour longtemps. Je t’attendrai dans la voiture et après il sera encore temps d’aller au restau… Tu as vu comme j’ai fait vite, poursuivit-elle.

— Ça, c’est vrai ! Tu n’as jamais été aussi rapide pour nouer les lacets de tes bottines.

— Hé, hé ! Quand je veux, je sais faire vite.

— Reste ici ! Je n’ai pas le droit de te faire courir un quelconque risque.

— Quel risque ?

— On ne sait jamais…

— Maman… Tu sais bien… Faut que je te parle de Charles.

— Tu le feras ce soir.

— C’est maintenant que j’ai envie de t’en parler.

Stéphanie repensa à son cauchemar : était-il un rêve prémonitoire ? Quelques secondes suffirent à l’en convaincre.

Le message était facile à décrypter : « ne pas laisser sa fille seule aujourd’hui ».

Si elle tenait compte de cet avertissement, elle devait accepter que sa fille l’accompagne d’autant que le commissaire le lui avait proposé. L’image du ravin lui traversa l’esprit, le lieu où elle devait se rendre se trouvait à la campagne et non dans les montagnes donc là-bas, sa fille ne courait aucun danger.

— Bon, alors, tu es d’accord ? s’impatienta sa fille.

« Surtout que ce ne sera pas long. Juste le temps de sonner et de prendre l’enveloppe, pensa Stéphanie. »

— Voilà ! C’est ça ! Tu n’en auras pas pour longtemps.

Elle ne s’était pas rendu compte qu’elle venait de penser à haute voix.

— Alors, c’est oui ? insista la jeune fille.

Stéphanie n’avait jamais su lui dire non et elle céda.

— D’accord mais d’abord aide-moi à trouver mon téléphone, c’est pour ça que je suis revenue.

Elles n’eurent pas à chercher longtemps car deux secondes plus tard, une sonnerie venant de la chambre de Stéphanie retentit.

La jeune femme se précipita pour répondre, sa fille la suivit.

Le numéro du commissaire s’afficha.

— Vous êtes déjà en route ? lui demanda-il.

— Je suis chez moi, j’avais oublié de prendre mon téléphone mais je ne vais pas tarder à partir.

— Très bien parce que je viens de recevoir un coup de fil de monsieur de Sinclairon, il vous invite, vous et votre fille, à déjeuner au château. Elle va vous accompagner, n’est-ce pas ?

Comme Stéphanie ne répondait pas, il insista :

— Vous le vexeriez si vous n’acceptiez pas son invitation pour deux.

— Entendu, bafouilla-t-elle, excusez-moi, je dois y aller.

— Je compte sur vous pour honorer son invitation et aussi pour me rapporter la lettre.

— Oui bien sûr, répondit-elle avant de raccrocher tout en sachant qu’elle déclinerait l’invitation qui n’avait rien à voir avec son travail.

— C’était qui ? s’inquiéta sa fille.

— Le commissaire.

— Un problème ?

— Non, rien d’important.

— Je prends ma poupée et on y va.

— Pas ton Pierrot ! soupira Stéphanie.

— Si.

— Il serait temps que tu arrêtes de trimbaler ta poupée partout. Tu ne crois pas ?

— Ma poupée me tient compagnie et je n’ai peur de rien quand je l’entends chanter… Au fait, il n’y a pas qu’à moi qu’elle fait du bien, j’ai entendu cette nuit…

Stéphanie haussa les épaules et tenta un semblant d’autorité.

— Je te préviens, je ne veux pas l’entendre quand je roule.

****

Installée au volant de sa voiture, Stéphanie demanda à sa fille de lui parler de Charles.

— Hier, il m’a avoué qu’il m’aimait depuis toujours, lui confia-t-elle.

— Eh bien, voilà une bonne nouvelle.

— Non ! C’est juste mon meilleur ami.

— Tu aimes un autre garçon ?

— Non… Enfin, oui.

— Oui ou non ?

— Je ne sais pas encore. C’est flou.

— Quand le moment sera venu, tu sauras.

— C’est tellement vague…

— Vague ? Qu’est-ce que tu entends par là ?

— Je n’ai pas envie d’en parler.

— Comme tu veux. Mais tu sais que je suis toujours là si tu as besoin.

— Oui, je sais, maman.

Une heure plus tard, Stéphanie s’écria :

— C’est ici !

Planté en retrait de la Départementale, le village ressemblait à une forteresse dont on aurait abattu les remparts. De la route, on apercevait la toiture de l’immense bâtisse que tous appelaient « le château ».

Elle bifurqua sur sa droite.

Les maisons, toutes identiques et taillées dans la pierre blanche, se dressaient en file indienne sur les deux côtés de la chaussée.

Personne dans la rue.

Aucun commerce à part une petite brasserie.

Stéphanie se gara devant.

— Tu es sûre, maman, que c’est ici ?

— Le château est là, devant.

— Ne me dis pas que c’est là-bas que tu dois aller.

— Si.

— Pourquoi on s’arrête ici alors qu’il se trouve plus loin ?

— Parce qu’on ne peut y accéder que par ce chemin et comme le temps est neigeux, le commissaire m’a dit de me garer au village. J’obéis aux ordres.

— Comme un bon petit soldat, ironisa sa fille.

— C’est mon supérieur et les ordres sont les ordres, riposta Stéphanie. Maintenant tu vas sortir et m’attendre dans cette petite brasserie.

— Ça a l’air bizarre, ici. Tu ne trouves pas ? Il n’y a pas un chat dans la rue.

— Il fait froid et les gens restent chez eux.

— Et les enfants ? Je ne vois pas d’école.

— Ils ne sont pas suffisamment nombreux pour constituer une école.

— Pourtant, il y a une église. Et regarde, là-bas, on dirait une plaque professionnelle…

— C’est celle d’un médecin, l’interrompit Stéphanie.

— Tu as une bonne vue parce que d’ici, je ne vois pas très bien.

— Moi non plus mais je sais que c’est là qu’officiait un généraliste.

— Comment tu le sais ?

— Je le sais, c’est tout.

— C’est en rapport avec ta mission ? lui demanda sa fille en ouvrant de grands yeux.

— Je n’ai pas le droit de t’en dire plus. Sujet clos ! s’emporta Stéphanie.

— Okay ! Okay ! C’est tout de même bizarre, on dirait un village fantôme. Je ne peux vraiment pas venir avec toi ?

— Non. Tu ne peux pas.

— Tu pourrais dire que je suis une stagiaire.

— Stop ! Sors de la voiture !

Le silence régnait en maître.

— Cet endroit me fout la trouille.