Je suis mort mais la vie est toujours belle - Daniel Guillon - E-Book

Je suis mort mais la vie est toujours belle E-Book

Daniel Guillon

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Beschreibung

Arrêt des fonctions vitales, défibrillations, coma, respiration artificielle, transfusion, réanimation puis le retour à la vie.. L'auteur rapporte sa vision des choses, son vécu, son ressenti, et explique quelles ont été les aides essentielles dans cette bataille, pour lui et pour son entourage. Ce document est quelques fois difficile, il est déroutant, il est étonnant et il se veut résolument positif !

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Seitenzahl: 124

Veröffentlichungsjahr: 2024

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Sommaire

Avant-Propos

La plongée dans le néant

Les signes d’une détérioration

La situation n’est plus contrôlée

Les secours d’urgence

L’entrée en réanimation

Les sens déréglés

Le toucher en dérangement…

L’ouïe altérée

Le goût devenu virtuel

L’odorat en folie

La vue absente

La communication délirante

L’apesanteur

Une paralysie partielle

Les délires jusqu’à la vie

Les chiens autour de moi

L’homme au makhila

Les fromages sur la cheminée

Les promenades avec Petit Loup

Le challenge de la dame blanche

Les jeux du stade

La main disparue

La traque des mauvais médecins

Le drôle d’équipage

La chute dans l’escalier

On l’a bien eue, n’est-ce pas Papy ?

Le mois du purgatoire ?

Le désarroi des proches

La torture pour ma chérie

La folle inquiétude de la famille

Les amis inquiets

L’entourage professionnel serein

Les 7 vies du chat

La première, déjà difficile

Et une vie, une !

La seconde vie : on a eu chaud

Et trois de chute !

Raté, mais ça fait 4 !

Déjà 5 vies mangées…

Et maintenant 6 avec la réanimation !

La remontée au soleil

Le retour à la clinique

Le pousse mousse

Les visites

Le retour à la maison

L’orthophoniste

L’apprentissage

L’acceptation

La psychomotricienne

La sélection de l’important

La psycho généalogie

L’organisation de la mémoire

La maitrise de la parole

Le premier contact avec la famille

Le retour au bureau

La trahison

Les aides déterminantes

La présence auprès d’un comateux

La parole encouragée

L’aide pour les proches

Le malade rassuré

L’aide d’un spécialiste

Un obus ne tombe jamais dans le trou du précédent

La bataille tous ensemble

Le tuteur professionnel

L’équipe médicale qu’il faut écouter

Aujourd’hui

Les séquelles négatives

Les séquelles positives

Un souhait

Avant-Propos

C’était en 2005.

C’était un jour gris et glacial de février.

A la suite de deux opérations chirurgicales en trois jours, mon état s’est brutalement détérioré alors que je venais de subir une nouvelle anesthésie à la clinique Saint-Faron de Mareuil les Meaux.

La nuit qui suivit fut particulièrement difficile et au sortir de ces heures compliquées la situation est devenue brutalement incontrôlable.

Les médecins de cette clinique décidèrent de faire appel au SAMU et de me faire transporter en urgence extrême dans un service de réanimation.

Au moment de l’entrée de l’ambulance au service de réanimation de l’hôpital de Meaux, j’ai lentement, doucement, imperceptiblement lâché prise et suis tombé dans un profond sommeil.

Bien vite ce sommeil allait devenir cauchemars et traumatismes, désespoirs et combats…

La sortie du trou fut longue et difficile. Aujourd’hui encore des séquelles sont là et m’ennuient dans la vie de tous les jours.

C’est une somme gigantesque d’efforts qu’il a fallu accepter de faire avec l’aide de nombreuses personnes.

Cela a été rendu possible grâce à l’aide de ma chérie, courageuse chaque seconde durant les jours incertains.

Cette aide est difficile à bien décrire, mais sans elle je ne pouvais « revenir » vite et dans les meilleures conditions.

Et puis, plus étonnamment, j’ai eu pendant quelques jours une aide sérieuse de mon petit loup, oui une aide de mon petit fils qui venait de naitre au mois de novembre précédent !

En fait ce petit bébé était la dernière chose extraordinaire de ma vie, et donc le fil qui me retenait à elle comme on le verra plus avant dans ce document…

Pendant longtemps, et cela dura plus de 6 ans, chaque matin à mon réveil j’incrémentais mon compteur de jours de nouvelle vie.

Un matin, largement au-delà des 2000 réveils-bonus, je n’en n’ai pas ressenti le besoin.

Mon compteur s’arrêta ainsi brutalement de tourner…

Aujourd’hui je ne sais plus combien de jours s’affichent à mon compteur de bonus.

Je sais simplement que je vais fêter mes noces de porcelaine avec cette nouvelle vie et ses nouvelles conditions dont j’ai maintenant accepté l’essentiel…

Quand mon compteur s’est enrayé, sans m’en rendre compte je suis passé du statut de rescapé à celui de personne ayant eu simplement un gros problème de santé.

Car je dois dire que se considérer, consciemment ou inconsciemment, comme un rescapé, un miraculé, cela pose mille et un problèmes dont on reparlera.

A partir de ce changement d’état, j’ai commencé à parler de ce vécu un peu plus qu’avant.

Cela fut une délivrance.

La première des conséquences fut que les moments les plus noirs de cette expérience s’estompèrent et ne furent plus présents à chaque instant dans ma tête.

J’avais accepté !

Pourtant, même après avoir franchi le cap de l’acceptation, pendant une décennie encore après ces évènements je vais revivre régulièrement la période où j’ai été « absent », cette période peuplée de cauchemars et délires.

Chaque année dès la fin janvier, jusqu’à la date anniversaire, je vais pendant quinze jours, en détail, rebalayer tous ces moments que je n’ai pu partager avec personne jusqu’à aujourd’hui.

Pourquoi ne pas avoir pu les partager ?

C’est confus dans ma tête et il me semble qu’il y a plusieurs raisons expliquant ce silence.

Si je ne me suis pas bien exprimé, c’est d’abord par manque de mots précis car comment faire comprendre avec les mots ordinaires du langage courant quelque chose d’extraordinaire, hors norme, et que l’interlocuteur n’a pas vécu ?

D’autant qu’il s’agit d’abord et avant tout de décrire des sensations, des perceptions inconnues de l’interlocuteur.

Dans ces pages, je vais écrire ces mots, mais je pense qu’ils vous paraîtront bizarres, car ce ne sont que des traductions de moments de folie...

S’exprimer c’était aussi, en tous les cas je le croyais jusqu’à présent, le risque de choquer et de gêner, car il n’y a pas de commentaire à faire devant une telle relation.

Dans un échange oral, il est difficile de rester silencieux et de laisser les mots de l’autre pénétrer doucement le subconscient, sans, d’une certaine manière, souffrir d’une gêne, voire d’un sentiment d’agression…

Je crois aussi que mon silence s’expliquait par mes origines, oui par mes racines régionales, là où l’on dit que les hommes sont des « taiseux ».

De mes origines j’ai puisé une grande timidité à parler de choses si intimes, d’autant que par pudeur, je n’aime pas me livrer.

Le cap de ces 10 ans de nouvelle vie m’est apparu l’instant idéal pour faire l’effort et pour tenter de partager.

Oui, et si je profitais de ce moment pour tenter de m’exprimer, pour me libérer un peu plus ?

En me livrant, j’espérais que cela pourrait m’aider à regagner de la sérénité et en tous les cas du calme chaque année en février…

Je ne voulais pas non plus m’inscrire dans la littérature de la vie après la vie, mais je voulais montrer quels sont les acteurs majeurs de mon retour et les moments clé !

Et puis par ce témoignage, j’espérais que je pourrais aider des personnes à vivre ces moments dramatiques, et je pense en priorité à l’entourage des malades en réanimation.

Ce fut mon premier ouvrage sur le sujet : « je suis mort il y a 10 ans ».

J’ai eu des retours très variés, montrant la complexité à partager des choses pour lesquelles la raison n’a pas vraiment de mot.

Mais on m’en parle régulièrement.

Récemment une dame m’indiqua qu’elle aimerait bien lire le fascicule, mais qu’elle redoutait d’y trouver des passages trop difficiles…

J’ai essayé de lui expliquer le style et qu’il n’y avait en aucun cas des choses gores ou saignantes…

Non, la mort fait peur tout simplement.

Il y a quelques semaines, une dame d’un village des Monts du Forez m’a indiqué qu’elle avait acquit dès sa parution mon premier fascicule et qu’elle l’avait utilisée dans un groupe de paroles pour des familles marquées par un proche en coma ou réanimation…

Dix ans encore plus tard, j’ai plus de recul sur les choses, et je me suis dit que je pouvais éditer une version assagie des évènements. La voici, la version noces de porcelaine, la version des 20 ans !

Alors ensemble repartons début 2005, dans la région mel-doise où nous habitions.

La plongée dans le néant

Le 5 février 2005, après une préparation sérieuse, l’heure était venue que je m’en remette aux anesthésistes avant l’opération.

Il s’agissait d’une opération banale que nombre de personnes ont subi.

Il s’agissait de m’enlever une partie de l’intestin, suite à ce que l’on appelle l’opération de « l’appendicite de gauche des hommes de plus de 50 ans » !

Quand je dis préparation sérieuse, il faut préciser que j’avais en effet préparé mon corps.

Deux mois avant l’opération j’étais entré en clinique pour suivre un traitement destiné à atténuer voire supprimer l’inflammation des tissus. Le traitement dura une bonne semaine début décembre 2004.

J’avais arrêté de fumer à cette occasion, ce qui ne pouvait qu’être bénéfique, d’autant que j’étais un énorme fumeur. Je n’ai plus retouché à du tabac depuis.

Nous avions passé les fêtes bien calmement tous les deux ma femme et moi, sans fatigue de déplacement, sans excès.

La dernière semaine de janvier, nous étions partis tous les deux à Hendaye.

Une location sympa, proche des commerces, nous avait offert un lieu de repos idéal.

Huit jours avec d’abord et avant tout du repos et un programme suivi drastiquement, en un mot une préparation selon les indications strictes du chirurgien :

- respirer l’air marin chaque jour,

- des balades en bord de mer et en montagne d’arrière-pays tous les jours,

- pas de fromage et de produits fermentant

- limite stricte des féculents

- que des repas de coquillages et surtout de poissons.

Pendant ce séjour, ce fut une semaine où j’ai chassé le stress du travail et gagné en calme et tranquillité, éléments favorables avant ce qui allait suivre.

Et quand je suis arrivé sur la table d’opération mes poumons avaient été sans tabac depuis 6 semaines….

Mais ils avaient déjà tant et tant de goudrons dedans…

Sur un terrain très enflammé, l’opération fut un peu plus longue que prévu.

Après plus de 8 heures d’anesthésie, le réveil se révéla fort calme, sous les yeux attentifs de ma chérie venue pour veiller sur ces instants où l’on émerge d’ailleurs sans savoir vraiment ni d’où ni comment…

Commençait pour moi, sans que je le sache, un concours de longueur de cicatrices sur l’abdomen…

J’y ajoutais 3 cicatrices et à peine 11 cm aux vieux 17 cm d’une opération bien ancienne quand j’avais 18 ans.

Le 7 février, lors du changement de drap de mon lit, j’ai ressenti une douleur diffuse dans le ventre…

Pourtant les deux aides-soignantes prenaient beaucoup de précautions et agissaient avec calme et douceur.

Cette douleur dura peu de temps mais fut très violente, jusqu’à me faire crier.

Puis tout rentra dans l’ordre, et quelques instants plus tard j’eu grand plaisir à recevoir ma chérie qui m’apportait son amour et les nouvelles du dehors.

Super, un bon moment, tout allait bien.

Les signes d’une détérioration

Le lendemain, rien à signaler jusqu’au soir.

Toutefois je me souviens avoir eu beaucoup de mal à dormir, il faisait chaud dans ma chambre (et pourtant il me semble bien qu’il neigeait dehors)…

Le 9, lors de la visite du chirurgien en fin de matinée, il n’a pas semblé satisfait de ma forme…

Ce n’était pas ce qu’il attendait. Il semblait préoccupé.

Il demanda à ce que ma température soit mesurée et comme elle approchait de 39° il demanda un brancard et un examen au plus vite au service radiologie dans le bâtiment d’à côté.

Aussitôt dit, aussitôt fait : un voyage en brancard s’organisa jusqu’à la radiologie avec l’aide-soignant si sympa, lui qui avait toujours un mot souriant, une blague aux lèvres.

Un scanner, des discussions entre les médecins et opérateurs et me revoici sur le brancard.

Mais surprise, au lieu d’entrer dans l’ascenseur pour rejoindre ma chambre, ce fut l’entrée directe en salle d’opération : l’examen avait révélé que la suture de mon intestin n’avait pas tenue.

Il fallait ouvrir, nettoyer et encore nettoyer, poser une dérivation et coudre l’intestin à la peau de mon ventre pour pouvoir y coller une poche extérieure.

Une stomie, en fait ce que j’avais espéré au début éviter.

Une nouvelle anesthésie importante de près de 7 heures fait que je ne me suis réveillé totalement que dans la nuit.

Tout allait bien, même si je fus, comme on le dit vulgairement, longtemps vaseux.

A cet instant, mon capital de coutures au ventre avait augmenté de 39 cm.

Le lendemain la fièvre réapparut.

Le médecin est venu trois fois. J’ai droit à de nouvelles perfusions, et l’infirmière a des consignes strictes.

Dans la matinée, pour que je puisse dormir un peu, Michèle l’infirmière me mit une poche de glaçons sur le front.

Cela m’apaisa un moment.

La situation n’est plus contrôlée

En fin d’après-midi du 10 février j’avais un énorme mal de tête et une très forte fièvre.

Je sentais ma tête prise dans un étau avec une force inconnue qui me serrait toujours de plus en plus fort.

L’infirmière de nuit constata une fièvre de 41,2° à 21 heures.

Elle me prépara alors une poche de glaçons qu’elle glissa sous ma tête, sur le cervelet, et qu’elle enroula de manière à ce que le froid vienne sur les tempes.

Elle changera son montage plusieurs fois dans la nuit.

Je m’en souviens parfaitement car il fallait à chaque fois me réveiller pour me glisser ce sac sous le cou, un sac qui ne devait pas présenter la meilleure des souplesses pour sa manipulation et aucune douceur pour moi d’ailleurs, je vous l’assure…

La fièvre me donnait un énorme mal de tête et des vertiges violents.

Heureusement, ceci était atténué par les mots de l’infirmière, des mots calmes, encourageants, rassurants.

Je n’ai pas pu mesurer, mais je crois bien qu’elle est venue au moins toutes les demies heures.

Au petit matin la fièvre avait encore augmenté.

J’avais l’impression que mes yeux n’étaient plus dans leurs orbites, que ma tête avait gonflé terriblement et que mon cervelet voulait prendre la poudre d’escampette, me semblant être très violemment compressé par l’os du crâne…

Je somnolais et refaisais surface par moment. Je me sentais la tête qui tournait, j’avais la vision toute floue, et je ne suis pas sûr qu’à ce moment-là j’ai pu voir tout ce qui se passait autour de moi.

Dans ma tête il y avait un bruit de gong à chaque passage du sang et cela allait de plus en plus vite… et plus fortement.

La sensation était curieuse : il me semblait que le sang n’avait pas suffisamment de place pour passer dans les vaisseaux et qu’il devait à chaque fois forcer le passage…

Ce dont je me souviens c’est du chirurgien, le chef de la clinique.