L'Antéchrist, Imprécation contre le christianisme - Frédéric Nietzsche - E-Book

L'Antéchrist, Imprécation contre le christianisme E-Book

Frédéric Nietzsche

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RÉSUMÉ : "L'Antéchrist, Imprécation contre le christianisme" est une oeuvre percutante de Friedrich Nietzsche, où le philosophe allemand critique sévèrement le christianisme occidental. Publié en 1895, ce texte constitue une attaque contre ce que Nietzsche considère comme l'apathie et la décadence du christianisme. Il y dénonce la manière dont cette religion, selon lui, a perverti les valeurs humaines fondamentales, promouvant la faiblesse et la soumission au détriment de la vitalité et de la force. Nietzsche voit dans le christianisme une négation de la vie, une institution qui s'oppose à la nature humaine en glorifiant la souffrance et le renoncement. Son analyse se veut une déconstruction des concepts de morale chrétienne, qu'il accuse d'avoir affaibli l'esprit européen. L'oeuvre explore également les thèmes de la volonté de puissance et de l'importance de l'individu face aux dogmes collectifs. En s'attaquant aux fondements mêmes de la foi chrétienne, Nietzsche cherche à éveiller une prise de conscience critique et à inciter à un retour aux valeurs authentiques de la vie. Ce livre, à la fois philosophique et polémique, est un appel à la réévaluation des valeurs culturelles et morales, et reste un texte incontournable pour comprendre la pensée radicale de Nietzsche. L'AUTEUR : Friedrich Nietzsche, né le 15 octobre 1844 à Röcken, en Prusse, est l'un des philosophes les plus influents du XIXe siècle. Fils d'un pasteur luthérien, il est très tôt confronté à des questions religieuses, ce qui influencera profondément son oeuvre. Après des études de philologie classique à l'Université de Leipzig, il devient professeur à l'Université de Bâle à seulement 24 ans. Sa carrière académique est marquée par des problèmes de santé qui l'obligent à prendre sa retraite en 1879. Nietzsche consacre alors sa vie à l'écriture, produisant des oeuvres majeures telles que "Ainsi parlait Zarathoustra", "Par-delà bien et mal" et "La Naissance de la tragédie". Ses écrits explorent des thèmes variés, allant de la critique de la religion à la philosophie de l'art, en passant par la théorie du surhomme. Nietzsche est connu pour son style aphoristique et sa pensée radicale qui rejette les valeurs traditionnelles. Sa santé mentale décline à partir de 1889, le laissant dans un état de dépendance jusqu'à sa mort en 1900. Bien que controversé, Nietzsche a laissé une empreinte indélébile sur la philosophie moderne, influençant des penseurs, des écrivains et des artistes à travers le monde.

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Seitenzahl: 137

Veröffentlichungsjahr: 2022

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Sommaire

AVANT-PROPOS

1. Chapitre

2. Chapitre

3. Chapitre

4. Chapitre

5. Chapitre

6. Chapitre

7. Chapitre

8. Chapitre

9. Chapitre

10. Chapitre

11. Chapitre

12. Chapitre

13. Chapitre

14. Chapitre

15. Chapitre

16. Chapitre

17. Chapitre

18. Chapitre

19. Chapitre

20. Chapitre

21. Chapitre

22. Chapitre

23. Chapitre

24. Chapitre

25. Chapitre

26. Chapitre

27. Chapitre

28. Chapitre

29. Chapitre

30. Chapitre

31. Chapitre

32. Chapitre

33. Chapitre

34. Chapitre

35. Chapitre

36. Chapitre

37. Chapitre

38. Chapitre

39. Chapitre

40. Chapitre

41. Chapitre

42. Chapitre

43. Chapitre

44. Chapitre

45. Chapitre

46. Chapitre

47. Chapitre

48. Chapitre

49. Chapitre

50. Chapitre

51. Chapitre

52. Chapitre

53. Chapitre

54. Chapitre

55. Chapitre

56. Chapitre

57. Chapitre

58. Chapitre

59. Chapitre

60. Chapitre

61. Chapitre

AVANT-PROPOS

Ce livre appartient au plus petit nombre. Peut-être n’a-t-il pas encore trouvé son public.

Tout au plus me liront ceux qui comprennent mon Zarathoustra . Comment oserais-je me confondre avec ceux pour qui, aujourd'hui déjà, on a des oreilles ? — Après-demain seulement m'appartiendra. Quelques-uns naissent posthumes.

Je connais trop bien les conditions qu'il faut réaliser pour me comprendre, qui me font comprendre nécessairement. ll faut être intègre dans les choses de l'esprit, intègre jusqu'à la dureté pour pouvoir seulement supporter mon sérieux et ma passion. Il faut être habitué à vivre sur des montagnes, — à voir au-dessous de soi le pitoyable bavardage de la politique du jour et de l'égoïsme des peuples. ll faut que l'on soit devenu indifférent, il ne faut jamais demander si la vérité est utile, si elle peut devenir pour quelqu'un une destinée... Une prédilection des forts pour des questions que personne aujourd'hui n'a plus le courage d'élucider ; le courage du fruit défendu ; la prédestination du labyrinthe. Une expérience de sept solitudes. Des oreilles nouvelles pour une musique nouvelle. Des yeux nouveaux pour les choses les plus lointaines. Une conscience nouvelle pour des vérités restées muettes jusqu'ici. Et la volonté de l’économie de grand style : rassembler sa force, son enthousiasme ...Le respect de soi-même ; l’amour de soi ; l‘absolue liberté envers soi-même...

Eh bien ! Ceux-là seuls sont mes lecteurs, mes véritables lecteurs, mes lecteurs prédestinés : qu’importe le reste ? — Le reste n’est que l’humanité. — Il faut être supérieur à l’humanité en force, en hauteur d’âme, — en mépris...

Frédéric Nietzsche.

L’ANTÉCHRIST

ESSAI D’UNE CRITIQUE DU CHRISTIANISME

1.

— Regardons-nous en face. Nous sommes des hyperboréens, — nous savons assez combien nous vivons à l’écart. « Ni par terre, ni par mer, tu ne trouveras le chemin qui mène chez les hyperboréens » : Pindare l’a déjà dit de nous. Par delà le Nord, les glaces et la mort — notre vie, notre bonheur... Nous avons découvert le bonheur, nous en savons le chemin, nous avons trouvé l’issue à travers des milliers d’années de labyrinthe. Qui donc d’autre l’aurait trouvé ? — L’homme moderne peut-être ? — «Je ne sais ni entrer ni sortir ; je suis tout ce qui ne sait ni entrer ni sortir » — soupire l’homme moderne... Nous sommes malades de cette modernité, — malades de cette paix malsaine, de cette lâche compromission, de toute cette vertueuse malpropreté du moderne oui et non. Cette tolérance et cette largeur du cœur, qui « pardonne » tout, puisqu’elle « comprend » tout, est pour nous quelque chose comme un siro co. Plutôt vivre parmi les glaces qu’au milieu de vertus modernes et d’autres vents du sud !... Nous avons été assez courageux, nous n’avons ménagé ni d’autres, ni nous-mêmes : mais longtemps nous n’avons pas su où mettre notre bravoure. Nous devenions sombres et on nous appelait fatalistes. Notre fatalité — c’était la plénitude, la tension, la surrection des forces. Nous avions soif d’éclairs et d’actions, nous restions bien loin du bonheur des débiles, bien loin de la « résignation ». Notre atmosphère était chargée d’orage, la nature que nous sommes s’obscurcissait — car nous n’avions pas de chemin. Voici la formule de notre bonheur : un oui, un non, une ligne droite, un but...

2.

Qu’est-ce qui est bon ? — Tout ce qui exalte en l’homme le sentiment de puissance, la volonté de puissance, la puissance elle-même.

Qu’est-ce qui est mauvais ? — Tout ce qui a sa racine dans la faiblesse.

Qu’est-ce que le bonheur ? — Le sentiment que la puissance grandit — qu’une résistance est surmontée.

Non le contentement, mais encore de la puissance, non la paix avant tout, mais la guerre ; non la vertu, mais la valeur (vertu, dans le style de la Renaissance, virtù , vertu dépourvue de moraline).

Périssent les faibles et les ratés : premier principe de notre amour des hommes. Et qu’on les aide encore à disparaître !

Qu‘est-ce qui est plus nuisible que n’importe quel vice ? — La pitié qu’éprouve l’action pour les déclassés et les faibles : — le christianisme...

3.

Je ne pose pas ici ce problème : Qu’est-ce qui doit remplacer l’humanité dans l’échelle des êtres (— l’homme est une fin —) ? Mais : Quel type d’homme doit-on élever , doit-on vouloir , quel type aura la plus grande valeur, sera le plus digne de vivre, le plus certain d’un avenir ?

Ce type de valeur supérieure s’est déjà vu souvent : mais comme un hasard, une exception, jamais comme type voulu . Au contraire, c’est lui qui a été le plus craint ; jusqu’à présent il fut presque la chose redoutable par excellence ; — et cette crainte engendra le type contraire, voulu, dressé,atteint : la bête domestique, la bête du troupeau, la bête malade qu’est l’homme, — le chrétien.

4.

L’humanité ne représente pas un développement vers le mieux, vers quelque chose de plus fort, de plus haut, ainsi qu’on le pense aujourd’hui. Le « progrès » n’est, qu’une idée moderne, c’est-à-dire une idée fausse. Dans sa valeur l’Européen d’aujourd’hui reste bien loin au-dessous de l’Européen de la Renaissance. Se développer ne signifie absolument pas nécessairement s’élever, se surhausser, se fortifier.

Par contre, il existe une continuelle réussite de cas isolés, sur différents points de la terre, au milieu des civilisations les plus différentes. Ces cas permettent, en effet, d’imaginer un type supérieur, quelque chose qui, par rapport à l’humanité tout entière, constitue une espèce d’hommes surhumains. De tels coups de hasard de la grande réussite, furent toujours possibles et le seront peut-être toujours. Et même des races tout entières, des tribus, des peuples peuvent, dans des circonstances particulières, représenter de pareils coups heureux .

5.

Il ne faut vouloir ni enjoliver ni excuser le christianisme : Il a mené une guerre à mort contre ce type supérieur de l’homme, il a mis au ban tous les instincts fondamentaux de ce type, il a distillé de ces instincts le mal, le méchant : — l’homme fort, type du réprouvé. Le christianisme a pris parti pour tout ce qui est faible, bas, manqué, il a fait un idéal de l’‘opposition envers les instincts de conservation de la vie forte, il a gâté même la raison des natures les plus intellectuellement fortes en enseignant que les valeurs supérieures de l’intellectualité ne sont que péchés, égarements et tentations . Le plus lamentable exemple, c’est la corruption de Pascal qui croyait à la perversion de sa raison par le péché originel, tandis qu’elle n’était pervertie que par son christianisme ! —

6.

Un spectacle douloureux et épouvantable s’est élevé devant mes yeux : j’ai écarté le rideau de la corruption des hommes. Ce mot dans ma bouche est au moins à l’abri d’un soupçon, celui de contenir une accusation morale de l’homme. Je l’entends — il importe de le souligner encore une fois — dépourvu de moraline : et cela au point que je ressens cette corruption précisément aux endroits où, jusqu’à nos jours, on aspirait le plus consciencieusement à la « vertu », à la « nature divine ». J’entends corruption, on le devine déjà, au sens de décadence : je prétends que toutes les valeurs qui servent aujourd’hui aux hommes à résumer leurs plus hauts désirs sont des valeurs de décadence .

J’appelle corrompu soit un animal, soit une espèce, soit un individu, quand il choisit et préfere ce qui lui est désavantageux. Une histoire des « sentiments les plus élevés », des « idéaux de l’humanité » — et il est possible qu’il me faille la raconter — donnerait presque l’explication, pourquoi l’homme est si corrompu. La vie elle-même est pour moi l’instinct de croissance, de durée, l’accumulation des forces, l’instinct de puissance : où la volonté de puissance fait défaut, il y a dégénérescence. Je prétends que cette volonté manque dans toutes les valeurs supérieures de l’humanité — que des valeurs de dégénérescence, des valeurs nihilistes , règnent sous les noms les plus sacrés.

7.

On appelle le christianisme religion de la pitié — La pitié est en opposition avec les affections toniques qui élèvent l’énergie du sens vital : elle agit d’une façon dépressive. On perd de la force quand on compatit. Par la pitié s’augmente et se multiplie la déperdition de force que la souffrance déjà apporte à la vie. La souffrance elle-même devient contagieuse par la pitié ; dans certains cas, elle peut amener une déperdition totale de vitalité et d’énergie, perte absurde, quand on la compare à la petitesse de la cause (— le cas de la mort du Nazaréen). Voici le premier point de vue ; pourtant il en existe un plus important encore. En admettant que l’on mesure la pitié d’après la valeur des réactions qu’elle a coutume de faire naître, son caractère de danger vital apparaîtra plus clairement encore. La pitié entrave en somme la loi de l’évolution qui est celle de la sélection . Elle comprend ce qui est mûr pour la disparition, elle se défend en faveur des déshérités et des condamnés de la vie. Par le nombre et la variété des choses manquées qu’elle retient dans la vie, elle donne à la vie elle-même un aspect sombre et douteux. On a eu le courage d’appeler la pitié une vertu (— dans toute morale noble elle passe pour une faiblesse —) ; on est allé plus loin, on a fait d’elle la vertu, le terrain et l’origine de toutes les vertus. Mais il ne faut jamais oublier que c’était du point de vue d’une philosophie qui était nihiliste, qui inscrivait sur son bouclier la négation de la vie . Schopenhauer avait raison quand il disait : La vie est niée par la pitié, la pitié rend la vie encore plus digne d’être niée, — la pitié, c’est la pratique du nihilisme. Encore une fois : cet instinct, dépressif et contagieux croise ces autres instincts qui veulent aboutir à conserver et à augmenter la valeur de la vie ; il est, tant comme multiplicateur que comme conservateur de toutes les misères, un des instruments principaux pour la surrection de la décadence , — la pitié persuade du néant ! ... On ne dit pas « le néant » : on met en place « l’au-delà » ; ou bien « Dieu » ; ou « la vie véritable » ; ou bien le nirvana, le salut, la béatitude. Cette innocente rhétorique, qui rentre dans le domaine de l’idiosyncrasie religieuse et morale, paraîtra beaucoup moins innocente dès que l’on comprendra quelle est la tendance qui se drappe ici dans un manteau de paroles sublimes : l’inimitié de la vie. Schopenhauer était l’ennemi de la vie, c’est pourquoi la pitié devint pour lui une vertu. On sait qu’Aristote voyait dans la pitié un état maladif et dangereux qu’on faisait bien de déraciner de temps en temps au moyen d’un purgatif : la tragédie, pour lui, était ce purgatif. Pour protéger l’instinct de vie, il faudrait en effet chercher un moyen de porter un coup à une accumulation de pitié, si dangereuse et si maladive comme elle est représentée par le cas de Schopenhauer (et malheureusement aussi par celui de toute notre décadence littéraire et artistique, de Saint-Pétersbourg à Paris, de Tolstoï à Wagner), afin de la faire éclater. Rien n’est plus malsain, au milieu de notre modernité malsaine, que la pitié chrétienne. Etre médecins dans ce cas , implacables ici, diriger le scalpel, cela fait partie de nous -mêmes, cela est notre façon d’aimer les hommes, par elle nous sommes philosophes, nous autres hyperboréens ! ——

8.

Il est nécessaire de dire qui nous considérons intérieurement comme notre contraste : — les théologiens et tout ce qui a du sang de théologien dans les veines — toute notre philosophie. Il faut avoir vu de près cette destinée, mieux encore, il faut l’avoir vécue, il faut avoir manqué périr par elle pour ne plus comprendre la plaisanterie dans ce cas (la libre pensée de messieurs nos hommes de science, de nos physiologistes est à mes yeux une plaisanterie , la passion leur manque dans ces questions, il leur manque d’avoir souffert avec elles). Cet empoisonnement va beaucoup plus loin qu’on ne pense : j’ai trouvé l’instinct théologique de l’orgueil partout où aujourd’hui on se sent « idéaliste », partout où, grâce à une origine plus haute, on s’arroge le droit de regarder la réalité de haut, comme si elle nous était étrangère. L’idéaliste, tout comme le prêtre, a toutes les grandes idées en main (et non seulement en main !), il en joue avec un dédain bienveillant contre la « raison », les « sens », les « hon neurs », le « bien-être », la « science », il se sent au-dessus de tout cela, comme si c’étaient des forces pernicieuses et séductrices, au-dessus desquelles « l’esprit » plane en une pure réclusion : comme si l’humilité, la chasteté, la pauvreté, en un mot la sainteté, n’avaient pas fait jusqu’à présent beaucoup plus de mal à la vie que n’importe quelles choses épouvantables, que n’importe quels vices... Le pur esprit est pur mensonge. Tant que le prêtre passera encore pour une espèce supérieure, le prêtre, ce négateur, ce calomniateur, cet empoisonneur de la vie par métier, il n’y a pas de réponse à la question : qu’est-ce que la vérité ? La vérité est déjà placée sur la tête si l’avocat avéré du néant et de la négation passe pour être le représentant de la vérité.

9.

C’est à cet instinct théologique que je fais la guerre : j’ai trouvé ses traces partout ! Celui qui a du sang de théologien dans les veines se trouve, de prime abord, dans une fausse position à l’égard de toutes choses, dans une position qui manque de franchise. Le pathos qui en émane s’appelle la foi : il faut fermer les yeux une fois pour toutes devant soi-même, pour ne pas souffrir de l’aspect d’une fausseté incurable. À part soi, on se fait de cette défectueuse optique une morale, une ver tu, une sainteté, on relie la bonne conscience à une vision fausse , — on exige qu’aucune autre sorte d’optique n’ait de valeur, après avoir fait sacro-sainte la sienne propre, avec les noms de « Dieu », de « salut », d’« éternité ». Partout où j’allais j’ai mis à jour l’instinct théologique : c’est la forme vraiment souterraine de la fausseté. Ce qu’un théologien tient pour vrai, doit être faux : c’est presque un critérium de la vérité. C’est son plus bas instinct de conservation qui lui interdit de mettre la réalité en honneur, ou de lui donner la parole en un point quelconque. Partout où atteint l’influence théologique les évaluations sont renversées, partout les concepts « vrai » et « faux » sont nécessairement intervertis : « vrai » c’est dans ce cas ce qui est le plus pernicieux pour la vie ; ce qui l’élève, la surhausse, l’affirme, la justifie et la fait triompher s’appelle « faux ». S’il arrive que les théologiens, à travers la « conscience » des princes (ou des peuples), étendent les mains vers la puissance , ne doutons pas de ce qui arrive chaque fois dans le fond : la volonté de la fin, la volonté nihiliste veut obtenir le pouvoir.

10.

Entre Allemands on m’entendrait de suite, si je disais que la philosopbie est corrompue par du sang de théologiens. Le pasteur protestant est le grand-père de la philosophie allemande, le protestantisme lui-même son peccatum originale . Définition du protestantisme : le christianisme paralysé d’un côté —et la raison aussi. On n’a qu’à prononcer le mot de « séminaire de Tubingue » pour comprendre ce qu’est en somme la philosophie allemande — une philosophie par supercherie