La dérive monarchique et klepto-autocratique en Afrique - Dieudonné Zélé - E-Book

La dérive monarchique et klepto-autocratique en Afrique E-Book

Dieudonné Zélé

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Beschreibung

La démocratie en tant que système de gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple, avec alternance au pouvoir, est un corps étranger en Afrique. Les chefs d’État africains font tout ce qu’ils peuvent pour se positionner en monarques et créer une dynastie : longévité et succession généalogique au pouvoir. Dieudonné Zélé analyse, dans La dérive monarchique et klepto-autocratique en Afrique, cette double gouvernance du continent africain et la tendance des dirigeants à faire resurgir des royaumes et des empires, entraînant des conséquences désastreuses.


À PROPOS DE L'AUTEUR


Titulaire d’un doctorat en lettres, Dieudonné Zélé a déjà écrit de nombreux ouvrages dans des domaines variés, du roman à la poésie. Il est membre de l'académie d'Angoumois, de la Société des auteurs du Poitou-Charentes, des Arts et lettres de Charentes et de l'Association des auteurs et artistes francophones dont il a reçu la médaille d'or 2021 des mains de monsieur Hervé de Saint-Exupéry. L’humaniste qu’il est signe ici son cinquième essai avec fluidité.

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Seitenzahl: 112

Veröffentlichungsjahr: 2022

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Dieudonné Zélé

La dérive monarchique

et klepto-autocratique

en Afrique

Essai

© Le Lys Bleu Éditions – Dieudonné Zélé

ISBN : 979-10-377-4972-7

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Le 14 décembre 2020, lors de sa de prestation de serment pour un troisième mandat controversé à la tête de la Côte d’Ivoire, le président Alassane Dramane Ouattara (ADO) a gratifié son invité, le président Denis Sassou Nguesso, l’inamovible président de la République du Congo-Brazzaville, du titre d’empereur. Le président Ouattara s’est dépêché de préciser qu’il n’employait ce titre qu’à titre affectueux. Il se trouve que, tout comme monsieur Jourdain faisait de la prose sans qu’il n’en sût rien dans Le bourgeois gentilhomme de Molière, le qualificatif impérial dont président Ouattara affublait son hôte dévoilait, à son corps défendant, peut-être, en toute connaissance de cause, qui sait, une vérité profonde. Tous les chefs d’État africains, à quelques rares exceptions près, comme Nelson Mandela ou Léopold Sédar Senghor, ont des velléités monarchiques. Ces élus du peuple se voient ou se rêvent en rois, en empereurs c’est-à-dire en monarques ! Cette propension aristocratique semble inscrite au plus profond de la pensée africaine. La démocratie au sens de gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple est, en effet, une notion absente dans le fonctionnement de l’univers mental de l’Afrique traditionnel. Nous n’hésitons pas à dire et à clamer haut et fort que la démocratie est un apport colonial et on voit combien les gouvernements africains ont du mal avec elle.

Alors qu’au début du VIe siècle avant Jésus-Christ, Solon (640-560 avant J.-C.) jetait les fondations de ce qu’il est convenu de nommer la démocratie athénienne, qui allait servir de modèle à la démocratie occidentale, et qu’en 1215, les Anglais imposaient la Magna Carta à Jean Sans Terre (John Lackland) frère du bouillant Richard Cœur de Lion (Richard The Lionheart) source sacrée de leur liberté individuelle. Nous n’avons pas connaissance de quelque chose d’approchant dans l’histoire du continent africain dominé par de grands empires, symbolisé par les dynasties des pharaons égyptiens et nubiens, et divisé en une kyrielle de petits royaumes et des chefferies dont la plupart existent encore aujourd’hui. À notre connaissance, aucune de ces structures n’a développé un mode de gouvernement proche de la démocratie. Nous en payons le prix aujourd’hui.

Empires et royaumes

de l’Afrique précoloniale

La liste que nous fournissons ci-après ne saurait être exhaustive. Nos lecteurs savent aussi que la classification des périodes historiques qui nous sont familières quand il s’agit du monde occidental ne saurait s’appliquer telle quelle à l’histoire de l’Afrique. Nous verrons dans la suite de notre travail que les termes tels que : rois, empires ou capitales ne recouvrent pas les mêmes réalités qu’en Occident. Nous avons déjà rencontré cette réalité dans notre ouvrage Les fondements de la pensée africaine : causes du sous-développement, paru aux éditions Saint-Honoré en 2020. Nous nous appuyons, néanmoins, dans notre travail, sur la classification des périodes historiques retenue par l’histoire telle qu’elle est enseignée dans les universités en Occident, par commodité pour nous repérer dans le temps. Toute autre classification sèmerait la confusion rendrait la compréhension de notre livre impossible.

C’est ainsi que nous disons, par exemple, que l’Égypte des pharaons et le royaume d’Aksoum, fondateur de l’Éthiopie, appartiennent à la période qu’il est convenu d’appeler l’Antiquité. De la même façon, nous situons l’empire du Ghana dans l’Antiquité tardive tandis que celui de Gao est contemporain du Moyen-Âge, le royaume des Songhaïs est contemporain de la Renaissance tandis que le royaume de Lounda est contemporain de la période moderne précoloniale. De nombreux types d’États : monarchies ou aires d’influence, ont existé en Afrique avant l’arrivée de la colonisation et le partage du continent entre les puissances occidentales à la conférence de Berlin en 1885. Aussi dénommée conférence de l’Afrique de l’Ouest et tenue à l’initiative du chancelier Bismarck, elle a commencé le 15 novembre 1884 et a duré jusqu’au 26 février 1885. Aucun Africain n’avait été invité. C’était une affaire de blancs qui se partageaient tout un continent à leur guise étendant leur domination sur des peuples entiers qui n’avaient pas leur mot à dire.

Ayant posé ces préalables, dressons un rapide panorama de l’histoire et de l’évolution de l’Afrique précoloniale. Ceux de nos lecteurs qui souhaitent en savoir plus n’auront aucune peine à trouver plus de détails sur Wikipédia : liste des civilisations de l’Afrique précoloniale.

Civilisations de l’âge de fer : Égypte, Afrique du Nord ;

Pays du Pount et du D’mt : Corne de l’Afrique ;

Royaume d’Aksoum prolongé par l’empire éthiopien du XIII

e

au XX

e

siècle ;

Califats islamiques médiévaux du VIII

e

au XIII

e

siècle : Afrique du Nord et Corne de l’Afrique

Royaumes du Sahel comme sultanat du Darfour ;

Les monarchies du XV

e

au XIX

e

siècle :

- Sultanats islamiques du Soudan et de la Corne d’Afrique ;
- Royaumes d’Afrique de l’Ouest ou royaumes du Sahel comme ceux du Ghana, du Songhaï, de Gao, d’Abomey, du Kanem, de Kong, d’Adamaoua ou de Bam ;
- Royaumes d’Afrique centrale et d’Afrique Australe comme ceux du Kongo, du Kitara, du Bouganda, de Lounda, du Monomotapa (Moutapa), royaumes zoulous, Sotho ou Swazi.

Les histoires des anciens royaumes et empires africains constituent de nos jours un enjeu majeur pour les peuples d’Afrique. Elles servent, bien souvent, de bases pour justifier des comportements nationalistes violents teintés de racisme. Elles servent aussi de points d’appui pour contrebalancer les effets du colonialisme puisqu’il subsiste dans l’esprit d’une majorité d’Européens la conviction que l’Afrique n’existait pas avant l’arrivée des blancs. Victor Hugo a ainsi écrit : « Que serait l’Afrique sans les blancs ? Rien ; un bloc de sable ; la nuit ; la paralysie ; des paysages lunaires. L’Afrique n’existe que parce que l’homme blanc l’a touchée. […] »1

Poursuivant cette incroyable saillie du grand poète, on a du mal à accepter que le Grand Zimbabwe, par exemple est l’œuvre de noirs. Certains auteurs le rattachent au roi Salomon ou aux Phéniciens. La première histoire du Monomotapa (Mwene Mutapa ; Munhumutapa, ou Mutapa, l’autre nom de l’empire du Grand Zimbabwe 1450-1629) écrite en 1896 par A. Wilmot comporte trois chapitres ayant pour titres : « Les Phéniciens », « les Arabes », « les Portugais » signifiant, de cette manière que toute civilisation trouvée en Afrique, ne peut qu’être exogène. Victor Hugo a fait de gros dégâts en passant sous silence le fait que l’empire du Ghana, capitale Koumbi (IIIe au XIIIe siècle), contemporain de l’empire de Charlemagne était plus vaste que ce dernier.

Des pays modernes Ghana, Mali, Bénin, Zimbabwe ont pris les noms des anciens empires sans en avoir les frontières historiques. Certains Maliens caressent le rêve d’un « Grand Mali » débarrassé des « races » étrangères. Ils vont jusqu’à affirmer que ce sont des expéditions maliennes qui ont découvert l’Amérique désignant pour preuves certains traits des civilisations amérindiennes. Nous en avons froid dans le dos. Le rêve de reconstitution de « Grand Mali » porte en lui le cauchemar d’une violente et potentiellement sanglante purification ethnique ! Des Soninkés ou des Malinkés, de leur côté, n’ont qu’une idée en tête, se venger des Berbères ou des Marocains.

L’exercice du pouvoir dans ces entités

Les évènements qui se sont déroulés le 6 janvier 2021 sur le Constitution Hill et qui ont vu des manifestants envahir le Capitole, le cœur de la démocratie américaine, alors que le Congrès tenait session pour confirmer la victoire de Joe Biden aux élections de 2020, nous rappellent, opportunément, que les États-Unis d’Amérique n’ont pas connu d’autre régime que la démocratie. Elle est à la base de toutes leurs institutions. Nous l’avons dit au début de notre analyse, la démocratie est loin d’être le régime le plus répandu dans l’histoire du continent africain. La Russie n’a pas, non plus, une tradition démocratique dans le fonctionnement de ses institutions. Le régime autocratique des Tsars ayant été suivi par le régime, tout aussi autocratique, brutal et dictatorial des soviets, ce que continue d’être, aujourd’hui, la poigne de fer de Vladimir Poutine. Comme les pays africains, la Russie ne parvient pas à se couler dans le costume de la démocratie. Le président Poutine vient de se confectionner une constitution qui lui permet de conserver le pouvoir jusqu’en 2036, un vrai règne, à moins que la nature n’en décide autrement. Il est, de facto, président à vie, comme François Duvalier l’était en Haïti. On n’a pas encore trouvé l’élixir de l’immortalité. L’empire du Milieu, la puissante Chine a une histoire parallèle à celle de la Russie. Le parti communiste chinois dirige le pays d’une main de fer. Le président Xi Ji Ping est, lui aussi, désormais président à vie. Les rares velléités d’émancipation sont, brutalement, écrasées dans le sang. Personne n’a oublié le massacre des étudiants sur la place Tiananmen de Pékin, le 4 juin 1989, tandis que sous nos yeux se déroule la mise au pas des défenseurs de la démocratie de Hong Kong. L’énigmatique disparition, depuis le 24 octobre 2020, de Jack Ma, le milliardaire chinois, fondateur du site Ali Baba, après une violente diatribe contre le gouvernement chinois, vient s’ajouter à celle de Xiao Jiunhua, enlevé en 2017 par des agents de sécurité chinoise dans un luxueux hôtel de Hong Kong, le Four Seasons Hotel, pour rappeler des pratiques plus que courantes dans les pays d’Afrique. Là-bas, comme ici, la liberté de paroles et les critiques envers les dirigeants ou le gouvernement constituent d’authentiques crimes de lèse-majesté, comme c’est le cas en Thaïlande, envers le roi. Quels rapports avec le continent africain ? nous demandera-t-on. Le rapport est, comme nous l’allons voir, la confiscation du pouvoir au profit d’une personne, d’une famille ou d’un parti. Le continent africain n’est pas seule victime de ce fléau. À la différence du bon sens, la démocratie n’est pas la chose la mieux partagée au monde. Ce n’est pas une raison pour baisser les bras et s’incliner devant le fait accompli. Les êtres humains étant partout les mêmes, il n’est pas étonnant de rencontrer les mêmes tares et les mêmes déviations dans le monde entier. Il n’y a rien sous le soleil. Le président Donald Trump, à la tête de la plus grande démocratie du monde, a offert à la planète entière le pathétique spectacle de son ego surdimensionné duquel le concept de défaite est absent. Il s’est accroché au pouvoir de toute la force de ses ongles comme un chef d’État de pays sous-développé. On dit que dans ces pays, les élections passent, les présidents restent. Rien de nouveau sous le soleil donc.

Question de vocabulaire

Nous avons parlé et nous allons parler de royaumes, d’empires de capitales autant de notions qui ont des contenus bien précis pour nous. Mais, que l’on nous permette de nous répéter. Les mots familiers que nous avons cités ne recouvrent pas du tout les mêmes réalités quand il s’agit du continent africain. En Afrique le roi, même entouré d’une cour avec toutes sortes de marques de déférence, peut être assimilé à un chef de famille, de clan ou de village. Il gère les biens, prend les décisions mais après avis du conseil des anciens. Nous avons eu l’honneur de traduire un livre qui présente une des familles royales traditionnelles encore au pouvoir de nos jours. La dynastie Okyeman de l’actuel roi : l’OkyeheneOsagyefuo Amoatia Ofori Panin, a été fondée en 1362 par Atta Apearnin Kwarframoa Woyiawonji (1362-1390) et règne, depuis lors, sans interruption sur la chefferie, ou royaume traditionnel de l’Akyem au Ghana avec Kieby comme capitale. La période coloniale n’a pas interrompu l’existence de ce royaume de la mouvance Ashanti. Le royaume de l’Akyem Abuakwa figure en tant qu’entité dans la constitution du pays. Nana Akufo-Addo, l’actuel président du Ghana est d’ailleurs membre de cette famille royale. Nana signifie : prince ! Le point de vue que nous rapportons ci-dessous est donc, on ne peut plus autorisé, puisque c’est le roi en personne qui parle de l’exercice de son pouvoir :

Osagyefuo :