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Extrait : "PIERRE, lorsque de Brives entre : — M. de Brives ! (Il se lève.) DE BRIVES : — Hé ! mais… est-ce que je me trompe ? PIERRE : — Non, monsieur ; c'est bien moi, Pierre. DE BRIVES : — Alors, embrassons-nous… Du diable si je m'attendais à te retrouver en soutane, par exemple ! Toi, le fils de mon vieux camarade, el commandant de Sonancourt tué là-bas, pendant l'horrible guerre… PIERRE : — Qu'est-ce que vous voulez ? la vocation… puis, mon père, ma mère, disparus, si tôt."
À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN :
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• Fiction : roman, poésie, théâtre, jeunesse, policier, libertin.
• Non fiction : histoire, essais, biographies, pratiques.
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Seitenzahl: 79
Veröffentlichungsjahr: 2016
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MARIE DELOCHE.
LA COMTESSE NATTIER.
LUCILE DE BRIVES.
LA MÈRE ANDRÉ.
GEORGES NATTIER.
PIERRE DE SONANCOURT : prêtre.
DE BRIVES.
JACQUES OLIVIER.
UN MÉDECIN.
UN DOMESTIQUE.
Le premier acte aux environs de Versailles, le second et le troisième à Paris, de nos jours
Cette pièce a été jouée au théâtre du Gymnase par Mmes RAPHAËLE SISOS, PASCA, DARLAUD, DESHAYES et MM. R. DUFLOS, LÉON NOËL, BURGUET, MONTIGNY.
Chez la Comtesse Nattier. Un grand salon Louis XVI, au rez-de-chaussée, sur un jardin à beaux arbres, dans un château, près de Versailles. Portes à droite et à gauche. On est au printemps.
Pierre, puis de Brives. L’abbé lit son bréviaire.
– M. de Brives ! Il se lève.
– Eh ! mais… est-ce que je me trompe ?
– Non, monsieur ; c’est bien moi, Pierre.
– Alors, embrassons-nous… Du diable si je m’attendais à te retrouver en soutane, par exemple ! Toi, le fils de mon vieux camarade, le commandant de Sonancourt tué là-bas, pendant l’horrible guerre…
– Qu’est-ce que vous voulez ? la vocation… puis, mon père, ma mère, disparus, si tôt.
– La vie n’est pas une belle chose, mon enfant… Mais ta vue me réchauffe, me rappelle ton brave père, Saint-Cyr, nos premiers galons et le reste. Comme le temps marche ! Te souviens-tu de l’époque où je te faisais sauter sur mes genoux ?
– Parfaitement. J’étais d’un fier, à cause de votre uniforme !
– Et te voilà prêtre.
– Second vicaire à Saint-Louis de Versailles, depuis trois mois ; ce qui me permet de venir souvent dans l’hospitalière maison de madame votre sœur, la comtesse Nattier.
– Approche, que je te regarde en pleine lumière… Fixe ! Pierre se met dans la position du soldat sans armes. Quel âge as-tu, au juste ?
– Vingt-cinq ans.
– Et tu confesses ?
– Le mercredi et le samedi de cinq à sept. Souriant. À votre service.
– Pourquoi pas ?… Un de ces jours, si tu l’oses. Mais nous attendrons que ta barbe soit plus rude, hein ? que ton expérience ait grandi. Car tu me parais jeune pour confesser. On doit joliment t’en apprendre, certaines femmes. Il y en a de si compliquées !
– Oh ! allez, pas tant que ça… c’est un peu toujours la même chose.
– Patience, tu verras ! On s’imagine les connaître, toutes, facilement, et un beau matin, on met la main sur une… À l’abbé, qui sourit. C’est comme je te dis, et je te prie d’en croire un vieux démissionnaire du 5e dragons.
– Dites-moi, mon cher monsieur de Brives, si vous faisiez mon éducation, chaque fois que j’ai le plaisir de vous rencontrer ici ?
– Nous risquerions d’y mettre le temps ?… Eh ?… Voilà ce que tu veux dire… et que les bois de Versailles ne me voient pas assez souvent. C’est vrai, mais je suis tellement peu mon maître… tant d’occupations variées… depuis que j’ai accepté la présidence de ce cercle. Mouvement de l’abbé. Oui, je suis président des Hannetons… et si j’avais su quelle besogne… ce que ça demande de pas, de démarches, d’ennuis, de lettres à écrire, à recevoir… Tirant des papiers de sa poche. Tiens ! mon courrier de ce matin que j’ai pris en passant… Non, la tête m’en fume. Obligé d’avoir deux secrétaires… Bref, il y a cinq mois que je n’ai mis les pieds dans ce château, cinq mois que je n’ai aperçu ni ma fille, ni ma sœur. Je t’avouerai même que je crains d’être reçu… fraîchement.
– Et vous arrivez, comme moi sans doute, sur une lettre pressante de la Comtesse ?
– Non, je n’ai rien reçu. Ce matin, en me levant, je me suis fait honte, simplement… « Veux-tu bien aller embrasser ta fille ! » Et me voilà… Tu ne t’es pas étonné de la rencontrer ici, chez sa tante ?
– Mlle Lucile ? mais non.
– Je ne pouvais la garder avec moi, n’est-ce pas ? Un veuf ! et un veuf encore vert… qui a son appartement au cercle… Puis il n’y a que les femmes pour savoir faire une femme d’une petite fille. C’est pour cela que je l’ai confiée à Henriette, à ma sœur. Elles vont bien ?
– Très bien, du moins il y a deux jours.
– Et le garçon ?
– Votre neveu Georges Nattier ? Bien aussi, monsieur le président.
– À quand le mariage ?
– Le mariage ?
– Tu ne connais donc pas nos projets ? Tu n’as pas vu que Georges était amoureux de Lucile, et que Lucile ?…
– Non.
– Décidément, tu es trop jeune.
– La Comtesse.
Les mêmes, la Comtesse.
– Enfin, le voilà monsieur mon frère. À Pierre. Bonjour.
– Ne me gronde pas trop, ma bonne Henriette… l’abbé pourrait te dire… qu’il n’y a pas de ma faute.
– Moi ?
– Tu sais bien… les Hannetons… mes deux secrétaires.
– Ne le fais donc pas mentir. Il est comme ta fille, celui-là ; il ne sait pas… D’ailleurs, tu arrives si à point chez nous aujourd’hui, que je n’ai pas le courage de te faire un reproche pour ton inqualifiable négligence.
– C’est sérieux, chère amie ? Tu avais besoin de moi ? Il fallait m’écrire alors.
– Es-tu bien sûr que tu serais venu ?
– Certainement !… si je n’avais pas eu comité.
– Non… Pierre est l’ami d’enfance de mon fils, j’avais Pierre près de nous, je n’ai pas voulu te déranger, bien contente quand même que tu sois là pour l’exécution que je vais faire.
– Une exécution ?
– Nous avons toujours l’aumônier.
– Oh ! ne ris pas,… le bonheur de nos enfants est en jeu,… il n’y a pas de quoi rire.
– Tu m’effrayes,… voyons, qu’est-ce ?
On s’assied.
– Une intrigue d’amour, bête, nouée là, devant moi, sous mes yeux, au mépris des choses les plus saintes, les plus sacrées. À l’abbé. Par votre ami Georges, qui avait toujours été si raisonnable. C’est tellement hors du caractère que je lui connais, ç’a été tellement brusque…
– Brusque ! brusque ! mais il a vingt-sept ans,… il fallait bien s’y attendre.
– Non, puisqu’il savait que de ta fille je veux faire ma fille.
– Tu veux,… tu veux…
– Êtes-vous sûre que Georges soit coupable, madame ? Je ne me suis jamais aperçu…
– Naturellement.
– Je suis certaine. J’ai des preuves.
– Peut-on savoir le nom de la femme ?
– Une Marie Deloche, que tu as dû rencontrer ici.
– Marie Deloche ? Je ne l’ai pas rencontrée, la dernière fois que je suis venu, mais j’étais parti en le regrettant. Tu m’en avais fait un portrait si capiteux, si…
– J’ai eu tort, Mme Deloche est une intrigante.
– Voyons, ma chère, nous parlons bien de la même ? Il s’agit, n’est-ce pas, de cette veuve d’officier d’artillerie que tu as connue à Versailles, dans une vente de charité ?
– Précisément.
– Mais c’était une perle, un ange, une trouvaille !
– Oh ! Mme Deloche est loin d’être sotte. Elle l’a prouvé en commençant par nous séduire, Lucile et moi. Tous ces gentils talents qui font d’une jolie femme une femme aimable, elle les possède. Personne, je crois, dans notre monde, n’est plus délicate musicienne ; des doigts de fée, l’air d’avoir du cœur, de la religion…
– Elle en a peut-être, madame.
– Une sorte de mélancolie originale… il n’en fallait pas plus… Et, pour achever de me séduire, voilà qu’un soir, cette femme s’est trouvée lire très gentiment. Tu me connais, tu sais qu’en ma qualité d’ancienne lectrice au château, j’ai la faiblesse d’adorer la lecture, la prétention de m’y entendre ; elle m’a demandé des conseils…
– Tu lui en as donné…
– Oui, et peu à peu cette Mme Deloche s’est installée dans la maison. Elle amusait notre solitude. Nous l’avons choyée, dorlotée ; quoique très élégante, trop élégante, elle n’est pas riche, nous avons voulu l’aider. Elle est venue passer des huit jours, des quinze jours ici. Et Georges a fini par s’amouracher d’elle.
– C’était fatal.
– Ou mieux, elle a fini par convoiter la fortune que je laisserai à mon fils, son rang.
– Diable !… Et… elle est chez toi, pour la minute ?
– Oui ; en promenade avec Georges, par-dessus le marché, et sans Lucile, qui d’habitude, chaque matin, les accompagne.
– Oh ! oh !
– Informations prises d’ailleurs, – hélas ! bien tard, – Mme Deloche n’est point la veuve d’un officier. Je sais des choses, et je les dirai. Un court silence.
– Eh ! l’abbé, tu as de la chance pour tes débuts… Te voici en face d’une de ces femmes qui, à moins que ma sœur ne s’abuse, me semble être d’une… variété… À la Comtesse.