La noire idole - Laurent Tailhade - E-Book

La noire idole E-Book

Laurent Tailhade

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Beschreibung

"La noire idole: Étude sur la Morphinomanie" de Laurent Tailhade est une analyse percutante et poignante de l'addiction à la morphine, un fléau qui a touché de nombreux individus à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. Tailhade, poète et essayiste français, offre une perspective personnelle et littéraire sur la dépendance à cette drogue, enrichie par ses propres expériences et observations. Tailhade décrit ensuite les effets de la morphine sur le corps et l'esprit, illustrant ses propos par des récits vécus et des cas observés. Il dépeint avec une grande précision les symptômes de l'addiction : l'euphorie initiale, suivie par une dépendance croissante, la détérioration physique et mentale, et la lutte incessante pour échapper à l'emprise de la drogue. Ses descriptions sont à la fois claires et empreintes d'une sensibilité littéraire, rendant l'horreur de l'addiction palpable pour le lecteur. L'ouvrage se distingue par son style élégant et poétique, caractéristique de Tailhade, qui confère une dimension littéraire à cette étude scientifique et sociologique. Sa plume incisive et sa profonde empathie pour les victimes de la morphinomanie rendent cette lecture à la fois informative et émotive.

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Seitenzahl: 27

Veröffentlichungsjahr: 2024

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Table des matières

Début du texte

Œuvres Complètes de Paul Verlaine

La noire idole: Étude sur la

Morphinomanie

Laurent Tailhade

__________________________________________

Il a été tiré vingt exemplaires sur Hollande Van Gelder numérotés de 1 à 20.

Les personnes étrangères aux études médicales: hommes de lettres ou du monde, romanciers, chroniqueurs, simples gobe-mouches qui parlent, écrivent, discourent sur le propos de la morphine et de la morphinomanie, ignorent, la plupart du temps, le premier mot de leur sujet. Ils préconisent avec un aplomb qui déconcerte, des lieux-communs aussi vagues qu’erronés. Bon nombre de docteurs ne sont guères plus instruits que le public sur les arcanes du voluptueux et sinistre poison. Les plus avisés décernent leur clientèle au spécialiste; d'autres, moins éclairés ou moins délicats, proposent des traitements infructueux et chimériques. Optimistes à l’excès, d'aucuns, regardent la morphinomanie comme une «mauvaise habitude», comparable à celle des cartes ou du tabac. Ils prétendent la guérir par des procédés aimables ou de spécieuses diversions: promenades, théâtre, injections d'eau claire et tout ce qui s'en suit. D'autres enfin, cyniques faiseurs de dupes, exploitent, sous couleur de la traiter, cette «maladie expérimentale» qui, à moins d'une cure efficace et rationnelle, permise aux thérapeutes seuls outillés pour cet objet, n'a d'autre aboutissant que le désespoir, la vésanie ou la mort.

Opium de l'Occident, la morphine est à peu près au suc de pavot, ingéré en pastilles ou fumé dans des pipes, ce que les brûlants alcools de grains ou de fruits: gin, hasselt, kirsch, genièvre ou schiedam, sont à la bière, au vin non frelatés. L’ivresse immédiate, foudroyante ne permet pas à l'adepte un moment de répit. De prime abord, la possession est complète, comme chez ces démonopathes dont les juges ecclésiastiques ou civils: Boguet, Remigius, Lancre, del Rio ont, à leur insu, étudié la névrose. Une force inconnue et despotique s’empare de la victime, agit à sa place, dédouble en quelque manière sa personnalité. Au MOI raisonnant et social, un autre MOI se substitue en qui toute idée, en qui tout sentiment est aboli par l’appétit égoïste de la piqûre béatifiante.

Comment les peuples indo-européens, à qui leur activité permet de conquérir le monde et d'exproprier «les races incompétentes», se laissent-ils envoûter par ce morne sortilège, destructeur de la force et de la volonté, au moment précis où l’universelle concurrence impose à l’homme de vouloir et d'entreprendre, sans une minute d’hésitation ni de repos? Les nations les plus actives semblent renchérir sur ce goût. A Londres, le samedi au soir, les apothicaires débitent de l’extrait thébaïque et des pilules d’opium brut, tout comme les bars versent du gin ou du wisky.

On entre dans la morphine par deux chemins inégalement semés de fleurs. Les uns, dans le but légitime d’accoiter leurs souffrances, ont recours aux vertus du terrible stupéfiant: d'autres y cherchent impudemment une sensation de plaisir, un bien-être que le docteur Ball a qualifié, le premier, d'euphorie . Mais, quelle que soit la porte ouverte sur cet enfer, par la thérapeutique ou l’appétit des sensations nouvelles, pareille est la damnation. «La Noire Idole», comme Quincey appelait sa carafe de laudanum, ne lâche pas sans d’incroyables efforts les dévots qu’elle a conquis.