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Le médecin malgré lui est une pièce de théâtre de Molière en trois actes de respectivement 5, 5 et 11 scènes en prose représentée pour la première fois le 6 août 1666 au Théâtre du Palais-Royal, où elle obtint un grand succès. Reprenant des motifs issus de la comédie italienne déjà utilisés dans Le Médecin volant et L'Amour médecin, Molière y ajoute des éléments tirés de la tradition de la farce française et de celle des fabliaux du Moyen Âge. La grivoiserie de certaines situations et la parodie des pratiques médicales de l'époque, qui constituent les principaux thèmes du Médecin malgré lui, dissimulent une dénonciation du charlatanisme, une satire de la crédulité, voire une critique de la religion.Liste des personnagesSganarelle : mari de MartineMartine : femme de SganarelleMonsieur Robert : voisin de SganarelleValère : domestique de GéronteLucas : mari de Jacqueline et domestique de GéronteGéronte : père de LucindeJacqueline : nourrice chez Géronte et femme de LucasLucinde : fille de GérontePerrin : fils de Thibaut, paysanThibaut : père de PerrinLéandre : amant de LucindeRésuméActe I : Une dispute éclate entre Sganarelle et Martine, querelle qui se termine par une bastonnade appliquée par le mari à la femme. L'arrivée de M. Robert, un voisin venu réconcilier les époux, met un terme à la dispute, Sganarelle et Martine se retournant contre lui. Celle-ci promet toutefois de se venger, tandis que son mari part chercher du bois. L'occasion lui en est donnée par l'arrivée de Valère et de Lucas, les valets de Géronte, à la recherche d'un médecin pour la fille de leur maitre. Martine leur désigne Sganarelle, expliquant que ce dernier est un médecin hors du commun, mais excentrique : il refuse en effet d'avouer ses talents en matière de médecine à moins de recevoir des coups de bâtons.Lorsque Sganarelle revient, les deux valets lui ayant demandé s'il était bien médecin, et Sganarelle l'ayant nié, il reçoit une bastonnade à l'issue de laquelle il accepte d'être reconnu comme tel. Il sort en suivant les deux hommes.Acte II : Géronte se lamente de la maladie de sa fille Lucinde, devenue muette, ce qui retarde son mariage avec Horace, l'époux qu'il lui destine. Il refuse d'écouter les sages avis de Jacqueline, la nourrice de Lucinde (et femme de Lucas), qui tente de lui expliquer que la jeune femme se porterait mieux si son père lui permettait de se marier avec Léandre, le jeune homme dont elle est amoureuse. Mais Léandre n'est pas suffisamment riche aux yeux de Géro
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Comédie
Représentée pour la première fois à Paris sur le théâtre du Palais-
Royal le vendredi 6e du mois d'août 1666 par la Troupe du Roi
Sganarelle, mari de Martine.
Martine, femme de Sganarelle.
M. Robert, voisin de Sganarelle.
Valère, domestique de Géronte.
Lucas, mari de Jacqueline.
Géronte, père de Lucinde.
Jacqueline, nourrice chez Géronte, et femme de Lucas.
Lucinde, fille de Géronte.
Léandre, amant de Lucinde.
Thibaut, père de Perrin.
Perrin, fils de Thibaut, paysan.
****
Acte I
Scène I
Scène II
Scène III
Scène IV
Scène V
Acte II
Scène I
Scène II
Scène III
Scène IV
Scène V
Acte III
Scène I
Scène II
Scène III
Scène IV
Scène V
Scène VI
Scène VII
Scène VIII
Scène IX
Scène X
Scène XI et Dernière
Sganarelle, Martine, paroissant sur le théâtre en se querellant.
Sganarelle
Non, je te dis que je n'en veux rien faire, et que c'est à moi de parler
et d'être le maître.
Martine
Et je te dis, moi, que je veux que tu vives à ma fantaisie, et ne je ne
me suis point mariée avec toi pour souffrir tes fredaines.
Sganarelle
O la grande fatigue que d'avoir une femme ! et qu'Aristote a bien
raison, quand il dit qu'une femme est pire qu'un démon !
Martine
Voyez un peu l'habile homme, avec son benêt d'Aristote !
Sganarelle
Oui, habile homme : trouve-moi un faiseur de fagots qui sache,
comme moi, raisonner des choses, qui ait servi six ans un fameux
médecin, et qui ait su, dans son jeune âge, son rudiment par coeur.
Martine
Peste du fou fieffé !
Sganarelle
Peste de la carogne !
Martine
Que maudit soit l'heure et le jour où je m'avisai d'aller dire oui !
Sganarelle
Que maudit soit le bec cornu de notaire qui me fit signer ma ruine !
Martine
C'est bien à toi, vraiment, à te plaindre de cette affaire. Devrois-tu
être un seul moment sans rendre grâce au Ciel de m'avoir pour ta
femme ? et méritois-tu d'épouser une personne comme moi ?
Sganarelle
Il est vrai que tu me fis trop d'honneur, et que j'eus lieu de me louer
la première nuit de nos noces ! Hé ! morbleu ! ne me fais point parler
là-dessus : je dirois de certaines choses...
Martine
Quoi ? que dirois-tu ?
Sganarelle
Baste, laissons là ce chapitre. Il suffit que nous savons ce que nous
savons, et que tu fus bien heureuse de me trouver.
Martine
Qu'appelles-tu bien heureuse de te trouver ? Un homme qui me
réduit à l'hôpital, un débauché, un traître, qui me mange tout ce que
j'ai ?
Sganarelle
Tu as menti : j'en bois une partie.
Martine
Qui me vend, pièce à pièce, tout ce qui est dans le logis.
Sganarelle
C'est vivre de ménage.
Martine
Qui m'a ôté jusqu'au lit que j'avois.
Sganarelle
Tu t'en lèveras plus matin.
Martine
Enfin qui ne laisse aucun meuble dans toute la maison.
Sganarelle
On en déménage plus aisément.
Martine
Et qui, du matin jusqu'au soir, ne fait que jouer et que boire.
Sganarelle
C'est pour ne me point ennuyer.
Martine
Et que veux-tu, pendant ce temps, que je fasse avec ma famille ?
Sganarelle
Tout ce qu'il te plaira.
Martine
J'ai quatre pauvres petits enfants sur les bras.
Sganarelle
Mets-les à terre.
Martine
Qui me demandent à toute heure du pain.
Sganarelle
Donne-leur le fouet : quand j'ai bien bu et bien mangé, je veux que
tout le monde soit saoul dans ma maison.
Martine
Et tu prétends, ivrogne, que les choses aillent toujours de même ?
Sganarelle
Ma femme, allons tout doucement, s'il vous plaît.
Martine
Que j'endure éternellement tes insolences et tes débauches ?
Sganarelle
Ne nous emportons point, ma femme.
Martine
Et que je ne sache pas trouver le moyen de te ranger à ton devoir ?
Sganarelle
Ma femme, vous savez que je n'ai pas l'âme endurante, et que j'ai le
bras assez bon.
Martine
Je me moque de tes menaces.
Sganarelle
Ma petite femme, ma mie, votre peau vous démange, à votre
ordinaire.
Martine
Je te montrerai bien que je ne te crains nullement.
Sganarelle
Ma chère moitié, vous avez envie de me dérober quelque
chose.
Martine
Crois-tu que je m'épouvante de tes paroles ?
Sganarelle
Doux objet de mes voeux, je vous frotterai les oreilles.
Martine
Ivrogne que tu es !
Sganarelle
Je vous battrai.
Martine
Sac à vin !
Sganarelle
Je vous rosserai.
Martine
Infâme !
Sganarelle
Je vous étrillerai.
Martine
Traître, insolent, trompeur, lâche, coquin, pendard, gueux, belître,
fripon, maraud, voleur... !
Sganarelle
(Il prend un bâton et lui en donne.)
Ah ! vous en voulez donc ?
Martine
Ah ! ah, ah, ah !
Sganarelle
Voilà le vrai moyen de vous apaiser.
M. Robert, Sganarelle, Martine
M. Robert
Holà, holà, holà ! Fi ! Qu'est-ce ci ? Quelle infamie ! Peste soit le
coquin, de battre ainsi sa femme !
Martine, les mains sur les côtés, lui parle en le faisant reculer, et à la
fin lui donne un soufflet.
Et je veux qu'il me batte, moi.
M. Robert
Ah ! j'y consens de tout mon coeur.
Martine
De quoi vous mêlez-vous ?
M. Robert
J'ai tort.
Martine
Est-ce là votre affaire ?
M. Robert
Vous avez raison.
Martine
Voyez un peu cet impertinent, qui veut empêcher les maris de battre
leurs femmes.
M. Robert
Je me rétracte.
Martine
Qu'avez-vous à voir là-dessus ?
M. Robert
Rien.
Martine
Est-ce à vous d'y mettre le nez ?
M. Robert
Non.
Martine
Mêlez-vous de vos affaires.
M. Robert
Je ne dis plus mot.
Martine
Il me plaît d'être battue.
M. Robert
D'accord.
Martine
Ce n'est pas à vos dépens.
M. Robert
Il est vrai.
Martine
Et vous êtes un sot de venir vous fourrer où vous n'avez que
faire.
M. Robert
(Il passe ensuite vers le mari, qui pareillement lui parle toujours en
le faisant reculer, le frappe avec le même
bâton et le met en fuite ; il dit à la fin : )
Compère, je vous demande pardon de tout mon coeur. Faites, rossez,