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RÉSUMÉ : "Les Amours de Lancelot du Lac" de Jacques Boulenger est une oeuvre incontournable qui plonge le lecteur dans l'univers mythique de la légende arthurienne. Ce récit captivant explore les aventures et les dilemmes moraux du chevalier Lancelot, l'un des personnages les plus emblématiques de la Table Ronde. À travers une narration riche et détaillée, Boulenger dépeint la passion tumultueuse entre Lancelot et la reine Guenièvre, une relation interdite qui met à l'épreuve la loyauté du chevalier envers le roi Arthur. Le livre ne se contente pas de raconter une simple histoire d'amour ; il s'interroge également sur la chevalerie, l'honneur et le destin. Les lecteurs découvriront comment Lancelot, malgré sa bravoure et son dévouement, est déchiré entre son amour pour Guenièvre et son devoir envers Arthur. Ce conflit intérieur est le moteur du récit, entraînant Lancelot dans une série d'épreuves et de quêtes qui mettent en lumière sa complexité et sa profondeur. Boulenger, par son style élégant et érudit, réussit à capturer l'essence des légendes médiévales tout en offrant une perspective moderne sur les thèmes universels de l'amour et de la trahison. "Les Amours de Lancelot du Lac" est une invitation à redécouvrir la richesse des mythes arthuriennes, tout en se laissant emporter par une histoire intemporelle de passion et de sacrifice. L'AUTEUR : Jacques Boulenger, né le 29 septembre 1879 à Paris et décédé le 22 novembre 1944, est un écrivain et historien français reconnu pour ses travaux sur la littérature médiévale. Passionné par l'histoire et les légendes, Boulenger s'est distingué par sa capacité à rendre accessibles les récits complexes des temps anciens. Il a consacré une grande partie de sa carrière à l'étude des textes médiévaux, notamment ceux liés à la légende arthurienne. Son intérêt pour ces mythes l'a conduit à écrire "Les Amours de Lancelot du Lac", où il s'efforce de transmettre la richesse et la profondeur de ces histoires intemporelles. En plus de ses oeuvres littéraires, Boulenger a également contribué à plusieurs revues académiques et a été membre actif de sociétés savantes, ce qui témoigne de son engagement envers la préservation et la diffusion du patrimoine littéraire. Bien que moins connu que certains de ses contemporains, son travail a joué un rôle crucial dans la vulgarisation de la littérature médiévale en France.
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Seitenzahl: 105
Veröffentlichungsjahr: 2022
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Au royaume de Logres
Le blanc cortège
Les adieux
Le beau damoisel
Le jour de la Saint-Jean
« Adieu, beau doux ami ! »
La dame de Nohant et le chevalier à la blanche robe
Délivrance de Nohant
Le gué de la reine. Les demoiselles oiseaux
Les trois écus de Saraide la pucelle
Prise de la Douloureuse Garde
La tombe de Lancelot
« Fin cœur ne peut mentir »
Lancelot en extase. Départ de la Douloureuse Garde
Keu déçu
Le chevalier à la litière
Retour à la Douloureuse Garde
Les clés des enchantements. La Joyeuse Garde
Le chevalier pensif et Daguenet le couard
Le Chèvrefeuille
Lancelot au Puy de Malehaut
Le fils de la belle géante. La semonce au roi
La dame de Malehaut : Lancelot en gêole
Le tournoi de Galore : le chevalier vermeil
La dame de Malehaut : le baiser
Délivrance de Lancelot
Le tournoi de Galore : le noir chevalier
La promesse de Galehaut
La soumission de Galehaut
L’entremise de Galehaut
Le pré des arbrisseaux : Quel giorno più non vi leggemmo avante
« Bonne est la compagnie de quatre ! »
Galehaut et la dame de Malehaut
Le conte dit qu’il y avait anciennement, parmi les forêts du royaume de Logres, une foule de grottes où les chevaliers errants trouvaient toujours le vivre et le couvert : car, lorsque l’un d’eux avait besoin de boire et de manger, il n’avait qu’à se rendre à la plus prochaine, et aussitôt une demoiselle de féerie en sortait, on ne peut plus belle, qui portait une coupe de fin or à la main, avec des pâtés très bien lardés et du pain ; et elle était suivie d’une autre pucelle, qui tenait une blanche serviette merveilleusement ouvrée et une écuelle d’or et d’argent où se trouvait justement le mets que le chevalier désirait ; et encore, si le plat ne lui plaisait point, on lui en apportait d’autres à sa volonté.
Mais il advint qu’un chevalier mauvais et plein de vilenie força l’une de ces pucelles au bord de sa grotte, et ensuite lui prit la vaisselle d’or où elle l’avait servi. D’autres agirent comme lui : de façon qu’elles ne voulurent plus se montrer, pour prière qu’on leur en fit.
Lorsque le roi Artus eut fondé la Table ronde par le conseil de Merlin, les chevaliers de sa maison convinrent qu’ils protégeraient toutes les demoiselles. Si une pucelle était conduite par un chevalier et que celui-ci fût outré et vaincu, alors elle appartenait au vainqueur. Mais celle qui était seule n’avait rien à redouter, sinon des félons, dont il n’y avait guère en ce temps, et elle pouvait aller aussi sûrement par le royaume que si elle eût été gardée. Néanmoins, on n’eut plus jamais aucune nouvelle des pucelles des grottes.
Ce fut le commencement des temps aventureux. Alors la Bretagne bleue fut pleine de merveilles et les chevaliers se mirent à errer. Partout, il y avait des pas difficiles et des coutumes singulières qu’on ne pouvait franchir ou redresser qu’à grande prouesse : grâce à quoi les chevaliers, et surtout ceux de la Table ronde, faisaient tant d’armes que leur renom en est demeuré jusqu’à présent. Ils chevauchaient par monts et par vaux sur leurs grands destriers, abattant les mauvais usages, défiant les félons, ramenant les méchants à raison, détruisant les larrons qui volaient sur les routes ; et des demoiselles qu’on ne saurait demander plus avenantes cheminaient sur leurs palefrois ; et, pendant ce temps, la cour du roi Artus resplendissait sur le pays de Logres, ornée de la reine Guenièvre et de ses dames, brillante d’or, d’argent, de riches draps de soie, de fêtes, de gerfauts, d’éperviers, de faucons, d’émerillons. Là vivaient les compagnons de la Table ronde, et jamais on ne vit si bons chevaliers, si preux, si fiers, si vigoureux et hardis ; mais on estimait alors la prouesse à beaucoup plus haut prix qu’aujourd’hui.
Cinq fois l’an, à Pâques, à l’Ascension, à la Pentecôte, à la Toussaint et à la Noël, le roi Artus tenait cour renforcée et portait couronne. En ce temps-là, nul ne passait pour vraiment preux, qui n’eût demeuré quelque temps en sa maison : aussi les barons venaient-ils en foule à ces cours. Et celle de la Pentecôte était la plus enjouée et la plus gaie, parce que c’est ce jour-là que Notre Sire, monté au ciel, envoya le Saint-Esprit parmi ses fidèles, qui étaient aussi déconfortés que des brebis qui ont perdu leur pasteur. Mais celle de Pâques était la plus haute et la plus honorée, en mémoire du Sauveur qui ressuscita et nous racheta des éternelles douleurs. D’ailleurs, à maintes autres époques, comme la Chandeleur et la mi-août, ou bien le jour de la fête de la ville dans laquelle il se trouvait, et encore quand il voulait faire honneur à quelques gens, le roi tenait sa cour ; mais cela ne s’appelait point cour renforcée. Et, à toutes ces cours, il avait coutume de ne se mettre à son haut manger que lorsqu’une aventure s’était présentée à ses chevaliers.
Or, le vendredi avant la Saint-Jean, le roi chassa tout le jour dans la forêt de Camaaloth ; vers le soir, comme il regagnait la ville avec ses gens, il vit venir à lui une belle compagnie.
En tête, deux garçons à pied menaient deux sommiers blancs, dont l’un portait un léger pavillon de campement, le plus riche qu’on eût jamais fait, et l’autre deux beaux coffres pleins de robes de chevalier. Puis avançaient, deux par deux, quatre écuyers montés sur des coussins et tenant qui un écu à boucle d’argent, qui un heaume argenté, qui une lance, qui une grande épée, claire, tranchante et légère à merveille ; et après eux d’autres écuyers et sergents ; puis trois pucelles ; enfin une dame accompagnée d’un damoisel beau comme le jour et de deux gentils valets avec lesquels elle causait. Et les robes, les armes, les écus, les chevaux, tout dans ce cortège était couleur de neige.
Le roi s’arrêta, émerveillé. Cependant la dame, l’ayant aperçu, pressait son palefroi et, dépassant son escorte, s’avança vers lui en compagnie du beau damoisel. Et sachez encore qu’elle était vêtue d’une cotte et d’un manteau de samit blanc, fourré d’hermine, et qu’elle chevauchait un petit palefroi amblant, si bien taillé qu’on n’en vit jamais de plus beau, dont la housse de soie traînait jusqu’à terre ; son frein et son poitrail étaient d’argent fin, sa selle et ses étriers d’ivoire subtilement gravé d’images où l’on voyait des dames et des chevaliers. Dès que la dame arriva devant le roi, elle écarta son voile et, après lui avoir rendu le salut qu’il se hâta de lui faire le premier, en gentilhomme courtois et bien appris qu’il était, elle lui dit :
— Sire, Dieu vous bénisse comme le meilleur des rois de ce monde ! Je viens de bien loin pour vous demander un don que vous ne me refuserez point, car il ne peut vous causer nul mal et ne vous coûtera rien.
— Demoiselle, répondit le roi, dût-il m’en coûter beaucoup, pourvu qu’il ne me soit, à honte et qu’il ne cause dommage à mes amis, je vous l’octroierai, quel qu’il soit.
— Sire, grand merci ! Je vous requiers donc de faire chevalier ce mien écuyer, lorsqu’il vous le demandera.
— Belle amie, grâces vous soient rendues de m’avoir amené ce beau jouvenceau. Je lui donnerai ce qui est de moi : ses armes et la colée ; Dieu ajoutera le surplus : c’est la prouesse.
La dame remercia le roi et lui apprit qu’on l’appelait la Dame du Lac ; après quoi, quelque prière qu’il lui fit de demeurer, elle prit congé, le laissant fort étonné, car il n’avait jamais entendu prononcer ce nom.
Le damoisel, qui semblait au désespoir de la quitter, voulut la convoyer quelque temps. Quand ils eurent cheminé côte à côte, tristement, la distance d’un trait d’arc, elle rompit le silence et lui dit :
— Fils de Roi, il faut, donc nous séparer. Mais, auparavant, je veux que vous sachiez, vous que j’ai élevé, que je ne suis pas votre mère et que vous n’êtes pas mon fils. Votre lignée est des meilleures du monde ; et vous apprendrez un jour le nom de vos parents. Songez à vous rendre aussi parfait de cœur que vous l’êtes de corps, car ce serait grand dommage si en vous la prouesse ne valait pas la beauté. Demain soir, vous prierez le roi Artus de vous faire chevalier, et ce jour même, avant la nuit, vous quitterez son hôtel et vous irez errant par tous pays et cherchant aventures : car c’est ainsi que vous gagnerez louanges et valeur. Ne vous arrêtez en aucun lieu, ou le moins possible ; mais gardez d’y laisser quelque exploit à faire à ceux qui viendront après vous. Et si l’on vous demande qui vous êtes, répondez que vous ignorez votre propre nom.
Elle tira de son doigt un anneau qu’elle passa à celui du damoisel. Puis elle le recommanda à Dieu, en le baisant bien doucement, et elle lui dit encore :
— Beau Fils de Roi, écoutez ceci : vous mènerez à bien les plus périlleuses aventures, et celui qui achèvera celles que vous aurez laissées, il n’est pas encore de ce monde... Je vous en dirais davantage, mais mon cœur se serre et la parole me faut... Allez, allez à Dieu, le bon, le beau, le noble, le gracieux, le désiré, le mieux aimé !
Elle lui baisa encore la bouche, le visage et les deux yeux tendrement ; puis elle partit, si triste qu’elle n’eût su prononcer un mot de plus. Et le damoisel pleura en la voyant s’éloigner. Il courut accoler un à un les valets, les pucelles et les garçons ; après quoi il demeura avec les sommiers qui portaient son bagage et deux écuyers que la Dame du Lac lui avait laissés. Alors il se mit en devoir de rejoindre le roi.
Dès le samedi au matin, il vint trouver monseigneur Yvain le grand, qui l’avait hébergé en son logis, et il le pria de requérir le roi Artus de l’armer le lendemain.
— Comment, beau doux ami, lui dit son hôte, ne vous convient-il pas d’attendre encore un peu et d’apprendre le métier des armes ? Il tombe à terre, l’oiselet qui s’élance avant de savoir voler.
Mais le valet répliqua qu’il lui tardait de ne plus etre écuyer, et messire Yvain s’en fut dire son désir au roi.
— Parlez-vous du damoisel à la blanche robe ? répondit celui-ci. Que dites-vous, Gauvain, de notre valet d’hier soir qui veut déjà être chevalier ?
— Je pense que la chevalerie lui siéra bien, car il est beau et semble de bonne race.
— Quel est ce valet ? fit la reine Guenièvre.
— Allez le quérir, Yvain, dit le roi, et faites qu’il s’habille du mieux qu’il pourra ; j’ai idée qu’il a assez de ce qu’il faut pour cela.
Dans la cité, la nouvelle s’était répandue du damoisel qui était venu en équipage de chevalier, de sorte que les rues se trouvèrent pleines de monde, lorsqu’il traversa la ville en croupe sur le cheval de monseigneur Yvain. Au palais même, les chevaliers, les dames et les demoiselles étaient descendus dans la cour pour le voir, et le roi et la reine se penchaient à la fenêtre. Le blanc damoisel mit pied à terre, ainsi que messire Yvain, qui le prit par la main et le mena dans la salle où le roi et la reine firent asseoir entre eux leur parent, tandis que le jouvenceau se plaçait vis-à-vis, sur l’herbe verte dont le sol était jonché. Il était avenant de visage et fait à merveille ; ses bottes étaient si justes qu’on aurait cru qu’il en fût né chaussé, et ses éperons luisaient à s’y mirer. Déjà, la reine Guenièvre le regardait avec douceur et priait Dieu de faire prud’homme celui à qui il avait donné une si belle apparence. Et quant au valet à la blanche robe, toutes les fois qu’il pouvait jeter à la dérobée les yeux sur elle, il s’émerveillait de sa beauté, à laquelle celle de la Dame du Lac ni d’aucune autre ne lui semblait comparable ; en quoi certes il n’avait point tort, car la reine Guenièvre était la dame des dames et la fontaine de vaillance.
— Comment a nom ce beau valet ? demanda-t-elle.
— Dame, je ne sais, répondit Yvain. Je pense qu’il est du pays de Gaule, car il en a le parler.