Les épouses Bridgewater - Vanessa Vale - E-Book

Les épouses Bridgewater E-Book

Vale Vanessa

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Beschreibung

Les 3 volumes de la série du ménage Bridgewater.

Leur Mariée adorée:


En quittant Londres, Rebecca Montgomery était loin de se douter qu'elle atterrirait dans l'Ouest américain, unique solution trouvée par son frère pour lui éviter un mariage arrangé. Elle ne s'attendait pas à ce que son frère lui fasse épouser son meilleur ami par procuration, ni que ledit frère mourrait durant le voyage. Elle n'allait pas tarder à découvrir que le Montana n'avait rien à voir avec Londres, que vivre à Bridgewater Ranch impliquait d’épouser Dashiell, mais également Connor MacDonald, son meilleur ami écossais.

Dashiell McPherson n'imaginait pas épouser une inconnue, encore moins une jeune femme collet monté, éduquée dans une croyance prônant la répression des désirs et l’interdiction de s'y adonner. Une femme inhibée sera-t-elle en mesure d'accepter non pas un, mais deux époux ? Les deux hommes devront faire preuve d'une persuasion toute écossaise, d'un zeste de muscles et d'une grosse pincée de sensualité pour libérer Rebecca de ses inhibitions et lui prouver l'importance qu'elle revêt à leurs yeux.

--

Leur Mariée de Noël:

Un nouvel épisode de la saga Bridgewater – Deux cowboys pour le prix d'un.

Allison Travers est amoureuse de deux hommes. Deux ! Quinn et Porter sont irrésistibles, choisir s'avère impossible. Un homme malveillant la pousse au mariage en colportant de fausses rumeurs, la dépeignant comme une femme de petite vertu. Elle risque de ne plus avoir le choix.

Quinn et Porter ne s'en laissent pas compter. Ils aiment Allison et veulent tous deux l'épouser. Allison ne va pas tarder à apprendre que selon les us et coutumes en vigueur à Bridgewater, une femme peut tout à fait prendre deux hommes pour époux. Mais ce n'est pas tout : leur dévolu jeté, ces deux séduisants cowboys n'ont pas l'intention de laisser filer leur Mariée de Noël.

--

Leur mariée réticente:

Emily Woodhouse a perdu son mari, un parieur invétéré qui la traitait mal. Sa situation est désespérée, la voici désormais veuve, sans un sou vaillant et à la rue. Bien décidée à rembourser ses dettes jusqu'au dernier centime, elle accepte d'épouser Tyler et Xander et contracte un mariage pour le moins original. Un homme pour le prix de deux.

Pour Tyler et Xander c’est le coup foudre. Emily est la femme de leur vie. Ils veulent protéger cette jeune veuve. Emily aurait bien besoin de protection mais n'a guère envie de se remarier. Elle se montre rétive, ces deux hommes vont lui montrer ce qu'être aimée, protégée et possédée veut dire.

Ils devront faire table rase d'un passé qu'ils auraient préféré oublier pour envisager enfin un avenir serein.

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Les épouses Bridgewater

La série du ménage Bridgewater - Tomes 4 - 6

Vanessa Vale

Copyright © 2019 par Vanessa Vale

Ceci est une œuvre de fiction. Les noms, les personnages, les lieux et les événements sont les produits de l’imagination de l’auteur et utilisés de manière fictive. Toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes ou décédées, entreprises, sociétés, événements ou lieux ne serait qu’une pure coïncidence.

Tous droits réservés.

Aucune partie de ce livre ne peut être reproduite sous quelque forme ou par quelque moyen électronique ou mécanique que ce soit, y compris les systèmes de stockage et de recherche d’information, sans l’autorisation écrite de l’auteur, sauf pour l’utilisation de citations brèves dans une critique du livre.

Conception de la couverture : Bridger Media

Création graphique : Period Images; fotolia.com- Outdoorsman

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Table des matières

Leur Mariée adorée

Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 6

Chapitre 7

Chapitre 8

Chapitre 9

Chapitre 10

Chapitre 11

Chapitre 12

Chapitre 13

Chapitre 14

Chapitre 15

Chapitre 16

Chapitre 17

Leur Mariée de Noël

Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

Chapitre 5

Leur mariée réticente

Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 6

Chapitre 7

Chapitre 8

Chapitre 9

Chapitre 10

Chapitre 11

Chapitre 12

Chapitre 13

Chapitre 14

Chapitre 15

Chapitre 16

Chapitre 17

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À propos de l'auteur

Leur Mariée adorée

La série du ménage Bridgewater - 4

1

REBECCA

Le voyage avait été long. Voilà ce que j'aurais écrit, si j'avais envoyé une lettre à mes chers parents. Ils ne s'en seraient pas plaints ni n'en auraient pris ombrage, d'autant que la missive aurait mis des mois à leur parvenir. Avec tous les aléas que j'avais vécus, la lettre serait arrivée dans le Montana bien avant moi. J'avais voyagé totalement seule depuis Chicago. J'aurais préféré être accompagnée mais je ne connaissais personne prêt à s'aventurer dans les territoires sauvages et inhospitaliers des Indiens. Non pas que j’en ai eu personnellement envie, mais on ne m'avait pas laissé le choix. Je chevauchais sur un cheval de prêt, non pour être accueillie par mon mari, mais en direction d'un ranch. Ma monture filait droit vers une immense maison, parmi un paysage quasiment dénué d'arbres.

Je stoppai mon cheval et fus accueillie non par un, mais plusieurs hommes. J'ignorais lequel m'était destiné—ou plutôt—auquel j'appartenais. Certains étaient bruns, d'autres blonds ou roux, tous grands, bien bâtis et franchement séduisants. Rien à voir avec les hommes gravitant dans le cercle élitiste de mon père à Londres. Ils avaient un regard franc, sûrs d'eux, ils vivaient leur vie pleinement, pas par procuration. Ces hommes n'hésiteraient sans doute pas à faire le sale boulot, plutôt que de payer un homme de main. Ils étaient redoutables et assez intimidants, on ne m'avait pas préparée à affronter des dominateurs. L'un d'eux était-il mon mari ? Je les passai en revue mais aucun n'esquissa le moindre geste. J'avais peut-être mis moins de temps qu'une simple lettre tout compte fait.

Un homme descendit les marches du perron et s'approcha.

— Bonjour.

— Bonjour, répondis-je en lui adressant un bref signe de tête.

Quatre femmes rejoignirent les hommes sur la véranda, elles me souriaient agréablement, l'air intrigué.

— Bienvenue à Bridgewater. Je m'appelle Kane, lança l'homme.

Je hochai la tête et serrai fermement les rênes, seul signe extérieur de ma nervosité. Le moment était venu, le moment que j'attendais depuis trois mois, j'étais extrêmement nerveuse. Je ne pouvais retourner en Angleterre, étant officiellement mariée à l'un de ces hommes. Il n'allait pas me rejeter et me renvoyer chez moi, me répudier ? En avait-il le droit ? J'allais vivre ici, dans un pays totalement inconnu, j'ignorais, à cet instant précis, ce qui était le pire.

— M. Kane, Rebecca Montgomery. Je dois voir M. McPherson.

Deux hommes s'avancèrent suite à ma déclaration. Ils étaient blonds, se ressemblaient, et étaient vraisemblablement de la même famille, l'un était un peu plus grand, plus baraqué et plus intimidant, mon cœur battait la chamade. Probablement parce qu'il me dévisageait intensément, comme s'il lisait dans les tréfonds de mon âme. Son regard était intense, il n'avait d'yeux que pour moi. Nul doute qu'une arme ne lui ferait pas peur.

— Un McPherson, mais lequel, jeune fille ?

Le moins grand s'exprimait d'une voix grave, claire et amusée. Je quittai l'autre homme des yeux.

Je déglutis, j'avais l'impression que mon époux était l'un de ces deux hommes.

— M. Dashiell McPherson.

— Qu'est-ce que vous lui voulez ? demanda le plus baraqué.

Son accent écossais marqué me donnait la chair de poule, je n'avais pourtant pas froid.

Ignorant les autres, je contemplai ses yeux clairs, humectai mes lèvres et relevai la tête.

—C'est mon mari.

Les deux hommes haussèrent les sourcils, visiblement surpris.

—Comment ça ? demanda M. Kane à mes côtés.

Il était intrigué, tout comme les femmes qui chuchotaient entre elles. Hormis un regard surpris, les hommes étaient plus réservés quant à leurs émotions. Ils avaient l'habitude de voir débarquer de jeunes mariées ?

— Cecil Montgomery, mon frère, s'est occupé de toute l’affaire.

— Ah oui, Montgomery. Un excellent officier, répondit le plus petit des McPherson en reculant. Vous êtes charmante mais je suis déjà marié.

Une ravissante brune se plaça à ses côtés. C'était sa femme, il ne se gênait pas pour le montrer. Il passa un bras autour de sa taille et déposa un baiser sur son front, tout en m'adressant un clin d'œil.

— Il ne reste plus que moi, jeune dame.

Je me retournai vers l'homme qui faisait battre mon cœur. Dashiell McPherson. Le McPherson déjà marié était certes séduisant mais celui planté devant moi me donnait les mains moites malgré mes gants, mon cœur battait la chamade, j'avais des papillons dans le ventre. Ses cheveux blond foncé étaient coupés court sur le côté et long sur le dessus, une mèche retombait sur son front. Il soutenait mon regard de ses yeux perçants bleu glacier, j'étais clouée sur place.

— Vous me devez des explications, je me serais à coup sûr souvenu d'une nuit de noces en votre compagnie.

DASH

Je ne m'attendais pas à me retrouver marié à l'issue du déjeuner. Elle n'avait rien d'une faible femme. Elle se tenait raide comme un piquet. Sa robe vert foncé rehaussait sa chevelure brune, elle était très attirante avec sa peau claire et ses courbes voluptueuses. Bref, elle était magnifique. Ses yeux, même cachés sous le large bord de son chapeau, parlaient d'eux-mêmes. Elle avait peur mais son menton résolument relevé et le courage dont elle avait fait preuve en chevauchant seule pour rejoindre son mari en disaient long. Elle s'exprimait avec l'accent d'une anglaise issue de la haute bourgeoisie.

Elle se contenta de hausser un sourcil devant ma vulgarité flagrante.

— Où est votre frère ? On l'appréciait, on lui avait écrit de nous rejoindre ici à Bridgewater, en tant qu'invité. Il n'avait pas cautionné la malhonnêteté et le comportement meurtrier de notre supérieur et avait pu retourner à sa vie paisible en Angleterre, sans être relevé de ses fonctions ni perdre son identité. Nous comptions le revoir, il en avait apparemment l'intention, mais nous ignorions que sa sœur serait de la partie.

Elle releva le menton.

— Il est mort.

Elle s'exprimait clairement, nullement affligée.

Montgomery était mort ? Elle devait avoir une bonne quinzaine d'années de moins que son frère, il n'en avait jamais parlé durant notre séjour à Mohamir. Elle n'était qu'une enfant. Elle était peut-être issue du second mariage de l'un de ses parents, et avait grandi bien sagement dans sa chambrette ?

— Ah, vous avez fait tout ce chemin toute seule ma p'tite dame ?

J'étais pour le moins interloqué.

— Pas tout le voyage. Elle secoua la tête. Il est mort à Chicago.

— Comment ?

— Une chute de cheval. Ça n'avait pas l'air grave de prime abord, expliqua-t-elle. Il n'en fit pas de cas, prétextant qu'un cheval n'aurait pas sa peau. Le lendemain, il a commencé à se sentir mal et fiévreux. Il présentait tous les signes d'une hémorragie interne, sa fin était proche.

Elle regarda ses mains tenant les rênes et croisa mon regard.

— Nous n'étions pas proches, il avait le devoir de me protéger, j'ai quitté l'Angleterre avec lui. Il savait qu'il allait mourir, il ne voulait pas que je reste sans personne pour veiller sur moi, il a fait en sorte que je vous épouse nonobstant le peu de temps qui lui restait. C’était un mariage par procuration.

— Mais vous étiez d'accord ?

— Disons que ... on ne m'a pas vraiment laissé le choix, répondit-elle.

— Un peu tout de même, ou pas du tout ? Vous aviez un chaperon durant le reste du voyage ?

Elle le regarda comme s'il lui avait demandé si le soleil se couchait à l'ouest.

— Bien évidemment. Mme Tisdale—une femme de Chicago—m'a escortée durant le voyage jusqu'à ce qu'on descende de la diligence en ville. Elle m'aurait bien accompagnée jusqu'au dernier tronçon menant au ranch de Bridgewater, mais elle n'avait pas envie de voyager dans une contrée aussi hostile, elle a repris la diligence vers l'est ce matin à l'aube.

Lorsqu'on observait la vaste étendue s'étendant à perte de vue autour de Bridgewater, le raisonnement de cette femme était fondé. Une terre stérile. C’était l'une des raisons qui avait poussé mes camarades de régiment à s'installer sur cette terre—loin de tout. C'était parfait pour notre petit groupe, nous souhaitions rester à l'écart, même si cela ne plaisait pas à tout le monde.

— Elle a appris qu'il n'y aurait pas d'autre diligence avant une bonne semaine, elle n'avait pas envie de la manquer.

J'imaginais la femme en train de courir après la diligence pour filer d'ici. Les gens de la ville ne faisaient pas long feu dans le Montana. Quant à Mademoiselle Montgomery—non, Mme McPherson, apparemment—seul le temps nous dirait si elle serait capable de vivre dans une contrée si inhospitalière. Sa voix était teintée de l'accent caractéristique d'une Anglaise de la haute société. Son ton neutre et presque timide le confirmait. Une différence de taille existait entre la vie de la haute société londonienne et le Montana, autant comparer la craie et le fromage.

— Vous n'avez pas souhaité la suivre ?

Elle fit la moue.

—Je suis moins difficile que Mme Tisdale.

Moins difficile, effectivement, mais également très courageuse.

Elle sortit un document plié de sa robe et me le tendit.

— Tenez.

Je m'approchai et pris le document dans sa petite main. Elle était si guindée, arborait un air si solennel qu'elle veilla à ne pas effleurer ma main, bien que ses doigts enfantins soient entièrement gantés.

Je dépliai le document et en pris connaissance. Il s'agissait vraisemblablement d'un contrat de mariage en bonne et due forme. Plié avec un autre document.

Je ne comptais pas mourir en chutant de cheval ! En territoire étranger et contraint d'abandonner Rebecca, je m'en remets à vous et la place sous votre protection. Retourner en Angleterre n'est pas une solution, je sais que vous la traiterez avec honneur et respect. J'aurais tant aimé voir le vaste territoire du Montana de mes propres yeux, je meurs en paix, sachant que vous la protégerez au péril de votre vie. Je souhaite que ma sœur, de nature timide mais volontaire, se marie selon la tradition en vigueur à Mohamir, dans le respect des valeurs de Bridgewater. Je m'en remets à vous.

Votre ami,

C. Montgomery

J'étais marié.

Je repliai et regardai la lettre. Elle restait maîtresse d'elle-même, arborait une expression très réservée, très anglo-saxonne. Elle devait être tendue après sa longue chevauchée depuis la ville. Je l'imaginais méfiante face à tant de visages inconnus mais elle ne montrait pas ses émotions. Un trait de caractère décidément très anglo-saxon, notamment de la part de femmes considérées comme de simples pots de fleur. Si je lui avais demandé comment elle se sentait, elle aurait certainement répondu brièvement, histoire de détourner l'attention. Voilà le type d'éducation qu'elle avait reçu, elle ne correspondait absolument pas au genre de femme que je rêvais d'épouser.

Elle apprendrait bien assez tôt qu'il n'était pas nécessaire de cacher ses émotions, ce n'était pas ce que j'attendais d'elle.

— Permettez-moi de vous aider, à moins que vous ne comptiez me fausser compagnie après avoir fait connaissance.

Elle montait en amazone, elle prit ma main le temps de faire passer sa jambe par-dessus la selle, je m'avançai, la saisis par la taille et la posai à terre. Elle était toute en courbes, la taille serrée dans un corset très ajusté, je sentais ses hanches larges sous mes mains. Elle n'était ni lourde, ni frêle. Elle était parfaitement proportionnée pour un homme de ma taille—et pour Connor.

J'étais très grand, plus grand que la moyenne, une fois debout, elle m'arrivait au menton. Elle pencha la tête en arrière et me regarda par dessous le bord de son chapeau. Elle essaya de me lâcher la main, je la retins plus longuement que nécessaire. Je me demandais à quoi elle ressemblait sans son corset—si elle serait aussi voluptueuse et sexy que je l'imaginais.

Kane attacha son cheval avec les autres à l'un des poteaux. Nous étions tous arrivés de différents endroits du ranch pour déjeuner, on se disperserait après manger.

— La lettre comporte une erreur, dis-je.

Elle écarquilla les yeux et humecta ses lèvres.

— Non, il n'y a pas d'erreur.

Sa voix était un peu moins assurée qu'auparavant.

Je levai la main.

— Je ne remets pas en doute la validité de ce document, ni les intentions de votre frère en m'écrivant. Je vous honorerai tous les deux. Je vous ferai honneur.

Elle restait tendue mais je la sentais soulagée. Non pas à cause du mariage, mais parce que je ne la rejetais pas. Un voyage de plusieurs milliers de kilomètres ça faisait long, surtout pour s'entendre dire « non ».

— L'erreur réside uniquement dans le prénom du marié. Connor, dis-je.

Je contemplai Rebecca, j'entendis des pas sur les marches en bois. Rebecca contempla Connor, désormais à mes côtés.

— Puis-je te présenter l'ex Mademoiselle Rebecca Montgomery, notre épouse ?

— Notre ... notre ? Elle fronça les sourcils, manifestant ainsi un premier signe d'émotion. Je ne comprends pas.

— Vous êtes mariée avec moi. J'adressai un signe de tête à Connor. Mais également avec Connor.

Elle resta bouche bée, découvrant une dentition blanche parfaite, nous contemplant tour à tour. Lorsque Connor hocha la tête en guise d'approbation, elle pâlit et s'évanouit, pile dans mes bras.

2

REBECCA

— Elle revient à elle.

Je les entendais parler mais choisis de faire comme si de rien n'était. J'étais installée dans un lit confortable et ne voulait pas me réveiller. Les matelas des pensions de famille ou des hôtels étaient plein de bosses ou trop durs, ce lit était moelleux et confortable.

— Tu la crois sujette aux évanouissements ?

Des voix d'hommes ? Des hommes ? Des évanouissements ? Je ne m'étais jamais évanouie. Ils me croyaient de constitution fragile ? J'allais leur prouver le contraire, quels qu'ils soient. Je n'étais jamais malade, je ne m'évanouissais jamais, même pour faire semblant et attirer l'attention comme les filles insipides de l'école.

J'ouvris grand les yeux et faillis m'évanouir pour de bon en réalisant que je ne me trouvais pas dans un lit, en Angleterre ni dans une pension de famille reculée.

Deux hommes penchés sur moi m'examinaient attentivement. Ils étaient agenouillés à mes côtés, j'étais allongée sur un canapé et dus lever la tête pour les regarder, vu leur carrure. Je me redressai et m'assis, la pièce tournoya légèrement.

— Non, doucement. Il ne faudrait pas que vous vous évanouissiez de nouveau, dit le blond. Dashiell McPherson était mon mari. Il était vraiment séduisant.

Alors que nous étions encore à Chicago, la décision de mon frère concernant ce mariage m'avait beaucoup inquiété. Allait-il me faire épouser un homme déplaisant ? Me lier à un homme cruel, joueur ou ivrogne ? Je n'aurais su dire s'il était porté sur la boisson, mais il était certainement craquant. Ses yeux et ses cheveux étaient couleur de miel. De petites rides se formaient autour de ses yeux et sa bouche lorsqu'il souriait. De la gentillesse émanait de son visage viril à la beauté sauvage. Un long nez, des lèvres charnues. Je me pris à fixer sa bouche et m'aperçus de mon effronterie. Je me redressai, le rouge me montait aux joues.

— Je ne m'évanouis pas, répliquai-je en croisant les mains sur mon ventre.

Il esquissa un sourire.

— Non. Bien sûr que non.

— Vous avez subi un choc. Pas étonnant que vous vous soyez évanouie. J'aurais moi aussi fait une syncope si je m'étais retrouvé marié à deux jolies jeunes filles.

Connor était aussi brun que son frère était blond. Un brun aux yeux noirs à la peau halée. Tout était plus grand chez lui—si tant est que ce soit possible—il prenait plus d'espace mais paraissait plus détendu, plus à l'aise que son alter ego. Sa réponse sur le ton de la plaisanterie le confirmait.

Connor—je ne connaissais pas son nom de famille—essayait de prendre la situation à la légère. Ils étaient inflexibles, j'avais épousé ces deux hommes. C'était complètement dingue !

— J'ai dû mal entendre. Je ne peux avoir épousé deux hommes.

— Vous êtes ma femme, M. McPherson indiqua sa poitrine, mais ici à Bridgewater, nous suivons les règles strictes et honorables du mariage Mohamir, la femme est ainsi protégée, en s'unissant à deux hommes au minimum.

— Mohamir ? Vous faites allusion au pays situé non loin de la Perse ?

Les deux hommes acquiescèrent.

— Oui. Nous étions en poste là-bas avec votre frère et notre régiment, répondit Connor.

— Montgomery vous a certainement parlé de notre amitié durant votre voyage.

Effectivement il l’avait fait, je n'eus pas le temps de répondre, une femme nous interrompit sur le pas de la porte.

— Oh, vous êtes réveillée, tant mieux. Laisse-la tranquille Connor. Même agenouillé, t'es encore trop grand quand tu te penches.

Il parut chagriné et légèrement déçu mais se releva et s'écarta comme elle le lui avait demandé. Je dus relever la tête pour parvenir à voir derrière lui.

— Je m'appelle Emma, et voici la petite Ellie. Elle fait ses dents, vous avez de la chance qu'elle soit de bonne humeur, en temps normal elle est capricieuse et grognon.

Elle s'assit, forçant M. McPherson à se déplacer et à reculer afin de ne pas être déséquilibré par le mouvement de sa jupe.

—Je suis habituée à l'accent irlandais des hommes, quelle merveille d'entendre une femme parler avec un si bel accent. Il s'apparente plus à l'accent de Kane qu'à celui d’Ian, vous devez être anglaise.

Sa fille de sept ou huit mois assise sur ses genoux mâchouillait allègrement un gros croûton de pain, la salive coulait de son menton sur sa petite robe.

— Oui, répondis-je. Je suis originaire de Londres, mais je suis allée à l'école dans le Shropshire.

Ellie attira mon attention ; une femme réservée comme moi ne pouvait que succomber devant un bébé. Une brune aux yeux clairs, comme sa mère.

— Je suis mariée avec Kane— ajouta Emma.

— Et moi.

Un homme très baraqué entra dans la pièce, il n'avait d'yeux que pour le bébé. Il la prit dans ses bras et lui fit des chatouilles avec le nez.

— Je suis Ian, soyez la bienvenue. Nous nous apprêtions à déjeuner, vous devez avoir faim. Il regarda sa femme chaleureusement. Viens ma chérie, ses maris vont s'occuper d'elle.

Ian tendit la main à Emma. Il la fit sortir en tenant le bébé tout content dans ses bras, Emma me regarda en souriant.

Je n'avais pas l'habitude qu'on s'occupe de moi. Personne, au collège que j’avais fréquenté, n'avait été particulièrement chaleureux ou prévenant. Cecil s'était montré protecteur et adorable avec moi, bien que je n'aie passé qu'un mois en tout et pour tout avec mon frère à Londres avant d'embarquer en Angleterre. Mais il était mort, me laissant totalement seule au monde.

Je baissai tristement les yeux. Il m'avait abandonnée. J'avais deux maris. J'étais perdue dans mes pensées lorsque l'un d'eux se retourna, je me rendis compte que j'étais mains nues.

— Où sont mes gants ? demandai-je en contemplant mes paumes grandes ouvertes.

Je m'aperçus que le col de ma robe n'était pas fermé comme il aurait dû l'être. Quelques boutons étaient défaits. Ma robe ! Je portai la main à mon cou et refermai le col en dentelle.

— Vous aviez besoin de respirer jeune dame, vous n'avez pas besoin de gants. Il fait plutôt frais en automne, mais pas au point de porter des gants à l'intérieur, répondit M. McPherson.

Je regardai mes gants, posés sur l'accoudoir du canapé. Je me détendis une fraction de seconde, sachant qu'ils ne m'empêcheraient pas de les reprendre.

— Vous êtes en sécurité ici, jeune dame.

— Je ne vous connais pas, je ne sais si vous dites vrai, si tant est que vous soyez mon mari.

M. McPherson se leva lentement, se déplia de toute sa hauteur et se plaça à côté de Connor.

— Oui, il est vrai que vous ne me connaissez pas, ni Connor ou qui que ce soit d'autre à Bridgewater. Nous formons une communauté respectable. Connor et moi vous dirons toujours la vérité, nous ferons tout dans votre intérêt, que ça vous plaise ou non. Nous sommes des hommes d'honneur, le sujet est clos.

Le rouge me monta aux joues devant pareille réprimande. Cecil était un homme respectable, j'aurais dû me douter que ses camarades de régiment partageaient le même état d'esprit. Je hochai brièvement la tête en guise de réponse, je l'avais sans doute vexé.

— Venez, le déjeuner va refroidir.

M. McPherson me tendit la main. Ça sentait bon le pain et la viande rôtie, j'avais faim. Je reboutonnai rapidement le col de ma robe et pris la main qu'il m'offrait. Sa main était chaude, son geste prévenant, il me conduisit dans la salle à manger sans me quitter des yeux.

Il y avait trois chaises libres ; on avait visiblement rajouté une assiette à mon attention. Je constatai avec étonnement qu'ils m'avaient immédiatement acceptée parmi eux—sans se montrer surpris le moins du monde. Ça leur arrivait souvent qu'une femme débarque et leur annonce qu'elle venait épouser l'un des hommes ici présents ? En Angleterre, je serais passée pour une prostituée mariée en secret, un mariage hâtif faisait jaser, laissait supposer une conduite scandaleuse. On m'aurait rejetée, et non accueillie sans poser la moindre question.

Les assiettes et les plats circulèrent, Connor fit les présentations.

— A ma droite, voici Andrew, Robert et leur femme Ann. Ils me saluèrent, un bébé assis entre eux fit tomber une cuillère par terre, attirant leur attention. Voici Christopher sur la chaise-haute. Il aura bientôt un an.

La petite blonde avait épousé ces deux hommes ? Un plat de poulet passa devant Connor, il me tendit la fourchette afin que je me serve, m'interrompant dans mes pensées.

Je me servis tandis qu'il poursuivait.

— Après Robert voici Cross, Simon, Olivia et Rhys.

Leur femme, Olivia, assise face à moi, m'adressa un sourire rassurant.

— Je suis la dernière venue dans cette famille particulière, j'imagine aisément ce que vous ressentez. Je suis arrivée à Bridgewater en provenance d'Helena, ce n'est pas aussi éloigné que l'Angleterre. J'ai découvert, un soir, très tard, que j'étais mariée à trois hommes.

J'observai les trois hommes à ses côtés, ils la contemplaient avec adoration et possessivité. Cet arrangement ne la gênait apparemment pas. Les quatre femmes assises autour de la table paraissaient heureuses et comblées.

— Simon est mon frère, au cas où vous ne l'auriez pas deviné, ajouta M. McPherson. Connor poursuivit les présentations. A côté de Rhys voici Mason, Laurel et Brody, puis Kane, Ian et Emma, que vous avez déjà rencontrés.

— Nous sommes ici chez Kane et Ian, nous prenons nos repas ensemble, cuisinons et faisons la vaisselle à tour de rôle, renchérit M. McPherson.

Nos assiettes étaient pleines, la conversation cessa le temps du déjeuner. J'avais appris en ville que Bridgewater était un ranch prospère, vu la carrure des hommes, il était évident qu'ils ne restaient pas assis plantés sans rien faire. Je restai silencieuse durant le restant du repas, encore honteuse d'avoir posé cette question à M. McPherson quant à son honneur, il devait être en colère. Je n'avais pas besoin que tout le groupe se retourne contre moi une heure à peine après mon arrivée.

Les assiettes à dessert vides, Dash s'excusa.

— Je suis bien aise que nous n'ayons pas à faire la vaisselle aujourd'hui, il est temps que nous fassions la connaissance de notre épouse.

Connor acquiesça, je ravalai mon anxiété et le suivis à l'extérieur. Je ne m'étais jamais retrouvée seule en présence d'un homme qui ne soit pas un membre de ma famille. Réflexion faite, je ne m'étais retrouvée seule qu'avec Cecil, et ce, durant notre voyage au départ de l'Angleterre.

Connor se dirigea vers mon cheval, défit les rênes du poteau et m'amena l'animal. M. McPherson me prit par la taille et m'installa facilement en selle. Je n'étais pas petite mais il me souleva comme si j’étais une plume. Il n'avait pas les mains baladeuses mais me serrait fort, c'était intimidant et … étrange. Je ne devrais rien ressentir en sentant un homme me toucher. On m'avait inculqué, à la badine et à coups de règle, que les désirs frivoles ou charnels étaient l'apanage d'une femme de petite vertu, ce qui la conduirait forcément à être rejetée par son mari. Je ne voulais pas qu'il me rejette, où irais-je ?

Je regardai furtivement M. McPherson. Il montait à cheval comme un dieu, ses cuisses musclées tendaient la toile de son pantalon. Il avait de grosses mains aux doigts épais. Son chapeau à large bord dissimulait son visage mais je distinguais nettement sa mâchoire virile. Etait-il barbu, comme Connor ? Je regardai Connor—mon second époux—une barbe naissante ombrait sa peau tannée.

Connor prépara son cheval et monta en selle. Je n'avais pas d'autre choix que de guider mon cheval à sa suite. Ils se tenaient de part et d'autre, tout comme à table. Je me sentais entourée et … protégée. Quelle sensation étrange, moi qui avais passé ma vie seule.

Des maisons étaient disséminées çà et là dans la prairie, à distance les unes des autres, la bâtisse centrale était constituée d'un ranch—d'un bar, des écuries et d'autres maisons plus petites. Nous nous dirigions vers l'une d'elles.

Elle n'était pas aussi grande que celle d’Ian, Kane et Emma, mais demeurait toutefois impressionnante. J'avais imaginé des cabanes en rondins, des tipis comme dans les romans bon marché vendus à Londres. Cette vaste demeure d'un étage disposait d'une véranda toute blanche et d'un toit en tuiles, la porte d'entrée était flanquée de fenêtres symétriques. Les finitions et les détails étaient comparables à ceux de demeures raffinées situées dans des lieux moins reculés.

Connor descendit et se rapprocha de mon cheval par le côté.

— Je ne vous ai pas posé la question. Vous n'avez pas de bagage ?

Il me tendit la main, je n'eus pas d'autre choix que le laisser m'aider à descendre. Il me tenait différemment de M. McPherson. Ses grandes mains calleuses s'accrochaient au tissu délicat de ma robe, sa caresse teintée d'admiration était surprenante.

— Oui. Le propriétaire de la pension de famille m'a proposé de les lui laisser lorsqu'il a appris que je venais ici, le temps que je les récupère.

Les deux hommes hochèrent la tête d'un air décidé. M. McPherson ouvrit la porte, Connor me fit passer devant en posant sa main sur mes reins. Une fois devant la porte, M. McPherson me prit dans ses bras, je poussai un cri et tins mon chapeau, bien qu'il soit épinglé et ne risque pas de tomber.

— Qu'est-ce que … que faites-vous ? demandai-je.

— Ma femme doit franchir le seuil de la maison dans mes bras, répondit-il. Je contemplai son visage souriant, il était visiblement content de lui. Il soutint mon regard de ses yeux clairs et contempla ma bouche. Mon cœur battait la chamade, je respirais difficilement, comme si c'était moi qui lui faisais franchir le seuil.

3

REBECCA

Il se pencha et m'embrassa avant que je ne puisse le questionner. J'en eus le souffle coupé, j'étais littéralement sous le choc ; on ne m'avait jamais embrassée, ses lèvres étaient chaudes et douces. Son corps était musclé, dur comme la pierre, chaud comme l'enfer. J'eus à peine le temps de réaliser ce qu'il venait de faire lorsqu'il releva la tête.

— M. McPherson—

— Dash, murmura-t-il, en fixant ma bouche de ses yeux sombres. Je suis ton mari, tu peux m'appeler Dash.

Il se pencha de nouveau et m'embrassa plus sauvagement. Un baiser avide. Il pressa sa bouche contre la mienne, l'ouvrit et lécha ma lèvre inférieure. Je poussai un cri devant cette caresse torride, il en profita pour glisser sa langue dans ma bouche. Il avait le goût de la tarte aux pommes qu'on avait dégustée au dessert, il incarnait la tentation, le danger. Je lui répondis de mon mieux mais je ne savais comment faire, ne sachant embrasser.

— A mon tour.

Les mots me parvenaient dans un brouillard aussi épais que le smog londonien.

J'avais complètement oublié que Connor se trouvait derrière nous, je sursautai et me détournai. M. McPh—Dash me serra plus étroitement contre lui. Connor avait observé le baiser, ma façon de fermer les yeux, je n'avais pas repoussé Dash. Dieu du ciel.

— Posez-moi, s'il vous plaît, dis-je, soit ils ne m'entendaient pas, soit ils ne comptaient pas obtempérer, je passai des bras de Dash à ceux de Connor. Je ... je ne suis pas un vulgaire colis !

Connor me tenait fermement mais différemment, je m'en étais déjà rendue compte précédemment. Sa poitrine était plus large, il sentait autre chose. Dash dégageait une odeur forte et épicée, Connor sentait la prairie et le cuir. Un drôle de mélange qui lui allait bien.

Me retrouver dans ses bras ne me convenait absolument pas.

— C'est pas juste, insistai-je, en repoussant sa poitrine en vain.

Il me regarda d'un air interrogateur.

— Oh ? Tu insinues que j'ai attendu trop longtemps avant de t'embrasser ? J'y pensais justement au cours du déjeuner. Tu sais que tu sens la vanille ?

Il sourit, me prit dans ses bras et m'embrassa d'une façon totalement différente de Dash. La bouche de Connor était plus ferme, plus insistante, ses lèvres bougeaient sans cesse, il mordillait —oui, il mordillait !— mes commissures.

— Je ne peux pas vous embrasser. Nous ... ne sommes pas mariés ! soufflai-je.

Je sentais son haleine chaude sur ma joue, ma mâchoire. Partout.

Connor releva la tête et me regarda, visiblement confus.

— Ah. Si pourtant. Une femme mariée avec Dash est automatiquement mariée avec moi.

Je secouai la tête.

— Non.

Je repoussai sa poitrine et essayai de descendre mais il me tenait fermement par les bras. Je n'irais nulle part tant qu'il ne l'aurait pas décidé.

— Le contrat de mariage mentionne uniquement Dashiell McPherson. Je ne peux pas vous embrasser puisque c'est lui que j'ai épousé.

— Tu veux ma permission pour embrasser Connor, ma chérie ? lança Dash, derrière Connor.

Je secouai de nouveau la tête.

— Je ne suis pas du genre à embrasser des hommes.

— On ne va pas uniquement t'embrasser, ajouta Connor d'une voix grave.

L'envie et … le désir se lisaient dans ses yeux.

Sa déclaration me laissa bouche bée.

— Vous voyez ? Il me prend pour une ... une fille facile.

— Une fille facile ? On ne t'a jamais embrassée ?

Je m'empourprai, Dash tenait sa réponse.

— Je croyais que oui. Connor sait que tu es ma femme, répondit Dash. Mais également sa femme. C'est comme ça que ça marche, ici, à Bridgewater. Personne ne te jugera, ne t'inquiète pas. C'est ce que ton frère souhaitait.

— Posez-moi, s'il vous plaît, je suppliais Connor en le regardant droit dans les yeux. Comment Cecil pouvait-il avoir voulu une chose pareille ? J'étais blessée, brisée, voilà ce qu'il pensait de moi. M'avait-il sauvée du mariage arrangé que mon père avait organisé pour me livrer à ces deux hommes ? Il avait dû bien rire le soir, seul dans son coin, en préparant son coup. Il était parvenu à ses fins en se servant de moi.

Connor dut se rendre compte de ma déception, il s'assit sur une chaise placée près de la porte. Au lieu de me lâcher, il m'installa entre ses jambes en m'attirant par la taille.

— Ma présence t'est si insupportable que ça ? demanda Connor.

Il s'exprimait d'une voix mal assurée, tout baraqué qu'il était. S'ils prévoyaient de me partager à long terme, voire, durant des années, mon refus changerait sûrement la donne. Cecil s'était-il servi d'eux, tout comme il s'était servi de moi ?

—Non, répondis-je. Qu'il me tienne n'était pas si insupportable. C'était même plutôt agréable. Je n'aurais normalement pas dû trouver agréable que deux hommes posent leurs mains sur moi... Ce n'est pas ça. Cecil, il ... j'ai été induite en erreur.

Je me souvins de mes bonnes manières in extremis, je ne devais pas montrer mes émotions, ni dire du mal d'un mort. Je devais m'exprimer, sans toutefois me plaindre.

— Il est hors de question que je devienne votre maîtresse car j’ai épousé Dash.

Les deux hommes se taisaient, je regardai Dash et brièvement Connor dans les yeux. Il acquiesça.

— Je comprends.

J'étais soulagée.

— Vraiment ? demandai-je.

— Oui, nous allons y remédier aisément, répondit Connor.

Je m'attendai à ce qu'il me mette entre les bras de Dash, mon mari, mais il n'en fit rien.

Je le regardai, interloquée.

— Ah bon ?

— Oui. Il me posa sur mes deux pieds. Nous allons en ville.

— Tout de suite ? demandai-je.

Les deux hommes se regardèrent. Ils se connaissaient assez bien pour communiquer sans avoir besoin de parler.

— Oui, répéta Connor.

— Pourquoi ? J'y étais ce matin.

— Nous allons nous marier.

Il me prit la main et m'attira à l'extérieur.

CONNOR

Deux heures plus tard, nous étions en ville, aux portes de l'église. J'avais chevauché en silence, en contemplant notre nouvelle épouse. Une épouse ! Son apparition pile à l'heure du déjeuner était soit un coup du destin, soit une diablerie. Je n'avais jamais vu de femme aussi ravissante—ni si collet monté. Ann, Emma et les autres étaient certes jolies, mais ne m'appartenaient pas. La différence était toute autre lorsque la femme se tenant devant soi—aux cheveux bruns soyeux, au menton prétentieux, aux hanches voluptueuses—vous appartenait. Oui, j'étais certain que son dos était bien droit sans son corset ajusté, j'allais prendre mon plaisir et lui en procurer, au diable son foutu corset.

Rebecca était fort contrariée quant à mon intention de l'épouser mais son éducation l'empêchait vraisemblablement de se plaindre. Elle avait boudé en mordant sa lèvre charnue durant tout le trajet. Elle avait employé le terme de fille facile. Elle était tout l'opposé d'une fille facile. Aucune femme au monde n'avait plus besoin d'être embrassée, caressée et baisée qu'elle. Quelques bons gros orgasmes torrides lui feraient un bien fou. Elle était malheureusement persuadée qu'un simple baiser ferait d'elle une femme de petite vertu. Son frère ne l'avait visiblement pas préparée à faire notre connaissance, nous devions y remédier. Nous allions commencer par dire «  oui, je le veux » devant le pasteur.

— J'ai épousé Dash, dit-elle. Je ne peux pas épouser un autre homme. Le pasteur est certainement au courant.

— Personne ne t'a parlé de mariage par procuration lorsque tu es descendue à la pension de famille ? demandai-je.

J'avais une vague idée de sa réponse.

— Non.

— Tu craignais que je ne veuille pas de toi ?

Elle se tourna vers Dash, l'air vexée. Nous ne pouvions pas la blâmer, elle avait traversé la moitié du globe, son frère était mort devant elle et on la mariait à un étranger. Si nous l'avions rejetée, elle aurait pu retourner en ville sans demander son reste, mais qu'aurait-elle fait, elle ne devait pas en avoir la moindre idée. Nous ne la rejetions pas. Certainement pas. Elle n’aurait jamais imaginé se retrouver avec deux maris, même dans ses rêves les plus fous.

— En ville, tout le monde saura que tu es ma femme. Nous, je nous montrais tous les trois, tous sauront que tu es officiellement mariée avec Dash et moi.

Elle fit la moue.

— Pourquoi … pourquoi avez-vous besoin de faire ça ? Je vous appartiens même si je suis mariée avec Dash, je ferai office de maîtresse.

Elle parlait la tête haute. Ah, j’adorais son petit air de défi, même si je n’avais qu’une seule envie, la prendre sur mes genoux.

Je me tournai vers elle et la forçai doucement à me regarder en l'attrapant par le menton.

—Je n’ai pas envie que tu sois ma maîtresse. C’est la deuxième fois que tu remets notre honneur en question. Si j'avais envie de flirter, j'irais au bordel. Je n'ai pas envie de flirter, j'ai envie de baiser ma femme, et cette femme, c'est toi. Ton mariage par procuration avec Dash fait de toi ma femme, si tu as besoin de te présenter devant un homme de Dieu pour te convaincre que tu es bien ma femme, pour que je te touche comme j'en ai envie, qu'il en soit ainsi.

Elle essaya de se détourner mais je ne la laissais pas faire. Je ne voulais pas qu'elle me cache ses émotions, qu'elle cache ce que je lisais dans ses yeux.

— Le pasteur comprendra forcément, murmura-t-elle.

Dash ôta son chapeau, regarda à droite et à gauche afin de s'assurer que personne n'écoute et secoua la tête.

— Je ne lui dirai rien. Il leva un sourcil. Tu comptes lui dire que tu es mariée avec un autre homme ?

Elle ouvrit la bouche pour répondre mais la referma. Elle était piégée. Ni Dash ni moi ne comptions dire au pasteur la vérité quant à ce mariage ; il devait soupçonner comment le mariage était perçu à Bridgewater, mais n’évoquait jamais le sujet. Si Rebecca questionnait le pasteur concernant notre position quant au mariage, cela impliquerait qu’elle cautionne nos pratiques pour le moins inhabituelles. Elle n’avait pas le choix ; elle devait garder le secret.

Nous pouvions retourner au ranch et fonder une famille, Dash, Rebecca et moi, mais son éducation stricte nécessitait un mariage en bonne et due forme, quelle que soit l’appellation qu’on lui donnait. Si elle avait besoin de se présenter devant un homme d’église pour que je la touche, que je la baise, qu’elle soit à Dash et moi, amen.

— Non. Je ne lui dirai rien, répondit-elle. Vous voulez m’épouser—vous ne savez rien de moi—même si j’ai épousé Dash ? Ce n’est pas rien, au final, tout ce que vous voulez c’est m’embrasser.

Je souris.

— J’ai envie de t’embrasser, mais pas que. Dash et moi attendons notre épouse depuis fort longtemps, depuis notre séjour à Mohamir, même si nous étions loin de nous douter qu’elle débarquerait en plein déjeuner. Je ne vais pas changer mon fusil d’épaule. Si Montgomery a décidé que tu épouserais Dash, il savait forcément que tu m’épouserais dans la foulée. Il connaissait nos coutumes mais ne pouvait inscrire nos deux noms sur le contrat de mariage. C’est ce qu’il voulait.

Rebecca me regarda, puis Dash, et fit la moue.

— Qu’est-ce qu'il y a, ma belle ? demandai-je. Tu peux nous dire ce que tu as sur le cœur.

— Il voulait me déshonorer ?

— Te déshonorer ? Ton frère te fait honneur.

— Honneur ? Ses joues se teintèrent de rose, une pointe de frustration perçait. Il était temps. Encore ce fameux honneur. Je croyais qu’il voulait me sauver d’un mariage de convenance avec un homme trois fois plus âgé que moi mais il a préféré m’humilier. Il s’est servi de moi pour se rapprocher de mon père.

Sa déception était palpable. Elle était visiblement perplexe, perdue et vraisemblablement bouleversée.

— Te faire honte ? Tu ne connais pas nos coutumes, ma belle, dit Dash. Ton frère savait que nos coutumes étaient pile ce qu’il te fallait. Il n’a pas voulu se moquer de toi mais te protéger.

— Comment ? Elle s’éloigna de quelques pas et pivota sur ses talons. Je ... je ne comprends pas.

— Les veuves sont légion dans le coin, ajoutai-je. Tout peut arriver à un homme, j'en veux pour preuve l’accident dont ton frère a été l’objet. Les veuves deviennent des proies faciles pour des prétendants indignes de ce nom, elles n’ont souvent pas d’autre choix que de se remarier, non pas par amour, ni pour leur gentillesse. Si une femme a plus d’un mari, elle n’a pas à s’inquiéter de se retrouver seule au monde. Les enfants nés de cette union sont protégés. Tu ne souffriras jamais de la faim ou de la solitude. Tu seras en sécurité, aimée, adorée, protégée, et par-dessus tout, respectée.

Elle n’avait pas l’air ébranlée, je poursuivis.

— Je fais ça pour toi, ma chérie. Si tu as besoin que je prête serment devant Dieu pour que tu saches que je t’appartiens, je le ferai.

Je tendis mon bras et l’escortai jusqu’à la porte de la petite église. Je m’arrêtai et me tournai vers elle.

— Sache, ma chérie, que lorsque je t’aurais épousée, je serai tout à toi. Tout ce que j’ai, tout ce que je suis, y compris les baisers ... et bien plus encore.