Erhalten Sie Zugang zu diesem und mehr als 300000 Büchern ab EUR 5,99 monatlich.
Découvrez un ouvrage unique qui vous emmène à la croisée des sciences antiques et des mystères spirituels : les Ères Astrologiques de Chaulveron. Ce livre explore avec érudition et passion les cycles astrologiques millénaires, leurs liens avec les grandes civilisations, et leur impact sur l'évolution de l'humanité. L'auteur vous plonge dans l'histoire fascinante de l'astrologie sumérienne, des symboles astrologiques, et des dynamiques des ères zodiacales, tout en explorant leur influence sur la spiritualité et les événements historiques. Avec une approche claire et accessible, ce livre s'adresse aussi bien aux amateurs qu'aux experts.
Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:
Seitenzahl: 508
Veröffentlichungsjahr: 2023
Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:
CHAULVERON
Nostradamus et la fin des temps.
Le prophète Daniel et la fin des temps.
L’Apocalypse de Saint-Jean et la fin des temps 1.
L’Apocalypse de Saint-Jean et la fin des temps 2.
La pensée politique pour les complotistes.
Nostradamus et l’astrologie mondiale.
Chronique de Nostradamus.
La prophétie du Grand Monarque.
La bête de l’événement.
ANATOLE LE PELLETIER préface de CHAULVERON
Les oracles de Michel de Nostredame.
L’ABBE LEMANN et CHAULVERON.
L’avenir de Jérusalem.
L’Antéchrist.
SUN TSE préface de CHAULVERON
L’art de la guerre et les 36 stratagèmes.
Gustave LE BON préface de CHAULVERON
Psychologie des foules, suivi de Lois psychologiques de
l’évolution des peuples.
La psychologie de la guerre.
La psychologie des révolutions.
Opinions et croyances.
La psychologie politique et la défense sociale.
Maurice BARRES.
La colline inspirée.
SITE NTERNET
http://astrologie-mondiale.com.
Introduction :
PREMIERE PARTIE.
L’ASTROLOGIE SUMERIENNE.
Chapitre 1 :
La notion de destin à Sumer.
Section 1 : L’assemblée des dieux en Mésopotamie
§ 1 : Les douze dieux mésopotamiens
A : La première triade sumérienne
.
B : La deuxième triade sumérienne
.
§ 2 : L’assemblée du destin
.
§ 3 : «
Enki ordonnateur du monde
»
§ 4 : L’épopée de Gilgamesh
.
Section 2 : La tablette-aux-destins
§ 1 : «
Enki ordonnateur du monde
»
§ 2 : Le mythe d’Anzu
.
§ 3 : «
Enuma elish
»
Chapitre 2 : Les deux formes de divination chez les Sumériens
Section 1 : La divination inspirée
§ 1 : Les rêves et les visions
.
§ 2 : Les prophètes
.
Section 2 : La divination déductive
§ 1 : Le principe de la divination déductive
.
§ 2 : Les traités divinatoires
.
§ 3 : L’astrologie
.
Section 3 : La protection contre le mauvais destin
§ 1 : La magie
.
§ 2 : L’exorcisme
.
Chapitre 3 :
L’enuma elish.
Section 1 : La création du monde dans l’
enuma elish
§ 1 : La guerre primordiale
.
§ 2 : La création du monde
.
Section 2 : Les éléments astrologique dans l’
enuma elish
Chapitre 4 :
L’épopée de Gilgamesh.
Section 1 : Le Bélier (le pasteur
).
Section 2 : Le Taureau (le buffle
).
Section 3 : Le Gémeaux (les jumeaux
)
Section 4 : Le Cancer (la tête d’Humbaba et le radeau
).
Section 5 : Le Lion
.
Section 6 : La Vierge (la vierge et l’épi
).
Section 7 : La Balance
.
Section 8 : Le Scorpion (l’aigle
).
Section 9 : Le Sagittaire (hommes-scorpions
).
Section 10 : Le Capricorne
.
Section 11 : Le Verseau (la tavernière de l’Enfer
)
Section 12 : Le Poisson
.
Chapitre 5 :
Les tablettes Mul-apin.
Section 1 : Le parcours de la Lune dans le ciel
.
Section 2 : Les trois voies
Section 3 : Les douze signes du zodiaque sumériens
§ 1 : Le journalier (Bélier
).
§ 2 : Le Taureau céleste (Taureau
)
§ 3 : Les Jumeaux (Gémeaux
).
§ 4 : Le Crabe (Cancer
).
§ 5 : Le Lion
§ 6 : La Vierge et l’épi (Vierge
).
§ 7 : Le grand Scorpion (Balance, Scorpion et Sagittaire
).
A : La Balance, la corne du Scorpion (Balance
).
B : Le Scorpion
.
C : Pabislag (Sagittaire
).
§ 8 : Le poisson-chèvre (Capricorne
).
§ 9 : Le Géant (Verseau
).
§ 10 : Les Queues d’Hirondelles (Poisson
).
DEUXIEME PARTIE.
LA GRAND ANNEE.
Chapitre 1 :
La Grande Année à Sumer.
Section 1 : Le calendrier annuel
.
§ 1 : L’année (
Mu
en sumérien,
Sattu
en akkadien
).
§ 2 : Le mois (
Iti
en sumérien ;
Warhu
en akkadien
).
Section 2 : Les ères civilisationnelles
.
§ 1 : «
Les temps fabuleux
»
§ 2 : La liste royale sumérienne
.
A : Les dynasties d’avant le déluge
.
B : Les dynasties d’après le déluge
.
Chapitre 2 :
La Grande Année en Grèce.
Section 1 : La Grande Année dite de Platon
.
§ 1 : «
La République
» de Platon
.
§ 2 : «
Le Timée
» de Platon
.
§ 3 : « La politique » de Platon
.
§ 4 : Hipparque
.
Section 2 : La Grande Année astrologique moderne
.
§ 1 : Le découpage de la Grande Année
.
A : Le découpage de la grande Année sumérienne
.
B : Le découpage de la Grande Année de Platon
.
§ 2 : Le fonctionnement d’une ère astrologique
.
A : Le découpage d’une ère astrologique selon les sumériens
.
B : Le découpage d’une ère astrologique dans le cadre des conjonctions Jupiter-Saturne
.
TROISIEME PARTIE.
LES ERES ASTROLOGIQUES.
Introduction :
Sous-Partie 1
L’ère du Gémeaux
.
Chapitre 1 :
L’ère du Gémeaux en Grèce.
Section 1 : Le Gémeaux
.
§ 1 : Castor et Pollux
.
§ 2 : Le huitième travail d’Héraclès
.
§ 3 : La guerre de Troie
.
Section 2 : Le Sagittaire
.
§ 1 : Le cygne
.
§ 2 : L’arc et les flèches
.
Section 3 : Le sacrifice du Cancer
.
Chapitre 2 :
L’ère du Gémeaux dans la Bible.
Section 1 : Le Gémeaux dans la Bible
.
§ 1 : Adam et Eve
.
§ 2 : Abel et Caïn
.
Section 2 : Le Sagittaire dans la Bible
.
§ 1 : Adam et Eve
.
§ 2 : Abel et Caïn
.
Section 3 : Le sacrifice du Cancer
.
Sous-Partie 2
L’ère du Taureau
.
Chapitre 1 : L’ère du Taureau en astrologie mondiale
.
Section 1 : L’entrée dans le Taureau
.
Section 2 : Le sacrifice du Gémeaux
.
Chapitre 2 :
L’ère du Taureau en Grèce.
Section 1 : Le Taureau
.
§ 1 : Zeus et Europe
.
§ 2 : Minos et le Taureau de Crète
.
A : Le Taureau de la mer
.
B : La vache en bois
.
§ 3 : La vache et la fondation de Thèbes
.
§ 4 : Les travaux d’Héraclès
A : Le septième travail : le taureau de Crète
B : Le dixième travail : les bœufs de Géryon
Section 2 : Le Scorpion
.
Section 3 : Le sacrifice du Gémeaux
.
Chapitre 3 :
L’ère du Taureau dans la Bible.
Section 1 : Le Taureau
§ 1 : Le culte du Taureau
.
A : Apis, le Taureau d’Egypte
.
B : Moloch Baal
.
§ 2 : Jacob
.
Section 2 : Le Scorpion
§ 1 : Les serpents de Moïse et de pharaon
.
§ 2 : Le serpent d’airain
.
Section 3 : Le sacrifice du Gémeaux
.
Sous-Partie 3
L’ère du Bélier
.
Chapitre 1 : L’ère du Bélier en astrologie mondiale
Section 1 : L’entrée dans le Bélier
.
Section 2 : Le sacrifice du Taureau
.
Chapitre 2 :
L’ère du Bélier en Grèce.
Section 1 : Le Bélier
.
§ 1 : La toison d’or
.
§ 2 : Jason et les Argonautes
.
§ 3 : Le mythe de la toison d’or au-delà de l’ère du Bélier
.
Section 2 : La Balance
.
§ 1 : Le sphinx de Thèbes
.
§ 2 : Le cerf
.
§ 3 : La foudre et le tonnerre
.
Section 3 : Le sacrifice du Taureau
.
§ 1 : La mort du Minotaure
.
§ 2 : Jason et le sacrifice du Taureau
.
Chapitre 3 :
L’ère du Bélier dans la Bible.
Section 1 : Le Bélier d’Abraham
.
Section 2 : La Balance comme influence secondaire
.
§ 1 : Séparation du pouvoir spirituel et du pouvoir temporel
A : Le pouvoir temporel
.
B : Le pouvoir spirituel
.
§ 2 : Organisation du pouvoir politique
A : L’organisation du pouvoir judiciaire
.
B : Le conseil des sages
.
§ 3 : Les commandements
Section 3 : Le sacrifice du Taureau
.
§ 1 : Le rêve de pharaon et Joseph
.
§ 2 : Le veau d’or
.
§ 3 : La corrida
.
Sous-Partie 4
L’ère du Poisson
.
Chapitre 1 : L’ère du Poisson en astrologie mondiale
.
Section 1 : L’entrée dans le Poisson
Section 2 : Le sacrifice du Bélier
.
Chapitre 2 :
L’ère du Poisson dans la Bible.
Section 1 : Le Poisson chrétien
.
§ 1 : L’astrologie et la naissance du Christianisme
.
A : «
Aïon
» de Carl Gustav Jung
.
B : Jean-Christophe Petitfils dans sa biographie de «
Jésus
»
C : Origène et la Grande Année
.
D : Description de la naissance du Christ par Saint-Mathieu
§ 2 : La symbolique du Poisson dans le Christianisme
.
A : Jean-Baptiste et le baptême de l’eau
.
B : Les apôtres, de pêcheurs de poissons à pêcheurs d’hommes
.
C : Les noces de Cana et la multiplication des poissons et des pains à Bethsaïde
.
D : Le repas sur le lac de Tibériade
.
§ 3 : Le double règne du Poisson
.
A : La première période : la domination du Christ
.
B : La deuxième période : la domination de l’Antéchrist
Section 2 : La Sainte-Vierge
.
§ 1 : La Vierge et l’épi
.
§ 2 : La montée en puissance de la Vierge sous le Christianisme
.
§ 3 : Le rôle des apparitions mariales
Section 3 : Le sacrifice du Bélier (114-233 ap. J-C
).
§ 1 : L’expulsion des Juifs de terre Sainte
.
A : Les trois guerres judéo-romaines
.
1 : La première guerre judéo-romaine (66-73
).
2 : La deuxième guerre judéo-romaine (115117
)
3 : La troisième guerre judéo-romaine (132135
)
B : L’interdiction de revenir en terre sainte avant la fin des temps
.
§ 2 : L’agneau imolé
Chapitre 3 : L’ère du Poisson dans la Grèce antique
.
Section 1 : Le Poisson
.
Section 2 : La Vierge
.
§ 1 : La Gorgone
.
§ 2 : Le sanglier
.
Section 3 : Le sacrifice du Bélier
.
Sous-Partie 5
L’ère du Verseau
.
Chapitre 1 : L’ère du Verseau en astrologie mondiale
.
Section 1 : L’apparition du Verseau (2020-2199
).
Section 2 : Le sacrifice du Poisson
.
Chapitre 2 :
L’ère du Verseau dans la Bible.
Section 1 : Le Verseau
.
§ 1 : Le jugement dernier et la résurrection des morts
.
A : Dans l’Ancien Testament
.
B : Dans le Nouveau Testament
.
§ 2 : L’aigle
.
Section 2 : Le Lion
.
§ 1 : Le trône du roi Salomon
.
§ 2 : Le lion de Juda
.
§ 3 : Le griffon
.
Section 3 : Le sacrifice du poisson
Chapitre 3 : L’ère du Verseau dans la Grèce antique
Section 1 : Le Verseau
.
§ 1 : La pluie d’or
.
§ 2 : Pégase
.
§ 3 : Ganymède
.
Section 2 : Le Lion
.
Section 3 : Le sacrifice du Poisson
.
Table des illustrations
.
Bibliographie
.
Ce livre n’aurait jamais dû voir le jour.
Le 12 décembre 2022, ma vie aurait dû, aurait put s’arrêter. Infarctus du myocarde en sortant de ma douche Passage aux urgences. Rebelote deux jours plus tard. Perte de connaissance dans le bus. Les artères du cœur étaient bouchées, de 70 à 90%. L’une l’était même à 99%.
Quadruple pontage en urgence le jeudi 22 décembre 2022. Trois jours avant Noël. La nuit de la naissance du Christ, je l’ai passé en salle de réanimation.
L’année 2022 aura été, pour moi, celle de tous les problèmes de santé puisqu’en janvier, on me diagnostiquai un lymphome derrière l’œil gauche. Je n’ai plus qu’un dixième sur cet œil. Lire devient difficile.
Au départ du livre, il y a une série d’articles sur l’astrologie sumérienne et les ères astrologiques, publié depuis octobre 2022. Le 12 décembre 2022, je travaillais sur celui concernant l’ère du Poisson dans le Christianisme. L’article était écrit aux trois-quarts. Il a failli disparaître entièrement avec moi.
Par deux fois, je dois la vie à la Sainte-Vierge et à Saint-Bernard dans des conditions que je ne peux pas raconter ici. Je le ferais un jour ailleurs.
Il n’y a pas de hasard.
Mon problème cardiaque est intervenu alors que je rédigeais un article sur l’ère du Poisson. Un thème d’une grande importance, sans doute le plus important que j’ai eu à écrire, pour l’instant. J’ai aussi conscience que le thème est polémique parmi les chrétiens. Certains ont un regard critique sur l’astrologie. Cela concerne parfois des auteurs que j’apprécie beaucoup. Il faut expliquer et convaincre.
Ils auraient été dommage de tous perdre. De ne pas apporter ma pierre à l’édifice.
Que la Sainte-Vierge me prête vie et m’aide à continuer ce combat culturel majeur pour la vérité.
A titre introductif, je tiens à préciser, ma méthode de travail sur les ères astrologiques, pour éviter les malentendus. Durant l’Antiquité, les astrologues se distinguaient en deux catégories : ceux se référant au « morphomata » et ceux se référant au « zodia noeta ».
Le « morphomata » concerne les figures des constellations réelles dans le ciel, alors que le « zodia noeta » prend en compte un découpage du ciel en douze signes fictifs. C’est la séparation moderne entre astrologie sidérale (morphomata) et tropical (zodia noeta).
Origène, père de l’Eglise et grand astrologue, avait choisi la conception « zodia noeta » comme la seule compatible avec le christianisme.
Chaulveron
Duché de Bourgogne
Janvier 2023.
Le destin des hommes, des animaux, des végétaux et des Nations est fixé par l’assemblée des dieux (Section 1) puis inscrite dans la tablette-aux-destins (Section 2).
L’assemblée des douze dieux (§1) décidait du destin du monde (§2) comme le montre plusieurs textes littéraires, « Enki ordonnateur du monde » (§3) ou l’épopée de Gilgamesh (§4).
Le Panthéon suméro-akkadien comportait de nombreuses divinités, mais seuls douze dieux intervenaient dans la gestion de l’univers. Cette liste évolua à travers la longue histoire pluri-millénaire de la Mésopotamie.
Une tablette retrouvée à Shurupak donne une liste des dieux organisés et hiérarchisés. En haut de la première colonne, on retrouve six noms auxquels il faut rajouter leurs conjoints pour trouver le nombre douze.
1
An (Anu).
7
Urash, Ki, Antu.
2
Enlil (Ellil).
8
Ninlil.
3
Inanna (Ishtar).
9
Dumuzi.
4
Enki (Ea).
10
Ninhursag, Damgalnuna.
5
Nanna (Sîn).
11
Ningal.
6
Utu (Shamash).
12
Sheria, Aya.
En Grèce et sur le modèle sumérien, les principaux dieux étaient douze. Ce sont les dieux olympiens. Je sais qu’il existe plusieurs listes dans la littérature. En ce qui me concerne, je me réfère à celle donnée par Edith Hamilton dans son livre sur « la mythologie »1.
A Rome, continuatrice de la culture hellène, il y a également un conseil des douze dieux, les « Dii Consentes » ou « Dii Complices ». Celui-ci est en réalité un mélange entre le panthéon grec et le panthéon étrusque.
1
Zeus (Jupiter).
2
Poséidon (Neptune).
3
Hadès (Pluton).
4
Hestia (Vesta).
5
Héra (Junon).
6
Arès (Mars).
7
Athéna (Minerve).
8
Apollon.
9
Aphrodite (Vénus).
10
Hermès (Mercure).
11
Artémis (Diane).
12
Héphaïstos (Vulcain).
Le Panthéon sumérien était organisé en une double triade, la première impliquait le Ciel, la Terre et le sous-sol (A) et la deuxième les trois astres majeurs (B).
Au sommet du Panthéon, se trouvent trois dieux qui dirigent chacun un domaine de la création.
« Lorsque le Ciel eut été séparé de la Terre
Et que la Terre eut été séparée du Ciel
Anayant emporté avec lui le Ciel
Et Enlil ayant emporté avec lui la Terre
Et ayant octroyé le KUR à Ereskigal. »
(Enkidu et les enfers)
Nous avons An (en sumérien), Anu (en akkadien) qui dirige le Ciel. Il est le créateur du monde et prend la forme d’une créature évanescente. Il participe rarement aux décisions divines. Il est uniquement une instance d’appel. Il n’est pas représenté sous forme de statue, mais par une tiare avec des cornes. Il est représenté par le chiffre soixante.
Figure 1 : Statuette en terre cuite du dieu Enki/Ea.
Nous retrouvons souvent une double tiare d’An sur les stèles astrologique de l’époque cassite.
Figure 2 : Kudurru du roi cassite Mellishipak II, 1188-1174 av. J.-C.
Figure 3 : détail du Kudurru du roi cassite Mellishipak II.
Les deux autres dieux de la triade sont Enlil et Enki.
Enlil (en sumérien), Enlil (en akkadien) est le seigneur (En) du vent (lil). Il est parfois le fils aîné ou le frère du dieu An selon les époques et les textes. Il dispose des attributs royaux. C’est lui qui choisit les rois humains et leur donne les attributs de la royauté. Il était associé au nombre cinquante.
Figure 4 : Enlil, assis, Nippur, 1800-1600 av. J-C.
Dans le texte « Enkidu et les enfers », le texte attribut l’enfer (Kur) à Ereskigal. Ereskigal, c’est Enki. Enki (en sumérien) ou Ea (en akkadien) est le dieu des eaux douces souterraines. Il est le dieu civilisateur qui maîtrise les arts et les techniques. Il était associé au nombre quarante.
1
An (Anu).
Ciel.
60.
2
Enlil.
Terre.
50.
3
Enki.
Sous-sol.
40.
La double tiare des kudurrus cassites corresponde aux deux autres dieux qui dirige, l’un, le Ciel et l’autre les Enfers. Ils sont tous deux, représenté avec une la tiare de An, comme nous venons de le voir. En effet, l’un comme l’autre détient son pouvoir de An. Un dieu suprême qui délègue son pouvoir à un représentant sur terre et sous la terre.
1
An.
Le dieu du ciel. Le dieu le plus élevé du Panthéon. Son nom est écrit avec un signe en forme d’étoile. Il est le souverain de tous les dieux. Il arbitre les conflits entre les dieux. Ses décisions sont sans appel.
2
Enlil.
Le seigneur des airs. Il est le souffle de vie. Il est le roi de Sumer, de la Mésopotamie et même de la terre entière. C’est lui qui choisit le souverain terrestre. Il a créé le monde.
3
Enki.
Le seigneur de la terre. Il est le dieu de la terre, le maître des eaux douces et des cours d’eau. Il est l’inventeur des techniques, des sciences et des arts. Il va appliquer les lois adoptées par Enlil.
Nous retrouvons la même chose en Grèce. Selon les textes mythologiques, à la mort de Cronos (Saturne chez les Latins), ses trois fils, se partagèrent le monde par tirage au sort. Zeus fut tiré au sort, le premier et devint le roi du Ciel, Poséidon devient roi de la mer et Hadès le roi du sous-sol.
1
Zeus.
Il est le dieu souverain, le seigneur du Ciel, le dieu de la pluie et de l’orage.
2
Poséidon.
Il est le dieu de la mer.
3
Hadès.
Il dirige le monde souterrain et le royaume des morts.
La trinité divine sumérienne, comme son homologue grecque, peuvent être mise en parallèle avec la Sainte Trinité catholique dont elle semble directement inspirée.
1
Dieu.
Vis dans le Ciel
2
Saint-Esprit.
Esprit de Dieu qui agit dans les airs.
3
Fils.
Jésus-Christ incarné parmi les hommes sur terre.
Figure 5 : la sainte-trinité.
Eléments
Sumer.
Grèce.
Christianisme.
Ciel.
An.
Zeus.
Dieu.
Air/Eau.
Enlil.
Poséidon.
Saint-Esprit.
Terre/ sous-sol.
Enki.
Hadès.
Jésus.
Figure 6 : la sainte-trinité.
Les trois autres noms de la tablette de Shurupak forme la deuxième triade des dieux planétaires.
1
Inanna (Ishtar).
Vénus.
15.
2
Nanna (Sîn).
Lune.
30.
3
Utu (Shamash).
Soleil.
20.
Cette trinité est représentée au sommet des stèles cassites astrologiques.
Figure 7 : Haut du Kudurru du roi cassite Mellishipak II, 1188-1174 av. J.-C..
Figure 8 : Inanna en terre cuite, Eshnunna, 1800 av. J.-C.
Inanna (en sumérien) ou Ishtar (akkadien) est surnommé la « dame des cieux ». Elle est la déesse la plus importante du panthéon sumérien. Elle est la déesse de la fertilité, de l’amour et de la guerre. Elle est associée à la planète Vénus. Elle correspond au nombre quinze.
Inanna est figurée par une étoile à huit branches.
Figure 9 : Vénus dans le Kudurru du roi cassite Mellishipak II, 1188-1174 av. J.-C.
Nanna (en sumérien), Sîn (en akkadien) est le dieu de la Lune. Il est associé au chiffre trente. On la retrouve sous une forme traditionnelle d’un croisant.
Figure 10 : La Lune dans le Kudurru du roi cassite Mellishipak II, 1188-1174 av. J.-C.
Utu (en sumérien), Shamash (en akkadien) était le dieu Soleil. Il symbolisait la fertilité, la justice et la vérité. Il est associé au nombre vingt.
Figure 11 : Le Soleil dans le Kudurru du roi cassite Mellishipak II, 1188-1174 av. J.C.
Le Panthéon mésopotamien regroupait un certain nombre de Dieu. On parlait alors de « dingir » en sumérien et d’«ilu » en akkadien, comme le dit Jean Botéro dans son livre « la plus vieille religion du monde »2.
Les dieux se réunissaient en assemblée.
« Tout en établissant une certaine hiérarchie entre les dieux, les Sumériens pensaient qu’une forme d’assemblée divine se réunissait régulièrement pour renforcer sa sociabilité par un banquet et prendre des décisions importantes. » (Dictionnaire de la civilisation mésopotamienne, Bouquins, Robert Laffont, p. 85).
Des assemblées réelles étaient organisées dans certains lieux.
Les dieux étaient représentés par des statues.
« Un certain nombre de rituels montrent que l’on réunissait lors des grandes cérémonies les dieux et les déesses sous la forme de leurs statues dans les sanctuaires majeurs pour siéger dans le « lieu de l’assemblée divine » (ubshukkinakku) et y prononcer les destins du pays. » (Dictionnaire de la civilisation mésopotamienne, Bouquins, Robert Laffont, p. 85).
Plusieurs œuvres littéraires mésopotamiennes évoquent cette assemblée et son rôle dans le destin du monde. Nous pouvons lire ces textes dans un autre livre de Jean Bottéro, « lorsque les dieux faisaient les hommes ». Le livre édité dans les année quatre-vingt n’est pas réédité et se trouve d’occasion à des prix exorbitants (entre 200€ et 500€). Il mériterait pourtant une réédition en poche, tant son intérêt est majeur sur les origines de la civilisation. Il est possible de le trouver en version pdf gratuite sur Internet.
Nous trouvons par exemple le texte « Enki ordonnateur du monde ».
« Jusqu’aux cieux chatoyants et impénétrables,
Tu portes tes regards pareils à des roseaux halhal !
C’est toi qui nombres les jours, mets en place les mois,
Parachèves les années,
Et, quand (chacune) se clôt,
Expose au Conseil la décision exacte
Et déclares, devant tous, la sentence !
Ô vénérable Enki, le souverain des hommes tous ensemble,
C’est toi ! »
(Jean Bottéro, lorsque les dieux faisaient les hommes, p. 166).
« Seigneur chéri de An, parure d’Eridu !
Toi qui rumines ordres et décisions,
Qui arrêtes à bon escient les destins !
Toi qui fermes (…) jours ; qui mets les mois en place,
Qui fait arpenter le ciel aux étoiles,
Dont tu connais le nombre !
Toi qui as installé les gens en leur demeure
Et prends garde qu’ils suivent leur pasteur ! »
(Jean Bottéro, lorsque les dieux faisaient les hommes, p. 167).
Enki fixe les jours, mois et année pour permettre aux hommes de connaître l’écoulement du temps et l’avenir. Ce passage a été repris au début de la Genèse.
« Dieu dit : ” Qu’il y ait des luminaires dans le firmament du ciel pour séparer le jour et la nuit ; qu’ils soient des signes, qu’ils marquent les époques, les jours et les années,et qu’ils servent de luminaires dans le firmament du ciel pour éclairer la terre. ” Et cela fut ainsi. Dieu fit les deux grands luminaires, le plus grand luminaire pour présider au jour, le plus petit luminaire pour présider à la nuit ; il fit aussi les étoiles. Dieu les plaça dans le firmament du ciel pour éclairer la terre, pour présider au jour et à la nuit, et pour séparer la lumière et les ténèbres. Et Dieu vit que cela était bon. Et il y eut un soir, et il y eut un matin : ce fut le quatrième jour. » (Genèse, I, 14-19).
Le dieu Enki fixe les jours et les mois de l’année. Il établit donc le calendrier. Le Dieu du Christianisme fait la même chose. Il divise le Ciel en « signes ». Il crée les astres qui vont parcourir les « signes » du zodiaque, ce qui va permettre de fixer les époques, les jours et les années. Nous trouvons là une description de l’astrologie et de son rôle prédictif. N’en déplaise à certains. Les racines de ce texte se trouvent à Sumer. Nous savons qu’Abraham venait de la cité sumérienne d’Ur et qu’il emmena ce savoir ancestral avec lui dans ses bagages. Qu’il fût ensuite introduit dans la description de la création du monde par le rédacteur de la Genèse.
« Et il lui dit : “Je suis Yahvé, qui t’ai fait sortir d’Ur des Chaldéens, afin de te donner ce pays pour le posséder.” » (Genèse, XV : 7)
Mais là où le texte sumérien va plus loin que celui de la Genèse, c’est que, à chaque début d’année, Enki présente au conseil des dieux les nouvelles sentences qui toucheront les peuples et les individus pour l’année suivante. En début d’année, le destin de chacun est redéfini par le Conseil des dieux. C’est le rôle de la révolution solaire (pour le destin des hommes) et de l’Ingres de Bélier (pour le destin, des royaumes et des empires).
L’Ingrès de Bélier marque le moment où le Soleil entre dans le signe du Bélier. Cela se produit au mois de mars. Jusqu’à une époque très récente, le début de l’année commençait justement en mars.
Nous retrouvons le conseil des dieux dans le Judaïsme avec les douze tribus d’Israël qui se réunissent en Grand Conseil avec Jacob ou Moïse.
« Ce sont là tous ceux qui formèrent les douze tribus d’Israël ; c’est ainsi que leur parla leur père et qu’il les bénit. Il les bénit chacun selon sa bénédiction. » (Genèse, XLIX : 28).
Plus étonnant nous retrouvons un grand conseil des douze apôtres dans la bouche de Jésus qui peut sans doute faire référence à des sources sumériennes où le christianisme prend ses racines.
« Alors Pierre, prenant la parole : ” Voici, dit-il, que nous avons tout quitté pour vous suivre ; qu’avons nous donc à attendre ? ” Jésus leur répondit : ” Je vous le dis en vérité, lorsque, au jour du renouvellement, le Fils de l’homme sera assis sur le trône de sa gloire, vous qui m’avez suivi, vous siégerez aussi sur douze trônes, et vous jugerez les douze tribus d’Israël. Et quiconque aura quitté des maisons, ou des frères, ou des sœurs, ou un père, ou une mère, ou une femme, ou des enfants, ou des champs à cause de mon nom, il recevra le centuple et possédera la vie éternelle.” » (Mathieu, XIX, 27-29).
Douze dieux sumériens, douze dieux grecs, douze tribus israéliennes ou douze apôtres, comme les douze signes du zodiaque.
Dans un autre livre de Jean Bottéro, sur l’épopée de Gilgamesh3, disponible à un prix abordable, nous trouvons également une référence au conseil des dieux.
« Et Enkidu s’adressa à Gilgamesh :
Ecoute le rêve que j’ai fait cette nuit :
Anu, Enlil, Ea et Shamash-le-céleste tenaient conseil.
Et Anu dit à Enlil :
Parce qu’ils ont tué, et le Taureau-Céleste, et
Humbaba, pour cela, dit Anu, celui d’entre eux
Qui a dépouillé la Montagne des Cèdres, doit mourir !
Mais Enlil répondit : Enkidu doit mourir,
Mais Gilgamesh ne doit pas mourir ! »
(Jean Bottéro, l’épopée de Gilgamesh, p. 286-287)
C’est lors du Conseil des dieux que Enlil condamne à mort Enkidu pour avoir tué, avec Gilgamesh, le Taureau céleste et le géant Humbaba.
Les décisions du conseil des dieux sont inscrites sur « la tablette-aux-destins ». Elle contient le destin de l’univers et de l’ensemble des êtres vivants. On la retrouve mentionné dans plusieurs textes, dont Enki ordonnateur du monde (§1), le mythe d’Anzu (§2) et dans l’enuma elish (§3).
La tablette des destins contenait le futur de l’univers et de tous les êtres vivants. Elle était détenue par le chef des dieux, Enki.
« Moi, le Seigneur, je vais partir !
Je vais gagner mon pays (…), moi, Enki !
Je vais (…), moi, le maître des destinées ! »
(Jean Bottéro, lorsque les dieux faisaient les hommes, p. 169).
Une fois, les décisions prisent, Enki va parcourir le monde pour annoncer le destin de chaque pays, de chaque région ou de chaque roi.
« Enki le vénérable s’approchait du pays,
Afin que, suite à cette visite du grand Prince,
L’opulence y prévalût partout !
Il en arrêta donc le destin en ces termes :
Ô Sumer, grand pays, territoire infini,
Enveloppé d’une lumière indéfectible,
Dispensateur des Pouvoirs à tous les peuples,
De l’Orient à l’Occident !
Sublimes et inaccessibles sont tes pouvoirs
Et ton cœur est plein de mystère, insondable.
Ton habilité inventive, qui peut enfanter même des dieux,
Est aussi, hors d’atteinte que le ciel :
Elle donne naissance, et aux rois,
Qu’elle ceint du diadème authentique,
Et aux prêtres enturbannés ! »
(Jean Bottéro, lorsque les dieux faisaient les hommes, p. 171).
Sumer a pour fonction de dominer les autres peuples. Elle donnera des rois et des prêtres. Ce passage est fondamental, car nous comprenons que les dieux ont donné une mission particulière à Sumer en matière de religion et d’organisation politique sur les autres peuples.
La aussi, comme pour l’astrologie et le conseil des dieux, nous trouvons une transmission de la division du pouvoir entre une fonction politique et une fonction religieuse. Une conception née à Sumer, puis transmise aux Juifs puis aux Chrétiens.
Au moment de la fuite d’Egypte, Moïse fut chargé de la fonction politique, alors que son frère, Aaron s’occupait de la religion.
Figure 12 : schéma pouvoir spirituel et pouvoir temporel 1.
Nous retrouvons la même séparation entre fonction religieuse et fonction politique au moment du Royaume d’Israël. Samuel fut le Grand Prêtre. C’est lui qui sacra avec de l’huile sainte le roi Saül, puis le roi David.
« Yahvé ! Ses ennemis seront brisés ; du haut du ciel il tonnera sur eux, Yahvé jugera les extrémités de la terre. Il donnera la puissance à son roi, et il élèvera la corne de son oint.» (1 Samuel, II : 10).
« Et je me susciterai un prêtre fidèle, qui agira selon mon coeur et selon mon âme, je lui bâtirai une maison stable, et il marchera toujours devant mon oint. » (1 Samuel, II : 35).
Lorsque Saül empiète sur la fonction religieuse de Samuel, Dieu lui retire sa fonction politique de roi. Il sera remplacé par David, sacré par Samuel. Samuel. Comme ce sera le cas des papes avec le catholicisme, Samuel dispose du droit de « lier » (le sacre) et de « délier » (retirer le titre de roi par excommunication).
« Et Yahvé dit à Samuel : « Ne prends pas garde à sa figure et à la hauteur de sa taille, car je l’ai écarté. Il ne s’agit pas de ce que l’homme voit ; l’homme regarde le visage, mais Yahvé regarde le coeur.
Isaï appela Abinadab et le fit passer devant Samuel ; et Samuel dit : « Ce n’est pas encore celui-ci que Yahvé a choisi. » Isaï fit passer Samma ; et Samuel dit : « Ce n’est pas encore celui-ci que Yahvé a choisi.» Isaï fit passer ses sept fils devant Samuel ; et Samuel dit à Isaï : « Yahvé n’a choisi aucun de ceux-ci. »
Alors Samuel dit à Isaï : « Sont-ce là tous les jeunes gens ? » Il répondit : « Il y a encore le plus jeune, et voilà qu’il fait paître les brebis. » Samuel dit à Isaï : « Envoie-le chercher, car nous ne nous mettrons point à table qu’il ne soit venu ici. »
Isaï l’envoya chercher. Or il était blond, avec de beaux yeux et une belle figure. Yahvé dit : « Lève-toi, oins-le, car c’est lui ! » Samuel, ayant pris la corne d’huile, l’oignit au milieu de ses frères, et l’Esprit de Yahvé fondit sur David à partir de ce jour et dans la suite.
Samuel se leva et s’en alla à Ramatha.
L’Esprit de Yahvé se retira de Saül, et un mauvais esprit venu de Yahvé fondit sur lui. » (1 Samuel, XVI : 7-14).
Figure 13 : schéma pouvoir spirituel et pouvoir temporel 2
Avec le Christ, va venir la théorie des deux glaives qui se trouve en filiation directe du judaïsme de l’Ancien testament et de Sumer, comme le montre le texte « Enki ordonnateur du monde ».
« Et il leur dit : ” Quand je vous ai envoyés sans bourse, ni besace, ni sandales, avez-vous manqué de quelque chose ? ” Ils dirent : “De rien.” Il leur dit : “Mais maintenant, que celui qui a une bourse la prenne, et de même la besace ; et que celui qui n’a pas de glaive vende son manteau et en achète un. Car, je vous le dis, il faut encore que cette Ecriture s’accomplisse en moi : Et il a été compté parmi les malfaiteurs. Aussi bien, ce qui me concerne touche à sa fin.” Ils lui dirent : “Seigneur,voici ici deux glaives.” Il leur dit : “C’est assez.” » (Luc, XXII : 35-38).
Figure 14 : schéma glaive spirituel et glaive temporel
Théorisée par Saint-Bernard et repris dans la bulle « unam sanctam » par Boniface VIII :
« Sûrement celui qui nie que le glaive temporel est au pouvoir de Pierre ne remarque pas assez la parole du Seigneur : « Mets ton glaive au fourreau ». Les deux glaives sont donc au pouvoir de l’Eglise, le spirituel et le matériel, mais l’un doit être manié pour l’Eglise, l’autre par l’Eglise ; l’un par la main du prêtre, l’autre par celle des rois et des chevaliers, mais sur l’ordre du prêtre et tant qu’il le permet. Car il faut que le glaive soit sous le glaive et que l’autorité temporelle soit soumise à la spirituelle. » (bulle unam Sanctam)
Revenons au texte sumérien « Enki, ordonnateur du monde ». Le texte parle d’Ur dont nous savons le rôle particulier qu’elle joua dans la naissance du judaïsme, puis du christianisme. C’est la cité d’Abraham.
« Puis, arrivé à Ur, la cité sainte,
Enki, roi de l’Apsû, en arrêta le destin :
« Cité toute-parfaite, les pieds dans l’eau,
Taureau puissant,
Riche estrade qui domine la terre,
Haute comme une montagne,
Bosquet embaumé, à l’ombre déployée,
Sûre de ta force,
Les Pouvoirs préparés pour toi te combleront !
Car Enlil, le Grand-Mont,
A prononcé devant l’univers ton nom sublime !
Ô cité dont Enki aura arrêté le destin,
Ô ville sainte d’Ur, tu seras exhaussée jusqu’au ciel ! »
(Jean Bottéro, lorsque les dieux faisaient les hommes, p. 172).
Ur est présenté comme une ville sainte qui est rehaussée jusqu’au ciel. Il est question d’un bosquet embaumé et d’une haute montagne, qui fait penser à l’épisode de Moïse, au buisson ardent et au décalogue.
Autre œuvre littéraire présente dans le livre de Jean Bottéro « Lorsque les dieux faisaient les hommes », c’est le « mythe d’Anzû » qui est une variante de « Enki ordonateur du monde », puisque là, c’est Enlil qui détient la tablette-des-destins.
« Le dieu accepta donc ce que lui avait proposé Ea :
Il prit possession de son sanctuaire (…)
Et distribua leurs charges à tous les dieux !
Suite à sa décision, il garda Anzû auprès de lui,
Et le chargea de surveiller l’entrée
Du saint-des-saints qu’il avait parachevé.
Toujours il prenait devant lui son bain d’eau-claire :
Ainsi Anzû observait-il faits et gestes de son souverain !
Il avait sans cesse devant les yeux sa Couronne-impériale
Et son Manteau-divin,
Ainsi quela Tablette-aux-destins,
Qu’Enlil gardait sur lui. »
(Jean Bottéro, lorsque les dieux faisaient les hommes, p. 392-393).
Enlil s’était vu confier la garde des insignes royaux : la couronne impériale et le manteau-divin. Il avait également la garde de la tablette-aux-destins.
Figure 15 : oiseau-tempête divin Anzû, relief votif d’Ur-Nanshe, roi de Lagash (2550-2500 av. J.-C.).
Anzû (en akkadien), Imdugud (en sumérien), est un monstre mi-aigle, mi-lion qui avait la garde de l’entrée du palais d’Enlil.
« A force de voir, de la sorte, le père des dieux, Duranki,
Il résolut de lui dérober la Souveraineté
A force de voir de la sorte le père des dieux, Duranki,
Anzû résolut de lui dérober la Souveraineté :
Je m’emparerai, moi, de la divine Tablette-aux-destins,
Je monopoliserai les charges de tous les dieux,
J’aurai le trône pour moi seul
Et je maitriserai tous les Pouvoirs-divin !
A l’entrée du saint-des-saints qu’il gardait,
Il attendit le point du jour.
Et, pendant qu’Enlil prenait son bain d’eau-claire,
Dépouillé de ses vêtements
Et la Couronne déposée sur son trône,
Anzû s’empara de la Tablette-aux-destins
Et prit pour lui la Souveraineté,
Laissant ainsi vaquer les Pouvoirs-divins. »
(Jean Bottéro, lorsque les dieux faisaient les hommes, p. 393).
Anzû déroba les attributs royaux et surtout la tablette-aux-destins provoquant le désordre du monde.
« Comme il avait confisqué la Souveraineté,
Les pouvoirs-divins vaquaient,
Enlil, le père et le roi des dieux était paralysé,
La Majesté avait disparu, le Silence régnait !
Tous les Igigi au complet étaient en pleine confusion !
Et le saint-des-saints dépouillé de sa dignité !
De partout confluèrent alors les dieux de la terre. »
(Jean Bottéro, lorsque les dieux faisaient les hommes, p. 406).
Figure 16 : Anzû, Lagash, à l’époque d’Entemena.
Un passage intéressant indique que sans les attributs royaux et surtout la tablette-aux-destins, le silence règne dans le monde. Les dieux ne peuvent plus intervenir sur terre. « La Majesté avait disparu, le Silence régnait ! ».
L’assemblée des dieux décida de récupérer la tablette. Elle envoya Ninurta pour combattre Anzû.
« Le Sublime et puissants fils des Dieux, le chéri de Mammi,
L’auxiliaire de An et de Dagan, le préféré du Prince,
Banda alors son Arc et l’arma ;
Puis, de la panse de l’Arc, lui décocha un trait.
Mais la flèche revint sans avoir touché Anzû,
Car celui-ci lui avait crié :
Trait qui m’arrives, retourne à ta cannaie :
A ton fourré, bois de l’Arc !
Corde, à l’échine du mouton !
Empennage, retourne à tes oiseaux d’origine !
La Tablette-aux-destins, qu’il détenait,
Avait ainsi supprimé la corde de l’Arc !
Et éloigné de son corps la flèche !
Le combat s’interrompit donc, s’arrêta la bataille,
Et tourna court le choc des armes, sur la montagne,
Sans que Ninurta eût pu vaincre Anzû. »
(Jean Bottéro, lorsque les dieux faisaient les hommes, p. 399-400).
Les dieux vont donner un précieux conseil pour vaincre Anzû malgré la tablette-aux-destins.
« Tout ce que je te dis là, redis-le-lui :
Le combat ne s’arrêtera qu’avec la victoire !
Epuise Anzû, tant et si bien,
En l’exposant à des coups de Vents,
Qu’il laisse choir ses ailes :
Alors, en place de tes traits,
Empare-toi d’une arme de taille,
Et tranche-les-lui, le mutilant à droite et à gauche,
De sorte que la vue de ses ailes en cet état
Lui ôte le parler de la bouche :
Il ne fera plus que réclamer une aile, puis une l’autre !
Mais bande seulement ton Arc, et que, de sa panse,
Les flèches partent comme autant d’éclairs,
Tandis que ses ailes et pennes
Frétillerons, ensanglantées !
Rends-toi donc maître de sa vie : vaines Anzû,
Et que les vents emportent au secret ses ailes. »
(Jean Bottéro, lorsque les dieux faisaient les hommes, p. 400-401).
Ainsi fut vaincu Anzû et la Tablette-aux-destins restituée à Enlil.
Toujours dans « lorsque les dieux faisaient les hommes », nous trouvons sans doute l’un des plus grands chefs d’œuvre de la littérature sumérienne, avec « l’épopée de Gilgamesh ». Je parle de l’enuma elish. Nous pouvons également le trouver, dans une traduction originale de Louis Galador4. Le prix est abordable, contrairement à celui de Jean Bottéro. Un monument de la littérature mondiale de tous les temps que je vous invite à découvrir dans cette édition.
Dans l’enuma Elish, on retrouve une description de la création du monde. C’est un texte récent dans l’histoire de la Mésopotamie. Il date du XIIe siècle et reprend sans doute une tradition plus ancienne. Il ressemble par certains aspects à « Enki, ordonnateur du monde ». Je ne citerais que les passages qui concernent la tablette-aux-destins.
« Il appela ce palais Apsû,
Et l’on y marqua les Salles-de-cérémonie.
Là même, il établit
Sa chambre-nuptiale,
Où Ea, avec Damkina, son épouse.
Siégèrent en majesté.
Dans ce Sanctuaire-aux-Destins,
Cette Chapelle-aux-Sorts. »
(Jean Bottéro, lorsque les dieux faisaient les hommes, p. 607-608).
Le palais de l’Apsû, demeure des dieux dans le Ciel est appelé le sanctuaire aux destins.
« Elle exalta Quingu,
Lui conférant, entre eux, le plus haut-rang :
La marche en tête de l’armée,
La direction du conseil-de-guerre,
Le lever d’arme pour l’engagement,
La conduite de la bataille,
L’autorité
Sur les combattants :
Elle lui mit tout cela en main
Et elle l’installa sur le siège-d’honneur,
(disant j’ai proféré pour toi la Formule
Et je t’ai fait prépondérant en l’Assemblée des dieux ;
Je t’ai offert
La principauté sur eux tous !
Sois le plus grand !
Sois mon époux unique !
Qu’on exalte ton nom
Sur tout les Anunnaki !
Et elle lui remit la Tablette-aux-destins,
Quelle fixa sur sa poitrine :
Qu’irrévocable soit ton ordre ! (dit-elle).
Que (ta parole) se réalise !
Quingu ainsi surexalté
Et mis en possession de la suprématie,
Pour les dieux, ses enfants,
(Elle arrêta) ce destin :
En ouvrant seulement la bouche,
Que votre venin concentré
Fasse céder la Tyrannie ! »
(Jean Bottéro, lorsque les dieux faisaient les hommes, p. 611).
La Tablette aux destins est remise à Quingu le fils de Tiamat. Grâce à elle, il peut par sa simple parole fixer le destin des êtres vivants.
« Alors Ea
Ouvrit sa bouche :
O toi, esprit profond,
Qui arrêtes le Destin,
Toi qui, seul, as pouvoir
De produire et d’anéantir !
Ansar, esprit profond,
Qui arrêtes le Destin,
Toi qui, seul, as pouvoir
De produire et d’anéantir !
L’ordre que tu m’as donné,
Nous le… sur-le-champ.
Sitôt que j’ai fait. »
(Jean Bottéro, lorsque les dieux faisaient les hommes, p. 614).
Tiamat entre en guerre contre les dieux. Mardouk va prendre la direction des armées divines. L’assemblée des dieux vote en faveur de Mardouk, un destin victorieux.
« Il déclara à ce dernier :
Seigneur des dieux,
Qui arrêtes le destin des grands-dieux,
Si moi
Je dois vous venger :
Terrasser Tiamat
Pour vous sauver,
Tenez conseil
Et proclamez-moi un destin transcendant !
En la Salle-aux-délibérations,
Siégez allégrement ensemble
Et faites que, d’un mot, en votre lieu-et-place,
J’arrête les destins :
Que rien ne soit changé
De ce que moi, j’agencerai,
Et que tout ordre proféré par mes lèvres
Demeure irréversible, irrévocable ! »
(Jean Bottéro, lorsque les dieux faisaient les hommes, p. 618).
Mardouk devient roi en recevant les attributs de la royauté, sceptre, trône et bâton.
« Marduk seul est le Roi !
Et lui remirent à la suite
Sceptre, trône et Bâton royal.
Puis ils lui conférèrent l’Arme-sans-pareille,
Qui jette-à-terre les ennemis :
Pars donc
Trancher la gorge à Tiamat »
(Jean Bottéro, lorsque les dieux faisaient les hommes, p. 626).
Mardouk parvient à vaincre Tiamat. Il s’empare de la Tablette-aux-destins et la fixe sur sa poitrine.
« Il le terrassa
Et en fit un « dieu-mort » ;
Il lui ôta la Tablette-aux-destins
Qui ne lui convenait pas
Et l’ayant scellée de son sceau,
La fixa à sa poitrine. »
(Jean Bottéro, lorsque les dieux faisaient les hommes, p. 630).
Puis il offrit la Tablette-aux-destins à Anu.
« Il établit les Pouvoirs-délégués des dieux
Et il en investit Ea,
Il enleva la Tablette-aux-destins
Qu’il avait confisquée à Quingu
Et l’emporta pour l’offrir à Anu
En premier cadeau de bienvenue. »
(Jean Bottéro, lorsque les dieux faisaient les hommes, p. 634).
1 Edith Hamilton, la mythologie, Marabout, 2007.
2 Jean Bottéro, la plus vieille religion, folio.
3 Jean Bottéro, l’épopée de Gilgamesh, Gallimard nrf, 1992.
4 Louis Galador, Enuma elish, Independently published, 2019.
Dans son livre « La plus vieille religion du monde »5, Jean Bottéro distingue chez les sumériens deux formes de divination, la divination inspirée et la divination déductive. Dans mon propre livre « Nostradamus et l’astrologie mondiale », j’ai repris cette distinction en parlant de divination spontanée et de matrice divinatoire. La divination spontanée étant la divination inspirée (Section 1) et la matrice divinatoire étant la divination déductive (Section 2). La décision des dieux pouvant être contesté par des méthodes d’annulation du mal (Section 3). Toutes ses notions, issues de la nuit des temps en Mésopotamie vont connaître un destin exceptionnel et perdurer jusqu’à nos jours à travers le judaïsme et son continuateur le Christianisme. La encore, je sais que cela ne va pas plaire à mes lecteurs catholiques, mais je ne me soucie pas de plaire ou de déplaire, mais uniquement de dire la vérité, une vérité parfois oubliée, parfois pervertie.
La divination inspirée fut surtout pratiquée dans les régions sémitiques de la Mésopotamie, en particulier à Mari et en Assyrie. C’est pour cette raison quelle fur transmise ensuite aux Juifs, puis aux Chrétiens.
Figure 17 : La Mésopotamie.
Voici ce qu’en dit Jean Bottéro :
« Il arrivait donc à une divinité, souvent identifiée par son nom, au gré de sa fantaisie, ou de ses desseins, de dévoiler spontanément quelque chose de secret, et surtout de futur. Elle choisissait, dans ce but, un intermédiaire. (…) Le message qu’Il voulait faire passer, le dieu le lui communiquait directement, peut-être plutôt en rêve, ou en « vision », ou par une manière d’inspiration mal définie, qui pouvait déclencher une brusque explosion de paroles et de gesticulations du confident. Ce message pouvait être clair d’emblée, mais aussi bien était-il vague, flou, exprimé dans un langage particulier, emphatique, ambigu, qui réclamait ainsi une interprétation, à obtenir de spécialistes. » (Jean Bottéro, La plus vieille religion, folio, p. 329).
« Celui qui était censé recevoir, plus ou moins mystérieusement, la révélation divine, n’était donc pris, au bout du compte, que pour une façon d’intermédiaire : ou bien, il la transmettait spontanément à qui de droit ; ou la publicité de son aventure suffisait à alerter les autorités locales, qui n’avaient plus, jouant leur rôle, qu’à en faire rapport aux intéressés ou au souverain. » (Jean Bottéro, La plus vieille religion, folio, p. 334)
Un dieu décide de s’adresser directement à un homme pour lui annoncer un événement futur qui doit survenir. C’est en quelques sortes la notification de la décision des dieux, la Lettre Recommandée avec Accusé Réception qui donne le jugement du tribunal divin. Le Conseil des dieux se réunit, prend une décision, elle est inscrite sur la tablette-aux-destins, puis notifié à l’intéressé.
La communication peut prendre plusieurs formes, un rêve, une vision (§1) ou par un prophète (§2).
Les rêves étaient appelés, en sumérien « mash.ge » (produit de la nuit) ou « tabrît mûshi » (vision nocturne).
Dans l’épopée de Gilgamesh, les dieux vont communiquer à Uta-Napishti, le Noé mésopotamien, dans un rêve, l’annonce de la destruction de l’humanité par un déluge.
« Plutôt que ce Déluge,
Pour frapper (ça et là) les hommes !
Non ! Je n’ai pas dévoilé
Le secret juré des Grands dieux !
J’ai seulement fait voir à Supersage un songe,
Et c’est ainsi qu’il a appris ce secret !
A présent,
Décidez de son sort ! »
(Jean Bottéro, l’épopée de Gilgamesh, première tablette, II : 24-26, p. 196)
Dans la version juive du déluge, Yahvé s’adresse directement à Noé sans que ne soit précisé la forme :
« Or la terre se corrompit devant Dieu et se remplit de violence. Dieu regarda la terre, et voici qu’elle était corrompue, car toute chair avait corrompu sa voie sur la terre.
Alors Dieu dit à Noé : ” La fin de toute chair est venue devant moi, car la terre est pleine de violence à cause d’eux ; je vais les détruire, ainsi que la terre. Fais-toi une arche de bois résineux ; tu la feras composée de cellules et tu l’enduiras de bitume en dedans et en dehors. Voici comment tu la feras : la longueur de l’arche sera de trois cents coudées, sa largeur de cinquante coudées et sa hauteur de trente. Tu feras à l’arche une ouverture, à laquelle tu donneras une coudée depuis le toit ; tu établiras une porte sur le côté de l’arche, et tu feras un premier, un second et un troisième étage de cellules. Et moi, je vais faire venir le déluge, une inondation de la terre, pour détruire de dessous le ciel toute chair ayant en soi souffle de vie ; tout ce qui est sur la terre périra. Mais j’établirai mon alliance avec toi ; et tu entreras dans l’arche, toi et tes fils, ta femme et les femmes de tes fils avec toi. De tout ce qui vit, de toute chair, tu feras entrer dans l’arche deux de chaque espèce, pour les conserver en vie avec toi ; ce sera un mâle et une femelle.
Des oiseaux des diverses espèces, des animaux domestiques des diverses espèces, et de toutes les espèces d’animaux qui rampent sur le sol, deux de toute espèce viendront vers toi, pour que tu leur conserves la vie. Et toi, prends de tous les aliments que l’on mange et fais-en provision près de toi, afin qu’ils te servent de nourriture, ainsi qu’à eux. “
Noé se mit à l’œuvre ; il fit tout ce que Dieu lui avait ordonné. » (Genèse, VI : 11-22).
Si dans le cas du déluge, les dieux vont utiliser comme intermédiaire un personnage important, dans la plupart des cas, ils s’adresseront à de simples sujets. Un particulier, issu du petit peuple reçoit une révélation touchant aux affaires publiques. Il va communiquer son rêve aux autorités. Celle-ci va transiter jusqu’au sommet via la voie hiérarchique.
Figure 18 : Joseph en prison, interprète les rêves, James Tissot.
« Ce propre jour où j’envoie à Monseigneur la présente tablette, un habitant de Shakkâ, un certain Mâlik-Dagan, est arrivé ici pour me dire : « je me proposais, en rêve, de partir, avec un compagnon, de Sagarâtum à Mari… entré à Terqa, je pénétrai aussitôt dans le temple de Dagan pour m’y prosterner. Pendant que j’étais ainsi prosterné, Dagan m’adressa la parole : « Les cheikhs des Iaminites et leurs hommes, me dit-il, sont-ils en bons termes avec les gens de Zimri-Lim qui montent ici ? ». Je répondis : « Ils ne sont pas en bons termes ! ». Et juste avant que je sortisse du temple, il reprit la parole : « Pourquoi donc les émissaires de Zimri-Lim ne demeurent-ils pas toujours avec moi pour m’exposer en détail son affaire ? S’ils l’avaient fait, il y a longtemps déjà que j’aurais livré à Zimri-Lim les cheikhs des Iaminites ! Je te donne donc mission, à présent d’aller dire à Zimri-Lim : « commande à tes émissaires de venir m’exposer cette affaire en détail ! Alors, j’attraperai à la nasse les cheikhs des Iaminites, pour te les livrer ! ». Voilà ce que cet homme m’a raconté avoir vu en songe. J’envoie donc aujourd’hui ce message à Monseigneur pour qu’il réfléchisse là-dessus. Et si Monseigneur le veut bien, que Monseigneur aille (faire) exposer son affaire devant Dagan, et que dans ce but des émissaires de Monseigneur soient régulièrement envoyés à Dagan. L’homme qui m’a raconté ce songe doit faire offrande d’une victime à Dagan, et c’est pourquoi je ne te l’ai pas envoyé. D’autre part, comme cet homme est (par ailleurs) digne de confiance, je n’ai rien pris de sa chevelure ou de sa frangr de manteau… » (Revue d’Assyriologie, XLII, 1948, p. 128 s., cité par Jean Bottéro, Mésopotamie, folio, p. 206207).
Les songes jouent un rôle majeur dans l’Ancien Testament, que ce soit ceux du pharaon qu’interprète Joseph ou ceux de Nabuchodonosor qu’analysera le prophète Daniel.
« Après ces choses, il arriva que l’échanson et le panetier du roi d’Egypte offensèrent leur maître, le roi d’Egypte. Pharaon fut irrité contre ses deux officiers, contre le chef des échansons et le chef des panetiers ; et il les fit enfermer chez le chef des gardes, dans la prison, dans le lieu où Joseph était enfermé. Le chef des gardes établit Joseph auprès d’eux, et il les servait ; et ils furent un certain temps en prison.
L’échanson et le panetier du roi d’Egypte, qui étaient enfermés dans la prison, eurent tous deux un songe dans la même nuit, chacun le sien, ayant une signification différente. Joseph, étant venu le matin vers eux, les regarda ; et voici, ils étaient tristes. Il interrogea donc les officiers de Pharaon qui étaient avec lui en prison, dans la maison de son maître, et leur dit : ” Pourquoi avez-vous le visage triste aujourd’hui ? ” Ils lui dirent : ” Nous avons eu un songe, et il n’y a personne ici pour l’expliquer. ” Et Joseph leur dit : ” N’est-ce pas à Dieu qu’appartiennent les interprétations ? Racontez-moi, je vous prie, votre songe. “
Le chef des échansons raconta son songe à Joseph, en disant : ” Dans mon songe, voici, il y avait un cep devant moi, et ce cep avait trois branches ; il poussa des bourgeons, la fleur sortit et ses grappes donnèrent des raisins mûrs. La coupe de Pharaon était dans ma main ; je pris des raisins, j’en pressai le jus dans la coupe de Pharaon et je mis la coupe dans la main de Pharaon. ” Joseph lui dit : ” En voici l’interprétation : les trois branches sont trois jours. Encore trois jours, et Pharaon relèvera ta tête et te rétablira dans ta charge, et tu mettras la coupe de Pharaon dans sa main, selon ton premier office, lorsque tu étais son échanson. Si tu te souviens de moi quand le bonheur te sera rendu, et si tu daignes user de bonté à mon égard, rappelle-moi au souvenir de Pharaon, et fais-moi sortir de cette maison. Car c’est par un rapt que j’ai été enlevé du pays des Hébreux, et ici même je n’ai rien fait pour qu’on m’ait mis dans cette prison. “
Le chef des panetiers, voyant que Joseph avait donné une interprétation favorable, lui dit : ” Moi aussi, dans mon songe, voici que j’avais sur la tête trois corbeilles de pain blanc. Dans la corbeille de dessus se trouvaient toutes sortes de pâtisseries pour Pharaon, et les oiseaux les mangeaient dans la corbeille qui était sur ma tête. ” Joseph répondit : ” En voici l’interprétation : les trois corbeilles sont trois jours. Encore trois jours, et Pharaon enlèvera ta tête de dessus toi et te pendra à un bois, et les oiseaux dévoreront ta chair de dessus toi. “
Le troisième jour, qui était le jour de la naissance de Pharaon, il donna un festin à tous ses serviteurs ; et il éleva la tête du chef des échansons et la tête du chef des panetiers : il rétablit le chef des échansons dans son office d’échanson, et celui-ci mit la coupe dans la main de Pharaon ; et il fit pendre le chef des panetiers, selon l’interprétation que Joseph leur avait donnée.
Mais le chef des échansons ne parla pas de Joseph, et l’oublia. » (Genèse : 40 : 1-23).
Les rêves viennent de Dieu, nous dit Joseph. Il va interpréter les rêves des deux serviteurs du pharaon. Mais, ce qui va le rendre célèbre, c’est son analyse de deux rêves du pharaon lui-même.
« Deux ans s’étant écoulés, Pharaon eut un songe. Voici, il se tenait près du fleuve, et voici que du fleuve montaient sept vaches belles à voir et grasses de chair, et elles se mirent à paître dans la verdure. Et voici qu’après elles montaient du fleuve sept autres vaches, laides à voir et maigres de chair, et elles vinrent se mettre à côté des vaches qui étaient sur le bord du fleuve. Et les vaches laides à voir et maigres de chair dévorèrent les sept vaches belles à voir et grasses. Alors Pharaon s’éveilla.
Il se rendormit, et il eut un second songe. Et voici, sept épis s’élevaient d’une même tige, gras et beaux. Et sept épis maigres et brûlés par le vent d’orient poussaient après ceux-là. Et les épis maigres engloutirent les sept épis gras et pleins. Alors Pharaon s’éveilla. Et voilà, c’était un songe.
Le matin, Pharaon eut l’esprit agité, et il fit appeler tous les scribes et tous les sages d’Egypte. Il leur raconta ses songes, mais personne ne put les expliquer à Pharaon. Alors le chef des échansons, prenant la parole, dit à Pharaon : ” Je vais rappeler aujourd’hui mes fautes. Pharaon était irrité contre ses serviteurs, et il m’avait mis en prison dans la maison du chef des gardes, moi et le chef des panetiers. Nous eûmes un songe dans la même nuit, moi et lui, nous révâmes chacun selon la signification de son songe. Il y avait là avec nous un jeune Hébreu, serviteur du chef des gardes. Nous lui racontâmes nos songes, et il nous en donna l’interprétation ; à chacun il interpréta son songe, et les choses se passèrent comme il avait interprété : moi, Pharaon me rétablit dans mon poste, et lui, on le pendit. “
Pharaon envoya appeler Joseph, et on le fit sortir en hâte de la prison. Il se rasa, mit d’autres vêtements et se rendit vers Pharaon. Et Pharaon dit à Joseph : ” J’ai eu un songe que personne ne peut interpréter ; et j’ai entendu dire de toi que, quand tu entends un songe, tu l’interprètes. ” Joseph répondit à Pharaon en disant : “ Ce n’est pas moi, c’est Dieu qui donnera une réponse favorable à Pharaon. “