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L’homme a toujours commencé par voir, dans tout phénomène grandiose et inaccoutumé, une manifestation des puissances surnaturelles. Les superstitions relatives aux météorites sont de tous les pays et de tous les temps.
Un jour, une pierre étant tombée du ciel, l’Académie des sciences reçut de l’abbé Bachelay le résumé des dépositions faites par les témoins de la chute. Rien de plus net et de plus précis que ce récit, accompagné d’un fragment de la pierre : « Il parut du côté du château de la Chevalerie, près de Lucé, petite ville du Maine, un nuage orageux dans lequel il se fit entendre un coup de tonnerre fort et sec, à peu près semblable à un coup de canon ; on entendit à la suite, dans un espace d’à peu près deux lieues et demie, sans apercevoir aucun feu, un sifflement considérable dans l’air, et qui imitait si bien le mugissement d’un bœuf, que plusieurs personnes y furent trompées. Enfin, plusieurs particuliers, qui travaillaient à la récolte dans la paroisse de Périgné, à trois lieues environ de Lucé, ayant entendu le même bruit, regardèrent en haut et virent un corps opaque qui décrivait une ligne courbe, et qui alla tomber sur une pelouse, dans le grand chemin du Mans, auprès duquel ils travaillaient. Tous y accoururent promptement et trouvèrent une espèce de pierre dont la moitié environ était enfoncée dans la terre. Mais elle était si chaude et si brûlante qu’il n’était pas possible d’y toucher. »
Pour examiner le fait, l’Académie nomma une commission, dont était Lavoisier…
L’histoire des météorites mérite d’être étudiée ; et les incidents dont s’entoure la venue de ces « messagères célestes, » comme on a quelquefois appelé poétiquement les météorites, méritent à plus d’un titre d’être examinés. Le phénomène se produit tout à coup, sans aucun signe précurseur : un globe de feu apparaît dans les hautes régions de l’atmosphère : c’est le bolide…
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Seitenzahl: 65
Veröffentlichungsjahr: 2024
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Les pierres tombées du ciel et l’évolution planétaire
Les pierres tombées du ciel et l’évolution planétaire
L’homme a toujours commencé par voir, dans tout phénomène grandiose et inaccoutumé, une manifestation des puissances surnaturelles. La foudre qui éclate, c’est le char de Thor roulant dans l’espace. Les pierres qui tombent du ciel sont lancées par les dieux : celle que l’on voyait près du temple de Delphes avait été, dit-on, rejetée par Saturne. Une autre était adorée à Rome où on lui éleva un temple, et lui donna des prêtres. Les Phéniciens l’appelaient Elagabale, les Phrygiens, la Mère des Dieux, les Libyens, Jupiter Ammon. Une monnaie commémora sa translation, en l’an 104 avant notre ère, dans la capitale du monde, sur un char attelé de quatre chevaux.
Au sentiment de plusieurs auteurs, la numismatique semblerait, d’ailleurs, avoir attaché un intérêt tout particulier aux pierres tombées du ciel. Des monnaies de l’île de Chypre montrent un gros bloc conique, qui serait une météorite placée sous le péristyle d’un temple, devant un bassin avec ou sans poissons, selon les exemplaires. C’est, pense-t-on, le symbole de la Diane de Perga que représente une pierre disposée sur le fronton d’un temple à deux colonnes. On trouve cette gravure sur des monnaies de Caracalla, de Septime-Sévère et d’autres empereurs. Une médaille de Drusus le Jeune porte, au revers, Jupiter de Salamine tenant dans sa main gauche la pierre conique. Sur d’autres monnaies, on voit deux pierres en forme de bornes, placées l’une à côté de l’autre et abritées sous un arbre. D’autres exemples, innombrables, pourraient être ajoutés à cette liste, dont la signification a été contestée.
Les anciens historiens, ont, à maintes reprises, conservé le souvenir de chutes d’aérolithes. Des livres chinois, datant de plusieurs siècles avant notre ère, en font mention. Les Grecs et les Romains nous ont donné beaucoup de détails sur ces phénomènes. Pline raconte que la seconde année de la 78e olympiade (environ 467 ans avant notre ère), une pierre, de la grosseur d’un chariot, tomba en Thrace, près de la rivière des Chèvres (Ægos Potamos). Plutarque dans la Vie de Lysandre, Tite-Live dans ses Décades, Valère Maxime, Julius Obsequens, César, Ammien Marcellin, Pholius ont enregistré le phénomène : la plupart en lui attribuant, cela va sans dire, une origine merveilleuse.
De grands esprits, cependant, approchèrent déjà de la vérité : Anaxagore, d’après Pline, aurait dit que la pierre d’Ægos Potamos avait été détachée du corps même du soleil.
Les auteurs du moyen âge ont à leur tour constaté des chutes de pierres célestes. Le Livre des Prodiges, de Conrad Lycosthène montre, par une gravure, une averse de blocs sur un paysage montagneux, une ville fortifiée.
Cette image, si naïve, n’est pas la seule qui ait représenté le météore. Une œuvre, au sommet de l’art, la Madone de Foligno, de Raphaël, que l’on voit à la Pinacothèque du Vatican, a peut-être été commandée pour commémorer une chute de pierre météoritique. La Vierge, assise sur les nuages, avec le « Bambino » dans les bras, est entourée d’une guirlande de chérubins. A ses pieds, quatre saints en prière. Dans le fond du tableau, la ville de Crema. En regardant avec un peu d’attention, on voit au-dessus de celle-ci un globe de feu descendre des nuages en laissant derrière lui une traînée embrasée. Ce n’est pas, ainsi qu’on l’a cru d’abord, quelque engin de guerre ; c’est un bolide, comme M. Holden, en 1891, l’a mis en évidence, en citant d’anciens textes : « Le 4 septembre 1511, — nous dit la Istoria di Milano, du cordonnier Andréa del Prato, — à deux heures de la nuit, il apparut à Milan et dans toute la région, dans l’atmosphère, à la surprise et à la terreur de tous, una granda testa, d’une telle splendeur qu’elle parut rallumer le jour. » On recueillit, dit-on, plus de douze cents pierres, « tombées en sifflant d’un tourbillon de feu, » et dont la plus grosse pesait cent vingt livres. Plusieurs d’entre elles furent portées à Milan et même présentées à la Gourde France. Or, c’est le 11 avril 1512 qu’eut lieu la bataille de Ravenne qui, malgré leur victoire, fut le signal du départ des Français. Que Jules II, le pape guerrier, ait vu dans le météore de Crema le signe céleste de la délivrance prochaine, voilà qui cadre bien avec toutes les idées du temps, et le tableau de Raphaël serait un ex-voto et une figure d’histoire naturelle, en même temps qu’un chef-d’œuvre de l’art.
Les superstitions relatives aux météorites sont de tous les pays et de tous les temps. Nos paysans, terrifiés de la chute, pourraient bien y voir, du moins en certaines provinces, une intervention du diable. En revanche, les pierres ont souvent passé pour des talismans. Le 4 septembre 1886, des Cosaques, ayant assisté à la chute qui eut lieu à Novo Urey, près de Krasnoslobolsk, dans le gouvernement de Penza, se jetèrent sur la météorite, la mirent en poussière et en avalèrent le plus possible, croyant se garantir ainsi de toutes les maladies. La masse était grosse et la gloutonnerie de ces barbares ne put venir à bout du tout. Nous en possédons un spécimen au Jardin des Plantes de Paris. Le type est rare et précieux, et renferme dans sa substance des grains microscopiques de diamant.
Le magnifique bloc de fer météoritique découvert à Charcas, au Mexique, était considéré dans ce pays comme préservant de la stérilité les femmes qui lui rendaient un culte. Il pèse 780 kilogrammes et était enchâssé dans le mur de l’église de Charcas, d’où il fut extrait par nos soldats, lors de l’expédition du Mexique. Il est parmi les plus beaux échantillons du Muséum.
Les noirs ne pouvaient manquer de faire des fétiches des pierres tombées du ciel. Les Ashantis, dit-on, en révèrent un grand nombre dont chacune a son petit temple. Chez une autre peuplade, des voyageurs ont vu un aérolithe couvert de vêtements et de verroterie et considéré comme un dieu.
En Italie, à Vago, le 19 juin 1668, tomba une pierre dont le Muséum possède neuf grammes. La masse fut portée à l’église de Vérone et attachée avec une chaîne de fer.
Un certain nombre de pierres célestes sont de même enchaînées : tel est le cas de la pierre noire de la Mecque, — une météorite, très vraisemblablement. Celle qui tomba le 7 novembre 1492, devant l’empereur Maximilien, à Ensisheim, en Alsace, et dont notre grande collection nationale comprend un magnifique spécimen, fut enchaînée dans l’église de ce village jusqu’à l’époque de la Révolution. Ambroise Paré dans son Traité des monstres, écrit : « Boistuan raconte en ses Histoires prodigieuses qu’en Sugolie, située sur les confins de Hongrie, il tomba une pierre du ciel avec un horrible éclatement, le septième jour de septembre 1514, de la pesanteur de deux cent cinquante livres, laquelle les citoyens ont fait enclaver avec une grosse chaîne de fer au milieu de leur temple et se monstre avec une grande merveille à ceux qui voyagent par leur Province, chose merveilleuse que l’air ait pu soutenir une telle pesanteur. »
M. l’ingénieur E. Derennes fait mention d’un gros bloc de grès, à Gauchin-Légal, attaché sur la place par des chaînes de fer, parce qu’il avait la réputation de s’en aller pendant certaines nuits faire du grabuge dans le voisinage. Et de ce fait, M. Derennes conclut que, si les météorites sont enchaînées dans les lieux consacrés, c’est parce qu’on redoute de les voir partir, comme elles sont venues, d’une façon qu’on juge surnaturelle.