Ma part de vérité - To'v Fresnay Bassenga-FielLot - E-Book

Ma part de vérité E-Book

To'v Fresnay Bassenga-FielLot

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Beschreibung

Dans un pays où le silence est devenu la règle et la vérité un acte de courage, cet ouvrage lève le voile sur les dérives profondes qui minent le Congo-Brazzaville. Par une plume incisive et une analyse rigoureuse se dresse un tableau sans concession d’un système gangrené par la corruption, la mégestion des ressources, l’ethnicisation du pouvoir et l’effondrement des services publics. Loin de se limiter au constat, ces pages se veulent un cri d’alerte et un plaidoyer pour la transparence, la justice sociale et le renouveau démocratique.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Juriste de formation et ancien magistrat en République du Congo, To'v Fresnay Bassenga-Fiellot a occupé les fonctions de Substitut du Procureur, Président de Juridiction à Brazzaville et Juge du siège à Pointe-Noire. Profondément préoccupé par la dérive socio-politique de son pays, il a choisi de rompre le silence pour dénoncer les injustices et porter un message de changement.

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Seitenzahl: 115

Veröffentlichungsjahr: 2025

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To'v Fresnay Bassenga-Fiellot

Ma part de vérité

Essai

© Lys Bleu Éditions – To'v Fresnay Bassenga-Fiellot

ISBN : 979-10-422-7157-2

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Préface

Le monde traverse sa plus grande phase de changements, entre crises de monopoles, de dépolarisation et de guerres de toute nature, rien n’est plus pareil et ne le sera d’ailleurs plus jamais.

Le monde s’est découvert par sa capacité à s’adapter aux nouveaux enjeux imposés par la force des circonstances, elles-mêmes provoquées par les ego démesurés des dirigeants actuels et la recherche effrénée du profit, mettant à mal la préservation des droits des peuples.

Les peuples qui, jadis, avaient le droit de disposer d’eux-mêmes, subissent aujourd’hui les assauts et soubresauts des hommes politiques mécréants, imbus et égoïstes n’ayant pour seuls alliés les soi-disant hommes forts de l’Europe à l’outre-Atlantique.

Cet état de fait a sans doute donné du grain à moudre aux petits états ayant à leurs têtes des chefs d’État vieux comme le monde, qui ne se lassent pas du pouvoir, mais donnent l’impression d’avoir un destin gémellaire avec leurs états.

Ces chefs d’État jouent la carte de la conservation du pouvoir par des méthodes peu conventionnelles, caractérisés parfois par le culte déguisé du parti unique, l’embastillement des opposants et surtout du matraquage de toutes les voix dissidentes ou dissonantes s’élevant contre le système.

Le comble est d’autant plus grave que toutes les exactions tendant à réduire les populations au silence, et ce, au mépris des lois républicaines régulièrement votées et promulguées, comme expression du souverain primaire, sont commises en plein jour, sous le regard impuissant de la communauté internationale.

Que dire lorsque la liberté d’opinions et de penser est enchaînée au pied d’un bûcher avec seul mot d’ordre : « maintenant, c’est nous et après nous, c’est le déluge ». De tels slogans laissent penser que l’impunité, l’injustice et les inégalités sont devenues si naturelles que personne ne se pose les bonnes questions sur leurs finalités.

S’épuisant inexorablement, maître dans le passé et juge aujourd’hui, le temps reste le meilleur arbitre de toutes les coalitions et ralliements entre pays dans le cadre des coopérations Sud-Sud et/ou Nord-Sud, qui, malgré tout, témoigne à court, moyen et long terme les forces et faiblesses de ces régimes nés de la conjonction de plusieurs volontés, aussi clairement affichées que voilées derrière des manigances et mascarades électorales.

Les adages comme « l’espoir fait vivre » et « tant qu’on vit, il y a de l’espoir » forment aussi souvent les peuples, bien meurtris et affamés par des groupuscules de personnes assoiffées du pouvoir.

Or, il est clair et constant que la minute d’après ne revient jamais en arrière. Le temps passé, malgré la survenance cyclique et la répétition des choses et des phénomènes, ne se reproduit point fidèlement ni n’enfante les mêmes espoirs ou aspirations des peuples.

La politique des années peu avant 1990, a assurément eu le mérite d’avoir nommé clairement les hommes politiques et leurs échecs, les pandémies et leurs remèdes ou vaccins, les grands régimes et leurs chutes, les divisions et leurs réunifications.

Depuis, le visage du monde a changé, adaptant désormais les réalités d’antan aux exigences d’aujourd’hui. Les nouveaux phénomènes de sociétés ont défié toutes les prévisions juridiques, réglementaires et légales. Même certaines lois suprêmes ont été surprises, voyant venir des vides juridiques et appelant les pouvoirs publics à légiférer en la matière.

Le monde moderne a eu pour caution morale le temps qui, lui-même, a vu monté en force plusieurs phénomènes au nombre desquels, la corruption, la concussion, les fraudes diverses et variées, les inégalités sociales et une série de faits pénaux nouveaux appelant de plus fort leurs prises en compte dans les ordonnancements juridiques internes des états où ils sévissent.

Certes, chaque état a ses réalités et détermine seul la manière et les procédures dont il doit connaître toutes les incriminations, encore faut-il qu’elles soient prévues dans le corpus existentiel en matière pénale, car nullum crimen, nulla poena sine lege, principe de légalité des délits et des peines, c’est-à-dire, qu’il ne saurait y avoir des crimes, délits et contraventions sans que la loi les ait expressément et préalablement prévues.

Ainsi, pour circonscrire territorialement l’espace considéré dont il s’agit, le continent africain servirait de repère et le Congo-Brazzaville, d’exemple. Il est à noter que ce pays, paradoxalement riche en ressources naturelles et extractives, est l’un des pays parmi les plus pauvres du monde.

L’histoire politique du Congo-Brazzaville est une fresque où se mêlent espoirs déçus, luttes pour le pouvoir et aspirations démocratiques continuellement étouffées. Ces lignes sont une plongée au cœur d’un système où la dictature, la corruption, les gabegies financières et la conservation effrénée du pouvoir sont devenues les piliers d’un régime verrouillé, au détriment du développement et du bien-être du peuple.

Depuis son accession à l’indépendance, le Congo-Brazzaville a connu une succession de régimes où l’exercice du pouvoir s’est souvent confondu avec l’appropriation des richesses nationales par une élite dirigeante.

Dans ce contexte, la corruption est devenue une norme institutionnalisée, vidant les caisses de l’État, annihilant les projets de développement et perpétuant un cycle de misère et d’injustice sociale. Les ressources du pays, au lieu de profiter à l’ensemble de la population, ont été accaparées par une poignée de personnes au service d’un pouvoir absolutiste et conservateur.

Ce livre analyse les mécanismes d’une gouvernance qui repose sur l’autoritarisme, la répression et la manipulation des institutions pour assurer la longévité d’un système qui refuse toute remise en question et/ou toute alternance. Il met en lumière et dénonce les stratégies employées pour museler l’opposition, instrumentaliser la justice et régner par la terreur, la torpeur et la peur, tout en maintenant une illusion de stabilité.

En revanche, cet ouvrage n’est pas qu’un réquisitoire. Il est également un appel à la conscience collective, une invitation à une réflexion axée sur les moyens et stratégies à mettre en œuvre afin de sortir de ce cycle infernal.

À travers cette analyse, qui se veut elle-même, dénonciatrice et révélatrice, des témoignages poignants. Elle jette un pavé dans la mare en induisant une réflexion pour comprendre comment ce peuple pourrait se réapproprier son destin et faire naître une gouvernance fondée sur la transparence, la justice et l’intérêt général.

Que cette œuvre soit une pierre angulaire ajoutée à la construction de l’édifice de la mémoire et de la lutte pour un Congo plus juste, plus prospère et plus démocratique, telle est ma prière dite au fond du cœur en communion avec nos aïeuls et sans doute relayée par tous celles et ceux qui croient encore au changement et à l’émergence de ce pays, sans oublier toutes ces belles âmes qui ont fait couler leur sang en holocauste et ont pris le pari de voir ce pays un jour libéré du joug de la malédiction.

Prologue

Le graal est sans doute ce à quoi aspire le peuple congolais dans toute son entièreté. Après des années d’errance politique et de désespoir, il n’arrête de rêver et croire à un messie. Fort de ses croyances diverses et variées, de sa foi en l’avenir et du changement, le Congolais reste et demeure mobiliser à rompre un jour avec cette malédiction prononcée par le premier président du Congo, l’abbé Fulbert Youlou.

La résilience et la force dont fait montre ce peuple, pourtant enchaîné, agenouillé et orphelin pour avoir perdu quasiment la totalité de ses fils et filles, leaders ou charismatiques, en qui tous les espoirs reposaient. Cette incroyable attitude trouve explication dans l’histoire même de ce grand peuple.

Venus du Kongo Dia Totela, autrement appelé Royaume Kongo, première civilisation organisée avec une administration fonctionnelle, des classes sociales structurées, les premiers habitants de ce royaume appelés « les Kongos » étaient de grands guerriers et vivaient avec de grands mystères et une excellente connaissance de la nature.

Le Royaume Kongo, qui s’est épanoui entre le XVe et le XIXe siècle, est l’un des royaumes les plus emblématiques de l’Afrique centrale précoloniale. Son organisation politique, économique et sociale a marqué son développement et son interaction avec les puissances européennes.

Ce bref retour dans le passé de pays qui doit son nom à son vaillant peuple « Kongo » vise à monter la structuration et le fonctionnement de cet État centralisé, en mettant en lumière ses institutions, ses dynamiques sociales et son économie.

Nous pouvons nous interroger également sur les facteurs qui ont contribué à son essor et à son déclin, de façon laconique et sans trop s’y attarder. Pour y arriver, tour à tour, les points suivants seront analysés :

I. La Structuration politique du Royaume Kongo

1. Une monarchie centralisée

Le Manikongo était l’autorité suprême du royaume. Son pouvoir reposait sur une légitimité héréditaire, bien que certains rois aient été élus par le conseil royal en raison de leur compétence ou de leur influence. Il détenait des prérogatives politiques, militaires, judiciaires et religieuses.

La légitimation du pouvoir royal passait par des rites d’intronisation spécifiques, souvent marqués par des cérémonies religieuses et des serments d’allégeance. Le Manikongo résidait à Mbanza Kongo, la capitale, qui servait de centre administratif et spirituel du royaume.

2. Une administration hiérarchisée

Le royaume était divisé en six grandes provinces : Mbata, Nsundi, Mpemba, Mpangu, Mbamba et Soyo. Ces provinces étaient gouvernées par des seigneurs locaux, appelés Mwene, qui étaient sous l’autorité du Manikongo.

Chaque province était subdivisée en districts, eux-mêmes dirigés par des chefs locaux chargés d’administrer les villages, avec des prérogatives bien déterminées.

Le conseil royal, composé de notables et de chefs influents, assistait le roi dans la prise de décisions. Ce conseil jouait un rôle crucial dans la gouvernance du royaume, notamment dans la gestion des crises et la diplomatie.

3. Les relations extérieures et diplomatiques

À partir du XVe siècle, le Royaume Kongo établit des relations avec les Portugais, ce qui eut un impact considérable sur son évolution. Les rois Kongo adoptèrent des éléments de la culture européenne, y compris la conversion au christianisme.

Le royaume entretenait également des relations avec d’autres royaumes africains, favorisant ainsi le commerce et les alliances stratégiques. En fait, l’organisation politique et diplomatique, aussi vieille qu’elle puisse paraître, est le parfait reflet de ce qui se fait de nos jours.

Toutefois, ces relations diplomatiques se détériorèrent progressivement, notamment en raison des conflits liés à la traite des esclaves et à la rivalité pour le contrôle des ressources et des terres. Accentuées par l’arrivée des colons, des luttes naquirent entre peuples, entraînant ainsi la chute de tous les grands royaumes d’antan.

II. L’Organisation sociale et culturelle

1. Une société stratifiée

L’aristocratie était constituée des familles nobles et des conseillers du roi. Ces élites occupaient des postes clés dans l’administration et le commerce, comme c’est le cas aujourd’hui dans tous nos « états modernes ». Voici, une fois de plus, une démonstration des vestiges de l’érection de grandes démocraties occidentales.

Les classes populaires regroupaient les agriculteurs, les artisans et les commerçants, qui formaient la base économique du royaume. Car, par leurs activités, le royaume entier était nourri et se satisfaisait de cette sorte d’autosuffisance alimentaire.

Les esclaves représentaient une catégorie distincte, souvent capturés lors de guerres ou achetés. Certains esclaves étaient intégrés dans la société et pouvaient gagner leur liberté en s’affranchissant, tandis que d’autres étaient vendus aux marchands européens.

2. Le rôle de la religion et des croyances

Avant l’arrivée des Européens, la religion traditionnelle était dominée par le culte des ancêtres et des esprits. Les chefs religieux occupaient une place essentielle dans la société.

Avec la conversion de Nzinga a Nkuwu (rebaptisé João Ier) au christianisme en 1491, le catholicisme devint progressivement la religion dominante, influençant la politique et les traditions locales.

Les missionnaires portugais introduisirent l’alphabétisation et modifièrent certains aspects des croyances traditionnelles, créant un syncrétisme religieux. Cette époque fut le début de la désacralisation des croyances de ce grand peuple, notamment avec l’obligation d’abandonner leurs dieux pour le « dieu européen ».

3. Les structures familiales et les systèmes d’éducation

La famille était la base de l’organisation sociale. Les liens de parenté déterminaient le statut social et l’héritage, tandis que la noblesse était inhérente au nom que l’on portait ou à la lignée à laquelle on appartenait.

Les rites d’initiation marquaient le passage à l’âge adulte et inculquaient aux jeunes les valeurs et les responsabilités de leur communauté. Ce passage obligatoire vers l’âge adulte par les cérémonies sacrées et mystiques constituait un gage pour l’acquisition de la sagesse attendue.

L’éducation traditionnelle se transmettait oralement, via les anciens et les chefs religieux, tandis que les missionnaires européens introduisirent l’écriture et l’apprentissage formel.

III. L’Organisation économique et les activités productives

1. L’agriculture et les ressources naturelles

Le Royaume Kongo possédait une économie agraire développée, reposant sur des cultures vivrières comme le manioc, le millet, la banane et l’huile de palme.

La chasse, la pêche et l’élevage complétaient l’agriculture et assuraient la subsistance des populations. Ces grandes activités étaient menées des spécialistes, chacun dans son domaine de prédilection. N’était pas chasseur qui voulait. Il en était de même pour les autres domaines suscités.

L’exploitation du cuivre et de l’ivoire fournissait des ressources précieuses pour le commerce et constituait la petite industrie et manufacture. Car, grâce à ces produits, les plus habiles fabriquaient des armes, des outils pour l’élevage ou la chasse et pouvaient les commercialiser également.

2. Le commerce interne et externe