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Extrait : "L'instituteur : La religion vous enseigne comment vous devez vous conduire en cette vie pour vous rendre digne d'une félicité éternelle. Moi, je ne vous parle qu'au nom de la République, dans laquelle nous allons vivre, et de cette morale que tout homme sent au fond de son cœur..."
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Seitenzahl: 47
Veröffentlichungsjahr: 2015
EAN : 9782335030303
©Ligaran 2015
L’Instituteur. La religion vous enseigne comment vous devez vous conduire en cette vie pour vous rendre digne d’une félicité éternelle. Moi, je ne vous parle qu’au nom de la République, dans laquelle nous allons vivre, et de cette morale que tout homme sent au fond de son cœur. Je veux vous instruire des moyens d’être heureux sur la terre, et le premier mot que j’ai à vous dire est celui-ci : Perfectionnez-vous. Vous ne deviendrez vraiment heureux qu’en devenant meilleur.
L’Élève. Qu’entendez-vous par le perfectionnement de l’homme ?
L’Instituteur. J’entends que l’homme se perfectionne lorsqu’il s’approche le plus qu’il peut d’être complet selon sa nature.
L’Élève. Que faudrait-il pour qu’un homme fût complet selon sa nature ?
L’Instituteur. Il faudrait que les affections de son cœur trouvassent pleine satisfaction dans la famille, dans la patrie et dans l’amitié ; il faudrait que son intelligence fût cultivée : il faudrait enfin qu’il pût déployer son activité selon ses forces et ses dispositions naturelles.
L’Élève. Mois, si je vous comprends bien, mon perfectionnement ne dépendrait pas tant de moi que des autres hommes, de mes parents, de mes amis, et surtout de ceux qui ont de la puissance dans le monde.
L’Instituteur. Il est vrai. Cependant, vous êtes le maître de vos actions, bonnes ou mauvaises. Toute votre vie est attachée en grande partie aux décisions que vous prenez À chaque instant. Agissez donc toujours autant que vous le pouvez de manière à vous perfectionner et à perfectionner ceux qui vous entourent ; ils vous le rendront bientôt au centuple. Ce monde même dans lequel vous vivez, il ne vous est peut-être pas impossible d’y changer quelque chose. Tout à l’heure je vous montrerai que dans le temps où Dieu nous a fait naître aucun homme n’est sans pouvoir sur les autres hommes et sur les lois qui les régissent. Dans ce moment, je me borne à vous dire : Faites toujours ce que vous ferez en consultant votre conscience, de telle manière qu’après avoir agi vous vous sentiez meilleur ou plus avancé sur le chemin du perfectionnement.
L’Élève. Donnez-moi une règle pour juger mes actions.
L’Instituteur. Il en est une que vous portez en vous-même, et que je ne pourrais pas vous apprendre, si par malheur vous l’ignoriez entièrement : c’est la justice. Ne faites point à autrui ce que vous ne jugeriez point devoir vous être fait. Faites pour les autres ce que vous jugez que les autres doivent faire pour vous. Je vous dirai encore ceci : La justice est une espèce d’égalité. Supposez vos semblables à votre place et mettez-vous à la leur ; jugez après. Lorsque vous vous demandez si vous devez faire ou ne pas faire quelque chose, oubliez pour un moment votre intérêt, vos passions ; demandez-vous ce que vous penseriez de cette action si un autre la faisait. Alors vous serez juste, et vous aurez fait le premier pas dans le perfectionnement.
L’Élève. Ce n’est donc pas tout que d’être juste ?
L’Instituteur. Non. La justice parfaite est le premier degré de la perfection ; mais après le premier il y en a un second : c’est la parfaite fraternité.
L’Élève. Qu’est-ce que la fraternité ?
L’Instituteur. La fraternité est un sentiment qui nous porte à ressentir tous les mêmes joies et le mêmes peines, comme si les hommes ne faisaient qu’un. Ainsi ceux-là sont des frères, qui veulent partager les souffrances les uns des autres, et qui dirigent leurs forces à se rendre heureux mutuellement. Soulager de leur fardeau les travailleurs dont la vie est la plus dure, instruire les ignorants, ramener au sentiment du bien les coupables que la misère ou l’injustice ont égarés, voilà des actes de fraternité.
L’Élève. Je comprends maintenant ce que vous avez entendu par ce mot perfectionnement, et mon cœur me dit que vous ne vous trompez point. Toutes les fois qu’il m’est arrivé de me conduire ainsi, je me ; suis senti meilleur ou plus parfait. Mais vous m’avez dit aussi que je ne deviendrais vraiment heureux qu’en devenant meilleur. Voulez-vous m’expliquer ces paroles ?
L’Instituteur. L’homme est destiné à la perfection, quoique la perfection ne puisse pas être atteinte en cette vie. De là vient que celui qui n’y vise point se dégrade, et la dégradation est le commencement du malheur. Si quelqu’un ne pratique pas la fraternité il est bien près de devenir injuste. Celui qui est injuste se laisse aller bientôt à tous les vices, et les vices le mènent à l’abrutissement et à la perversité. Nul pervers n’est heureux. Le méchant souffre, même au sein des richesses, et il n’y a jamais de paix pour son âme. Ainsi, le bonheur ne se trouve sur la terre que dans l’accomplissement de la fin pour laquelle nous avons été créés, c’est-à-dire de notre action sur nous-mêmes et sur nos semblables pour nous rendre tous meilleurs.
L’Élève. Pensez-vous que toute la fin de l’homme ici-bas soit d’aimer ses semblables, qui sont ses frères, et de se rendre meilleur avec eux ? Cependant, j’ai appris dans le catéchisme de la religion, que Dieu nous avait créés pour l’aimer et pour le servir. Je sais aussi que les propres paroles de Jésus-Christ tirées de l’Ancien Testament sont celles-ci : « Vous aimerez le Seigneur votre Dieu de tout votre cœur, de toute votre âme, de toutes vos forces, et le prochain comme vous-même. » Expliquez-moi pourquoi vous ne me parlez point de l’amour de Dieu, mais seulement de l’amour du prochain.
L’Instituteur