Mise en scène - Frank Andriat - E-Book

Mise en scène E-Book

Frank Andriat

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Beschreibung

Age : 13 ans et + Niveau de lecture : 5e-4e et +

Découvrez la suite des aventures d'un ado pas comme les autres, prêt à tout pour résoudre ses enquêtes !

Lorsque Madame Flamme, la flamboyante professeur de français, découvre une salle de théâtre abandonnée dans les sous-sols du lycée, son sang ne fait qu'un tour.
Le restaurer, y faire jouer ses élèves : son rêve, sa mission.
Mais les plans de la belle contrarient beaucoup de monde. Quels sombres secrets, quelles machinations dissimule cette salle mystérieuse ?
Une nouvelle affaire pour Bob Tarlouze.

Une nouvelle enquête palpitante et pleine d'humour pour Bob Tarlouze !

EXTRAIT :

Depuis que je l’ai vu, j’en suis bleue. J’en rêve. Le jour et la nuit. Hier, dans la rue, j’ai raté la bordure du trottoir et je me suis retrouvée la tête la première dans un buisson d’épineux. Projetée comme un diable de sa boîte. Je me suis fait très peur. Un mètre plus à gauche et je prenais un mur. Distraite, trop distraite. Résultat : le pouce tordu et la main griffée comme si j’avais rencontré un chat en furie.
Je n’ose en parler à personne. Sûre qu’on me prendrait pour une folle. Déjà qu’on me trouve différente, que les regards s’arrêtent parfois sur moi avec une tendresse difficilement contenue. Ou du désir tout court. Les mecs, c’est ainsi : ils te prennent pour plat principal sans te demander si tu es d’accord d’être au menu. Leurs mots douteux : « Je reprendrais bien une blonde, bien moussue ! » Je fais semblant de ne pas les entendre et ils finissent par se fatiguer. Puisque la blonde ne rétorque rien, ils se disent sans doute qu’elle n’a pas compris la subtilité de leurs jeux de mots à deux balles.

CE QU'EN PENSE LA PRESSE 

- "Ce roman socio-policier marque un nouveau jalon dans une œuvre abondante et de qualité de Frank Andriat" - L'Avenir

- "Ce roman frôle le coup de cœur" - D'un livre à l'autre

- "Un héros sympa, en somme, avec lequel on passe quelques heures d'agréable lecture. On ressort du livre le sourire aux lèvres. Merci." - RiveDieu

- "Une aventure pleine d’humour et de rebondissements qui montre aux lecteurs qu’il ne faut pas se fier aux apparences. Un roman qui devrait plaire aux jeunes de 13 à 113 ans, car tous, adolescents et adultes, verront leur lecture ponctuée de grands éclats de rire." - Vlan

- "Ce personnage très attachant nous montre une nouvelle facette de Frank Andriat. Outre l’enquête policière, ce roman touche à plein d’autres choses : acceptation de la différence, amour de son prochain, respect, bref toutes ces valeurs humanistes que l’auteur défend dans ses autres romans, le plus de celui-ci étant son humour, parfois un peu potache, mais tellement rafraîchissant. Très bien. A partir de 12 ans." - L’ibby lit

À PROPOS DE L'AUTEUR : 

Frank Andriat griffonne ses premiers poèmes dès l'âge de treize ans, encouragé par son professeur, l’écrivain Jacques Crickillon. Depuis lors, devenu professeur à son tour, il n'a cessé d'écrire notamment sur l’importance de l’ouverture au vivant. Tous ses livres sont une manière de témoigner et de rendre hommage à la vie, à l’amour et aux autres, sans qui rien ne serait possible.
Il a publié plus de vingt livres dont notamment la série Bob Tarlouze parue chez Ker Editions.

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Ecrit avec appétit, subtilement construit – on passe d’un personnage à l’autre sans toujours savoir qui parle–, ce roman rappelle que son auteur, lui-même prof de secondaire, sait s’adresser avec intelligence aux adolescents par des intrigues subtilement agencées.

– L’Avenir

Récit mené tambour battant, sans jamais verser dans un moralisme à bon marché, il invite les jeunes lecteurs à la réflexion.

– L’Avenir

pour Yasmine Flament et pour Françoise Genard qui m’ont donné l’idée de cette histoire.

Il ne faut pas tuer l’incertitude.

Achille Chavée

LYCÉE

DANS LA TÊTE DE CÉLIA

DEPUIS QUE JE L’AI VU, J’EN SUIS BLEUE. J’en rêve. Le jour et la nuit. Hier, dans la rue, j’ai raté la bordure du trottoir et je me suis retrouvée la tête la première dans un buisson d’épineux. Projetée comme un diable de sa boîte. Je me suis fait très peur. Un mètre plus à gauche et je prenais un mur. Distraite, trop distraite. Résultat : le pouce tordu et la main griffée comme si j’avais rencontré un chat en furie.

Je n’ose en parler à personne. Sûre qu’on me prendrait pour une folle. Déjà qu’on me trouve différente, que les regards s’arrêtent parfois sur moi avec une tendresse difficilement contenue. Ou du désir tout court. Les mecs, c’est ainsi : ils te prennent pour plat principal sans te demander si tu es d’accord d’être au menu. Leurs mots douteux : « Je reprendrais bien une blonde, bien moussue ! » Je fais semblant de ne pas les entendre et ils finissent par se fatiguer. Puisque la blonde ne rétorque rien, ils se disent sans doute qu’elle n’a pas compris la subtilité de leurs jeux de mots à deux balles.

Je ne comprends pas comment personne ne s’est intéressé à lui avant moi. Il a un charme désuet, certes, mais tellement prenant. Il a suffi de quelques secondes pour qu’il m’imprègne tout entière. Mon cœur s’est laissé envahir, j’ai su qu’il ferait partie de ma vie.

De retour au Chavée, j’ai raconté mon émotion à Romain. Je débordais. Il m’a observée d’un air calme et m’a dit qu’il m’avait rarement vue dans cet état. J’avais envie qu’il partage mon émoi, mais Romain, plus âgé que moi, est un homme posé, tranquille. Parfois un peu trop à mon goût. Moi, je brûle ! Je contiens difficilement mes enthousiasmes et mes colères. Romain en a déjà fait les frais. Il assume. Sans doute a-t-il songé que je me calmerais mais, cette fois, je suis atteinte aux tripes.

Il habite mon cœur comme une image fixe dont je ne peux me laisser distraire. Il est sur ma rétine. Il est déjà une histoire d’amour. Romain pourrait presque devenir jaloux.

HOLLYWOOD

CE N’EST PAS TOUS LES ANS qu’on tombe sur une prof tellement jolie qu’elle pourrait jouer dans un film à Hollywood. Madame Flamme. Elle porte bien son nom, elle en incendie plus d’un. Elle enseigne au lycée depuis trois ans et elle fait la une des potins glamour. Longs cheveux blonds frisés, corps de star, yeux qui nous donnent un coup de matraque quand elle nous observe de travers. Et lorsqu’elle sourit, c’est le coup de massue ! Son regard s’allume et elle emprunte notre cœur pendant qu’elle nous fixe. J’aime son rouge à lèvres fuchsia qui dessine une oasis sur son visage. On a envie de la rejoindre là, de s’y abreuver et d’y écouter notre cœur courir comme un dromadaire en quête de fraîcheur.

Mes copains rêvent d’elle et La fouine l’a photographiée en douce avec son portable pour se passer son joli minois en boucle, le soir, quand il se sent trop seul.

— Je l’ai choisie comme fond d’écran ! Ça me booste quand je dois me farcir la biographie de Molière.

Madame Flamme est notre prof de français et le théâtre est son dada. Molière surtout, dont elle doit connaître l’œuvre par cœur. Jean-Baptiste Poquelin. Bonjour, cher Monsieur ! Moi, je m’appelle Bob Tarlouze. Elle a relevé la tête quand elle a repéré mon nom sur sa liste en début d’année. Je l’entends encore :

— Bob Tarlouze  ? a-t-elle demandé d’un ton étonné.

— Pour vous servir, ai-je répondu en me levant. Toute la classe a éclaté de rire.

Elle a laissé passer la vague et m’a simplement dit :

— Enchantée.

Aucune remarque inutile sur mon pull rose bonbon, aucune allusion déplacée à mon patronyme de tapette. Elle a poursuivi la lecture de sa liste et je me suis assis. Un bon début. En plus d’être un savoureux accompagnement pour le regard, cette prof était classe.

Moi, le théâtre, ça m’amuse mais pas au point d’en être dingue comme elle. C’est le théâtre du quotidien qui m’intéresse, pas ces pièces maniérées où les personnages sont toujours trop ou trop peu. La vie, dans ses détails inattendus, me semble plus palpitante.

L’année dernière, j’ai résolu ma première véritable enquête après la découverte du cadavre de Monsieur Baratin. Pression médiatique énorme ! Photo dans les journaux. Je me suis cru une star pendant quelques jours, mais le flan est vite retombé. Johnny, mon père, a retrouvé ses habitudes et il m’observe à nouveau comme s’il regrettait ma venue sur Terre. L’écart qui s’était réduit entre nous s’est rétabli et, pendant qu’il vaque à ses activités sportives en mangeant des cacahuètes devant l’écran qui transmet les prouesses de l’Olympique de Marseille, j’observe les mouvements de l’âme humaine et les faits et gestes de celles et ceux qui m’entourent.

Parfois, pour exercer mon sens de l’observation et pour apprendre à mieux m’évanouir dans le décor sans éveiller de soupçons, je choisis une personne au hasard et je la suis pendant quelques jours. Ça révèle des détails intéressants sur les gens : il y a ceux qui structurent leur existence comme s’ils avaient une montre suisse dans le ventre, même timing, mêmes trajets, et les autres qui papillonnent. Quelques heures de filature discrète tracent le portrait d’un être, mais, depuis l’affaire Baratin, je ne suis plus tombé que sur des gens qui mènent une vie tout à fait ordinaire.

Madame Flamme est de celles dont j’aimerais connaître le quotidien et, dès que l’occasion se présentera, elle sera la prochaine sur qui j’exercerai mes dons de pisteur.

Je n’aime pas forcer la vie ; j’aime les événements qui se présentent à moi sans que j’aie besoin de fournir trop d’efforts. « Une attitude de Tarlouze ! » dirait Johnny, mais je me fiche de ses remarques tordues qui sont le fruit de son manque de confiance en lui. Quand tu n’as pas peur, tu laisses la vie venir à toi. C’est lorsque tu as de toi une image de couillon que tu rejettes tout ce qui ne te ressemble pas et que tu t’enfermes dans des prisons intérieures.

Mohamed, mon pote depuis toujours, se marre lorsque je lui balance ce type de réflexion.

— Tu gamberges trop, Bob ! Tu vas finir par t’enflammer le cerveau !

— Désolé, mais j’ai toujours eu plus d’énergie dans la tête que dans le pantalon.

C’est le genre de réponse qui le fait exploser de rire et qui l’amène à conclure que je ne ressemblerai jamais à un exemplaire banal de l’espèce humaine.

DANS LA TÊTE DE CÉLIA

J’EN AI PARLÉ À DRAGUL ZORB et il a souri d’un air fat. Pourquoi ai-je confié à cet homme bizarre la passion qui me brûle la tête et le cœur  ? Que peut-il comprendre à une femme et sait-il seulement ce qu’est l’amour  ? Nous étions seuls, de part et d’autre de la grande table de chêne. Il feuilletait une revue et moi, j’étais ailleurs, au fond de mes pensées, absorbée par ce que j’avais vu et qui ne me quitte plus depuis ce jour-là. D’un geste brusque, Zorb a déposé son magazine sur la table et m’a demandé pourquoi j’étais aussi préoccupée. Je me suis tournée vers lui, abasourdie. Comment avait-il deviné  ? Je n’ai pas eu besoin de lui poser la question. Il m’a déclaré que mes énergies d’amour perturbaient son aura. Ce sont ses mots ! Ce type m’a toujours fait un peu peur mais, là, il m’a carrément fichu la trouille. D’abord, je n’ai pas voulu lui répondre. J’ai haussé les épaules et j’ai dit que tout cela n’avait pas d’importance.

Son regard s’est fait plus perçant et j’ai eu l’impression qu’il m’aspirait. J’ai songé aux rumeurs étranges qui circulaient sur son compte et je m’en suis voulu de penser, pendant quelques secondes, qu’elles pouvaient être vraies. Sans prononcer un mot, Dragul Zorb prenait le pouvoir sur mon âme. J’ai craqué.

Je lui ai parlé de ma découverte, de mon émoi, de cette rencontre improbable avec le passé. À cause de ma curiosité. J’ai avoué mon désir. Sans me poser la moindre question, il obtenait toutes les réponses. Quand je lui eus tout dévoilé, ses yeux gris acier m’ont lâchée et j’ai à nouveau pu respirer normalement.

Qui était cet homme qui réussissait à me faire dire ce que je voulais taire  ? Il m’a déclaré ne pas comprendre pourquoi ma découverte me taraudait à ce point. Il a ajouté que mes énergies l’avaient, pendant un moment, fait croire à une brûlante histoire d’amour et son sourire s’est fait ironique. Lui, l’amour, il ne doit pas savoir ce que c’est.

Je n’aime pas qu’on se moque de moi. Je lui ai rétorqué que c’était une histoire d’amour et que l’amour dépassait bien le désir entre deux partenaires qui s’enflamment l’un pour l’autre. Ça l’a fait rire à gorge déployée. J’ai songé que ce type avait sa place dans un film d’horreur, mais je me suis forcée de penser à autre chose de peur qu’il me devine à nouveau. Il s’est calmé aussi rapidement qu’il avait éclaté de rire et m’a dit qu’on voyait bien que j’étais très jeune et que les expériences de la vie me feraient mûrir.

J’en avais marre. Je l’ai planté là en prétextant que je devais faire des photocopies. Dans le couloir, je me suis appuyée contre le mur et j’ai fermé les yeux. L’énergie de cet homme m’avait vidée. Dorénavant, j’éviterais de me retrouver seule avec lui. Et je m’en voulais ! Pourquoi lui avais-je révélé mon coup de cœur, pourquoi  ?

J’ai été sortie de mes réflexions par la voix profonde du directeur. Son « Ça va, miss  ? » a explosé aussi fort que la sonnerie de mon réveil, le matin. J’ai ouvert les yeux, surprise. Il était debout à un mètre de moi et m’observait, bonhomme, avec de l’inquiétude dans le regard. Il a répété sa question. J’ai souri pour le rassurer et j’ai acquiescé avant de répondre que tout allait bien, que j’avais juste eu un petit coup de fatigue. Il a hoché la tête et a poursuivi sa route.

Décidément, c’était la journée ! Qu’allaitil penser  ? Au fond, peu importait. Ce n’est pas parce qu’on voit un des membres de son personnel les yeux fermés dans un couloir qu’on lui en veut ! Et je lui expliquerais ce qui me préoccupe, car lui seul pouvait m’aider à trouver une solution à mon problème ! Lui seul pouvait décider de transformer mon rêve en réalité. S’il savait !

Il fallait que je retourne là-bas, que je revoie ce qui m’avait noué les tripes, que je prenne une décision. S’il surprenait mes pensées, Dragul Zorb rirait et me traiterait de petite pimbêche amoureuse !

ZOOM SUR LA BLONDE

JE SUIS VERNI. Je m’attendais à tout, sauf à ça ! Croiser Madame Flamme dans le couloir, nous retrouver pendant quelques secondes à nous diriger l’un vers l’autre comme si nous nous étions fixé rendez-vous. Elle porte une petite robe grise moulante et une veste noire sur laquelle ses abondantes boucles blondes jouent à l’avalanche. Si elle avait dix ans de moins et si elle n’était pas ma prof, j’en tomberais raide amoureux mais, franchement, que fabriquerait Shakira avec la panthère rose  ?

« — Mais tu as vu ta touche  ? Si tu veux qu’une fille craque pour toi, il faudrait cesser d’être ridicule !

— Le ridicule ne tue pas. Je n’en dirais pas autant pour la bêtise. »

Extrait du dialogue que j’ai eu hier avec Johnny, mon père qui ne manque pas une occasion de se désespérer d’avoir un fils comme moi et qui déteste les vêtements roses que je porte avec tant de bonheur. La fille qui m’aimera en rose sera la bonne. Et basta ! Ce n’est pas parce que tu te transformes en Johnny avec des chaînes de moto autour de la taille et des boulons dans les cheveux que tu peux tomber toutes les nanas ! Il existe aussi des filles intelligentes !

Et Madame Flamme en fait partie. La preuve : elle m’honore d’un large sourire quand nous nous croisons et ne paraît pas le moins du monde rebutée par ma veste fuchsia et mes tennis roses. Je me retourne vers elle et j’admire le verso de sa personne qui ondule de façon aguichante au fil de sa progression dans le couloir. Elle se tient droite, avance rapidement et je reste scotché aux effluves de sa beauté qui s’éloigne.

Elle s’engage brusquement dans le petit escalier à droite, celui qui descend vers le sous-sol qui nous est formellement interdit. Une prérogative de prof  ? Je suis toujours passé devant cette porte avec une brûlante curiosité. L’escalier conduit à une porte cadenassée que j’ai secouée en vain. Madame Flamme en possède-t-elle la clé  ? Je reviens sur mes pas et m’engage prudemment sur les marches qui mènent quelques mètres plus bas. Cette fois, le cadenas est ouvert et je ne peux pas me retenir. Je pousse précautionneusement la porte qui grince à peine en s’ouvrant.

Un long couloir sombre au bout duquel brille de la lumière. J’ai un frisson ; ça me fait songer au documentaire que nous avons regardé au cours de philosophie et qui parle du tunnel par lequel filent les âmes de ceux qui vivent une expérience proche de la mort. Brrr… Et si je n’en revenais pas… Mais Madame Flamme n’a rien d’une allumée et si elle est descendue jusqu’ici, c’est que je peux la suivre. Je m’enfonce dans l’obscurité en mar-chant sur la pointe de mes tennis rose bonbon. Pas un bruit, pas un craquement, pas un mot. Où est passée ma prof  ? La source lumineuse se fait de plus en plus vive et j’atteins bientôt un grand hall surmonté d’un lustre digne du château de Versailles ! Toutes les ampoules ne fonctionnent plus, mais c’est impressionnant et je cligne des yeux. Complètement incongru dans le sous-sol de mon antique lycée. Trois portes. Celle du milieu est entrouverte et j’y distingue une tache de lumière : la chevelure blond pétant de Madame Flamme ! J’ai à peine le temps de me jeter dans l’ombre du couloir ; elle apparaît, belle, souriante et visiblement bouleversée. Tournée vers la porte ouverte, elle fait un petit signe ému de la main. Vers qui  ? Mieux : du bout des doigts, elle envoie un baiser dans la même direction et se retourne.

Bob Tarlouze n’est pas une andouille et, quand il n’a d’autre issue que la fuite, il n’hé-site pas à prendre ses jambes à son cou. Je file dans le couloir à grandes enjambées de panthère rose. J’ai un sourire en imaginant que si je portais les bottes cloutées de Johnny, je me ferais prendre en courant comme une rafale de kalachnikov ! La lumière s’éteint dans mon dos. Je rejoins le rez-de-chaussée avant que Madame Flamme n’atteigne la porte interdite. Sauvé ! C’est alors que j’entends une voix que je connais bien et qui me hérisse tous les poils de la peau.

— Qu’est-ce que tu fiches là, Tarlouze  ? Tu es devenu apprenti spéléologue  ?

La fouine ! Toujours là où on ne l’attend pas ! Pas le temps de disserter.

— Filons, dis-je. Je ne suis pas seul. Filons si tu ne veux pas d’ennuis.