Moi, ministre de l'enseignement - Frank Andriat - E-Book

Moi, ministre de l'enseignement E-Book

Frank Andriat

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Beschreibung

Les profs au feu et l’école au milieu a créé le débat en septembre dernier. Le gentil auteur de Vocation Prof était-il devenu un vieil aigri méchant et agressif ? Frank Andriat en a entendu (et en a lu) des vertes et des pas mûres ! Mais il a aussi éveillé beaucoup d’espoir parmi les professeurs heureux que quelqu’un exprime enfin tout haut ce que tant d’eux pensent tout bas. Suite aux nombreuses rencontres que l’auteur a vécues depuis la sortie de son livre, suite aux réactions de milliers de lecteurs, il a eu envie d’aller au-delà de la critique et de faire quelques propositions qui redonneraient du sens à l’école. Après les dix commandements de son pamphlet, voici dix idées qu’il mettrait en lumière s’il avait la charge de l’enseignement. Moi, ministre de l’enseignement est la suite positive de Profs au feu et l’école au milieu. Un coup de cœur après un coup de colère ! Mais qu’on ne s’y trompe pas : Frank Andriat ne perd rien de sa verve et de son regard critique. Pour créer du sens, il faut pointer ce qui est absurde et s’indigner. Plus que l’école, c’est notre société qui tourne fou. Voici dix propositions pour qu’elle se porte mieux !


À PROPOS DE L'AUTEUR 


Auteur de nombreux romans, Frank Andriat a aussi publié, chez Desclée de Brouwer, plusieurs textes intimistes qui disent les profondeurs de l'âme humaine.

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Moi,

ministre de

l’Enseignement

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Moi, ministre de l’Enseignement

Frank Andriat

Renaissance du Livre

Avenue du Château Jaco, 1 – 1410 Waterloo

www.renaissancedulivre.be

couverture: aplanos

isbn: 978-2-507-05262-1

Droits de traduction et de reproduction réservés pour tous pays.

Toute reproduction, même partielle, de cet ouvrage est strictement interdite.

frank andriat

Moi,

ministre

de l’Enseignement

Aujourd’hui, plus sans doute que jamais au cours de notre histoire, nous sommes face à une bifurcation : d’un côté la voie facile de la domination de quelques-uns sur la multitude des démunis – une société fondamentalement esclavagiste, efficace, ordonnée, mais où presque la totalité des hommes vivront sans espoir – ; de l’autre, le chemin escarpé, périlleux, d’une recherche de l’égalité entre tous les membres de l’espèce, la construction jamais achevée d’une société où tous les hommes se sentiront chez eux partout sur la Terre des Hommes.

La barbarie ou la démocratie, il faut en décider aujourd’hui.

Albertjacquard,J’accuse l’économie triomphante.

Désolé et merci !

L’école mérite mieux qu’un pamphlet.

Marie-Martine Schyns

Lors de sa parution en 2013,Les profs au feu et l’école au milieua eu l’effet d’une bombe dans les milieux de l’enseignement. Les médias ont joué leur rôle de chambre d’écho, donnant à certains l’occasion de présenter, souvent sans nuance, « le livre coup de poing d’un prof en colère ». Je le concède volontiers, tout au long des dix commandements caustiques de mon pamphlet, je n’ai ni fait dans la dentelle, ni ménagé les pédagogues et les politiques, pour ne citer qu’eux.

Un livre plus nuancé n’aurait pas bénéficié de ceretentissement médiatique. Dès sa parution, les télévisions et les radios se sont bousculées dans l’espoirde recueillir le témoignage du petit prof pourfendeurde pédagogues et de ministres. J’ai couru d’un studio à l’autre, invité à autant de duels et de confrontations toujours rapides et superficielles. C’est la loi des médias audiovisuels. Au cours de ces interviews minute, on attendait de moi qu’en quelques phrases, je rende aux professeurs leur aura perdue. Que de quelques coups de baguette, je règle tous les problèmes de l’enseignement.

Sincèrement, je n’avais pas anticipé un tel déluge de réactions, d’émotion et de provocations. Pour les uns, le gentil professeur-écrivain pour adolescents s’était mué en vilain atrabilaire aigri. Un indésirableque certaines directions d’école hésitaient désormaisà inviter ! D’autres m’ont gratifié de solides « couilles de taureau » : enfin, quelqu’un osait publier ce que tant d’enseignants pensaient sans le dire. Certains, ignorant manifestement les réalités du monde de l’édition en Belgique, ont même affirmé que j’avais rédigé ma diatribe par appât du gain ! J’en ai entendu et vécu des vertes et des pas mûres. Quelle expérience !

Après le mois de folie médiatique accompagnant la rentrée scolaire, le monde est soudain passé à autre chose. Aux oubliettes le problème,chassé l’espoir de solution : on se remit à zapper d’unenouvelle à l’autre sans chercher de sens. Quelle leçon de vie ! Où va ce monde qui galope de plus en plus vite, usant les porte-parole les uns après les autres ? Quel avenir pour un monde qui ne prend plus le temps de se poser, d’analyser et de déterminer le cap à tenir ?

J’ai reçu des centaines de messages et de témoignages plus poignants les uns que les autres. Bouleversants, souvent. Je tiens à remercier tous ceux qui m’ont adressé leurs marques de soutien et de sympathie, ces enseignants blessés dans leur métier qui m’ont confié que mon livre leur avait donné envie de reprendre leurs classes. Je leur avais, me disaient-ils, rappelé leur fierté et leur envie, leur besoin de travailler bien, loin des diktats de toutes sortes. Qu’ils soient assurés de ma gratitude pour leur confiance, pour ces tranches de vie partagées, fleuries d’émotion et de gentillesse.

D’autres ont été moins tendres. Quelques-uns ont été odieux, lamentables. Ne l’avais-je pas cherché ? Je profite de ce livre pour rappeler ce qui me semble évident : mon objectif n’était pas de blesser qui que ce fût. Aucune attaque personnelle au menu, c’est un système, un état d’esprit que je visais. Je suis désolé que certains aient pris pour eux mes formules à l’emporte-pièce. Comme cette « mérule » qui m’est revenue comme un boomerang ! Pauvres pédagogues de terrain que je n’avais pas pris soin de dissocier de leurs collègues en chambre, qui réinventent l’école à coups d’idées folles !

Ce premier volet m’a permis d’aller à la rencontre de ces personnes, de leurs étudiants et de leurs collègues et de voir comment ils tentent d’améliorer la situation, de construire l’école au quotidien, à partir de la base et à mille lieues des technocrates qui, à l’abri de leur bureau, tracent le chemin de croix des professeurs et de leurs élèves.

Pardon d’avoir blessé des personnes qui, comme mes collègues et moi-même, sont des artisans de l’essentiel et qui, sans (trop) jargonner, réfléchissent à l’école et à ses mutations dans une société de plus en plus folle. Merci à eux de m’avoir tendu la main et de m’avoir proposé de mieux les connaître : ils ont enrichi ma réflexion dans un esprit sincère de partage et de dialogue. De Bastogne à Loverval, de Louvain-la-Neuve à Bruxelles, d’Arlon à Liège, aux quatre coins de la Wallonie, j’ai rencontré des gens extraordinaires à qui je rends hommage.

Un livre est magique : il circule partout, suscite des réactions, crée des polémiques, ouvre parfois à des réponses. Il invite aussi à la rencontre. Librairies, bibliothèques et écoles m’ont invité à débattre et m’ont ainsi permis de croiser des personnes étonnantes : des noms me viennent en tête, des visages, des sourires… Certains me voyaient porte-parole des professeurs, voire futur ministre, d’autres m’ont proposé de créer un mouvement de protestation, de me seconder en gérant un site, une page Facebook et j’en passe… Je n’ai pas cette énergie : je donne mes cours et j’écris des livres. Celui que vous tenez entre les mains est une réponse à ceux qui désiraient que j’aille au-delà de mon pamphlet, que j’ouvre des pistes d’où germeraient des solutions, que je ne me contente pas de démolir et qu’enfin, je construise.

Marie-Martine à l’école

Marie-Martine Schyns a raison : l’école mérite mieux qu’un pamphlet et c’est pour cela que je reprends la plume. DansLes profs au feu et l’école au milieu,je n’ai pas ménagé la classe politique. J’ai pourfendu les porte-flambeaux de ces réformes pathétiques qui ont rendu l’enseignement de moins en moins lisible et de moins en moins praticable. Je suis heureux que la sortie de mon livre ait coïncidé avec la nomination d’une nouvelle ministre issue du monde de l’enseignement, d’une personne que j’ai plus ressentie comme une enseignante que comme une femme politique. Une dame qui, de son trône, aurait pu tancer le fou du roi que j’étais devenu. Au contraire, elle m’a écouté, a posé avec moi des questions essentielles tout en soulignant qu’elle ne pourrait pas réparer seule les dégâts dont souffre lebâtiment École. Cette femme politique n’était pasmuepar la seule perspective des prochaineséchéances électorales. Je remercie Marie-Martine Schyns, une ministre qui connaissait les professeurs et qui aurait pu les soutenir. Puisse son successeur se montrer aussi à l’écoute qu’elle. Puisse-t-il cultiver, comme elle, l’art de ne pas se prendre au sérieux. Puisse-t-on encore confier le portefeuille de l’éducation à un membre du corps enseignant, quel que soit le parti politique démocratique d’où il provienne. Cela permet aux professeurs et aux écoles d’entrevoir une lueur d’espoir : dans l’enseignement, il faut se donner du temps et oublier pour une fois les mantras de la compétitivité, de la croissance et de la recherche effrénée de résultats immédiats.

Rares sont les politiques qui pensent leur action sur le long terme. Ce n’est pas nouveau, mais c’est un problème social majeur. Au sens noble, la politique n’est pas le souci d’être réélu, encore moins de s’accrocher au pouvoir comme une moule sur son poteau, ou de se transmettre la charge de père en fils ! Au contraire, il s’agit de travailler en toute humilité au bien commun, à lares publica, en mettant tout en œuvre pour améliorer un présent constructeur d’avenir. Qui le sait encore ? Ils sont dangereux, ceux qui se contentent de colmater les brèches sans visionglobale d’une société durable. Heureusement, comme dans toutes les professions, certains agissent encore en bons pères et mères de famille, en producteurs de sens. Ces hommes et ces femmes ten­tent de défendre des valeurs fondamentales, cellesd’une école de qualité dans le cas qui nous occupe.

Michel De Herde, échevin de l’Enseignement à Schaerbeek, figure parmi eux. Comme la majorité, mon livre l’a fait réagir. Et il n’a pas craint de soutenir publiquement ce brûlot politiquement incorrect. Je l’en remercie. Réaliste et pragmatique, il connaît la mécanique des médias qui font et défont le monde à coups de slogans rapidement oubliés sous le poids des nouvelles. L’important, m’a-t-il dit, est de ne pas en rester là, de faire en sorte que ma parole ne soit pas enterrée, de défendre toujours et encore un enseignement de qualité et une école de l’excellence pour tous. Une école en opposition avec le grand foutoir jargonnant, sclérosant et dirigiste qu’elle est devenue. C’est aussi pour lui que j’écris ce nouveau livre, pour que le souffle ne s’éteigne pas et que d’autres reprennent le flambeau. Qu’ils cons­truisent l’excellence et la démocratie, qu’ils offrent aux enseignants de retrouver la fierté de leur métier.

Ce livre est dédié à ma direction, aux professeurs de terrain, aux milliers de collègues que mon pamphlet a fait réagir, à celles et ceux qui vivent quotidiennement dans des conditions de travail souvent de plus en plus pénibles, à ces passeurs de lumière, ces artisans du réel qui construisent, avec leurs élèves, un monde où tous pourront se reconnaître, qui développent des connaissances, qui font réfléchir, qui entraînent l’esprit critique et libre afin d’éviter que chacun se replie sur soi, en des identités assassines créatrices de violence et de conflit. Merci à vous, chers collègues, d’œuvrer à un univers différent de celui des spots publicitaires, à un univers où l’école demeure un outil d’émancipation sociale et intellectuelle. Un monde où l’enseignement ne se réduit pas à entraîner nos élèves à servir l’argent et le pouvoir ! Merci à vous d’oser croire que l’intelligenceet la culture améliorent le monde et cons­trui­sent l’humanité. Merci de transmettre les connaissances et l’ouverture qui vous ont été transmises et de ne pas céder aux sirènes de la facilité ! Malgré ce qu’affirment certaines publicités, on ne trouve pas un bonjob sans effort. Malgré certains slogans à la mode, il faut travailler pour réussir. Merci, enfin, pour votre engagement et pour la flamme que vous portez même si, en bout de course, elle vous rapporte plus de sourcils froncés que de médailles !

Moi, ministre…

Moi, ministre de l’Enseignement? La grosse tête, moi ? Pas de panique ! La volonté de conserver mon entière liberté de parole m’interdit de m’affilier à un parti politique. Depuis un an, j’ai côtoyé trop de personnes qui ne pensaient plus par elles-mêmes et défendaient les valeurs et les idées de leur formation politique. La simple évocation d’une possible validité d’arguments différents, opposés, suffisait à les braquer. Hors de leur ligne idéologique, point de salut.

Ce titre, vous l’aurez compris, a pris la forme d’unclin d’œil à ce fameux monsieur Tout-le-mondedevenuprésident de la République, qui avait lancé ce slogan de campagne devenu mythique :Moi, président…François Hollande avait éveillé en 2012 chez bien des Français un espoir de changement. Il s’était lancé dans l’arène probablement bourré de belles intentions. On ne peut que déplorer la mélasse dans laquelle il patauge à présent et le désaveu massif dont il fait l’objet malgré une poignée de réformes courageuses et ouvertes aux autres.

J’en tire une leçon : cessons d’attendre de celles et ceux qui nous gouvernent qu’ils réalisent des miracles. Cessons d’attendre le messie qui construirait ce que ses prédécesseurs se sont acharnésà détruire. Souvenons-nous qu’avant d’espérer la conduire à la lumière, Obama a dû s’acharner à sortir l’Amérique de Bush de l’enfer ! Exigeons cependant de nos dirigeants davantage d’éthique, d’engagement en faveur de nos valeurs démocratiques et de force pour s’opposer aux rêves des financiers. Rappelons-leur que notre monde appartient à tous et pas à quelques-uns et qu’il est de leur devoir de bâtir une société digne pour tous, une terre arc-en-ciel. C’est possible : Nelson Mandela n’y est-il pas arrivé ? Mieux, c’est possible sans bain de sang, avec humilité, respect de l’autre et amour.

Hors de la prison idéologique des partis, en tentant de picorer ce qui est bon chez les uns et les autres, le ministre que je ne serai jamais propose dans ce nouveau livre, avec humilité et humour, des pistes, des voies de liberté et de lumière, des possibilités de réfléchir pour que nos politiques et nos pédagogues se libèrent des dogmes. Qu’ils retrou­vent avec simplicité le sens du bien commun.Moi, ministre de l’Enseignement…je défendrais une école où chacun, qui qu’il soit, d’où qu’il vienne, puisse trouver confiance en lui-même et en l’humanité.

Les spécialistes qui liront mon livre le trouveront à nouveau approximatif, peu scientifique, oublieux des théories établies. Qu’ils me pardonnent la non-intellectualisation de pratiques qui font de moi un professeur heureux. Qu’avec intelligence et simplicité, ils s’attachent à rendre possibles certaines des pistes proposées ici. Qu’ils créent le cadre d’une école et d’une société compréhensibles par tous.C’est tout ce que je souhaite.Les profs au feu et l’écoleau milieuétait un coup de colère,Moi, ministre de l’Enseignementest un coup de cœur. Je vous en souhaite une agréable lecture.

1

Je défendrais une école de l’excellence pour tous

Le monde sera-t-il sauvé par un surcroît d’information, par des ordinateurs plus rapides ou par une nouvelle analyse scientifique ou intellectuelle ? N’est-ce pas de sagesse que l’humanité a le plus grand besoin, maintenant ?

Eckhart Tolle,L’art du calme intérieur.

Inutile de se voiler la face, l’école n’est plus ce lieu privilégié, à l’abri des modes, où science et culture se transmettent avec humanisme. Progressivement, elle s’est transformée en un lieu utilitaire où règnent les slogans des chantres sans conscience de la croissance économique et du libéralisme mondialisé. De nombreux témoins en attestent et les enseignants le remarquent sur le terrain : la multiplicité des réformettes dont l’enseignement est victime depuis trop d’années le nivelle par le bas. Volonté politique ? Prétendre que l’école a su rester un paradis perdu est la preuve d’un regard biaisé sur la réalité. Pire, un aveuglement volontaire afin de préserver des rêves pédagogiques inféodés à une vision utilitariste et égalitariste du monde. Ceux qui se complaisent dans ces mirages ont tôt fait de taxer d’aigris et de nostalgiques ceux qui dénoncent la catastrophe.

Notre société politiquement correcte a besoin de lisser, d’éviter les vagues. C’est à ce prix qu’ellearrive encore à convaincre ceux qu’elle nommecitoyens, sans les considérer comme tels pour autant, que l’avenir sera radieux même si le présent ne l’est pas. Depuis la parution desProfs au feu,certains ont affirmé sans sourire que, même si j’avais raison,cela ne se faisait pasde dire que les choses allaient mal. Positivons, tout ira mieux ! Imaginez un médecin qui agirait ainsi : il serait accusé de non-assistance à personne en danger. L’optimisme béat est stupide et malhonnête. Et destructeur : il conduit droit au chaos. Lorsqu’une personne est malade, on lui fait subir des examens et on cherche des moyens de la guérir. C’est la seule attitude saine à observer.

Un grand corps malade

Confrontée aux réformettes qui la gangrènent, l’école malade ne se soigne pas. Pire, on prétend que la raison de son déclin tient à des acteurs incapables de comprendre les remèdes. Et plutôt que d’oublier ces recettes indigestes, on organise des formationspour les comprendre ! Ainsi de la pédagogie parcompétences, née d’idées généreuses, mais qui, dans la pratique, a été mal comprise, amenant finalement les professeurs à ne plus maîtriser ce qu’ils doivent enseigner. Et au lieu de reconnaître l’échec et de réagir en revenant à des savoirs précis et des exigences claires, on s’enfonce dans une zone de turbulences et de non-sens où professeurs, élèves et parents se retrouvent perdus.

Qu’entendent donc nos responsables politiques et nos pédagogues en chambre par « école de la réussite » ? Une certitude : un lieu flou où tout se transforme en formules pseudo-scientifiques et en slogans séducteurs, mais où tout le monde se demande avec angoisse ce que l’on peut encore exiger. Un maçon qui élève un mur sait précisément où il va et quel objectif il poursuit. Un mur ne ment pas. Lorsqu’on demande à un professeur d’amener un élève à développer unpackage