Mission « présumée d’impossible » - Georges Brau - E-Book

Mission « présumée d’impossible » E-Book

Georges Brau

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Beschreibung

Honorable correspondant de la DGSE, Paul a pour responsabilité de libérer deux agents de la « Piscine » retenus par l’EI-K, l’équivalent de Daesh en Afghanistan, ce pays nouvellement en prise des Talibans après la débandade des Américains à Kaboul.
Des péripéties guerrières et haletantes sur une mission « présumée d’impossible » afin de remonter des pistes de prisons de Daesh pour découvrir ou sont emprisonnés ses compatriotes.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Ancien officier supérieur d’organismes qualifiés de spéciaux, Georges Brau vous fait découvrir l’univers très particulier des soldats de l’ombre en relatant leurs missions qui ne transpireront jamais dans les médias.

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Georges Brau

Mission

« présumée d’impossible »

Roman

© Lys Bleu Éditions – Georges Brau

ISBN : 979-10-377-7236-7

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivante du Code de la propriété intellectuelle.

Du même auteur

–Safari de Sarajevo au Darfour, 2005, Éditions Esprit de tous les combats ;

–Loups de guerre, 2007, Éditions Libre Label ;

–Nébuleuse Afghane, 2009, Éditions Libre Label ;

–Passé par les armes, 2013, Éditions du Rocher ;

–Mission Spéciale au Sahel, 2015, Éditions du Rocher ;

–Entre deux Feux, 2017, Éditions Eaux Troubles ;

–Filière pour Mossoul, 2018, Éditions Eaux Troubles ;

–Traque en Centrafrique, 2019, Éditions Eaux Troubles ;

–Uchronie pour Guerriers de l’Ombre, 2019, Le Lys Bleu Éditions ;

–Labyrinthe en Libye, 2020, Le Lys Bleu Éditions ;

–Missing au Congo, 2020, Le Lys bleu Éditions ;

–Peshmerga for ever, 2021, Le Lys Bleu Éditions ;

–Hallali de Libye en Haut-Karabakh, 2021, Le Lys Bleu Éditions.

Jeunesse

–La Légende du Dragon d’Orx, 2012, Mon Petit Éditeur ;

–Le Secret des rives de l’Uhabia, 2015, Édilivre ;

–Le Trésor des Naufrageurs de l’île d’Oléron, 2018, Le Lys bleu Éditions.

Avant-Propos

Pour ceux qui ignoreraient la personnalité du principal acteur de ce roman, un indispensable rappel.

Paul est un ex-officier supérieur de l’armée française ayant principalement exercé dans les Forces spéciales et autres organismes spéciaux au cours de nombreuses OPEX.

Le plus souvent notamment quand mandaté par la DGSE, il se trouve impliqué dans des missions clandestines, opérations dont les Médias ignoreront toujours leur existence, même si parfois le subodorant, nombreux morts hélas jalonnant son itinéraire, même si celui-ci en permanence voulut des plus discrets.

Ainsi et bien qu’en retraite de l’armée, notre barbouze continue à servir « d’Honorable correspondant » à la DGSE. Officine où s’exercent ses compétents talentueux savoir-faire pour des missions où la France n’est aucunement autorisée à ouvertement se manifester.

En effet, si de telles ingérences étaient constatées, elles seraient irrémédiablement condamnables par le droit international.

D’où d’opérer en Free-lance, parfois avec un solide alibi pour éventuellement justifier de sa présence en territoire étranger.

Selon les pays concernés, une couverture parfois peu confortable et se voulant sécuritaire, que ce soit pour mener une simple enquête, ou résoudre des problèmes pour lesquels tout spécialement il a été mandaté et parachuté en électron libre.

Des contextes mirobolants avec des situations hyper dangereuses qui nécessitent parfois des résolutions radicales. Aussi, pareil à un 007, lui aussi détient l’autorisation d’exécuter des homicides sur des ennemis publics internationaux.

D’où à bourlinguer dans de nombreux pays en prise à la guerre, comme dernièrement tels le Kurdistan, le Haut-Karabagh et la Libye, voire en pleine Afrique, notamment dans les deux Congo.

Bref dans ce roman, l’actualité l’entraîne vers l’un peu engageant retour en Afghanistan, pays où déjà depuis plus de deux mois les talibans y ont pris le plein pouvoir.

Pour rappel, un coup d’État rapide et plutôt inespéré, bien aidé en cela par la capitulation des Américains et regrettablement associée à la totale déroute de l’armée nationale afghane.

Le tout au sein d’une population résignée et renonçant à prendre la résistance à l’exception de quelques-uns, dont le fils de feu le célèbre Commandant Massoud.

Ce livre ne se veut qu’essentiellement un roman d’aventures. Aussi, toutes ressemblances avec des personnes existantes ou ayant existé, tout comme des lieux qui feraient encore plus ou moins opportunément l’actualité, ne seraient que de pures coïncidences.

Toutefois, ces écrits s’inspirent effectivement de faits réels. Ceux-ci vécus par de discrets soldats de l’ombre qui œuvrent en permanence et en clandestinité sur ces territoires en proie à l’anarchie et à l’obscurantisme.

Première partie

Infiltration en Afghanistan

1

De nuit, l’avion français volait à 12 000 mètres d’altitude. Il empruntait un axe commercial réglementé en toute légalité, avec plan de vol officiellement déposé et survol autorisé sur la partie Est de l’Afghanistan.

Il s’agissait d’un A400M, un dernier né pour le transport de l’armée française afin de remplacer les loyaux services de ce vieux Transal, autre aéronef en fin de potentiel et rendant encore d’excellentes prestations.

Ce tout nouveau transporteur étantde dernière génération, spécialement doté de performances supérieures à son néanmoins glorieux prédécesseur.

Plus techniquement d’abord, un plus vaste rayon d’action offert à ses utilisateurs, associé à un plus important fret de sa vaste soute et ses personnels à accueillir pour le transport ou à vocation parachutiste pour être largués.

En cette tardive deuxième partie de la nuit, la soute était tamisée. Curieusement et répartis dans les deux travées, peu de passagers occupaient les sièges des quatre rangées d’accueil aux personnels.

Parmi eux, on y remarquait huit, car curieusement grimés, comme si désireux de se faire passer pour des étrangers et non de type européen.

Afin d’en accentuer le déguisement, ils étaient barbus à l’extrême et revêtus de vêtements locaux afghans, les célèbres Camiz-charouar.

De quoi logiquement interroger le personnel navigant et se poser des interrogations sur le pourquoi de ces déguisements afghans, même si survolant ce même pays.

Contrastant à cette originale équipe qui semblait vouloir se rendre incognito en Afghanistan, avec eux et indépendants du personnel navigant, six largueurs militaires en tenue classique les accompagnaient. Eux plus sobrement vêtus en combinaison ad-hoc et équipés de vestes fourrées en prévision des températures à subir quand en plein vol l’ouverture de la soute.

Leur rôle plus tard étant d’assister « ces faux Afghans » pour leur saut de nuit opérationnel en totale clandestinité, donc en clair, sans accord tacite du pays concerné.

Pour parvenir à cela, un plan de vol réglementaire afin de traverser l’espace aérien afghan afin d’officiellement se rendre vers une mission humanitaire au Turkménistan, l’État voisin de l’Afghanistan.

Plusieurs heures auparavant, ce petit monde avait été accueilli en soute avec de légitimes stupéfactions de l’habituel et classique personnel navigant. D’ailleurs, quoi de plus naturel pour réaction à l’accueil de ces singuliers passagers et au look peu avenant, sans omettre leurs encombrants matériels à solidement arrimer avant le décollage.

Un accueil volontairement excentré sur ce tarmac de la base du CIRP d’Orléans où ce performant A400M venait d’être mis en alerte au sein de son escadrille.

Une mobilisation reçue sous pli scellé avec le tampon secret-défense pour que seul le commandant de bord en prenne rapidement connaissance.

Au programme et sans ambiguïté, une mission de transport avec plan de vol officiellement déposé à l’international où y était spécifié de procéder discrètement à un saut opérationnel de nuit à haute altitude en précisant les coordonnées de largage.

À la suite du repérage technique sur la carte, les paramètres indiquaient que ce jump serait sur une région sauvage et dépeuplée, plutôt excentrée dans l’est de l’Afghanistan.

Une mission singulière et à assumer au bénéfice de ces drôles de personnages à la mine peu rassurante et au regard incisif. En clair, pas le genre de gars à vouloir leur demander l’heure ou également ne serait-ce que du feu… Bref, pour ce commandant de bord, sa mission était simple, cette nuit parachuter ce stick et leurs matériels aux alentours des 8000 mètres d’altitude et en lointaine périphérie de la ville de Nangarhar. Ce patelin voisin à environ cent cinquante kilomètres pleins est de Kaboul, célèbre capitale afghane.

Cependant, la dangereuse particularité ambiante d’être retombée aux mains des talibans, et ce dès le 15 août après la déroute calamiteuse des Américains, traversa les pensées de ce commandant de bord, pas prêt d’échanger sa place avec un de ce stick.

Effectivement, chez cet équipage émanait une pensée respectueuse envers ce peu commun stick, nul n’ignorant que depuis plus de deux mois là-bas sévissait la Charia après cet inattendu coup d’État. Une prise de pouvoir menée sans résistance et jusque-là sans trop de dégâts collatéraux, même si les futures menaces ne tardaient pas à sévir sur la résignée population afghane.

Aussi, une immersion clandestine en de telles conditions géopolitiques serait alors indéniablement un réel danger pour ces agents français. Donc, il est mieux de chercher à comprendre pourquoi ils s’étaient vêtus et grimés de la sorte afin de tenter de passer incognito.

L’actualité de ce début d’octobre succédait déjà à environ deux mois depuis cette révolution où ces insurgés talibans sévissaient contre le peuple afghan pour imposer leur répressible et redoutée Charia, y compris ses abjectes lapidations de femmes.

Un destin d’oppression pour cette population à la suite d’une éclatante victoire des talibans contre ce colosse aux pieds d’argile que furent les USA.

Fidèle à sa fréquente couardise, l’Occident n’avait pas bronché en dépit des menaces de représailles du Président américain et surtout consécutives aux attentats terroristes survenus lors de la débâcle sur l’aéroport de Kaboul.

Ces attentats parallèlement revendiqués par un autre empêcheur de dormir en rond, leur éternel ennemi dénommé Daesh qui concurrençait les talibans en faisant régner la terreur. Des djihadistes prétendant honteusement qu’il s’agissait de l’unique volonté de leur Dieu Allah.

Pour revenir à l’accueil de leurs singuliers passagers et à l’allure générale qui flirtait avec le patibulaire, l’imagination allait bon train chez ces aviateurs chargés de les transporter. Déjà, certains n’hésitaient pas à extrapoler plusieurs hypothèses, notamment sur la mission secrète et supposée de ces drôles de zèbres.

Au hit-parade de ces suggestions, celle les identifiant comme de compétents agents secrets envoyés sur cette zone afin de punir les commanditaires responsables de ces récents attentats à Kaboul.

Au programme de ce stick, des représailles précisément ciblées à la suite de quelques frappes par drones américains sur de supposés camps de Daesh et qui n’auraient hélas pas obtenu les résultats escomptés. Notamment pour venger la centaine de morts à l’aéroport de Kaboul, dont ces treize militaires US.

Mais comme on pourrait s’y attendre durant ce long voyage, ces braves transporteurs ne recevraient aucune confidence de ces huit silencieux passagers.

Ces drôles de barbouzes vêtus à l’afghane avaient préféré dormir sitôt leur matériel embarqué et après l’avoir consciencieusement revérifié, s’attardant volontiers sur les moindres détails, de la précision suisse. Un matériel encombrant, entre leurs parachutes pour le saut de nuit et autres gros colis sophistiqués et au contenu inconnu.

Malgré l’habitude de largage, ce type de gaines n’avait jamais été vu par ces aguerris aviateurs qui pourtant possédaient des expériences sur ces extractions à haute altitude.

Cependant, ces « Gonfleurs d’hélice », surnom taquin pour les aviateurs par leurs collègues rampants de l’armée de terre, ne feraient donc que d’ouvrir et de refermer la rampe d’accès.

Bref à chacun son job. Ensuite, d’autres largueurs affiliés à la même maison de ce commando se chargeraient de faire basculer dans le vide leurs volumineux « colis humains équipés de leurs gaines ».

Une phase délicate à séquencer ces largages au cours d’une nuit opaque et sans les traditionnelles lampes « m’as-tu vu » pour se signaler aux autres sautants comme lors d’habituels sauts d’entraînement.

Là, ce serait de l’opérationnel en grandeur nature, d’où l’étagement des chuteurs à scrupuleusement respecter.

Parmi ce peu commun commando, seul et à ne pas encore dormir ou à somnoler dans la soute, figurait un autre étrange passager, a priori le plus âgé de ce groupe. Limite un sympathique papi et sans doute leur chef, puisque plusieurs égards des autres équipiers constatés envers ce singulier et intrigant personnage.

Lui aussi était exceptionnellement barbu, mais moins que les autres, en revanche, il était le plus bronzé de l’équipe.

A priori, son teint habituel en raison de sa localisation, en permanence basané par le grand soleil de sa belle ville de Bidart au Pays Basque.

Son hâle également méditerranéen pour lui donnait ses belles couleurs car associé à son origine Pied-Noir, d’où cette pigmentation basanée.

« Honorable correspondant » de la DGSE, pour l’heure ce dénommé Paul n’était nullement enclin à somnoler.

Pensif, il semblait préoccupé. En fait, il repensait à ces évènements qui s’étaient brusquement accélérés, quand urgemment sollicité par « La Piscine ».

Au programme, son express mobilisation, au point en moins de quarante-huit heures le sortir de sa retraite basque afin d’être embrigadé en de courts délais auprès de ces expérimentés chuteurs opérationnels de la « Boîte ».

Même si habitué à revêtir ce spécial costume d’agent, Paul avait d’abord assisté à de l’excellente barbouzerie en grandeur nature.

En clair, raccroché à une équipe particulière où nul n’ignorait la première partie de la mission à assumer, dont cette mise en place clandestine en Afghanistan par saut de nuit opérationnel et à haute altitude.

Toutefois, le reste de sa mission demeurerait inconnu pour ses actuels accompagnateurs d’un soir.

Phase gardée secrète, en symbiose avec ce personnage à déposer en toute sécurité sur une zone considérée comme hautement ennemie.

Cloisonnement oblige et comme tout un chacun drillé à cette intangible loi de « la Maison », ces autres chuteurs s’en contenteraient. Pour ne pas dire qu’ils s’y plieraient, le reste n’étant plus leur problème.

Surtout et seulement demeurer concentrés sur ce prochain jump de nuit à haute altitude…

2

Dans ce contexte moyennement angoissant, pas la première fois où Paul serait ainsi rapidement mis dans le bain.

Différemment à ses habitudes et à son flegme légendaire, force de constater que ce barbouze semblait cependant moins serein. Sensation à cacher sur l’équipe de chuteurs, afin de ne pas inquiéter outre mesure ses prochains accompagnateurs d’un soir.

Toutefois mentalement, il ne pouvait s’empêcher de penser à ce spécial saut en parachute.

Au menu, une appréhension compréhensible, car cela faisait longtemps qu’il n’avait pas affronté les intangibles lois de la pesanteur et à une si démesurée altitude.

Avec ses grands amis Daniel et Franck, son tout dernier saut en tandem remontait à plus de trois ans lors d’une précédente mission au Congo. Un excellent souvenir, même si là aussi, leur situation ultra périlleuse au sol, en comparaison le saut n’étant qu’une simple péripétie, d’autant que si professionnellement accompagné.

(Lire : Missing au Congo.)

À son palmarès dans cette discipline, « ce chuteur sauvage » du 13 RDP possédait beaucoup de sauts à ouverture commandée, de jour comme de nuit, y compris sur zone boisée ou sur plan d’eau. Toutefois, de renouer ce soir à une sensation ultra connue de franchir la porte béante du grand vide, s’entremêlait insidieusement un léger picotement. Phénomène qui se transforma par cette fameuse boule au ventre que connaissent les chevronnés pratiquants de cette discipline.

De légitimes et saines appréhensions ressenties et en dépit que ce soir, son pilote tandem soit réputé d’expérimenté, avec des milliers de sauts à son élogieux palmarès.

Mais grande différence à noter et non des moindres, ce serait pour Paul une toute première avec ce jump à haute altitude sur un territoire hostile car nécessitant obligatoirement un masque à oxygène.

Repensant à ce qui l’attendrait quand la soute franchie, le barbouze imagina la suite d’un tel saut avec peu de chute libre et une ouverture du pépin quasi instantanée.

Ensuite techniquement, une longue infiltration sous voile avec le système Flight Level (FL) 240.

Un équipement complémentaire plutôt lourd et encombrant à devoir rapidement s’en accommoder, puisqu’à ce jour, jamais concrètement pratiqué par Paul.

Car quand équipés de ces indispensables impedimenta, certains des sautants l’accompagnant seraient lestés de gaines CL13, celles-ci affichant un poids total d’environ 145 kg.

Donc, ces mêmes compagnons qui en cette deuxième partie de la nuit, viendraient suivre son plus léger pilote tandem.

La technique opérationnelle avait énormément évolué ces deux dernières décennies. On était rapidement passé aux antipodes du classique saut de chuteur-opérationnel avec gaines plus légères et beaucoup moins encombrantes. Sans omettre cependant que ce n’était pas une sinécure de s’élancer dans le vide et facilement supporter l’ensemble.

Désormais, il s’agissait de caisses volumineuses qui nécessiteraient l’aide complémentaire de largueurs expérimentés pour faire basculer le para quasiment couché, son corps au contact de ce caisson. Un hyper colis appelé ironiquement par ces trublions de la chute : « leur cercueil ».

Aussi et malgré son grand intérêt d’avoir suivi les récentes évolutions techniques, Paul restait sidéré par cette nouvelle technique, toutefois en confiance absolue envers ses accompagnateurs d’un soir.

Selon ses talentueux officiers-traitant de « La Piscine » durant son long briefing reçu au Fort de Noisy, une fois l’équipe clandestinement posée en pays afghan, des amis de l’ethnie Hazaras exfiltrerait rapidement ses collègues hors de ce territoire.

Pour ce le concernant, Paul ne suivrait pas le même chemin d’esquive. Lui emmené en solo vers un camp de résistants tenu par un proche du fils du célèbre feu le commandant Massoud, le même qu’anciennement surnommé avec grand éloge et déférence : le Lion du Panshir.

Mais ce serait anticipé, car on n’en était pas encore arrivé à ce stade, le saut devant être auparavant effectué.

Comme en théorie pour les brillants analystes de la DGSE, ces diverses phases de la mission seraient convenablement huilées en conformité à la qualité professionnelle des participants, un gage important en préambule à la future mission du barbouze.

En revanche, pour celui assumant en solo ce job, comme à son habitude et avant mission quand les paramètres étudiés, Paul la qualifia sans retenue comme de précédente : de « véritable pot de pus ».

Effectivement et jamais cités par ces officiers analystes installés dans leurs confortables bureaux, le barbouze se remémora de fameux impondérables qui intervenaient aléatoirement au plus mauvais moment.

Au programme, de gros ennuis en perspective venant malencontreusement s’intercaler au cours de ses dangereuses missions. Avec en conséquence, de rendre leurs réalisations beaucoup moins faciles, voire impossibles et ce indépendamment de ses optimistes employeurs qui avaient en amont témérairement jugé sur une réussite facile à escompter.

Pour Paul donc, de sérieuses inquiétudes qui émoussaient sa sérénité, même si en règle générale rompu à ces difficultés du dernier moment.

Cependant et à son crédit, les exemples ne manquaient nullement pour fortement appuyer sa thèse, même avec photos à l’appui.

Mais persuadé que sa guerre serait perdue d’avance à convaincre ces bureaucrates ronds de cuir, Paul avait préféré éviter de s’opposer à ses officiers-traitants.

D’autant que cela ouvrirait les reproches, certains honnêtement mérités, dont ses méthodes peu orthodoxes.

Pour Paul, sa règle d’or suivait ce principe : l’occasion fait le larron ».

En ce domaine, il excellait, car jamais le dernier à saisir la moindre opportunité, opportune qualité de réussite pour de vrais aventuriers.

Les exemples de ce type ne manquaient jamais dans les aventures de cet « Honorable correspondant ».

Facilement et si la plume se faisait légère, on pourrait en écrire des dizaines de romans.

Au menu, d’inattendus rebondissements surgissant au pire moment de ses nombreux « pots de pus » à traiter, alors qu’auparavant promis par ses censeurs que tout étant soi-disant bien « huilé ».

Mais ce n’était plus l’heure à ces tergiversations ou à d’autres états d’âme.

Paul avait accepté la mission sans aucune réserve et ensuite, l’avenir lui dirait. Lui toujours motivé par les devises de ces deux régiments préférés, le « Qui ose gagne » du 1 RPIMa et « L’Au-delà du possible » du 13 RDP…

3

Le ronronnement continu des quatre moteurs concourait à une bienveillante sécurisation au sein de la pénombre de la soute de l’A400M.

Malgré une légère torpeur ressentie, toujours anxieux après son briefing au Fort de Noisy et datant de moins de vingt-quatre heures, Paul ne parvenait pas à s’assoupir. Pourtant, cela lui accorderait un peu de repos compensateur, semblable à ses côtés qu’accomplissaient ses accompagnateurs.

Pour préoccupation, cette nuit déjà très entamée et à la longue de manquer de cet indispensable sommeil réparateur. Mais plus insidieusement et limite parasite, viendrait ce spécial saut à effectuer sous peu. Sans n’oublier en bonus, une esquive dynamique pour quitter la zone afin de rejoindre des lieux prétendus de sécurisés.

Afin de faciliter un improbable assoupissement, les yeux du barbouze restaient fermés, à l’imitation de ses camarades. D’ailleurs pour la majorité, certains dormaient profondément, comme si la suite à venir considérée d’anodine.

Pour Paul, il était en recherche d’une momentanée évasion, celle-ci afin de s’éviter à trop extrapoler sur la suite des périlleux évènements quand parvenus sains et saufs au sol.

Du moins et si comme espéré unanimement, comme à son habitude le Patron des parachutistes au glorieux nom de Saint-Michel les assisterait durant leur saut.

Quasiment inévitables comme à chaque mission, plusieurs idées noires s’entrechoquaient parmi les multiples pensées du barbouze. Prédominante parmi ses élucubrations, limite obsédante compte tenu de sa périlleuse difficulté, cette toute nouvelle mission à assumer pour au plus vite parvenir à libérer deux agents de la « Piscine ». En clair avec photos à l’appui, deux prisonniers français actuellement présumés d’être aux mains des talibans.

Comme si déjà pas si simple comme hypothèse, peut-être seraient-ils aussi retenus par Daesh, d’autres méchants fanatiques barbus qui n’avaient rien à envier à ceux tout récemment parvenus au pouvoir.

Un Daesh toujours virulent dans ce pays des « Montagnes sauvages et chevauchant jusqu’au ciel », belle paraphrase empruntée à Kessel pour imager ce pays.

En effet, ce particulier Daesh se nommant l’EI-K demeurait omniprésent au point de rivaliser dans ses exactions avec les nouveaux maîtres du pays. Ces mêmes talibans avec leurs drapeaux blancs et leur perpétuel slogan dictant qu’il n’y aurait pas d’autre divinité qu’Allah et que Mahomet resterait pour la nuit des temps son Prophète.

D’où désormais pour tout afghan à obligatoirement suivre les écrits de ce Prophète reconnu et d’instaurer une Charria tyrannique qui entre autres prônait la permanente surveillance de la vertu des femmes afghanes.

En ce contexte étudié avec une attention soutenue, le doute subsisterait sur l’identité exacte de ces revendicateurs et prétendus détenteurs de ces otages français. Aux derniers renseignements parvenus à « La Piscine », les talibans auraient catégoriquement nié les détenir dans leurs geôles, proposant ironiquement à l’ambassadeur français de visiter leurs prisons officielles.

Habituellement connus comme volontiers retords, ce ne serait pas la première fois où « ces enturbannés » leur mentiraient éhontément.

Pour preuves, de multiples prisons annexes non déclarées ne manquaient pas dans cette immense région.

Également et à en prendre note, leurs déclarations s’accompagnaient d’un aveu trop spontané pour être honnête. De plus et pour mettre la puce à l’oreille, cette déclaration leur avait été signifiée avec extravagance et en le jurant sur l’omniprésent Allah, ce Dieu qui régissait leurs vies religieuses et autres travers politiques.

En revanche, toujours aussi opportuniste, L’EI-K n’avait pas non plus hésité à revendiquer leur emprisonnement. Pour ces fieffés terroristes peu patients, cela s’accompagnant de plusieurs enchères pour leur hypothétique libération.

Là aussi, ce n’était pas la première fois où ces « autres salopards » se tenaient prêts à tout revendiquer, même l’improbable.

Une politique coutumière chez eux pour se faire de la publicité et ainsi faire « vivre », sinon soutenir un djihad quelque peu essoufflé face à la non moins malsaine concurrence des talibans.

Au cours de cette analyse émise dans un climat de légère somnolence, étrangement cela rappela au barbouze sa dernière mission contre son autre ennemi d’alors.

En l’occurrence, ce chef syrien Barberousse à devoir abattre durant le plein conflit de la guerre des quarante-quatre jours dans le Haut-Karabakh, ce conflit entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie.

(Lire : Hallali de Lybie au Haut-Karabakh.)

Là aussi, le challenge hyper relevé et rétrospectivement en toute honnêteté, peu simple à réussir comme cette délicate mission « Homo » et ce quasiment en solo.

En clair, l’origine de cet ordre émanait d’une décision catégorique du « Bureau des Légendes », même si au préalable établie de concert avec l’accord élyséen. Ceci en légitimes représailles vengeresses envers ce Barberousse qui avait tué deux agents secrets de la DGSE, et ce en dépit de la rançon obtenue après de longues tractations.

Pour venger leurs compatriotes et sans en faire de publicité, cela s’était soldé pour Paul à un périple peu commun, dont un difficile début et une haletante filature commencée en Libye avec chaque fois au moment le plus inattendu, parsemé de rebondissements.

En final, Paul s’était ainsi retrouvé exposé en plein conflit dans le Haut-Karabakh. Destination ponctuée de nombreux accrochages, avant d’enfin réussir à abattre avec sang-froid ce membre de Daesh précédemment enrôlé par les Turcs d’Erdogan.

Aussi et en rapprochant comparativement ces deux missions, force serait de reconnaître quelques analogies pour ces jours prochains.

Un nouveau challenge qui avait séduit Paul, car quoi de plus chevaleresque que d’aller délivrer des prisonniers français en plein territoire ennemi. Mais revers de la médaille, pour y parvenir cela nécessiterait d’indispensables appuis.

En parlant de territoire ennemi, ce pays venait récemment de basculer sous le joug tyrannique des talibans. Sans oublier avec en cerise sur le gâteau, de ne jamais mésestimer parallèlement les virulents djihadistes de Daesh.

Du coup au programme de ce barbouze, une dangereuse immersion en solo en pleine zone d’insécurité permanente.

En effet, quand atterri sur le très dangereux sol afghan, Paul se devrait de précisément localiser le camp où étaient soi-disant retenus ses deux confrères.

Ensuite et quasi simultanément, de s’empresser à les libérer grâce à l’aide des rebelles Pachtounes ou Hazaras.

Hélas et comme dans certaines de ses précédentes missions, lui manquerait l’apport du Commandement des Opérations Spéciales, le grand COS qui ne pourrait participer à cette dangereuse balade afghane.

Pourtant, avec ses amis du 13 RDP et du 1 RPIMa, Paul se serait senti beaucoup plus fort.

Une hypothèse envisagée mais hélas peu probable, puisque nécessitant un deal entre la DGSE et le COS. Collaboration des plus incertaines dans la mesure où exceptionnellement ces organismes s’allieraient pour cette périlleuse opération commando en territoire ennemi.

Mais à cette heure et à voler à très haute altitude, on n’en était pas parvenu à ce stade de la finalisation de la mission, avec pour conséquence chez Paul d’écorcher en partie sa légendaire sérénité.

Persistant sur son obsédante réflexion, comme surgis de nulle part, quelques fantômes s’invitèrent pour s’associer à ce projet. D’envahissants spectres qui se matérialisèrent en la personne de Denis Alex, cet agent français détenu durant trois ans en Somalie par les rebelles Shébabs.

Avec lui et hélas en ce début d’année 2013, deux de ses camarades du Service Action du CPIS de Perpignan, tués alors que clandestinement venus tenter de délivrer leur camarade prisonnier.

Un coup de main raté en dépit d’une infiltration pourtant discrète, ces commandos passés maîtres en l’art de ce type de progression en territoire hostile.

Mais hélas et comme souvent, la scoumoune s’était invitée au dernier moment. Ainsi avant d’être sur le point de passer à l’action et neutraliser les ravisseurs, un impondérable avait malheureusement brouillé les cartes.

En fait, un de ces commandos avait malencontreusement buté sur une sentinelle Shebab, celle-ci allongée et somnolente, hélas non décelée par le commando français.

Ainsi brusquement réveillé, le Shebab s’était empressé de donner l’alerte.

S’en suivrait une riposte sanglante avec à déplorer le décès d’Alex, lui abattu de quatre balles par ses geôliers et au bilan deux commandos tués lors de l’échauffourée.

Bref, une action commando ratée et vite avortée afin d’éviter d’autres victimes du côté des soldats de l’ombre français.

En supplément à cette mésaventure s’en était suivie une malvenue polémique. Une légitime remise en cause du choix d’alors de ce CPIS, (organisme action de la DGSE) pour assumer cette mission.

Selon certains, le COS semblait davantage spécialisé et plus expérimenté dans la libération d’otages, notamment avec son fer de lance le 1 RPIMa, dont c’était indubitablement la grande spécialité.

Un contentieux regrettable et perdurant encore, limite à se transformer en une regrettable guerre des boutons.

De stériles « chicayas », car cela ne ferait jamais revivre ces trois agents français, d’autant que leurs dépouilles non à ce jour récupérées, un immense déchirement pour leurs frères d’armes.

Partie prenante puisqu’ayant appartenu à ces organismes, Paul ne voulut jamais prendre parti.

Il restait philosophe pour avoir souvent été houspillé lors de ses débriefings et de conclure qu’il était toujours plus facile d’en disserter après que pendant et surtout quand on n’y avait nullement participé.

Un ange passa, les ailes couvertes de merde et de rancœurs.

Aussi et à l’heure de bientôt s’impliquer dans une périlleuse nouvelle aventure, la légendaire sérénité de Paul semblait émoussée. Cependant, le vieux guerrier ne s’en soucierait guère, puisque d’expérience, ces négatifs ressentiments se voulaient fréquents dans son particulier job « d’Honorable correspondant ».

En ce qui le concernerait pour ces prochains jours et afin de pleinement réussir sa mission, lui regretterait de ne pas hélas disposer du CPIS de Perpignan. Et encore avec plus de regrets sans les paras-commandos du COS et du 1 RPIMa de Bayonne, son ex-régiment.

Pire même, pas la moindre équipe de recherche du 13 RDP, ces talentueux Hiboux seuls capables de professionnellement vérifier avec réussite ce précieux renseignement sur la localisation exacte des deux prisonniers français.

Mais bis répétitas, c’était quasiment toujours comme cela à chaque début de mission, peu d’atouts majeurs dans sa main, mais il devrait faire avec jusqu’à abattre ses cartes et si possible rafler la mise.

Toujours de caractère optimiste, il se rassura en se disant mentalement que chaque chose devrait progressivement s’effectuer en son temps. Et il s’imposa en conclusion, de nul besoin de déjà mettre la charrue avant les bœufs.

Pour sa pomme, la priorité serait d’affronter ce saut à très haute altitude. Aussi et honnêtement, il ressentait une légère angoisse. En bout de soute, déjà l’idée se concrétisait d’appréhender cet opérationnel jump de nuit à une hauteur de saut jusqu’ici inconnue.

Un jump peu commun et ce en dépit des centaines de déjà vécus, de jour comme de nuit.

Ajouté à ce vide noir, viendrait ensuite une infiltration sous voile d’une quarantaine de kilomètres avant de parvenir exactement au point de poser choisi comme lieu de rendez-vous établi avec des partisans Pachtounes.

Soit au compteur et à prévoir sous un froid intense, environ une trentaine de minutes de vol à voile proprement dit, avant d’enfin retrouver le sécurisant plancher des vaches.

Pour Paul, insatisfait de rester les bras croisés et de subir plutôt que de diriger, ce serait une nouvelle expérience à vivre. Et ce, même si dans son subconscient, il aurait personnellement préféré aimer sauter en solo.

En un flash mémoriel, il se revit au 13 RDP où il accompagnait ses camarades chuteurs-ops, Pat, Jacquot, Joseph, Dubs, Dany, Bugs et Gédéon et bien d’autres réunis dans des sauts d’entraînement de nuit.

Souvent avec des météos pas piquées de hannetons, pour ne pas dire limites et avec en cadeaux quelques frayeurs à endurer.

Mais hormis de véritables angoisses vécues, en y repensant, c’était alors le bon temps…

Cependant ce soir et manquant à sa panoplie de chuteur pourtant expérimenté, il ne possédait pas la « qualification oxy », donc devrait se plier aux ordres.

Pour un militaire, quoi de plus naturel que d’exécuter le plus simplement possible. D’ailleurs chez les paras, c’était une loi intangible, même un Colonel ou voire un Général dans l’avion, les deux obéissaient aux largueurs, ceux-ci pourtant moins gradés, mais qualif oblige.

Paul exécuterait donc sous peu ce saut en tandem avec ce dénommé sympathique Carlos, solide gaillard tout en muscles et qui l’avait brièvement briefé pour lui rappeler d’élémentaires mesures de sécurité.

Ne méconnaissant nullement le CV élogieux de « The Légende », le pilote tandem ne s’était pas éternisé sur ses consignes comme il le ferait avec un néophyte.

Pragmatique, Carlos résuma leur futur saut en une anodine consigne, celle de ne se résoudre à suivre Matéo. C’était leur meilleur chef d’équipe des chuteurs « oxy » et donc il les guiderait sans problème jusqu’au sol.

Là aussi au palmarès de ce personnage, Matéo affichait une peu commune expérience. Toutefois l’homme restant modeste, minimisant d’éventuels dangers à encourir comme de s’égarer de la DZ assignée.

Ironiquement, il évoquait à davantage redouter de louper le point de rendez-vous avec les partisans.

Un risque mais peu probable, désignant sa boussole d’excellente qualité et quasiment bien faite pour ce long vol à voile.

Matéo ne confia pas non plus qu’il avait eu assez de temps pour sérieusement s’imprégner de la zone de saut à atteindre, notamment aidé en cela par de précises photos aériennes…

4

La lumière inonda soudainement la soute, au point de réveiller ceux qui dormaient à poings fermés. Premier et angoissant signal pour annoncer aux passagers concernés qu’il était désormais grand temps à se préparer pour le saut.

Puis à peine sortis de leur torpeur, débuta le conditionnel réflexe à s’équiper, puisqu’on s’approchait du point imposé pour le largage.

Première conséquence à cette brusque mise en ambiance, l’évident constat d’une accélération du pouls avec en doux bonus, un début de sécrétion d’adrénaline.

Souvent insidieuse, celle-ci s’éveillait progressivement en chacun des organismes de ceux habitués à côtoyer ces activités extrêmes.

Un phénomène récurrent avant chaque saut, même parmi les plus aguerris des chuteurs.

Conjointement, on assista de nouveau à de scrupuleuses vérifications du matériel et de l’équipement. Un processus méthodique et exécuté par tous les participants, l’ensemble doublement contrôlé avec grande attention par leurs propres largueurs, ceux différents de l’équipage.

Au stade de ces imposées vérifications, une légère appréhension transpirait. Chez certains provoquant les prémisses d’une légère angoisse, sensation connue par de nombreux parachutistes.

Toutefois, il s’agissait de ressentis différents selon les personnes quand étant sur le point d’être confrontées au danger.

Angoisses souvent bénéfiques, avec la capacité de pallier sur d’éventuelles difficultés, notamment si face à de prochains périls en la demeure.

Pour l’heure, tels des métronomes et sans commentaires superflus, il fallait d’abord revêtir l’indispensable combinaison chauffante. Un élément protecteur du froid, sans quoi et avec ces peu fringants vêtements civils afghans, les chuteurs ne résisteraient pas à ces glaciales températures quand largués à si haute altitude.

Ainsi à environ 8000 mètres, au baromètre extérieur, la température ambiante s’affichait nettement en dessous de zéro. Pire, elle se maintiendrait ainsi jusqu’à enfin atteindre les couches respirables de l’atmosphère.

Face à ce glacial contexte et digne d’appartenir à l’invivable Pôle Nord, leurs tenues afghanes seraient inutilement adaptées à affronter l’intense différence de température. En clair, même des Esquimaux avec leurs fourrures d’ours n’y auraient pas résisté.

Quand chaudement protégé, chacun des sautants s’équipa de son indispensable « Groin ». Ce masque à oxygène afin de progressivement diminuer l’azote résiduel du corps. De quoi rapidement résoudre ce phénomène de « dénitrogènation », notamment quand la soute bientôt non pressurisée.

Dès lors et ainsi équipés tels ces parangons de guerriers du futur, visions à s’y méprendre comme si venus d’une autre planète, avec des gestes lents et toujours méthodiques, l’ami Carlos s’équipa de son parachute biplace opérationnel (PBO).

Simultanément, un largueur du CPIS fit conjointement revêtir à Paul le harnais ad-hoc afin qu’il puisse ensuite s’accrocher et faire corps avec son pilote tandem.

Là, ce n’était pas une première pour le barbouze, mais dominerait encore cette sensation de frustration. Presque semblable à un chevronné conducteur qui n’aime pas devenir simple passager…

Pendant ce temps, les autres sautants s’étaient également équipés de leurs parachutes à ouverture commandée. Chez eux aussi, des gestes lents et précis et où le moindre détail n’était jamais abandonné ou laissé au hasard.

De plus aux « vérifs personnelles », l’ensemble de ces pointilleux contrôles furent de nouveau strictement inspectés par leurs largueurs.

Hyper consciencieux, leurs spécialisés camarades prirent leur temps afin que leur aiguisée compétence soit optimale lors de ces ultimes contrôles de sécurisation.

En clair, une assurance vie, capable surtout de déceler d’éventuelles et malencontreuses anomalies. Cependant et en l’occurrence, rares seraient où ils parviendraient à faire déséquiper les sautants suite au constat d’une éventuelle erreur.

Bref, une check-list qui ne souffrait d’aucune négligence ou de fastidieuse routine à exécuter. Nul ne s’autorisant cela, la vie de leurs camarades en dépendant.

Quand enfin ces parachutistes de l’extrême correctement équipés, de manière cahin-caha, due à leurs encombrants équipements, tout ce beau monde s’approcha de la rampe d’ouverture avec de réelles difficultés de déplacements.

Effectivement, leurs gaines étaient lourdes et gênaient l’amplitude de leurs enjambées.

Au bout du compte, une préparation qui nécessita une bonne demi-heure, vérifications comprises et scrupuleusement vérifiées et incluses dans ce long processus d’équipement.

Puis comme limite espéré fut enfin le signal libérateur du chef largueur.

La lumière s’éteignit pour acclimater les sautants à l’évidente opacité extérieure à sous peu affronter.

La pénombre revenue dans la soute, s’en suivit la lente ouverture de la rampe d’embarquement, alors que simultanément, tous ressentirent un air hyper glacial envahissant la même soute.

Chez les sautants et toujours si angoissant, cela leur fit apparaître une obscurité des plus opaques qui régnait à l’extérieur, l’unique décor à cette haute altitude.

Seules et discrètes, voire aussi rassurantes, de belles étoiles scintillaient dans cet étrange univers de noirceur. Un peu comme si ces astres désiraient rendre cet environnement moins sinistre et aussi afin de leur donner le courage nécessaire avant d’affronter ces peu engageantes ténèbres…

5

Le cœur de Paul et sans doute aussi ceux de ses camarades s’accélérèrent naturellement. Phénomène préalable quand fins prêts à passer à l’action et accompagnés de cette légère tachycardie.

Également et attendue, la respiration devint haletante, probablement consécutivement à ce début d’oxygène avalé.

Ainsi et l’espace d’un flash, pour leur rappeler de semblables sensations éprouvées dans un tout autre milieu comme en plongées sous-marines.

Là et cette nuit, il s’agirait d’un tout autre élément que celui nautique. Mais avec en point commun et tout aussi flippant, d’autres abysses à fréquenter et en règle d’or la recommandation à ne surtout ne pas paniquer afin de réguler sa respiration.

Adepte de ces deux disciplines, méthodiquement le barbouze en appliqua le concept et rapidement il fut moins oppressé. Comme quoi, certaines expériences souvent peuvent être sécurisantes.

Puis et curieusement, s’en suivit une sensation de plénitude, de quoi mieux apprécier le moment présent.

Au programme attendu de pied ferme, cet imminent et inhabituel saut de nuit opérationnel à très haute altitude.

La libération finale intervient enfin avec les deux inséparables compagnons de tout parachutiste. D’abord le traditionnel signal vert et quasi simultanément, associé au lugubre klaxon nasillard.

Un réflexe conditionné chez tout para, limite une délivrance en recevant enfin le signal libérateur de ce « GO » auditif et lumineux et enfin vous plongeant directement au cœur de l’action.

Ainsi et avec un signe de la main, son pouce relevé pour souhaiter bonne chance à ses compagnons, Matéo s’élança dans ce grand néant appelé le vide, vite suivi de Carlos et de Paul, son passager tandem.

Une double sensation s’inscrivit au compteur. D’abord quasiment une libération parmi un froid glaçant. Puis de s’associer à une légitime appréhension transpirant par tous les pores en ce saut de nuit opérationnel et à très haute altitude.

Une tension cependant ultra courte et avec simultanément dès la sortie de l’A400M, la secousse attendue suite à leurs parachutes immédiatement déployés.

En effet, nulle question de longue chute libre lorsqu’au programme l’obligation d’effectuer une indispensable pénétration sous voile.

Aussitôt, Carlos contrôla la sécurisante vérification de son pépin. Notamment si chaque caisson bien libre et non retenu par des suspentes, synonyme d’incidents de pliage.

En l’occurrence, rien de tout cela, mais un risque permanent chez des chuteurs.

Enfin libérés de ces tracas matériels, l’infiltration sous voile commença.

Dans un premier temps, les yeux du pilote tandem et de son passager recherchèrent leur leader parmi la noirceur peu sécuritaire où depuis peu ils se mouvaient.

Dans la foulée, les autres sautants les avaient suivis dans ce saut opérationnel, eux solidement allongés sur leurs imposantes « caisses ».

Mais règle numéro une à respecter pour tous, de rester étagé par mesure de sécurité. En paramètres importants à prendre en compte, leurs poids plus conséquents pourraient rapidement leur faire rattraper ceux plus bas et le danger à éviter de collision.

De son côté et en leader expérimenté, Matéo avait dès l’ouverture de son pépin pris son cap de croisière et à maintenir durant toute la pénétration sous voile afin de parvenir précisément à destination.

Tels ses sosies, ses équipiers le suivaient. Apparemment sereins avec une confiance aveugle, même si l’image paradoxale car ne se quittant jamais des yeux. Presqu’un jeu car drillés à cela au cours de plusieurs exercices de ce type menés à l’entraînement avec de pareilles longues pénétrations sous voile.

Au bout du compte, le groin toujours opérationnel sur le visage, il ne resterait plus qu’à endurer un long trajet aérien qui durerait environ une vingtaine de minutes.

Frigorifiés en dépit de leurs équipements chauffants, chacun se concentrait dans cette avancée vers leur point de chute choisi et où a priori ils seraient attendus par des partisans Pachtounes, à moins qu’ils ne s’agissent de Hazaras.

Oubliant pour le moment la raison de son actuelle présence avec ces paras du CPIS, Paul vivait pleinement cette expérience de saut avec cet imposant masque oxy.

Il admirait d’évoluer en cette pleine obscurité comme si s’avançant résolument vers le néant. Toutefois heureux de cette nouvelle aventure offerte, même si la suite non encore garantie.

Habitué à chuter, il consultait régulièrement son altimètre qui lui indiquait les centaines de mètres qui défilaient rapidement à la baisse au cours de ce vol sensiblement mené légèrement à l’horizontale.

Très vite ainsi, parmi une sinistre noirceur environnante et limite obsessionnelle, ils atteignirent les trois mille mètres pour subitement pénétrer à travers une opaque et épaisse couche nuageuse.

Là, toute visibilité ne dépassait pas les cinq mètres, y compris avec leurs lunettes infrarouges.

Un risque notoire, au point de craindre à perdre de vue leur leader Matéo qui jouait toujours les éclaireurs de pointe et ne doutant jamais du bon cap inscrit sur sa performante boussole.

Ce fut cependant une courte traversée de cette épaisse bande nuageuse, évaluée à une épaisseur de cinq cents mètres environ et qui déjà leur ferait appréhender l’heure imminente d’arrivée sur zone.

Il ne s’était passé en tout et pour tout qu’à peine vingt-cinq minutes de vol après la sortie de l’A400M, avec toujours en visuel et cela plutôt rassurant, de leur performant guide Matéo.

Quand les 1200 mètres atteints, déjà Carlos prévint son passager de se préparer à atterrir. En effet et selon le vent dominant au sol, il ne fallait pas se manquer dans l’arrondi pour freiner leur arrivée et à Paul surtout de bien relever les jambes. Plus bas et aperçu dans les lunettes de vision nocturne, Matéo venait d’y atterrir sans difficulté, son arrondi professionnellement exécuté, prouvant s’il le fallait, de la haute technicité détenue par leur leader.

Une minute après, Carlos l’imitait et Paul retrouvait avec un grand plaisir ce cher plancher des vaches.

Très vite, l’équipe se débarrassa des appareils oxy et autres combinaisons et parachutes, puis s’empressa de récupérer leurs armes pour éventuellement se défendre au cas où.

Mais ils furent vite rassurés, dans leurs lunettes de vision nocturne, voyant apparaître une caravane d’ânes et de mules conduite par leurs partisans. Des guerriers rebelles aux talibans et pile à l’heure à leur programmé rendez-vous.

Sans paroles inutiles, les parachutes et matériels oxy ainsi que les contenus des gaines furent chargés sur les ânes. Puis après un bref salut, l’équipe du CPIS disparut définitivement dans la nuit vers une destination inconnue de Paul.

Sans doute que ces paras de l’extrême seraient ensuite récupérés en frontière pakistanaise, bref ni vu ni connu, comme il sied à des paras de l’ombre.

Auparavant, Carlos et Matéo vinrent énergiquement serrer la poigne de cet « Honorable Correspondant », avec dans leurs yeux du respect envers celui venu en ce pays pour y accomplir une mission dont ils ignoraient le thème, cloisonnement oblige.

Toutefois et tout comme leurs autres camarades, ils étaient fiers d’avoir accompagné ce Chibani qu’on surnommait respectueusement « The Légende ».

Étant donné le contexte ambiant, un titre certainement non démérité, en conclurent-ils…

Pour sa part, le barbouze eut juste le temps de remercier son pilote Tandem et de repartir complètement à l’opposé de ses amis avec dix autres Hazaras et huit mules lourdement chargées d’armes et de munitions, les contenus de ces fameux et encombrants caissons amenés à bon port.

Des cadeaux princiers de la France envers ceux qui combattaient leurs compatriotes talibans et également les djihadistes barbus de Daesh…

6

Le crapahut à endurer en ce territoire hyper vallonné n’était pas ce que l’on pourrait avec ironie désigner du qualificatif de sinécure.

La vision panoramique de ce cadre montagnard rappelait à Paul de vieux souvenirs car vécus en ce même pays afghan. Notamment, ceux datant déjà de quelques années et où sa couverture d’alors lui faisait fréquenter de profondes vallées encaissées et dénudées de plantations.

En fait, des mouvements de terrain ultras pentus s’enchaînant sans harmonie autour de culminantes sauvages montagnes les dominant.

En l’occurrence et fortuitement, de protecteurs refuges ou repaires coupe-gorges pour ceux qui se battaient jusqu’au sacrifice suprême afin d’un jour regagner à leur cause la terre de leurs ancêtres.

De quoi périodiquement renouer avec la logique continuité de guerres tribales d’antan, des ambiances guerrières qui perduraient bien avant l’actuelle mouvance des talibans.

Cependant, « ces Barbus » au pouvoir n’étaient pas les seuls à exercer un joug permanent sur la population. Toujours traditionnellement pour les concurrencer, de véritables seigneurs de la guerre régnaient en maîtres absolus sur ces terres et leurs misérables peuplades.

Cela se traduisait concrètement avec de nombreux combats fratricides, avec à ce jour hélas d’en abandonner le meilleur monopole aux fanatiques talibans, du moins dans les grandes agglomérations du pays.

Ceux-ci y appliquaient La Charria à la lettre, convaincus que ne c’était que la grande volonté d’Allah. Un obscurantisme profond et obtus refusant toute compromission, d’où cette tyrannie exercée en bravant sans restriction les Droits de l’Homme des pays occidentaux.

Des paysages semblables à ceux déjà parcourus auparavant lui revinrent en mémoire. Notamment, pour y avoir vécu des moments intenses, puisque parsemés de furieux et mortels combats.

Le plus présent dans les souvenirs évoqués par le barbouze s’inscrivait précisément dans la région provinciale de Spin Bolda, zone au sud-est et à environ quatre-vingts kilomètres de Kandahar.

Un lieu stratégique où le détachement français des Forces Spéciales y avait en son temps élu garnison, précisément lors de l’OPEX baptisée « Arès ».

Une région tourmentée et où ces fers de lance de ces unités françaises avaient reçu pour mission de contrôler un secteur dangereux en bordure de la frontière du Pakistan.

Leur programme était de mener une difficile action de pacification contre l’insurrection encore à l’époque embryonnaire des talibans, toutefois active car en supplément, la menace de l’EI-K de Daesh avec ses mouvantes Katibas.

Ainsi et en objectif principal, ces Forces Spéciales devaient étroitement surveiller le couloir stratégique de la profonde vallée du Maruf. Celle appelée par les autochtones pour sa haute dangerosité : « les entrailles de l’enfer ».

Son surnom en attestait, ce site réputé « d’hyper craignos » et où de fréquentes embuscades de ces « Barbus » y étaient meurtrières, d’autant qu’actionnées fanatiquement, nul combattant ne se rendait, recherchant la mort et le paradis de leur Allah.

D’ailleurs dans les souvenirs de Paul, la vision sordide de nombreux charognards de la faune locale s’y rassemblait, des animaux certains de se remplir la panse avec les dépouilles humaines abandonnées sur place et sans sépultures.

En explications, la roche était trop solide dans la région, peu de possibilités pour creuser le sol au milieu de ces solides rochers.

(Lire : Nébuleuse Afghane.)

Plongé en ce come-back d’un créneau depuis révolu et différent de l’actualité, puisque les talibans d’alors avaient progressivement abandonné le terrain de la très pauvre province dénommée Silouf.

Pour sa couverture de barbouze de la DGSE, Paul avait revêtu le costume et le job de « contractor Body-Garde » pour y officier au profit d’une ONG.

Une période mouvementée et dont il s’en souvenait parfaitement, un peu presque comme si c’était à peine l’an dernier.

Il s’y revoyait opérer au sein d’un site moyennement agréable afin de protéger une vingtaine de personnels bénévoles d’un organisme humanitaire baptisé « EPT ». En clair, ce sigle résumait l’œuvre charitable d’Européens qui promettaient avec certitudes de trouver de « l’Eau pour tous ».

Pour y parvenir se démenaient de compétents techniciens de différentes nationalités afin de rechercher d’éventuelles nappes phréatiques. Un bilan notable avec quelques succès à la clé sur ces nappes techniquement ciblées. Plus ensuite qu’à forer des puits afin de très naïvement faire bénéficier de ces vitaux besoins à la population locale.

Paradoxalement, ce resterait en vérité de la pure théorie. En réalité, cette bénéfique recherche d’eau tombait dans l’escarcelle du local Seigneur de guerre pour arroser ses immenses champs de pavots.

Ainsi en ce bled de Silouf, ce dénommé Farid était devenu un riche « Druglord » en se servant éhontément de cette ONG pour copieusement arroser ses plantations et produire un maximum d’opium. Et non comme pourtant fallacieusement le revendiquer par l’ONG, afin d’intensifier des cultures maraîchères et mieux ainsi alimenter les indispensables besoins des autochtones.

Bref, tout le monde y trouvait son compte tout en n’ébruitant jamais la réalité des choses.

Un rapide retour au moment présent concorda malignement à une subite douleur ressentie sur ses fessiers. En l’occurrence et depuis plusieurs heures, Paul était inconfortablement juché sur une vieille mule à l’allure famélique.

Cet équidé peu docile était doté d’une croupe peu accueillante et offrant pour tout cavalier, une peu seyante assiette. Cela s’accentuait d’autant, suite à une dénivelée peu évidente à gravir ou en alternance à descendre.

De quoi faire souvent trébucher l’animal et par conséquent, de douloureusement malmener les muscles fessiers du barbouze aux compétences moyennes pour ce type de randonnées montagnardes.

Comme si cela ne suffirait pas après sa grande fatigue et le stress du précédent saut opérationnel, s’ajoutaient malencontreusement de pénibles douleurs fessières, le tout s’inscrivant en une grande monotonie d’un long parcours nocturne.