Peshmerga for ever - Georges Brau - E-Book

Peshmerga for ever E-Book

Georges Brau

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Beschreibung

Afin de retrouver en urgence la trace d’un camarade du 13 RDP kidnappé au Kurdistan, « L’Honorable correspondant » Paul saisit également l’opportunité proposée d’une mission spéciale de la DGSE dans ce vaste territoire où le vertical s’harmonise au minéral. S’en suivent des aventures rocambolesques, dont de fâcheuses retrouvailles avec d’ex-ennemis et aussi et heureusement l’alliance avec de déterminés Peshmergas. Une rencontre attachante avec ce peuple kurde toujours sous le joug de la Turquie, récent envahisseur en toute illégitimité de plusieurs fiefs tribaux kurdes. Une mission de brûlante actualité, semée d’embûches, quand on opère en clandestinité auprès de ce peuple très lâchement abandonné par la coalition internationale. Une regrettable perte de mémoire envers ceux qui avaient réussi à quasi neutraliser Daesh en Syrie.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Ex-officier supérieur d’organismes qualifiés de « spéciaux », Georges Brau plonge le lecteur dans l’univers guerrier de ces paras de l’ombre.

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Georges Brau

Peshmerga for ever

Roman

© Lys Bleu Éditions – Georges Brau

ISBN : 979-10-377-2351-2

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Du même auteur

– Safari de Sarajevo au Darfour, 2005, Éditions Esprit de tous les combats.

– Loups de guerre, 2007, Éditions Libre Label.

– Nébuleuse afghane, 2009, Éditions Libre Label.

– Passé par les armes, 2013, Éditions du Rocher.

– Mission spéciale au Sahel, 2015, Éditions du Rocher.

– Entre deux feux, 2017, Éditions Eaux Troubles.

– Filière pour Mossoul, 2018, Éditions Eaux Troubles.

– Traque en Centrafrique, 2019, Éditions Eaux Troubles.

– Uchronie pour guerriers de l’ombre, 2019, Lys Bleu Éditions.

– Labyrinthe en Libye, 2020, Lys Bleu Éditions.

– Missing au Congo, 2020, Lys Bleu Éditions.

Jeunesse

– La légende du dragon d’Orx, 2012, Mon petit Éditeur.

– Le secret des rives de l’Uhabia, 2015, Edilivre.

– Le trésor des naufrageurs d’Oléron, 2018, Lys Bleu Éditions

Avant-propos

D’actualité brûlante et afin de mieux appréhender la lecture de ce roman, l’obligation à s’immerger au cœur des désastreuses conditions de vie subies par les Kurdes sur leur territoire, le Kurdistan, le pays en reconquête illégitime par les Turcs.

Après le désengagement sans préavis de la coalition militaire internationale et l’abandon de l’appui aérien et des bombardements sur les troupes de Daesh, esseulée, la résistance kurde s’est vite essoufflée.

Un abandon condamnable effaçant l’engagement de ce peuple très investi dans le combat contre Daesh. Pour mémoire, ces Peshmergas étaient héroïquement parvenus à libérer la ville de Kobané, capitale autoproclamée du Califat.

À ce renoncement international, cela a laissé l’opportunité au président turc d’envahir des provinces limitrophes revendiquées désormais comme siennes. Un rêve mégalomane pour faire renaître de ses cendres l’ex-Empire Ottoman.

Sourd aux menaces des Occidentaux, ainsi qu’aux stériles avertissements de l’OTAN, dont la Turquie membre, Erdogan envisage ainsi d’annexer tout le Kurdistan et de définitivement mater ce peuple, ennemi ancestral déclaré.

Conséquences comme à chaque guerre, afin de fuir les représailles turques, s’en est suivi l’exode de la population pour se réfugier en frontière syrienne.

À cet important transfert et profitant de la panique générale, s’ajouteront de nombreux prisonniers djihadistes évadés des camps kurdes.

Un risque dangereux pour l’Europe, car de véritables bombes à retardement, quand mélangés à la massive vague de migrants.

Une migration favorisée avec complicité de l’Armée turque les refoulant en priorité vers la Grèce.

Seule et afin de préserver la sécurité de son allié syrien le président Assad, la Russie de Poutine s’engage à ralentir l’invasion turque.

Focalisés sur le Coronavirus qui sévit dans le monde, les médias omettent à dénoncer le génocide en cours et laissent les mains libres à Erdogan pour asservir le Kurdistan et parallèlement aussi pour « s’installer » en Libye…

À ces évènements, tout comme en Afghanistan après le retrait des troupes américaines, d’indépendantes sociétés de sécurité apparaissent pour remplacer les GI US.

On y retrouve, la société Blackwater avec son siège aux Emirats-Unis, ou encore celle de Lancaster et son siège à Dubaï. Des entreprises paramilitaires qui prolifèrent également en Irak, Libye et en Syrie pour aider ces États fragiles et surtout assurer la sécurité des Occidentaux et leurs exploitations de ressources pétrolières.

Dans ce contexte instable, ces « SMP », sigle pour Société Militaire privée, assurent avec efficacité leur job de protection, certaines d’origine russe ne facilitant pas de trop la résistance des valeureux combattants Peshmergas. Des attitudes non sans risques avec maints dégâts collatéraux, dont de fréquents enlèvements ou disparitions criminels.

Basés sur des faits réels, mais comme dans tout roman, les noms ou pseudos de personnes vivantes ou ayant existé, tout comme les lieux cités et entretemps redevenus de grande actualité, ne seraient alors que de pures coïncidences.

Première partie

Enlèvement…

1

La chaleur était accablante, un véritable sauna, limite suffoquant, surtout quand enfermé dans un coffre de voiture et coiffé d’un sac en toile opaque, l’ensemble maintenu solidement au cou par une ligature en serflex.

À peine émergé de son évanouissement, la prise de conscience du prisonnier fut plutôt pénible, avec une migraine lancinante qui lui martelait ses tempes. En cause directe, le contrecoup d’avoir été violemment assommé.

Reprenant fébrilement connaissance, son premier constat fut l’impression de rouler sur une piste de montagne. Sans doute et aussi dû au fait que peu de chance de se tromper dans ce Kurdistan et ses hauts plateaux.

À ce ressenti pentu, s’ajouta un itinéraire parsemé de fréquents chaos, avec en résultante, un inconfort total, celui-ci enduré dans une immobilisation peu envieuse et conçue de façon professionnelle.

Ainsi et au gré de soudaines rencontres avec des nids de poule, le prisonnier se voyait fréquemment projeté contre le capot du coffre, suivi d’une violente chute au fond du 4x4.

Pourtant, ce véhicule continuait de rouler à tombeau ouvert, un peu comme si poursuivi ou pressé d’arriver à destination.

Philosophe et prenant son mal en patience, le détenu ressentait effectivement ces dénivelées, souvent sollicitées à petite vitesse, avec le bruit d’un puissant moteur rugissant un maximum.

L’espace d’un flash de lucidité, il s’imagina ressortir de ce coffre complètement couvert de bleus, au point de ressembler à une sorte de vieux schtroumpf.

Bien qu’incongrue en pareille circonstance et peu rassurante pour son avenir, sa plaisante comparaison aux lutins bleus le fit sourire. Preuve qu’il ne paniquait pas encore, même si objectivement, reconnaissant d’être en mauvaise posture.

Il sourit aussi à cet autre constat que ce serait limite paradoxal car d’habitude, c’était lui qui procédait de la sorte et non comme ici en victime. Un genre particulier d’arroseur arrosé, ce qui eut pour immédiate conséquence à ne plus sourire béatement. En seule réponse, il afficha un peu élégant rictus, celui-ci synonyme à se vouloir vengeur, du moins si tenté qu’il en aurait plus tard l’opportunité.

Chez lui, c’était une naturelle réaction de ne jamais baisser les bras, y compris dans ce cas peu enviable. Un réflexe dû probablement à son expérience avérée de vieux guerrier.

Bref, reprenant courage, il s’efforça à ne pas trop s’apitoyer sur son sort et rechercha le meilleur moyen à positivement réagir.

Cependant, saucissonné à l’extrême, il ne put guère anticiper toute tentative pour se libérer. Les successifs chaos intervenaient quasiment sans fin et hélas aussi malencontreusement à chacun de ses stériles essais.

Toutefois, plutôt que de se plaindre, il s’efforça de conserver un minimum de lucidité. Pour ce faire, il imagina avec intérêt que dans peu de temps sonnerait la fin de ce long voyage vers l’inconnu.

Dès lors, outre de découvrir la nationalité de ses ravisseurs et surtout en priorité le motif de son rapt, il pourrait peut-être alors saisir d’intéressantes opportunités.

Chez lui ce serait une constante, car il n’était nullement homme à définitivement renoncer sans auparavant rien avoir tenté…

Toujours autant brimbalé dans l’étroit compartiment cloisonné, pour passer plus positivement ce temps dont il n’était hélas plus maître, le prisonnier collationna des indices qui lui auraient échappé au seuil de son imprévisible enlèvement.

En effet, il était à mille lieues d’imaginer un tel scénario nocturne, d’autant qu’en permanence, il restait sur ses gardes, ne serait-ce que par simple déformation professionnelle. En cause et depuis longtemps, ce Kurdistan n’était plus un pays relativement calme, mais plutôt son contraire, d’où sa grande vigilance dans ses déplacements.

Afin de ne rien louper du moindre indice révélateur de son actuelle infortune, il revisita son agression aussi bien dans le contexte général que dans le temps, le tout jusqu’à l’échéance de son avéré kidnapping.

A priori et sauf s’il ne divaguait pas à la suite du traumatisme enduré, cela se produisit tard dans la nuit quand ressortant de chez sa douce amie et entre parenthèses, fougueuse maîtresse.

Ainsi, pas mal épuisé et repu de ses galipettes, d’un pas alerte et décontracté, il avait rejoint son véhicule stationné à deux ruelles de là.

Un parking plutôt discret, même si dans le bourg, nul n’ignorait plus la liaison de ce Français avec une de leur jolie compatriote.

Parvenu à environ trois mètres, il avait cliqueté sa clé pour obtenir l’ouverture automatique des portes. Mais alors qu’il s’en approchait, comme si un mauvais présage, un chat noir s’était enfui à toute vitesse, comme si subitement pourchassé par un chien.

Puis débuta, comme si synchronisé, le début de son trou noir. Là, manu militari, il fut assommé en ce village montagnard situé à une cinquantaine de kilomètres au sud de Dahuc, petite ville presque mitoyenne à la frontière turque et du Kurdistan.

Hélas et au bout du compte, cette revisite du scénario ne lui ramena aucun indice satisfaisant, ni rien davantage pour identifier ses ravisseurs et encore moins sur l’essentielle raison de son kidnapping.

Bref, seul ce chat noir pourrait éventuellement lui commenter cette brève séquence, mais trop froussard, le minet avait pris la poudre d’escampette et n’eut hélas jamais le temps de se confier.

Une dernière réflexion amusante que le kidnappé s’imposa, conscient de continuer à divaguer, le coup porté à sa tête lui laissant de douloureuses séquelles…

2

Au fil de cet épuisant voyage dans ce coffre, ankylosé, le kidnappé restait toujours maintenu dans une position très inconfortable. En enseignement, plus de doute, ses ravisseurs seraient des professionnels qui ne devaient pas être à leur première séquestration et donc adeptes d’une efficace immobilisation.

Un constat à déplorer, puisque la neutralisation de « leur colis » était quasi parfaite.

En effet, ses mains restaient solidement menottées dans le dos par des lanières très résistantes en plastique et pénétrant jusque dans les chairs et également avec peu d’espace pour tenter de les faire jouer entre-elles.

Ajouté à cela, le prisonnier était encordé à partir du cou, un lien jusqu’à sa ceinture, et à l’excès, sa tête bien tendue vers l’arrière, d’où et en final, un inévitable risque de torticolis.

Bref, un « colis » qui ne pourrait jamais se mouvoir, ni de se trouver dans une position moyennement relaxe.

Autre gros inconvénient, l’impossibilité à s’agripper à quelque aspérité dans ce coffre, afin surtout de s’éviter ces inattendues projections hyper brutales.

Toutefois de nature rustique et résolu à prendre son mal en patience, le kidnappé s’habituait tant bien que mal à son inconfort.

En revanche, autre grand regret, il demeurait toujours incapable à mesurer le temps écoulé depuis son brutal évanouissement.

Le violent coup de crosse asséné sur son crâne l’avait neutralisé pour le compte, un KO technique obtenu sans devoir compter jusqu’à dix.

Toujours à demi groggy, il ressentait bien la douleur à l’endroit de l’impact. À vue de nez, il la positionna proche de l’os pariétal et imagina en réaction épidermique, la présence d’une bosse venue s’y greffer. Hypothèse pressentie si hélas pas déjà totalement développée. Aussi et à en conclure que peut-être l’œdème avait saigné ?

Ce fut une expectative peu réjouissante, alors que paradoxalement et de nouveau, il ne put maîtriser l’esquisse d’un autre sourire, avec pour amusante raison d’être catalogué de tête dure.

Objectif, l’espace d’un rapide flash autocritique, le prisonnier s’avoua être cabochard de nature. Une pensée fugace à l’origine de son sourire, même si incongru, étant donné sa peu enviable situation.

Mais comme chaque fois où confronté à l’adversité, sa nature de battant reprenait le dessus et même si toujours en piteuse position, il s’en félicita, retrouvant là son tempérament de guerrier.

Bref, à quoi bon se morfondre davantage ?

Le kidnappé ne pouvait hélas plus revenir en arrière, repensant alors dans un autre flash bien plus agréable sur ses nocturnes escapades pour retrouver sa maîtresse.

La gorge sèche, courbaturé un maximum, il éprouvait quelque peine à respirer. Sa cagoule opaque réduisait l’air pur d’autant, ajouté à cela que le coffre n’était pas un grand réservoir d’oxygène.

Toutefois et après quelques exercices de régulation du rythme cardiaque, sa tachycardie fut enfin ralentie, avec en cadeau, la conclusion positive d’être toujours et encore en vie.

De là à s’imaginer que ses agresseurs auraient d’autres projets concernant son avenir, il franchit hardiment le pas, sans quoi conclut-il, ne l’auraient-ils pas déjà tué ?

Une pensée qui le rassura et faute d’avoir mieux à faire, il se remémora le précis déroulement du kidnapping en deuxième partie de la nuit, car déjà dépassé minuit.

Ainsi, et hormis le souvenir de ce chat noir débouchant brusquement devant lui, le kidnappé n’avait jamais vu s’approcher de lui, ni entendu son ou ses agresseurs.

De là à saluer leur grande discrétion, il le reconnut volontiers, mais évita cependant de les encenser, puisque devenus depuis ses ennemis. Réflexe de guerrier qui s’imposa tout logiquement.

Sans doute imagina-t-il alors que leur présence fut la principale raison de la peur de ce matou. Le félin devait sommeiller auprès de son véhicule de sa société d’import-export où il assurait une peu facile mission de sécurité pour l’ensemble du site et de ses personnels. Des périodes de boulot s’échelonnant pour une durée de quatre à six mois environ, entrecoupées de retour d’un mois en métropole afin de se ressourcer et de dépenser sans compter l’argent si bien gagné.

Hormis l’hypothèse du déroulement de ce kidnapping réussi, ce prisonnier était connu sous le pseudonyme de Mickey, mais sans aucun rapport de près ou de loin avec la souris de Walt Disney. Un surnom qu’il portait de longue date et avec grand plaisir, son nom de famille s’en rapprochant au début de sa phonétique.

Tout en y réfléchissant, le Français ne se verrait pas plus avancé pour l’identification de son ou de ses ravisseurs et encore de cette préoccupante énigme, le motif de ce rapt.

Même si haut responsable de la sécurité dans sa société, Mickey ne représenterait pas un statut de riche VIP pour justifier d’un quelconque rentable intérêt à son enlèvement.

Aussi et en première hypothèse sur les auteurs du rapt, miserait-il sur des djihadistes de Daesh qui réclameraient plus tard une substantielle rançon ?

Depuis la récente invasion turque au Kurdistan, progressivement Daesh retrouvait quelques couleurs. Ces intégristes avaient enfin les mains libres pour se refaire une santé et surtout avec en priorité, renflouer leur trésor de guerre.

Ces trois dernières années, les hardis Peshmergas leur avaient fait subir de nombreuses défaites, voire plus car quasiment sur le point de complètement les neutraliser.

Mais ce fut là et hélas ! Sans compter sur l’intervention de leur ennemi ancestral : les Turcs.

Ainsi et depuis ces deux derniers mois, les djihadistes se trouvaient quasiment libres d’opérer sur ce vaste territoire montagneux, les Kurdes principalement mobilisés pour s’opposer à l’armée des envahisseurs du président Erdogan…

3

À cause des contorsions hyper douloureuses pour retrouver un minimum d’aisance dans ce sombre coffre, avec en final peu de résultats probants, Mickey se consacra à mieux réfléchir à son problème.

Un vieux réflexe militaire que d’analyser tous les facteurs afin de trouver la meilleure solution. Il s’imposa cette réflexion quand enfin à peu près calé et où il passa en revue le plus objectivement possible son point de situation.

Réaliste, son statut de prisonnier s’afficha comme incontestable. Aussi, orienta-t-il sa recherche à tenter d’identifier ses ravisseurs. Mickey restait convaincu de ce vieil adage qui invite à mieux connaître son ennemi, dans le but d’ensuite réussir à plus adroitement le combattre.

A priori, subsisterait encore un doute quant à l’appartenance effective de ses ravisseurs à l’omniprésente organisation intégriste de Daesh.

Premier élément pour conforter cette hypothèse, sa main coincée à l’arrière de sa poche venait d’effectivement sentir la présence de son portefeuille. Un attribut d’importance qui contenait ses papiers d’identité et permis de conduire, ainsi que ses différentes cartes de crédit et une petite somme d’argent mixte à la fois en dollars et en euros.

Ainsi et après de maladroits tâtonnements, son portefeuille restait toujours présent dans son logement, maintenu à l’abri de toute perte accidentelle par une fermeture zip.

Donc et très étonnamment, on ne lui avait pas subtilisé son argent, ni non plus sa belle montre Breittling, même si hélas ne pouvant consulter l’heure et lui donner l’indication du long séjour vécu dans ce coffre.

Également, il serait en possession de son téléphone, qui subitement venait de sensiblement vibrer à la suite d’un appel très inattendu dans ce contexte. Un chatouillis sympathique qui le rassura comme si ne plus se sentir seul au monde, même si la réalité en ce coffre et immobilisé des pieds à la tête resterait à ce stade peu encourageante.

En clair, probablement son pote qui l’attendait impatiemment pour à son tour être relevé de sa faction de contrôle. Comme responsables de la sécurité, à trois cadres, ils assumaient des quarts de huit heures d’affilée, des permanences entrecoupées de plusieurs rondes, avec des actions sécuritaires qui à ce jour étaient plus reconnues comme dissuasives, voire peu franchement opérationnelles.

Leurs patrouilles empêchaient surtout leurs contractuels locaux de somnoler à leurs postes de garde, une routine monotone puisque leur secteur réputé d’être hyper calme. En effet et jamais jusque-là, l’entreprise n’avait subi d’attaque.

Toujours dans son évaluation, pour Mickey, seule absence constatée et avec de naturels regrets son lourd 11,43 mm. Une perte affective, même si compte tenu d’être menotté et donc incapable d’utiliser son arme de poing de sécurité rapprochée.

C’était « un joujou » omniprésent dans sa vie de tous les jours et qui ne pesait plus dans son holster en toile. Un équipement préféré à celui habituel en cuir, étant donnée la chaleur ambiante dans ce pays du Moyen-Orient.

Ce fut là un rapide ressenti de guerrier d’expérience, avec ce regrettable constat d’un logement hyper léger et hélas vide de son vieux mais très efficace Beretta.

Bref disparu son compagnon intime, sans lequel Mickey se sentirait comme nu et surtout hyper vulnérable.

Une sensation accentuée par le fait d’être reconnu par ses amis à figurer parmi l’élite des redoutables pistoléros, aussi bien en tir au jugé ou en vitesse, qu’en précision.

Il gagnait à chaque coup les paris pour se faire payer l’apéro, c’était le côté facétieux du personnage, car il n’était nullement radin, mais surtout très joueur.

Rien cependant d’étonnant en la circonstance à son statut de prisonnier, une précaution cataloguée d’élémentaire à se faire d’abord désarmer pour s’éviter toutes tentatives de rébellion.

L’analyse close, resterait à en tirer d’objectives conclusions et non uniquement de vaines et stériles supputations. Aussi et dans ce cadre précis, son premier constat évident s’imposa, jugé assez explicatif pour totalement le prendre en compte.

En effet et chaque fois très opportunément, ces fieffés djihadistes se comportaient comme de simples voleurs de grand chemin.

Ainsi et si tel était le cas, immédiatement après l’avoir désarmé, ces malfrats l’auraient complètement dévalisé. Voire se seraient battus entre eux pour accaparer ce maigre butin, toutefois, et exceptée sa vieille Breittling, achetée rubis sur ongle dans un économat US en RFA. Une période où para en équipe de recherche au 2e escadron du 13RDP à Langenargen, il avait eu la merveilleuse expérience de servir en renfort à la MMFL, la mission militaire française en occupation à Berlin.

Bref, un job très attractif, car spécialement occupé essentiellement à espionner les Russes durant la guerre froide.

Or et s’il n’avait pas à faire à ce genre de malandrins, qui donc encore aurait un quelconque intérêt à le kidnapper ?

Un sérieux mystère à élucider, même si en tout réalisme, Mickey restait modestement convaincu à ne pas être catalogué comme un prétendu VIP à grand intérêt.

Objectivement, il entérina le constat que sa tête, même si belle, serait peu intéressante à être mise à prix.

Toutefois, il ne put aller bien plus loin dans sa réflexion, brusquement interrompu dans ses pensées par un inattendu gros chaos. Quand redevenu stable et après avoir été violemment secoué, il déplia moyennement ses genoux, un débattement très restreint compte tenu de son immobilisation.

Dans l’immédiat pour le Français, ce serait surtout un indispensable remède pour s’éviter plus tard de douloureuses crampes, notamment s’il restait ainsi saucissonné plusieurs heures d’affilée dans cette peu confortable position.

Après de minimes débattements, il se sentit un peu plus relaxe dans son corps, pourtant celui-ci meurtri de courbatures. Rassuré, Mickey reprit courageusement le cours de ses analyses au lieu de stérilement continuer à se lamenter.

Dans la semaine, en cette région excentrée des permanents combats de résistance, à maintes reprises on leur avait signalé çà et là, la présence de Forces Spéciales turques du Président Erdogan.

Œuvrant comme à leurs habitudes en amont de leurs troupes régulières, ces FS du Bosphore agissaient de façon clandestine afin de renseigner leurs États-Majors sur les points névralgiques et autres maquis supposés où les Kurdes y auraient regroupé leurs forces.

Dans l’immensité de ces montagnes arides et sauvages, que du vertical et du minéral, de tels solitaires endroits ne manquaient pas pour ceux désireux à se faire oublier et vivre en maquisards pour continuer la résistance.

En effet, depuis l’absence de l’aviation des forces internationales de coalition, les Peshmergas ne pouvaient guère directement affronter ces cohortes hyper armées qui avaient déferlé jusqu’aux cœurs de certaines provinces du Kurdistan.

À cette évocation de FS, Mickey ne put encore s’empêcher de largement sourire. Un énième délire à afficher à son peu reluisant compteur, preuve qu’il reprenait du poil de la bête en dépit de sa position de prisonnier solidement menotté…

4

L’allusion évoquée sur les Forces Spéciales provenait de son ex-job. Une longue et merveilleuse période où Mickey avait appartenu au régiment d’élite des Forces Spéciales françaises, le réputé 13 RDP à la devise optimiste d’en permanence fréquenter : « l’au-delà du possible ».

En anglais, cela se traduirait par : no limits !

Ce para y avait accompli une très belle carrière, avec de nombreuses OPEX à son palmarès. Des aventures guerrières et très rustiques avec des situations périlleuses qui lui avaient fait découvrir d’autres horizons lointains que ceux de sa chère belle île, sa Corse natale.

Avec une telle expérience en référence, cet ex-« Hibou » maîtrisait tous ces différents modes d’action employés chez les autres FS internationales. En effet, peu importe le pays les employant, toutes opéraient sensiblement de même, notamment quand en quête de précieux renseignements opérationnels en territoire ennemi et où là omniprésente, la discrétion restait de mise.

Convaincu, il commença à ébaucher l’hypothèse de la véritable raison d’un enlèvement en pleine nuit. Une déduction à envisager à l’arrivée de son transfert et avec probablement bientôt subir un interrogatoire musclé.

En clair, on essayerait de lui tirer les vers du nez pour qu’il dévoile les effectifs et les défenses passives mises en place dans son entreprise. Par exemple, si des mines antipersonnel autour de leurs entrepôts dont il assurait la difficile gestion de l’ensemble sécuritaire.

Si tel serait alors le cas, il y aurait gros à parier de passer un très mauvais quart d’heure, voire pire. Ces gens-là n’hésiteraient pas à le torturer pour en apprendre davantage sur sa société, voire sur d’éventuelles complicités établies avec les locaux Peshmergas, dont sa compagne, importante militante dans ce village…

Malgré ce constat hyper pessimiste, toujours bahuté dans son coffre, Mickey conservait plus que jamais son sang-froid, l’ex-para peu du genre à paniquer. Tout au contraire, il persistait à réfléchir à cent à l’heure. Ainsi, il laissa ses idées librement vagabonder pour découvrir si par le plus grand des hasards, il n’aurait pas été dénoncé par quelqu’un de proche, par exemple, la jolie Soraya, sa maîtresse.

Toutefois, le Corse rejeta immédiatement cette idée, la jugeant même farfelue, à moins encore que cela ne provienne indirectement des familiers de son amante. En l’occurrence, des jaloux ou défavorables à une telle mésalliance avec un étranger, même si ces deux amants de la même confession chrétienne.

Cependant et dans un tel contexte, il serait rarissime chez cette tribu de Yazidis d’aller dénoncer à l’ennemi des chrétiens comme eux. Qui plus est ensuite, à le communiquer à des musulmans ou à d’autres étrangers.

Une hypothèse d’autant grotesque, que ces dernières années, la religion chrétienne fut farouchement combattue par les intégristes musulmans.

A priori, Mickey rejeta alors cette éventualité, s’appuyant de préférence à des confidences sur l’oreiller de la fougueuse Soraya. Elle lui avait confirmé que depuis leur liaison, sa tribu Yazidis se serait bien habituée à sa présence, notamment avec ses fréquents passages nocturnes et pas toujours trop discrets chez son amante, peu capable à retenir ses hurlements de jouissance.

Une torride liaison qui commençait à dater.

Effectivement, cela ferait environ deux mois qu’ils filaient le parfait amour avec cette jolie veuve âgée seulement d’une trentaine d’années, presque une gamine en rapport au solide quinquagénaire.

Par ailleurs, cette « Pasionaria » était reconnue par ses pairs comme une redoutable guerrière, vite enrôlée chez les Peshmergas pour venger son défunt mari, celui-ci récemment décapité par Daesh.

En la voyant pour la première fois, la Yazidie l’avait fait penser à ce film « Sœurs d’armes ». Très beau film de la réalisatrice Caroline Forest qui rapportait sobrement la résistance farouche de ces guerrières féminines, unité Yapaja, très redoutée des djihadistes. En effet, d’être tué par une femme serait pour ces fous de Dieu : Haram. Un péché qui leur interdirait le paradis d’Allah et ses soixante-douze vierges en récompense à leur sacrifice.

Depuis, du fait de ses héroïques faits d’armes, Soraya avait pris du galon, s’entourant de femmes toutes aussi résolues qu’elle et qui constituaient une véritable horde de louves dont les exactions sur l’ennemi donnaient froid dans le dos.

Mickey se souvenait qu’au cours d’une confidence, la Yazidie lui avait montré la balle portée sur un collier pendu à son cou. Ce serait celle pour se suicider avant de tomber aux mains des intégristes et d’éviter leurs odieuses tortures vengeresses.

Nostalgique, Mickey esquissa le souvenir de leur première rencontre, un coup de foudre réciproque succédant à un combat plutôt acharné où elle se trouvait en très mauvaise posture avec son petit groupe contre des djihadistes embusqués et du triple de leur effectif.

À son arrivée sur les lieux, plusieurs morts déjà gisaient de part et d’autre des deux rangs.

Étant donné l’opportunité de l’hélicoptère de sa boîte, l’intervention de Mickey les avait secourus par des jets de grenades sur les emplacements retranchés de combat, des djihadistes rapidement ainsi débusqués.

Dès lors, les femmes Peshmergas avaient fini l’échauffourée par un héroïque assaut au poignard, émasculant avec fureur les quelques rescapés.

Une victoire ensuite fêtée autour d’un succulent méchoui, avant que spontanément elle ne s’offre à leur sauveur Heval, camarade en kurde. Cependant et auparavant, elle lui avait avoué son appréhension à d’imminents ébats, affichant avec fierté trois ans de totale abstinence après son deuil.

Fermant cette parenthèse, Mickey ne put s’empêcher de penser aussi à sa dernière soirée.

Depuis, Soraya n’était plus craintive avant leurs copulations, pire elle en redemanderait davantage. Une louve en chaleur, insatiable, avec au programme un accouplement torride qui avait lessivé le Corse au sens propre comme au figuré.

En effet, la veuve s’avérait toujours exigeante dans leurs étreintes, ce qui ne serait pas pour déplaire au Français, lui-même jamais le dernier à rapidement vouloir remettre le couvert. En clair, à ce couple, il ne fallait pas leur en promettre, une façon expéditive et agréable d’oublier pour un temps la guerre alentour…

Mais au fil des mois, plus trop le moment de rêver à leur merveilleuse idylle, d’autant qu’elle ne serait pas seulement que sexuelle, de réciproques sentiments s’étaient développés, une sensation très agréable au demeurant.

Revenu au temps présent, Mickey se retrouva en position peu enviable, revisitant son laborieux réveil à la suite du grand coup de crosse qui l’avait assommé.

5

En revanche et depuis peu, Mickey mesurait la forte inclinaison du 4x4, action qui l’entraînait beaucoup vers l’avant. Plus de doute, l’engin escaladait une côte très pentue et pour le confirmer, le puissant moteur vrombissait un maximum.

Dans la région, ces dénivelées étaient monnaies courantes, les Kurdes s’étant installés sur les sauvages hauts plateaux syriens, seuls lieux sécuritaires de disponibles pour ce peuple apatride du Rojava, appellation ancestrale du Kurdistan syrien.

De nouveau, le prisonnier fut distrait par son smartphone qui vibrait. Probablement son équipier qui s’impatienterait à ne pas le voir arriver pour le remplacer, leurs relèves bien programmées.

Bref, son grand ami Jonathan s’inquiétait, d’autant que Mickey n’était pas du genre à ne jamais respecter les horaires, une déformation chez tout militaire ayant fait carrière à la « Grande Muette ».

De là à ce que bientôt son ami ne déclenche l’alerte et en avertisse leurs autres camarades, cela ne saurait tarder. Dès lors, ses collègues partiraient à sa recherche, de quoi se sentir un peu moins seul dans son actuel malheur.

Toutefois, ce fut une pertinente réflexion qui s’évanouit quasi immédiatement en ce coffre, presque aussi vite qu’ébauchée.

En cause, le 4x4 venait brusquement de ralentir, slalomant sur un terrain plat et évoluant au ralenti comme si bientôt en passe à enfin s’arrêter.

Ainsi et comme pressenti, l’arrêt définitif se fit. Les portes à l’avant s’ouvrirent et se refermèrent brusquement, apparemment aussi les passagers pressés de débarquer pour se dégourdir les jambes.

Donc plus qu’à attendre pour découvrir l’identité de ses ravisseurs quand enfin ils viendraient lui rouvrir le coffre.

Était-ce encore la nuit ou bien plus vraisemblablement le jour.

Mickey ne tarderait plus à le découvrir.

L’ouverture de ce compartiment opaque envoya instantanément de la bonne fraîcheur à l’intérieur. Une indication rapidement assimilée comme celle d’être véhiculé en pleine montagne. Une particulière fraîcheur assimilée à avoir atteint de l’altitude. Un agréable ressenti et aux antipodes de l’accablante chaleur de la précédente plaine récemment quittée.

En effet et en dépit de sa cagoule, Mickey humait goulûment cet air pur, toutefois et à la longue qui devenait vite étouffant, identifié tel un sirocco, nom du zef classique en ces régions arides.

En seconde agréable sensation après une extraction sans grand ménagement, malgré l’opacité relative de sa cagoule, Mickey perçut de précoces rayons du soleil qui réchauffaient joyeusement son masque.

Une information vite enregistrée, car un important signal pour constater d’avoir roulé toute la fin de nuit depuis son enlèvement.

En mémoire et afin de conserver d’indispensables repères, le Français s’était bien extirpé de chez sa maîtresse à minuit pétant, heure bien visualisée sur sa super Breittling.

D’où à logiquement craindre, que ses ravisseurs l’aient emmené très loin du village de sa concubine et donc aussi et hélas bien trop éloigné de son lieu de travail.

Bref, un long trajet pour se rendre dans un repaire de brigands et vu la dénivelée avalée, celui-ci certainement situé en pleine montagne et où il serait difficile à s’en évader pedibus jambus.

Moyennement réconforté par l’accumulation de ces dernières nouvelles conclues, tout en s’encourageant à bien rester sur ses gardes, déjà et courageusement, Mickey se prépara à recevoir un accueil musclé.

Aussi, il serra les dents en prévision d’une éventuelle avalanche de coups, des gestes d’accueils sonnants et trébuchants afin de lui souhaiter la bienvenue, et ce comme il sied à des gens prévenants.

Toutefois et très curieusement à sa craintive attente, il n’en fut pratiquement rien.

Soulagement complet en échange, on s’empressa de le libérer de la peu confortable liaison cou-ceinture. Puis, à ce sensible réconfort, déjà se signalèrent d’extrêmes courbatures de ce long voyage, l’annonce prémonitoire et déjà redoutée d’un imminent douloureux torticolis à supporter.

Un désagrément supplémentaire à ajouter à l’inévitable bosse crânienne, celle-ci consécutive à sa neutralisation nocturne, à la suite du KO technique afin de faciliter l’enlèvement.

Une précaution en quelque sorte, car étant donné son gabarit et son tempérament bagarreur, sûr que le Corse ne se serait pas laissé faire sans réagir un minimum.

Bref et de réputation, jamais le dernier à échanger quelques ravageurs coups de poing.

Plus simplement qu’envisagé et tant mieux pour sa santé, il fut conduit avec précautions, mais toujours sans rien n’apercevoir du paysage environnant, puisque toujours sur sa tête l’immuable sac en toile opaque obstruant sa vue.

Très vite cependant et au bout de quelques dizaines de pas, Mickey ressentit alors une brusque fraîcheur, l’endroit hélas subitement dépourvu de la sympathique présence de rayons de soleil.

Puis, un bonheur ne venant jamais seul, quasiment dans la foulée, on l’installa presque confortablement sur une chaise branlante. Des attentions qui seraient plutôt appréciées après son musclé saucissonnage et l’enfermement dans le coffre du 4x4.

Enfin, il perçut un ordre commandé en arabe et on le découvrit, sa cagoule opaque enfin ôtée…

6

Devant ses yeux ébahis, Mickey chercha à percer la pénombre ambiante. Il déglutissait rapidement afin de reprendre sa respiration et parallèlement tout aussi ses esprits.

Ainsi, le Corse constata de se retrouver au fin fond d’une grotte. De quoi tout naturellement s’expliquer l’humide fraîcheur ressentie.

Là, volontairement pacifiques, car sans armes apparentes, quatre hommes lui faisaient face, des barbus qui devaient être des Syriens, selon les perceptions de bribes de paroles échangées et par leurs classiques faciès locaux.

Mais aussi avec ce quatuor, très curieusement et dénotant des autres personnages, grand et athlétique, un occidental lui souriait. Il était blond comme les blés, avec de grands yeux bleus pétillants de malice, une physionomie plutôt étonnante dans ce cadre du Moyen-Orient.

C’est d’ailleurs cet individu à l’allure débonnaire qui prit la parole.

— Bienvenue l’ami, je m’appelle Yvan et comme tu l’as certainement remarqué à mon accent, je suis de nationalité Russe, identité dont j’en suis fier. En revanche, mes amis sont des Syriens et non des Kurdes, mais tout cela ne t’a sûrement pas échappé.

Mickey l’aurait sans peine parié, n’ignorant pas que les forces spéciales de Poutine, les fameux spetnazs, grenouillaient dans le coin depuis l’invasion turque, sans compter leurs sociétés privées de sécurité, les fameuses « proxies-interposes » qui récemment et avantageusement remplaçaient les troupes qualifiées de régulières.

En clair, pour la Russie, politiquement et sans prendre trop de gants, ce serait une dissuasion musclée capable de momentanément ralentir les très vives ardeurs d’Erdogan.

En réalité, une présence non pas directement pour protéger les Kurdes, attitude d’autant regrettable que ceux-ci lâchement abandonnés par la coalition internationale. Bref une présence militaire tout aussi efficace que l’armée et qui aurait un effet dissuasif, même si toutes leurs actions étaient surtout orientées à soutenir ouvertement leur grand allié Bachar al Assad.

À cette situation géopolitique, il ne faudrait pas non plus oublier l’actuel conflit en Libye. Chacun des nombreux belligérants y protégeait un parti distinct, les Russes en l’occurrence misant sur le Maréchal séditieux Afshâr dans sa conquête pour s’emparer de Tripoli…

Mais si au tout début, ce Maréchal aurait présenté de grandes chances à réussir son putsch, l’armée turque l’avait depuis radicalement stoppé, voire bien annihiler toute idée de conquête de la Libye.

En revanche en Syrie, la principale excuse de cette collaboration russo-syrienne se concrétisait par une présence slave très concrète. D’ailleurs, elle se visualisait sans aucune discrétion sur les ports de Lakartié et de Tartous. Il en irait en priorité de leurs gros intérêts pour « s’offrir » un débouché logistique sur la mer, un procédé revendiqué pour favoriser leur très rentable exportation de gaz.

Mais depuis peu de temps, toute cette concurrence trouverait un autre pôle d’attraction, à savoir de s’associer à la récente découverte de gisements gaziers dans le MEDOR, sigle désignant la méditerranée orientale. Bref, des enjeux de richesse garantie, expliquant en grande partie ce grand dévouement à la cause syrienne de Bachar al Assad et également aux voisins Libyens.

En perspective et sans doute à court terme, un conflit futur en lente gestation et qui ne tarderait guère à devenir d’actualité entre Turcs, Grecs, Israéliens, Syriens, Chypriotes, Libanais et tous leurs alliés respectifs.

Les grands et stratégiques enjeux dépassaient de pacifiques solutions de partage, la force militaire devant offrir au plus téméraire de tous d’accaparer la suprématie en MEDOR.

Bref, tous ces états convoiteraient cette manne de profits qui ne les rendraient plus dépendants des très lucratifs monopoles arabes…

D’ailleurs, parallèlement à leur intrusion en Kurdistan, les Turcs venaient de refouler les migrants vers la frontière grecque. Sans doute, avec déjà d’autres idées en tête que de s’enquérir du sort de ces malheureux partis en quête d’un Eldorado en Europe.

Enfin et dernier point à ne pas négliger et à bien garder en mémoire, le gravissime contentieux entre ces deux nations depuis leur conflit ouvert à Chypre en 1974.

Revenant à son cas personnel après sa rapide réflexion géopolitique, le Corse voulut en savoir plus sur les motivations de ses actuels ravisseurs.

— Pourquoi m’avoir enlevé ? Pour une rançon ?

— Non nullement ! Tu te surestimes de trop l’ami, car ici tu ne représentes pas d’intérêts spéciaux. À la rigueur, tu peux juste avoir de quoi intéresser des bandits de grand chemin ou autres malandrins. En revanche, peut-être que ta société serait plus intéressante. Je pense notamment à des intérêts commerciaux où elle coopérerait afin d’augmenter et mieux gérer ses bénéfices. Mais, on t’en dira plus en temps voulu.

Lui tendant généreusement une bouteille d’eau fraîche, le présumé spetnaz poursuivit :

— Pour l’heure, écoute mes conseils ! Premièrement, inutile d’essayer de t’échapper, même si je ne sous-estime pas ta valeur de combattant. Ton passé militaire au 13 RDP ne m’est nullement inconnu. Il y a en effet quelques années en Irak, j’ai bien connu un de tes officiers, un surnommé respectueusement Papi par ses hommes. Tu connais certainement non ?

Abasourdi d’entendre ici dans cette grotte une allusion à Paul, alias « The Légende », Mickey opina de la tête, car à quoi bon essayer de le nier. Il espéra cependant que cet Yvan et son Paul aient eu de bons rapports…

— Deuxièmement, ici mes hommes n’hésiteront pas à te tirer dessus et sans faire de sommations. Pas du genre à prendre des gants avec des étrangers et surtout pas avec ceux qui profitent du bordel ambiant pour s’enrichir sur leur dos.

— Parce que toi, tu serais différent de moi ?

Mickey avait la réplique facile et il le regretta, mais pas assez vite que déjà d’un signe du Russe, un de ses sbires lui envoya une mandale carabinée, sa tête vacilla, presque à le faire choir de sa chaise.

— On veut bien être gentils le Franchie, mais il y a cependant des limites à respecter. En attendant, prends tes aises, car ta détention risque de perdurer. Personnellement, je vais m’absenter quelques jours et à mon retour tu en sauras plus sur ton avenir. En attendant, profites plutôt de l’air pur de la montagne et à la revoyure l’ami.

Les deux hommes s’affrontèrent du regard, comme pour se jauger et moins de cinq minutes après des consignes rapidement passées à ses acolytes, Yvan quittait la grotte, son 4X4 vivement sollicité pour le ramener vers la civilisation.

7

À l’entreprise de Mickey, l’effervescence atteignait son paroxysme avec une mise en alerte générale, même si cependant tous conservaient encore leur sang-froid. Toutefois, sérieusement inquiets, ils seraient unanimement déterminés à faire le maximum pour au plus vite retrouver leur collègue.

En effet, après de sommaires vérifications, sa disparition serait confirmée d’effective et non pas initialement comme suggérée chez certains plus imaginatifs, comme l’opportun besoin de récréation supplémentaire pour décompresser un maximum. Des passages épisodiques quand l’un d’entre eux « pétait un plomb », aléa de leur dure vie à mener en ce rude pays.

En ce qui le concernerait, d’un tempérament plutôt jovial et parfois excessif, en bon Corse qu’il était, Mickey aimait à s’entourer de quelques folklores pour égayer un job peu folichon.

Même si très bien rétribué pour compenser ce travail continu et aux retours très espacés en métropole, la routine devait être combattue et fréquemment il y réussissait avec l’unanime reconnaissance de ses camarades.

Ce rythme de boulot était à la longue difficile à supporter, même si ces ex-militaires l’avaient déjà vécu dans leurs unités précédentes avec de longs éloignements au cours de successives et dangereuses OPEX.

Pourtant, en ne voyant pas arriver sa relève, l’ex « REPMAN» prénommé Jonathan resterait très inquiet. Il l’avait d’ailleurs plusieurs fois appelé sur son portable, mais hélas en vain.

Aucune réponse d’audible, ni aux texto. Juste sa boîte vocale, qui toujours laconique distillait à lui laisser un message et qu’il y remédierait dès que possible.

De quoi sérieusement décupler le suspens en cours.

Alors qu’ici dans sa grotte, convaincu d’être inopérant, Yvan ne lui avait pas enlevé son appareil. En ces hauts plateaux, aucune onde ne serait captée même si pour occasionnellement quémander des secours. Mais en l’occurrence, renvoyé à chaque appel, Jonathan sourcillait avec inquiétude en entendant la musique accompagnant la sonnerie.

Il s’agissait du réputé générique d’Apocalypse Now, du non moins sublime compositeur Wagner et adapté au cinéma par le non moins fameux cinéaste Coppola.

Là, également après l’écoute de la musique, cela rendrait davantage angoissants ces appels qui inexorablement tomberaient dans le vide.

Sans autre réponse positive, ce single devenait presque un pessimiste clin d’œil, notamment pour ceux connaissant la suite de la musique du même film au titre peu réjouissant de : « This is the end »…

À son tour et logiquement diligenté par Jonathan, Soraya fut contactée. Nul à la boîte n’ignorait leur liaison et aussi car chacun tenu à obligatoirement donner sa position exacte en cas de sortie au-delà de leur périmètre de sécurité.

Très étonnée de sa présumée disparition, la Yazidie leur confirma que son amant l’avait bien quittée à minuit pile, avec toujours la même excuse pour aller prendre son quart.

Pudiquement, sans cependant évoquer leur ardente vie sexuelle, elle rajouta qu’ils avaient passé une belle soirée et qu’à son départ, tout allait bien entre eux, avec promesse de se revoir dans quarante-huit heures au maximum.

En clair, pas de dispute supposée chez le couple où d’avoir exagérément un peu trop bu ou encore trop fumé de narguilé ou autre pipe à chicha.

D’ailleurs, cela tomberait complètement sous le sens. De réputation avérée, dans son job, Mickey était un type ultra sérieux, ne buvant et ne fumant jamais avant d’aller prendre son service, crut-elle bon de le leur souligner au cas où ceux-ci l’ignoreraient. Même si en l’occurrence, ce ne serait nullement le cas.

En effet, lors des soirées récréatives à l’entreprise, le Corse était le premier à fermer leur bar et à vivement expulser ceux qui auraient abusé de boissons.

Un état de fait déjà constaté par le passé et à la boîte on en conviendrait unanimement, car plus « réglo » que leur ami, ici se compterait sur les cinq doigts d’une main.

Naturellement inquiète après cette annonce de disparition, Soraya s’empressa de mener ses propres vérifications. Ainsi, munie de son vieil AK 47 en main pour éventuellement s’éviter de mauvaises surprises, la Kurde se rendit immédiatement au parking habituel de Mickey.

Puis, quasi immédiatement au téléphone, elle confirma à Jonathan que le 4x4 du Corse était toujours garé au même endroit que d’habitude.

Toutefois et très étrangement, elle lui signala que les portes étaient déverrouillées, laissant libre à n’importe quel passant de tout voler, d’autant que pour ces pauvres villageois, le véhicule appartiendrait à un riche Européen.

Comme en Afrique, au Kurdistan-Rojava, il était fréquent que le voleur n’hésite pas à revendre à son propriétaire le fruit de leur larcin. Cela ne choquerait ici personne, une peu commune habitude pour les étrangers à devoir admettre avec les autochtones, bref une coutume tacite.

Dans ce pays ultra pauvre, ce genre d’occasion ne laisserait personne indifférent, au point d’appliquer à la lettre le vieil adage : « l’occasion fait souvent le larron ».

Les circonstances actuelles étaient trop tentantes, même si le voisinage connaissait le propriétaire du véhicule et sa liaison avec une de leurs femmes, en l’occurrence une combattante Yazidie accumulant depuis les succès contre les djihadistes.

Toutefois, ces braves gens n’hésiteraient pas à voler l’ami intime d’une des leurs, une occasion trop tentante en leur actuelle misère.

Cependant et après une minutieuse inspection de l’intérieur du véhicule, hélas son amant Mickey ne s’y trouverait nullement, comme si éventuellement pris de fatigue et se serait endormi.

Curieusement aussi, outre le véhicule non volé, vraiment rien dans le 4x4 n’avait disparu, sans doute en cause peut-être l’heure indue, les malandrins de service non encore réveillés. Mais étonnant aussi en cas de rapt, pourquoi ne pas récupérer le beau 4x4 de Mickey et son contenu ?

En rapide contrôle des lieux, Soraya nota que les indispensables jerrycans d’essence et les deux bidons de cinq litres d’eau, mesures en précautions de sécurité si en panne dans le désert, seraient effectivement présents, solidement sanglés dans le coffre pour s’éviter les chocs dans les nids de poule.

Également et alors plus étrangement encore, s’y trouvaient toujours les armes de son amant.

À savoir, son PM UZI et un puissant fusil à canon scié. Aussi avec, figuraient leurs munitions respectives, tout cela précisément stocké à la même place, car pour le Corse, des armes performantes et prêtes à servir en cas de besoin.

Mais apparemment, tel n’aurait pas été le cas, car pas vraisemblablement eu le temps de s’en équiper.

Effectivement, même son deuxième Beretta était toujours accessible dans la boîte à gants, avec toujours une balle engagée dans le canon et sécurité mise, afin de gagner du temps si agression. Des précautions indispensables dans tout pays en guerre, le temps de réaction pouvant vite changer la donne et accessoirement aussi, vous conserver en vie.

Bref, le B, A, BA dans le boulot de la sécurité…

Face à ces inexplicables indices relevés et rapportés par la Kurde au téléphone à Jonathan, au fil du temps s’écoulant, désormais l’enlèvement de Mickey s’inscrirait dans le domaine du plus que probable.

Aussi, il n’en fallut pas davantage au petit jour pour que deux hélicoptères de la boîte partent en reconnaissance aux abords des camps supposés de djihadistes.

Mais hélas et à leur retour trois heures plus tard, leur vol se solderait par aucun résultat probant.

Très vite, tout maintenant porterait à croire que le Corse avait bel et bien disparu, certainement enlevé, toutefois sans encore aucune revendication de ses ravisseurs.

Une condition qui serait assez inhabituelle pour ne pas le signaler, car jusqu’ici, les djihadistes ne tardaient jamais à se manifester quand étant auteurs. En général des aveux spontanés afin de rapidement réclamer une coquette rançon, sans quoi en première menace de non-paiement : la mort assurée pour leur prisonnier.

Parallèlement et de façon méthodique, c’est-à-dire passés au crible, tous les précieux indicateurs locaux furent sollicités. Afin de les motiver, des promesses de primes substantielles qui rapidement les inciteraient à retrouver Mickey.

Ici au Kurdistan, objectivement nul Kurde ne disconviendrait qu’un « Roumi » ne disparaissait jamais sans laisser aucune trace. Avec pour preuves, d’autres enlèvements qui furent passés en revue pour démontrer la fiabilité de cette thèse.

Bref, de quoi davantage s’inquiéter à l’issue de ce long recensement, car quelques morts à déplorer parmi ces tristes souvenirs évoqués…

9

De son côté, désormais aussi inquiète comme les Français, Soraya venait également d’alerter ses amis Peshmergas pour rapidement déterminer la meilleure piste à suivre. Éplorée de cette disparition à plus d’un titre, car pour elle en plus sur l’affectif, la Kurde rechercherait à concrètement aider son amant. Tout aussi ses amis de la société dans les initiatives entreprises et à au plus vite finaliser.

En point commun à ces analyses et à tous ceux qui connaissaient intimement Mickey, à ce jour l’idée limite saugrenue à ce qu’il se soit fait surprendre resterait une énigme. Même si sans ne vouloir trop présumer de sa valeur guerrière, à la longue et hélas, nul ne demeurant éternellement invincible.

Toutefois, le Corse était particulièrement réputé à savoir protéger ses arrières, rappelant en permanence à son entourage que selon ses propos : « cela ne mangeait pas de pain, alors ne jamais s’en priver, du moins si l’on voudrait vivre vieux ».

Alors insidieusement transpira l’hypothèse d’avoir peut-être été contacté par une de ses connaissances locales, laquelle lui aurait ainsi fait momentanément lever sa légendaire garde.

Bref, de stériles supputations et qui au fil des heures se multiplièrent en ce sens.

De surcroît, l’imagination chez ces aventuriers serait débordante, chacun y allant de ses farfelues réflexions, de quoi en écrire un roman.

Toutefois et hélas en final, sans ne jamais leur permettre d’ébaucher des suites concrètes à leurs vaines et inutiles suggestions.

De l’avis éclairé du chef d’antenne, faute de posséder d’autres indices plus révélateurs, il ne leur resterait plus qu’à patienter et d’attendre les revendications des ravisseurs.

Ou bien encore et autre éventualité davantage morbide, à bientôt au cours de recherches, de retrouver son corps sans vie. Du genre habituel en ce pays, où abandonné dans un fossé, après avoir été exécuté d’une balle dans la tête ou bien encore pire, décapité selon les coutumes barbares de Daesh. Et sous-entendu à cette sinistre évocation, la crainte de recevoir en cadeau sa tête décapitée, si en cause des représailles revanchardes de djihadistes, seuls auteurs de cet enlèvement.

Mais à cette heure matinale, il serait à déplorer qu’il ne s’agisse toujours et hélas que de vaines supputations, limite du rabâchage.

En effet, les trajets habituels refaits plusieurs fois entre la société et la maison de Soraya n’avaient rien donné comme pistes, tout comme les primes promises pour appâter d’opportunistes dénonciateurs.

Avec ces énormes sommes offertes, sous peu il ne devrait pas manquer de ces probables candidats à la délation.

À ce stade, encore faudrait-il trier leurs confidences afin de déceler l’effective vérité. En craintes, transpireraient ces ingénieux bonimenteurs et leurs colorés racontars pour habilement bien coïncider aux circonstances.

Pourtant et objectivement, rien ne prédestinerait à ce que ce rapt aurait de près ou de loin un quelconque intérêt politique.

Le job de Mickey, certes important, consistait à assurer la sécurité du site en des lieux présumés dangereux. Ceux-ci s’imbriquaient au sein d’une guerre omniprésente et décuplée depuis la récente intervention turque.

À moins encore et en dernier recours, tel un jeu devenu rituel, de vouloir une nouvelle fois faire « chanter » la France avec une énième prise d’otage d’un de ses ressortissants.

Cependant et déjà alertés, ni le Quai d’Orsay, ni « La Piscine » n’avaient jusque-là réagi, pourtant l’un comme l’autre de ces puissants organismes ne serait jamais les derniers à être affranchis de ces scoops.

Probablement que dans un premier temps, leurs performants « officiers-traitants » assimileraient cet enlèvement à un vulgaire crime de droit commun. À leurs yeux et en majorité, tous ces nouveaux contractuels de la sécurité qui agissaient volontairement en ces pays en guerre resteraient des aventuriers.

Théorie qui n’était pas fausse, car même si la plupart affichaient des passés militaires intéressants, mais cela hélas plaiderait en leur défaveur. En cause, d’être toujours accroc à cette quête d’adrénaline. Cette drogue si facilement retrouvable en rejoignant de tels sites catalogués de « craignos », et en règle générale, ce côté bassement pécuniaire ne venant ensuite qu’en second.

En clair, des mercenaires modernes qui seraient toujours à la recherche de sensations fortes, des substances limite aphrodisiaques chez certains et au point d’en être éternellement dépendants.

Cependant, selon d’autres analystes, peut-être que Mickey avait mis le nez dans une très sale affaire, celles-ci facilement proliférant compte tenu du chaos régnant dans ces pays. De là à inclure dans leurs hypothèses, ses réflexes d’ex-équipier de recherche au 13 RDP qui l’auraient implicitement entraîné à une quête de renseignements tous azimuts.

Pour l’imager, il aurait agi telle une mouche, trop attirée par une belle et copieuse tartine de confiture.

Cependant et pour l’heure, faute d’autres éléments concrets, il serait encore trop tôt pour se faire une idée et surtout prendre une quelconque décision.

Dès lors, dans l’attente de revendications émises ou si le corps sans vie retrouvé, après et seulement, ces deux organismes nationaux entreraient enfin dans la danse.

Toutefois et bien regrettable comme dans d’autres affaires, avec un préjudiciable temps de retard qui pourrait en final être fatal à Mickey…

Solidaires et comme il se doit de l’être chez ces ex-guerriers, sans attendre d’autres renforts, les collègues de Mickey entreprirent encore des recherches plus poussées. Certains n’hésitèrent pas à s’aventurer dans des endroits peu fréquentables, voire dans des camps de réfugiés qualifiés à gros risques. D’ailleurs, une de leur patrouille essuya des tirs aux abords d’un de ces camps.

Sans doute encore de présumés réfugiés, astucieusement planqués sous la protection de la bannière du Haut comité des réfugiés (HCR).

En clair, il s’agirait de djihadistes surpris par cette tentative inattendue d’intrusion dans leur Havre de paix et menée par des mercenaires blancs.

En explication rationnelle à cet incident, toujours l’invasion turque qui avait en amont provoqué des exodes massifs. D’où ces camps du HCR qui s’étaient multipliés pour accueillir ceux présumés vouloir fuir la guerre. Mais là et effectivement planqués parmi eux, des intégristes s’y étaient discrètement infiltrés en cachant sans trop de difficultés leurs armes. Des personnels djihadistes de Daesh et du Front Al Nosra de Hayat Tahrir al Cham (HTC). D’opportunistes combattants qui profiteraient de l’aubaine du HCR pour continuer plus tard et de préférence ailleurs leur combat du djihad.

En perspective, pourquoi pas en Europe tout en suivant sans risques les grands flux migratoires.

D’ailleurs, la majorité d’entre eux resteraient d’humeur revancharde, avec en mémoire honteuse, les récentes déculottées subies par de valeureux combattants Peshmergas, dont surtout et honte suprême, l’immense perte de leur capitale Kobané qui restait bien présente dans leurs têtes.

En final pour les amis de Mickey, juste de courtes échauffourées, mais hélas sans ne rien ramener comme indices pour éventuellement le retrouver et toujours à déplorer, aucune revendication des ravisseurs.

À ce rythme, l’inquiétude grandissait proportionnellement au temps qui s’écoulait, et pas de quoi rester sereins comme à leur habitude chez ces personnels de la sécurité.

Impatients, tous guettaient le moindre appel téléphonique ou la réception du courrier.

L’angoisse était palpable et l’ambiance bien morose, pas de quoi redonner le moral au sein de la société…

10

Comme souvent dans ces hautes régions chaudes, conforme aux us et coutumes locaux, le rituel « téléphone arabe » ne tarderait plus à se mettre en branle, voire, il déborda largement au-delà des frontières.

Cependant, modernité oblige, cela se fit parallèlement par l’efficace biais d’Internet, auquel automatiquement se greffèrent les prolifiques réseaux sociaux du web. Une quête désormais accélérée, limite instantanée, avec l’information et ses mensonges qui ne mettront plus beaucoup d’heures avant d’être dévoilés, tels ses hélas « fakes-news ».

Dans ce contexte, parfois cela irait si vite, que ces infos seraient déjà largement dépassées au moment de leurs prises de connaissance.

Bref, devenue une évidence, l’impossibilité d’arrêter le progrès et ce quel que soit le coin le plus reculé où l’on séjourne sur terre, vraiment l’envers du décor pour ceux n’ayant jamais pris ce train en marche.

C’est ainsi qu’en permanence animée par l’infatigable Olivier B, page Facebook des amis du 13 RDP, qui informa en MP nombreux de ses membres qui auraient par le passé connu Mickey.

Pour info, Olivier possède toujours un auditoire que nombreuses associations et amicales aimeraient détenir dans leur giron, avec en qualité requise ses fréquentes animations qui accompagnent agréablement tous ses adhérents.