Palestine, fin du mécanisme du rejet - Adel Paul BOULAD - E-Book

Palestine, fin du mécanisme du rejet E-Book

Adel Paul BOULAD

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Beschreibung

"Palestine, fin du mécanisme du rejet"

"Chroniques d’un militant pour un nouvel horizon"

La catastrophe en cours en Palestine, humaine, économique et morale aboutit à deux détresses : d’un côté l’éradication et la perte de raison d’être pour les survivants, de l’autre la dislocation identitaire sans perspective autre que l’autodestruction.

Ce cercle infernal se nourrit d’un mécanisme millénaire du rejet. « L’Europe nous a vomit en Palestine » écrit Shlomo Sand. Malgré l’esprit de vengeance récurrent, gratifiés par des atouts remarquables (géographie et ressources) les peuples aspirent à un nouvel horizon. Le terrain est prêt pour briser le cercle vicieux.

Quel est le diagnostic actuel et utile ?

Ecrit par un coach de dirigeants en vue de s’harmoniser et de performer avec leurs équipes, le livre a pour ambition de poser les faits, l’histoire et leurs impasses, puis de procéder à un constat tous azimuts : sociétal, économique et sécuritaire.

Que faire ensuite ?

En les nommant, ce livre contribue à évacuer les perceptions biaisées, les griefs, les haines héritées et à se réapproprier son humanité sans préjugés. Il fait l’inventaire des atouts et des richesses disponibles.

Comment sortir du cercle vicieux, vers un nouvel horizon ?

Plus de vingt ans d’expériences opérationnelles de transformations de leadership accouchent d’une démarche « out of the box ». Elle est structurée et concrète. Elle est destinée à dégager un autre avenir inspirant et bénéfique à la jeunesse palestinienne et israélienne.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Adel Paul BOULAD est un Franco-égyptien, d’origine syrienne, PhD en Sciences Physiques, trente ans de management dont onze à l’international, coach de dirigeants depuis 2000. En 2016 pour l’Egypte, il fait procéder à l’inscription du « Tahtib – Jeu du bâton » au patrimoine culturel de l’Unesco. Ex voisin de Gaza, guide dans les camps de réfugiés palestiniens au Liban, consultant e-business transformation pour Cisco en Israël, il a une connaissance approfondie, culturelle et opérationnelle du Proche-Orient.





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Couverture

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Publishroom Factorywww.publishroom.com

ISBN : 978-2-38625-212-9

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit, est illicite et constitue une contrefaçon, aux termes des articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Page de Titre

Adel Paul Boulad

PALESTINEFin du mécanisme du rejet

Chroniques d’un militantpour un nouvel horizon

Préfaces de Anwar Abu Eisheh et Bernard Hacker

REMERCIEMENTS

Avec ma gratitude aux auteurs des témoignages de la Diaspora Palestinienne et à ceux des acteurs engagés sur place pour mettre en œuvre les accords d’Oslo.

Avec toute ma reconnaissance aux deux préfaciers, Anwar Abu Eisheh et Bernard Hacker.

Avec mes vifs remerciements pour ceux m’ont accompagné avec attention et patience tout au long de la rédaction de ce livre :

AlfiAmirAnwarBernardChantalDidierFadiFrançoisHatemHodaLeïlaMounirSamirSébastienShabibVictor

PREFACE 1

Anwar Abu Eisheh1 2

Dr Droit Civil, co-auteur du code civil Palestinien, ex-ministre de la Culture de l’Autorité Palestinienne, il initie en 2007 la campagne pour l’inscription réussie de Hébron, sa ville, au patrimoine mondial de l’Unesco. Aujourd’hui, il anime l’Association d’échanges Culturels Hébron-France.

En 1956 j’avais à peine 5 ans, un climat de guerre s’installe dans la vieille ville d’Hébron. Je n’y ai jamais repensé jusqu’à aujourd’hui. J’ai commencé à lire le livre d’Adel Boulad et je me remémore comment nous étions obligés de peindre nos fenêtres en violet foncé pour ne pas être repérés par les avions israéliens. Mon père, comme tous les hommes, était obligé d’aller tous les jours faire des entrainements militaires… Avec du recul je pense que cela devait être limité aux gestes de base.

Jusqu’à cette date le commandant de l’armée jordanienne était le Britannique Glubb Pacha. Les salaires des officiers et soldats jordaniens étaient payés par le Royaume-Uni. Je me souviens vaguement qu’on nous a fait vivre un climat de victoire parce que le Roi Hussein (encore mineur) a expulsé Glubb Pacha et a « arabisé » l’armée jordanienne.

C’est la première chose à laquelle m’a fait penser ce livre car l’auteur avait presque le même âge et qu’il était à Port Saïd, soit à 250km à vol d’oiseau de chez moi, et vivait donc la guerre de Suez. L’Egypte avait alors été attaquée militairement par Israël, la France et la Grande-Bretagne à la suite de la nationalisation du canal de Suez par Gamal Abdel Nasser.

A l’époque dans ma ville tout le monde était autour d’une radio à écouter les informations. La majorité écrasante de la population est devenue pro Nasser, le héros qui a défié l’Occident. Jusqu’à aujourd’hui je me souviens des chansons égyptiennes qui étaient chantées en 1956 et plus tard de la chanson sur le barrage « As Sad al Ali » (ou barrage d’Assouan) car c’était encore un défi dans les domaines politique et technique. Les programmes radiophoniques égyptiens nous attiraient du matin au soir ; nous allions chez ma grand-mère qui avait une radio, malgré l’interdiction par les autorités jordaniennes de l’époque d’écouter la radio égyptienne.

L’auteur commence par ses mémoires d’enfant qui l’ont marqué autant que les miennes m’ont marqué. Dès le début se mêlent le personnel et le politique, le social… Une phrase m’a interpellé : « sortir du cercle vicieux ». Moi aussi, en tant que Palestinien, je réfléchis à comment sortir du cercle vicieux pour parvenir à une paix juste chez moi.

Adel Boulad arrive en France tout jeune et commence alors à militer : à le lire on croirait lire un militant palestinien. Il est vrai que les Arabes du croissant fertile à cette époque se sentaient tous d’une même nation. Sans doute beaucoup plus que maintenant parce que les frontières de Sykes-Picot étaient encore récentes.

Tout ce qu’écrit Adel Boulad sur son militantisme, notamment à ses débuts, évoque beaucoup aux militants sexagénaires français. Après quelques dizaines de pages le lecteur peut se demander « mais que veut-il ? ». S’agit-il d’une biographie, d’un livre d’histoire, d’un ouvrage politique, d’une recherche historique, d’un recueil de témoignages ? En réalité l’auteur mêle, par souci de présenter un maximum d’informations, ces différents aspects et avec pour objectif de sortir du cercle vicieux. Ce n’est que dans la quatrième partie qu’il nous présente une théorie qui rappelle ce que peuvent présenter les think-tank dans une volonté de rapprocher des points de vue.

L’un des points positifs de cet ouvrage est de rappeler quelques épisodes ou événements qui ont marqué l’histoire du Proche-Orient et qu’on aurait tendance à oublier. Par exemple le fait que la France a fourni le nucléaire à Israël en 1956, utilisé pour la première fois par Golda Meir qui a sorti ses têtes nucléaires lors de la guerre de 1973, menaçant de détruire toutes les capitales arabes, si les armées égyptiennes et syriennes continuaient leur progression. Cela a changé tous les rapports de force en matière de guerre conventionnelle. Autre exemple, qui date de quarante ans. J’avais oublié Mordechai Vanunu. Il est pour moi un héros de la paix, qui a révélé en 1986, dans le quotidien britannique The Guardian, la puissance nucléaire d’Israël…

Le lecteur comprendra mieux la responsabilité historique de l’Europe quant au comportement de l’Etat d’Israël y compris son occupation des terres de Palestine. Et c’est justement ce qui devrait conduire l’Europe à assumer ses responsabilités en vue d’une paix juste.

L’auteur cite tout au long de son ouvrage des informations qui font comprendre qu’Israël est toujours un état « à part » et que ce n’est pas un état normal. Cet état qui a 75 ans reste un cas unique.

Dans la troisième partie de son livre il se pose les mêmes questions que moi, septuagénaire aussi. C’est une tendance, je crois, chez les gens de notre âge de faire un bilan. Par exemple, avons-nous eu raison ou pas de croire à la lutte armée ? Avons-nous fait assez auprès des organisations internationales ? Avons-nous toujours lancé des slogans adéquats ? Personnellement je n’ai pas de réponse mais je ne regrette rien de ce que j’ai fait. Quant à lui, la lecture vous apportera la réponse.

Le fait qu’il cite beaucoup de témoignages crédibles, d’annexes et d’ouvrages font de ce livre une référence en lui-même. Il invite à aller vers d’autres ouvrages qui pourront compléter une meilleure connaissance de la Palestine.

Une partie de ce livre semble avoir été écrite il y a plusieurs années mais le reste l’a été depuis le 7 octobre 2023. Là l’auteur parle de sujets d’actualité comme l’après-guerre à Gaza mais aussi de la formule à deux états ou à un seul état ?

Je me permets là d’exposer mon point de vue à travers mon histoire personnelle. Les jeunes palestiniens se posent constamment la question et penchent de plus en plus pour la solution à un seul état. J’ai adhéré à Fatah fin mars 1968. Là on m’a appris la laïcité et on m’a expliqué que l’objectif du Fatha était de lutter pour un état laïc et démocratique sur toute la terre de la Palestine historique, à égalité de droits et de devoirs entre juifs, chrétiens et musulmans. Article numéro 1 jamais abrogé de la charte du Fatah

A l’époque les Israéliens militant pour la paix, l’Union Soviétique et toute la communauté internationale rejetaient cette solution. En 1974 la direction de l’OLP, au conseil national palestinien à Damas, a introduit l’idée vague d’un état palestinien dans les territoires occupés militairement en 1967. La majorité de mes camarades et moi-même étions opposés à cette notion. Cela a duré de longues années mais avec le temps la direction de l’OLP a développé une stratégie d’une solution à deux états, surtout fondée sur les règles du droit international. En 1983 lors du Conseil National Palestinien à Alger cette idée de deux états côte à côte est intégrée dans le programme politique de l’OLP.

Tous les dirigeants et représentants de l’OLP défendent notre droit à un état palestinien indépendant à côté d’Israël avec des arguments basés sur les principes du droit international. J’ai souvent ajouté, lorsque j’intervenais sur ce sujet, que mon rêve restait un état laïc et démocratique à égalité de droits et de devoirs entre juifs, chrétiens et musulmans. Je suis convaincu qu’actuellement et pour encore longtemps cela est impossible. Il faut dans un premier temps qu’un état palestinien coexiste et vive en réelle paix à côté d’Israël sur une ou deux générations. Ce n’est qu’après que ce rêve pourra se réaliser.

Je comprends et je salue ceux qui rêvent d’un seul état mais je crois qu’existe alors le risque de prolonger le combat.

Les militants de plus de 60 ans retrouveront pêle-mêle tous les mots de leur jeunesse et les jeunes apprendront un autre militantisme.

1 Parcours d’un militant palestinien. De chauffeur de taxi parisien à ministre de la Culture. 27/05/2018. La croisée des chemins

2 Mémoires palestiniennes : la terre dans la tête. 27/02/2014. Chemins de traverse

PREFACE 2

Bernard Hacker,

Consultant international en dynamique des changements.

Une tragédie avait touché la famille il y a plus de 80 ans, elle ré émerge aujourd’hui.

En 1914, par peur des exactions violentes des révolutionnaires de Russie et leurs pogroms, mes grands-parents paternels des juifs Roumains ont fui leur pays la Roumanie.

Ils ont choisi la France en espérant y trouver la paix, la protection. Mon grand-père était chirurgien-dentiste, et a dû terminer ses études, tout en apprenant le français.

Naturalisés français le couple finit par s’installer à Montluçon.

Dès 1941, étranger Juif, mon grand-père fut soumis aux interdictions d’exercer. Il a aussi subi les exclusions des organisations professionnelles de dentistes, et ceux du conseil de l’ordre des chirurgiens-dentistes.

Les ordres venaient des préfectures, et de la police du gouvernement de Vichy.

La préfecture ordonna des écoutes téléphoniques, des suivis policiers à l’encontre de mon grand-père et de ses deux fils.

En 1943, le gouvernement de Vichy déclara les déportations des étrangers juifs. Une dénonciation d’un concurrent dentiste accéléra la procédure contre mes grands-parents, mais également contre leurs deux fils.

Des documents de police que j’ai retrouvés indiquent que mes grands-parents s’étaient convertis au catholicisme, mais cela n´arrêta pas la chasse.

Cela est faux, aucun document ne l’indique.

Alors la machine de REJET se mit en route : une arrestation par 5 soldats de la Wehrmacht, des interrogatoires par la Gestapo, l’emprisonnement à Moulins, et enfin transfert vers Drancy.

La fin fut le « voyage vers l´enfer » d´Auschwitz par le CONVOI 63. Dès son arrivée, mon grand-père fut gazé, sa femme mourut peu de temps après.

Le comble est que mon père, alors médecin, partit en 1945 avec les Américains pour libérer les camps de concentration. J´imagine très difficilement le courage, l´angoisse, l´espoir de sauver ses parents. L’horreur était là, devant lui, et pendant ce temps-là les bombardements alliés sur les grandes villes allemandes faisaient trembler le sol aux bords des camps libérés.

Allons-nous rester dans l’évocation de cette histoire, alimenter le processus de plainte, du « plus jamais ça », tenir des discours sur le REJET pas ou peu suivis ?

Il nous fallait SORTIR de cette évocation, répondre et transmettre autre chose.

D’abord, retrouver la vérité des faits.

UNE DYNAMIQUE, UN ENGAGEMENT ÉTONNANT. LE BOUC ÉMISSAIRE REAPPARAÎT.

Je possédais des documents à propos de cette histoire, mais peu… et mon père ne parlait que très peu. Je me suis rendu compte que d´autres membres de la famille étaient dans le même cas, il y avait peu d’échanges.

Comment se dire la vérité des choses ?

Alors, une résolution de début d’année, j’ai proposé de rassembler tout ce que nous avions. Et quelque chose s´est déclenché : l’adhésion de tous.

Des documents dont je n’imaginais même pas l’existence sont arrivés dans ma « boîte mail » avec des réponses à plusieurs interrogations.

Et surtout une frénésie d’échanges s’est installée, l´appétit de savoir, mais encore des découvertes sur l’histoire de la famille, des actions audacieuses notamment vers les archives de Vichy. Des personnes extérieures ont fourni des informations et documents inattendus où le terme juif était évité, par exemple : les rapports de police et les documents qui interdisaient à mon grand-père d´exercer !

Juste devant nos yeux la vérité des choses : le déni du juif, la trahison, le rejet.

Ce qui manquait était enfin accessible.

Saisissant, glaçant.

Est-ce utile d’en rester là ?

UNE DÉMARCHE POUR EN SORTIR, EVITER LA PROPAGATION DU MECANISME REJET

Boulad et moi, avons développé une démarche, que nous avons pratiquée de nombreuses fois, pour des dirigeants d’entreprises de toute taille. Il s’agissait de projets portés sur l’avenir, dans des contextes conflictuels et complexes.

Les conflits, les rejets, le défaitisme dominaient les esprits des dirigeants concernés.

C’était leur norme, leur habitude, leur « zone de confort » parce qu’elle était connue.

Pourquoi la démarche éprouvée fonctionne aussi bien ?

La saturation des « impossibles » et la lueur d’un autre avenir déclenchent une prise de conscience salutaire.

Des principes de bon sens, et qui dans le cas de l’avenir des relations palestiniens / israéliens prend plus encore de valeur.

En effet cette démarche décrit un nouvel horizon de réussite, de performance et d’harmonie. Elle engage les participants à proposer par eux même des idées, moyens de réalisation.

Il n’est plus question de se faire imposer un schéma que les grandes puissances guettent avec intérêt. Plus tard, elles seront amenées à participer suivant les critères définis par les créateurs du nouvel horizon.

Il convient de gagner et de gérer la responsabilité des propositions.

C’est nous et c’est à nous.

Et puis, ensemble on va présenter une vision de notre avenir, de nos relations : UNE CARTOGRAPHIE représentative de « notre désir », de notre vision.

Nos valeurs et identités claires, les piliers de notre avenir.

Pour mieux échanger, le langage commun proposé qui réduit les ambiguïtés, éloigne les rancœurs.

TOUT EST CONCENTRÉ SUR L’AVENIR.

Enfin nous pouvons passer au verbe : une description concrète, avec les moyens de parvenir à la réalisation de cette VISION.

Puis la parole est aux actes, au courage, à la fierté.

FAIRE SAUTER LE CERCLE VICIEUX

Pour ce faire, dans la 4ème partie de ce livre, Boulad propose un mécanisme d’indentification des « briseurs de cercle vicieux », israéliens et palestiniens. Il y traite aussi de l’évacuation des griefs et des haines.

Dans un second temps, la démarche, dénommée « Cartographie des changements complexes » a pour mérite de décrire un avenir réussi. Elle met en cohérence des acteurs et des responsables d’organisations. Elle est surtout utile pour élaborer une nouvelle stratégie, une nouvelle organisation, aussi pour renforcer une gouvernance adaptée.

La parole est libre, et on s’y efforce d’estomper la hiérarchie, le focus est sur l’opérationnel ; le langage repose sur des images métaphoriques. Il en ressort une expression réductions ambiguïtés. Il en ressort une vision facile à représenter et à présenter à l’ensemble de l’organisation voire des partenaires.

Le visuel facilite la mémorisation à long terme, elle est plus efficace que des textes longs.

Le processus est rapide. Pour une vision commune et partagée, le processus intègre l’identification des identités et des valeurs fondamentales pour une nouvelle organisation dirigeante et opérationnelle.

Avec Boulad, quelque soient nos accords ou divergences sur les solutions à préconiser, notamment sur le cas Israël – Palestine, nous veillons à ne pas projeter nos visions auprès des dirigeants concernés, mais à,

•Leur faire faire un diagnostic commun.

•Les questionner sur leurs freins, leurs motivations.

•Mettre en perspective leurs choix avec leurs conséquences.

•Traiter les désaccords en les segmentant en petits bouts plus faciles à traiter.

•Recadrer et recentrer les échanges entre eux dès lors qu’ils s’écartent du bien commun à créer.

Voilà en quelques mots ce que Boulad et moi avons construit et pratiqué dans des situations souvent complexes, et magnifiant les résultats, entraînant l’énergie et le bonheur de faire.

Auriez-vous envie de briser le cercle vicieux ?

INTRODUCTION

Mon regard sur le sujet est celui d’un Égyptien fils d’une mère copte et d’un père égyptien d’origine syrienne. Émigré en France en 1963, je bénéficie aujourd’hui de la double nationalité française et égyptienne avec des ancrages familiaux et affectifs sur les trois pays : l’Égypte, la France et la Syrie.

Ma langue maternelle est l’arabe et j’ai grandi à Port-Saïd, l’entrée nord du Canal de Suez, dans une fratrie de quatre enfants, tous baptisés et élevés chrétiennement dans une société à majorité musulmane.

Une partie de ma jeunesse se passe à Sarcelles dans les années 60. Dans la cage d’escalier de notre immeuble, nos voisins sont antillais, pieds noirs juifs, pieds noirs chrétiens, parisiens, émigrés hongrois, vietnamiens, cambodgiens d’origine chinoise… C’est un formidable « melting pot » où chacun se dépasse pour réussir à l’école, pour être le meilleur en sport, pour choisir ses études et un travail. Chacun se plie aux injonctions des enseignants pour s’approprier la langue française dans toute sa complexité et sa richesse.

Forgé à la rigueur scientifique d’Hubert Reeves et Claude Allègre, figures d’avant-garde et pluridisciplinaires, je soutiens une thèse en géochimie. Leur enseignement converge alors avec celui de la pratique de l’aïkido, pour des atouts de management notamment celui du changement d’angle face au défi bloquant.

Dès 1979, j’applique cet apprentissage avec succès pendant 30 ans de management dont 11 à l’international au sein d’entreprises leaders de la haute technologie. De DEC à Cisco, une richesse multiculturelle, des métiers en perpétuelle évolution, face à des défis de transformations en interne et auprès des clients, je bénéficie d’approches managériales d’excellence, notamment le coaching d’équipe.

En 2001, je fonde PLI, mon cabinet de coaching spécialisé en performance d’équipe, auprès de PME, ETI et grands groupes. Parmi les ateliers de direction, la cartographie opérationnelle du succès envisagé passe par la refonte des relations interpersonnelles, la transformation du leadership, l’incarnation des valeurs et la fluidification des processus. La démarche est de type « Out of the Box ». Elle concerne l’ambition, la méthode et le processus des ateliers.

La pratique régulière des arts martiaux auprès de grands maîtres japonais et chinois inspire mes méthodes de travail et de coaching. En 2000, mes racines me ramènent à la richesse plurimillénaire du bâton de combat égyptien. Pour sa sauvegarde, j’œuvre avec succès pour son inscription au patrimoine universel de l’UNESCO et j’en codifie une forme sportive en vue des JO 2036.

Dans cette diversité culturelle et sectorielle, mon coaching est utile lorsque l’homme est au cœur du projet, confronté à des défis majeurs. Sa remise en cause dans ses préjugés, ses peurs, ses griefs, ses attentes et certitudes est un des leviers pour s’ajuster dans sa relation à lui-même et aux autres.

Dans les années 50 en Egypte, j’habitais à 180 km à l’ouest de Gaza. Juxtaposée aux camps de réfugiés Palestiniens, virés de chez eux manu militari en 1948 puis en 1956, il y avait une zone franche. Nous y faisions nos achats notamment de jouets et d’ustensiles électroménagers japonais.

Dans les années 70 en France, au Liban, en Syrie, dans les camps de réfugiés, j’étais parmi les activistes engagés à rétablir la justice et le droit et la justice pour les Palestiniens. J’ai stoppé mon implication pour deux raisons successives et espacées de 20 ans : le refus de la violence armée, le désaccord sur l’islamisation de la cause palestinienne.

Néanmoins, je gardais un œil sur la stratégie pacifique des dirigeants palestiniens, sur leurs concessions pharaoniques par suite des accords de Camp David, Madrid, et Oslo. J’attendais qu’Israël saisisse l’occasion pour bâtir un autre monde avec les Palestiniens. Au contraire, je n’ai pu qu’observer les manifestations des pacifistes israéliens contre les manœuvres dilatoires de leurs gouvernants, pire leurs politiques colonialistes, expansionnistes.

Cinquante ans plus tard, force est de constater l’échec, voire la tragédie, ses conséquences en France et dans le Monde.

L’Occident reste pétrifié. Son inaction, le rend de facto complice de l’injustice subie par les Palestiniens. Pourtant, à la fois coupable et culpabilisé, il est bien à la source.

En 1917, Lord Balfour, raciste anti-juif, craignait de voir déferler en Angleterre des centaines de milliers de Juifs fuyant les pogroms en Europe de l’Est. Il n’a rien trouvé de mieux que de les bifurquer vers la Palestine, alors sous mandat Britannique. Balfour cadence l’implantation de juifs russes, polonais, allemands etc. parmi les Palestiniens. En Palestine, la population juive passe de 8% en 1917 à 30% en 1932.

En 1945, l’occident ne découvre pas seulement la Shoah, il découvre surtout sa culpabilité d’avoir laissé faire, voire d’avoir facilité le génocide.

Racisme anti-Juif européen et culpabilité Shoah aussi européen engendrent Israël.

Comment l’Europe et l’Occident pourraient-ils dénoncer ce qu’ils ont créé ?

Le rejet de l’Europe de l’Est, génère le rejet de la partie Ouest du continent. De ghetto en ghetto, cette dynamique du rejet engendre un Pays-ghetto. Le rejet s’amplifie à son intérieur et auprès de ses voisins.

Face à la répétition de l’histoire, du mécanisme du rejet antisémite européen plurimillénaire et du cercle vicieux centenaire en Palestine, j’ai repris ma plume.

Même s’il en contient des éléments, ce livre n’est ni un livre d’histoire ni de géopolitique.

Ma formation scientifique et mon parcours managérial aidant, le livre a pour ambition de poser les faits et de dégager un nouvel horizon.

➢Que cet horizon soit profitable aux deux peuples en présence, les Palestiniens et les Israéliens.

➢Qu’il devienne une référence mondiale, sociétale, économique et sécuritaire.

C’est ma ligne de conduite.

Le livre propose à son lecteur de passer en mode d’acteur et de contribuer ainsi à briser la fatalité de la déchéance de l’humanité. Pour ce faire, le livre contient des grilles de diagnostic individuel et d’introspection. Elles aident le lecteur à faire émerger des initiatives personnelles dans ses propres sphères de vie.

Attisés par la mémoire postcoloniale, post-shoah, le racisme souterrain néanmoins présent, le tabou du sionisme similaire au tabou de l’islamisme, la passion s’empare des échanges sur le sujet. Les clivages s’imposent jusque dans les familles.

Le racisme est multiple, tous azimuts. Il est de la part de l’occidental « blanc, bien habillé, pleurant ses morts et jurant vengeance » vis à vis de l’autre « mal rasé, en guenilles, hurlant et courant dans les rues de Gaza à la recherche de ses cadavres ». Il est aussi intrajuif, ethnique et coloré, entre les Sépharades, les Ashkénazes et les Falashas. Le plus sournois est celui tapi chez les catholiques et les orthodoxes héritiers des pogroms à l’encontre de « ceux qui ont tué le Christ ». Celui chez les musulmans est documenté dans le corpus islamique où le juif est traité à minima de mécréant, voire de singe. Est-ce que la singularité juive de se démarquer des autres, les « goys », serait une sorte de racisme ?

Le décodage du contexte proposé dans ce livre, ne sert pas à blâmer les uns ou les autres. Il sert au diagnostic nécessaire pour sortir du cercle vicieux centenaire.

Le contexte aboutit, à

•La caducité du Foyer National Juif. Sa fonction protectrice des juifs défaille depuis la création de l’Etat d’Israël. Cette défaillance a éclaté au grand jour le 7 octobre 2023, avec le massacre perpétré à l’encontre des juifs près de la frontière avec Gaza,

•La fuite en avant israélienne, expansionniste, séparatiste et colonialiste. En moins de quinze ans, plus de 700.000 colons Israéliens s’implantent par la force parmi un million de palestinien.

•La pulvérisation des territoires affectés aux Palestiniens à la suite des accords d’Oslo. L’absence de frontières continues et contigües entre la Palestine et Israël.

•L’absence d’exploitation juste et équitable des ressources naturelles disponibles (l’eau, les terres arables, le gaz, les minerais, etc.),

•La création de la prison à ciel ouvert à Gaza,

•La déchéance palestinienne, réduite aux révoltes successives et aux actions désespérées,

•Un tsunami de griefs, de haines et de monstruosité,

•Deux détresses, d’un côté la perte de raison d’être, de l’autre la dislocation identitaire sans perspective autre que l’autodestruction.

•La relance du mécanisme de rejet au niveau local, régional et mondial.

Mon intention est de contribuer à briser le cercle vicieux en faveur d’un nouveau contexte.

Les peuples aspirent à un autre horizon dégagé et bénéfique à leurs jeunesses : boire, manger, partager, courir, nager, rêver, grandir, créer, innover, …

Cette disposition des peuples appelle à un nouveau leadership régional.

En les nommant, ce livre contribue à évacuer les griefs, à traiter la genèse des haines et des monstruosités et à se réapproprier son humanité sans préjugés.

Il propose une démarche de sortie du cercle vicieux.

Largement éprouvée depuis 2001 dans des contextes difficiles pour des entreprises et des institutions internationales, la démarche est de type « Out of the Box » tant pour l’ambition, que pour la méthode et le processus.

C’est avec cette trajectoire pluridisciplinaire, scientifique et humaniste que je propose ce livre au lecteur.

Adel Paul Boulad3, consultant international Diversité & Performance.

3 Auteur des livres,

« Le Tabou de l’entrisme islamique en entreprise. Guide du Manager. » VA Edition, puis Publishroom 2022.

« Modern Tahtib. Bâton de combat égyptien ». Budo Editons 2014. Bilingue (FR, EN)

« L’art martial du bâton égyptien. Guide pratique ». Budo Editions 2021. Quatre versions (AR, EN, SP, FR)

DES AFFIRMATIONS À VÉRIFIER QUEL EST VOTRE AVIS ?

Les réponses sont à la fin de ce livre p258-268

1

VRAI ou FAUX

VRAI

Jérusalem avait été juive il y a 3000 ans

FAUX

2

VRAI ou FAUX

VRAI

En solidarité avec leur coreligionnaire ashkénazes, les sépharades se sont soulevés pour dénoncer l’holocauste

FAUX

3

VRAI ou FAUX

VRAI

Les arabes ne sont pas des sémites

FAUX

4

VRAI ou FAUX

VRAI

Tous les juifs sont sémites

FAUX

5

VRAI ou FAUX

VRAI

Eilat station balnéaire israélienne a été créée ex nihilo à la création d’Israël en 1948

FAUX

6

VRAI ou FAUX

VRAI

Les oranges de Jaffa une des réussites agricoles d’Israël

FAUX

7

VRAI ou FAUX

VRAI

Israël est un pays démocratique

FAUX

8

VRAI ou FAUX

VRAI

L’Ouganda faisait partie des territoires envisagés pour accueillir les juifs

FAUX

9

VRAI ou FAUX

VRAI

Hitler avait un plan pour exiler les juifs à Madagascar

FAUX

10

VRAI ou FAUX

VRAI

Israël reçoit annuellement plus de 1 milliard de dollars d’aide des USA

FAUX

11

VRAI ou FAUX

VRAI

La garantie américaine des emprunts bancaires israé- liens représentent une aide équivalente à 800 Millions de dollars

FAUX

12

VRAI ou FAUX

VRAI

Le Yiddish est un dialecte polonais

FAUX

13

VRAI ou FAUX

VRAI

Avec l’aide des juifs, Isabelle la Catholique a exilé les musulmans hors d’Espagne

FAUX

14

VRAI ou FAUX

VRAI

Les pogroms sont des quartiers réservés aux juifs

FAUX

15

VRAI ou FAUX

VRAI

Il y a des gisements immenses de gaz au large des plages de Gaza.

FAUX

16

VRAI ou FAUX

VRAI

Israël respecte le droit international

FAUX

17

VRAI ou FAUX

VRAI

Le FDPLP n’est pas une organisation terroriste

FAUX

18

VRAI ou FAUX

VRAI

Lors de l’agression tripartite (France, G-B et Israël) contre l’Egypte à Port-Saïd en 1956, Sir Ronald Henry Amherst Storrs a commandé l’assaut britannique.

FAUX

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VRAI ou FAUX

VRAI

Les antisionistes sont des antisémites

FAUX

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VRAI ou FAUX

VRAI

Les Palestiniens citoyens d’Israël, appelés « arabes israé- liens » n’ont pas les mêmes droits que les Israéliens.

FAUX

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VRAI

Entre Israéliens et Palestiniens, c’est une guerre de religion

FAUX

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VRAI

Albert Einstein, physicien juif allemand, a émigré en Palestine avant l’holocauste.

FAUX

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VRAI

La France a donné ses secrets de la bombe nucléaire à Israël.

FAUX

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VRAI

Aux accords d’Oslo, Arafat avait accepté 22% des ter- ritoires et renoncé au droit du retour pour les réfugiés palestiniens

FAUX

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VRAI

Dans les vingt premières années du 20e siècle, les juifs victimes des pogroms et du racisme anti-juif en Europe ont fui en masse vers la Palestine.

FAUX

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VRAI

Pour prendre pied en Palestine, les juifs des pays arabes ont volé la priorité à ceux venus d’Europe.

FAUX

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VRAI

Les Israéliens n’ont pas chassé les Palestiniens de leurs terres ; ils les ont achetées.

FAUX

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VRAI

Le racisme anti-juif occidental est un phénomène mineur sans impact sur la Palestine.

FAUX

1ère PartieParcours d’un militant.D’une cause « réfugiés » vers une cause nationale, les acteurs des années 70.

* De Suez à la Palestine

* Militantisme, les acteurs en présence

* Le fiasco du virage politique

DE SUEZ À LA PALESTINE

1956, L’agression tripartite, Israël – Grande-Bretagne – France contre l’Egypte

A la fête nationale égyptienne le 26 juillet 1951, j’avais cinq ans. Il y avait à la fois la fête, le feu d’artifice et une sorte d’anxiété dans l’air. C’est à cette date que le Président Nasser nationalise le Canal de Suez.

Cette voie a pour intérêt de raccourcir le temps de transport entre l’Asie et l’Europe. Pour les Français et les Anglais, la voie est aussi un atout militaire stratégique. Le financement de la construction est international. Lors du creusement du canal à coups de pelles, des milliers d’Egyptiens meurent de maladie et d’épuisement. L’Egypte endettée accepte de signer un bail d’exploitation avec la Compagnie Universelle du Canal de Suez. Créée pour l’occasion c’est cette compagnie qui administre et gère le Canal. En présence de l’impératrice Eugénie, de l’émir Abdel Kader, etc. les grands de ce monde l’inaugurent en 1868. Les pilotes en charge du transit tout au long du Canal, entre Port-Saïd et Suez sont des Français et des Anglais. L’échéance du bail signé avec les actionnaires était donc prévue pour 1968. Le Canal était donc censé passer sous administration égyptienne en 1968.

En 1956, Nasser ne pouvait pas patienter douze ans de plus. En 1952, avec le Général Naguib et d’autres militaires dont le futur Président Sadate, il mène un coup d’Etat qui renverse le Roi Farouk. La République d’Egypte est alors proclamée. Nasser a hâte de moderniser l’Egypte. Parmi ses grands projets, celui du haut-barrage d’Assouan avait pour ambitions de générer 10 Milliards de KWH nécessaire à l’électrification du territoire. Cet édifice avait aussi pour but de stopper les inondations annuelles en contrôlant les crues du Nil. Malgré des promesses publiques, les Américains refusent de lui octroyer le prêt nécessaire à la construction.

Depuis Alexandrie, lors d’un discours radiodiffusé mémorable, en parlant le langage populaire, il narre ses déboires avec les Américains et rappelle l’histoire du Canal depuis sa conception par l’ingénieur français Ferdinand De Lesseps. Le nom « De Lesseps » qu’il répète à plusieurs reprises est le signal pour que ses partisans s’emparent des locaux du Canal au siège à Ismaïlia et à Port-Saïd.

Brutalement, il passe à l’arabe littéral pour annoncer la nationalisation du Canal et pour lire les décrets d’application. Parmi ces décrets, il y a ceux qui garantissent le remboursement des actionnaires de leurs dûs prévus jusqu’en 1968. Malgré cet engagement, la France et la Grande-Bretagne se préparent à la guerre. Elle aura lieu trois mois plus tard, du 29 Octobre au 7 Novembre 1956. Ces deux pays intégreront Israël dans cette agression militaire. Les franco-britanniques appellent cette opération « Mousquetaire » ; pour les Israéliens c’est « Kadesh ».4

La révolution à Budapest contre l’URSS se déroule à peu près au même moment, du 23 Octobre au 11 novembre. En décembre, notre père nous montrera les photos prises à Budapest et publiées par Paris Match.

Le 26 juillet 1956, nous sommes dans la cuisine de notre appartement à Port-Saïd. Nos parents écoutent le discours de nationalisation du Canal. L’inquiétude se lit sur leurs visages. Et pour cause, mon père y est employé depuis 1948. Il est responsable de la Caisse et de la Paie. Les employés le connaissent bien. Ils le voient chaque mois pour recevoir leur paie.

Quel sera le sort réservé aux employés du Canal ?

Décision est prise par les autorités de peindre en bleu toutes les fenêtres de la ville. Si l’été 1956 est glacial en France, il est bleu sombre et anxiogène en Egypte.

Le 29 octobre, pour préparer le débarquement des troupes d’infanterie, les avions britanniques lancent des tracts demandant l’évacuation des civils habitant près du littoral. La ville est dans le noir absolu. Nous nous précipitons dans la rue vers les caves de l’immeuble voisin. Les sirènes hurlent. La mallette contenant les produits de soins, et les affaires précieuses (papiers, argent, etc.) s’ouvre en pleine rue. J’aide mon père à tout remettre en place.

En 2006, soit cinquante ans plus tard, jour pour jour, ce moment jaillira dans ma mémoire sur une plage tunisienne. Je suis alors en discussion avec un couple d’Anglais. L’homme a vingt ans de plus que moi. Présentations faites, il me révèle avoir été parachuté sur Port-Saïd, puis placé sur un des toits de la ville en mode « tireur d’élite ».

Est-il parmi ceux qui nous surveillaient depuis l’immeuble d’en face ?

Du 29 octobre au 7 novembre nous nous réfugions chez des cousins, les Tagher. Insouciants, malgré l’angoisse des parents, nous jouions pendant les bombardements. Le 7 nous rentrons chez nous, en longeant les blindés britanniques et des cadavres dans leurs flaques de sang. Le cadavre du portier dans sa flaque, est encore dans l’entrée de notre immeuble. Tout le long du parcours, l’odeur du sang et du métal domine.

Dès la réintégration de notre appartement criblé de balles, ma mère parle aux guetteurs britanniques depuis notre balcon. Elle leur signale la présence d’enfants. Quelques minutes plus tard, des soldats anglais débarquent chez nous pour fouiller l’appartement en recherche de jouets piégés.

Dans la foulée, d’autres agents britanniques embarquent notre père dans les locaux du Canal. En présence d’un officier supérieur égyptien capturé, Abdel Raouf, il lui demande d’ouvrir la Caisse. Feignant n’avoir ni les codes ni les clés, il fait une sorte de résistance passive qui lui sera reconnue comme acte de patriotisme par Abdel Raouf. C’est grâce à ce dernier que nous obtiendrons un visa de sortie du territoire pour notre émigration vers le … Brésil. Nous nous arrêterons en France !

Que nenni des Palestiniens pendant toute cette phase.Rien !En Egypte, personne n’en parle. Chacun était dans sa bulle.

Je saurai plus tard, que le coup d’Etat de Naguib et Nasser en 1952 était le résultat du mécontentement des officiers de l’armée égyptienne. En effet, le sabotage par les conseillers britanniques du Roi Farouk avait généré la débâcle égyptienne lors de la 1ère guerre israélo-arabe, celle de 1948. Et pour cause, les munitions ne correspondaient pas aux armes données aux soldats égyptiens.

Par la suite, Nasser facilite la constitution de groupes armés Palestiniens. Ils s’organisent en périphérie de cet Etat créé par vote de l’ONU en mai de cette même année. Ces groupes se dénomment « fédayins ». En arabe, « fédayins » est le pluriel de « feda’i » qui signifie « guérillero ». Prétextant les actions des fédayins depuis l’Egypte sur sa frontière sud-est, Israël « appelle à l’aide ».

La Grande-Bretagne et la France répondent présents. En fait, leurs marines, leurs parachutistes, leurs blindés, leur infanterie et leurs chalands de débarquement sont déjà en place face à Port-Saïd et Port-Fouad. Ils sont prêts à attaquer, non pas pour « sauver » Israël » mais pour reprendre le contrôle du Canal de Suez.

Mais où sont et qui sont les Palestiniens ?

Avant même la guerre de 1948, certains Palestiniens aujourd’hui appelés « Arabes d’Israël » resteront chez eux. D’autres fuiront vers le sud à Gaza et vers l’est en Cisjordanie. Ils étaient terrorisés par les extrémistes de l’Irgoun et du Stern, puis par la guerre. Ils deviennent les fameux « réfugiés Palestiniens ». Pour leur dénier un droit quelconque au retour, et pour les pousser vers les pays arabes voisins, les Israéliens les appellent « les apatrides ».

Un cousin par alliance me raconte sa vie de Palestinien. Né en 1946, son père Hekmat Saliba Khoury était le gouverneur de Gaza. Sa hiérarchie était britannique, dans le cadre du mandat donné par la SDN (Société des Nations, future ONU) à la Grande-Bretagne sur la Palestine. Son père circulait en voiture officielle avec le drapeau de la Palestine sous mandat. En Egypte, cela lui valait les saluts au garde à vous des policiers en charge de la circulation. En 1948, il refuse la proposition de David Ben Gourion, 1er