Quand l’homme est-il responsable ? - Jean-Marie Ghiot - E-Book

Quand l’homme est-il responsable ? E-Book

Jean-Marie Ghiot

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Beschreibung

"Quand l’homme est-il responsable ?" explore la question de la responsabilité humaine face à ses propres actions. Dans cet essai, l’auteur mène une analyse subtile de la frontière entre culpabilité et déterminisme, en examinant l’influence de l’hérédité, des traumatismes et des pressions sociales sur l’esprit humain. Son étude critique des institutions et de leurs méthodes de réhabilitation se nourrit d’exemples variés, des pratiques judiciaires aux comportements observés chez les animaux. En abordant les enjeux de la moralité et du libre arbitre, cet ouvrage invite à réévaluer les notions de liberté et de responsabilité dans un monde en perpétuelle évolution des valeurs.

À PROPOS DE L'AUTEUR 

Jean-Marie Ghiot a bâti une carrière au cœur de l’essor de l’informatique, maîtrisant ce domaine en fondant sa propre entreprise entre Bruxelles et Alger. Engagé en politique en tant que président local de parti, il en a tiré des enseignements profonds. Aujourd’hui, retiré de la vie active, il déconstruit avec une lucidité incisive les valeurs traditionnelles – travail, natalité, PIB – et propose des perspectives innovantes, affranchies des discours conventionnels, pour aborder les défis de notre époque en pleine transformation.

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Seitenzahl: 102

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Jean-Marie Ghiot

Quand l’homme est-il responsable ?

Essai

© Lys Bleu Éditions – Jean-Marie Ghiot

ISBN : 979-10-422-5291-5

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Introduction

Je n’écris pas pour amuser. J’essaie de sauver ce que je peux de ces quelques printemps que j’aurai passés ici-bas.

Jean d’Ormesson,

Un jour je m’en irai sans en avoir tout dit

***

Exprimer mes idées sans être sûr d’être lu c’est un peu comme jeter une bouteille à la mer où, peut-être, quelqu’un la découvrira un jour.

Mais il me paraît insupportable de rester les neurones croisés devant l’indifférence du monde qui nous entoure. Voir, sans réagir, un juge tout-puissant utiliser un pouvoir que seuls les dieux possédaient dans la mythologie antique me paraît difficile. D’autres ont réagi à leur niveau, les Badinter, Leclerc, Vergez.

Mais le contresens est plus profond : la délinquance est inéluctable chez l’homme à cause de son hérédité, de ses gènes, de son passé, des circonstances. La thérapie devrait consister à le guérir, à le corriger et non à le punir.

Les recettes du passé sont axées sur la violence, mais d’autres solutions existent, comme le prouve la prison de Bastøy, et cela en utilisant le même cadre, mais avec d’autres méthodes et d’autres personnes qui privilégient l’adage : « Si nous traitons les gens comme des animaux lorsqu’ils sont en prison, ils se comporteront probablement comme des animaux. Ici, nous traitons les gens comme des êtres humains ».

Et si rien n’est possible pour amender le délinquant, alors il faut protéger la société.

Pour atteindre ces objectifs, l’État, aujourd’hui absent, doit promouvoir la formation des spécialistes, psychologues spécialisés ou soignants.

De manière préventive, il devrait mettre en place des institutions qui auraient pour mission d’éveiller la conscience de l’individu, concevoir une école réformée, restaurer un service citoyen et honorer des figures de proue comme Arnaud Beltrame.

L’anthropoïde

Quand j’entends le pépiement des oiseaux, je devine qu’ils composent entre eux un dialogue intense, mais celui-ci m’est hermétique parce que chaque monde a son propre langage. Leurs échanges, autant que le discours du philosophe, sont dignes d’intérêt parce qu’ils permettent de deviner les relations des êtres à l’intérieur de leurs mondes particuliers.

Spinoza explique que notre entendement ne comprendra jamais l’être supérieur. Mais, étonnamment, notre sensibilité n’accède pas non plus à celle de l’oiseau, du loup ou du chien qui se sont composé leurs propres univers.

Dans notre monde, nous nous sommes construit une morale, entendez un ensemble de règles qui nous permettent de vivre ensemble. Mais celle-ci ne s’applique en rien à la morale du peuple voisin ou à celle de l’animal. C’est celle de la horde de loups qui va tuer le louveteau intrus parce qu’il a bien involontairement franchi son territoire. Ces règles de cohabitation sont là pour garantir une certaine harmonie, par exemple celle du respect de l’autre tout au long d’une vie si courte. Mais on constate combien cette morale est fragile. Elle sera mise à mal par une série d’incidents qui vont façonner chaque être de manière différente, en fonction de sa perméabilité, de l’intensité des stimuli qu’il va ressentir, de l’interprétation qu’en fait chaque individu.

La frontière entre les êtres n’est pas non plus évidente. Entre un singe évolué et l’homme de Cro-Magnon, la limite est floue. Entre un intellectuel et un pilier de bistrot, le niveau de discours est énorme. Question plus fondamentale encore : font-ils toujours partie de l’humanité, ces tyrans d’aujourd’hui qui ont succédé à d’autres, aussi brutaux en leur temps ?

Chacun de ces êtres va montrer de la versatilité au fil de son existence : l’histoire religieuse raconte qu’on a connu des brigands qui, en fin de leur âge, se sont comportés en saints et ont été béatifiés. Tout au long de la vie, les êtres vont présenter des mutations, des dérapages, des conversions, des corrections. Leur évolution n’est pas prévisible ni leur réponse aux stimuli qu’ils vont rencontrer.

À travers cette complexité, l’homme va se trouver face à un monde qui le domine et le contraint à respecter ses valeurs.

Comment hiérarchiser les valeurs que ce monde va lui imposer ? La difficulté est que le terme « valeur » est interprété d’une manière totalement différente selon les êtres et selon les communautés. C’est le pélican qui offre son corps à ses petits affamés, c’est le peuple qui se soumet au diktat d’un tyran, c’est le musulman dont la vie a peu d’intérêt, comparée à son mirage paradisiaque, c’est Camus qui surmonte l’absurde pour trouver un sens à la vie terrestre.

Pour codifier cette valeur, l’homme a sacralisé des règles bien contradictoires d’une partie du monde à l’autre et d’un siècle à l’autre.

Pour faire respecter ces règles, il a imaginé des lois et mis en place des outils de répression lorsque ces lois ne sont pas respectées.

Mais peut-on déterminer en quelle mesure l’être qui enfreint ces règles le fait de manière consentante et volontaire ?

Partant de l’aphorisme de Pascal selon lequel « toute notre dignité consiste dans la pensée », j’en déduis que la qualité de l’homme dépend de sa capacité de raisonnement. C’est donc en fonction de ce principe qu’il devient responsable et sa culpabilité éventuelle doit être évaluée à travers sa volonté de commettre le crime.

Inversement, quand les conditions extérieures, physiques ou psychiques, ont altéré son libre arbitre, sa culpabilité s’atténue et disparaît. Peut-on condamner un fou ?

On devrait aussi accepter que le délinquant alcoolisé soit devenu irresponsable parce que sa faute remonte au moment qui l’a conduit à s’alcooliser, ce qui peut-être ne lui a pas permis de pressentir l’idée des dégradations qu’il allait provoquer. C’est donc en amont de l’état alcoolique qu’il faudrait sanctionner sa faute. Mais a-t-il eu l’appréhension de ce qui allait suivre ?

Jusqu’où peut-on imposer ce raisonnement en contradiction avec les us et coutumes de notre société tellement superficielle ?

Et pour expliquer mon point de vue, je propose d’analyser quelques cas concrets, banalisés par la TV, mais qui me permettent d’illustrer mon ressenti.

C’est l’histoire de cette femme qui se retrouve devant le procureur, elle était imbibée d’alcool, elle avait eu un accident de voiture et agressé le policier venu l’appréhender à la demande du mari. Le verdict du procureur fut de l’envoyer devant le tribunal avec charge d’avoir bu, provoqué un accident, mais surtout d’avoir agressé un policier et l’avoir mis en incapacité de travail. Elle exprime sa détresse d’être restée seule à gérer des enfants handicapés.

J’interprète cet épisode autrement : son ébriété, c’est sa manière à elle d’oublier sa détresse et c’est cette vérité qui aurait dû constituer la pièce principale à apprécier. L’homme qui l’a abandonnée avec ses enfants, lui aussi, est un coupable et le rôle d’un magistrat devait être de l’impliquer également lors de son jugement.

C’est aussi la souffrance de Geneviève Lhermitte, dépassée par un environnement trop lourd.

Elle avait tué ses cinq enfants et elle a été euthanasiée à sa demande après un procès difficile.

Dans sa lettre d’adieu laissée chez une amie avant le quintuple infanticide, Geneviève Lhermitte accusait son mari d’être sourd à sa détresse. Elle s’en prenait au Dr S., le qualifiant de « salopard qui m’a pourri ma vie, volé mon intimité avec mon mari et mes enfants »(la libre).

« Si son euthanasie pour souffrances psychologiques à ce point graves a été acceptée, il est logique de se demander si ces souffrances n’existaient pas au moment du procès et si on n’a pas eu faux sur le plan émotionnel… j’ai aujourd’hui un sentiment d’empathie. De par son acte, Geneviève Lhermitte s’est condamnée à la perpétuité mentale. » (Ciné-Télé-Revue)

Les composants du comportement

Pourquoi vouloir analyser le comportement de chaque individu, pourquoi s’obstiner à peser la part de sa volonté personnelle, l’impact de son hérédité et de son parcours depuis sa naissance jusqu’à sa maturité psychologique ?

Si on met de côté la part de déterminisme qui intervient dans le comportement de l’individu, cela permet de percevoir ce qui subsiste de sa responsabilité et d’évaluer la pertinence des institutions qui régissent son existence :

Celle de la justice pour qui il est inadmissible de condamner quiconque alors qu’il n’est en rien responsable de son comportement.

Celle des politiques, concepteurs des lois qui vont contraindre les citoyens.

Celle de l’éducation qui doit conduire les jeunes à un comportement responsable.

Et les questions fusent :

Comment comprendre le caractère brutal de l’un, la déviance d’un voleur plutôt pervers que nécessiteux, de l’état d’esprit du destructeur malfaisant. Peut-on démontrer que la famille et le voisinage ont façonné cet être ?

L’observation scientifique n’aborde que l’aspect physique de l’individu. Historiquement, les théories ont progressé depuis les mutations observées lors du croisement des espèces. Cela a commencé par l’hypothèse de « l’hérédité par mélange », abandonnée au profit des lois de Mendel qui essaya de codifier les caractères physiques à travers la génétique et ses chromosomes. La génétique a ainsi pris toute son importance, concentrée avant tout sur les particularités de l’ADN.

Mais peut-on imaginer qu’à travers le mystère de l’ADN il y a eu transmission d’un caractère préexistant lors de la naissance ; ou au contraire que chacun va créer progressivement sa propre personnalité, ses caractéristiques sociales et que celles-ci seront le fruit des réactions successives de l’individu aux stimuli qui se présentent à lui ?

Depuis la nuit des temps, l’homme a subi des évolutions morphologiques. L’interprétation des causes évolue, mais elles n’expliquent jamais le comportement de l’individu dans un univers particulier.

En quelle mesure l’hérédité peut-elle affecter la réaction psychologique de l’individu face aux stimuli qui se présentent à lui ? Les gènes sont-ils en cause en interférant dans la liberté de chaque être ?

La science progresse dans la connaissance du génome humain et si l’on admet une certaine dépendance physique venue de son hérédité, les choses ne sont pas aussi claires en ce qui concerne sa dépendance psychique.

Pourrait-on accepter l’idée que l’hérédité va affecter dans une certaine mesure la réaction psychologique de l’individu face aux stimuli qui se présentent à lui ?

Avant de m’aventurer dans de telles ténèbres, je voudrais disséquer les pièces de ce puzzle.

La première étape de ce long cheminconsiste à rassembler les réflexions de ceux qui se sont penchés sur le sujet, d’évaluer leur pertinence et ensuite d’en tirer les conséquences logiques et éthiques qui découlent de la responsabilité de chacun.

L’hérédité

L’hérédité constitue un paramètre majeur qui va influer sur le profil de chaque être. On sait que les caractéristiques physiques sont transmises par des principes qui ont été interprétés au fil des temps et dont l’ADN est le domaine le plus exploré aujourd’hui.

Pensons à la quatrième loi de Lamarck : « Tout ce qui a été acquis, tracé ou changé, dans l’organisation des individus, pendant le cours de leur vie, est conservé par la génération, et transmis aux nouveaux individus qui proviennent de ceux qui ont éprouvé ces changements ». C’est l’exemple de la girafe dont le long cou lui a permis, au cours des temps, d’atteindre les feuilles des arbres qui la nourrissent.

Notre préoccupation concerne l’influence que cette hérédité peut avoir sur le comportement de l’homme et en conséquence sur sa responsabilité.

Plusieurs auteurs émettent l’hypothèse selon laquelle celle-ci en est effectivement un composant, mais elle relativise leur responsabilité lors de la commission de leurs actes. Dans ce domaine, il est intéressant de relever les thèses de quelques auteurs comme Raine, Eiguer ou Lombroso.

D’autres entendent élargir cette influence non seulement sur les particularités physiques, mais sur l’environnement transmis