Regards célestes - Pascale Frézier - E-Book

Regards célestes E-Book

Pascale Frézier

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Beschreibung

Que se passe-t-il quand l’infiniment petit, l’œil, rejoint l’infiniment grand, l’univers ? Que se passe-t-il quand deux astres se regardent et qu’une connexion cosmique s’établit ?
Regards célestes parle de la brillance des yeux et de la magie des rencontres. Douze regards différents sont portés sur la vie, l’amitié, l’amour, la compassion et la différence. Tant que les regards célestes feront échos aux regards terrestres, la magie des rencontres continuera à opérer…


À PROPOS DE L'AUTEUR


Pascale Frézier, passionnée de littérature et de poésie depuis toujours, est professeure de français langue étrangère depuis vingt-cinq ans. Il aura fallu une péricardite qui l’oblige à rester à la maison pendant trois mois afin de réaliser son rêve : écrire un livre. Elle a choisi de parler de la brillance des regards et de la magie des rencontres qui lui ont tant manqué pendant sa maladie.

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Pascale Frézier

Regards célestes

Nouvelle

© Lys Bleu Éditions – Pascale Frézier

ISBN :979-10-377-6830-8

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Prologue

Et si dans la vie tout partait d’un regard… de près, de loin, petit, grand, profond, superficiel, caché ou ouvert… juste un regard même infime et tout commencerait…

— Dis, maman, c’est quoi la beauté intérieure ?

Et voilà, tout est parti de là, d’une question si anodine et tellement existentielle en même temps.

— La beauté intérieure, c’est la beauté du cœur, mon chéri.

— Dis, maman, comment on peut voir la beauté intérieure ?

— Elle se voit dans les yeux, mon chéri, car les yeux sont le miroir de l’âme.

— Et qu’est-ce qu’on y voit, maman ?

— On y voit beaucoup de choses, mon chéri : la gentillesse, la bonté, la réserve, la timidité, la colère, la tristesse, la cruauté parfois, la joie et l’amour aussi.

Un regard en dit long sur une personne, sa volonté ou non de se laisser découvrir, la générosité de son cœur, son élan vers les autres, ou sa réserve ou son désir de se protéger, ses souffrances passées ou même le doute et la difficulté de choisir. Tout cela est inscrit dans un regard et on peut y lire comme dans un livre ouvert ou fermé d’ailleurs.

Par le regard, on franchit le seuil de la porte de l’autre ; les battements des cils balayant l’œil en alternance le protègent. C’est comme si on demandait l’autorisation à l’autre de pénétrer dans son espace intime. On frappe aux portes du cœur de l’Autre. Est-il prêt à ouvrir grand sa porte et laisser le flux des énergies circuler ? ou préfère-t-il entrouvrir légèrement pour contrôler le débit ? ou n’est-il pas plus sûr de tout cadenasser pour ne rien laisser paraître ?

Et oui, que de choix suscités par un seul regard !

Et si nous choisissions d’ouvrir grand nos yeux et de partir à la découverte de la beauté intérieure ?

Que se passe-t-il quand l’infiniment grand, l’univers, rencontre l’infiniment petit, l’œil ? Quand deux astres se regardent et qu’une connexion universelle s’établit ? Qu’une lumière apparaît dans l’infiniment petit ?

Comme chaque rencontre est unique et atemporelle, il n’est nul besoin de citer le pays, la ville ou la date de la rencontre. Le cœur et les yeux n’ont pas de limites, ils sont infinis comme l’Éternité. Il s’agit d’une rencontre entre deux êtres singuliers, deux vies qui se croisent, deux regards qui se pénètrent et s’interpénètrent pour ne devenir qu’un seul et même, tourné vers le même horizon.

Première rencontre

Max et Lili

— Un café, s’il vous plaît.

Max est assis au bar du coin. Il est en train de regarder son téléphone. Il attend Lili. Il est un peu stressé. Cela fait des semaines qu’il tchatte avec elle, son vrai prénom est Liliane mais maintenant ils se connaissent assez pour l’appeler Lili. Elle lui a fait des confidences, qu’il lui plaisait beaucoup. Max est, en effet, un assez bel homme. Du haut de ses 35 ans, il surplombe la vie. Son regard ténébreux et sa belle chevelure brune lui donnent un air chevaleresque. Le sauveur, le protecteur de ces dames. Tel un chevalier, il vole au secours des princesses emprisonnées dans leur quotidien. Max aime l’aventure. Il aime partir à la découverte du monde, des gens. Il a déjà rencontré beaucoup de femmes, il ne les compte plus. Il a déjà sauvé beaucoup de ces princesses éplorées aux yeux larmoyants à la recherche du prince charmant. Mais aucune ne l’a arrêté dans sa soif perpétuelle de conquête. Parce qu’il s’agit de cela, conquérir le cœur de l’Autre tel un territoire en y implantant son jalon dans la chair fraîche. Le pic bien enfoncé afin que le fanion flotte droit et haut. Dominant son territoire, le regard tourné vers l’horizon avec ce sentiment de satisfaction, il repart galopant de plus belle vers d’autres contrées plus verdoyantes. Max est un conquistador de l’Amour. Pour lui, aimer, c’est posséder, c’est s’approprier le cœur de l’Autre pour mieux le supplanter. Une fois le cœur conquis, il en cherche un autre plus rouge, plus vif. Assaillir les cœurs, voilà sa mission. Il aide les âmes en perdition et assaille les cœurs en se gavant toujours plus. Il faut dire qu’il aime la chair. Il n’arrive pas à réfréner son instinct de prédateur. Toujours à l’affût d’une nouvelle proie… Il en a l’eau à la bouche… La petite Lili lui plaît beaucoup. Elle est parfaite pour lui. Belle à croquer, brune sulfureuse avec de beaux yeux verts grands ouverts sur la vie. Son innocence et sa gentillesse la rendent encore plus désirable. Cela fait des jours, des nuits qu’il la désire. Elle a toujours repoussé le rendez-vous, comme si elle pressentait le danger, comme si son instinct de préservation la maintenait à distance. Lui a beaucoup insisté, il mourait d’envie de la voir. Elle ne voulait pas précipiter les choses, elle voulait prendre le temps… Il devenait fou, il en rêvait la nuit. C’était la première fois que quelqu’un lui résistait. Cela la rendait encore plus désirable.

Il avait réussi à obtenir ce rendez-vous, elle avait consenti finalement. Il l’avait convaincue qu’elle ne risquait rien à le rencontrer, à discuter autour d’un verre dans un café, qu’ils verraient ainsi s’ils se plaisaient. Lili préférait tchatter, elle se sentait en sécurité ainsi, assise derrière son écran, elle était protégée. Elle pouvait se révéler tout en étant cachée. Elle aimait se protéger, protéger son petit cœur. Faut dire qu’il avait pas mal souffert lors de sa précédente relation. Il était ressorti cassé en mille morceaux et les cicatrices étaient encore visibles malgré le temps passé. Il en avait fallu de la colle pour rapiécer tous ces morceaux et la blessure était encore douloureuse. Parfois Lili se mettait à penser que si on pouvait voir le cœur des gens, on serait surpris par la taille, la couleur et les cicatrices de ce dernier. Elle aimait à penser que le cœur est l’organe le plus noble et le plus beau du corps humain. Désormais elle avait décidé de prendre soin de lui, de le préserver et elle lui avait fait la promesse de ne plus jamais le faire souffrir.

Il est 18 heures, elle a rendez-vous avec Max à 19 heures 30. Elle a le cœur qui bat la chamade. Elle s’était juré de ne pas le rencontrer tout de suite mais il avait tellement insisté, il l’avait presque supplié qu’elle n’avait pas eu le cœur de refuser. Et puis « boire un verre n’engageait à rien ». « C’était juste un premier contact pour voir » si ce qu’elle semblait ressentir pour lui se confirmait. Elle avait flashé sur sa photo sur un site de rencontre. Ça avait matché immédiatement. Ses beaux yeux bleu azur et son regard profond l’avaient subjuguée. On s’y plongeait comme dans l’océan. De plus, son allure sportive ne faisait que parfaire son charme. C’était indéniable. Il lui plaisait beaucoup. Lorsqu’elle a appuyé sur son cœur en bas de la photo, elle ne se doutait pas qu’il faisait la même chose au même moment…

Bien sûr, elle avait mis du temps avant de le voir, elle avait quasi épuisé tout le catalogue de profils, elle passait de visage en visage, et alors qu’elle n’y croyait plus, qu’elle pensait même se désinscrire, Max est apparu comme par magie, un rayon de soleil est entré dans sa vie. Elle s’en souvient comme si c’était hier, le temps s’est arrêté sur ses beaux yeux, la maison s’est colorée en bleu et son cœur s’est remis à battre. C’était comme une renaissance. Elle se surprenait à sourire ou rire pour un rien comme ça sans raison. Bref elle vivait à nouveau. Comment ne pas y croire ? On lui offrait l’homme de sa vie sur un plateau. La destinée lui souriait enfin après toutes les souffrances endurées.

Non, ne pas s’enthousiasmer, penser à la promesse qu’elle s’était faite, ne rien attendre. Elle y allait juste pour voir, juste pour le regarder, et puis peut-être qu’elle ne ressentirait rien, que seuls la photo et les beaux mots enjoués de Max l’avaient séduite. Il est vrai que ce dernier écrivait bien, qu’il savait parler aux femmes, qu’il avait cette sensibilité de se mettre à la place de l’autre, de lui parler avec douceur et délicatesse, de l’enrober de tendresse et de l’emmener à soi. Liliane avait été séduite par ses beaux mots. Le soir, elle attendait avec impatience le moment où ils tchatteraient ensemble. Elle imaginait ses doigts pianotant et construisant des châteaux de sable, sculptant des tours enchantées logeant des princesses en péril. Elle l’imaginait sur son destrier escaladant la tour et venant la sauver. Pourquoi faut-il toujours un chevalier ? La princesse ne peut-elle se sauver seule par elle-même ? Ne faudrait-il pas réécrire les contes de fées pour y changer la fin ? Une seule héroïne. Comme cela, dans la tête des petites filles, ce serait plus simple, plus besoin d’espérer le prince charmant. Elles construiraient leurs vies sans rien attendre et elles seraient heureuses. « Ce serait trop facile » se dit Lili. La vie serait sans couleurs, sans amour. Désormais elle est prête à rencontrer son prince.

D’ailleurs, c’est le moment, elle a assez souffert, elle le mérite maintenant.

Elle prit sa douche en prenant soin de chaque recoin de son corps. Elle devait être parfaite ce soir. Elle ne négligea aucun détail. Ses dessous fleuris en harmonie avec sa chemise s’ouvrant sur un magnifique décolleté. Son jeans moulant mettant en valeur ses formes. Ses chaussures à talons et son allure juvénile lui donnaient des ailes. Son visage affichait un beau sourire et ses yeux scintillaient d’impatience. Elle courait presque en sortant du métro. Son sac à main traînant le long de ses jambes et son foulard rouge flottant au vent imprégné de son parfum préféré « Amor Amor ». Ce soir, c’était Liliane l’aventurière, c’en était fini de la petite Lili timorée, la tigresse s’était réveillée et elle était prête à conquérir le monde.

Elle arrivait en courant et elle le reconnut immédiatement même de dos. Elle lui tapota l’épaule et Max se retourna d’un seul coup.

— Lili, enfin te voilà.

Ces seuls mots sortirent de sa bouche. Son regard étincelant en disait long. Il était bouche bée devant la beauté naturelle de Lili. Il avait vu les photos et elle lui plaisait beaucoup mais il ne pensait pas être séduit à ce point. Quelle surprise de la voir enfin, il l’avait imaginée pendant ces dernières semaines mais là, la réalité lui sautait à la face. Elle était encore plus belle qu’il l’avait imaginée.

Elle, faisant mine de rien, baissa les yeux et s’installa sur une chaise.

— Eh bien, que de temps à discuter ensemble, Max, mon cher Max, nous nous rencontrons enfin en vrai en chair et en os.

Il l’écoutait mais n’entendait que le son de sa voix qui berçait son cœur. Le temps s’était figé au moment où elle était arrivée. Il n’osait pas la regarder tellement elle lui faisait de l’effet et seule sa voix suffisait à l’émouvoir. C’était comme un baume sur son cœur qui adoucissait les blessures de sa vie. Il mit tous ses efforts pour enfin relever sa tête et sortir quelques mots de sa bouche.

— Vous êtes encore plus belle en réalité, bredouilla-t-il.

Liliane la conquérante répondit :

— Vous n’êtes pas mal non plus, mon cher Max. Je boirais bien un spritz, cela vous dit ?

Elle adorait cet apéritif, sa couleur orangée et sa légère amertume lui donnaient des airs de couchers de soleil. Le tout parfait d’une note pétillante enchantait ses papilles. Max acquiesça. Deux spritz suffirent pour que le monde s’ouvre à eux du moins pour que leurs bras entrecroisés sur leurs poitrines respectives s’entrouvrent et que leurs langues se délient. Max avait beaucoup voyagé, c’était un aventurier comme on n’en fait plus. L’Argentine, la Patagonie, les grandes étendues sauvages, les hauts sommets, rien ne lui résistait. Il avait même gravi l’Himalaya et dormi sous des yourtes en Mongolie. Ce brun ténébreux était un cavalier confirmé et avait parcouru des milliers de kilomètres à cheval dans des contrées si lointaines.

Lili, elle, rêvait d’horizons plus larges, elle n’avait connu que son petit pavillon de banlieue et aspirait à découvrir le monde. Il n’en fallait pas plus pour que ses beaux yeux verts brillent à nouveau. Max s’en aperçut et cela lui redonna confiance. Il voyait qu’il ne lui plaisait pas seulement physiquement mais aussi intérieurement. Elle aimait la personne qu’il était. Il se sentait flatté. C’était la première fois qu’on regardait son âme. C’est drôle, il se sentait comme nu. Une certaine pudeur l’envahit. La laisserait-il pénétrer dans son jardin secret ? Comment avait-elle fait pour dépasser la barrière de son corps ? Sa beauté aurait dû l’arrêter. La barrière du corps aurait dû protéger son âme. Que s’était-il passé ? Il ne comprenait plus, il était dépassé.

Il avait tout simplement baissé la garde. Un instant, par mégarde, il avait laissé le faisceau de ces beaux yeux verts pénétrer son cœur. Le battement de ses cils s’était arrêté une seconde de trop et hop elle avait sauté le pas, elle avait franchi le rideau, était entrée. C’était trop tard maintenant, elle l’avait vu, nu, son cœur solitaire et froid rempli de cicatrices. Lui, se sentait désarmé, que dire, que faire ? Il avait envie de partir.