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Cinq royaumes se partagent la terre des mortels. Oldegarde en est le noyau, dirigée par le sage roi Olden et sa femme Eldrid. Le métal constitue le matériau principal des édifices érigés par les bâtisseurs du fief. Celui-ci détient le savoir et son activisme fait de lui le plus prestigieux des domaines. Mais lorsque la menace envahit la cité, la princesse Hope est obligée de fuir en compagnie du futur héritier à bord d'un puissant animal...
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Seitenzahl: 259
Veröffentlichungsjahr: 2022
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« L’amour est plus fort que la raison, qu’importe où va notre cœur, le principal est d’aimer l’être qui nous ressemble en tout point… »
Chris Rose
Aux personnes chères à mon cœur…
Les cinq royaumes
Royaume détruit
L’aventure commence
Confiance
Amitiés
Confiance aveugle
Trahison
Un espoir
Perfidie
Absence douloureuse
Retour en Oldegarde
L’avant-première
Un beau jour
À mort le tyran
Couronnement
Dénouement
Indication
Les cinq royaumes
* Le Royaume d’Amnésia, dirigé par Torick, descendant du célèbre Ragnar. Royaume constitué de barbares, voleurs, mécréants et tout être humain qui n’a pas sa place dans la bienveillance du Nouveau Monde.
* Le Royaume de Celesterre, dirigé par des cultivateurs, essentiellement composé de paysans. Royaume basé sur l’agriculture et l’horticulture.
* Le Royaume d’Oldegarde, dirigé par le roi Olden et la reine Eldrid. Royaume basé sur la connaissance et la construction.
* Le Royaume d’Androphésia, dirigé par des prophètes. Royaume basé sur la religion, entouré de plages bordant une mer hostile. Royaume où règnent l’alchimie et l’astrologie.
* Le Royaume de Dryadaura, dirigé par la reine Artémis. Royaume protecteur de la faune et la flore, des animaux, de la nature. Basé sur la médecine et l’herboristerie.
Elyo et Gaya
.Royaume détruit.
Les soldats du royaume couvraient les entrées du château. Les arbalètes étaient en position de tir, les chevaliers attendaient patiemment dans la cour, l’étendard flottait au vent, le roi contemplait l’horizon du haut des remparts. Lorsqu’il vit le nuage de poussière se rapprocher de son palais, il demanda à son conseiller de préparer la défense et il descendit l’escalier en pierre qui menait dans ses appartements. Il rejoignit la reine et ils se dirigèrent ensemble vers la salle du trône. Des chevaliers les entourèrent, les protégeant d’un assaut imminent. Le roi fit venir ses enfants auprès de lui et donna ses dernières recommandations à la princesse.
— Tu sais ce que tu as à faire, Hope. Nous en avons tant parlé ces temps-ci. L’attaque du royaume était à prévoir, nous n’avons pas cédé au roi Torick. Maintenant, il vient réclamer son dû. Nous lui céderons le royaume s’il gagne, mais jamais il n’aura ce que nous avons de plus précieux ! Tu dois t’en aller ! Prends le livre du savoir, rends-toi sur la montagne des dragons, protège ton petit frère, puis, le moment venu, tu reprendras ce qui t’appartient. Comprends-tu Hope ?
— Oui, père… je suis prête. Même si je n’ai aucune envie de vous abandonner à votre sort.
— Cela en a été décidé ainsi ma fille, ta mère et moi redoutions ce moment. Il est temps à présent que tu t’en ailles.
Hope serra son père et sa mère dans ses bras et attendit que ceux-ci fassent leurs adieux à Elyo, le petit prince. Puis Hope prit la main de son petit frère dans la sienne et elle l’emmena loin de ses parents, traversant les souterrains du château, montant les marches qui menaient à la grande tour, pour se retrouver enfin dans une grande pièce ouverte sur l’extérieur. Le livre enfoui dans sa besace, elle contempla un moment l’énorme animal fait de métal qui se dressait devant elle. Son père lui avait appris à le manier. Mais jamais elle n’était sortie des terres du royaume avec celui-ci. Elle fit monter Elyo à l’intérieur de la bête et monta à son tour dans le ventre d’acier. Sa louve, Gaya, qui lui avait été offerte à son dixième anniversaire, courut vers l’animal de fer et sauta à l’intérieur. Hope referma la porte et demanda à son petit frère de s’assoir. Puis, se souvenant des instructions du roi, elle activa plusieurs manettes qui attisèrent les mécanismes du monstre. Elle s’assit aux commandes de l’animal et celui-ci se mit à battre des ailes, puis il glissa jusqu’à une pente et le dragon de fer prit son envol.
La bataille commença. Le roi Olden monta jusqu’aux remparts et contempla la plaine. Le roi Torick alignait déjà ses troupes, préparant l’assaut. Ils étaient plus nombreux que les soldats du roi, mais Olden ne laisserait jamais quiconque prendre possession de son royaume sans se battre. Une alliance devait se former entre le royaume d’Oldegarde et celui d’Amnésia avant que tout ceci ne commence. Mais la perte du roi Kronos amena le chaos. Son fils était avide de pouvoir et il anéantirait tous ceux qui se mettraient en travers de son chemin. Torick lança l’attaque, le roi Olden ordonna à ses soldats de se tenir prêts et ceux-ci attendirent patiemment, armes-en main. Les beffrois approchaient déjà des murs d’enceinte. Les archers du roi Olden visaient les soldats en contrebas. Les trébuchets envoyaient leur projectile au-dessus de la muraille, les longues flèches des balistes embrochaient plus de deux hommes à la fois. Le roi Olden rageait. Torick était parfaitement organisé et armé. Il avait eu tout le temps de préparer la bataille. Le roi Kronos était mort depuis une longue année. Torick s’était approprié le premier royaume en formant une alliance, promettant prospérité et marchandises en abondance. Le royaume de Celesterre était sous son emprise à présent et le roi Torick avait changé de simples paysans en combattants. Trois béliers portés par dix hommes chacun se placèrent à des points stratégiques dont un devant la grande porte faite de bois et de fer. Les soldats activèrent les poutres. Dès que les archers du roi tuaient un homme portant le bélier, un autre prenait sa place. Et cela était sans fin. Olden voyait son royaume s’effondrer. Ses chevaliers tombés sous les jets de pierre et de longues flèches. La grande porte céda sous les coups du bélier et les soldats de Torick entrèrent. L’affrontement se fit sanglant. Le roi Olden n’avait pas le choix, il capitula. Il agita un drapeau blanc du haut des remparts.
!!!
Torick entra dans le château du roi Olden et de la reine Eldrid, se dressant majestueusement sur son cheval noir, suivi de ses soldats et de son fils Hayden. Le royaume d’Oldegarde lui appartenait maintenant ainsi que celui de Celesterre qui fut le premier royaume conquis en formant une alliance avec les paysans. Il se dirigera bientôt vers Androphésia, qui refusait toujours sa proposition, et Dryadaura. Puis, enfin, il régnerait en maître sur les cinq royaumes. Et la montagne des dragons sera son dernier exploit !
Le roi du royaume oublié d’Amnésia descendit de sa monture et approcha des souverains d’Oldegarde qui se trouvaient à genoux sur les pavés en pierre menant à la grande porte de la forteresse. Torick contempla l’immense demeure qui se dressait devant lui. Les pierres se mélangeaient aux portes en fer et le travail fourni sur les vitraux des fenêtres était d’un savoir-faire comparable aux châteaux d’antan. L’ossature de ce monument ne pourrait jamais s’effondrer, l’alliage de métal façonnait les courbes du château. Le royaume d’Oldegarde offrait la connaissance architecturale. Le métal en était la matière première. Celesterre était un royaume d’agricultures et de connaissances de la terre. Tout ce qui poussait sur ce territoire était comestible et prospère ! Le roi d’Amnésia possédait à présent ces deux savoirs. Le roi Olden fut jadis chevalier de premier ordre, commandant des troupes les plus prestigieuses de l’histoire d’Oldegarde et sa femme, une descendante de guerriers vikings qui furent autrefois, ses frères et sœurs. Les soldats de ce royaume feraient de bons guerriers pour les assauts futurs ! Quant au peuple, il ne garderait que ceux qui seraient utiles au bon fonctionnement du royaume, cela en a été ainsi à Celesterre. Oldegarde sera toujours le suprême royaume sur ce continent et il était bien décidé à le conserver !
Torick se positionna devant le roi Olden en prenant une profonde inspiration.
— Je sens l’odeur de la défaite, lança-t-il gaiement. Ton royaume m’appartient désormais, roi Olden !
Torick se baissa au niveau du roi Olden agenouillé au sol, mains liées dans le dos.
— Tu ne deviendras jamais le maître de tous les royaumes, Torick ! gronda Olden.
— Pourtant, je possède déjà Celesterre et à présent, Oldegarde ! Vois-tu, roi Olden, la patience et la détermination sont mes points forts. Personne… non… aucun de vous, les dirigeants médiocres des royaumes n’ont pensé que le fils du roi Kronos, lignée du grand Ragnar, appartenant au royaume d’Amnésia ne pourrait prendre la tête d’une grande armée et venir conquérir les mécréants qui ont laissé Amnésia dans l’oubli.
— C’est toi qui as fait de ton royaume ce qu’il est, affirma Olden. Nous ne sommes en rien responsables de la perte d’Amnésia.
— Ma mère est morte de douleur, car aucun médecin d’Androphésia n’est venu à son secours !
— Je te le répète, Torick, tu es seul responsable ! Ta mère était gravement malade et je suis sûr que tu as contribué à la mort de ton père pour t’approprier son royaume !
Mais le roi Torick n’écoutait plus Olden, il se redressa en sortant son épée et se tourna vers le peuple d’Oldegarde.
— Le peuple d’Androphésia aura sa punition le moment venu. Pour l’instant, je demande à tous les soldats de ce royaume de me rejoindre... aucun guerrier ne bougeait… je vous promets la richesse et le pouvoir… et Torick stoppa ses paroles.
Son fils, qui était parti explorer le château, revint et lui murmura à l’oreille :
— Père, le monstre de fer n’est plus ici, ainsi que les enfants royaux. Et je ne trouve pas le livre.
Torick grimaça. Il se tourna vers le roi Olden et posa son épée sur le cou de celui-ci. La reine fixait son mari.
— Où est-il ? demanda-t-il sèchement. Olden sourit.
— Tu n’obtiendras pas le monstre de fer, le livre sera bien caché, Torick… et le prince vivra et reprendra son royaume ! Vive Oldegarde !
Torick leva son épée en l’air. La reine cria lorsque la lame de celle-ci atterrit sur le cou de son époux, lui entaillant la peau. Le sang se mit à gicler et Olden s’écroula au sol. Torick donna de nouveaux coups d’épée sur le cou du roi en rageant. La tête d’Olden se sépara de son corps et Torick la prit dans sa main. La reine Eldrid essayait d’ôter ses liens avec rage, mais ceux-ci étaient bien noués. Ses larmes glissaient sur ses joues en silence. Certains chevaliers du roi Olden voulurent venir en aide à leur souverain, mais ils furent vite stoppés par les hommes de Torick. Le roi d’Amnésia se réjouissait. Il contempla un moment la reine au sol. Celle-ci le regardait avec mépris. Elle était toujours d’une grande beauté, et il avait besoin d’elle ! Il se tourna de nouveau vers le peuple d’Oldegarde, la main tenant la tête du roi levée.
— Votre roi est mort, je suis votre roi à présent !
Il regarda les chevaliers qui s’étaient avancés pour protéger Olden.
— Tuez ces mécréants ! ordonna-t-il à ses hommes.
Alors, les soldats fidèles du roi Olden moururent sous les coups d’épée et de poignard. Torick jeta la tête d’Olden devant les yeux de la reine et il s’agenouilla face à elle. Il posa sa main sur les cheveux roux d’Eldrid et les caressa doucement.
— Maintenant, tu n’as plus d’époux. Tu vas me tenir compagnie avant que je reparte conquérir des royaumes.
Eldrid cracha au visage de Torick.
— Je te tuerai ! Tu le sais Torick ! ragea-t-elle.
— Bien sûr reine Eldrid. Je suis tout à toi et je n’en attends pas moins d’une ancienne guerrière au bouclier ! ironisa Torick.
Il redressa la reine et empoigna fermement ses mains liées dans les siennes. Il se tourna vers son fils.
— Quant à toi, Hayden, tu pars à la recherche des enfants royaux. Je veux que tu me ramènes la princesse, le livre et le dragon de fer !
— Hope est déjà loin ! s’enquit la reine Eldrid. Jamais elle ne te laissera le dragon de fer et elle te fera payer pour la mort de son père ! C’est une guerrière !
Le roi Torick ne répondit pas et continuait à parler avec son fils.
— Cela ne sera pas chose facile, Hayden, je le conçois.
— Si je retrouve les enfants, que dois-je faire du prince ? Dois-je le ramener lui aussi ?
Torick réfléchit un moment, il contempla le visage de la reine.
— Amène-moi seulement la princesse Hope ainsi que le livre, qu’elle doit sûrement avoir en sa possession. Tue le prince ! ordonna-t-il.
La reine Eldrid hoqueta.
— Non, supplia-t-elle. Ce n’est qu’un enfant ! Il ne peut pas te faire de mal !
Torick sourit.
— Le prince doit mourir ! S’il n’y a plus d’héritier, il n’y a plus de royaume !
Eldrid hurla des jurons en essayant de se dégager de l’emprise du roi Torick. Elle avait de la force et donnait des coups de pied à son tortionnaire. Celui-ci frappa de son poing le visage de la reine, il dut s’y prendre en deux fois pour que celle-ci s’évanouisse. Son corps fut retenu par les bras de Torick.
— La princesse se doutera de quelque chose, père ! avoua Hayden. Elle sait qui je suis, même si cela fait longtemps que l’on s’est vu.
Torick avait une idée. Il la suggéra à son fils.
— Hayden, c’est pour cela que dès aujourd’hui, je ferai courir le bruit que tu ne fais plus partie de mon royaume. Je dirai simplement que je t’ai banni, la raison m’importe peu, à toi de la fonder. Comme cela, la princesse ne se méfiera pas et fait semblant de me haïr. Cela en sera plus vraisemblable.
— Très bien, père. Et comment saurez-vous mes avancées ?
— Ne t’en fais pas mon fils, j’ai des yeux et des oreilles partout ! affirma Torick. Mais toi, comment comptes-tu retrouver la princesse ?
Hayden siffla. Un loup de taille moyenne au pelage noir courut vers lui.
— Grâce à Bran, il retrouvera sa sœur ! s’extasia Hayden. Et j’amadouerai la princesse. Ce n’est encore qu’une enfant. Cela ne devrait pas être difficile, père !
Torick grimaça.
— As-tu revu la princesse Hope depuis la promesse ?
— Non, père. Comme je vous l’ai dit, cela fait un moment que nos chemins ne se sont pas croisés.
Torick posa sa main sur l’épaule de son fils, tout en soutenant la reine évanouie.
— Méfie-toi, mon fils, la beauté est épineuse et la jeunesse fougueuse, si tu devais te perdre, je serais le premier à te remettre sur le droit chemin ! affirma Torick sérieusement. Et c’est une descendante de barbare, elle sait manipuler les armes !
— Je le sais père, soupira Hayden.
Puis celui-ci se dirigea vers le château. Il devait prendre quelque chose pour se nourrir et se couvrir durant le voyage qui l’attendait. Torick regarda la femme qu’il portait dans les bras. Elle était toujours inconsciente. Il entra dans la chambre royale et déposa Eldrid sur le lit. Il lui ôta sa robe puis son corset. Il contempla le corps de la reine. Il se redressa et attendit que celle-ci reprenne ses esprits.
Eldrid reprit connaissance. Elle se trouvait dans la chambre royale. Il était debout au pied du lit, il la contemplait. Ses mains étaient toujours liées et ses vêtements avaient disparu. Elle rageait. L’épée de Torick se trouvait sur la table basse près du lit. Eldrid sauta de la couche et voulut agripper l’arme de ses mains liées, mais elle fut interrompue dans son élan par des bras qui l’agrippèrent et la renversèrent sur le lit. Torick se trouvait au-dessus d’elle. Il ne disait rien, Eldrid rageait. Le roi barbare ôta le bas de ses vêtements et fit basculer Eldrid sur le ventre. Dans cette position, elle ne pourrait pas utiliser ses jambes pour seule défense. La reine sentit le va-et-vient des coups de reins lui meurtrir son entrejambes. Elle mordit l’édredon pour ne pas hurler. Des larmes coulèrent sur ses joues. Elle pensa à ses enfants, elle espérait que ceux-ci étaient sains et saufs. Elle ne faiblirait pas ! Elle était née guerrière et mourrait guerrière ! Elle attendrait Hope, même si elle devait affronter les maltraitances du nouveau roi d’Oldegarde.
.L’aventure commence.
Cela faisait un long moment à présent que le dragon de fer survolait les plaines et les forêts. Le château d’Oldegarde devait être loin ! Hope scruta les environs à travers les larges hublots teintés et décida de poser le dragon de fer au centre d’une forêt, sur une petite plaine verdoyante. Elle ouvrit un coffre en bois qui se trouvait non loin de son siège et sortit des vêtements. Hope ôta sa robe de princesse et se vêtit d’un caleçon long noir, une jupe noire de combat, une chemise de lin beige, une tunique bordeaux, un protège main en cuir et sa ceinture bustier fait d’un alliage de cuir et d’acier qui lui servait d’armure. Elle rechaussa ses bottes et posa sa besace contenant le livre sur son épaule. Elle couvrit ses épaules d’une cape noire et prit une arbalète, un arc et des flèches qu’elle enfouit dans un carquois et positionna celui-ci dans son dos. Elle attacha ses longs cheveux roux en une tresse épaisse qu’elle plaça au-dessus de son épaule droite. L’arc sur l’épaule, l’arbalète accrochée à la ceinture de son bustier, elle donna pour mission à son petit frère de garder la gourde remplie d’eau et le sac de nourriture. Elle enfila le gambeson rembourré sur le corps d’Elyo, ainsi qu’une cape grise sur les épaules de celui-ci. Elle enfouit une dague dans l’étui qu’il portait à la ceinture. Maintenant, ils étaient prêts à affronter le monde ! Même si elle n’était jamais sortie de son château, son père lui avait décrit le monde extérieur tel qu’il était. Il lui apprit à manier l’arbalète et le tir à l’arc pour pouvoir se défendre le moment venu. Elle savait manier aussi l’épée, sa mère l’avait entraînée rigoureusement ! Mais elle ne voulait pas s’encombrer de cette arme !
Hope s’agenouilla devant son petit frère.
— À partir de maintenant, Elyo, nous ne sommes plus les enfants princiers d’Oldegarde. Nous sommes juste de simples enfants du peuple ! As-tu compris la situation ?
— Oui, Hope. Je sais. Hope se redressa.
— Bien ! Maintenant, allons-y ! Nous devons trouver des renseignements sur la montagne des dragons !
Hope prit la main de son petit frère dans la sienne et elle descendit du dragon suivi de sa louve. Elle activa le couvre-fer qui enveloppa le monstre d’acier pour le rendre invisible aux yeux du peuple. Un fin tissu argenté sortit du dos du dragon de fer et s’étendit sur la carcasse d’acier. Le monstre disparu, laissant la clairière néant de toute invasion !
Elle entra dans la forêt, ne sachant pas vraiment où aller ! Elle devait trouver un chemin. Le médaillon qu’elle portait à son cou l’aiderait à retrouver la bête d’acier. Les villages d’Oldegarde étaient assez éloignés les uns des autres. En espérant que ses pas les mèneraient au bon endroit !
!!!
Hayden avait déjà traversé la forêt Guéniriade lorsqu’il arriva dans une petite plaine. Bran sentait quelque chose. Le jeune homme suivit le loup. L’animal s’était arrêté et reniflait le sol avec insistance, puis il aboya en direction de la forêt. Hayden tapota la tête du loup.
— Bien Bran. Cherche à présent !
Le loup regarda son maître un instant et s’engouffra dans la forêt, suivie d’Hayden. Le jeune homme prit un temps de repos au bout de quelques heures de marche. Le soir tombait, il devait se remettre en route pour ne pas se faire distancer par la princesse. Continuant à pied, celle-ci ne devait pas marcher rapidement avec un gamin de sept ans !
!!!
Hope et son petit frère arrivèrent dans le village de Cornor situé sur le domaine d’Oldegarde après une bonne journée de marche. Celui-ci se situait éloigner de la forteresse. N’ayant jamais quitté le château ainsi que son frère, les villageois et les soldats du roi Torick ne les reconnaîtraient pas ! Son père veillait à ce que ses enfants ne soient pas mis au-devant de la scène lors des festivités qui s’organisaient au palais. Hope en voulait à son père pour l’enfermement qu’il lui faisait subir. Mais aujourd’hui, celle-ci comprenait la décision du roi d’Oldegarde et l’en remerciait pour cela. La jeune fille possédait assez d’argent pour son voyage. Si elle ne se le faisait pas voler, évidemment ! Là-dessus, elle pouvait compter sur Gaya. La louve était un atout précieux dans son aventure. Personne ne viendrait lui chercher des ennuis ! Hope s’assit à une table de la taverne du village. Son petit frère se positionna à côté d’elle.
— Gaya ! Reste avec Elyo le temps que j’aille chercher de quoi nous restaurer, ordonna-t-elle à sa louve.
Hope approcha du comptoir en se frayant un chemin. Elle attendit patiemment en écoutant la conversation de trois villageois.
— Il paraît que le roi Torick a pris le château d’assaut et que celui-ci le possède à présent.
— Et qu’en est-il du roi Olden ?
— Ben… à ce qu’on raconte, il est mort… Hope retenait ses larmes.
— Le roi Torick a tranché sa tête !
— Et son épouse ? demanda une femme. Et les enfants ?
— La reine est devenue sienne ! Les enfants sont en fuite. Le roi d’Amnésia possède Oldegarde à présent.
— Oui, nous devons obéir à ce roi, sinon, nous aussi nous aurons la tête tranchée ! affirma l’homme en buvant d’un seul trait son hydromel.
La femme fit son signe de croix.
— Que Dieux vienne en aide à ces enfants ! pria-telle.
— Le roi Torick les recherche vivement ! Il vaut mieux pour eux de se mettre à l’abri et de prier le seigneur ! s’enquit le second homme.
Hope n’entendit pas la tenancière lui demander ce qu’elle voulait. La femme haussa légèrement le ton.
— Je t’ai demandé ce que tu voulais, damoiselle ?
Hope prit une profonde inspiration et déposa deux écus sur le comptoir.
— Je voudrais manger ainsi que deux gobelets d’hydromel, s’il vous…
Elle allait ajouter une formule de politesse, mais son père lui avait appris que la politesse n’avait pas sa place au sein du petit peuple. Elle se contenta de regarder la femme qui fixait les écus.
— Et bien ma fille, avec ça, tu auras un bon repas !
Hope attendit les deux chopes et les écuelles contenant un bon fumet. Elle retourna auprès de son petit frère et ils commencèrent à déguster la nourriture. La louve reçut aussi sa part. Des cris se firent entendre au loin, les villageois s’étaient attroupés sur la place du village. Hope demanda à son petit frère de la suivre et ils rejoignirent les paysans. Un jeune homme se battait contre deux voleurs. Il les fit fuir en un rien de temps et rendit le butin à une jeune damoiselle qui le remercia d’un baiser. Celle-ci était très entreprenante.
— Merci chevalier. Et si l’envie vous prend, je serai à la taverne, souffla-t-elle langoureusement.
Le jeune chevalier recula et fit une révérence à la jeune fille sans prononcer un mot.
— Quel jeune homme incroyable ! lança une femme à côté de Hope. Il ressemble bien à son père ! Sans royaume, sans famille, pas de roi à servir ! Toujours prêt à défendre les plus faibles et servir les plus riches ! Quel courage !
— Il aide les gens ? demanda Hope curieusement.
— Bien sûr, jeune damoiselle, avec un ou deux écus, il peut vous rendre un service. Sauf si vous voulez tuer une personne ! Ça, il ne le fera pas. À moins que cette personne l’affronte au combat bien sûr !
— Voyage-t-il beaucoup ?
— On peut dire ça. Depuis son adolescence, il ne reste jamais longtemps au même endroit. Parfois, il revient ! Hope réfléchit un instant.
— Alors, il doit bien connaître les royaumes et les endroits inhabités ?
La femme daigna enfin regarder Hope. Elle la contempla un instant puis un grand sourire illumina son visage.
— Pourquoi ne vas-tu pas lui demander mon enfant ! lança la femme gaiement. Je suis sûre qu’Amaury serait ravi de faire ta connaissance ! Et la femme partit en faisant un clin d’œil à Hope.
Hope prit la main de son petit frère dans la sienne en soupirant. Elle se dirigea vers le jeune homme assis à une table de la taverne qui ingurgitait déjà un bon repas. Hope prit la décision de s’assoir face au jeune homme sans y être invitée même si cela n’était pas dans son habitude. Elyo s’assit à côté de sa sœur et posa sa tête sur la table. Il dessinait des cercles avec son doigt sur le bois en faisant des bruitages de bouche. Amaury leva les yeux vers l’enfant et cessa de manger. Hope tapota la main de son petit frère et Elyo cessa immédiatement. La jeune fille prit une profonde inspiration avant de parler au jeune homme.
— On m’a dit que vous aidiez les gens ! prononça-telle.
Amaury but sa chope d’hydromel d'un seul trait et reposa celle-ci sur la table dans un bruit de rot. Ce qui fit rire Elyo. Hope grimaça. Amaury posa ses yeux sur la jeune fille. Que lui voulait-elle ? Et pourquoi une si belle jeune fille trainaitelle avec un gamin parmi ces mendiants et gueux ? Il tendit sa main vers le visage de cette donzelle. Il toucha la tresse rousse flamboyante. Puis sa main caressa la joue de la jeune fille. Celle-ci recula son visage.
— Vous aidez les gens, oui ou non ? demanda-t-elle. Amaury essuya sa bouche d’un revers de manche et se leva du banc sans dire un mot. Hope regarda le jeune homme. Il avait de grands yeux verts et des cheveux bouclés châtain clair parsemés de mèches brunes. Une fine barbe dessinait son menton. Il dégageait une beauté impériale et il le savait. Il en jouait. Hope le remarquait ! Elle le suivit. Son petit frère agrippait sa cape. Le jeune homme tourna dans une ruelle étroite. Hope s’engouffra dans cette rue, mais ne trouvait plus le jeune homme. Où était-il ? Soudain, une main agrippa son cou et quelque chose la plaqua contre les planches en bois d’une bâtisse.
— Pourquoi me suis-tu ? ragea le jeune homme.
Elyo recula, Gaya grogna après l’individu et attendait que sa maîtresse lui donne un ordre. Mais Hope lui fit un signe de la main de se calmer. Le jeune homme ne lui fera aucun mal, de cela, elle en était sûre !
— J’ai besoin de votre aide, soupira-t-elle.
Amaury ôta sa main du cou de la jeune fille en laissant son corps compresser celui de la donzelle. Il posa ses mains à plat sur le bois de la maison et approcha son visage de celui de la jeune fille.
— Et pourquoi t’aiderais-je ? demanda-t-il.
Hope regardait les lèvres d’Amaury et son regard émeraude plongea dans le bleu de ses yeux.
— J’ai de quoi vous payer !
— As-tu de l’argent ?
— Oui. Des écus.
Amaury fit la moue puis recula doucement de la jeune fille. Il posa ses mains sur ses hanches.
— Qui te dit que je veux de tes écus ? Hope écarquilla les yeux.
— Tout le monde a besoin d’argent !
— Et si je désirais autre chose, me l’offrirais-tu ?
Hope savait où voulait en venir celui-ci. Elle prit la main de son petit frère dans la sienne et contourna le jeune homme.
— Je n’ai rien d’autre à offrir que de l’argent ! Je ne
suis pas une fille de joie ! gronda-t-elle.
— Une fille de joie ne porte pas de carquois et d'arc. Tu as aussi une arbalète, donc non, tu n’es pas une fille de joie et je te taquinais, lança le jeune homme. Bien sûr que j’aime l’argent !
Hope stoppa sa marche et se retourna.
— Acceptez-vous de m’aider ?
Le jeune chevalier avança vers elle et positionna son visage proche de celui de la jeune fille. Hope regarda un instant ses lèvres puis se ressaisit, ses yeux se posèrent dans le regard du jeune homme. Celui-ci souriait.
— Si je te plais, damoiselle, il suffit de me le dire franchement et nous pourrions trouver un arrangement ! lança-t-il gaiement.
Hope rougit.
— Non… je… bafouillai-t-elle. Ce n’est pas de cet arrangement que je vous parle ! Je vous paierai en écu pour vos services !
Le jeune homme recula et regarda autour de lui. Personne d’autre ne se trouvait dans la ruelle. Il alla s’assoir sur une caisse vide qui se trouvait près d’une porte en bois, puis regarda la jeune fille.
— OK ! Raconte-moi ! lui demanda-t-il.
Hope laissa son petit frère avec Gaya et vint s’assoir au sol à côté du jeune chevalier.
— Je dois mener une quête pour le roi Olden.
— Le roi Olden est mort.
Hope retenait ses larmes. Celle-ci n’avait pas pu hurler son chagrin. Elle ne devait pas ! Il fallait inventer une histoire !
— Je sais, soupira-t-elle. Mais j’habitais dans le château. Je suis… ou du moins, j’étais une guerrière au blason. Tu en as déjà entendu parler, n’est-ce pas ?
— Oui, affirma Amaury. Ce sont les descendantes de guerrières vikings qui jadis faisaient régner la terreur à travers les royaumes. La reine Eldrid formait ces guerrières.
— Sentant le roi Torick approcher, mon roi m’a confié une mission dont je ne dévoilerai pas le secret. Je dois simplement me rendre sur la montagne des dragons !
Amaury hoqueta. Il secoua la tête de gauche à droite.
— Personne ne sait où se trouve cette montagne damoiselle ! Et même si je le savais, je ne m’y aventurerai aucunement. Cette montagne est maudite !
Hope soupira. Elle posa sa tête contre le bois de la porte et ferma les yeux.
— Alors vous ne savez pas où se trouve la montagne. Donc, vous ne pouvez pas m’aider ! Je la chercherai seule.
Hope se redressa et se dirigea vers son petit frère. Amaury réfléchit un instant en regardant la jeune fille. Il posa sa main sur la croix en bois qu’il portait à son cou. Cela se pourrait-il que Dieu ait mis cette damoiselle sur son chemin ? Même si depuis un bon moment, il ne croyait plus en son créateur ! Était-ce une épreuve imposée pour le rendre meilleur et trouver grâce auprès de lui ? Il se leva et agrippa doucement la main de la jeune fille. Hope se retourna. Des larmes avaient coulé sur ses joues. Elle le regarda.
— Attends ! Je vais t’aider. Même si je ne sais pas où se situe la montagne des dragons, je la trouverai !
— Comment ferez-vous ?
Le jeune homme attira Hope vers la porte en bois.
— Viens, n’aie pas peur, je ne te ferai aucun mal !
Hope appela son petit frère et Gaya les suivit. Amaury ouvrit la porte en bois et ils se retrouvèrent à l’intérieur d’une mansarde poussiéreuse et désordonnée. Ils ôtèrent leur cape, besace et armes. La louve se coucha dans un coin et s’endormit.
— Ne fais pas attention au désordre ! Je n’ai pas le temps de ranger ! lança le jeune homme en repoussant les objets au sol avec son pied.
Hope passa son doigt sur l’étagère en bois.
— Ni le ménage apparemment.
Amaury stoppa et la regarda étonnamment. Il lui fit une révérence.
— Désolé si mon humble demeure ne convient pas à une guerrière au blason ! Ma situation ne me permet pas de vivre dans un château !