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1957. Au milieu de la campagne toscane, une panne de voiture force un couple de Britanniques et leur ami belge à gagner le village le plus proche. Barbara souffre de la chaleur. Fred, son mari, peste contre le monde entier. Georges, lui, prend les choses avec bonhomie. Certes, le contretemps est fâcheux : ils ne pourront sans doute pas honorer le rendez-vous que leur a fixé le Saint-Père. Mais leur cohabitation forcée n’est-elle pas, après tout, une extraordinaire occasion ? Car en dépit de l’accueil chaleureux que leur réserve l’aubergiste Virgilio, une malicieuse partie d’échecs s’engage entre Georges Lemaître, chanoine et concepteur de la théorie du Big Bang, et
Fred Hoyle, son opposant le plus farouche.
Basée sur des faits historiques,
Sur la route de Montalcino s’en écarte avec une joie évidente pour explorer une rivalité intelligente et pleine d’humour. Traitant avec une légèreté déconcertante d’un problème aussi scientifique que le Big Bang, la pièce invite à une réflexion sur le sens de l’existence. Brillant, raffiné et drôle.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Maître en littérature française et en études théâtrales, ancien président du Théâtre Universitaire de Louvain (UCL),
Jean-François Viot, auteur dramatique franco-belge, a débuté au théâtre à l’âge de quinze ans et a participé depuis lors à la création d’une trentaine de spectacles comme assistant, metteur en scène, comédien, musicien ou adaptateur.
Sur la route de Montalcino, sa cinquième pièce, a reçu en 2008 le prix Verdickt-Rijdams de l’Académie Royale récompensant une œuvre mettant en rapport les arts et les sciences.
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Seitenzahl: 95
Veröffentlichungsjahr: 2021
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Sur la route de Montalcinoa été créée le 12 août 2009
Lors de la soirée d’inauguration du cinquantième
Festival de Théâtre de Spa
En la Salle Jacques Huisman du Petit Théâtre du Casino de Spa
Dans la distribution suivante :
Virgilio Grégoire Baldari
Massimo Michaël Manconi
Barbara Hoyle Maud Pelgrims
Fred Hoyle François Sikivie
Georges Lemaître Alexandre von Sivers
Mise en scène Olivier Leborgne
Assistanat Emilie Fromont
Décor et costumes Edouard Laug
Lumières Laurent Béal
Une coproduction de l’Atelier Théâtre Jean Vilar
et du Festival de Théâtre de Spa.
Les 12 et 13 août 2009 à 20h30 au Petit Théâtre du Casino
Salle Jacques Huisman à Spa.
Du 5 au 13 novembre 2009 au Théâtre Jean Vilar
Centre urbain – Louvain-la-Neuve.
Jean-François Viot
Sur la route de Montalcino
Théâtre
www.lecri.be [email protected]
ISBN 978-2-8710-6713-9
La version numérique a été réalisée en partenariat avec le CNL
(Centre National du Livre - FR)
© Le Cri édition,
Av Leopold Wiener, 18
B-1170 Bruxelles
Photo de couverture : Shutterstock.com © Robert Zywucki – Photo du quatrième de couverture : © Stanphoto — Photo de Mgr Lemaître, p. 84 : © Archives Georges Lemaître, UCL, Louvain-la-Neuve – Photo de Sir Fred Hoyle, p. 90 : © By permission of the Master and Fellows of St John's College Cambridge — Photo de Fred et Barbara Hoyle, p. 94 : © Archives Georges Lemaître, UCL, Louvain-la-Neuve.
Tous droits de reproduction, par quelque procédé que ce soit, d’adaptationou de traduction, réservés pour tous pays.
Tous les droits de représentation du présent ouvrage sont gérés par la Société des Auteurs et Compositeurs dramatiques, section de Bruxelles (Belgique).
A Jeanne, ma fille.
« Ceux qui, par la science, vont au plus haut du monde
Qui, par l’intelligence, scrutent le fond des cieux,
Ceux-là, pareils aussi à la coupe du ciel,
La tête renversée, vivent dans leur vertige. »
Omar Khayyâm
Astronome persan du XIIesiècle
L’écriture d’une pièce présentant des personnages réels si proches de nous amène sans nul doute l’auteur à des infidélités. La fiction produit son lot de nécessaires accommodements.
Sur le plan scientifique, de nombreuses simplifications ont été guidées par le souci de conserver le discours accessible. Dans ce cadre, l’auteur remercie de leur disponibilité et de leurs conseils les professeurs Jean-Marc Gérard (UCL), astrophysicien, et Dominique Lambert (FUNDP), éminent biographe de Georges Lemaître.
Il tient à remercier également la famille Hoyle de son attention à son travail, et en particulier Nicola, sa petite-fille, et Geoffrey Hoyle, son fils. La pièce a été inspirée par l’excellent livre de Fred Hoyle « Home is where the wind blows » paru aux University Science Books, Mill Valley, California.
Gilbert et Pierre Lemaître, neveux de Georges Lemaître, ont également apporté leurs remarques historiques sur la pièce.
Certaines répliques de Virgilio, et toutes les interventions de Massimo, sont en italien. L’auteur remercie Yasmina Khamal, assistante en langue et littérature italienne de l’Université Catholique de Louvain, d’avoir bien voulu corriger les passages en italien.
Le présent ouvrage a été édité avec le soutien de l’Atelier Théâtre Jean Vilar et coordonné par Liberty ASBL.
Georges Lemaître,la soixantaine
Fred Hoyle,la quarantaine
Barbara Hoyle, son épouse,la trentaine finissante
Virgilio,aubergiste
Massimo,son neveu
La place pavée d’un petit village toscan, par une chaude après-midi de l’été 1957.
Bâtisses anciennes, en pierre et en bois. Côté jardin, châssis en oblique représentant la façade d’un petit hôtel-restaurant. Il y a des fenêtres au premier et, au rez-de-chaussée, une porte vitrée et une vitrine. A l’étage, les volets sont mi-clos, pour la fraîcheur. Au-dessus de la vitrine et de la porte, une marquise donne de l’ombre à une petite terrasse garnie de quelques tables et chaises, qui s’étend du côté jardin au centre du plateau. Au début de la pièce, cette marquise n’est qu’à moitié ouverte.
Il n’y a, à la terrasse, pas plus de dix couverts possibles. Aucun n’est dressé. Les chaises sont repliées et appuyées contre les tables. La porte du restaurant est fermée et un rideau tiré à l’intérieur masque la vitrine. La porte est doublée, à l’extérieur, par un rideau à lamelles en plastique aux couleurs de l’Italie. Une pancarte cartonnée qu’on retourne apparemment fréquemment en raison des tâches de graisse qu’on y aperçoit est suspendue à un clou par un cordon, sur le chambranle, entre la vitrine et la porte, et laisse voir le message « Chiuso – siesta in corso ».
Au-dessus des fenêtres, le nom du restaurant « Ai viaggiatori » est peint à même la pierre en lettres délavées par le soleil. Ce nom est repris en grosses lettres mordorées sur la vitrine.
Au centre du plateau et à l’arrière de la terrasse, un petit escalier disparaît en plongeant vers le lointain.
Côté cour, un platane étend ses branches jusqu’à la marquise de l’hôtel et ombrage une fontaine. Plus exactement, c’est une pompe à main devant laquelle il y a une auge remplie d’eau. Sous le platane, il y aussi un petit banc public en fer forgé (avant-plan cour) et un lampadaire. Derrière le platane, depuis l’escalier jusqu’au cadre de scène côté cour, un muret en pierre. Entre ce muret et les branches basses du platane, on devine les toits de maisons en contrebas et, au loin, la campagne toscane.
Fred entre. C’est un homme petit et vif de quarante-deux ans, en costume sport. Il porte une paire de lunettes à la monture épaisse et sombre et un feutre des années 20. Il a les cheveux bien peignés, en une seule mèche, sur le côté. Il porte une valise. Il vient visiblement de se livrer à un effort car il transpire beaucoup. Il a retiré son veston, qui est posé en travers de sa valise. Il a déboutonné son col et ses manches de chemise sont retroussées. Il gravit les dernières marches de l’escalier, s’engage sur la place. Il pose sa valise et s’approche de la vitrine du restaurant pour revenir vivement vers le muret à cour, sous le platane, crier à quelqu’un en contrebas :
FRED: Georges ! Barbara ! Montez par ici ! Il y a une auberge !
Il revient vers l’auberge, s’approche de la porte et agite une petite cloche en terre cuite. Pas de réponse. Il sonne à nouveau. Puis comme personne ne répond :
Y’a quelqu’un ?!
Pas de réponse. Georges et Barbara apparaissent. Georges, soixante-trois ans, est un homme potelé et bon vivant, vêtu en soutane. Il porte un chapeau de curé et une paire de petites lunettes rondes. Barbara est une jolie femme de la trentaine finissante. Elle porte une petite robe légère et elle a protégé sa tête par un foulard. Appuyée au bras gauche de Georges, qui la soutient alors qu’il porte péniblement deux valises du bras droit, elle est accablée par la chaleur. Georges conduit lentement Barbara vers la fontaine et l’aide à s’asseoir sur le banc. Comme, de son côté, Fred n’a pas obtenu de réponse, il se met à taper avec autorité sur la porte.
FRED: Y’a quelqu’un ?
BARBARA: J’ai chaud !
GEORGES, à Barbara: Voulez-vous me donner votre foulard ?
BARBARA: Oui.
Barbara dénoue son foulard, qu’elle tend à Georges. Georges le prend et, actionnant la pompe, le mouille.
FRED,qui frappe de plus en plus fort: Eh oh!
VIRGILIO,off: Basta ! Basta ! Eccomi !
L’aubergiste, en débardeur, paraît à une des fenêtres de l’étage.
VIRGILIO: Che succede ?
FRED: Ah !Mon vieux ! Eh bien, il vous en a fallu du temps !
Georges rend son foulard humide à Barbara. Elle le remet sur sa tête.
VIRGILIO: Qu’est-ce que vous voulez ?!
FRED: Nous sommes tombés en panne sur la route de Montalcino…
VIRGILIO: Et alors ?
FRED: Ben… on se demandait si vous… si quelqu’un pourrait nous aider…
VIRGILIO: Quelle heure il est ?
FRED: Deux heures trente.
VIRGILIO: Sì ! Deux heures trente ! Eh bien, à deux heures trente, Monsieur l’étranger, Virgilio fait la sieste !
FRED, comme Virgilio va refermer la fenêtre: C’est que… nous avons chaud… et soif… et…
Il désigne Barbara et va poursuivre son explication.
VIRGILIO,indiquant une pancarte au rez-de-chaussée: Vous voyez la pancarte près de la porte ?!
Comme Fred s’approche pour la lire.
Qu’est-ce qu’elle dit, ma pancarte ?!!
FRED,lisant: « Chiuso – siesta in corso. »
VIRGILIO: Fermé pour cause de sieste. On ouvre à trois heures. Bonsoir !
Il rabat le volet sur lui, avec vigueur.
FRED: Mais… attendez… Monsieur ! Monsieur !
Il revient vers Georges et Barbara.
Ça n’ouvre qu’à trois heures.
GEORGES: Quelle heure est-il ?
FRED: Deux heures et demie.
Il prend sa valise qu’il vient poser à l’ombre, et s’assied dessus.
BARBARA: Je meurs de soif…
FRED, agacé: Que veux-tu que je fasse, Barbara ?!
Il désigne le restaurant.
Si au moins cette brute épaisse voulait nous donner à boire ! Mais aussi tu n’es pas bien résistante. Fais un effort !
BARBARA: Je voudrais t’y voir.
FRED: Ben tu m’y vois, figure-toi. Moi non plus, je n’ai rien bu depuis…
GEORGES: Venez, Barbara.
Il invite Barbara à s’approcher de la pompe et à se pencher, les mains en avant. Barbara et George s’asseyent à la fontaine.
FRED,indiquant la fontaine: Si ça se trouve, elle n’est même pas potable !
BARBARA, durement: Tu ne tarderas pas à le savoir.
Georges pompe. Elle boit puis se redresse, appuyant sur les mots en souriant.
Merci, Georges. C’est très gentil.
Un temps. Georges boit.
GEORGES: Fred ? Vous voulez boire ?
FRED: Ça ira.
Pendant le dialogue qui suit, Barbara pompe à son tour pour Georges.
Bon sang ! Quelle idée stupide d’aller nous faire emprunter cette route de campagne !
GEORGES: Ça nous serait arrivé tout autant sur l’autoroute.
FRED: C’est à voir…
GEORGES: Ça nous serait arrivé.
FRED,sans leur accorder la moindre attention: Des côtes pareilles ? Sur une autoroute ? Franchement…
BARBARA: Jusqu’à la panne, tu trouvais le paysage extraordinaire.
GEORGES: Et vous m’avez remercié trois fois de vous avoir conseillé le détour !
FRED: Ces FIAT 500, ça ne résiste à rien !
GEORGES: L’agence de location a garanti qu’elle était comme neuve !
FRED:Commeneuve ! Oui ! Merci de le rappeler ! Vive l’Italie !
Georges observe la façade de l’auberge.
Bon, c’est vrai que la route était magnifique…
Un temps.
Mais quand même, vous étiez déjà passé par là, vous auriez dû…
GEORGES,se levant: Je vais essayer.
FRED: Hein ?
GEORGES: Je vais essayer !
Georges se dirige vers l’auberge.
Oui, ben c’est ça ! Allez-y !(A lui-même)On va rire !
BARBARA: Fred…
FRED,à Barbara: Après ça, on dira que c’est moi le mauvais caractère !
Georges s’approche de l’auberge et sonne. Rien. Il sonne une nouvelle fois. Pas de réponse.
GEORGES, appelant: Oh oh !
VIRGILIO, hurlant, off: J’ai dit à trois heures…
FRED, àGeorges: Bravo ! Très concluant !
Fred va s’asseoir sur sa valise. Georges sonne une nouvelle fois. La fenêtre s’ouvre à l’étage. L’aubergiste, fulminant, apparaît.
VIRGILIO: Adesso basta cos… Perbacco ! Signor Lemaître ! Padre Lemaître ! Eh ! Come sta, padre ?!
GEORGES: Eh! Sto bene ! E Lei ?
BARBARA, à Fred: Tout à fait concluant en effet !
FRED, à Barbara: Oui ! Très drôle !
VIRGILIO: Aspetti ! Aspetti ! Scendo subito !
Il se retourne vers l’intérieur de la maison, en refermant les volets sur lui. On l’entend hurler dans la maison.
Il Signor Lemaître !
GEORGES: Vous ne savez pas vous y prendre. Vous débarquez dans un village italien comme un Britannique et vous voudriez que tout soit ouvert au beau milieu de l’après-midi.
FRED, abasourdi: Mais enfin, vous auriez pu nous dire tout de suite que…