The year ahead 2022 - Investance Partners - E-Book

The year ahead 2022 E-Book

Investance Partners

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Beschreibung

Investance Partners a 20 ans : 20 années d’expertise, d’accompagnement client, d’innovation, de recherche et d’évolution.
Pour célébrer nos 20 ans nous vous invitons au travers de cette édition spéciale de notre annuel Year Ahead, à une rétrospective avec une sélection de nos meilleurs articles.
De l’innovation durable, à la finance responsable en passant par les défis du secteur Banque- Finance- Assurance ; ce florilège de publications de nos collaborateurs, clients et acteurs majeurs du marché nous replongera dans ce que les années nous ont appris, les défis domptés et nous donnera les perspectives à venir.
Créé en 2001, Investance Partners est un cabinet de conseil spécialisé dans la transformation et l’amélioration de la performance des organisations, la gestion du risque, la conformité et le data management.

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We Are 20 !

«  The Year Ahead » s’inscrit dans le cadre

de nos travaux de recherche.

Il analyse les tendances majeures

de l’Industrie Financière.

Responsable éditorial :Luc-Sorel OM

Comité de rédaction :Luc-Sorel OM, Meriem AISSI & Diane WEBER

Pour plus d’informations sur notre cabinet et nos différentes publications, rendez-vous sur notre site : www.investance-partners.com© 2022 - Investance Partners

Crédits photos Unsplash : Julien DEPREZ

Tous droits réservés. La diffusion totale ou partielle de cette publication est interdite, et ce sous quelque forme que ce soit (photocopie, enregistrement, scannage ou tout autre procédé de stockage et de récupération de l’information).Les informations mises à disposition dans cette publication sont fournies à titre d’information générale ; elles ne comportent ni engagement juridique ni accord contractuel de la part d’Investance Partners. Investance Partners s’efforce d’en assurer l’exactitude mais ne peut néanmoins la garantir. La responsabilité d’Investance Partners ne saurait être engagée en cas d’erreur ou d’omission dans les informations fournies. En conséquence, l’utilisateur reconnaît utiliser les informations fournies sous sa seule responsabilité.

www.investance-partners.com| 3

THE YEAR AHEAD2022

Passionné par le dessin industriel et le graffiti, Julien Deprez intègre l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris après un DUT génie mécanique et productique.Il est lauréat du concours Velasquez et en résidence à la Casa Velasquez à Madrid.

Immédiatement attiré par la gravure, il allie très vite ce nouveau champ d’ex-ploration à son intérêt pour les processus techniques et industriels.

Il développe alors des robots peintres et graveurs, permettant de réaliser de grandes productions abstraites et donnant lieu à une réflexion sur la gravure elle-même :

Comment allier un medium ancien et traditionnel comme la gravure à des machines numériques et contemporaines ?

Ses thèmes de prédilection sont les espaces de transition entre la ville et la banlieue, les zones périphériques en construction/déconstruction.

Julien Deprez 

Déjà 11 ans que notre Year Ahead existe, à l’occasion de l’anniversaire de notre publication, Investance Partners apporte son soutien à un jeune artiste contemporain, Julien Deprez, dont le talent s’exprime au travers de l’innovation…

Un immense merci à la galerie Sabine Bayasli, qui nous a fait connaître Julien.

Située à proximité du Centre Pompidou et des plus grandes galeries d’art contemporain de la capitale, la Ga-lerie Sabine Bayasli entame les années 2020 avec de nouvelles collaborations, françaises et internationales, pariant sur des artistes émergeants tout comme sur ses artistes historiques.

GALERIE SABINE BAYASLI99 rue du Temple 75003 Paris

@julien_deprez_

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We Are 20 !

Publishroom Factory

www.publishroom.com

ISBN : 978-2-38454-154-6

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit, est illicite et constitue une contrefaçon, aux termes des articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Créé en 2001, Investance Partners est un cabinet de conseil spécialisé dans la transformation et l’améliora-tion de la performance des organisations, la gestion du risque, la conformité et le data management.

Contacter Investance Partners :

Investance Partners, 31 rue Saint Augustin, 75002 Paris

[email protected] | +33158186880

Les droits d’exploitation perçus sur les ventes de «  Year Ahead 2022» seront reversés en intégralité à la Fon-dation La Vie au Grand Air/Priorité Enfance. Acteur national de la protection de l’enfance depuis 1927, la Fon-dation vient en aide à des enfants et des parents confrontés à des difficultés familiales. Dans le respect de l’autorité parentale et en lien avec les services publics, elle les aide à restaurer ce que la vie a pu abîmer. Sa mission est de leur donner des outils et des repères pour surmonter leurs difficultés.

Investance Partners a 20 ans : 20 années d’expertise, d’accompagnement client, d’innovation, de recherche et d’évolution.

Pour célébrer nos 20 ans nous vous invitons au travers de cette édition spéciale de notre annuel Year Ahead, à une rétrospective avec une sélection de nos meilleurs articles.

De l’innovation durable, à la finance responsable en passant par les défis du secteur Banque- Finance- As-surance ; ce florilège de publications de nos collaborateurs, clients et acteurs majeurs du marché nous re-plongera dans ce que les années nous ont appris, les défis domptés et nous donnera les perspectives à venir.

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THE YEAR AHEAD2022

Chapitre 2

1. Une finance mobilisée pour une sortie de crise. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .74

2. Innovation et réglementation : comment mobiliser l’intelligence collective pour maîtriser l’intelligence artificielle (IA) ? Le point de vue de l’ACPR.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .77

3. Une finance réparatrice : une finance responsable. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80

4. Le modèle coopératif et mutualiste du Crédit Agricole au service de la finance réparatrice. 83

5. Agriledger : la chaîne d’approvisionnement agricole plus transparente grâce à la blockchain85

6. A l’ère du digital, le middle management du secteur bancaire a-t-il encore un avenir ?. . . . 89

7. Comment (ré)imaginer la banque, la finance et l’assurance de demain ?. . . . . . . . . . . . 94

8. Les risques en entreprise liés au numérique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96

9. Finance et Cyber Sécurité : l’indispensable alliance. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .100

10. Systèmes cognitifs et Intelligence Artificielle : ...vers un banquier augmenté ?. . . . . . . .102

11. L’innovation bancaire au service des clients . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .105

12. Demain, la finance « tokenisée » ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .106

13. Artificial Intelligence is Open for Business. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .109

14. Une donnée de qualité pour en démultiplier les usages et la valeur. . . . . . . . . . . . . . . 110

15. L’innovation au sein des services publics. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113

16. L’évolution des métiers de la gestion d’actifs et les projets de transformation face aux contraintes de temps. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116

17. Gestion des Données Personnelles dans le contexte de la pandémie de la COVID-19. . . . . 117

18. La confiance dans les données Trois questions à : Ludovic Favarette, Directeur Gouvernance et Démocratisation de la DATA - Groupe BPCE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .120

19. Les clés de la formidable révolution Millenials/IA pour bâtir la banque et l’assurance de demain. .122

20. Les assureurs et les assurés ne regardent pas dans la même direction. . . . . . . . . . . . . . . . . 127

Chapitre 1

1.La blockchain : destructeur de la planète ou acteur de la finance durable ?. . . . . . . . . . . .10

2.Mise en œuvre du FRTB SA dans les banques : l’heure de vérité sur la qualité des données. .16

3.Cyber-menace : les banques et les assurances sont-elles vraiment en danger ?. . . . . . . . .19

4.Data : l’intelligence artificielle au service des contrôles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .21

5.Les défis de l’intégration des Millenials sur le marché de l’emploi. . . . . . . . . . . . . . . . . 25

6.Les banques et l’open-innovation : quel modèle après des décennies d’innovation de l’intérieur ? . .27

7.La modélisation prédictive dans l’univers BIG DATA de l’assurance . . . . . . . . . . . . . . . 29

8.RGPD : une révolution de l’usage des données personnelles européennes ? . . . . . . . . . . 32

9.Le Bitcoin doit-il être réglementé ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36

10.Regulation in action : A year of significant progress in FATCA compliance . . . . . . . . . . . .41

11.Flexibilité et agilité en banque : deux qualités pour des banques 3.0 . . . . . . . . . . . . . . 43

12.Les cryptos en 2019 : quelle réglementation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46

13.The changing European payments landscape: What will and must be changed ? . . . . . . . 50

14.Le management du risque opérationnel et la création de valeur . . . . . . . . . . . . . . . . . 52

15.Le management de l’innovation en banque, finance et assurance : existe-t-il des synergies et des applications possibles avec les méthodes utilisées dans d’autres secteurs ?. . . . . . . 55

16.« L’Advanced Analytics » appliqué à la lutte anti-fraude pour une meilleure protection de la mutualité des assurés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58

17. Les marchés au service de l’écologie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60

18. La Finance Durable au sein du système bancaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63

19. Banque de détail, le nouveau paradigme digital de la relation client . . . . . . . . . . . . . . . 66

20. Un nouvel acteur pour la gestion d’actifs : les robo-advisors . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69

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THE YEAR AHEAD2022

Luc-Sorel Om,

Directeur Général

Voici plus de 10 ans que nous publions notre Year Ahead en collaboration avec nos clients et nos partenaires et nous sommes fiers d’être le seul cabinet de conseil auteur d’un ouvrage prospectif de cette ampleur. Fiers car notre Year Ahead est un projet collaboratif conséquent, dont la préparation mobilise et fédère nos équipes tout au long de l’année. Fiers aussi car cet ouvrage est lu par de nombreux décideurs de notre secteur auxquels, il apporte, nous l’espérons, des éléments de réflexion.

L’objectif maintenu depuis toutes ces années est de réaliser un diagnostic du secteur financier permet-tant d’anticiper les besoins, les usages et l’impact de la réglementation à moyen terme. La ligne édito-riale de notre ouvrage cherche ainsi à mettre en évi-dence les différents facteurs susceptibles d’engager une mutation du secteur bancaire et assurantiel et s’attache à faire prendre conscience des évolutions de notre écosystème et des transformations né-cessaires au vu du contexte actuel et des forces en présence : arrivée de nouveaux acteurs (Fintechs, crowdfunding, GAFA…), renforcement de la régula-tion, évolution des attentes des clients…

Pour 2022, notre volonté est de vous proposer une syn-thèse des meilleurs « papiers » réalisés depuis notre première publication. Nous avons ainsi fait une sélection de différents articles qui ont su alimenter la réflexion. Ils adressent en grande ligne les thématiques suivantes :

• diagnostic stratégique du secteur sur les aspects économiques & benchmark de l’impact du digital sur le business modèle des différents métiers ;

• transformation réglementaire et technologique du secteur bancaire & tour d’horizon international d’in-novations clients ;

• évolution des enjeux de la relation client ;

• analyse des dynamiques du secteur dans des pé-riodes de crise.

Nous avons aussi mixé les points de vue. En effet, se forger une conviction sur l’avenir, ou du moins dégager des pistes de réflexion, nécessite de croiser les exper-tises: celles des établissements et des Fintech, celles des chercheurs, des sociologues et des experts, ainsi que celles des autorités. Les articles rassemblés ici se sont nourris des entretiens intervenus tout au long de 10 années et ont aussi été forgés et discutés en groupes de travail avec les établissements et nos par-tenaires. Pour permettre un élargissement des points de vue, plusieurs enquêtes ont été réalisées et plus de 200 consultants ont apporté leur point de vue sur les transformations en cours et sur les leviers d’action.

Par ailleurs, le cheminement argumentaire et les conclusions de nos recherches ont souvent été pré-sentés et discutés lors de nos forum de l’innovation. Ils sont ici repris dans cette édition 2022.

Chaque année notre Year Ahead s’inscrit dans une démarche la plus prospective possible. Ainsi nous espérons contribuer à vous éclairer sur les enjeux et les choix d’avenir qui se posent en cette période de défis et d’opportunités. Dans le contexte actuel et à moyen terme, disposer d’une vision prospective de nos métiers est plus que jamais un axe-clé de l’éla-boration d’une trajectoire stratégique.

Enfin, je tiens à remercier l’ensemble des personnes ayant contribué, par leur expertise et leur point de vue, à la publication de cet ouvrage depuis 2012. Je remer-cie nos équipes, nos clients et tout particulièrement les autorités, l’ACPR, la Banque de France ainsi que l’AMF qui, par leurs contributions ont su partager leur vision et leur conviction du futur de notre secteur. ■

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THE YEAR AHEAD2022

Chapitre 1

1.La blockchain : destructeur de la planète ou acteur de la finance durable ?. . . . . . . . . . . .10

2.Mise en œuvre du FRTB SA dans les banques : l’heure de vérité sur la qualité des données. .16

3.Cyber-menace : les banques et les assurances sont-elles vraiment en danger ?. . . . . . . . .19

4.Data : l’intelligence artificielle au service des contrôles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .21

5.Les défis de l’intégration des Millenials sur le marché de l’emploi. . . . . . . . . . . . . . . . . 25

6.Les banques et l’open-innovation : quel modèle après des décennies d’innovation de l’intérieur ? . .27

7.La modélisation prédictive dans l’univers BIG DATA de l’assurance . . . . . . . . . . . . . . . 29

8.RGPD : une révolution de l’usage des données personnelles européennes ? . . . . . . . . . . 32

9.Le Bitcoin doit-il être réglementé ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36

10.Regulation in action : A year of significant progress in FATCA compliance . . . . . . . . . . . .41

11.Flexibilité et agilité en banque : deux qualités pour des banques 3.0 . . . . . . . . . . . . . . 43

12.Les cryptos en 2019 : quelle réglementation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46

13.The changing European payments landscape: What will and must be changed ? . . . . . . . 50

14.Le management du risque opérationnel et la création de valeur . . . . . . . . . . . . . . . . . 52

15.Le management de l’innovation en banque, finance et assurance : existe-t-il des synergies et des applications possibles avec les méthodes utilisées dans d’autres secteurs ?. . . . . . . 55

16.« L’Advanced Analytics » appliqué à la lutte anti-fraude pour une meilleure protection de la mutualité des assurés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58

17. Les marchés au service de l’écologie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60

18. La Finance Durable au sein du système bancaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63

19. Banque de détail, le nouveau paradigme digital de la relation client . . . . . . . . . . . . . . . 66

20. Un nouvel acteur pour la gestion d’actifs : les robo-advisors . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69

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Pour un public non initié, la blockchain est souvent syno-nyme de bitcoin, d’instrument financier hautement spécula-tif vanté par des icônes de la téléréalité, enfin et surtout de désastre écologique. Pourtant de nombreux ar-ticles qualifient la blockchain de nou-velle révolution technologique qui va bouleverser l’économie, les modes de gouvernance, les interactions sociales et la vie quotidienne quand elle n’est pas présentée comme une solution au défi climatique. La blockchain est-elle donc énergivore ou écologique ? « Ube-risante » ou socialement responsable ?

La blockchain est-elle un désastre éco-logique ou au service du climat ?

Fonctionnement de la blockchain

L’un des principaux reproches adressés à la blockchain est sa grande consomma-tion d’énergie. Cependant cette consom-mation varie très fortement selon s’il s’agit d’une blockchain publique ou privée ou de la méthode de consensus utilisée. Afin de déterminer les causes des consommations électriques il faut bien comprendre le fonctionnement d’une blockchain.

La blockchain tire son nom du fait que les transactions effectuées entre les utilisateurs du réseau sont regroupées par blocs horodatés ajoutés les uns aux autres.

Chaque bloc possède un identifiant per-mettant de relier les blocs les uns aux autres. Cet identifiant est toujours le ré-sultat du « hachage » du bloc précédent, c’est-à-dire qu’une fonction de hachage cryptographique est utilisée pour com-presser les données en une courte suite hexadécimale. La fonction de hachage SHA-256, utilisée par le bitcoin, est constituée de telle sorte qu’il existe 1,16 x 1077 combinaisons possibles, ce qui permet ainsi de considérer que le hash SHA-256 de chaque ensemble de données est unique.

Le hachage est imprédictible, ce qui rend toute modification du contenu d’un bloc immédiatement visible dans les blocs suivants, même si cette modification est minime. Ceci rend la base de données in-falsifiable.

Chaque bloc est validé par des « mi-neurs » qui vérifient que les transac-tions au sein de celui-ci se compensent,

La blockchain : destructeur de la planète ou acteur de la finance durable ?

Dans un contexte de crise sanitaire et de plans de relance économique, sont mis en avant : l’importance de la donnée, sa fiabilisation et sa sécurisation. Les blockchains répondent parfaitement au besoin actuel : nombre de tests positifs ou négatifs, patients en réanimation, décès, disponibilité des masques, sont entre autres, autant de données à piloter dans le cadre de la pandémie mondiale. La blockchain pourrait ainsi apporter un soutien non négligeable dans la sortie de cette pandémie mais également dans la gestion des potentielles pandémies futures.

Les bénéfices de cette technologie justifient ils la consommation énergétique qu’elle engendre ? Est-ce vraiment un acteur de la finance durable ? Corinne Stenger, consultante Senior Investance Partners y répond dans le Year Ahead 2020.

Source : Blockchain France

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puis transmis aux nœuds du réseau (les détenteurs du registre partagé, la blockchain). Dans les blockchains dites ouvertes, comme celle du bitcoin, n’im-porte quel utilisateur d’internet peut devenir un nœud du réseau en téléchar-geant le registre auprès d’un nœud exis-tant.

Lorsqu’un nœud crée ou reçoit un nou-veau bloc, il l’ajoute à sa copie du re-gistre puis le transmet à ses nœuds pairs qui vérifient que ce nouveau bloc est valide, l’intègrent à leur registre et le transmettent à leur tour.

La validation des blocs n’est effectuée par aucune autorité centrale puisque les utilisateurs s’en chargent eux-mêmes en surveillant le système et en se contrôlant mutuellement. Cette sécurité, source de confiance, est l’un des aspects essentiels de la blockchain. L’ajout des blocs se transmettant de pair à pair sur la totalité du globe terrestre engendre une latence qui pourrait avoir pour conséquence l’introduction simul-tanée de deux blocs différents et ainsi de deux versions différentes du registre qui se diffusent sur le réseau.

Afin que les nœuds s’accordent sur le prochain bloc à ajouter sur la chaîne, les protocoles de blockchain prévoient une « méthode de consensus ». Dans le cadre d’une blockchain ouverte à tous, une preuve de désignation doit présen-ter deux caractéristiques :

• empêcher une seule entité de créer la totalité des blocs,

• permettre une temporisation dans la

création des blocs, afin que l’ensemble des nœuds du réseau puissent mettre à jour leur registre sans avoir à parta-ger une horloge.

• Le protocole du bitcoin utilise la « preuve de travail » (proof of work) comme méthode de consensus. Ce mode de validation repose sur une compétition cryptographique où chaque mineur, pour valider un bloc, doit résoudre une énigme cryptogra-phique reposant sur le hachage (il s’agit de trouver un nonce, c’est-à-dire une suite de quelques chiffres, qui ajouté au bloc avant le hachage de ce dernier, permet au résultat du hachage de commencer par un certain nombre de zéros). Celui-ci, du fait de sa nature

Source : OPECST

Source : OPECST

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imprévisible, nécessite de tester un grand nombre de combinaisons pour trouver la solution. La difficulté du puzzle cryptographique croît avec le temps afin de compenser l’augmenta-tion de la puissance de calcul des ma-chines. Ainsi c’est la recherche des so-lutions aux énigmes cryptographiques pour créer un bloc qui entraîne une im-portante consommation énergétique.

Plusieurs études ont tenté d’estimer la consommation électrique du bitcoin (les mineurs ne communiquent pas leur consommation électrique afin de ne pas donner d’information à leurs concur-rents) en se basant par exemple sur le coût de l’électricité et le pourcentage des recettes consacré par le mineur à l’achat d’électricité, mais les résultats de ces estimations sont très approximatifs. La consommation électrique minimum utilisée par le bitcoin est calculable en se basant sur :

• le nombre de hashs par seconde : 37,1 × 1018 Hash/s au 1er juillet 2018

• la puissance et la capacité de hachage de la machine la plus performante du marché (l’Antminer S9 de Bitmain) : 1 323 W pour 13,5 × 1012 Hash/s.

Il est ainsi possible d’affirmer que la consommation électrique du réseau Bitcoin au 1er juillet 2018 était au moins égale à 32,2 TWh/an, ce qu’on peut comparer avec la production d’un réacteur nucléaire qui est de 7 TWh/an ou d’une éolienne qui est de 4 GWh/an.

A cette importante consommation énergétique s’ajoute une autre problé-matique environnementale : les appareils de hachage deviennent rapidement obsolètes et sont peu re-cyclables. Bien que le bitcoin ne soit pas uniquement une monnaie, son impact environnemental peut être comparée avec l’extraction aurifère (déforestation, rejet de mercure...) ou la production et distribution de pièces et billets de banque qui est non négligeable. Or contrairement à l’or, par exemple, qui une fois qu’il a été extrait ne pollue plus lors des transactions d’échange, le bitcoin né-cessite de l’électricité pour chaque transaction et ces besoins augmen-tent exponentiellement. Afin que le bitcoin ne devienne pas un désastre écologique il faudrait qu’a minima la consommation effrénée d’électricité ait un impact positif dans la recherche de sources d’énergies vertes à faible impact carbone, qu’une autre mé-

Source : OPECST

Source : OPECST

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thode de consensus moins énergivore soit inventée ou qu’une utilité soit trouvée au minage. Ainsi des projets de « preuve de travail utile » (proof of useful work) encore à l’état théorique sont en train de voir le jour pour uti-liser les puissances de calcul du mi-nage à des fins scientifiques comme par exemple pour la modélisation de molécules complexes ou l’entraîne-ment d’algorithmes de Deep Learning. Actuellement d’autres blockchains ouvertes reposent déjà sur des mé-thodes de consensus différentes et moins énergivores. Malheureusement pour l’instant, aucune des autres mé-thodes ne permet de garantir la même sécurité ou décentralisation que la méthode de « preuve de travail ».

Cependant beaucoup d’applications concrètes peuvent être développées sur des blockchains dites « fermées » qui ne nécessitent pas de se passer totalement de tiers de confiance. Ces blockchains à basse consommation d’énergie peuvent en principe être ap-pliquées à tous les processus de tran-sactions impliquant plusieurs partici-pants.

La blockchain, pilier d’une finance responsable ?

Pour les plus optimistes, la blockchain permettrait même d’être le pilier d’une finance responsable. Ainsi des projets tels que la climate chain imaginent de programmer les cryptomonnaies

en les alignant sur les ressources disponibles sur la planète. Ainsi la blockchain veillerait à ce que les transactions au niveau mondial ne dépassent jamais la capacité de la Terre à fournir la matière première. A défaut de réussir à imposer une telle cryptomonnaie dans la totalité des échanges planétaires, la blockchain pourrait être utilisée comme cadastre mondial des émissions de CO2 en stockant les quantités de CO2 é-mises par toutes les entreprises. Ainsi le coffre-fort des émissions de CO2 générées sur le territoire français, actuellement tenu par la Caisse des Dépôts et Consignations, pourrait être répliqué dans une blockchain, ce qui permettrait aux pays n’ayant pas de registre équivalent d’y enre-gistrer également leurs données. La blockchain serait ainsi un outil per-mettant de garantir la mise en appli-cation des Accords de Paris.

Des cas d’usage à haute valeur sociale

En tant que technologie de stockage et de transmission d’informations garante de sécurité et de transparence, la blockchain apparaît comme l’outil idéal pour de nom-breux projets à haute valeur sociale et en-vironnementale.

La Caisse des Dépôts et Consignations a par exemple lancé un programme pour utiliser la blockchain pour l’émission d’obligations vertes. Cette dernière est actuellement complexe car elle fait inter-

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venir un grand nombre d’acteurs et se base sur les relations humaines. La blockchain permet d’apporter de la transparence dans la certification du caractère vert de l’obli-gation : quels critères sont utilisés pour la certification, quelle agence a attribué la certification... L’émetteur, l’investisseur mais aussi le régulateur aura ainsi accès à l’ensemble du process et de l’informa-tion. Par ailleurs, les obligations vertes connaissent actuellement un problème de liquidité. Pour y remédier la Caisse des Dépôts et Consignations est en train de créer une marketplace se basant sur la technologie de la blockchain. Celle-ci per-mettrait d’émettre des obligations d’un montant plus faible qu’actuellement et de les échanger sur un marché secondaire.

En 2018, la Banque de France a été la pre-mière banque centrale dans le monde à mettre en production un projet utilisant la technologie de la blockchain. Ainsi, le pro-jet MADRE a permis de décentraliser le registre d’identifiants créanciers SEPA (ICS) et l’attribution de ces identifiants. Jusqu’à présent la Banque de France re-cevait les demandes d’ICS, les analysait et les vérifiait avant d’attribuer un identi-fiant, ce qui prenait plusieurs jours. Avec le projet MADRE toutes ces étapes sont automatisées et réalisées en quelques minutes. Les banques commerciales peuvent désormais consulter l’ensemble des référencements en temps réel et ob-tenir une réponse quasi immédiate à leurs demandes d’attribution d’identifiants.

Plusieurs Fintech utilisent également la blockchain comme support à leur innova-

tion. Ainsi, QLAY facilite l’accès au loge-ment et à l’investissement locatif grâce au micrommobilier. Elle propose des fractions de biens immobiliers (5%, 10%, 20%...) pro-grammées sous blockchain pour se loger ou investir. La blockchain est utilisée pour faciliter l’échange et la gestion des frac-tions d’immobilier. Les smart-contracts auto-exécutés assurent des transactions en temps réels, transparentes et im-muables.

La fintech BitLumens construit un mi-cro-réseau décentralisé, basé sur une blockchain, pour des personnes sans ac-cès à l’électricité ni aux services bancaires. Pour cela, BitLumens construit des techno-logies solaires dans des zones rurales sans infrastructures, et un logiciel collecte les données et les envoie dans une blockchain. Les utilisateurs peuvent décider de rendre ces données accessibles aux banques afin de bénéficier de micro-crédits ou de ser-vices financiers. AID:Tech propose quant à elle des solutions de blockchain qui offrent de multiples applications humanitaires, médicales et sociales grâce notam-ment à son outil d’identité numérique décentralisée qui permet aux utilisateurs d’accumuler des données relatives à leur santé, leur aide, leurs dons, leurs presta-tions sociales ou leurs envois de fonds. Leur solution a ainsi été déployée en Irlande pour fournir une identité numérique et améliorer l’accès aux prestations sociales aux femmes des communautés nomades. Sans domicile fixe, ces communautés ont longtemps été désavantagées en termes d’accès à la gamme de services sociaux disponibles. Un autre exemple de solution déployée par AID:Tech est une blockchain pour la fourniture de droits médicaux aux femmes enceintes en Tanzanie. Les iden-tifiants numériques permettent à ces femmes de créer des profils médicaux personnels en utilisant les données accu-mulées à chaque visite effectuée dans les cliniques et lorsqu’elles reçoivent des droits médicaux. Enfin, plusieurs ONG et les or-ganisations caritatives ont été touchées

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par de nombreux scandales, soulignant le manque de transparence et de responsa-bilité. Pour rétablir la confiance du public dans les organismes de bienfaisance, les données accumulées sur la blockchain d’AID:Tech permettent de tracer les dons reçus jusqu’à leur utilisation. L’inclusion bancaire peut également être améliorée grâce à la blockchain. Danapay permet d’envoyer de l’argent à des personnes en Afrique même si celles-ci ne sont pas bancarisées, et s’adresse même à une population analphabète. Une fois que le receveur des fonds a reçu un SMS sur son téléphone portable lui indiquant qu’il a reçu de l’argent, il se rend dans un point de retrait qui lui fournira l’argent sous forme d’espèces. La fintech Paypite a de son côté créé une cryptomonnaie PIT permettant de transférer de l’argent plus rapidement et de façon moins onéreuse dans toute la sphère francophone. Le destinataire d’un transfert de PIT peut soit les faire fruc-tifier, les conserver, les revendre sur une bourse de cryptomonnaie soit récupérer de l’argent en les échangeant dans un bureau de change.

Une autre cryptomonnaie à vocation so-ciale a été créée par Impak : c’est l’impak Coin, conçue pour soutenir la croissance de l’économie d’impact en favorisant la loyauté, récompensant la collaboration et encourageant les achats responsables au-près des membres qualifiés par sa plate-forme impak. Les particuliers peuvent ain-si encourager les commerçants ayant un impact positif (zéro déchet, bio, éthique...) en les payant avec des MPK. Pour chaque transaction réalisée, une récompense sous forme de MPK est donnée au parti-culier tandis que le commerçant paie des frais de transaction réduits.

En conclusion, la blockchain présente un formidable outil pour soutenir l’économie responsable, s’engager dans la transition écologique et améliorer l’inclusion ban-caire. Son plus grand défi est maintenant

de réussir à trouver une solution robuste et viable pour les blockchains ouvertes afin que leur consommation énergétique reste maîtrisée. ■

• https://www.senat.fr/rap/r17-584/r17-584_mono.html#toc445

• https://www.blockchain.com/fr/charts/hash-rate

• http://cristal.univ-lille.fr/~jde-lahay/temporaire/DelahayeFran-ceStrat4juin2018.pdf

• https://medium.com/@aurlienmar-tin/deep-learning-et-blockchain-la-preuve-de-travail-utile-d20d-da9984b0

• https://www.jdbn.fr/et-si-la-blockchain-pouvait-sauver-le-climat-stephane-voisin-tedxtours/

• https://www.agefi.fr/fintech/actua-lites/video/20180206/comment-blockchain-va-contribuer-a-transi-tion-239363

• https://blockchainpartner.fr/com-prendre-projet-blockchain-de-banque-de-france/

• https://qlay.io/

• https://bitlumens.com/

• https://v3.aid.technology/

• http://www.danapayment.com/

• https://www.impak.eco/fr/

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We Are 20 !

Depuis l’introduction du Fundamental Review of the Trading Book en 2016 ; nombreux sont les défis auxquels les banques ont dû faire face : interpréter avec précision les instructions du régulateur, assurer la robustesse des processus et de l’infrastructure IT mais surtout assurer la qualité des données référentielles. En 2021, est enfin venu le temps des premiers reportings FRTB SA et la charge en capital de risque de marché des banques a parfois été beaucoup plus contraignante que prévue. Le coupable ? La data quality ! Comment les banques peuvent-elles optimiser leur charge en capital en affinant leurs données ? En quoi ce nettoyage a été crucial pour le premier reporting et le restera pour les exercices à venir ? David Fitoussi, manager Investance Partners et expert des données réglementaires l’explique notamment avec un exemple concret sur le fonds SDPR NYSE Technology ETF dans le Year Ahead 2021.

Mise en œuvre du FRTB SA dans les banques : l’heure de vérité sur la qualité des données

Les banques sont aujourd’hui dans la dernière ligne droite pour envoyer les premiers repor-tings FRTB SA qui sont attendus par l’Eu-ropean Banking Authority pour septembre 2021. Après avoir revu en profondeur leurs systèmes d’information, mis en place des chaînes de traitement et des process complexes leur per-mettant de faire ce nouveau calcul réglementaire de charge en capital, vient aujourd’hui la réalité des chiffres et des premiers résultats de simulations internes. Malheureusement pour certaines banques le rappel à la réalité est difficile. Il arrive fréquem-ment que ces résultats ne soient pas à la hauteur de ce qui était espéré et que la charge en capital de risque de marché soit bien plus importante qu’es-comptée. En diagnostiquant cet écart entre réel et espéré, le coupable est rapidement identifié : la qualité des référentiels de données statiques et de marché. Dans ce présent article nous verrons comment un référentiel qui semblait à première vue anodin et surtout inoffensif tout du moins pour les Directions des Risques de Marché, à savoir le référentiel d’activité sectorielles s’avère (s’il est de mauvaise qualité) avoir des conséquences drama-tiques sur le calcul de charge réglementaire, avec un surplus de capital potentiel pouvant se chiffrer à plusieurs millions d’euros.

Dernière ligne droite pour la mise en place de la nouvelle réglementation FRTB

Le 12 août 2020, l’Autorité Européenne Bancaire (EBA, European Banking Authority) a proposé en réponse à la Crise liée au COVID 19 de reporter la publication du premier reporting FRTB SA au

troisième trimestre 2021. A partir de ce jalon fixé pour l’instant à septembre, environ 70 des 116 banques directement supervisées par la BCE de-vront faire leur reporting de calcul de fonds propre réglementaire relatif aux risques de marché sur la base de la nouvelle approche standardisée (FRTB SA). Le nouveau reporting réglementaire impo-sera aux banques l’utilisation de la nouvelle ap-proche standardisée mêmes si elles ont fait le choix d’utiliser des modèles internes (FRTB IMA). Le FRTB SA est beaucoup plus complexe et sen-sible aux facteurs de risque de marché (risques de taux, risque de crédit, volatilité des actions, des matières premières, des cours de change, volati-lité des options, curvature...) que l’approche stan-dardisée actuelle et, par conséquent, est plus en phase avec les pratiques de gestion des risques des banques. Le nouveau SA est également une approche globale pour les portefeuilles de négo-ciation des banques. Il capture à la fois des risques d’instruments isolés, mais profite également des effets de diversification. Il est également plus proche des méthodologies usuellement utilisées par les grands groupes bancaires pour mesurer les pertes de trading de leur salle des marchés. En raison de cette complète refonte, le régulateur souhaite que le FRTB SA puisse être utilisé par les grands groupes bancaires comme alternative de secours obligatoire pour le FRTB IMA. De ce fait, les banques qui font le choix de l’approche IMA pour calculer leurs besoins en fonds propres au-ront l’obligation à l’avenir de déclarer également leurs besoins en fonds propres déterminés par l’approche FRTB SA.

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Les premières simulations, avec les nouveaux modèles, révèlent les enjeux financiers cru-ciaux liés à la qualité des données

Dans cette dernière ligne droite, après plusieurs années d’implémentation et de modernisation de leur système d’information pour mettre en place les nouvelles mé-thodologies de calcul et nouveaux métriques de-mandées par le régulateur, le temps est venu à présent pour les banques de faire leur première simulation in-terne. L’heure de vérité est venue pour la qualité de leurs données. Et malheureusement pour nombre d’entre elles les premières simulations internes en charge de capital montrent qu’une mauvaise qualité de données induit mécaniquement une surcharge en capital signifi-cative. Le régulateur a en effet fait le choix dans ses mé-thodologies d’imposer des pondérations qui s’avèrent en pratique véritablement punitives si certaines données qu’il a estimées stratégiques sont de mauvaise qualité. Un exemple très significatif de donnée devenue sen-sible est le référentiel de secteurs activité. C’est à dire un référentiel permettant d’attribuer pour tous les titres présents dans le portefeuille de trading de la banque, un secteur d’activité. Les secteurs d’activités usuelle-ment les plus utilisés sont les secteurs d’activité BICS de Bloomberg, les secteurs d’activité GICS de Morgan Stanley Capital et Standard & Poors, les codes NACE en Europe et les codes NAICS en Amérique du Nord. La mise en place d’un tel référentiel peut de prime abord

paraître simple. Il semble assez trivial, par exemple, de classifier l’action TESLA dans le secteur Automobile. Mais les choses se compliquent rapidement pour des fonds composés de plusieurs instruments et/ou des grands groupes aux activités diversifiées.

Un exemple à plusieurs millions de dollars...

Pour mieux comprendre, le plus parlant est de partir d’un exemple concret. Nous reprenons dans cet article, l’exemple donné par Bloomberg dans ses articles de re-cherche relatifs aux secteurs d’activité, à savoir le Fond SDPR NYSE TECHNOLOGY ETF. Ce titre est présent dans le portefeuille de trading de la plupart des grandes insti-tutions financières (les 11,4% d’actions TESLA qui consti-tuent ce fonds expliquant probablement son succès commercial...). Ce fonds mélange 31 titres que l’on peut classer par secteurs d’activité. Concrètement en utilisant la classification BICS (référentiel de Bloomberg), nous pouvons en déduire la répartition sectorielle ci à côté :

Interessons nous à présent au calcul de charge en ca-pital tel que demandé par la nouvelle approche stan-dard (FRTB SA). La première étape de ce calcul consiste à ranger les titres dans des groupes, dits « buckets » et qui mélangent secteurs d’activité (business sec-tors) et capitalisation de marché (market cap). Ces buckets sont définis par le Comité de Bâle dans le ta-bleau ci-dessous pour les titres « equity » et servent à déduire des pondérations qui seront ensuite utilisées pour le calcul de charge en capital. Concrètement, si l’on range les titres du fonds SDPR NYSE TECHNOLO-GY ETF avec les buckets attendus pour le FRTB SA, on en déduit que 8,9% des titres du fonds appartiennent au bucket 1, 2,7% des titres du fonds appartiennent au bucket 4,29,9% au bucket 5 et 50% des titres appar-tiennent au bucket 8. In fine on peut en déduire pour ce titre et en utilisant ce référentiel de secteur d’acti-vité, une pondération moyenne à utiliser pour le calcul de charge en capital de 44,5%. Etudions à présent le cas d’une banque qui n’aurait pas de référéntiel de Business Sector de qualité (tout du moins reconnu comme tel par l’autorité baloise), cette banque n’aurait pas d’autre choix que de ranger cet ETF dans le Bucket 11 dit « Bucket Other » et appliquer pour ce fonds une pondération de 70%. Ce différentiel de pondération de 25,5% peut paraître unitairement anodin mais repro-duit sur les stocks d’actions dans les portefeuilles de trading des grands groupes, les conséquences finales sur les charges en capital peuvent rapidement devenir dramatiques. En effet, en appliquant ce différentiel de

Source Bloomberg

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pondération au calcul final de sensibilité et en rajoutant la perte de l’effet positif de diversification que l’on au-rait sur les corrélations, l’impact sur le résultat final de charge en capital s’avère mécaniquement significatif.

Loin d’être isolé, notre exemple illustre des si-tuations fréquentes, dans lesquelles des types variés de référentiels de données sont en cause

L’exemple particulier du fonds SDPR NYSE TECHNO-LOGY ETF est symptomatique. Les grandes banques françaises possèdent dans leur portefeuille de trading des dizaines de milliers d’ETF, fonds, paniers pour les-quels il n’est pas aisé de décomposer les instruments et définir les secteurs d’activité adéquats. Il n’est pas rare pour ces grands groupes que ce portefeuille de titres ait une valorisation globale qui dépasse la centaine de millions d’euros (si ce n’est plus). Un référentiel de sec-teurs d’activité de qualité ne peut que faire basculer la pondération moyenne de ces titres et mécaniquement entraîner un différentiel de calcul de charge en capital significatif. A titre indicatif, en extrapolant cet exemple de différentiel de pondération, l’impact en charge en capital supplémentaire global pour une grande banque peut