TRAVERSER - François-Eugène Wernert - E-Book

TRAVERSER E-Book

François-Eugene Wernert

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Beschreibung

Le 19ème ouvrage de François-Eugène Wernert est consacré au verbe TRAVERSER.
Les valences du verbe TRAVERSER sont riches. Les 125 textes du corpus en sont une déclinaison, non exhaustive. Le verbe TRAVERSER a rendu le substantif traversée possible.
Peut-être cet opuscule a-t-il rendu les traversées plus humaines - le lecteur pourra en juger ; ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le chapitre 1 s’intitule les traversées humaines. Il y a entre la vie et les traversées une profonde résonance. Les traversées ont assez souvent un caractère rugueux ; ces courtes réflexions, fondées implicitement sur une anthropologie (anthropos en grec : l’humain) positive, ont souhaité parfois dédramatiser leur caractère souvent très impétueux. Intégrer les traversées, c’est mieux TRAVERSER l’existence. Nous allons tous de traversée en traversée.
Ce petit opuscule pourrait devenir une sorte de viatique, de nourriture pour le chemin de vie avec ses épiphanies de traversées prévues et de traversées imprévues.
Aux lecteurs d’ouvrir ses cinq sens et d’aiguiser l’attention pour apprivoiser les traversées et leur donner sens.


À PROPOS DE L'AUTEUR

François-Eugène Wernert, né en 1960, est l’auteur en 1991 d’une thèse en théologie catholique sur la Vie liturgique et le Mouvement Liturgique en Alsace de 1900 à nos jours, parue aux Editions Ercal à Strasbourg en 1992. Il est Maître de conférences en théologie pratique - théologie pastorale, habilité à diriger des recherches à la Faculté de théologie catholique de l’Université de Strasbourg.
Depuis novembre 2021 il est en détachement de l’Université comme prêtre dans la communauté de paroisses du Piémont du Hohenbourg en centre Alsace, à Obernai et alentours.
Il lui tient à cœur de corréler théories et pratiques, notamment dans le domaine de la théologie pastorale et de la pastorale liturgique et sacramentelle.
Titulaire également d’un Diplôme d’études approfondies de musicologie (Université de Strasbourg, 1987) il lui importe de mettre en résonance les dimensions cultuelles et culturelles.
Dans ses écrits il conjugue sa ligne de créativité en alternant des ouvrages de réflexions fondamentales avec des ouvrages de spiritualité.

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François-Eugène WERNERT

TRAVERSER

En signe de gratitude pour mes confrères :

Antoine Haeussler, curé-doyen, communauté du Piémont du Hohenbourg (Obernai et environs, centre-Alsace)

Bernard Lorentz, prêtre retraité actif

En signe cordial pour mes jeunes amis, Caroline et Patrice

Un grand merci à Madame Marie-Odile Strasser et à Monsieur François Fahrer pour leur relecture soigneuse

Un grand merci à Madame Brigitte Badina pour le précieux travail de mise en page

« Il dépend de celui quipasseQue je sois tombe ou trésorQue je parle ou metaiseCeci ne tient qu’àtoiAmi n’entre pas sans désir »

Paul Valéry (1871-1945)Frontispice du Palais de Chaillot àParis

Du même auteur

La vie intérieure, pas à pas, Publishroom Factory, Orthez,2023

Vade-mecum de vie spirituelle chrétienne, chemin faisant, Publishroom Factory, Orthez,2022

Traces brûlantes dans la rumeur du monde, Editions Libre Label, Vannes,2021

Etre et devenir adulte - Comment mieux aller vers ses potentialités ?, Editions L’Harmattan, Paris,2011

Gammes humaines aux multiples sonorités, Editions Vérone, Paris, 2021

Vers de nouveaux métiers d’Eglise, Editions Libre Label, Vannes,2020

Essai sur la vie spirituelle : fondements et perspectives avec une approche interdisciplinaire, Editions Libre Label, Vannes, 2020

Souffles pour les voiles de la vie, Editions Libre Label, Vannes, 2019

Pépites de bonheur, Editions Libre Label, Vannes,2019

Traversées au fil des jours - 365 courtes pensées, Editions libre Label, Bordeaux,2013

L’attente - Chemin faisant vers Noël, Editions du Signe, Strasbourg,2013

Ouverture(s), Editions du Signe, Strasbourg,2012

Le dimanche en déroute - Les pratiques dominicales dans le catholicisme français au début du IIIe millénaire, Editions Médiaspaul, Paris, 2010 (Prix européen du meilleur livre de théologie décerné par l’AETC, association européenne de théologie catholique, le 28 août 2011, à Vienne en Autriche)

Une Parole au quotidien, Editions du Signe, Strasbourg,2006

Vie liturgique et Mouvement Liturgique en Alsace de 1900 à nos jours, Editions de l’Ercal, Strasbourg, 1992

En collaboration 

Célébrations dominicales de la Parole, Editions du Signe,2010

Une Parole au quotidien, Editions du Signe, Strasbourg,2007

Pour vivre ensemble l’eucharistie, Editions de l’Atelier, Paris, 2002

Prélude

Qui d’entre-nous n’a pas déjà rêvé d’arrêter le temps, de stopper une intense activité ? N’y-a-t-il pas en nous le mythe de l’éternel retour à la mère, où en fusion, nous semblions protégés et comme hors du temps ? Et pourtant l’embryon est lui aussi déjà soumis au temps puisqu’il évolue de jour en jour au fil de neuf mois singuliers.

L’humain n’est-il pas plutôt fait pour traverser que pour stagner ? Ne va-t-il pas de traversée en traversée ?

Dans la mythologie grecque Charon, fils d’Erèbe (l’obscurité) et de Nyx (la nuit) est le pilote de la barque des Enfers. Sur les marais de l’Achéron, il faisait traverser le Styx, contre une obole, aux âme des morts ayant reçu une sépulture, d’où la coutume de placer une obole sous la langue du mort avant son enterrement. Ceux qui ne pouvaient payer, faute d’avoir été enterrés convenablement, devaient errer sur les bords du fleuve Styx pendant cent ans.

Le jour où l’humain aura fini de traverser, il ne sera plus… Le défi n’est-il pas de traverser de manière intelligente et judicieuse car le but est déjà dans le chemin à parcourir ? Si le rythme reste humain je peux goûter la joie de l’avancée.

Notre époque est dans une constante recherche d’immédiateté ; c’est un leurre. On ne peut balayer, d’un revers de main, le binôme structurel « espace-temps ». Pour cela il me faudra parfois entrer en résistance et lutter contre le tourbillon effréné à tous vents. Il est urgent de ralentir le rythme. Traverser est un antidote à l’immédiateté ; traverser implique une incarnation dans l’espace-temps, un mouvement, un changement.

La traversée est une catégorie anthropologique (anthropos : l’humain) pour laquelle la vie n’est pas un concept, mais le fruit d’un processus spatio-temporel avec ses prévus et ses imprévus.

Le paradoxe veut que pour s’apercevoir des traversées menées ou encore à vivre, il est bon, presque nécessaire, de s’arrêter. Dans le feu de l’action, je peux comme passer à côté de mes traversées. L’écriture permet de faire arrêt sur image : il faut s’asseoir, relire ses expériences, penser, oser jeter des idées sur des pages blanches. L’écriture permet de mettre des mots sur des expériences, de les objectiver, de leur redonner corps et âme…

Cet ouvrage voudrait donner aux lectrices et aux lecteurs l’occasion de s’offrir des haltes, des oasis pour (ré)apprendre à distinguer l’essentiel de ce qui l’est moins. Les pages de cet opuscule construit avec de courtes réflexions voudraient être comme des clairières où il fait bon s’arrêter au milieu des forêts dans lesquelles nous sommes engagés. Les traversées pourront alors regagner en saveur et en sens ; le rythme pourra redevenir plus supportable et la vie tout simplement plus belle…

La traversée mérite que l’on s’y arrête… Les 125 textes sont l’expression d’une diversité et d’une complexité.

Chapitre 1 Traversées humaines

La traversée originelle du spermatozoïde

Le créateur a voulu que l’humain puisse se reproduire : « Homme et femme il les créa » (Genèse 1,27). Leurs sexes, organes de reproduction, peuvent se rencontrer et se compléter harmonieusement. Et voilà qu’un des très nombreux spermatozoïdes contenu dans la semence masculine va pénétrer un ovule féminin. La fécondation peut avoir lieu. Une nouvelle vie naît. Un mouvement se met en route. Oui, nous sommes le fruit d’une mystérieuse traversée originelle à partir de laquelle l’humain va de traversée en traversée. Il est bon de se rappeler notre origine non statique.

L’enfant à naître traverse le ventre de sa mère

Après neuf mois de gestation vient le moment de l’enfantement. L’enfant va traverser le ventre de sa mère et venir au monde avec un cri originel, signature de la prise de possession de son nouvel espace-temps de vie. Pour avancer il faut se séparer ; c’est tout le parcours du fœtus quittant l’espace matriciel. La sage-femme, figure symbolique de la maïeutique, est au service de ce passage natif. Fini le temps de l’intériorité où s’opère cette lente gestation originelle ; après ce lâcher prise réciproque et la coupure du cordon ombilical commence le temps de la croissance hors utérus. Quel chemin cette nouvelle vie va-t-il connaître, recevoir et construire ? Cette traversée native va donner une identité à cette nouvelle vie à laquelle on va attribuer prénom et nom.

L’humain traverse lavie

Les conditions d’accueil de la vie connaissent de très grandes variations. Un enfant né dans un pays très pauvre et en guerre n’a pas les mêmes chances qu’un enfant qui voit le jour dans une famille aisée d’un pays riche. Certaines traversées commencent dans des conditions bien rudes or « la terre est à tous » pour reprendre le titre du roman de Ferdinando Camon2.

La solidarité humaine entre peuples riches et pauvres doit grandir. Il faut aider les peuples précaires à se développer et à gagner en autonomie. Saurons-nous relever davantage encore ces défis ?

Les traversées humaines d’une vie

Les psychopédagogues nous le rappellent régulièrement : l’homme se forme, se forge en traversant des étapes. De la petite enfance au grand âge, que de traversées !

Ces traversées se font les unes après les autres, certaines, pour des raisons diverses, ne se font pas automatiquement. L’enfance, l’adolescence, l’âge adulte sont les trois grands moments à vivre. Longtemps l’âge adulte a été regardé comme une seule entité. Depuis quelques décennies les andragogues, spécialistes de l’adulte, mettent en lumière plusieurs étapes dans la vie adulte ; d’aucuns évoquent les périodes de transition comme des crises de croissance. Oui, devenir adulte n’est pas un long fleuve tranquille !

Ne nous arrive-t-il pas fréquemment de porter un jugement sur une personne alors que nous connaissons si peu son parcours de vie ? Rencontrer l’autre demande beaucoup d’humilité et de bienveillance.

Traverser la paternité

Le titre : « traverser la paternité » est-il adéquat ? Ici, traverser la paternité n’est-ce pas assumer la paternité ? Devenir père n’est pas l’affaire d’un jour, celui de la naissance d’un enfant ; on est père et on le devient toute sa vie. La paternité traversée forge la maturité.

Habiter la paternité c’est consentir à voir son rôle évoluer au fur et à mesure que l’enfant ou les enfants grandissent. L’autorité parentale évolue en fonction du champ familial. Vers la fin du parcours, l’enfant devient comme parent de son parent, mystérieuse alchimie humaine.

Traverser la maternité

Traverser la maternité c’est donner suite au désir d’un ou de plusieurs enfants. Le couple est appelé à être fécond. Alors est vécu, dans la chair, le passage de l’état de femme à celui de mère. Le couple se repositionne ; le couple devient famille aussi.

L’enfant doit trouver sa place au cœur de la place qu’on lui trouve. Le binôme mère-enfant a tendance à fusionner ; l’homme doit redire à sa femme qu’elle est aussi et toujours épouse. Traverser la maternité est un vrai travail exaltant mais aussi exigeant.

Traverser la parentalité

Devenir parent est un métier ! Il s’agit de le traverser, de l’apprendre, de l’assumerau quotidien.La traduction d’un dicton alsacien dit : « Petits enfants, petits soucis ; grands enfants, grands soucis ». Des parents peuvent trouver conseil auprès de grands-parents bienveillants, d’autres parents expérimentés ou d’amis. Il est bon de ne pas se sentir tout seul dans cette responsabilité.

Comme la vie et les relations intrafamiliales sont en constant mouvement, la traversée de la parentalité demande beaucoup de patience et de souplesse. S’il y a des jours ingrats de turbulences, il y a aussi des havres de paix au cours desquels les parents reçoivent de la gratitude.

Traverser la filiation