Amnésie sur Quimper - Martine Le Pensec - E-Book

Amnésie sur Quimper E-Book

Martine Le Pensec

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Beschreibung

 Une énigme difficile à démêler en Bretagne.

Léa Mattei reprend goût à la vie après avoir failli la perdre dans sa dernière affaire. En arrêt de travail, elle papillonne d’une activité à l’autre. Pour le moment, ce sont les confitures qui l’attirent et Juliette, la confiturière de Quimper. Mais celle-ci a de graves soucis. Et pour cause, elle se croit meurtrière d’une mystérieuse victime ! Pour elle et Marcus, son ami franco-écossais, Léa va reprendre du service de façon occulte et braver la loi. Toujours aidée par l’adjudant-chef Patrick Mérieux qui prend une place de plus en plus importante auprès d’elle, alors qu’elle traverse une crise personnelle.
En cette semaine de janvier, une neige abondante tombe sur la ville, brouillant les pistes. Meurtre, chantage, tentative d’assassinat, rien ne lui sera épargné avant que tombent les masques et qu’elle comprenne qui veut tuer qui…

Suivez Léa Mattei dans le 8e tome de ses enquêtes régionales glaçantes et pleines de rebondissements !

EXTRAIT

Après avoir enfilé un pull et un jean, elle se concentra sur son visage. Pas brillant lui non plus.
Blême, des cernes noirs… Où était passée la jolie femme fraîche qu’elle croisait dans sa glace tous les matins ? Juliette l’ignorait.
C’était terrifiant.
Maintenant, il lui fallait sortir de la chambre, laisser le monde des rêves et affronter la réalité. Elle prit une grande respiration et ouvrit la porte. La maison émettait les petits bruits habituels. Celui de la chaudière et puis le craquement des meubles en bois. Elle retint sa respiration avant de faire le tour du salon du regard. Apparemment, tout était normal. Elle courut à la cuisine qui était rangée. L’étau qui enserrait sa poitrine se desserra un peu. Allons, elle avait dû faire un cauchemar !
En entrant dans le salon, quelque chose attira son attention. Près du canapé, une bouteille de whisky écossais, ramenée d’un voyage au pays des Lochs, gisait sur le sol. Quasiment vide. Alors que Juliette ne l’avait pas encore entamée. Un verre était posé à côté.
La stupéfaction se peignit sur son visage tandis qu’elle comprenait la raison de son état à son réveil. La gueule de bois ! Juliette avait bu les trois quarts d’une bouteille d’alcool, alors qu’elle n’en consommait pas ordinairement. C’était invraisemblable ! Qu’est-ce qui avait bien pu la pousser à faire cela ?

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

Editions Bargain, le succès du polar breton. - Ouest France

À PROPOS DE L'AUTEUR

Martine Le Pensec : auteur d’origine bretonne et normande, je vis à Toulon où je travaille après avoir habité Brest et Lorient. L’écriture est une seconde nature depuis toujours.
Toutes les situations psychologiques me passionnent ainsi que l'ambivalence des êtres. J’aime voyager et découvrir d’autres lieux et cultures aussi Irlande, Etats-Unis et Pays-Bas se retrouvent parfois dans mes intrigues policières. Les accidents de vie qui émaillent celles de personnages ordinaires, sont pour moi une source inépuisable d'inspiration. J'aime écrire des histoires qui parlent de mémoire, et particulièrement de mémoire oubliée. Je suis aussi maman de quatre filles et, fatalement, tout ce qui blesse la maternité, séparation, deuil, enlèvement d’enfants, entre en résonance avec moi et cela se retrouve dans mes romans. Les ambiances mystérieuses, ce qui se devine dans des effilochées de brume, les angoisses qui sourdent et enveloppent les personnages forment la base de mes suspenses sur fond de rivages bretons que je vous invite à découvrir.

À PROPOS DE L'ÉDITEUR

"Depuis sa création en 1996, pas moins de 3 millions d'exemplaires des 420 titres de la collection « Enquêtes et suspense » ont été vendus. [...] À chaque fois, la géographie est détaillée à l'extrême, et les lecteurs, qu'ils soient résidents ou de passage, peuvent voir évoluer les personnages dans les criques qu'ils fréquentent." - Clémentine Goldszal, M le Mag, août 2023

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Cet ouvrage de pure fiction n’a d’autre ambition que de distraire le lecteur. Les événements relatés ainsi que les propos, les sentiments et les comportements des divers protagonistes n’ont aucun lien, ni de près ni de loin, avec la réalité et ont été imaginés de toutes pièces pour les besoins de l’intrigue. Toute ressemblance avec des personnes ou des situations existant ou ayant existé serait pure coïncidence.

« Quand il neige à plein temps,c’est comme du silence qui tombe. »Félix Leclerc

« Quand le ciel bas et lourd,pèse comme un couvercle… »Les fleurs du Mal (1857) - Charles Baudelaire

À Lulu…

I

Juliette ouvrit les yeux un instant, avant de les refermer. Le jour grisâtre qui filtrait par les volets la blessait. Sa langue pâteuse la gênait. Elle la remua en grommelant, faisant monter un peu de salive dans sa bouche. Toujours allongée, elle fit une grimace. Sa tête pesait une tonne. Les yeux toujours clos, elle s’obligea à se redresser sur l’oreiller. Un léger vertige la saisit. Bon sang, qu’est-ce qui lui arrivait ce matin ?

Elle se laissa à nouveau couler dans un demi-sommeil salvateur, trop fatiguée pour s’obliger à se lever. Les images passaient dans son esprit comme des nuages dans le ciel. En même temps, des sensations lui parvenaient. Ses mains et ses poignets lui paraissaient endoloris. Un froncement de sourcils obscurcit son visage tandis qu’elle tâtait ses mains. Le geste lui arracha un léger cri de douleur. Complètement réveillée cette fois-ci, Juliette se redressa et alluma la lumière. Ses yeux irrités mirent du temps à accommoder leur vision. Ses mains étaient anormalement gonflées. Elle détecta un hématome récent à la racine du pouce droit. C’était douloureux et enflé, avec une teinte bleuâtre. L’autre main ne valait guère mieux avec ses écorchures sur la paume. Des griffures ?

Interloquée, la jeune femme tentait de reconstituer sa journée précédente. En vain, car pour le moment, c’était le trou noir. Assise au bord du lit, vaseuse, Juliette s’interrogeait. Du regard, elle balaya la chambre et constata que Max, son mari, n’était pas là. Elle consulta le réveil. 8 heures 45. C’était normal. Mais elle ne se souvenait plus quand elle l’avait vu pour la dernière fois. Étrange. Elle se leva et, au même instant, une image traversa son esprit. Elle voyait ses mains repousser un homme qui tombait en arrière en battant des bras.

Le souffle coupé, elle retomba assise, cherchant furieusement le fil conducteur. Elle contempla ses mains endolories et une certitude s’imposa à elle : j’ai tué un homme !

Une nausée violente la tordit en deux, la jetant dans la salle de bains attenante. Son estomac révulsé rejetait à la fois l’information et de la bile. Surtout, ce mantra épouvantable qui grandissait en elle, s’imposait, envahissait tout. Juliette ne savait pas qui, quand ni pourquoi, mais une petite voix insidieuse lui soufflait qu’elle avait ôté la vie à quelqu’un.

II

Désemparée, Juliette avait fini par se glisser sous la douche. Le jet d’eau brûlant avait achevé de la réveiller mais il n’avait pas ôté de son esprit cette sensation perturbante. Pourtant, plus elle essayait de rassembler ses idées et moins ça lui revenait. On aurait dit que ses pensées la fuyaient. Au bout d’un long quart d’heure, Juliette avait coupé l’eau et s’était séchée, puis habillée. Poser ses yeux sur ses mains abîmées lui tordait l’estomac. Elle aurait pu rejeter cette idée aberrante, mais ses ecchymoses lui criaient le contraire.

Après avoir enfilé un pull et un jean, elle se concentra sur son visage. Pas brillant lui non plus. Blême, des cernes noirs… Où était passée la jolie femme fraîche qu’elle croisait dans sa glace tous les matins ? Juliette l’ignorait.

C’était terrifiant.

Maintenant, il lui fallait sortir de la chambre, laisser le monde des rêves et affronter la réalité. Elle prit une grande respiration et ouvrit la porte. La maison émettait les petits bruits habituels. Celui de la chaudière et puis le craquement des meubles en bois. Elle retint sa respiration avant de faire le tour du salon du regard. Apparemment, tout était normal. Elle courut à la cuisine qui était rangée. L’étau qui enserrait sa poitrine se desserra un peu. Allons, elle avait dû faire un cauchemar !

En entrant dans le salon, quelque chose attira son attention. Près du canapé, une bouteille de whisky écossais, ramenée d’un voyage au pays des Lochs, gisait sur le sol. Quasiment vide. Alors que Juliette ne l’avait pas encore entamée. Un verre était posé à côté.

La stupéfaction se peignit sur son visage tandis qu’elle comprenait la raison de son état à son réveil. La gueule de bois ! Juliette avait bu les trois quarts d’une bouteille d’alcool, alors qu’elle n’en consommait pas ordinairement. C’était invraisemblable ! Qu’est-ce qui avait bien pu la pousser à faire cela ?

La jeune femme se posa sur une chaise après avoir préparé un café. C’était de rigueur pour retrouver ses esprits. Elle laissa vagabonder ses pensées en humant l’arôme odorant. 37 ans, une vie de rêve, un mari amoureux, un métier qui la passionnait, une superbe maison. Que demander de plus ? Ah oui, il y avait aussi ce projet de bébé dans l’année à venir. Juliette et Max se donnaient le temps de développer les ventes de la jeune femme.

Juliette abhorrait la violence, et cette sensation envahissante d’être une meurtrière la déstabilisait d’autant plus. D’ailleurs, qui aurait-elle bien pu tuer ? C’était grotesque.

Elle secoua la tête et rangea la bouteille dans un buffet cérusé blanc, avec une grimace de dégoût, et s’empressa de laver le verre.

Ensuite, elle reprit un café et beurra deux cracottes tout en réfléchissant. Son Iphone, posé à côté d’elle, vibra et un message apparut. « Coucou ma Julie. J’ai appelé, mais tu dois encore dormir. Veinarde ! Dossier compliqué ici. J’en ai bien pour deux jours encore. Je te tiens au courant. Bisous. »

C’était Max, son mari depuis un an, qui lui envoyait un texto. Juliette rougit en songeant à la cuite qu’elle venait de prendre tandis que Max se trouvait à Nice pour travailler un dossier juridique. Il travaillait depuis quelque temps pour une boîte de consultants en droit des entreprises. Rien de folichon, mais il gagnait correctement sa vie à préparer les dossiers pour les avocats qui plaideraient ensuite aux procès. Parfois, Juliette se disait qu’il se gâchait à travailler pour d’autres, alors qu’il était lui-même avocat. Lui rétorquait qu’il se sentait plus libre ainsi. Seule ombre au tableau, ce travail le faisait s’absenter deux ou trois fois par mois. Trois jours en général. Rarement plus. Juliette pouvait compter sur sa présence le week-end.

Elle sourit en songeant à lui et à la façon dont il avait fait le forcing pour emporter son cœur. À l’époque, elle était encore professeur d’histoire dans un collège privé de Quimper. Max Lehmann avait embouti sa voiture sur un parking. Quelquefois, elle se demandait s’il ne l’avait pas fait exprès, tellement il s’était montré entreprenant immédiatement !

C’était un conquérant, plein d’assurance et plutôt beau garçon. Blond, pas très grand, mais il compensait sa taille moyenne par un aplomb sans pareil. Un autre que lui, Juliette l’aurait envoyé promener, mais son regard gris, magnétique, était quasi hypnotique. Il l’avait invitée à prendre un verre, pour remplir les constats. Sous le charme, Juliette n’avait pas vu passer l’heure. Ce qui lui avait valu une dispute mémorable avec son compagnon de l’époque. Elle vivait alors avec Luc Amber, un ancien militaire qui venait de prendre sa retraite après quinze ans de service. Après sept ans de vie commune, largement entrecoupée par les missions à l’étranger de Luc, ils vivaient un moment délicat de leur union. Luc se montrait nerveux, agressif. Il vivait mal cette retraite qu’il avait demandée. L’inactivité et le retour à la vie civile lui pesaient. Il n’avait pas encore de projet pour la suite.

À bien y réfléchir, c’était à partir de ce jour-là que tout s’était délité entre Luc et Juliette. D’autant plus que Max l’avait revue le lendemain et les jours suivants.

Juliette s’était séparée rapidement de Luc et avait accepté la demande en mariage de Max. Peu après leur mariage, celui-ci l’avait encouragée à quitter l’enseignement pour créer sa confiturerie “Les Délices de Juliette”. C’était un projet qui lui tenait à cœur. Depuis son enfance où elle tournait les confitures de sa grand-mère. Mais jamais elle n’avait imaginé réaliser ce rêve. Il avait fallu l’esprit d’entreprise de Max pour que cela se fasse. Elle avait bien eu un pincement au cœur en quittant le collège. Même si l’enseignement devenait de plus en plus difficile avec l’évolution de la société, elle aimait cela tout de même. Ne plus voir ses collègues et travailler seule dans l’atelier attenant à leur nouvelle maison, avait constitué un gros changement, pas évident à vivre. Heureusement, elle avait gardé l’amitié fidèle de Marcus Gordon. Professeur d’anglais de 35 ans, écossais par son père et français par sa mère, ce brun aux yeux bleus avait un tempérament flegmatique et il était doté d’un solide sens de l’humour.

Il constituait un trait d’union entre l’ancienne vie de Juliette et la nouvelle. Son indéfectible amitié lui était précieuse. Cela ne plaisait pas toujours à Max, mais Juliette n’avait pas cédé. Marcus était son meilleur ami. Un point c’est tout ! Ils se téléphonaient souvent et tâchaient de se voir au moins une fois par semaine.

D’ailleurs, il fallait qu’elle lui raconte. Sa cuite, son impression bizarre. Il n’y avait qu’avec lui qu’elle pouvait se mettre à nu ainsi.

Elle regarda l’heure et se dit qu’elle devait attendre la fin des cours.

III

L’impression subsistait. Toujours cet homme brun au visage fatigué, qui battait des bras et tombait en arrière. Une sensation nauséeuse ne quittait plus Juliette tandis que le film tournait en boucle dans sa tête. Elle sentait encore le liquide poisseux sur ses doigts, après qu’elle eut soulevé la tête de l’homme. Bon sang, un cauchemar ne pouvait pas être aussi réaliste !

C’était glaçant.

Elle frotta ses mains machinalement, une fois de plus. Elle scruta ses paumes, archipropres à force d’avoir été lavées depuis son réveil. Soudain, son regard accrocha quelque chose d’insolite. Une tache couleur rouille de ce qui semblait être du sang. Sur son plâtre. Celui qu’elle portait au poignet depuis trois semaines. Depuis qu’elle avait glissé malencontreusement dans son atelier qu’elle venait de laver. Une fracture simple sans déplacement.

Son cœur sembla s’arrêter tandis qu’elle détaillait avidement le manchon de plâtre. Oui, il y avait bien une trace sur le bord, côté avant-bras. Une intime conviction lui soufflait que c’était bien du sang. Elle poussa plus avant son examen et émit un cri étouffé : deux profondes rayures striaient son plâtre sur sa face inférieure, qui, elle en aurait mis sa main au feu, n’y figuraient pas la veille. En tous les cas, pas avant sa cuite.

Cette découverte mit à mal ses espoirs de cauchemar et d’hallucination. Après les ecchymoses de ses mains, le plâtre abîmé confirmait son impression.

Il fallait qu’elle éclaircisse cela. Juliette fit le tour de la pièce du regard. Les effluves d’alcool commençaient à refluer et, malgré sa tête lourde, elle se sentait l’esprit plus clair. Juliette s’obligea à plonger au fond de sa mémoire pour décortiquer froidement les images qui l’obsédaient. Elles affluaient tandis qu’elle était assise, les coudes sur la table, la tête entre les mains.

Toujours cet inconnu qui basculait d’un air surpris. Mais Juliette percevait d’autres choses. Elle sentait ses mains s’activer tout en touchant une texture douce et lisse. Et puis le bruit du moteur. Ses yeux écarquillés dans la nuit, scrutant le pinceau des phares. Enfin, son cœur qui battait à tout rompre dans sa poitrine, puis l’effort qui lui arrachait des cris de douleur, la brûlure de ses mains tandis qu’elle poussait quelque chose de lourd…

Non !

Elle se redressa.

C’était trop vivace pour être rêvé.

Mon Dieu, qu’avait-elle fait cette nuit ?

IV

Léa Mattei stationna sa voiture dans l’allée de la maison de Juliette. Le portail blanc était ouvert et une discrète pancarte « CONFITURERIE – LES DÉLICES DE JULIETTE » indiquait le lieu. Elle se gara sous un érable sycomore de bonne taille. Depuis le rond-point de l’Eau Blanche à Quimper, elle venait de remonter la Vieille route de Rosporden, longue de près de trois kilomètres. Verdure et entreprises y alternaient jusqu’à cette belle demeure un peu à l’écart, située aux trois quarts de la route. C’était sa copine Yvette qui lui avait soufflé cette adresse. Redoutable épicurienne, l’ex-procureur adjoint à la retraite aimait bien les douceurs. Et celles de Juliette Lehmann valaient le détour, toujours selon Yvette ! Alors Léa Mattei, qui avait du temps à tuer car toujours en arrêt de travail depuis plusieurs mois, avait fait le déplacement depuis Brest pour ramener de ces fabuleuses confitures. La jeune femme brune, aux cheveux courts, n’avait pas encore totalement surmonté le choc post-traumatique survenu lors de sa dernière affaire*.

Technicienne en identification criminelle au sein de la Brigade de Recherches de la Gendarmerie de Brest (la BR), et compagne de Marc Guillerm, son commandant, elle était aussi mère des jumeaux Mattéo et Samantha. Depuis qu’elle avait été récupérée in extremis dans le coma, ce n’était plus pareil. Sous terre, dans l’obscurité, Léa avait frôlé les confins de la folie. Revenue doucement dans le monde des vivants, elle restait fragile psychologiquement. La reprise de son métier était incertaine. D’ailleurs, le médecin, devant lequel elle était passée récemment, avait jugé bon de prolonger son arrêt de trois mois. Reprendrait-elle un jour ? Léa était incapable de se prononcer. Un ressort s’était cassé en elle. Parfois, cela l’attirait, d’autres fois, elle envisageait une reconversion. Elle était encore flottante. Cette affaire avait eu aussi des répercussions sévères sur son couple qu’on aurait pu qualifier d’idyllique auparavant. Léa avait douté de Marc. Un malentendu qui avait pu être éclairci par la suite, mais Léa avait été brisée à tel point par celui qui l’avait enlevée que tout s’était mélangé dans sa tête quand elle avait refait surface. L’impression de doute était restée imprimée dans son esprit, même si elle savait que Marc n’avait pas failli. Et pour la Corse qu’elle était, oublier ce doute était difficile.

Elle avait passé plusieurs semaines à l’hôpital, puis plusieurs mois dans un centre de réadaptation. Livia et Pierre, sa sœur et son beau-frère, s’étaient organisés pour rester et s’occuper des jumeaux. Maintenant, Léa avait repris son rôle de mère. Les enfants allaient sur leurs deux ans désormais. La crèche s’occupait d’eux dans la journée et l’épouse d’un des gendarmes de la BR, nourrice agréée, les prenait régulièrement pour soulager Léa. Son retour à une vie normale passait aussi par la liberté de bouger, sortir, respirer, ce qui, après ce qui lui était arrivé, était compréhensible. Rester enfermée dans une pièce, même avec ses enfants, lui était encore difficile. Léa avait l’impression de manquer d’air. Avec Marc, cela allait mieux, même s’il restait encore une retenue, un voile invisible entre eux. Les cicatrices sont longues à s’effacer.

Aujourd’hui, Léa avait envie de confitures. Celle à la violette la tentait particulièrement. Elle aurait pu les commander sur le site de la confiturerie, mais elle avait vu qu’on pouvait les acheter directement à l’atelier et cela lui donnait un but de sortie.

Léa se regarda dans le miroir de courtoisie. Elle était encore pâle, son visage amaigri et son regard n’avaient pas encore retrouvé leur éclat d’avant. Elle haussa les épaules et sortit du véhicule.

C’était une belle demeure que celle de Juliette, se dit-elle en observant la bâtisse blanche au toit d’ardoises. Une belle terrasse devant les portes-fenêtres et trois chambres mansardées à l’étage. Au moins 150 mètres carrés…

L’allée se divisait en deux et une petite pancarte montrait le chemin de l’atelier. Elle suivit le sens de la flèche. La confiturerie jouxtait l’habitation sur l’arrière et ne se voyait pas de l’entrée. Léa s’engagea. L’endroit était fermé mais elle vit une grosse sonnette orange et une plaque qui indiquait de sonner. Elle suivit de l’oreille le son cristallin du carillon et perçut une agitation. Une femme ouvrit la porte. « Encore plus pâle que moi », se dit Léa. Celle-ci la fit entrer dans le local qui fleurait bon les fruits et le sucre. Curieuse, elle détailla l’intérieur. Longues plaques de cuisson. Elle dénombra douze feux. Des bassines en cuivre pendues aux murs. Les rayonnages étaient remplis de bocaux neufs d’un côté. De l’autre, c’étaient les pots de confitures qui trônaient. Un régal pour les yeux !

Son regard revint vers l’arrivante. Son instinct et son expérience professionnelle lui soufflèrent que celle-ci n’était pas au mieux de sa forme. Visage blême, yeux cernés et plâtre au poignet.

— Oh, fit-elle en désignant le poignet, un accident ?

Juliette Lehmann hocha la tête.

— Malencontreux et tout bête. J’ai glissé sur le carrelage. Je venais de laisser tomber un bocal plein… Pour nettoyer, j’ai jeté un seau d’eau savonneuse et j’ai glissé.

— Pas de chance. Donc vous êtes la fameuse Juliette des Délices ? Moi, je suis Léa Mattei.

Juliette serra la main que lui tendait Léa et s’enquit des parfums que recherchait sa visiteuse.

Trente minutes plus tard et six pots calés dans un carton, Léa s’apprêtait à prendre congé. Juliette lui avait confié qu’elle préparait un nouveau parfum : prune à la violette. Enthousiasmée, Léa sortit sa carte de visite et la lui tendit.

— Prévenez-moi lorsque cette merveille sera commercialisée ! J’en salive d’avance et j’ai des copines qui seront heureuses d’en acquérir…

Juliette jeta un coup d’œil à la carte et Léa la vit pâlir un peu plus.

— Vous êtes… gendarme ?

Léa répondit avec un temps de retard :

— Oui… enfin, ce n’est pas si simple.

Devant le regard intrigué de la confiturière, elle précisa :

— Je ne suis pas en activité actuellement. Un accident aussi… Je ne travaille plus depuis quelques mois. Mais, ajouta-t-elle en prenant conscience du trouble de la femme, un gendarme reste un gendarme, même au repos ! Si vous avez besoin d’aide, n’hésitez pas !

Elle vit passer une ombre fugace dans le regard de Juliette, qui disparut rapidement. Celle-ci empocha le carton et répondit :

— Je n’y manquerai pas… pour les confitures ! Bon retour.

*Sang pour Sang à Recouvrance, même auteur, même collection.

V

Juliette s’était débarrassée de sa cliente. Aujourd’hui, elle n’avait vraiment pas la tête à la vente. Elle aurait bien mis la pancarte « Fermé » sur le portail mais elle savait combien il était difficile de développer une nouvelle entreprise et quels efforts il fallait faire pour la rendre rentable. Elle craignait aussi que la fermeture soit remarquée et rapportée malencontreusement à Max. Quelle explication lui fournir ?

Cette Léa avait eu l’air enchanté et elle avait des copines. C’est ainsi que le bouche-à-oreille fonctionnait. Mais quelle curieuse coïncidence que la première cliente après ce réveil terrifiant soit un gendarme…

Elle rangea machinalement son atelier. Elle ne cuisait pas de confitures en ce moment, se contentant d’écouler le stock : pas de fruits mûrs à point en janvier. Elle frissonna car l’atelier n’était pas chauffé depuis la veille. Un ciel plombé, bas, glacial, qui pesait comme un couvercle. Les vers de Baudelaire, extraits de Spleen, lui montaient aux lèvres. Tout en rangeant, elle murmurait : « Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle…  » C’était de circonstance ! Le poème illustrait aussi bien le temps que l’humeur de Juliette, se terminant ainsi : « …et de longs corbillards, sans tambour ni musique, défilent lentement dans mon âme ; l’Espoir vaincu pleure et l’Angoisse, atroce, despotique, sur mon crâne incliné plante son drapeau noir. »

« Super journée qui commence ! », se dit-elle en sentant monter une migraine lancinante. Elle attrapa rageusement un balai-brosse qui traînait dans un coin et se dirigea vers le garage, à l’opposé de l’atelier. Elle tâtonna pour allumer la lumière, puis cligna des yeux pour accommoder sa vision tandis que le néon s’éclairait. Elle posa le balai-brosse à sa place et sursauta en se retournant. Sur le sol du garage, une bâche gris clair était étalée. Juliette retint sa respiration, un drôle de pressentiment au creux de l’estomac. La bâche était froissée par endroits, comme si on avait tiré quelque chose dessus. Juliette posa ses yeux sur le centre et faillit s’évanouir. De longues traces brunâtres maculaient la toile. Cette fois-ci, plus de doute, quelqu’un avait saigné là !

Une crise de panique la propulsa, haletante, à l’extérieur où elle respira de grandes goulées d’air glacial. À ce moment précis, de minuscules flocons de neige se mirent à tomber, myriades d’étoiles blanches tourbillonnant dans le ciel plombé. La tête levée vers le ciel, Juliette hoquetait de peur sous le choc. Les flocons glissaient sur son visage en le picotant. Une caresse froide venue du ciel. Une neige amère qui se mêla à ses larmes. Au bout de quelques minutes, elle reprit ses esprits. Claquant des dents, elle rentra dans le garage, prenant sur elle pour examiner les lieux. À part cette bâche, rien ne semblait déplacé, sauf peut-être… Elle s’avança dans un coin d’ombre de la pièce et buta sur un objet haut qui s’écroula sans bruit. Tétanisée, elle se crispa, s’attendant à un fracas retentissant. Mais non, c’était tombé avec un chuintement doux. Rassurée, elle attrapa la lampe de poche posée sur un établi et alluma la lumière. Elle faillit éclater d’un rire nerveux en constatant ce qui l’avait ainsi terrorisée : un rouleau de plastique transparent. Du plastique bulle, en fait. De celui qu’elle utilisait pour sécuriser les envois de ses bocaux de confiture. Ce n’était donc que cela !

Son soulagement fut de courte durée. D’un coup, le souffle lui manqua en réalisant quelque chose. Ce fut bref et douloureux comme un coup de poing. Ce rouleau n’avait rien à faire ici. Elle le gardait dans son atelier. C’était une commande récente et aucun rouleau n’avait encore été entamé.

Elle courut à l’atelier et, avec une panique grandissante, compta ses rouleaux. Huit. Alors qu’elle en avait reçu dix. Elle refit le trajet vers le garage et ne put que constater la réalité des faits : un rouleau était vide et son cylindre d’un mètre de haut gisait sur le sol. L’autre, celui qu’elle avait fait tomber, était à moitié utilisé.

Des flashs de son rêve remontaient à la surface. Elle se revoyait pousser une chose lourde et lisse dans une anfractuosité.

L’horreur de la situation l’écrasa.

VI

Au bord du malaise, Juliette était retournée s’allonger dans sa chambre. Cette pièce lui semblait la seule à l’abri de ses angoisses. Là, il ne s’était apparemment rien passé. Aussi s’enfouit-elle sous la couette, souhaitant disparaître.

Des flashs entrecoupés de sanglots l’empêchaient de sombrer dans un sommeil salvateur. Malgré elle, elle se repassait en boucle l’expression de surprise effarée qu’avait eue l’homme en battant des bras. Ses traits s’étaient incrustés dans sa mémoire. Elle aurait voulu les gommer, oublier, mais rien n’y faisait. Ils remontaient à la surface, encore et encore. Un visage fatigué. Un pli amer au coin des lèvres. Un regard clair comme délavé, usé. Elle avait eu peur. Elle s’en souvenait. Un sursaut irrépressible lorsqu’il avait surgi devant elle.

Que voulait-il ? Ça ne lui revenait pas. Il s’était trouvé dans son salon. Juliette en était certaine. Une voix froide, presque coléreuse. Elle entendait encore ses intonations, même si les mots s’étaient dissipés dans un brouillard. Une musique désagréable. Grinçante. Accusatrice. Elle s’était sentie menacée. Juliette revoyait l’homme s’avancer vers elle en criant.

Elle mit ses mains sur les oreilles en secouant la tête. Que s’était-il passé ensuite ? La peur, comme une eau noire, insidieuse. Son geste. L’homme qui tombait avec cet air de surprise gravé sur son visage. Et puis le trou noir. La panique. Le goût du whisky sur ses lèvres.

Beaucoup.

Trop.

D’autres images issues d’une bulle cotonneuse émergeaient par à-coups.

L’odeur du sang.

Celle de la javel.

Ses épaules douloureuses à force d’efforts.

Le froid de la nuit sur son visage.

Le bruit léger de l’eau.

Un clapotis.

Le retour.

Et le whisky encore, toujours, qui lui brûlait la gorge.

La plongée dans un sommeil de plomb.

Le noir.

Allongée sur le dos, les yeux grands ouverts, les joues striées de larmes en train de sécher, Juliette réfléchissait.

Quoi qu’il se fût passé un homme était mort. C’était une certitude désormais.

Que lui restait-il comme option ?

Prévenir Max pour qu’il revienne rapidement et qu’il prenne les choses en main ? C’était tentant de passer le fardeau à son mari. Mais tout son être s’y refusait.

S’expliquer. Mais expliquer quoi ?

Elle ne savait même pas ce qui s’était passé !

Voir l’inquiétude, la déception dans le regard de Max.

Lui créer des soucis.

Mettre son mariage en péril.

Juliette égrenait dans sa tête la litanie de tous les possibles négatifs.

Non ! Elle chassa cette option.

Pas maintenant.

Pas comme ça.

Il fallait qu’elle découvre qui était cet homme, ce qu’il faisait chez elle, pourquoi c’était arrivé et, surtout, qu’elle retrouve le corps.

Après, elle déciderait, en connaissance de cause.

Petit à petit, elle reprenait son calme. Ses sanglots s’espaçaient.

L’image de Marcus, calme et rassurant, l’effleura. Si elle lui en parlait ? Il pourrait l’aider, la soutenir. Elle caressa cette idée quelques minutes, avant de la chasser. Non, elle ne pouvait pas en faire son complice.

Il y avait aussi cette femme gendarme venue acheter des pots de confiture. Sympathique et atypique. Difficile de faire appel à elle. Juliette frissonna. Elle percevait le bruissement des équipes techniques à la recherche d’indices chez elle. Alors qui ?

Il restait Luc, son ex. Depuis sa démobilisation, il menait une vie un peu marginale. Il arrondissait sa retraite en faisant de la mécanique. Juliette le croisait de temps à autre sur le grand marché de Quimper, le mercredi ou le samedi. Leurs relations étaient mitigées. Luc avait tenté de récupérer Juliette après leur rupture. Des accrochages avec Max étaient survenus. Ils s’étaient calmés après le mariage. Luc et Juliette n’avaient jamais sauté le pas. L’engagement officiel qu’elle avait pris avec Max lui avait fait comprendre que les choses étaient bien finies. Petit à petit, ils étaient parvenus à se reparler normalement lorsqu’ils se croisaient. Juliette savait qu’il menait une vie assez solitaire. Il avait acheté un petit hangar à bateau. Une bâtisse de 50 m2 à laquelle il avait ajouté des sanitaires et une kitchenette. Une mezzanine lui servait de chambre. En bas, c’était son atelier de mécanique. Un confort spartiate pour l’ancien baroudeur. Quelques copains agrémentaient sa vie et, de temps en temps, une aventure d’un soir. Serait-ce la bonne personne à laquelle s’adresser ? Juliette soupira. Ça se pourrait, car il n’avait pas le même souci de respectabilité que Max. mais, en même temps, quel impact cela aurait-il sur sa vie personnelle si elle mêlait Luc à cela ? Partager un secret était dangereux.

Pour le moment, il valait mieux qu’elle se débrouille seule.

VII

Léa était revenue à la BR. Ses jumeaux se trouvaient encore à la crèche et elle en avait profité pour prendre des nouvelles de Lucie Saint-Ange. La jeune femme, rencontrée à l’occasion de sa dernière affaire, était restée proche d’elle. Sa force de caractère avait aidé à sortir Stéphane Adler de l’enfer de l’alcool où il s’était réfugié après la disparition tragique de sa compagne. Désormais, l’ancien policier partageait la vie de Lucie, et tous deux remerciaient chaque jour le ciel d’avoir mis Léa Mattei sur leur chemin.

Les épreuves traversées avaient lié leur amitié et ils se voyaient régulièrement. Lucie s’était sentie redevable envers Léa. C’est elle qui l’avait sollicitée pour débrouiller la disparition de la compagne de Stéphane. Aussi, lorsque Léa était revenue de l’enfer où elle avait failli mourir, Lucie lui avait-elle rendu fidèlement visite, d’abord à l’hôpital puis en maison de repos.

Marc se trouvait à son bureau. Elle l’avait aperçu en rentrant, mais elle n’aimait plus y venir. De mauvais souvenirs restaient attachés à cet endroit. C’était là que le doute l’avait saisie. Depuis, la lumière avait été faite sur le sujet, mais l’impression demeurait, comme une tache sur un tissu lavé.

Elle savait que son compagnon souffrait de sa distance mais elle n’y pouvait rien. Léa se sentait encore à fleur de peau. Sur la défensive. Le coma l’avait saisie alors qu’elle croyait Marc infidèle. Elle s’était réveillée avec cette idée. Les explications de Marc tenaient la route. Mais, en Léa comme en toute personne, il y avait le rationnel et l’irrationnel. Le conscient et l’inconscient.

Elle luttait, mais c’était un combat inégal. Le jour, elle se laissait convaincre, mais la nuit, l’inconscient reprenait le dessus.

Elle s’était détachée aussi de la vie du service. Pendant son congé de maternité, elle trépignait chaque jour dans le bureau de son commandant, devant les affaires en cours. Mais depuis son retour, une corde s’était brisée. Tout cela lui paraissait bien lointain. Elle vivait au jour le jour sans projet plus lointain que le lendemain, au gré de ses envies. C’était normal, selon les médecins. Elle revenait de loin. Aujourd’hui, c’étaient les confitures. La semaine dernière, elle avait inondé la brigade de pâtisseries de toutes sortes. Léa réapprenait à vivre. À son rythme.

Enchantée de ses emplettes, elle tournait les pots dans leur carton. Il fallait qu’elle organise une dégustation avec Lucie et Yvette !

En même temps qu’elle se réjouissait à cette idée, l’image de la confiturière lui trottait dans la tête. Elle l’avait perçue nerveuse, perturbée et triste. Son instinct encore vivace d’enquêtrice lui soufflait que quelque chose ne tournait pas rond au pays des confitures…

VIII

Son Iphone l’avait sortie de sa léthargie avec les notes de Tout le bonheur du monde. Si elle ne s’était pas sentie si mal, Juliette en aurait souri. C’était Max, très en forme, qui lui apportait une bouffée d’air frais.

Juliette se posa sur le lit et s’obligea à sourire. Elle savait que le sourire s’entend au téléphone.

— Tu en as mis du temps à répondre !

— Je dormais, répondit-elle sans réfléchir.

— Tu ne te sens pas bien ?

En une fraction de seconde, elle choisit de ne rien dire.

— J’ai dû attraper un coup de froid. Il neige ici. Tu rentres bientôt ?

— Non justement, je voulais te prévenir que je reste encore deux jours de plus. Des problèmes techniques dans le dossier… Ça m’ennuie puisque tu n’es pas bien. Veux-tu que je revienne tout de même ?

Un sentiment de gratitude gonfla sa poitrine. C’était tout Max, ça, toujours aux petits soins. Mais au fond, elle devait s’avouer que ça la soulageait qu’il ne revienne pas tout de suite. Elle ne se serait pas senti la force de faire semblant devant lui, de porter un masque. Elle calcula rapidement, ça lui donnait bien trois jours pour éclaircir cette histoire. Peut-être quatre…

— Non, ça ira, chéri. Termine tranquillement ton dossier et moi je vais faire la marmotte sous la couette. Quand tu rentreras, je serai en pleine forme !

Ils continuèrent quelques instants leur conversation. Lorsqu’elle reposa son téléphone, Juliette se sentit vidée.

Mais décidée !