Noces de feu à Plouzané - Martine Le Pensec - E-Book

Noces de feu à Plouzané E-Book

Martine Le Pensec

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Beschreibung

Slalomant entre les véhicules incendiés et les préparatifs du mariage de son ex, la détective Léa Mattéi part en filature dans les rues de Brest !

Qui voulait la mort de Simon Gallais, l'avocat pénaliste brestois ? Cet homme apparemment sans histoire s'est retrouvé carbonisé dans le coffre d'un véhicule un soir d'hiver. La détective Léa Mattéi, embauchée par la veuve de la victime, va s'atteler à résoudre ce casse-tête d'autant plus mystérieux qu'un second meurtre aura lieu quelques jours plus tard sur le même modus operandi. Elle fait au même moment la connaissance de Gloria, nouvellement arrivée en ville et fille du très rigide procureur Treguer. La juriste, franco-américaine, se retrouve dans une situation délicate. Est-elle liée au meurtre de l'avocat ? Quant à la dernière maitresse de la victime, miss Brest, est-elle en danger ? Roses noires et retournements de situation vont compliquer l'enquête de Léa pendant que son ex-compagnon, le commandant de gendarmerie Marc Guillerm prépare son mariage. Des noces de feu au phare du Petit Minou.

Les confessions et les indices collectés la mèneront-ils vers le coupable ?

À PROPOS DE L'AUTEURE

Née à Cherbourg, Martine Le Pensec vit à Toulon où elle travaille dans le secteur public. Mère de quatre filles, d’origine bretonne et normande, elle puise son inspiration dans l’Ouest et le domaine médical dans lequel elle a travaillé plusieurs années. Elle signe, avec Alerte rouge à Brest, son neuvième roman policier.

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Couverture

Page de titre

Aussi sur : https://www.facebook.com/martine.lepensec

Cet ouvrage de pure fiction n’a d’autre ambition que de distraire le lecteur. Les événements relatés ainsi que les propos, les sentiments et les comportements des divers protagonistes n’ont aucun lien, ni de près ni de loin, avec la réalité et ont été imaginés de toutes pièces pour les besoins de l’intrigue. Toute ressemblance avec des personnes ou des situations existant ou ayant existé serait pure coïncidence.

« La vie n’est qu’une longue perte de tout ce qu’on aime. »

L’Homme qui rit – Victor Hugo

« Les faux espoirs sont cruels mais peut-être pas aussi cruels que l’absence d’espoir. »

Paul Cleave

« La femme a une puissance singulière qui se compose de la réalité de la force et de l’apparence de la faiblesse. »

Post-scriptum de ma vie – Victor Hugo

Ce roman est dédié à tous ceux que j’aime, les présents comme les absents.

I

Le bus ralentit à l’approche de l’arrêt Valy-Hir et elle jeta un regard en biais à l’homme assis en face d’elle. « Pas mal, songea-t-elle, dans le style beau ténébreux ». Coupe de cheveux très courte, visage impénétrable et regard bleu glacier. Elle avait eu l’occasion de le croiser à plusieurs reprises cette semaine et devait s’avouer qu’il ne lui était pas indifférent. Comment faire pour engager la conversation ?

Les portes s’ouvrirent et il se leva brusquement pour sortir, la prenant au dépourvu. Désarçonnée, elle le suivit du regard tandis qu’il s’éloignait. Les autres fois il était descendu bien plus loin. La déception l’envahit mais au même moment son regard perçut un éclat argenté. Un briquet en métal avait dû s’échapper de sa poche et glisser sur le siège. Elle l’attrapa sans réfléchir et se précipita vers la porte juste avant sa fermeture automatique. Debout sur le bas-côté, le briquet serré dans la main, elle le chercha du regard. Le bus repartait et elle se retrouvait plantée là dans le crépuscule. Le flot des voyageurs descendus s’était dispersé. Elle commençait à regretter son impulsivité. Il lui faudrait attendre le bus suivant mais son regard accrocha un mouvement au fond de la rue. La haute silhouette de l’homme avançait d’un bon pas. La jeune femme maudit ses petites chaussures à talons fins, plus adaptées au bureau qu’à une marche rapide dans la banlieue brestoise !

Maintenant qu’elle s’était engagée sur cette voie autant aller jusqu’au bout. Elle se hâta à sa suite se tordant plusieurs fois la cheville sur le macadam irrégulier. Le briquet serré dans sa main moite, essoufflée, elle tentait de remonter la distance. C’est qu’avec ses longues jambes il avançait d’un bon pas !

Une voiture noire la dépassa en la frôlant. Elle leva les yeux en pestant contre le conducteur et nota au passage les chiffres de la plaque : 555. Une deuxième voiture la suivait. Elle s’aperçut alors que son voisin de bus s’était arrêté à l’entrée d’un chemin. Elle hésita à le héler de loin pour attirer son attention mais se dit qu’elle était trop loin pour qu’il l’entende. Il avait allumé une cigarette après avoir tâté ses poches et trouvé des allumettes et fumait nonchalamment. Un camion lourdement chargé, qui avançait au pas, la dépassa, lui bouchant la vue et mit une éternité à passer. Quand il se fut suffisamment éloigné, elle vit l’arrière d’une voiture noire tourner à droite dans le chemin où se trouvait l’inconnu mais celui-ci avait disparu. Déçue elle s’arrêta. « Raté, se dit-elle, il avait sûrement un rancart. Était-il monté dans une des deux voitures qui venaient de passer ? À moins qu’il ne se soit éloigné à pied dans un chemin perpendiculaire. » Désappointée, elle resta quelques minutes sur le bas-côté, à ressasser sa déception et à masser sa cheville droite malmenée par la marche forcée. Elle haussa les épaules en soupirant, regarda encore longuement la rue, espérant un miracle puis rebroussa chemin en marchant prudemment. Elle le lui rendrait demain si le ciel se montrait clément avec elle. Cela faisait quatre fois qu’elle le croisait à la même heure. « Sois honnête avec toi-même se sermonna-t-elle, tu as flashé sur lui ! »

Elle boitillait depuis une trentaine de mètres quand des flammes rougeoyantes s’élevèrent dans le ciel brestois, en même temps que retentissait une série de détonations sèches. Elle se retourna d’un bloc. Un incendie faisait rage, sûrement dans le chemin où avait tourné une des voitures. Aimantée, elle repartit dans l’autre sens et regarda depuis la route. Le chemin suivait un terrain vague d’au moins trois cents mètres de long, bordé d’arbres. L’impasse se perdait dans les hautes futaies. D’où elle était, elle voyait la berline flamber et sentait la force des flammes, accompagnées de l’odeur écœurante des plastiques qui fondaient. Un feu d’enfer, songea-t-elle.

Mais du conducteur et de l’homme nulle trace. Elle nota que la portière avant, côté conducteur, était ouverte. Où étaient-ils passés ? Le fond du terrain semblait grillagé sans autres issues que l’endroit où elle se trouvait. Un trouble indéfinissable l’envahit. Elle progressa en direction de la voiture. « Et s’il y avait quelqu’un, lui peut-être, blessé à côté du véhicule, dissimulé par les herbes hautes du bas-côté ? » Un homme hurla soudain dans son oreille :

— Ne vous approchez pas ! Ça risque encore de sauter !

Elle sursauta et acquiesça d’un hochement de tête.

— Vous connaissez le propriétaire de la voiture ? Elle tressaillit.

— Non. Aucune idée, je passais et j’ai entendu l’explosion.

L’homme la fixa.

— Vous avez l’air choqué. Allez-vous mettre à l’abri.

D’autres personnes arrivaient. Elle entendit qu’on appelait le 18. Les pompiers allaient surgir d’une minute à l’autre. Fascinée par le feu, l’esprit en déroute, elle ne parvenait pas à se détacher du spectacle.

— Allons Madame, ne restez pas là, reprit l’homme qui s’était adressé à elle, la fumée est toxique. La voiture semble vide. Encore une bagnole volée !

L’incendie crachait des volutes noires et elle se résigna à reculer, son poing toujours crispé sur le briquet. La sirène des pompiers retentissait au loin, se rapprochant de seconde en seconde. Elle se secoua et recula un peu de l’attroupement qui s’était formé. Elle attendit l’arrivée des soldats du feu. L’équipe, rompue à l’exercice, déroula le tuyau. La voiture n’était plus qu’un brasier puant de plastique fondu et de métal altéré. Les hommes casqués s’activèrent, arrosant la berline fumante de litres d’eau. Petit à petit la fumée passa du noir au blanc. Gloria se décida à partir et marcha mécaniquement jusqu’à l’arrêt de bus, les yeux dans le vague.

II

Les informations matinales crachaient leur lot de faits divers tandis que Léa Mattei et Patrick Mérieux, alternaient salle de bains et habillage des jumeaux.

« … une voiture incendiée à Brest hier. Aux alentours du 122, rue du Valy-Hir une explosion a fait sursauter le quartier, hier vers 19 heures 15. Sur place, les pompiers ont trouvé un véhicule en flammes. Portière ouverte. Apparemment vide de ses occupants. Après avoir éteint l’incendie, qui prenait des proportions inquiétantes en raison de l’embrasement de trois peupliers en bordure du terrain en friche, ils ont découvert un corps carbonisé dans le coffre du véhicule… »

Le reste des informations se perdit dans le brouhaha des jumeaux qui se chamaillaient. Interdite, sa brosse à dents en l’air, Léa commenta à l’intention de Patrick.

— Tiens un “barbecue” ! Ce n’est pourtant pas la spécialité de la région…

La jeune femme, ancien gendarme, devenue détective privé, en connaissait un rayon sur la question. Elle avait été autrefois en poste à Marseille. Dans le triangle Marseille-Toulon-Aixen-Provence où c’était une pratique habituelle de la Mafia que de régler ses comptes en enfermant la victime dans un coffre de voiture et de l’y faire griller. D’où l’appellation de barbecue…

— Tout s’exporte, répliqua son compagnon toujours en poste à la BR de Plouescat, même les spécialités culinaires !

— Idiot !

Léa lui lança quelques gouttes d’eau et continua ses préparatifs. Elle avait d’autres soucis en tête pour le moment. Marc, son ex-compagnon, patron de la BR de Brest et père des jumeaux, s’apprêtait à convoler prochainement en justes noces avec Margot Vilers, rencontrée l’année passée. La sémillante organisatrice de mariages ne passait pas inaperçue, loin s’en faut ! Contre toute attente, le sérieux commandant de gendarmerie avait succombé à son charme. Margot Vilers, la quarantaine, rousse, très rousse et adoratrice des couleurs vives, très vives, avait su lui redonner le sourire. Cette femme était l’antithèse de Léa mais peut-être fallait-il ce grand écart pour que Marc retrouve le goût de la vie commune ? Au début peu convaincue, Léa avait dû se rendre à l’évidence. Mais le plus surprenant était que Marc lui avait demandé d’être son témoin ! Leurs relations avaient pourtant été glaciales pendant un temps assez long après leur rupture. L’état amoureux provoqué par Margot avait transformé Marc. Perfide, Patrick Mérieux avait commenté.

— À mon avis, ils préfèrent que tu sois là pour gérer les jumeaux et comme témoin tu ne pourras pas décliner l’invitation !

« Pas faux comme déduction, » avait-elle songé. La redoutable Margot avait bien dû envisager le problème sous cet angle-là. Les jumeaux de quatre ans étaient adorables et pleins de vie mais pas toujours malléables… En attendant le mariage Léa se dit que le commandant Guillerm avait du pain sur la planche avec ce nouveau fait divers.

L’émergence d’une nouvelle mafia sur Brest ?

III

Perturbée, elle n’avait pas desserré le poing jusqu’à son arrivée à Plouzané. Son affectation était récente et elle squattait la maison de son père depuis son arrivée, ce dernier étant parti en croisière depuis plusieurs jours. Il faisait les capitales d’Europe du Nord : Édimbourg, Amsterdam, Copenhague et Stockholm. Un joli périple en mer du Nord qui lui laissait, à elle, le temps de souffler. C’était très nouveau pour elle.

La maison, allée de l’Irlande, à côté du parc Paul Lareur était cossue. Son père, célibataire endurci de 57 ans, y avait imprimé sa marque. Elle avait seulement posé ses valises en attendant de pouvoir prendre son propre home.

Elle desserra enfin les doigts pour se servir un peu de muscat. Un remontant s’avérait nécessaire après ce qui s’était passé. Tout se mélangeait un peu dans sa tête. Déception, incompréhension, culpabilité. Ce n’est pas ainsi qu’elle aurait dû réagir. Quelle idiote de s’être comportée ainsi, courir après le premier venu qui lui avait fait battre le cœur dans un bus !

C’était aussi bien que son père soit en croisière. Il fallait qu’elle en parle à quelqu’un de confiance. Elle savait qui appeler.

*

Léa Mattei s’était rendue à la BR, lieu où elle avait résidé avant sa rupture avec le commandant Guillerm. Elle y avait aussi travaillé comme technicienne en identification criminelle avant de changer de vie et de devenir détective privé. Elle avait toujours ses entrées à la brigade. Les adjoints la regrettaient et Marc, malgré leur différend, savait reconnaître ses intuitions géniales.

Gaël et Éric levèrent la tête de leurs ordinateurs à son entrée.

— Alors les gars toujours dans la paperasse ?

Éric Dumont fit la grimace.

— C’est de pire en pire.

Gaël Rivière fit le tour pour l’embrasser.

— Qu’est-ce qui t’amène ?

Avec un sourire en coin Léa répliqua.

— Le mariage du siècle !

Ils pouffèrent de rire tous les deux.

— Rigolez-pas les garçons d’honneur, Margot va s’occuper de vous aussi ! Le boss est là ?

Éric désigna le bureau d’à côté du menton. Léa frappa à la porte et entra. Marc Guillerm avait l’air préoccupé. Il sursauta à son arrivée. Léa nota les nouvelles petites rides au coin des yeux. Malgré cela, le commandant avait toujours belle prestance et les quelques fils argentés dans ses cheveux blonds ne faisaient qu’ajouter à son charme.

— Hello ! Tout va bien ? Tu voulais me voir ?

— Ah oui.

Il rougit un peu en fouillant dans son tiroir.

— Tiens, c’est… heu… Margot qui voulait que je te remette ça.

Surprise Léa haussa les sourcils.

— Qu’est-ce que c’est ?

— Heu… enfin… tu connais Margot… des… heu… consignes.

— Des CONSIGNES ?

Léa ouvrit fébrilement l’enveloppe et en sortit une liste et un mot qu’elle parcourut rapidement.

— C’est une blague ? Elle veut que nous soyons toutes habillées pareil ?

Visiblement gêné, Marc tentait de minimiser les exigences de sa future épouse.

— Tu sais combien Margot attache d’importance aux couleurs, aux assortiments ?

— Attends, elle ne me fera pas porter n’importe quoi ! Je n’ai pas envie d’être ridicule. D’abord, quel âge ont les autres “demoiselles d’honneur” ? On ne s’habille pas pareil à 20 ans ou à 45 ans. Quant à moi, je ne tiens pas à ressembler à une meringue en pastel, non merci !

— Justement, elle t’a mis les numéros de téléphone des autres pour que vous vous mettiez d’accord.

Léa souffla d’un air excédé.

— Marc, tu sais que ce n’est pas du tout mon genre. C’est gentil de m’inviter à ton mariage mais ce ne sera pas à n’importe quel prix pour moi !

— Fais un effort. Vois au moins les autres. Vous trouverez sûrement un terrain d’entente.

— Y a intérêt, grommela-t-elle.

Le téléphone les interrompit. Marc Guillerm prit l’appel. Il raccrocha les sourcils froncés.

Léa le questionna.

— Un problème ?

Heureux de changer de sujet Marc rebondit sur la question.

— La voiture carbonisée au Valy-Hir contenait un corps dans le coffre…

— J’ai entendu ça aux infos. Et alors ? On a une identité ?

— Pas encore. Même si les pompiers ont fait vite, le gars était totalement carbonisé. L’analyse ADN est en cours. Il a été visiblement arrosé d’un activateur de feu.

— Sans doute par volonté délibérée de retarder l’identification en augmentant la carbonisation. C’est bizarre, en général la Mafia aime bien faire connaître ses punitions pour décourager ceux qui auraient des velléités de trahison. Ce peut être aussi par manque de temps ; le feu a une action rapide et limite la possibilité de sauver la victime. L’examen de la voiture a-t-il donné quelque chose ?

— Rien. Le véhicule a été volé sur le parking longue durée de l’aéroport à un homme d’affaires en déplacement. Bien vivant lui !

— Pas top. Bon, tu as du pain sur la planche. Si tu as besoin d’aide fais-moi signe !

Elle secoua les consignes de Margot. Une forme d’avertissement pour Marc.

— Je vais voir.

— Merci, souffla-t-il.

IV

Léa se hâtait de se rendre au domicile de sa vieille amie Yvette Morin. La septuagénaire, procureure adjointe en retraite, habitait un appartement à Brest, rue Pierre Brossolette. Elle venait de lui téléphoner en lui demandant de passer chez elle. « J’ai besoin d’un service » lui avait-elle dit.

Léa était intriguée, Yvette avait dépassé les 75 ans et menait une vie tranquille de retraitée. La jeune femme la croisait encore, de temps en temps, dans ses missions de “guérilla gardening” armée de ses semis. Tout comme Léa, elle traquait les anfractuosités où pouvaient s’épanouir des fleurs. Refleurir la ville était une mission qui lui tenait à cœur.

Léa sonna et Yvette lui ouvrit tout de suite. Elle croisa son regard bleu glacier. La retraitée tenait droit son mètre cinquante-cinq et son casque de cheveux blancs.

— Rentre, lui dit-elle en lui plaquant deux baisers sur les joues.

Ça sentait le biscuit tiède.

— Hum, dit Léa, tu as fait une tarte ?

— Oui, oui. Mais ce n’est pas le plus important, ajouta-t-elle en baissant la voix. Je vais te présenter quelqu’un. Tu vas sûrement être surprise mais prends ça au sérieux, malgré les apparences.

Léa hocha la tête, faute de comprendre les paroles sibyllines de son amie.

— Donne-moi ta veste !

Léa l’enleva et Yvette l’accrocha dans l’entrée avant de la pousser dans le salon. Une jeune femme, assise sur le canapé tenait un mouchoir roulé en boule sous son nez.

— Léa, je te présente Gloria Treguer Johnson.

— Tous mes amis m’appellent Pepper, répliqua l’invitée d’Yvette en reniflant tout en lui tendant la main. Enfin, tous mes amis des USA.

— Ici il va falloir oublier cela, ponctua Yvette. Ton père n’apprécie pas du tout ce surnom.

Elle ne semblait pas au mieux de sa forme et il était visible qu’elle venait de pleurer. Yvette semblait moins à l’aise qu’à son habitude et commença à faire le service. Thé pour Gloria et café pour Léa en même temps qu’une généreuse part de tarte tiède et caramélisée.

— C’est délicieux, dit Léa pour détendre l’atmosphère.

Une certaine tension régnait dans la pièce. Yvette prit une gorgée de café puis reposa sa tasse.

— Bon… hum… Léa… je t’ai demandé de venir parce que Gloria… hum… a un petit problème.

Léa se fit attentive en attendant la suite.

— Cette jeune femme est une amie et la fille du procureur Treguer.

Ce nom lui disait quelque chose.

— Pascal Treguer ?

— Exactement !

— D’accord Yvette et, que se passe-t-il exactement ?

Gloria avait ponctué les mots d’Yvette d’un reniflement prononcé. Léa ne savait que penser.

— J’ai eu du mal à la calmer, comme tu peux le constater. Par où commencer… Donc Gloria est la fille de Treguer, mais elle est aussi juriste assistante au tribunal de grande instance, arrivée tout récemment.

Léa hocha la tête d’un air entendu.

— Ça consiste en quoi exactement ?

— Elle assiste le magistrat dans les dossiers, sur le fond du droit et l’analyse juridique. Elle doit rédiger les notes, préparer les audiences, faire les recherches en droit et procédure pénale. Assister aux enquêtes préliminaires et préparer les réquisitions motivées…

Yvette Morin avait laissé la fin de sa phrase en suspens.

— … et c’est là que ça coince si je comprends bien ?

Léa connaissait bien Yvette qui l’avait hébergée un temps après sa rupture avec le commandant Guillerm.

L’ancienne adjointe du procureur n’avait pas l’habitude de tourner autour du pot.

— Oui !

— Je t’écoute.

— Gloria va t’expliquer cela mieux que moi.

Léa en doutait, étant donné le profond désarroi de la jeune femme. Elle la détailla. Bien qu’assise dans le canapé, Léa se disait qu’elle ne mesurait guère plus d’un mètre cinquante-cinq. Fine, elle portait ses cheveux roux relevés en chignon lâche. Ses yeux rougis par les larmes tiraient sur le vert d’eau. Des taches de rousseur piquetaient ses pommettes et son teint clair. « Une jolie fille » songea-t-elle.

— Allez Gloria, je vous écoute.

— Je préfère Pepper, soupira-t-elle.

Léa jeta un coup d’œil interrogatif à Yvette.

— Pepper a grandi aux USA. Boston puis New York. Sa mère était américaine. Le procureur et elle se sont séparés peu après sa naissance en France. Sa mère ne se faisait pas à la vie ici, elle a donc préféré repartir à Boston d’où elle était originaire.

— J’avais trois mois, commenta l’intéressée.

— Née en France d’un père français, Gloria a donc la nationalité française, ce qui lui permet de travailler dans l’administration judiciaire. Elle voyait son père une fois par an. L’entente entre ses parents était… hum, difficile. Puis sa mère est décédée brutalement l’année de ses 16 ans. Treguer l’a ramenée en France où elle a fait des études de droit à l’ENM, l’école de la magistrature à Bordeaux. Gloria a aujourd’hui 26 ans et elle vient d’être affectée à Brest. Quant à Pepper il vaut mieux oublier ce surnom ici car cela rend son père fou de rage…

« Charmant personnage ! se souvint Léa. »

— Cela n’a pas dû être facile de changer ainsi de culture et de pays, souligna Léa.

Yvette hocha la tête.

— Donc que se passe-t-il actuellement, pourquoi m’avoir fait venir ?

La jeune femme tendit le bras et ouvrit la main devant Léa. Un briquet en métal reposait dans le creux. Léa le prit.

— C’est un briquet. Un Zippo gravé d’un dragon sur une face et sur l’autre ce qui ressemble à des initiales : O.P. Une jolie pièce. C’est ce qui vous met dans cet état ?

Les paroles de Léa déclenchèrent un nouveau sanglot chez Gloria.

— Bon, là il va falloir m’expliquer !

Elle appela Yvette au secours du regard.

— Vas-y, je t’ai dit que je réponds de Léa comme de moi-même. Tu ne peux pas rester comme cela à te ronger les sangs !

— Gloria, on vous appelle Pepper, c’est bien ça ?

Hochement de tête de l’intéressée.

— C’est donc qu’il y a du peps dans votre caractère ? C’est le moment de le prouver en surmontant ce qui vous terrifie.

— Il va me tuer, gémit la jeune femme.

— Qui donc ?

— Mon père !

— Ah ?

— Tu connais Treguer, compléta Yvette. Il n’est pas connu pour sa souplesse de caractère…

Il paraît en effet que le bonhomme n’est pas facile, songea Léa, qui en avait entendu parler. D’ailleurs apprendre que ce célibataire endurci avait une fille la surprenait.

Elle se tourna à nouveau vers Gloria.

— Alors, vous me racontez ? Que vient faire ce briquet dans votre problème ?

La fille de Treguer se lança dans son récit. Au fur et à mesure elle se détendait un peu. Un peu seulement !

— J’ai été affectée récemment ici et je vis depuis provisoirement dans la maison de mon père à Plouzané. Je fais le trajet en bus pour me rendre au tribunal. J’ai croisé plusieurs fois un voyageur. Nous nous sommes trouvés assis face à face ou l’un à côté de l’autre à plusieurs reprises.

Léa commençait à entrevoir les choses.

— Vous lui plaisez ? Ou il vous plaît ?

Gloria rougit et bafouilla.

— Je me suis conduite comme une idiote ! Hier soir il était encore là, et il m’a jeté plusieurs regards. Je pensais qu’il allait m’aborder. Mais il est descendu plus tôt que les autres fois.

— Au Valy-Hir, précisa Yvette.

La localisation fit lever l’oreille à Léa.

— Il s’est levé brusquement et j’ai vu que son briquet avait glissé sur le siège.

— Vous l’avez récupéré et ensuite ?

— Ensuite je n’ai pas réfléchi ! L’homme était descendu du bus. Je me suis levée et je l’ai suivi. Je voulais l’appeler et le lui rendre. Sauf que le jour tombait et qu’il marchait vite, à grandes enjambées. Et moi…

Elle avait baissé les yeux vers ses pieds. Effectivement elle était chaussée d’escarpins d’au moins huit centimètres de hauteur.

— Pas facile de suivre quelqu’un dans ces conditions !

— Oui, il m’a distancée.

— Que s’est-il passé ?

— Une voiture m’a dépassée, puis une autre. À un moment, je l’ai vu s’arrêter. Il me semble qu’il avait allumé une cigarette. J’espérais toujours le rattraper et lui rendre son briquet.

— … et faire connaissance ? Gloria baissa la tête.

— Oui, mais un camion m’a également doublée à son tour. Il roulait très lentement et je n’ai plus rien vu. Quand il a dépassé l’endroit où se tenait l’homme, celui-ci avait disparu ! J’étais surprise et déçue. Alors j’ai fait demi-tour. Mais je me suis tordu la cheville avec mes talons hauts. Je n’allais pas vite. C’est alors que j’ai entendu une explosion.

Léa se fit encore plus attentive. Yvette leva le mystère.

— Inutile de tourner autour du pot. C’est la voiture carbonisée avec un corps dans le coffre !

Léa s’en doutait.

— Donc cet homme était aux premières loges pour le feu d’artifice ? Mais comme vous ne l’avez plus vu pendant quelques instants en fait vous ne savez pas vraiment s’il était là ou non ?

Gloria hocha la tête.

— J’ai fait demi-tour et je suis arrivée là où se tenait l’homme juste avant, devant l’entrée d’un chemin. Je voyais une voiture flamber et les arbres s’embraser. C’était terrifiant ! Et je ne voyais plus l’inconnu ! À cette heure-ci il n’y avait pas grand monde. En fait c’est un chemin qui borde un terrain vague au fond duquel on aperçoit un immeuble. Des bureaux peut-être.

« Pratique pour se débarrasser d’un cadavre encombrant, songea Léa. »

— Et plus de traces de l’homme ?

— Non aucune. Quelques minutes avant il fumait au bord de la route et plus rien.

— Il est peut-être monté dans une voiture pendant que le camion vous bouchait la vue ? Ou alors il se sera éloigné à pied et comme vous m’avez dit qu’il marchait vite, vous l’avez perdu de vue ?

— Dans une voiture, peut-être, mais à pied non. L’avenue est droite à cet endroit.

— Avez-vous vu d’autres personnes ?

— Un homme m’a parlé et conseillé de reculer.

— Il serait capable de vous identifier ?

Hochement de tête.

— Parce que le problème, c’est quoi exactement ? Vous n’avez rien fait de répréhensible. Mais, vous vous êtes trouvée sur le lieu d’un crime et vous avez potentiellement entre les mains une pièce à conviction. Vous pensez qu’il pourrait appartenir à l’incendiaire, n’est-ce pas ?

— Je ne peux pas m’empêcher d’y penser depuis !

— Alors pourquoi n’allez-vous pas le remettre aux enquêteurs tout simplement ?

— Je l’ai tourné et retourné entre mes doigts, alors il n’y a plus que mes empreintes dessus mais surtout, je devrais expliquer ma présence à cet endroit.

Léa soupira et tenta un trait d’humour.

— Vous n’êtes pas obligée de dire que vous avez succombé au charme ravageur d’un usager du bus !

Gloria lui jeta un regard sombre.

— On voit que vous ne connaissez pas mon père. En une minute il aura démonté mon histoire et ma vie deviendra un enfer !

Yvette Morin acquiesça, corroborant ses dires. Léa se sentait démunie devant ce genre de problème.

— Que puis-je faire Yvette ?

— Retrouver ce type, le cerner, voir s’il pourrait être impliqué là-dedans. Si tel est le cas, il sera toujours temps pour Gloria de “retrouver opportunément la mémoire et le briquet” pour faire une déclaration qui ne la mette pas en délicatesse avec son père.

Léa semblait dubitative et Yvette rajouta.

— Bien sûr je prends en charge tous tes frais et le temps que tu passeras à cela. Si tu le veux bien ?

— Il n’est pas question d’argent entre nous Yvette. Je te dois beaucoup, tu m’as aidée lorsque j’ai quitté Marc, dois-je te le rappeler ? Je ferai mon possible, tu le sais.

Le regard de Gloria s’était éclairé.

— C’est vrai ? Vous allez le faire ?

— Bien sûr, même si je ne garantis pas le résultat !

— C’est moi qui vous dédommagerai, c’est normal.

Elle était soulagée. Léa lui remit sa carte et ses coordonnées et prit les siennes. Quelques minutes plus tard, Gloria consulta sa montre et se leva pour prendre congé, après avoir remis le briquet à Léa. Avant qu’Yvette ne la raccompagne à la porte, Léa posa une dernière question.

— Vous allez reprendre le bus ?

— Pourquoi ?

— Peut-être le reverrez-vous. C’est délicat. Ne lui dites pas que vous avez trouvé son briquet. S’il vous invite, remerciez-le mais dites que vous ne pouvez pas accepter immédiatement. Tant pis pour la romance ! S’il vous parle, répondez naturellement mais ne dites pas que vous l’avez suivi. D’accord ?

Gloria acquiesça.

Au retour de sa vieille amie, Léa attaqua.

— Waouh Yvette, elle n’est pas un peu déjantée la petite ?

— Heu… hum… un peu, concéda l’ex procureure adjointe avec un demi-sourire.

— Sans rire Yvette…

— C’est une brave gamine. Tout n’a pas été facile pour elle, même si elle est née dans un milieu favorisé. Il y a des familles toxiques qui brisent des enfants. Tu as entendu parler de Treguer au boulot ?

— Oui, comme tout le monde.

— Dans le privé c’est bien pire.

Léa eut un mouvement de sourcil significatif.

— Cette gamine a rencontré son père une fois par an jusqu’à ses 16 ans et pas dans des conditions favorables, crois-moi. Ses parents se déchiraient. Ensuite il y a eu la mort brutale de sa mère. Un accident de voiture à 39 ans. Gloria a donc été rapatriée en France auprès d’un père aussi souriant qu’une porte de prison, tu imagines ? Et critique sur sa culture, l’éducation que lui avait donnée sa mère. Je ne veux pas noircir le tableau. Treguer n’est pas un méchant homme au fond, mais il est maladroit et plus raide que la justice qu’il rend. Gloria, élevée aux USA, a dû s’adapter. Crois-moi, cela n’a pas été facile pour elle.

— Quand même Yvette, tu me demandes de couvrir un meurtre.

Un demi-sourire étira les lèvres d’Yvette Morin.

— Couvrir, couvrir, tu y vas fort. Rien n’est prouvé. Non, seulement une petite enquête en sous-marin !

V

— Qu’as-tu prévu aujourd’hui ?

Patrick Mérieux questionnait Léa depuis la salle d’eau.

— Une filature et quelques photos ce matin. Cet après-midi je dois rendre un service à Yvette.

— Cette bonne vieille Yvette, tu la salueras de ma part. Elle va bien ?

Patrick avait une tendresse toute particulière pour l’ancienne procureure adjointe. La retraitée avait facilité les choses lorsque Léa avait décidé de quitter Marc pour Patrick. Elle l’avait hébergée chez elle, en terrain neutre, le temps que les choses se calment.

Léa lui relata son entrevue de la veille. L’adjudant-chef était rentré tard hier et ils n’avaient pas eu le temps de se raconter leurs journées respectives. Patrick siffla entre ses dents.

— Tu dis que cela pourrait être en lien avec le barbeuc d’il y a deux jours ?

Léa soupira.

— C’est possible.

— Yvette se dévergonde et prend des chemins de traverse. Au fond, vois-tu, cela ne m’étonne pas. Je l’ai toujours trouvée moderne pour son âge, ajouta-t-il avec un grand éclat de rire !

Léa sourit et répondit.

— En tous les cas j’ai intérêt à marcher sur des œufs car cela concerne la fille de Treguer…

— Bon courage. Et, du coup, tu comptes t’y prendre comment ?

— Je vais prendre le même bus qu’elle et essayer de retrouver l’homme au briquet.

— Et si tu ne le vois pas ?

— Je peux tenter de remonter la piste du briquet. Il n’est pas commun, et qui plus est, gravé.

Mérieux sortit de la salle d’eau et lui planta un baiser sur la bouche.

— Je file, j’ai de la route !

Son compagnon était en poste à la BR de Plouescat. Léa lui rendit son baiser et finit de se préparer. Sur son bureau, le fameux briquet remis par Gloria, l’attendait. Elle le détailla, à l’affût du moindre détail susceptible de le différencier. Elle le reposa en soupirant et prit une feuille de papier posée à côté puis, les sourcils froncés elle lut ce qui y était inscrit. Les numéros de téléphone de deux demoiselles d’honneur de Margot Vilers. Elle sentit la moutarde lui monter au nez. Quelle casse-pieds celle-là ! Elle composa malgré tout le premier numéro et prit rendez-vous. « Super, maugréa-t-elle en reposant son IPhone, un rancart pour décider de leur toilette commune ! J’adore ça, songea-t-elle, agacée. »

*

Gloria était revenue au tribunal de grande instance de Brest. Sa rencontre avec Léa Mattei lui avait procuré une nuit légèrement meilleure que la précédente. Elle avait fait un effort de maquillage. Nouvelle arrivée dans le microcosme de la magistrature brestoise elle ne tenait ni à se faire remarquer ni à donner prise à la critique. Pas facile tous les jours d’être la fille du très respecté, mais craint, procureur Treguer. Elle se doutait que, dans son dos, on agitait le spectre du piston, quand bien même, elle se savait compétente. Elle savait aussi pourquoi elle se trouvait là. Treguer voulait la tenir à l’œil après un scandale, vite étouffé, à la fin de ses études. Un de ses professeurs de l’INM de Bordeaux était tombé amoureux d’elle. Il avait 25 ans de plus qu’elle, une carrière de magistrat et surtout était le mari d’un des procureurs de Bordeaux. Laquelle épouse n’avait pas apprécié l’affaire. Sommé de rapatrier sa fille en d’autres lieux, Treguer avait fait jouer ses relations et déniché un poste pour Gloria à proximité de lui. Fort en colère et bien décidé à lui tenir la bride courte. Gloria le savait, qui se souvenait encore de ses éclats de voix dont toute la maison de Plouzané avait résonné ! Il lui avait interdit d’utiliser son surnom de Pepper, surtout sur son lieu de travail. Le procureur n’appréciait visiblement pas l’esprit américain et ne se privait pas de le lui dire en grommelant « ce ridicule surnom de Pepper ! »

Gloria avait donc fait ses valises le cœur en bandoulière après avoir reçu un mail de rupture de son professeur. Lui aussi était sous le coup d’un ultimatum et avait choisi sa carrière et ses enfants à défaut d’aimer encore sa femme.

Elle avait beaucoup pleuré et obtempéré malgré tout. Mais il restait un grain de Pepper au fond d’elle, et elle s’était promis que ce ne serait que transitoire. En attendant, Treguer rentrait dans trois jours et il ne fallait pas que des échos d’incartade parviennent à ses oreilles… Aussi, avant de prendre le bus du matin avait-elle passé une heure à corriger son teint brouillé. Ses yeux étaient encore rougis mais elle pouvait arguer de trop d’heures passées à potasser ses nouveaux dossiers. L’anticerne avait fait son effet et effacé les ombres noires sous ses yeux. Bref elle se jugeait présentable.

Léa l’avait contactée par SMS hier soir. Elle lui proposait de faire le même trajet qu’elle, placée un peu plus loin, et de suivre l’homme à sa sortie du bus, s’il était là… elle lui avait demandé de ne rien changer à ses habitudes.

La journée allait lui sembler longue à attendre l’heure de la sortie. L’homme au briquet serait-il encore au rendez-vous ?

VI

Léa s’était rendue au Café Royal, en plein centre de Brest, à l’heure du déjeuner. Un peu nerveuse à l’idée de rencontrer les autres “demoiselles d’honneur”. Rien que le terme lui hérissait le poil et la corvée aussi.

En entrant elle avait jeté un coup d’œil inquiet dans la salle. Trois femmes, non quatre, « mince, » avait-elle songé, discutaient à une table contre la vitrine. Rien d’autre, en ces lieux, n’évoquait un rassemblement de préparation de mariage. Quatre paires d’yeux s’étaient braquées sur elle. Elle prit un air dégagé.

— Salut ! Je suppose que vous êtes les amies de Margot Vilers ? Je suis Léa Mattei.

— Bienvenue Léa. Faites une place les filles !

Une grande brune dans les 38 ou 40 ans avait pris la direction des opérations. Cheveux longs teints en noir, un chouchou rouge pour les tenir en queue-de-cheval, ongles carmin, veste en jean assortie au pantalon. Visiblement une bonne copine de Margot, aimant le tape à l’œil !

Quatre mains se tendirent.