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"Au-delà des chemins tracés" nous emmène au cœur de l’histoire de Gabrielle, une jeune femme issue d’une famille modeste, qui ose défier les conventions en se mariant à l’âge de vingt ans, malgré l’opposition de ses parents. Après le décès de son père, elle se retrouve dans une relation abusive, assumant le fardeau de son foyer tout en explorant les thèmes profonds de la résilience, de l’amour et de la liberté. Son parcours la conduit vers une nouvelle vie en Europe, où elle est confrontée aux différences marquées entre les systèmes éducatifs et culturels africains et européens. C’est une histoire authentique, riche en triomphes et en rebondissements, qui résonne avec la force de l’espoir et de la persévérance.
À PROPOS DE L'AUTRICE
Gaëlle Nelly Ndjinto puise son inspiration dans un héritage familial d’écrivains, faisant ainsi honneur à ses racines littéraires. Son ouvrage reflète son parcours marqué par les défis de l’enseignement en Afrique et en Europe, ainsi que la lutte contre l’absence forcée de ses enfants orchestrée par leur père. Elle partage dans ce récit les responsabilités pesantes qui incombent aux femmes africaines.
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Seitenzahl: 355
Veröffentlichungsjahr: 2024
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Gaëlle Nelly Ndjinto
Au-delà des chemins tracés
Roman
© Lys Bleu Éditions – Gaëlle Nelly Ndjinto
ISBN : 979-10-422-2798-2
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
À mon père bien-aimé Wouonepo Michel,
même dans l’au-delà, ta lumière continue d’éclairer ma plume
Ce roman est dédié à toi, source infinie d’inspiration
et de sagesse, pour toujours et à jamais
Le roman Au-delà des chemins tracés raconte l’histoire de Gabrielle, une jeune fille issue d’une famille modeste en Afrique, plus précisément au Cameroun. Malgré les ambitions de son père, écrivain talentueux, qui souhaite qu’elle poursuive ses études en Europe, Gabrielle décide de se marier à l’âge de 20 ans. Cependant, son mariage se révèle être une relation abusive et oppressante. Après la mort prématurée de son père, Gabrielle se retrouve chargée de la responsabilité de sa famille et doit affronter de nombreux défis.
Le récit explore les questions profondes auxquelles Gabrielle est confrontée : comment s’en sortir avec le fardeau de sa famille sur les épaules ? Comment survivre dans un mariage où règnent la cruauté et le manque de soutien de son conjoint ? Quel sera son destin ? Comment vivre sans ses enfants avec l’interdiction formelle de leur père de les revoir ? Quelle sera sa nouvelle rencontre amoureuse ? Quelle sera sa nouvelle vie en Europe et comment s’adaptera-t-elle à la présence troublante de sa belle-fille immergée dans le système européen ?
Au-delà des chemins tracés offre une histoire authentique et pleine de rebondissements qui aborde des aspects variés de la vie. Le roman met en évidence les différences entre les systèmes éducatifs, culturels africains et européens, tout en explorant les thèmes universels de la famille, de l’amour, de la résilience et de la quête de liberté. Plongez dans cette histoire captivante et laissez-vous emporter par le parcours de Gabrielle à travers les défis et les triomphes de sa vie.
La notion de famille en Afrique se distingue par sa profonde interconnexion et son sens de la communauté. Contrairement aux modèles familiaux européens, où la responsabilité est souvent partagée entre les conjoints, en Afrique, l’homme occupe une place centrale en tant que responsable du foyer élargi.
Dans le contexte africain, l’homme est traditionnellement chargé de subvenir aux besoins de sa famille nucléaire, de ses parents et, souvent, de sa belle-famille. Cette responsabilité englobe non seulement les aspects financiers, tels que la nourriture, le logement et l’éducation, la santé, mais également la participation aux cérémonies familiales et aux obligations communautaires.
L’homme africain est ainsi le gardien des traditions familiales et joue un rôle de prise de décision dans des domaines tels que les mariages, les héritages et les conflits familiaux. Cette position de leadership est respectée, mais elle est également accompagnée d’une pression considérable.
En retour de ses responsabilités, l’homme peut compter sur le soutien et l’assistance de sa famille élargie en cas de besoin, ce qui renforce les liens familiaux et la cohésion communautaire. Cette interdépendance est au cœur de la vie familiale africaine.
Ces différences culturelles fondamentales entre l’Afrique et l’Europe en ce qui concerne le rôle de l’homme dans le foyer reflètent des valeurs profondément enracinées et des traditions qui ont évolué au fil des générations. Cette étude explore ces dynamiques familiales uniques en Afrique, mettant en lumière la manière dont elles façonnent la vie quotidienne et les interactions familiales dans ce contexte culturel spécifique.
En Afrique, les systèmes de protection des mineurs tendent à être structurés autour de normes traditionnelles et sociales, imposant des limites strictes aux comportements des enfants. Cela se traduit souvent par une protection paternaliste visant à préserver les valeurs culturelles, mais qui peut parfois restreindre la liberté individuelle des enfants. En contraste, le système européen favorise une approche plus libérale, cherchant à protéger les droits des enfants en encourageant l’expression individuelle, même au détriment de l’autorité parentale. Cette analyse explore les tensions inhérentes entre la préservation des valeurs culturelles et la garantie des droits individuels des enfants dans ces deux contextes distincts.
L’histoire se passe au Cameroun plus précisément à Douala.
Le Cameroun est un pays d’Afrique centrale situé sur la côte ouest du continent. Il est caractérisé par une grande diversité géographique, culturelle et ethnique. Le pays est divisé en plusieurs régions géographiques, chacune ayant ses propres caractéristiques distinctives. Nous distinguons quelques-unes des régions du Cameroun :
Littoral : La région du Littoral est située sur la côte atlantique du Cameroun. La ville de Douala, la plus grande ville du pays et son principal port, se trouve dans cette région. Elle est également connue pour ses plages, ses marchés animés et son atmosphère cosmopolite.
Centre : La région du Centre abrite la capitale du Cameroun, Yaoundé. C’est le centre politique et administratif du pays. La région est caractérisée par des collines et une végétation luxuriante.
Ouest : La région de l’Ouest est montagneuse, avec le mont Cameroun, le point culminant du pays. Cette région est également connue pour ses hautes terres, ses plantations de thé et de café, ainsi que pour ses traditions culturelles riches.
Nord-Ouest et Sud-Ouest : Ces deux régions anglophones sont situées dans la partie occidentale du pays. Elles sont habitées principalement par des groupes ethniques d’origine bamilékée et d’autres groupes. Ces régions ont été le théâtre de tensions et de conflits ces dernières années en raison de revendications politiques et linguistiques.
Les Bamilékés sont l’un des groupes ethniques les plus importants et influents du Cameroun. Ils sont principalement situés dans la région de l’Ouest, mais leur présence se fait également sentir dans d’autres régions. Les Bamilékés sont réputés pour leur entrepreneuriat et leur esprit commercial. Ils sont également connus pour leur culture, y compris leur musique, leurs danses et leurs arts.
La société bamilékée est organisée en chefferies traditionnelles, et les chefs jouent un rôle important dans la vie communautaire. Les Bamilékés ont une culture riche et diversifiée, et ils sont connus pour leurs masques et sculptures traditionnels, ainsi que pour leur artisanat.
La famille Djida est une famille modeste composée de six enfants vivant à Douala et d’ethnie bamilékée dans le département des Bamboutos, Gabrielle étant l’aînée. Son père papa Michel est écrivain et sa mère infirmière.
Gabrielle était une jeune fille particulière. Elle était née le jour de la signature de l’acte de mariage de ses parents, le 16 janvier 1980. Cette date avait été programmée plusieurs mois à l’avance, alors que sa mère était enceinte. À la veille de cet événement, la mère de Gabrielle commença à ressentir des contractions. Son père la conduisit rapidement à l’hôpital où elle dut être hospitalisée. Le lendemain, son père se rendit à la mairie pour expliquer la situation, car la cérémonie était prévue ce jour-là. La réponse du maire fut catégorique : il était impossible de reporter la cérémonie, car la publication des bans avait déjà été faite et déprogrammer une cérémonie le même jour était hors de question. Le maire lui suggéra alors : « Si ta femme a une sœur, elle peut venir la remplacer. »
Le père de Gabrielle trouva cela étrange, mais il n’avait pas le choix. Il retourna à l’hôpital pour expliquer la situation à sa femme, toujours en attente d’accouchement. Attristée, elle lui dit : « On ne peut rien y faire. Appelle ma cousine Suzy, elle peut me remplacer, elle est en service actuellement. » (Elles travaillaient toutes deux dans le même hôpital où la mère de Gabrielle était hospitalisée.) « Appelle-la dès maintenant pour l’informer. Elle termine son service à 14 heures. Vous pourrez vous rendre ensemble à la mairie, si elle accepte de me représenter. » (La mère de Gabrielle était issue d’une famille dont la majorité travaillait dans le domaine médical.)
Le père appela Suzy et elle accepta la proposition. Il était déjà 11 heures et la cérémonie devait avoir lieu à 15 heures. Lorsqu’elle finit son travail, ils se rendirent à la mairie. Elle portait un jean et le père de Gabrielle en portait également un. À leur arrivée, lorsque le maire appela le nom de la mère de Gabrielle et de son père, les deux se levèrent, ce qui stupéfia les personnes présentes, étonnées par l’habillement des mariés. Seuls quelques membres de la famille présents sur place connaissaient la situation. À la fin de la cérémonie, le père de Gabrielle et la cousine de sa mère se rendirent à l’hôpital pour présenter l’acte de mariage à la mère de Gabrielle. En tenant cet acte en main, les contractions de sa mère s’accentuèrent, et elle fut conduite en salle d’accouchement. On aurait dit que Gabrielle attendait ce petit bout de papier qui scellait l’union de ses parents. C’est ainsi qu’elle naquit ce jour à 20 heures.
Gabrielle était précieuse aux yeux de ses parents, c’est ainsi qu’après avoir obtenu son baccalauréat D à l’âge de 19 ans en 1999, Gabrielle suscita les ambitions de son père qui souhaitait qu’elle puisse voyager pour l’Allemagne. Ainsi, elle commença à suivre des cours d’allemand au Collège Liberman au Cameroun, ce collège est réputé pour ceux désirant faire des cours de langue pour continuer leurs études à l’étranger.
Un soir de retour des cours, le soleil se couchait lentement sur la ville, baignant les rues dans une lumière dorée. Gabrielle marchait d’un pas léger, son sac de cours pesant sur son épaule. La journée avait été chargée, et elle avait hâte de rentrer chez eux. Ses pensées étaient tournées vers les mots et les phrases qu’elle avait appris en cours de langue, un monde à part où les barrières de la communication semblaient s’estomper.
Tout à coup, elle entendit une voix l’appeler « Gabrielle », Elle se retourna, cherchant la source du son, et ses yeux rencontrèrent ceux de Jamot. Un sourire s’étira sur son visage, et elle ne put s’empêcher de répondre au regard chaleureux qu’il lui lançait.
« Gabrielle, n’est-ce pas ? » dit-il d’une voix douce.
Elle hocha la tête, son cœur battant un peu plus vite. Elle le connaissait de vue, un jeune homme du même village qu’elle. Jamot avait un frère jumeau et son frère aîné était parmi les hommes riches et influents de leur village (parmi les grandes élites du village), il s’appelait Romain un monsieur de la Quarantaine en ce moment. Mais c’était la première fois qu’elle échangeait avec lui.
« Jamot », se présenta-t-il. « Je t’ai vue à plusieurs reprises. J’ai toujours voulu te parler, mais je n’ai jamais osé. »
Gabrielle se sentit rougir légèrement, flattée par sa sincérité. « Eh bien, je suis contente que tu aies finalement pris le courage de le faire. »
Ils entamèrent une conversation légère, comme s’ils se connaissaient depuis toujours. Les mots coulaient facilement entre eux, et ils découvraient des intérêts communs, des rêves partagés et des expériences similaires.
La nuit était tombée et Gabrielle devait vite retourner à la maison, car son père avait des principes et était strict envers elle. Elle était le modèle pour ses frères et sœurs et n’avait pas droit à l’erreur, elle devait incarner la fille respectueuse et intelligente.
Au fil des semaines, leurs rencontres s’étaient multipliées. Chaque moment passé ensemble était précieux, et ils en profitaient comme si c’était le dernier. Ils se retrouvaient dans des endroits isolés, loin des regards curieux, pour préserver leur secret. Leurs rendez-vous étaient empreints de passion et de complicité. Ils savaient que leur amour était unique, profitant des jours de cours pour se voir quelques minutes.
Gabrielle et Jamot savaient que leur histoire était risquée, mais ils étaient prêts à tout affronter pour rester ensemble. Leur amour en cachette était leur petit coin de paradis, un endroit où ils pouvaient être eux-mêmes, loin du jugement des autres. Chaque rencontre était une aventure, chaque baiser était un trésor volé, et ils étaient déterminés à vivre cette histoire passionnément, quoi qu’il advienne.
Jamot, un commerçant de 28 ans, décida d’offrir des cadeaux à Gabrielle et lui exprima son désir de l’épouser, estimant qu’il était temps pour lui de trouver une certaine stabilité. De retour à la maison, elle se retrouva face à son père, les paquets en main.
PAPA MICHEL : D’où viens-tu avec tous ces paquets ? Gabrielle tenta de dissimuler les paquets, mais son père les arracha violemment de ses mains.
GABRIELLE : Papa, on me les a offerts.
PAPA MICHEL : Qui ? Mais qui t’a donné tout ça ? Sais-tu ce que je suis en train de faire pour toi ? Où est passée ta valeur ? Sais-tu que j’ai des projets pour toi ?
(Papa Michel, furieux des sacrifices qu’il fait pour que sa fille puisse poursuivre ses études en Allemagne, est déçu à cet instant précis.)
Gabrielle, très malheureuse, fuit et va s’enfermer dans sa chambre. Sa maman la rejoint.
MAMAN : Gabrielle, que se passe-t-il ?
GABRIELLE : Maman, j’ai rencontré un homme du même village que papa et il veut m’épouser.
MAMAN : Tu es folle ! Sais-tu tout ce que ton père veut faire pour toi ?
GABRIELLE : Oui, maman, mais je suis l’aînée et je vois tous les sacrifices que vous faites pour nous. Imaginez s’il arrivait malheur à l’un de vous, que ferais-je avec mes frères et sœurs ? Maman, je veux me marier avec cet homme. Vous avez élevé tant de personnes quand nous étions petits, en retour aucune reconnaissance, papa a toujours porté sur lui toute sa famille. Je veux vous épargner ces sacrifices encore une fois. Papa n’a pas de maison, il ne pense qu’aux autres et jamais à lui. Je vois toute la charge qui pèserait sur moi demain.
MAMAN : Je comprends que tu te sentes responsable en tant qu’aînée et que tu veux soulager la charge qui pèse sur nous. Mais il faut réfléchir sérieusement à ta décision. Le mariage est une étape importante de la vie, et il ne faut pas le prendre à la légère. As-tu bien pris le temps de connaître cet homme ? Est-ce que tu l’aimes vraiment ? Penses-tu que vous pourriez construire une vie heureuse ensemble ? Crois-tu qu’à 19 ans tu es prête pour le mariage ?
GABRIELLE :Je comprends tes préoccupations, maman. Je n’ai pas eu beaucoup de temps pour le connaître, mais il a l’air d’être quelqu’un de bien et m’a offert des cadeaux. Je suis attirée par lui, mais je ne sais pas si c’est de l’amour réel. Je suis consciente que le mariage est une décision importante, mais j’ai aussi peur de passer à côté d’une opportunité de construire ma propre vie.
MAMAN : Il est normal d’avoir des inquiétudes et des doutes, ma chérie. Mais il est essentiel de prendre le temps de réfléchir sérieusement à ce que tu veux pour ton avenir. Le mariage ne doit pas être une solution de fuite ou une décision prise uniquement par obligation. Il faut que tu te sentes prête et que tu sois convaincue que c’est la bonne personne pour toi.
GABRIELLE : Je comprends, maman. Je vais essayer de réfléchir plus profondément à mes sentiments et à mes aspirations. Je veux prendre la bonne décision, celle qui me permettra de construire une vie épanouissante pour moi-même et pour ma famille.
MAMAN : C’est tout ce que je souhaite pour toi, ma chérie. Sache que nous serons toujours là pour te soutenir et t’accompagner dans tes choix. Prends le temps nécessaire pour réfléchir et n’hésite pas à nous parler si tu as besoin de conseils ou d’aide, mais sois sage ma fille.
GABRIELLE : Merci, maman. Je t’aime et je suis reconnaissante d’avoir une famille aussi aimante. Je vais réfléchir attentivement à tout cela et je te tiendrai au courant de ma décision.
MAMAN : Ma fille, ce ne sera pas facile de convaincre ton père. Essaie d’oublier cette idée stupide. (Elle sort de la chambre et va rejoindre son mari.)
(Papa Michel était celui qui aimait compatir pour autrui, il était le baobab de sa famille, il était celui-là qui résout les problèmes de tout le monde [financier] malgré le fait qu’il n’avait pas encore construit sa maison. Il était toujours prêt à aider tous les membres de sa famille en cas de problème.)
(Dans sa chambre, maman annonça la nouvelle à son père.)
MAMAN : J’ai échangé avec Gabrielle, elle m’a fait comprendre qu’elle veut se marier avec cet homme.
PAPA MICHEL : Je crois que cela ne va pas bien dans sa tête. Où va-t-elle et à quel âge ? Que deviendront les projets que j’ai pour elle ? Qui est cet idiot qui vient la troubler avec des cadeaux ?
(Le père appela Gabrielle.)
PAPA MICHEL : Gabrielle, qu’est-ce que j’entends ?
GABRIELLE : Papa, je veux épouser cet homme.
PAPA MICHEL : Je crois que tu rêves. D’ailleurs, qui est ce monsieur ?
GABRIELLE : C’est un homme du village de la famille FODI.
PAPA MICHEL : Attends (lança-t-il d’une voix étonnée), Romain FODI ?
GABRIELLE : Oui, papa.
PAPA MICHEL :Mon Dieu, tu es folle ! De quelle famille parles-tu ? Ce sont des gens arrogants. Jamais de la vie ! Ces personnes ont une mauvaise réputation dans le village.
Les jours passaient et Gabrielle était très triste. Son père cherchait à la dissuader de cette idée stupide de se marier, surtout parce que cette famille était réputée pour être arrogante et querelleuse. Gabrielle écrivit une lettre à son oncle, le frère cadet de son père, en lui expliquant la situation et sollicitant son aide pour convaincre son père.
Tonton Théodort, qui vivait au village, arriva en ville chez son grand frère pour essayer de le convaincre d’accepter le mariage.
(Oncle Théodort face à son grand frère.)
ONCLE THÉODORT : Grand frère, te voici, tu as fait du bien pour cette famille, personne ne te soutient même pour ton projet de livre que tu éditeras bientôt, face à tout ceci, ne vois-tu pas qu’il faut laisser Gabrielle se marier si elle le souhaite ? Surtout, elle pourra poursuivre ses études et devenir ce que tu as toujours voulu pour elle. Le projet européen peut être réservé à ses frères cadets.
PAPA MICHEL : Theo, je te dis que jamais je n’accepterai cette famille. Gabrielle souffrira et elle est encore très naïve.
ONCLE THÉODORT : Pourquoi dis-tu cela ? Si son frère aîné est orgueilleux, cela ne signifie pas que ses autres frères le sont aussi.
PAPA MICHEL : Je le ressens, ce sont des personnes malveillantes. Une fois, j’ai fait une prospection publicitaire de mon livre dans la société de Romain FODI, qui est mon frère du village (comme pour dire de la même ethnie) il m’a fait tourner en rond et à cause de lui, j’ai perdu cette opportunité. J’avais tous les atouts pour avoir le marché de leur entreprise dans mon livre, mais non seulement il m’a nourri d’espoir, il ne m’a pas soutenu, pourtant il était bien placé. Tu sais comment je suis, je ne veux pas que ma fille Gabrielle souffre dans ce mariage, encore moins dans cette famille.
TON THÉO : Puisqu’elle est déterminée, que proposes-tu que nous fassions ?
PAPA MICHEL : J’ai une idée, je vais aller voir un praticien traditionnel afin qu’il vienne convaincre Gabrielle que cette famille est maudite et qu’ils ne sont pas de bonnes personnes.
TON THÉO : Nous verrons ce que cela donnera, mais selon ce que je vois, elle est vraiment décidée à se marier.
Il faut noter qu’un tradipraticien en Afrique est généralement une personne qui pratique la médecine traditionnelle, en utilisant des méthodes et des connaissances transmises de génération en génération au sein de communautés locales. Ces praticiens sont souvent appelés de différentes façons selon les régions et les cultures, tels que guérisseurs traditionnels, herboristes, devins, ou marabouts, en fonction de leurs compétences spécifiques et du contexte culturel.
Les tradipraticiens africains peuvent s’occuper d’une variété de domaines, y compris la guérison physique, mentale et spirituelle. Ils utilisent souvent des remèdes à base de plantes, des rituels, des prières et d’autres méthodes traditionnelles pour traiter les maladies et résoudre les problèmes de santé. Certains tradipraticiens peuvent également être impliqués dans des pratiques spirituelles ou divinatoires.
Dans certaines sociétés, ils sont respectés et jouent un rôle central dans les soins de santé, tandis que dans d’autres, leur statut peut être plus marginalisé. Les approches des tradipraticiens envers la médecine et la spiritualité sont souvent influencées par la culture et la tradition spécifiques de leur communauté.
Le père de Gabrielle retourna au village pour rencontrer le tradipraticien. Sur place, il engagea une conversation avec sa mère, Maman Alice.
PAPA MICHEL : Mama, tu sais que Gabrielle est à Douala et qu’elle a décidé à se marier.
MAMAN ALICE : Se marier comment ? Tu m’avais dit que tu allais la faire voyager, n’est-ce pas ?
PAPA : Oui, mais elle s’entête à vouloir épouser un homme du village, le petit frère de Romain FODI.
MAMAN ALICE : Quoi ? Le fils de la famille FODI ?
PAPA MICHEL : Oui, Mama.
MAMAN ALICE : C’est impossible ! Nous avons des liens familiaux du côté paternel, cela ne peut pas arriver.
PAPA MICHEL : Elle est déterminée. Je suis venu chercher un tradipraticien pour mettre en place un faux plan et lui démontrer qu’elle se trompe complètement.
MAMAN ALICE : C’est nécessaire. Notre voisin, le tradipraticien, est juste à côté. Nous pouvons l’appeler et il pourra repartir en ville avec toi.
PAPA MICHEL : D’accord, Mama.
Le tradipraticien arriva, et ils lui expliquèrent la situation. Le voyage fut alors programmé pour le lendemain.
Papa Michel rentra à Douala avec le tradipraticien et commença le travail dans la maison, puis ils appelèrent ensuite Gabrielle.
PAPA MICHEL : Gabrielle, viens ma fille.
GABRIELLE : Oui, papa.
PAPA MICHEL : Voici le tradipraticien qui est venu travailler sur la maison et voir ce qui ne va pas. Tu sais, quand une femme veut se marier, il faut toujours s’assurer que la famille dans laquelle elle souhaite se rendre est bonne.
GABRIELLE : Oui, papa.
Le tradipraticien commença à répandre l’arbre de paix dans toute la maison et appela Gabrielle à ses côtés. Il lui demanda de fermer les yeux.
TRADI PRATICIEN : Comment t’appelles-tu ma fille ?
GABRIELLE : Djida Gabrielle.
TRADI PRATICIEN : Tu dis que tu veux te marier avec qui ?
GABRIELLE : FODI Jamot.
TRADI PRATICIEN : Hummmmmm, cette famille n’est pas bonne, ma fille. Tu risquerais beaucoup souffrir dans ta vie. Refuse cette proposition.
Gabrielle, furieuse, se leva et partit dans sa chambre. Le lendemain, elle rencontra son fiancé, Jamot, sans faire allusion à la scène avec le tradipraticien.
GABRIELLE : Je suis dans une situation difficile. Mon père ne veut pas de ce mariage, car il a des projets pour moi.
FIANCÉ : Oui, je le sais, mais tu sais, en étant chez moi, tu pourras continuer tes études sans problème. Je sais qu’il te veut du bien.
GABRIELLE : Vraiment ? Si c’est le cas, nous pouvons peut-être le convaincre. Je vais encore appeler mon oncle, Tonton Théodort, car il pourra mieux discuter avec lui.
Comme convenu, Gabrielle appela son oncle sur un poste fixe.
GABRIELLE : Tonton Théo, comment vas-tu ?
TON THÉO : Ça va bien, ma chérie, et toi ?
GABRIELLE : Ça ne va pas du tout. Papa est venu avec un tradipraticien à la maison et il m’a dit que la famille de Jamot est compliquée et tout un tas d’autres choses. Je ne sais plus quoi penser, tonton.
(Tonton Théodort connaissait le plan qui avait été mis en place, et n’osait rien dire à Gabrielle.)
TON THÉO : Ma chérie, c’est compliqué. Essaie de mettre cette idée de côté et fais ce que ton père te dit.
GABRIELLE : Tonton Théo, je t’ai donné mes raisons et j’ai discuté avec mon fiancé. On peut convaincre papa en lui disant que je continuerai mes études même après le mariage.
TON THÉO : Ton fiancé a accepté cela ?
GABRIELLE : Oui, tonton.
TON THÉO : Je vais essayer de lui parler à nouveau. J’avais déjà évoqué cette possibilité, mais il était catégorique.
GABRIELLE : Merci, tonton. J’attends donc.
Papa Michel ne pouvait pas passer deux semaines sans se rendre au village, car son travail l’obligeait à se déplacer régulièrement. Une fois arrivé au village, il eut une conversation avec tonton Théodort…
TON THÉO : Bienvenue, grand frère.
PAPA : Merci, Théo. Comment ça va ?
TON THÉO : Ça va bien, grand frère. Mais qu’as-tu décidé concernant le problème de Gabrielle ?
PAPA MICHEL : J’ai déjà exprimé ma position et je ne suis pas d’accord.
TON THÉO : Grand frère, essaie aussi de comprendre notre fille. Si elle persiste, que devons-nous faire ? Voilà même l’histoire avec le tradipraticien, ça ne lui dit rien. Il suffit que ce garçon accepte qu’elle poursuive ses études. Ainsi, elle pourra obtenir un niveau d’études conséquent, il faudrait juste que tu insistes sur ce point.
PAPA : Théo, je ne comprends pas pourquoi vous mettez autant de pression sur moi. Si elle persiste, je ne saurai plus quoi dire, mais j’aurai donné mon point de vue, il ne faudrait pas que demain cela se passe mal et qu’elle le regrette.
TON THÉO : Oui, grand frère, c’est important.
(Tonton Théo jouait un rôle crucial en réussissant à convaincre le père de Gabrielle d’accepter son mariage.)
De retour à Douala, le père demanda à Gabrielle d’inviter son fiancé et sa famille à la maison. Lors de leur visite, la famille de Jamot, comprenant son grand frère Romain, sa femme et sa sœur aînée, fut chaleureusement accueillie par la maman de Gabrielle qui avait préparé de délicieux mets. Pendant la soirée, le grand frère exprima son désir d’accueillir Gabrielle dans leur famille, confirmant ainsi l’intérêt de leur présence. Malgré la rancœur que le père de Gabrielle ressentait envers le grand frère de Jamot qui lui avait fait perdre une insertion publicitaire de son entreprise dans son livre, le père fit preuve de courtoisie et se comporta de manière amicale. Les détails de la dot furent discutés et le père informa la famille de Jamot que tout se passerait chez le grand-père de Gabrielle, et qu’il les tiendrait informés des éléments nécessaires à la dot. Dans les traditions bamilékées, la première fille de la famille reçoit sa dot chez son grand-père.
Il faudrait signaler que la pratique de la dot se fait en Afrique et est une pratique culturelle traditionnelle qui existe dans de nombreuses sociétés africaines. Elle représente une forme de transfert de biens et de richesses du côté de la famille du marié vers la famille de la mariée lors d’un mariage. La dot peut varier en termes de nature, de valeur et de composition en fonction des traditions spécifiques de chaque groupe ethnique et de chaque région en Afrique.
La dot est considérée comme un symbole de reconnaissance et de respect envers la famille de la mariée. Elle peut également servir à sceller l’union entre les deux familles et à établir des liens sociaux durables. La dot peut prendre différentes formes, allant des biens matériels tels que le bétail, les terres, les objets précieux, les vêtements et les ustensiles de cuisine, aux contributions financières telles que l’argent liquide.
Outre sa dimension matérielle, la dot revêt souvent une signification symbolique et culturelle. Elle témoigne de la capacité du marié à subvenir aux besoins de sa future épouse et à assumer ses responsabilités familiales. Elle peut également refléter le statut social et économique des familles impliquées.
Il convient de noter que les pratiques liées à la dot peuvent varier considérablement d’une région à l’autre et peuvent évoluer avec le temps. Dans certaines sociétés contemporaines, la dot peut être adaptée pour s’aligner avec les valeurs et les réalités sociales modernes. Certains couples peuvent choisir de réduire l’importance matérielle de la dot, de la remplacer par des symboles ou de la combiner avec d’autres formes de célébration du mariage.
Il est essentiel de respecter les coutumes et les traditions locales lorsqu’il s’agit de la dot en Afrique. Il est recommandé aux familles et aux couples de communiquer ouvertement et de discuter de leurs attentes et de leurs souhaits pour s’assurer que la pratique de la dot se déroule de manière respectueuse et mutuellement acceptable.
Tout s’était bien passé et la famille du fiancé était partie très contente, avec la liste des éléments à préparer pour la cérémonie au village. Une fois la famille du fiancé partie, le père appela Gabrielle pour discuter en privé. Il lui demanda si elle avait bien observé tout ce qui s’était passé et si elle était toujours prête à rejoindre cette famille. Gabrielle confirma sa décision et réaffirma que son objectif principal était de se concentrer sur ses études. Finalement, le père accepta la décision de Gabrielle.
Le dialogue entre Gabrielle et son père révéla l’engagement ferme de Gabrielle envers son choix. Malgré les tentatives du père pour la convaincre autrement, Gabrielle demeura déterminée à prouver qu’elle était dans son bon droit et à se concentrer sur ses études. Face à cette résolution, le père finit par accepter sa décision et reconnut qu’il ne pouvait plus faire grand-chose pour la dissuader.
Cette scène marque un tournant dans l’histoire, où Gabrielle réussit à convaincre son père de son choix de mariage malgré ses réticences initiales. Elle démontra qu’elle pouvait s’épanouir dans cette nouvelle famille tout en poursuivant ses études.
Le jour de la dot au village était enfin arrivé et Gabrielle s’y rendit en compagnie de son père et de sa mère. Chez son grand-père, les cérémonies étaient en cours et les femmes s’affairaient à préparer le repas qui accueillerait les invités.
Dans le cas spécifique des Bamilékés, le fait que la première fille soit dotée chez son grand-père paternel peut être une manière de renforcer les liens familiaux et de préserver le patrimoine familial. C’est une tradition qui peut varier d’une région à l’autre et qui peut être adaptée en fonction des préférences et des circonstances familiales.
Pendant ce temps, son père l’appela à part.
PAPA MICHEL : Gabrielle.
GABRIELLE : Oui, papa ?
PAPA MICHEL : À la fin de la cérémonie, ne rentre pas avec eux. On organisera à Douala un évènement spécifique à cet effet et ton mari pourra venir te chercher chez nous à Douala.
GABRIELLE : Papa, je ne pourrais jamais te désobéir. Merci beaucoup d’avoir cru en moi malgré tes doutes.
Gabrielle fit un geste d’amour en serrant son père dans ses bras.
La cérémonie de dot était empreinte d’une atmosphère joyeuse et solennelle. La famille de Gabrielle s’était réunie avec enthousiasme et anticipation, emportant avec elle des assiettes richement garnies de provisions délicieuses. Les mets exquis comprenaient des noix de toutes sortes, des pistaches croquantes, des pommes de terre soigneusement préparées et bien d’autres délices encore.
Chaque assiette était méticuleusement préparée, reflétant l’amour et l’affection de la famille envers leur fille. Chaque plat était choisi avec soin, représentant l’abondance, la prospérité et le soutien qu’ils souhaitaient offrir à la nouvelle famille de leur bien-aimée. Les assiettes étaient présentées avec fierté et élégance, chaque couleur et chaque saveur rappelant les traditions et les coutumes ancrées depuis des générations.
Lorsque la famille du marié arriva, des négociations cordiales commencèrent. Les représentants des deux familles se réunissent autour d’une table, discutant avec respect et sagesse des conditions de la dot.
Les assiettes remplies de provisions ont été présentées comme un témoignage de l’apport de la famille de la mariée à cette union, tant sur le plan symbolique que pratique.
La famille du marié, consciente de la valeur de ces provisions, montra son appréciation en échangeant de l’argent en retour, dans chaque assiette qui leur était présentée. Chaque assiette était suffisamment attribuée et son contenu était présenté en fonction de sa qualité et de sa signification. Un échange équitable fut conclu, symbolisant l’engagement mutuel et la reconnaissance des deux familles dans cette union.
Lors de la cérémonie de dot, le grand-père, bien que physiquement affaibli par le poids de l’âge, était symboliquement présent et représenté par un ami proche de la famille. Son autorité et ses souhaits étaient au centre de l’événement. C’est dans ce contexte que le père de Gabrielle prit la parole, en exprimant clairement sa position.
Le regard fixé sur la famille du prétendant, le père prit une profonde inspiration. D’une voix calme, mais empreinte de détermination, il porta son regard avec affection sur sa fille, vêtue de sa tenue de cérémonie, rayonnante de bonheur et d’excitation.
« Il y a un souhait qui résonne très fort pour moi, c’est celui de voir ma fille poursuivre son éducation, même au sein de son mariage. Son épanouissement intellectuel et sa réussite académique sont des aspects essentiels de sa vie, qui ne devraient en aucun cas être négligés. »
Papa Michel continua en soulignant l’importance du respect envers les anciens et la sagesse de son père, symbolisée par l’ami proche de la famille présidant la cérémonie. Il rappela à tous l’importance de respecter les directives du grand-père, qui incarnent les valeurs et les traditions familiales chères à leur cœur.
« Mes chers invités, je vous demande de comprendre l’importance de cette journée. Pour moi, il n’y a rien à attendre de vous en termes d’argent ou de dons en nature pour ma fille, je ne souhaite que son bonheur. »
Papa Michel concluant son discours avec une note d’amour et de fierté, regardant sa fille avec une tendresse infinie. « Ma chère fille, sache que je suis fière de toi et de la personne que tu es devenue. Mon seul souhait est de te voir épanouie, éduquée et heureuse dans ton mariage. Je t’accompagnerai toujours dans ton parcours, et je serai là pour t’offrir mon soutien indéfectible. »
Ses paroles furent accueillies par des applaudissements chaleureux et des regards empreints d’admiration. Le père avait exprimé son amour paternel et sa volonté de protéger les aspirations de sa fille, tout en rendant hommage aux valeurs familiales qui les unissaient tous.
La cérémonie se poursuivit dans une atmosphère empreinte de respect et de compréhension, portée par la vision d’un père qui désirait ardemment le bonheur et l’épanouissement de sa fille bien-aimée, tout en honorant les traditions transmises par les générations précédentes.
Son message était clair : la réussite de ce mariage reposait sur la compréhension et le respect mutuel entre les familles, ainsi que sur l’engagement à perpétuer les valeurs qui avaient façonné leur héritage.
Ces mots résonnèrent dans l’assemblée, transmettant un sentiment de fierté et de responsabilité à tous les participants. La cérémonie se poursuivit avec un profond respect pour les souhaits du père et l’engagement envers l’avenir de la mariée. Chacun ressentait que cette union n’était pas seulement un événement marquant, mais aussi le début d’une nouvelle page de leur histoire familiale, ancrée dans la tradition et le respect.
Les produits demandés par la famille de la mariée furent dévoilés avec soin. Les couvertures, magnifiquement tissées et représentant la chaleur et la protection, furent posées délicatement sur les nattes. Leur texture douce et leurs motifs traditionnels reflétaient la richesse de la culture et l’engagement de la famille du marié envers la mariée.
À côté des couvertures, des chèvres majestueuses furent présentées. Leurs yeux vifs et leurs cornes fièrement courbées symbolisaient la fertilité, la prospérité et l’abondance. Elles représentaient un symbole tangible de l’amour et du soin que la famille du marié promettait d’apporter à la mariée.
Des bouteilles d’huile, symboles de nourriture et de subsistance, furent également offertes. Leur liquide doré rappelait la générosité de la terre et le partage de l’abondance. L’huile représentait l’espoir d’une vie remplie de saveurs et de joie pour le couple.
Enfin, de magnifiques pagnes furent déposés avec soin. Ces tissus traditionnels, ornés de motifs vibrants et de symboles culturels, étaient un témoignage de l’union des deux familles et de leur héritage commun.
Chaque présent était remis avec respect et gratitude, marquant ainsi l’engagement solennel de la famille du marié envers la famille de la mariée. Les femmes de la famille de la mariée, émues par ces gestes significatifs, exprimaient leur reconnaissance avec des sourires radieux et des prières de bénédictions.
La cérémonie de dot se déroulait dans un esprit de célébration et la remise des produits demandés par la famille de la mariée était bien plus que des objets matériels. C’était le symbole d’une union sacrée, de la fusion de deux familles et de l’échange de bénédictions pour un mariage florissant.
La cérémonie de dot touchait à sa fin. Les échanges de cadeaux et de biens avaient eu lieu, scellant ainsi l’union entre les deux familles. La famille du marié était prête à repartir avec Gabrielle, mais cette dernière intervint en disant :
« Mes parents, je vous remercie sincèrement pour votre arrivée massive au sein de notre concession et pour les cadeaux que vous avez apportés. Mais je ne pourrai pas rentrer avec vous aujourd’hui, il serait préférable que vous veniez me chercher chez mon père à Douala. »
Les membres de la famille du marié furent surpris par cette réponse, ne s’attendant pas à une telle résistance. Le marié lui-même était déconcerté, mais il reconnaissait la force de caractère de sa future épouse et ne pouvait pas insister.
La mariée sourit, sentant un profond ralentissement en voyant la compréhension et la bienveillance dans les yeux de son fiancé. La famille du marié comprit qu’elle était décidée à ne pas les suivre, reconnaissant l’importance du respect mutuel à cet instant.
La cérémonie se termina donc dans un esprit de respect mutuel. Gabrielle resta auprès de sa famille, sachant qu’elle avait exprimé ses convictions et maintenu son intégrité. Le marié et sa famille partirent avec la promesse de revenir prendre Gabrielle à Douala lorsque le temps serait venu, scellant ainsi leur engagement mutuel et leur respect des traditions familiales.
Papa Michel était fier de sa fille, car elle avait respecté sa parole et n’était pas partie avec sa belle-famille. Elle avait ainsi honoré son souhait.
De retour sur Douala, il avait programmé le jour du départ de Gabrielle, une semaine après.
Le jour tant attendu fut enfin arrivé. Quelques membres de la famille étaient là pour prendre Gabrielle et la ramener chez son mari. La petite réception eut lieu, les affaires de Gabrielle furent soigneusement préparées, prête à faire le grand saut vers une nouvelle vie. Ses parents se tenaient à ses côtés, mêlant fierté et tristesse dans leurs regards.
Le foyer était rempli d’émotions intenses. La maison, autrefois remplie de rires et de chaleur familiale, était maintenant enveloppée d’un silence.
Papa Michel, le visage empreint de sagesse et d’amour, prit la parole en premier. Il entoura sa fille de ses bras protecteurs.
La mère de Gabrielle, les yeux remplis de larmes, était juste à côté.
Gabrielle, le cœur serré, remercia ses parents pour tout ce qu’ils avaient fait pour elle. Elle leur promit qu’elle serait une femme forte, respectueuse, prête à affronter les défis qui se présenteraient à elle et chercherait à savoir comment ils vont chaque jour.
Enfin, le moment fatidique arriva. Les adieux ont été échangés, avec une dernière lueur de courage dans les yeux, Gabrielle franchit le seuil de leur maison pour rejoindre son fiancé qui l’attendait dehors après avoir dit au revoir à ses parents.
Elle s’éloigna, emportant avec elle les souvenirs et l’amour de sa famille. Une nouvelle page se tournait, et Gabrielle s’avançait vers l’inconnu avec espoir et détermination, prête à écrire son propre destin.
C’est ainsi qu’à l’âge de 20 ans en l’an 2000, Gabrielle et Jamot se lancèrent dans leur nouvelle vie de couple avec enthousiasme et détermination. Fraîchement mariés, ils emménagèrent dans un appartement d’une chambre et d’un salon, situé au cœur de Douala. Jamot, un déclarant en douane de profession, était également propriétaire de machines à glace qu’il exploitait dans différents quartiers de la ville. Son travail de déclarant en douane permettait de faciliter le processus d’importation et d’exportation de marchandises en veillant à ce que toutes les exigences légales et douanières soient respectées.
Ils louaient un petit appartement situé à 16 km du lieu d’habitation de la famille de Gabrielle. Leur petit appartement était devenu un refuge chaleureux où ils partagèrent leurs joies, leurs rires et leurs défis. Chaque matin, le parfum du café fraîchement préparé embaumait l’air, tandis que Gabrielle préparait un délicieux petit-déjeuner pour commencer la journée.
Jamot partait vaillamment chaque jour pour son travail, jonglant avec les formalités administratives et les procédures douanières. Son dévouement et son professionnalisme lui valaient le respect de ses clients.
Pendant ce temps, Gabrielle, animée par son désir de reprendre ses cours, menait à bien ses tâches ménagères.
Dans cette première vie de couple, Gabrielle et Jamot avaient une belle preuve de complicité, tout se passait dans de très bonnes conditions, mais seulement Gabrielle ne savait pas réellement comment la gestion des finances se passait du côté de son mari. Conscients que le bonheur se trouvait dans la simplicité des moments partagés. Leur appartement, symbole de leur amour et de leur persévérance, était le point de départ d’une aventure passionnante qui les conduirait vers un avenir prometteur.
Après trois mois de mariage, Jamot tint sa promesse et inscrivit Gabrielle à l’IUT (Institut universitaire de Technologie) de Douala, où elle étudiait le marketing.
Un jour, Théophile, un ami proche à Jamot, leur rendit visite un après-midi ensoleillé. Ils s’installèrent confortablement dans le salon, discutant joyeusement de divers sujets. Au cours de la conversation, Théophile posa une question à Gabrielle, curieux de connaître son choix universitaire.
THÉOPHILE : Gabrielle, que fais-tu à l’université ? Quel est ton domaine d’études ?
GABRIELLE Souriant, elle répond : Je suis inscrite en marketing à l’IUT de Douala. J’apprends les différentes stratégies de marketing et comment promouvoir efficacement les produits et les services.
Théophile, réfléchissant un instant, proposa une idée alternative à Gabrielle.
THÉOPHILE :