Bernadette Soubirous - P.M. - E-Book

Bernadette Soubirous E-Book

P.M.

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Extrait : "À la base des premiers contreforts des Pyrénées, dont elle est la clef, à l'entrée de la belle vallée d'Argelez, dans le diocèse de Tarbes, surnommé le diocèse de Marie (tant y sont nombreux les sanctuaires en l'honneur de la Mère de Dieu), s'élève dans une situation pittoresque la gracieuse petite ville de Lourdes Hautes-Pyrénées). Resserrée entre la montagne aride et des collines magnifiques de végétation, le chemin de fer la traverse."

À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN

Les éditions LIGARAN proposent des versions numériques de qualité de grands livres de la littérature classique mais également des livres rares en partenariat avec la BNF. Beaucoup de soins sont apportés à ces versions ebook pour éviter les fautes que l'on trouve trop souvent dans des versions numériques de ces textes.

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EAN : 9782335087154

©Ligaran 2015

Déclaration de l’auteur

Conformément à la décision du Pape Urbain VIII, nous déclarons que les faits mentionnés dans cet ouvrage n’ont qu’une autorité purement humaine, et que nous réservons expressément tous les droits de la Sainte Église catholique, apostolique et romaine, au jugement de laquelle nous nous soumettons sans réserve aucune et pour toujours.

BERNADETTE SOUBIROUS

EN RELIGION : SŒUR MARIE-BERNARD

Décédée à l’âge de 36 ans, le 16 avril 1879 au Couvent de St-Gildard à Nevers

(Déposé)

Les lettres et les extraits de Journaux que nous offrons au lecteur, lui de juger l’accueil favorable qui a été fait à cet ouvrage à sa première apparition.

Évêché de Carcassone

Carcassonne, le 30 août 1879.

Monsieur,

Votre brochure sur Bernadette Soubirous me paraît destinée à un grand succès. Outre le mérite de l’actualité, elle a encore celui de retracer d’une manière aussi rapide qu’intéressante le récit des Apparitions, de nous révéler, par la publication de lettres inédites, la beauté morale de Bernadette, et de renfermer, sur sa mort et sur ses obsèques, des détails qui émeuvent et élèvent l’âme.

C’est à Lourdes même que j’ai lu votre livre ; c’est en présence de la Grotte de l’Apparition que j’en ai savouré le parfum. Je voudrais qu’il se trouvât entre les mains de tous les pèlerins. Bernadette explique Lourdes et Lourdes révèle Bernadette.

En vous remerciant d’avoir bien voulu m’offrir un exemplaire de votre brochure, je suis heureux de pouvoir vous dire que vous avez fait, à mon humble avis, une œuvre aussi belle qu’utile.

Veuillez agréer. Monsieur, l’assurance de ma considération distinguée.

FOURNIER Vicaire-général.

Le Curé-Doyen de Belpech (Aude), ce 16 juillet, fête de N.D. du Mont-Carmel

Monsieur,

J’ai lu l’opuscule dont vous m’avez fait hommage. Vous avez réussi, écrivain convaincu, à reproduire comme dans une photographie saisissante la simplicité, la candeur de la physionomie, le caractère vrai et les vertus cachées de l’humble et frêle Bergère de Lourdes, dont Nevers voudrait garder les précieuses dépouilles mortelles.

Cette rapide biographie de Bernadette Soubirous est bien l’explosion spontanée d’une âme soucieuse de contribuer à la gloire de Dieu, par le récit des Apparitions de Marie Immaculée à la jeune Voyante. Le libre-penseur pourrait considérer votre œuvre comme une merveilleuse idylle, si vous n’aviez fait ressortir, avec un bon sens exquis et une rigoureuse logique, les preuves irréfragables de la réalité d’un des évènements religieux le plus admirable de ce siècle.

Votre brochure, pleine d’attraits par l’éloquente simplicité du style, par l’exactitude des détails et par la concision rapide du récit, aura, je crois pouvoir vous le présager, un grand succès populaire, surtout parmi les pieux pèlerins qui de tous les points de l’univers sont attirés vers la Grotte des Apparitions, et vers la fontaine miraculeuse dont les eaux opèrent tous les jours tant de prodiges de guérison et de salut.

Chacun voudra emporter avec soi l’histoire et la vie de la Voyante privilégiée.

Agréez, Monsieur, avec l’expression de ma reconnaissance et de mes félicitations, l’hommage de mon respectueux dévouement en N.S. et en Marie Immaculée.

FRANCÉS, Prêtre.

Villa Cécilia, 14 avril 1880.

Monsieur,

Je m’empresse de vous communiquer le texte de la Bénédictions des pèlerins que vous m’avez demandé.

N’attendez pas de moi un éloge de votre livre : quelle valeur pourraient avoir mes louanges, après celles que vous ont accordées, à si juste titre, ceux que la vertu, la science et les dignités placent infiniment au-dessus de votre humble serviteur.

Heureux les fidèles qui avant de quitter leurs loyers liront Bernadette Subirons, sa vie, sa correspondance, sa mort, ses funérailles, qui ouvriront, par cette lecture, leur âme à de plus vifs sentiments de foi, d’espérance et d’amour, fruits salutaires de ces pieux voyages, et se prépareront aux fortes et saines résolutions que leur inspirera la présence du miracle presque continuel !

Heureux les fidèles qui, de retour dans leurs demeures, reliront ces pages touchantes, où ils retrouveront l’écho des émotions qu’ils ont éprouvées et le souvenir de ce rivage, de cette Grotte et de cette magnifique Basilique, si chères au cœur chrétien !

Vous avez bien fait de dire à notre société légère et oublieuse quelques mots pour la défense des pèlerinages. Le Pèlerin a toujours été honoré ; il a toujours été l’objet de la sollicitude des Souverains Pontifes et des Rois. L’Église a composé pour lui une Messe et des prières spéciales ; elle lui accorde, dans ses processions, une place distinguée ; elle frappe d’excommunication tous ceux qui l’offensent lorsqu’il va à Rome ou en revient ; elle réserve à la suprême autorité du Pape le pouvoir de relever du vœu de pèlerinage à Jérusalem, à Saint-Pierre de Rome et à Saint-Jacques en Galicie.

Le manoir seigneurial et la chaumière de paysan l’accueillent avec un égal empressement, une égale joie, une égale vénération, et, le soir, tous se réunissent autour de lui pour écouter le récit des nouvelles dont il a été le témoin et la description des contrées lointaines qu’il a parcourues.

Puisse ce petit livre obtenir, lui aussi, partout le même succès : il le mérite à tous égards.

Veuillez agréer, cher Monsieur, l’expression de mes compliments les plus sincères.

L’abbé H. LAMBERT,

Membre de plusieurs Sociétés savants.

Journal de Lourdes

(19 juillet 1879)

Pourquoi ce livre ? Il a été si souvent, si longuement et même si éloquemment parlé sur la pieuse fille de la Grotte, qu’il semble qu’un nouvel ouvrage sur sa vie soit une chose devenue maintenant superflue. Et pourtant il n’en est rien.

Cette vie est si belle, si attrayante pour les esprits qui aiment à suivre l’action de la grâce dans les âmes, que, même après de nombreuses biographies, quelques nouvelles pages sur la préférée de la Mère de Dieu seront toujours favorablement accueillies par ceux qui ont eu le bonheur de prier une fois devant cette incomparable Grotte de Lourdes. Et puis, il y a dans ce nouveau livre sur Bernadette, sa vie, sa correspondance, sa mort, ses funérailles tant de simplicité touchante.

D’un bout à l’autre, l’ouvrage respire ce parfum de douce piété qui fait les délices des cœurs dévoués à la Reine du Ciel. Que de charmes dans le récit de cette première communion, au sujet de laquelle Mgr de Ségur disait : « On s’attendait pour ce grand jour à quelque chose d’extraordinaire ; mais il n’y eut rien qu’une bonne petite fille faisant pieusement une sainte première communion. » Quelle délicatesse ! quelle éloquente simplicité dans cette réflexion de l’auteur au moment où il pénètre dans la maison de Dieu, magnifiquement parée pour la cérémonie : « C’était le grand jour des triomphes Eucharistiques les fleurs, l’encens, les cris d’amour accompagnent la marche triomphale du Dieu caché ; des reposoirs innombrables se disputent la gloire de lui servir de trône ; mais le trône le plus cher au cœur de Jésus, le reposoir où il fait ses délices de fixer pour toujours la présence de sa majesté sainte, c’est ton cœur ô chère Bernadette, ton cœur orné par l’innocence, sanctifié par l’extase, et enflammé par le divin amour. »

Nous n’en finirions pas si nous voulions reproduire tous les récits charmants ; mais il est une partie de l’ouvrage qui a particulièrement attiré notre attention et qui lui donne un caractère nouveau. – Nous voulons parler du chapitre où l’auteur a recueilli avec tant de soin les épanchements de ce cœur si aimant. Ici nous voudrions citer toutes les lettres dans lesquelles Bernadette parle avec tant d’amour de ta bonne Vierge, de l’Église, de la France, de tous les siens dont les intérêts la préoccupèrent toujours à un si haut degré ; mais nous préférons renvoyer le lecteur au livre lui-même. Somme toute, ce livre sera lu par tous les pieux enfants de la Vierge Immaculée. Ils aimeront à retrouver ces traits admirablement saisis sur lesquels se sont abaissés les regards de la Reine des Cieux.

Puisse ce livre inspirer un plus grand amour pour la Vierge de Lourdes et terrasser ses ennemis ; c’est la pensée écrite sur la première page et que nous aimons à reproduire en terminant : « La bouche d’un enfant a chanté ta gloire pour la confusion de tes ennemis. »

L. LESAGE,

Directeur du cercle catholique St-Étienne-St-Michel, à Toulouse.

Extrait du Dimanche Illustré

(3 août 1879.)

Les pèlerinages s’organisent pour les lieux des Apparitions de la Très-Sainte Vierge. On va à Pontmain ; de grandes solennités se préparent à la Salette ; et à Lourdes l’affluence est considérable. Depuis la mort de Bernadette, les pèlerins ont été heureux de retrouver à Massabielle sinon la Voyante, du moins le récit des Apparitions et l’histoire si édifiante de l’action de la grâce dans une belle âme. Plusieurs auteurs ont entrepris de raconter toutes ces choses ; aussi semblait-il peu facile d’intéresser après les plumes autorisées qui ont raconté les merveilles opérées par l’entremise d’une enfant du peuple.

La mort de Bernadette a inspiré un écrivain pieux et intelligent. Il a recueilli tout ce qu’il y avait d’intéressant et de délicat dans les histoires qui avaient été faites. Ses emprunts sont bien et loyalement faits et ils s’enchâssent admirablement comme des pierres précieuses dans un or habilement travaillé. Ce que ses prédécesseurs n’avaient pu dire, puisque les évènements n’étaient pas accomplis, il l’a décrit avec une simplicité touchante. Nous avons assisté à la mort, aux funérailles de sœur Marie-Bernard, et si nous n’avons pas versé des larmes d’attendrissement, c’est parce que nos cœurs s’élevaient avec le narrateur au-dessus de la terre, pour contempler et invoquer au ciel celle que nous venions d’apprendre à mieux connaître, dans les lettres édifiantes que l’auteur avait fait passer sous nos yeux. Ce livre donc est arrivé à son heure, il sera lu avec intérêt et trouvera sa place à côté des grands travaux que la Très-Sainte Vierge a inspirés aux écrivains qui ont parlé de Lourdes et de Bernadette.

Le Directeur,

Henry BOUFFARTIGUE.

Extrait des Nouvelles

(12 août 1879.)

Lourdes n’a rien perdu de son prestige sur les cœurs chrétiens. C’est toujours le lieu privilégié des miracles, le paysage béni où rayonne dans la splendeur de la basilique et dans la grâce de la nature le souvenir de l’Apparition de la Vierge immaculée.

On ne peut pas s’agenouiller devant la Grotte sans penser à l’enfant choisie par le ciel pour révéler au monde les mystères des roches Massabielles.

Cette enfant est devenue une sainte de la cité de Dieu après avoir été une sainte de la cité des hommes. Sa mort a eu du retentissement dans le monde chrétien. Elle a inspiré des méditations pieuses, des funérailles grandioses, des oraisons funèbres éloquentes.

Voici un petit ouvrage qui raconte avec une éloquente simplicité, la vie de celle qui fut Bernadette Soubirous, et qui est morte sœur Marie-Bernard. Cet ouvrage, écrit avec une foi profonde par un homme de cœur, contient l’exposé de la vie et des œuvres de Bernadette Soubirous. Rien n’a été négligé pour mettre en lumière cette douce, sereine et poétique figure.

Puisant aux sources les plus autorisées l’auteur raconte d’abord les grands traits de « cette vie toute miraculeuse, et cependant si simple et si modeste. » Il redit ensuite « les détails de la mort de cet ange de la terre, » et publie pour la première fois les lettres admirables sorties de son cœur.

Ce livre doit être lu à Lourdes, sur le bord du torrent où pria Bernadette : il redoublera la foi du pèlerin, il animera son zèle ; et pour ceux qui sont privés de la joie de parcourir une fois de plus les lieux miraculeux, il fera revivre cette merveilleuse histoire qui n’eut que deux acteurs : le ciel d’un côté, une humble petite fille de l’autre, et qui a maintenant le monde chrétien tout entier pour témoin.

Rédacteur en Chef,

G. MAISONNEUVE.

Avant-propos

Le monde chrétien a été profondément ému en apprenant, le 16 avril 1879, que Bernadette, la petite perle de Lourdes, la privilégiée de l’Immaculée-Conception (en religion sœur Marie-Bernard), n’appartenait plus à la terre. L’enfant des miracles, délivrée des continuelles douleurs de la vie présente, avait, en effet, le mercredi, à trois heures de l’après-midi, rendu son dernier soupir au couvent de Saint-Gildard, à Nevers.

Il était enfin venu pour elle, ce jour si ardemment désiré et si patiemment attendu.

Dieu, qui dans sa miséricorde infinie avait conservé sans tache et sans ombre cette petite fleur des Pyrénées, venait de la rappeler à lui ; les prières de tous les cœurs chrétiens ont suivi cette âme innocente dans les splendeurs des Cieux.

Au moment où cet ange de la terre s’envolait vers le séjour de l’éternelle gloire, une attraction mystérieuse nous a entraînés vers elle, et nous avons lu avec avidité tout ce que les journaux, et les Annales de Lourdes en particulier, nous ont raconté d’admirable sur cette précieuse mort : Nous avons voulu étudier cette fleur dans son germe et son développement, nous avons cherché les détails de sa vie dans ceux qui racontent sa naissance et les merveilleuses apparitions dont elle a été favorisée, et nous nous sommes dit : Pourquoi ne pas réunir ces pages dont la lecture nous ravit ? pourquoi ne pas en faire un bouquet de fleurs à la gloire de Bernadette ?

Bernadette, d’ailleurs, a droit à la reconnaissance de sa patrie dont elle est une des plus pures gloires, droit à celle de tous les chrétiens dont elle a été ici-bas la médiatrice et dont elle sera désormais, au Ciel, auprès de Jésus et de Marie, la puissante protectrice.

Aussi, puisant aux sources les plus autorisées, nous avons essayé de raconter en toute simplicité les grands traits de cette vie toute miraculeuse et cependant si simple et si modeste.

Nous redirons les détails de la mort de cet ange de la terre et nous publierons pour la première fois les lettres admirables sorties de son cœur.

Nous parlerons très peu nous-mêmes ; quel charme d’ailleurs et quelle utilité pourrait avoir pour nos lecteurs notre parole si peu autorisée ? Nous laisserons donc parler ceux qu’on aime le plus à entendre : le R.P. Bouix, l’auteur du si savant et si pieux livre des Apparitions ; les missionnaires du Pèlerinage, les éminents rédacteurs des si chères Annales de Lourdes.

Nous puiserons à pleines mains dans ce dernier ouvrage qui, inspiré par un saint zèle et rédigé par une intelligence d’élite, est un véritable trésor ; dans ce livre qu’anime un souffle vraiment chrétien, et qui, par son caractère élevé, les renseignements précieux qu’il renferme, est devenu une des publications religieuses les plus importantes de notre temps. Que les pieux auteurs qui ont bien voulu nous ouvrir leurs portes et nous fournir les premiers éléments, reçoivent ici le témoignage bien senti de notre profonde gratitude. Nous indiquerons soigneusement les pages qui leur appartiennent, et nous invitons nos pieux lecteurs à aller à leur tour cueillir comme nous des fleurs odorantes dans leur riche parterre.

Nous ne nous sommes proposé dans l’ouvrage revu et augmenté que nous offrons aujourd’hui au public, que la gloire de Jésus et de Marie. Les faire encore mieux connaître et les faire aimer davantage, s’il est possible, en parlant de celle à qui la Mère de Dieu avait promis, en récompense de son humilité et de son obéissance, l’éternel repos, voilà notre unique but. Nous nous estimerions mille fois heureux si, secondés par la Providence, les résultats couronnaient notre attente.

(Quid verum… Curo et rogo et omnis in hoc sum).

INaissance de Bernadette

À la base des premiers contreforts des Pyrénées, dont elle est la clef, à l’entrée de la belle vallée d’Argelez, dans le diocèse de Tarbes, surnommé le diocèse de Marie (tant y sont nombreux les sanctuaires en l’honneur de la Mère de Dieu), s’élève dans une situation pittoresque la gracieuse petite ville de Lourdes (Hautes-Pyrénées). Resserrée entre la montagne aride et des collines magnifiques de végétation, le chemin de fer la traverse. Au centre d’un petit vallon, sur un roc isolé, gigantesque et coupé à pic de tous côtés, à la hauteur de 100 mètres environ au-dessus du Gave, « qui passe en grondant et brisant sur les rochers ses îlots écumeux se dresse majestueusement l’antique château-fort de Mirambel ou belle vue, dont la haute tour crénelée domine le pays au loin. La vieille cité tranquille groupe ses maisons au pied de la forteresse qui les protégea pendant de longs siècles ».

C’est là, aux pieds de ce château-fort et presque en face de la Grotte, où doivent s’accomplir bientôt tant de prodiges, que vivaient, comme locataires, dans une misérable maison de la rue des Petits-Fossés, deux jeunes époux, François Soubirous et Louise Casterot ; pauvres des biens de la terre, ils sont riches de foi et de piété ; manquant de tout au dehors, la grâce et la consolation divine les fortifie au-dedans.

Les justes, lisons-nous dans la Sainte Écriture, engendreront des enfants dignes d’être bénis de Dieu. Aussi le Seigneur les a choisis pour donner le jour à notre angélique héroïne, l’humble et glorieuse Bernadette. Elle sera la première de neuf enfants que Dieu va accorder à leurs vœux et à leurs prières.

Le Prophète n’a-t-il pas dit :

« Bienheureux les parents qui craignent le Seigneur. Dieu multipliera leurs enfants comme les rejetons de l’olivier, et leurs enfants formeront autour de leur table une joyeuse couronne, en attendant de briller comme des perles sur celle qu’il leur réserve pour l’éternité. »

C’est le 7 janvier 1844 que naît Bernadette dans l’obscurité et le silence, sans éclat et sans bruit. À son entrée dans la vie, les jouissances du luxe, les douceurs de l’aisance, les grandeurs de ce monde lui sont étrangères ; mais Dieu lui réserve des grandeurs plus réelles, plus durables et plus dignes d’elle. La volonté du Seigneur est, en effet, qu’ici-bas elle ne doit briller, que par l’éclat de ses vertus et la sainteté de sa vie.

En recevant ce trésor du Ciel, ce père chrétien et cette pieuse mère savaient que deux vies s’éveillent en même temps et se développent parallèlement dans l’enfance chrétienne : la vie de la nature et la vie de la grâce, la vie du temps et celle de l’éternité. Ils savaient que ces deux vies se pénètrent réciproquement ; mais que, pour arriver à la bienheureuse éternité, il faut que la vie de la grâce élève la vie de la nature et en fasse réellement l’éducation.

Aussi quelques heures après sa naissance, l’eau sainte du baptême coula sur le Vont de l’enfant, et les Anges du ciel, députés par Marie, qui en ce jour l’adopta pour sa fille privilégiée, la saluant avec amour, firent la garde autour de son berceau qui contenait de si glorieuses destinées. La contemplant en silence, ils bercèrent de leurs chants célestes son premier sommeil.

Heureux les enfants qui naissent ainsi à la vie du Ciel en même temps qu’à la vie de la terre. Les noms de Marie-Bernard qu’elle reçoit au baptême prophétisent sa destinée. « Le premier annonce le lien qui doit l’unir à la Vierge immaculée ; le second présage la ferveur de son amour pour elle et la mission qu’elle doit remplir. Le Moyen Âge, témoin de l’amour de saint Bernard pour la Vierge, lui décerne ce titre par la bouche de Dante : « Votre fidèle Bernard, ô Marie… » Le XIXe siècle allait dire et l’histoire allait répéter d’âge en âge : « Votre fidèle Bernadette… » Saint Bernard, par la puissance de sa parole, non seulement prosterne les peuples aux pieds des autels de la Vierge, allumant sa Dévotion dans les âmes, mais il transporte l’Occident en Orient pour la conquête du tombeau de Jésus-Christ. Bernadette, par son amour pour la Vierge immaculée, embrasera les âmes du feu dont elle brûle, et, par la puissance de son témoignage, elle mettra le monde en marche vers le sanctuaire de Lourdes ».

Dès l’âge le plus tendre, l’élue de Dieu et de la Vierge immaculée commence à se révéler : elle a l’air d’un petit ange ; c’est à regret qu’après lui avoir prodigué ses tendres caresses et l’avoir allaitée près de sept mois, sa mère se voit obligée de la mettre en nourrice à Bartrès, petit village voisin de Lourdes. Bernadette devient chère aux habitants de la localité. « À mesure qu’elle grandit, tous l’aiment et la révèrent ; ils ne peuvent la voir prier dans leur charmante et dévote église dédiée à saint Jean-Baptiste, sans être édifiés de sa modestie, de son recueillement et de sa ferveur ».

Tous les jours, dès le lever de l’aurore, la tête protégée par un petit capulet, selon la mode du pays, on la voyait conduire ses brebis sur les coteaux déserts, voisins de l’humble demeure. Un de nos grands orateurs a dit cette grande parole : La solitude est la patrie des forts et le silence est leur prière. C’est dans cette patrie des forts et au milieu du silence divin et de cette prière continuelle, que grandissait cet ange de la terre, douce comme ses agneaux, mais déjà forte par la souffrance et son amour pour Dieu ; éloignée de sa famille et de sa ville natale, seule sur ces paisibles collines, occupée à la garde de son petit troupeau, l’enfant est plus disposée à recevoir les impressions de la grâce. Dans cette solitude, Dieu lui parle au cœur.

Ce n’est jamais, en effet, dans le bruit des villes que Dieu s’est manifesté aux hommes ; « sa parole est trop intime et trop douce pour être entendue dans le tumulte ; ses divins entretiens sont d’autant plus intimes que le cœur est plus silencieux, plus recueilli, plus éloigné des créatures.

Quand il a voulu parler au cœur d’Abraham, de Moïse, de David et de ses Prophètes, il les a conduits dans la solitude ; quand il est venu lui-même sur la terre, il a voulu toujours habiter les campagnes. Là il a eu son berceau et là également sa tombe ».

La Très-Sainte Vierge se plaisait également à accroître la naïve dévotion qu’elle avait allumée dans l’âme de l’enfant dès l’âge le plus tendre : « Aussi Bernadette employait les longues heures de la solitude à égrener pieusement son chapelet, ne sachant guère d’autres prières ».

On eut dit que Dieu et Marie, en lui parlant si intimement au cœur, voulaient la familiariser, quoique jeune encore, avec cet art divin de la prière dont elle devait faire plus tard un si merveilleux usage ; ils l’exerçaient de bonne heure à manier cette arme puissante avec laquelle elle devait frapper de grands coups.

« C’est à cette époque qu’un jour le curé de la paroisse de ses parents adoptifs la rencontra dans les environs du village de Bartrès, conduisant son humble troupeau au pâturage. L’air d’innocence et la candeur de l’enfant excitèrent fortement son attention et allèrent à son âme. Il la salua avec respect, et se retournant à plusieurs reprises pour la regarder encore, il dit : « Les enfants de la Salette devaient être comme cette petite. Le prêtre ne se doutait pas que dans cette parole il y avait une lueur de prophétie ».

Bernadette était ignorante dans les choses d’ici-bas ; elle montrait peu d’attrait pour tout ce qui n’était pas renseignement de la doctrine chrétienne ; mais elle excellait dans la science de Dieu et cette science lui suffit : « C’est moi, nous dit le Seigneur, qui donne la science aux hommes : Deus scientiarum Dominus. »

Elle possédait d’intelligence à peine la mesure commune ; mais elle était largement douée de cette simplicité, de cette candeur et de cette innocence qui plaisent tant au Seigneur : « Il est une chose plus belle et plus utile à contempler que mes miracles, a dit Jésus, c’est ma douceur et mon humilité. » Comme le divin modèle, Bernadette était douce, humble de cœur et obéissante.

L’histoire de tous les âges, faisant écho à nos saints livres, nous apprend que Dieu a toujours fait élection des pauvres et des humbles pour leur révéler ses secrets et les employer à ses grandes œuvres ; c’est au milieu des pauvres et des humbles qu’il a voulu naître, vivre et mourir ; c’est le plus souvent parmi les pauvres et les humbles qu’il a choisi ceux qu’il prédestinait à de bien grandes choses.

Il semble accorder particulièrement sa prédilection aux bergers sur les autres hommes, et aux montagnes sur les autres lieux, peut-être parce que les bergers sont les plus simples d’entre les hommes et les montagnes les lieux de la terre les plus simples, les plus naturels et tes plus vierges. C’est Abel le petit berger qui a la première place dans son cœur.

C’est Moïse, le pauvre berger de Madian, qui sauve son peuple.

C’est David, lui aussi petit berger comme Abel et Moïse, qui renverse le géant Goliath et devient à la fois le grand prophète et le grand roi d’Israël.

Désireux de continuer sa vie dans ses saints, Jésus a voulu que ses frères de la gloire apparaissent parfois à ceux de l’exil pour les instruire et les consoler. Il appartient surtout spécialement à la Mère du Sauveur, écho fidèle de tous les sentiments de son Fils, d’exercer au milieu de ses enfants cette mission de miséricorde ; elle voit, elle connaît, plus intimement qu’aucune autre existence, nos misères qu’elle a traversées dans toute leur amertume.

Aussi l’histoire des Apparitions nous la montre, à travers les siècles, parfaite imitatrice des œuvres de son divin Fils, toujours fidèle à cette loi constante qui fait de l’humilité le fondement de toute grandeur.

Depuis Bethléem jusqu’à nos jours, nous la voyons travailler au salut du monde par l’enfance, par la faiblesse et par l’innocence, cette force du monde moral, cette toute puissance du monde catholique.

Ce que font les bergers dans l’ancien peuple de Dieu, les bergères le font dans notre France, le nouveau peuple de Dieu. « Filii vestri et filiœ vestrœ visiones videbunt ; effundam super eos de spiritu meo et prophetabunt. Vos fils et vos filles prophétiseront. »

Geneviève, la petite bergère de Nanterre, sauve Paris et confond Attila.

Jeanne d’Arc, la bergère de Domrémy, sauve la France.

Et maintenant, c’est par la bergère de la Salette et notre humble bergère des Pyrénées qu’il va la sauver de l’infernale barbarie. Il veut encore une fois affirmer la vérité qui sauve le monde.

« Bienheureux les pauvres qui soutirent avec patience les rigueurs et les humiliations de la pauvreté. À eux mes bénédictions et mon amour sur la terre, à eux ma gloire et mon royaume dans les Cieux. » Pauvres et humbles tressaillez donc de joie, parce que le royaume de Dieu vous appartient, si vous marchez dans la vérité.

« Telle est l’élue de Dieu, l’humble petite fille dont Dieu va employer le concours dans une des plus grandes manifestations de ses miséricordes. Elle est du petit peuple, de la race des petits ; elle ne sait ni lire ni écrire, mais elle est déjà savante dans la science suprême, dans l’amour de Dieu. Elle possède une candeur, une innocence, une simplicité, une droiture qui charment le Très Haut. Par son angélique vie, par sa naïve et filiale dévotion envers la Très-Sainte Vierge, elle a déjà conquis, et à jamais ! les prédilections de son cœur. »

Ainsi, Bernadette Soubirous est prête pour la mission que Dieu lui destine.

« Vers la fin de janvier 1858, elle quitte Bartrès. Selon son désir, ses parents la rappellent à Lourdes, afin qu’elle se prépare sous leurs yeux à faire la première communion.

La rentrée de l’enfant dans sa famille y cause une grande joie. On remarque bientôt ses heureuses dispositions pour la piété. Elles étaient renfermées en elle comme le fruit mûr l’est en espérance dans la fleur qui le précède. Aucun signe, toutefois, ne faisait présager une de ces vertus éminentes que plusieurs saints ont annoncées dès leurs jeunes années. Sa mère et ses deux tantes, congréganistes de la Sainte-Vierge, relèvent chrétiennement ; elles lui enseignent les prières et lui apprennent la science des mystères joyeux, douloureux et glorieux du St-Rosaire. Le dimanche et les jours de fête elle va avec ses parents à l’église paroissiale de Lourdes où elle a été baptisée. Pendant la messe et les offices elle se tient avec modestie et récite son chapelet avec ferveur. C’est elle qui fait la prière de famille. On a observé qu’elle ne voulait pas commencer que tous ne fussent réunis et à leur place. »

Ayant grandi peu à peu dans cette crainte de Dieu, qui est le commencement de la sagesse, quoique chétive de corps et petite de taille, sa sainteté précoce lui donnait un véritable empire sur tous les siens ; mais afin que le cœur de cette angélique enfant ne s’élève jamais, Dieu se plaît à lui faire sentir toutes les humiliations ensemble. Déjà travaillée par un asthme, qu’elle gardera jusqu’à la fin de ses jours, tout la fait regarder comme le rebut de la nature. L’endroit où elle habite est la pauvreté même ; et de cette humble demeure elle occupe le plus pauvre recoin. La croix de Jésus-Christ, l’image de la Très-Sainte Vierge sont les seuls trésors que contemplent ses yeux et qui consolent son indigence.