Des cigales au pôle nord - Nicolas Sonnerat - E-Book

Des cigales au pôle nord E-Book

Nicolas Sonnerat

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Beschreibung

Blessé lors d’une activité de loisir, le ciel semble s’effondrer sur lui. Avec trois mois de convalescence au minimum, il se trouve là, épuisé par sa situation. Il ressent le besoin de s’occuper, de trouver quelque chose à faire, car le temps semble moins douloureux lorsqu’il est accompagné de mots. Il décide alors de tisser une sorte de récit autour de lui, bien que ce sujet ne soit pas suffisant en lui-même. Il explore divers sujets, mais invariablement, il revient à lui-même. L’idée de laisser une empreinte et de partager ses angoisses reste inlassablement le moteur, qu’il en soit conscient ou non, de sa vie. Il sait qu’il émergera transformé de cette expérience avec les mots. C’est un pari risqué, mais après tout, le temps s’écoule rapidement.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Nicolas Sonnerat, artisan immobilisé et alité, trouve dans l’écriture son unique évasion. Passionné par la complexité de la vie, il tente d’explorer certaines de ses questions existentielles à travers ses pensées. Parfois, il croit avoir percé certains mystères de sa propre identité, bien que cela puisse sembler naïf.

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Nicolas Sonnerat

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Des cigales au pôle Nord

Roman

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

© Lys Bleu Éditions – Nicolas Sonnerat

ISBN : 979-10-422-0834-9

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

 

 

 

 

 

Cette fois, c’est décidé, j’écris réellement un livre. Plusieurs morceaux d’écrit à droite à gauche, oubliés, disposés çà et là dans la maison, je ne les trouve même plus. Ce n’est pas gênant. C’est peut-être un peu dommage, car il y a des idées dans ces essais, il y a même des histoires non abouties bien sûr. Du coup, je ne dispose d’aucun plan, pas d’introduction, pas d’histoires présupposées, rien qui me tient, qui ressemble de près ou de loin à une trame. Voilà, me voilà livré à moi-même du coup à un presque inconnu… Alors dans ce désert, le plus simple et le plus naturel, je vais parler de moi, franchement je ne tourne pas autour du pot. Un livre que je retiens ou plutôt son titre : « Une vie » de Maupassant. S’appeler Maupassant, écrire un livre appelé « Une vie », c’est simple, ça concerne tous les êtres humains, car on a tous cette fameuse vie, on passe, elle est si importante. Elle est si dérisoire, elle est si fragile, elle est si précieuse et ridicule.

On passe, un grain de sable au bord d’une plage c’est moi au milieu de nous. Je me sens vis-à-vis de ma vie comme un rat de laboratoire, au début plus jeune, je sentais bien que les laborantins, les grandes personnes se délectaient des réactions de l’enfant, de l’adolescent, puis du jeune homme. À chaque expérience, ils notaient mes changements, ça devait les occuper, les distraire. Eh bien, aujourd’hui, je suis mon propre laborantin, comme quoi un rat monte en grade, ou un rat peut se regarder, s’observer pour prendre conscience qu’il s’est un peu fait balader, et que maintenant il peut peut-être lui-même faire le rythme, le crayon, c’est aussi ça. Un petit pouvoir de décision, car le mot qui va suivre… C’est bien celui que j’ai décidé de former, l’écriture n’est que le dessin de l’âme, ou plus. Je me suis accepté récemment comme terrain d’expérience, je ne suis que la matière concrète de l’homme sur lequel la vie va et a marqué ses effets et fait évoluer sa texture. C’est quoi sa texture, eh bien, je ne sais pas, ça fait bien, non c’est moche, nous ne sommes pas une texture.

Je suis différent, j’existe, j’ai des idées, j’ai des opinions, je ne suis pas un mouton, je n’aime pas imiter, je suis unique comme chacun de mes semblables, qui sont d’ailleurs uniques aussi donc ils ne sont pas semblables, je suis inimitable. Bref, je suis banal comme tout le monde ou je suis comme tout le monde, mais je ne suis pas banal. Vous voyez que comme vous, je suppose, je n’en sais pas plus. C’est quand même intéressant d’écrire un livre, ça peut rapporter, si mes phrases savent distraire, si l’œil ne quitte plus la ligne d’écriture et alimente le cerveau gourmand de sens, de sensations, de compréhensions, de formules et de bons mots, alors c’est gagné. Distraire, amuser, faire passer un instant, accompagner des esprits, et partager des sensations, c’est magnifique ! Et surtout gagner sa vie, pas plus, déjà gagner sa vie en écrivant, houa, ça doit être géant !

Un petit homme avec rien de particulier. Gros bébé quand même 4 kg 620, ah çà, je le sais, répété des dizaines et des dizaines de fois dans ma famille, à 10 mois, 10 kg, 10 dents, pas de cheveux, tout rond. Tomber dans les escaliers, coincer le nerf sciatique, marcher les jambes arquées avant que le nerf se décoince, on imagine le look d’un bébé tout rond chauve marchant comme un cowboy. Parmi les souvenirs que je ne peux avoir pour cause d’âge trop tendre bien entendu comme tout le monde, ma naissance, difficile du temps dans le passage, un martien tout bleu après de très longues heures, finit par sortir dans quel état exactement je ne sais pas, ni péridurale ni forceps. C’est d’un commun tout ça, bien au moins ça nous ressemble, on y est tous passé. On a tous fait au moins un col dans notre vie.

Pour moi, ce passage difficile m’a toujours un peu perturbé, car encore aujourd’hui, lorsque je me sens déphasé, que je ne sais plus, quand j’ai l’impression de ne plus rien comprendre, d’être à côté de la plaque, il m’arrive de me dire que je suis différent, eh bien alors, oui je suis différent et d’ailleurs unique aussi, je devrais me rassurer, et bien non pensez-vous, il m’arrive dans ces moments de me dire que je ne dois pas avoir les mêmes facultés que les gens qui me posent ces situations où je suis mal à l’aise. Alors là, la pensée maléfique est : « Je suis resté trop longtemps au passage et semi-étouffé, mon cerveau a manqué un peu d’air ce qui entraîne chez moi aujourd’hui des incapacités d’adaptation ». C’est con de penser ça, mais ça se tient non ?

J’ai eu une chance dans ma vie énorme. Rendez-vous compte, je suis en vie et j’écris librement ce soir, j’ai décidé d’écrire sans retenue et de ne même pas penser aux conséquences que ceci pourrait entraîner.

Oui donc de la chance, en effet, je suis né en France en Haute-Savoie à Annecy (la petite Venise), mes parents ont habité dans un petit immeuble charmant puis dans une maison avec jardinet au pied du mont Veyrier qui domine le lac, il y a pire pensez-vous. De la chance, une vaine incroyable par rapport à tous les possibles, ne pensez-vous pas ?

Est-ce que les gens naissent égaux en droit à l’endroit où ils naissent. Maxime le Forestier a bien chanté le hasard de naissance.

Si l’écriture est le dessin de l’âme, alors on peut penser que l’on parle de philosophie ou de littérature, mais parfois et historiquement, l’écriture est avant tout le dessin du ventre sous la forme de l’algèbre. Si j’écris, c’est bien que j’ai satisfait le premier besoin de l’homme, la nourriture bien sûr, comme vous savez. Je suis donc privilégié ou plutôt, j’ai le privilège d’écrire. C’est une chance qui a donc bien un peu démarré dès cette naissance parmi les naissances sur Annecy-le-Vieux.

Me semble-t-il que dans le numéro de sécu, il y a parmi tous ces chiffres un numéro qui correspond à l’ordre d’arrivée dans la totalité des nourrissons nés dans le mois. Pour moi, c’est décembre qui m’a accueilli, un gosse de l’hiver en Haute-Savoie. Dès le début, j’ai dû comprendre que les hivers seront marqués. Je ne m’en suis jamais plaint, j’ai toujours aimé l’hiver et encore aujourd’hui c’est une saison que j’accueille.

Si le sujet principal continue à être le sujet principal de ce livre, alors je réaliserai un truc assez intéressant puisqu’il sera de toute manière et en définitive un témoignage ou plutôt une trace pour mes proches, pour ceux qui continueront, pour les nouveaux, pour mes deux enfants par exemple. Ils diront : « tu as vu le vieux ce qu’il pensait en 2023 ». J’écris bien pour quelqu’un forcément, mais si en plus ça pouvait aussi me libérer donc me servir à quelque chose dans ma vie. Peut-être une vanité, une prétention suffisante pour imaginer laisser une trace sur la plage, un geste dans ce sable omniprésent, mais chaque jour, chaque nuit, la plage change d’apparence, sa surface est en perpétuel mouvement alors… C’est la vie. Mon château de sable donc est bien mon livre.