Désastre Humain - Yves Roumiguieres - E-Book

Désastre Humain E-Book

Yves Roumiguieres

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Beschreibung

Romain, un ancien militaire reconverti en archéologue, découvre un artéfact au sud du Pérou. De retour de son excursion, à l'Institut National de Recherches Archéologiques Préventives (INRAP) de Paris, sa découverte est sans appel. L'objet échappant totalement à la compréhension de l'archéologie moderne, ne coïncide avec aucun élément référencé dans le tableau périodique. Dès que son chef de projet l'exhorte à ne pas rendre publique la nouvelle, il prit en chasse par un groupe d'intervention.

Pourquoi un tel acharnement à le réduire au silence? Qu'a-t-il découvert de si important pour être l'ennemi public numéro un ? Romain riposte…


À PROPOS DE L'AUTEUR


Marié et père de trois enfants, Yves Roumiguieres est un passionné de cinéma depuis toujours. C'est ainsi qu'il se lance dans la littérature contemporaine et moderne avec l'envie de partager ses histoires propres, riches et atypiques, mêlant différents genres et époques. S'adonnant à tous les styles, sa plume spontanée et légère nous ouvre la porte d'un tout nouveau genre de roman, très imagé et rythmé, rivalisant avec les œuvres cinégraphiques actuelles, dont il est fan.

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Yves ROUMIGUIERES

Desastre humain

Nouvelle

Du même auteur

Hyrésie

Erétic, l’embrasement d’Hyrésie

Liberté d’Exister

Un vent de terreur

Cet ouvrage a été composé et imprimé en France par les

Éditions La Grande Vague

Site : www.editions-lagrandevague.fr

3 Allée des Coteaux, 64340 Boucau

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN broché : 978-2-38460-007-6

Dépôt légal : Mai 2022

Les Éditions La Grande Vague, 2022

Note de l’auteur

Désastre humain est un projet qui m’est venu naturellement durant notre premier et interminable confinement de 2020. Un confinement qui ne m’a rien évoqué d’autre qu’une tragédie humaine. Non pas à cause du virus qui s’étalait sur notre monde tel un nuage toxique à la Stephen King, mais à cause des décisions totalitaires prises par nos gouvernements respectifs qui ont fait plus de victimes que le virus lui-même, et dont nos représentants se congratulent avec arrogance d’avoir vaincu. Au profit de qui ?... Un virus survenu au moment où nos vies connaissent une recrudescence de violences de toutes sortes, la plus explosive depuis la seconde guerre mondiale. Mais où va-t-on ?

Alors, Désastre humain s’est affiché dans mon esprit telle une évidence, après un coup de téléphone où l’on me proposait de participer à un recueil de nouvelles. Mon esprit s’est alors emballé. J’ai écrit cette histoire en quinze jours seulement, avec ferveur. Mon but, dès le départ, était d’offrir un spectacle singulier, ultra rythmé, et d’infliger une gifle à la personne qui le lira. L’histoire s’appuie sur une théorie réelle que beaucoup de scientifiques réfutent, avec la même arrogance dont ont fait preuve nos dirigeants face à la crise, en prétextant ne pouvoir dater certains monuments et artéfacts pour différentes raisons, s’interdisant ainsi de croire qu’il y a une autre possibilité. Croire à une improbable vérité. Mais, si l’histoire de l’humanité résidait justement dans ces artéfacts, pièces ou monuments du passé ensevelis par les océans, passerait-on à côté de nos origines ? Pire encore, veut-on vraiment le savoir ? Aurait-on peur d’une vérité qu’on ne connaît pas, ou peut-être qu’on connait déjà ?

En 1994, le réalisateur Roland Emmerich avait déjà soulevé une théorie avec son film Stargate. Une théorie qui tenait la route et qui, par la même occasion, mettait le doigt sur certaines zones d’ombre pertinentes de notre histoire. Un projet de plusieurs films, très vite transformé en série de science-fiction, qui balaya sa réflexion de départ au gré de l’aventure. Dommage ! Même si la série est de bonne qualité.

Alors, complot ou pas ? Je laisse le choix à chacun d’entre vous de se faire son propre avis. Néanmoins, j’espère que cette histoire vous plaira autant que j’ai pris plaisir à l’écrire et qu’elle vous fera vibrer autant que j’ai vibré en l’imaginant. Bien sûr, un grand merci à mon épouse Natali d’avoir avalisé la première ébauche de mon histoire, sûrement la lectrice la plus difficile à convaincre. Également à ma correctrice Elisabeth Daidone pour son travail, à Yann Giry du bureau d’études archéologique Éveha pour ses conseils avisés, à Maïder Caussarieux pour son objectivité et à Ursula Nalfe (blogueuse) pour son retour constructif. Merci à tous !

Bonne lecture !

Toute ressemblance avec des personnages fictifs, des personnes ou évènements existants ou ayant existé est purement fortuite.

1

En choisissant de quitter l’armée pour l’archéologie, Romain n’aurait jamais imaginé se retrouver un jour dans ce genre de situation. Être obligé de se battre pour sa survie, mais plus encore, pour celle de l’humanité. En dix-neuf ans de carrière, une seule fois, il avait connu un engagement aussi tendu, il y avait de ça dix ans en Afrique. Seulement, à cette époque, les renforts étaient en chemin, contrairement à ce soir-là, où personne ne viendrait les secourir. Ils étaient seuls contre cette armada.

Les coups de feu et des petites explosions claquaient dans la nuit. Une grêle de balles déferlait sur la maison où ils s’étaient retranchés, faisant pleuvoir de la poussière et du plâtre au-dessus de sa tête. Sous le déluge assourdissant, Julie était prostrée sous les escaliers en bois, les genoux remontés contre la poitrine. Terrorisée, elle pleurait pendant que le plomb des fusils crépitait sur la demeure de son ami, telle une violente tempête. Les portes et les volets en bois, déchiquetés, claquaient contre les encadrements. Presque toutes les vitres de la façade étaient tombées. Les balles sifflaient et se plantaient dans les murs.

C’était une vieille demeure, bâtie au milieu d’un découvert découpé par une falaise abrupte qui se jetait dans la Manche. Les murs étaient délavés, mais en bon état, les parquets bien entretenus étaient recouverts d’une fine couche de poussière grise. Et le mobilier était habillé de draps blancs, prouvant l’absence de toute âme.

Leurs assaillants étaient dix fois plus nombreux qu’eux, Romain, dissimulé contre une colonne en briques, avait tiré un poêle en fonte sous la fenêtre, afin de se protéger des balles. Il épaula le fusil d’assaut qu’il venait de soustraire à un de ses adversaires après lui avoir sectionné la carotide, et jeta un œil à travers les volets en bois à moitié détruits. La nuit opaque lui conférait une maigre vision. Mais par le flash de leurs canons, il était en mesure de localiser l’emplacement de certains des assaillants occultés derrière les buissons, la clôture ou les arbres.

Il éleva son arme, visa un des éclairs et tira deux coups à travers les branchages. Les douilles fumantes volèrent dans la pièce et rebondirent sur le tapis. Aucune riposte, la cible avait été traitée. Puis il passa à une autre, dont il distinguait les contours du haut du casque. Il abaissa sa ligne de mire d’un millimètre, et tira. Le casque disparut, une balle avait suffi. Et il passa à une autre.

Eux aussi l’avaient sous-estimé. La tête baissée derrière la portière du véhicule d’intervention, Philippe voyait ses hommes tomber comme des mouches, et le trinôme de reconnaissance qu’il avait envoyé dans la maison n’avait pas donné signe de vie depuis plus de cinq minutes.

Pourtant, la mission de départ était des plus simples, une récupération d’objet et de données standard. Mais elle s’était subitement transformée en une cabale meurtrière qui avait coûté la vie à bon nombre de ses hommes, et qui maintenant, devait se conclure par l’élimination des deux assaillants. Et pas n’importe lesquels…

Une balle ricocha contre la portière dans une pluie d’étincelles à côté de son œil gauche. Philippe se coucha. Un phare explosa.

⸺ Il est fort le type ! railla-t-il.

En découvrant cette petite maison, Philippe avait pensé que ses adversaires avaient commis leur dernière erreur : retranchés dans l’impasse, ils ne pouvaient fuir. Ainsi, l’étau se resserrait enfin sur eux. Sauf que le terrain environnant était loin de jouer en sa faveur. Le large découvert et la falaise ne permettaient pas le déploiement de ses hommes sans en faire des cibles, le limitant à une intervention frontale.

Il s’infiltra dans la voiture, tête baissée, et agrippa le micro de la radio.

⸺ J’ai besoin de renforts !

De son côté, Romain poursuivait les tirs. Il se savait en position de force, mais cela n’allait durer qu’un temps. Les trois hommes qu’il avait neutralisés lui avaient fourni assez d’armes et de munitions pour tenir un bon moment, et ainsi faire douter ses ennemis. Et c’est grâce à ce doute qu’ils allaient s’en sortir, lui et Julie. Quelques minutes d’incertitude qui leur octroieraient le répit nécessaire pour disparaître. Le cas échéant, il serait obligé de se servir de cet objet qui avait déjà fait tant de morts.

Il plaça son vieux sac à dos entre ses jambes. Une vieille pointe dorée s’en échappa en cognant le parquet.

2

Paris, quelques jours plus tôt.

Institut National de Recherches Archéologiques Préventives, (INRAP).

Seul dans le laboratoire, Romain était équipé d’une blouse, d’un masque, de lunettes de protection, d’une charlotte sur la tête et d’une paire de gants. La salle était d’un blanc immaculé. Les instruments et ustensiles étaient correctement alignés sur les étagères et les appareils brillaient presque autant que les murs.

Romain déposa délicatement le bloc de terre dans un réceptacle en plastique, des ossements humains fossilisés y étaient incrustés. Plus précisément, les phalanges d’une main d’une taille inhabituellement grande, et la partie d’un crâne où on apercevait le trou du sinistre globe oculaire. Équipé de son petit souffleur, il déblaya précautionneusement la pointe de la flèche de la fine couche de terre sèche qui la protégeait, tout en se demandant… D’où peut-elle provenir ?

À l’ouverture du projet, Romain avait sorti plusieurs rapports faisant état d’un premier site de fouille monté dix ans auparavant, en amont du sien. Une équipe de géomorphologues avait étudié la roche afin d’en établir la genèse de sa formation, lui permettant de reconstituer un paysage et le tracé du lit d’une rivière. Une rivière qui, environ trente-cinq mille ans plus tôt, était plus haute et était redescendue avant de s’assécher. Ce même lit où ils avaient ouvert leur site duquel ils avaient extrait ce mystérieux bloc.

La première analyse avait révélé que le matériau dans lequel avait été forgé l’objet, semblable à de l’or, était inconnu du tableau périodique des éléments. En termes scientifiques, cette flèche n’était donc pas considérée de nature terrestre. Elle était d’origine extraterrestre, et non de la vallée de la rivière Chillon au Pérou d’où avait été extrait l’objet.

L’imprimante émit un bip, un document en sortit telle une langue de papier. Il poussa des pieds son tabouret à roulettes et s’approcha de l’ordinateur en retirant un gant. Il prit la feuille entre ses doigts, puis analysa la courbe d'étalonnage imprimée dessus.

Cela faisait trois fois qu’il refaisait les tests, et à chaque fois les résultats ne rentraient pas dans ses barèmes de datation. Il essaya plusieurs méthodes dont le carbone quatorze et la dendrochronologie. Mais les conclusions restaient édifiantes, surréalistes même.

⸺ Ce n’est pas possible, murmura-t-il abasourdi.

Il décida d’envoyer un mail à l’institut archéologique du professeur Yann Giry, surnommé « Lamie Cause » dans le milieu scientifique, qui avait établi les premiers rapports lors de la première fouille. Dix minutes plus tard tout au plus, un coup de téléphone le tira de ses songes.

⸺ Romain, à l’appareil. Oui, bonjour professeur Giry… Je vous ai écrit au sujet d’une confirmation de données concernant le site de la vallée de la rivière Chillon au Pérou. Votre rapport indique que la terre extraite du lit de la rivière dix kilomètres en amont de mon site date d’il y a environ trente-cinq mille ans. Je souhaiterais avoir confirmation, me rassurer sur le fait qu’il n’y a pas d’erreur sur le dossier. Oui, j’ai besoin d’une réponse précise à cette question. J’attends, aucun souci…

Romain fixait le bloc de terre avec attention. Cinq minutes plus tard, le professeur revint au bout du fil.

⸺ Je suis toujours là, oui. Donc vous me confirmez bien la datation… Non, pour rien, fit Romain sans quitter les ossements des yeux. Merci encore et pardonnez-moi de vous avoir dérangé.

Il raccrocha. Sa poitrine était serrée. Que venait-il de découvrir ? Il s’empressa de se déséquiper, révélant une barbe d’une semaine, et déposa ses affaires sur la table. Il compara la datation obtenue des ossements, de la terre, et celle de la flèche. À première vue, rien ne les reliait. Mais si on considérait que les trois éléments venaient du même endroit et que la rivière les avait juste poussés en aval ? Il lui fallut un moment pour digérer sa conclusion. Une conclusion qui lui était indubitable. Il avait du mal à croire ce qu’il avait devant les yeux, mais les preuves scientifiques étaient là, irréfutables et inscrites noir sur blanc. L’excitation lui resserra le corps. Il eut soudainement envie de rire et de pleurer en même temps. Toutefois, il devait se ressaisir et ne pas se laisser déconcentrer. Maintenant, il devait rendre les résultats officiels de ses recherches, et ça, c’était une autre paire de manches.

Il se rassit, saisit sa paire de lunettes et rédigea son rapport sur l’ordinateur. Le tapotement de ses doigts sur le clavier brisait le silence tel un chuchotement et résonna dans la salle pendant des heures. Le broc de la machine à café à moitié rempli se vida à mesure que le temps passait. Romain se releva juste pour refaire quelques photos supplémentaires qu’il imprima, puis il reprit sa rédaction.

Une fois le point final mis, il releva la tête et s’appuya contre le dossier de sa chaise en soupirant. De l’autre côté, une grande baie vitrée renvoyait son reflet. Il avait les traits tirés, traduisant la fatigue accumulée de ces dernières semaines. Et quelles semaines ! Depuis son retour du Pérou, il n’avait quasiment pas dormi. L’excitation à son paroxysme l’en avait empêché. C’était un mal pour un bien, se disait-il. Car cette découverte allait bouleverser le monde scientifique et remettre en question l’histoire de l’humanité tout entière. Et son nom y serait associé, ancré dans l’histoire.

Romain ne cherchait pas la gloire, encore moins la célébrité. Mais le fait qu’il puisse être associé à une des plus grandes découvertes de l’humanité était une aventure incroyable que très peu d’élus pouvaient se vanter d’avoir vécue, comme Louis Armstrong, Christophe Colomb, Albert Einstein, Robert Oppenheimer, ou encore Marie Curie et tant d’autres. De grands aventuriers et de grands scientifiques, grâce à qui l’homme avait pu évoluer et se situer dans l’univers. Et bientôt, son nom figurerait parmi ces illustres.

Il se frotta le visage comme pour se réveiller et se leva. Il entreposa le réceptacle hermétiquement fermé dans un placard, à l’abri de la lumière. Avant d’éteindre l’ordinateur, il déroula le câble de son téléphone et y transféra les fichiers. Puis il se lava les mains et quitta le laboratoire, le dossier sous le bras.

Il était dix-sept heures à sa montre quand il arpenta les couloirs de l’institut en direction du bureau de son chef de projet, où il entra sans frapper, excité.

⸺ Hervé ! J’ai fait une découverte…

Surpris, celui-ci sursauta sur son fauteuil.

⸺ Tu pourrais au moins frapper avant d’entrer !
⸺ Euh, oui…, désolé, fit Romain penaud en se retournant vers la porte d’entrée.

L’homme aux cheveux gris et au ventre proéminent posa son stylo et se leva.

⸺ J’ai failli faire une crise cardiaque, dit-il en reprenant son souffle. Que fais-tu encore là ? Va te reposer !
⸺ Je sais, je sais, mais je ne pouvais pas fermer l’œil avant d’avoir confirmé quelque chose.

En voyant le visage impatient de son collaborateur, il lui fit signe de s’assoir.

⸺ Donc tu as fait une découverte, Romain ?
⸺ Tu m’excuseras si je reste debout, j’ai passé des heures assis. Eh oui Hervé, j’ai fait une putain de découverte !
⸺ Comme il te plaira. Je vais me servir un verre, t’en veux un ?
⸺ Par contre, je ne dirai pas non.

Hervé fit le tour de son bureau et se dirigea vers un petit bar dans le coin de la pièce, où de derrière, il sortit une bouteille de bourbon et deux verres.

⸺ Raconte-moi, dit-il en les remplissant.
⸺ Ok, regarde plutôt par toi-même, rétorqua Romain en lui posant le dossier sous le nez.

En échange, Hervé lui tendit le verre, remonta ses lunettes, plissa ses petits yeux et potassa le rapport.

⸺ Alors, voyons ça…

Il parcourut la première page, puis la seconde, puis la troisième... Les muscles de son visage se détendirent et sa figure changea d’expression. Il tourna la quatrième page et tomba sur la photo d’un morceau de la main, où ses mesures étaient inscrites, puis sur celle du crâne. Ensuite vint ce fameux artéfact, la flèche. Son teint pâlit.