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Parcourez l'histoire du porno sous une forme inédite !
Née de la libération des mœurs au début des années soixante-dix, l’industrie du cinéma pornographique et érotique connaît son essor grâce à la télévision et à Internet. Si elle permet à beaucoup de fantasmer, les films pornographiques, leurs interprètes, leurs scénarios, leurs publics, leurs titres et, pire encore, les scènes délicates qu’ils exposent, sont souvent plus que désolants. Sous forme de dictionnaire, Marc Lemonier présente dans cet ouvrage le meilleur du pire d’une forme taboue de l’art : Qui a pu laisser croire aux starlettes du cinéma pornographique qu’elles pouvaient sans vergogne emprunter le nom de véritables actrices vedettes pour se composer des pseudonymes prestigieux ? Pourquoi désignait-on à Paris, sous le terrible nom « d’Enfer », ce qui n’était tout au plus qu’un placard contenant des ouvrages libertins ? Quitte à fantasmer sur une actrice, pourquoi pas Garbo ? Que nous apprennent les comédies familiales sur l’acceptation parentale de l’épilation intégrale du pubis de leurs filles ? Pourquoi faudrait-il forcément désigner le sexe féminin en employant ces dizaines de noms grossiers toujours imaginés par des hommes ?
Ce dictionnaire du cinéma pornographique vous fera découvrir le meilleur comme le pire de cette industrie tout en assouvissant votre curiosité grâce aux détails et aux anecdotes les plus surprenants !
EXTRAIT
Les Hot d’Or
… Récompenses bien méritées
La revue française
Hot Vidéo a organisé à partir de 1992 et pendant quelques années une cérémonie de remise de prix venant récompenser les meilleurs films et les meilleures prestations d’acteurs ou d’actrices de films X. La cérémonie se déroulait durant le Festival de Cannes, ce qui apportait un peu de glamour supplémentaire à la manifestation.
Tabatha Cash, Coralie Trinh Thi, Katsuni ou Laure Sainclair ont été sacrées meilleures actrices françaises, Sebastian Barrio ou Christopher Clark meilleurs acteurs français, Rocco Siffredi a évidemment eu sa part de récompenses. Les stars des débuts du X, Alban Ceray ou Richard Allan ont reçu des
Hot d’or d’honneur, tout comme Ovidie…
La cérémonie était l’occasion de découvrir les goûts vestimentaires d’actrices que l’on ne connaissait d’ordinaire que nues et donc, de souhaiter rapidement qu’elles se déshabillent à nouveau.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Marc Lemonier est né le 19 septembre 1955 à Lyon. Animateur de radio, journaliste, il est l'auteur d'une soixantaine de livres consacrés à l'Histoire de la ville de Paris, au langage populaire, au cinéma des années 1950 et 1960 et à l'Histoire de l'érotisme. Dans ce dernier domaine, il a publié
Secrets de maisons closes,
Guide du Paris Libertin et
Liberté Égalité Sexualité – révolution sexuelle en France, aux Éditions de la Musardine, ainsi que
Histoires de seins, aux Éditions Jourdan. Marc Lemonier est directeur de collection aux Éditions La Musardine.
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Seitenzahl: 202
Veröffentlichungsjahr: 2019
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© Éditions Jourdan
Paris
http://www.editionsjourdan.com
Les Éditions Jourdan sont sur Facebook. Venez dialoguer avec nos auteurs, visionner leurs vidéos et partager vos impressions de lecture.
ISBN : 978-2-39009-348-0 – EAN : 9782390093480
Toute reproduction ou adaptation d’un extrait quelconque de ce livre par quelque procédé que ce soit, et notamment par photocopie ou microfilm, est interdite sans autorisation écrite de l’éditeur.
Marc Lemonier
Dictionnaire désolant du cinéma X
« Il faut qu’un sexe soit ouvert ou fermé. »
Extrait du dialogue du film Exhibitionde Jean-François Davy en 1975
Rien n’est parfait en ce monde incertain.
Les plus belles médailles ont leur revers hideux ou simplement ridicule et c’est bien désolant. Désolant de constater que les grands mariages s’achèvent parfois par un divorce, que Waterloo succède à Austerlitz, que les jeunes premiers deviennent au mieux de vieilles gloires, au pire des has been, que la beauté n’a qu’un temps, que les personnages les plus élégants ont leurs petits ridicules et qu’il pleut parfois pendant les vacances.
La vie est désolante.
Alors, pourquoi faudrait-il que le cinéma érotique et la pornographie échappent à cette règle immémoriale ? D’autant qu’à y bien regarder, ce sont des domaines qui prêtent assez facilement le flanc au ridicule et donc à la désolation de l’observateur atterré. Telle scène, tel dialogue, telle image, considérée comme intensément érotique par l’un, sera grotesque au regard de l’autre. Pire encore, certains aspects de cet étonnant genre cinématographique, qui en quelques décennies est devenu une industrie, sont déconcertants, voire terrifiants.
Voici de nombreux exemples étayant cette affirmation. Les films pornographiques, leurs interprètes, leurs scénarios, leurs publics, voire leurs titres et, pire encore, les scènes délicates qu’ils exposent à la vue du public sont souvent désolants. Nous avons exploré les petits secrets et les travers de ce monde étrange, né de la libération sexuelle du début des années 70 avant de conquérir les écrans des cinémas puis des ordinateurs. Il est bien difficile aujourd’hui d’échapper à la pornographie, autant alors l’affronter et en rire un peu et parfois s’indigner de la manière dont sont traitées ses actrices.
Que votre pudeur n’en soit pas froissée, nous allons évoquer des situations bien scabreuses, en employant parfois un vocabulaire bien vulgaire. Sachez que vous lirez des mots que d’ordinaire vous n’osez pas prononcer et que, bien souvent, vous en découvrirez de nouveaux, décrivant des pratiques que vous n’osiez pas imaginer, mais nos intentions sont pures…
Nous voulons vous démontrer, nombreux exemples à l’appui, que l’univers de la pornographie mérite qu’on l’observe en tentant de découvrir ce qu’il a de cocasse, de surprenant.
Et de désolant.
A
Acteurs de films X
… En bonne santé
Le seul talent que l’on demandait aux premiers acteurs de films pornographiques était d’ordre — disons — quantitatif. Ils devaient avoir un sexe de bonne taille et le maintenir longtemps en érection… Et puis, c’est tout. Comme l’écrivait un site spécialisé dans le monde de la santé : « Ils sont choisis uniquement pour ça. Malheureusement, cet aspect bassement quantitatif traumatise beaucoup d’hommes et d’adolescents qui, par comparaison, se trouvent subitement fort mal outillés pour l’amour ».
Les premiers acteurs furent recrutés selon ces critères particuliers, après avoir été remarqués dans des soirées privées ou lors de shooting de photos érotiques. Les hommes venaient quasiment toujours de ces milieux, après avoir eu des ébauches de carrières professionnelles insatisfaisantes. Les premières vedettes masculines du genre, Richard Allan et Alban Ceray, suivirent à peu près ce parcours, Richard alias « Queue de béton » participait à des romans-photos érotiques tandis qu’Alban figurait sur la scène de spectacle « live ». Ces deux jeunes gens avaient en commun une absence totale d’inhibition leur permettant d’assurer le service qu’on attendait d’eux en toute circonstance.
Accessoirement, il ne leur était pas demandé d’être beaux garçons. Le hardeur américain Ron Jeremy, avec son physique de tueur à gages de la mafia calabraise, moustachu et trop bien nourri, n’était pas un Adonis. Le français Dominique Aveline, son quasi-sosie, n’était pas non plus un grand prix de beauté, mais tous deux collectionnaient les conquêtes à l’écran.
Ils avaient, en effet, les qualités indispensables à la réussite dans ce métier particulier.
Actrices
… Toujours nues !
C’est ainsi, dans l’univers de l’érotisme, on ne retient de la carrière de certaines actrices que quelques scènes de nudité.
Et nous ne parlons pas ici des « hardeuses », pour la plupart comédiennes de hasard, principalement choisies pour leur absence d’inhibition et leur plastique, que pour la qualité de leur jeu, mais bien de jeunes femmes, sorties des conservatoires et des cours de comédie, ayant tourné de nombreux films prestigieux…
La première femme nue apparue sur l’écran — autre que pornographique et clandestin — serait Annette Kellerman en 1915 dans Daughter of the Gods (La fille des dieux). On voyait surtout sa hanche, superbe, jaillissant d’une sorte de péplum. Plus tard, la sculpturale Hedy Lamarr se baigna nue dans le célèbre Ecstasy en 1933. La jeune femme à la beauté indéniable, dont on affirme qu’elle servit de modèle à la Blanche-Neige de Disney, démontra par la suite la multiplicité de ses talents, se vouant autant au cinéma qu’à la science, en créant des systèmes précurseurs en matière d’électronique. Il n’empêche, on ne l’imagine que nue dans l’eau ou mimant l’extase dans ce film qui resta pourtant bien longtemps invisible.
En France, Arletty, dans une scène coupée au montage du Jour se lève, ou Edwige Feuillère se baignant nue dans Lucrèce Borgia en 1935, furent des pionnières en la matière. Au début des années 60, Bertolucci dans Blow Up montra pour la première fois le pubis féminin à l’écran, celui de Jane Birkin. Au risque de tomber dans le travers désolant que nous dénoncions, citons encore quelques nudités remarquables qui marquèrent l’Histoire de la cinéphilie grivoise :
Isabelle Adjani dans L’Été meurtrier de Jean Becker,
Sophie Marceau dans L’Amour braque de Żuławski et sur les marches du Palais des Festivals à Cannes,
Emmanuelle Béart dans Manon des Sources et — surtout — La Belle Noiseuse,
Jane Birkin dans Je t’aime moi non plus de Serge Gainsbourg,
Christine Boisson dans Emmanuelle — elle se masturbait devant la photo de Paul Newman,
Béatrice Dalle dans 37,2 le matin, faisant l’amour avec Jean-Luc Anglade,
Nicole Garcia dans Péril en la demeure de Michel Deville,
Marie Trintignant dans Nuit d’été en ville avec Jean-Luc Anglade tout aussi nu,
Nathalie Baye dans La Balance de Bob Swaim,
Arielle Dombasle dans Pauline à la plage et les Fruits de la passion,
Ludivine Sagnier sublimement nue dans les films de François Ozon,
Miou Miou dans les Valseuses avec Patrick Dewaere et Gérard Depardieu tout aussi nus,
Claire Nebout sculpturale dans Vénus Beauté (Institut),
Eva Green magnifique dans Innocents de Bernardo Bertolucci…
Aujourd’hui, la recherche d’images empruntées à des films présentant la nudité de comédiennes plus ou moins connues est un véritable sous-genre de l’érotisme sur Internet. Bizarrement, les actrices y sont répertoriées dans l’ordre alphabétique de leurs prénoms, ce qui participe davantage encore à leur déshumanisation. Pour parachever leur renvoi au rang d’objet à contempler, leurs prestations et les images qui les montrent sont classées en catégories correspondant aux parties du corps qu’elles dévoilent, seins, fesses, sexe, voire ébauche de copulation...
Actrices de film X
… Stars d’un jour
Au premier temps du cinéma pornographique, les jeunes femmes qui s’exposèrent aux regards en toute inconscience étaient recrutées dans deux grands viviers fréquentés par les cinéastes et les producteurs : le monde de la photo de charme et l’univers libertin, alors clandestin. Brigitte Lahaie fréquentait les partouzes où le « Tout-Paris » s’amusait sans culotte, tandis que ses consœurs faisaient leurs débuts en posant nues ici ou là.
Plus surprenant, Lucien Hustaix réalisateur de la Jouisseuse en juin 1974, affirmait avoir trouvé certaines de ses actrices à l’Agence Nationale pour l’Emploi. Elles devaient être consciencieuses et crédibles puisque ce petit film réunit 103 000 spectateurs à Lille et plus de 46 000 à Toulon.
Par la suite, la profession s’étoffa, attirant comme un miroir aux alouettes, un grand nombre de jeunes écervelées qui voyaient là l’occasion de gagner un peu d’argent facile tout en passant du bon temps. La plupart des jeunes actrices de la préhistoire du X pensaient, à juste titre alors, que figurer dans l’un de ces films n’avait pas beaucoup d’importance, tant qu’ils étaient diffusés dans le réseau limité des salles spécialisées. Tout au plus, risquaient-elles de voir leurs pseudonymes étalés dans les recensions de leurs œuvres par les critiques de cinéma qui faisaient alors très consciencieusement leur travail en allant voir tous les films… Le réalisateur Gérard Kikoine raconta pour le magazine Vice : « Je bossais avec une génération d’hédonistes post-68, déconneurs, qui aimaient se montrer. Et qui adoraient le cul. Brigitte Lahaie avait de quoi vivre ; elle venait juste pour rire et s’éclater. Beaucoup de mes égéries tournaient par plaisir. Pas par besoin. En soirée, ceux qui le souhaitaient partouzaient ; mais en journée, on travaillait ». Tout cela restait bon enfant, les filles s’amusaient.
C’était compter sans l’apparition des cassettes vidéo puis de la diffusion ultérieure du X sur des chaînes payantes et câblées et enfin, leur reprise sur les plates-formes de lecture en ligne. Telle jeune fille, reconvertie dans l’enseignement ou le commerce, qui avait tourné quelques films durant des périodes de vaches maigres, voyait ses exploits sodomites diffusés sur Canal + quelques années plus tard, pour la plus grande stupéfaction de ses nouveaux collègues.
Certaines stars, comme la chanteuse Catherine Ringer, affrontèrent crânement la situation, d’autres ne s’en remirent jamais tout à fait.
Adolescentes
… Toujours perverses
Le cinéma pornographique des années 70 usait et abusait de l’image trouble de la sexualité des adolescentes. Il va sans dire qu’elles n’étaient incarnées à l’écran que par des comédiennes majeures et vaccinées — contre le ridicule en particulier — choisies pour leur joli minois et leurs frêles silhouettes d’adolescentes. L’omniprésente Marilyn Jess, allias Patinette, qui débuta dans Collégiennes à tout faire de Georges Clair, commença à tourner à 19 ans. En revanche, les producteurs américains se révélèrent moins attentifs à l’âge réel de leurs jeunes actrices : la comédienne Tracy Lords débuta dans What gets me hot ! alors qu’elle n’avait que 16 ans.
Les très jeunes filles de cinéma, interprétant des lycéennes délurées, avaient donc la vingtaine bien sonnée. Les adolescentes au pensionnat de Gérard Gregory présentait ainsi Jean-Pierre Armand aux prises avec de jeunes élèves occupées, entre autres activités, à mimer des fellations avec le cuisinier de l’établissement. Les Adolescentes perverses ou Les Adolescentes à dépuceler de John Love occupaient les écrans cette même année 1980. Au même titre que Plaisirs sexuels au pensionnat, Orgie adolescente, Les jeunes jouisseuses, Rapport intime au collège des filles, Les petites pensionnaires, Ce que les étudiantes ne racontent pas, Collégiennes à tout faire, Lycéennes perverses…
Déculottez-vous mesdemoiselles de Jim Clark présentait une image plus radicale de la perversité supposée des adolescentes avec l’histoire d’un pensionnat victime des agissements de l’huissier maître Aprèsdieu (sic). Pour éviter la saisie, le directeur de l’établissement, apparemment sans trop avoir à insister, réussissait à convaincre ses pensionnaires de vendre leurs charmes entre deux cours de math.
Adultère
… Prétexte à récits grivois
Ne sachant plus quoi inventer pour justifier l’existence même du couple — le vrai, le permanent, celui qui ne se défait pas au petit matin après une nuit de sexe débridé — certains auteurs ont qualifié « d’érotisme conjugal » la pratique consistant à ne faire l’amour qu’avec son conjoint légitime. La formule « devoir conjugal » semblant en effet totalement tuer l’amour, en particulier si cela doit nourrir la trame d’un film érotique. Au début de « l’âge d’or du porno », l’adultère et sa justification par l’ennui, étaient présentés dans les premières minutes des films comme une sorte de préalable à toutes les galipettes qui allaient suivre.
La fidélité a, il est vrai, toujours été considérée comme la manière la plus certaine de s’ennuyer au lit. « La fidélité en amour, ce n’est que la paresse du désir », écrivait le poète Henri de Régnier. Malheureux, que n’avait-il pas dit là ! Sa jeune épouse, Marie de Heredia, le trompa gaillardement avec son ami Pierre Louÿs, érotomane et pornographe, qui devait connaître des trucs pour la distraire de sa paresse. Elle confirmait ainsi l’opinion de l’acteur WC. Fields qui disait : « Tu ne commettras pas l’adultère, à moins d’en avoir envie ». Il s’est trouvé quelques hommes, sans doute trop respectueux de l’institution du mariage, préférant être trompés plutôt que tromper eux-mêmes, pour des raisons qui ne regardent que leurs consciences. « Il vaut mieux être cocu que ministre. Ça dure plus longtemps et l’on n’est pas obligé d’assister aux séances », affirmait l’écrivain et chansonnier Léo Campion… Tandis que dans Elles et toi, Sacha Guitry constatait : « N’est pas cocu qui veut. Et nous ne devons épouser que de très jolies femmes si nous voulons qu’un jour on nous en délivre ». Ces beaux messieurs, dès qu’ils étaient trompés, se sentaient en droit d’aller folâtrer ailleurs.
Oui, tout cela ne plaide pas pour le respect de l’institution du mariage, ce qu’évidemment nous déplorons. Pendant quelques décennies à la fin du XIXe siècle, les vaudevilles de Feydeau ont largement permis à des metteurs en scène inventifs d’exhiber sur scène de jeunes comédiennes en tenues de nuit, corsets, chemises et pantalons de dentelle, ce qui était le comble de l’indécence.
Depuis, l’adultère a été l’un des fondements scénaristiques des films pornographiques de l’âge d’or du cinéma X. Une jeune femme trompe son mari, qui au bout du compte finit par l’imiter… Comme l’héroïne du bien nommé Furies pornos de Henry Paris en 1974, dont un détective privé filme les ébats adultères, ou Infidélités de Jean-François Davy, l’un des premiers films pornographiques français.
Celui-ci, dès 1975, fixait les règles du genre : dans l’univers du X, les hommes et les femmes mariés font souvent l’amour à l’écran, mais quasiment jamais avec leur conjoint officiel…
Amateurs
… Chair à canon du porno « pro-am »
Bientôt, les films pornographiques apparurent un peu fades, trop bien mis en scène, peu crédibles, interprétés à l’évidence par des professionnels — toujours les mêmes — manquant de sincérité dans leurs ébats. Les producteurs proposèrent donc au public des films joués par des « amateurs », en affirmant que leurs ébats avaient été tournés dans l’intimité et presque clandestinement. Le genre « pro-am » — films amateurs tournés avec des moyens professionnels — se spécialisa dans la diffusion de films interprétés par des femmes ou des couples exhibitionnistes qui se donnaient en spectacle. L’un des précurseurs du genre, Laetitia Video, profitait des tournages de la série « Intimité violée par une femme » pour repérer de futurs acteurs professionnels, une quête couronnée de succès puisque c’est ainsi qu’elle remarqua un dénommé Rocco Siffredi. Ces films, produits en DVD, comme ceux d’une dénommée Sabrina Ricci, apparaissent aussi comme de petits documents sociologiques. Avant de passer à l’action, l’environnent géographique du couple, tout comme leur personnalité, sont présentés au public qui attend surtout qu’il se déshabille et fasse l’amour, tandis que la réalisatrice commente leurs ébats en voix off…
Tout cela appartient à une époque révolue. Aujourd’hui, des centaines de milliers de films disponibles sur les plateformes de diffusion présentent pour la plupart des couples « d’amateurs », qui n’ont même plus, comme au temps du cinéma pornographique en K7 ou en DVD, l’obligation d’être jolis à regarder.
En France, un faux couple poursuit l’aventure, les étranges Jacquie et Michel, créateurs d’une société de diffusion de films tournés uniquement avec des acteurs amateurs. On s’amuse des frasques de jeunes femmes entreprenantes qui se livrent aux pires folies sous l’œil de la caméra. Pourtant, cette entreprise, imaginée par un instituteur inventif, n’a pas que des aspects bon-enfant. Une dénommée Chloé raconte par exemple son martyr après avoir tourné une vidéo aussitôt mise en ligne. Les abominations commencent : « Ils m’avaient nommée avec un prénom très proche du mien et avaient cité ma ville. Ça s’est vite su, parce qu’il y a eu un million de vues en une semaine. Résultat, je me suis fait virer de mon travail, je me faisais insulter dans la rue, on me traitait de pute. Plus de 200 hommes m’ont envoyé la photo de leur pénis sur les réseaux sociaux, j’étais paumée, salie, niée et condamnée à rester cette femme qu’on humilie ».
Il ne fait pas toujours bon être « amateur » dans l’univers particulier de la pornographie.
Asian
… Les filles faciles
Les plateformes diffusant par milliers des petits films pornographiques désignent leur contenu par des mots définissant l’aspect physique des actrices — et bien plus rarement des acteurs, seulement identifiés parfois à la taille hors-norme de leur sexe. La catégorie « asian » se nourrit de films exclusivement « amateurs » présentant de jeunes femmes d’Asie du Sud-est, de la Thaïlande aux Philippines, en passant plus rarement par le Vietnam. Le Japon, seul pays du continent ayant une industrie quasiment légale du X, y tient une place particulière avec la présence d’un grand nombre de films tournés par des professionnels.
Il n’y aurait rien de plus à redire sur toutes ces images apparemment tournées par de jeunes femmes consentantes, si la catégorie « asian » n’ouvrait pas à une surreprésentation de relations sexuelles entre de très jeunes filles thaïes ou philippines et des Occidentaux, aux visages généralement dissimulés. Tout cela ressemble terriblement à des souvenirs de vacances et, à bien des égards, à une incitation au tourisme sexuel.
Autodafé
… Brûlons cette scandaleuse Essayeuse !
Le cinéma X a le douloureux privilège d’avoir connu en France un châtiment quasiment médiéval — ou nazi — réservé naguère aux livres impies ou aux sorcières : la destruction par le feu. Le film L’Essayeuse, réalisé par Serge Korber, transfuge du cinéma « classique », au début de l’année 1975, connaît un assez beau succès, réunissant en quelques mois près de 400 000 spectateurs.
Ce qui amène les associations familiales catholiques à s’intéresser à son sort. Elles décident d’attaquer le film devant les tribunaux, passant outre le fait qu’il avait été autorisé par une « commission de contrôle » dont elles ne reconnaissent pas l’autorité. La Brigade des stupéfiants et du proxénétisme est saisie de la plainte et va interroger les participants à cette œuvre. Les policiers demandent ainsi au comédien Richard Allan, alias « Queue de béton » s’il savait « dans quel genre de film il tournait ». Comment aurait-il pu l’ignorer ?
Les trente-deux associations qui soutiennent la plainte, dont une association d’aveugles, obtiennent satisfaction. Le 8 novembre 1976, la 17e chambre correctionnelle de Paris condamne le film pour incitation à la débauche et à la dépravation… Rien de bien extraordinaire, sinon que le tribunal demande la destruction du corps du délit. Un comité pour la liberté d’expression, auquel appartiennent le comédien Michel Piccoli et l’artiste Jean-Jacques Lebel, proteste en vain. La condamnation est confirmée, toutes les copies de L’Essayeuse doivent être détruites, comme au beau temps de l’Inquisition.
Il semblerait toutefois que cette décision ne fut pas suivie d’effet puisque des copies du film sont encore visibles dans les réserves de la cinémathèque de Toulouse.
Autostoppeuses
… En chaleur
Le film de Burd Tranbaree, Les Autostoppeuses en chaleur, sorti sur les écrans en 1979, participa lourdement à la création d’une mythologie sexiste : les jeunes filles faisant de l’autostop étaient prêtes à accepter toutes les avances que leur feraient les automobilistes.
Le dénommé François, à bord de ses 504 blanches, accueille à son bord deux jeunes femmes qui, quelques minutes plus tard, sont déjà en train de faire l’amour avec lui dans un « Hôtel Grill ». Le lendemain matin, il prend à son bord une femme en fuite, incarnée par Brigitte Lahaie qui tout aussi spontanément se masturbe sous ses yeux pour le décider à se détendre un peu, avant de faire l’amour avec lui sur le siège arrière de la Peugeot. Il rend encore service à une jeune femme en panne qui l’entraîne dans sa villa… Sur la route de Quiberon, il retrouve ses deux partenaires de la séance trioliste du motel, avec lesquelles il passe ensuite de sympathiques vacances dont la fellation semble avoir été la principale activité de loisir.
Les véritables autostoppeuses, ancêtres des clientes du covoiturage, durent donc faire face au harcèlement des automobilistes, tous persuadés que dans la vraie vie, les filles « en chaleur » devaient se comporter comme les actrices du film.
Hé, les gars ! C’était du cinéma !
B
Baiser de cinéma
… Trop sexy
Le tout premier baiser de cinéma causa un scandale épouvantable. En 1896, les comédiens May Irwin et John C. Rice qui tenaient alors à la scène les rôles principaux d’une comédie intitulée La Veuve Jones tournèrent une petite séquence de 47 secondes intitulée The May Irwin Kiss. Le réalisateur William Heise pensait réaliser ainsi un formidable film promotionnel pour leur pièce en reproduisant les dernières secondes du premier acte…
Mais L’Union des femmes chrétiennes pour la tempérance lança une campagne nationale contre le baiser sur la bouche, en règle générale, le jugeant « dégradant et antihygiénique », tandis qu’un journaliste de Chicago déclarait que cette exhibition « relève de la police ».
Consternant n’est-il pas ? Surtout lorsqu’on songe à tout ce qui fut montré à l’écran depuis.
Bangkok
… Lieu de perdition
Body body à Bangkok, de Jean-Marie Pallardy en 1981, l’un des films réunissant Brigitte Lahaie et Marilyn Jess, les deux grandes vedettes du cinéma pornographique français des années 70, est l’incarnation parfaite de l’image que la ville thaïlandaise commençait à donner d’elle, un lieu de perdition où des Occidentaux venaient s’encanailler. Jouir à Bangkok de Michel Beaudricourt, avec Cathy Stewart et Carole Pierac se permettait le luxe de ne faire apparaître aucun acteur et pas davantage d’actrices asiatiques à l’écran. Bangkok ne devait être qu’un décor, celui des frasques d’Emmanuelle s’encanaillant en Asie, sans trop se soucier de ce qui se passait autour d’elle. On a fait tellement pire depuis.
Dans l’univers pornographique, la ville est considérée comme l’une des destinations favorites des amateurs du tourisme sexuel. Ils en ramènent des images qu’ils diffusent sur la toile, vraisemblablement inconscients de leur ignominie.
Belgique
… Du X à la politique
Lors des élections communales de 2018, on apprenait qu’un dénommé Christian Sinclair, se présentant sur la liste Défi à Liège, se définissait comme étant un acteur porno amateur et ne s’en cachant pas, bien au contraire. Son slogan ? « Christian Sinclair, acteur du changement. »
Quasiment dans le même temps, une enquête menée par le site PornHub et rapportée par Sud Presse permettait de découvrir les goûts des Belges fréquentant ce site, en analysant leurs demandes thématiques. « Sur la première marche du podium, le Belge a surtout regardé des vidéos “lesbiennes”. Sur la deuxième marche, on retrouve la catégorie “MILF”, terme qui désigne généralement les jeunes mères de famille. Le podium est clôturé par la catégorie des femmes matures. Pour compléter le top cinq, le Belge est également amateur de “sexe anal” et de la catégorie “gros seins”. » Rien que du très banal…
Bible
… Du sexe !
« Si vous arrivez à caser une histoire de sexe dans des décors bibliques, vous pouvez battre votre propre monnaie », déclarait le producteur hollywoodien Darryl Zanuck.
À vrai dire, il n’y a rien de plus simple, l’Ancien Testament étant une mine pour trouver des sujets de scénarios érotiques. Ainsi, les étranges activités des deux filles de Loth apparaissent bien plus scabreuses que la plupart des scénarios de films X. Elles sont les seules femmes survivantes après la destruction des villes de Sodome et Gomorrhe. L’aînée dit à la cadette : « Notre père est vieux et il n’y a pas d’homme dans le pays pour venir à nous selon la coutume du pays tout entier. Allons ! Faisons boire du vin à notre père et nous coucherons avec lui pour donner vie à une descendance issue de notre père ». Dès le lendemain, l’aînée dit à la cadette : « Vois ! J’ai couché la nuit dernière avec mon père. Faisons-lui boire du vin cette nuit encore et tu iras coucher avec lui. Nous aurons donné vie à une descendance issue de lui ». Quel beau départ de scénario pour un film destiné à subir les foudres de la censure !
Plus loin, au début du Livre des Rois, nous découvrons cette étonnante histoire.