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Un histoire de la nudité qui surprend, choque ou amuse depuis l'origine des hommes.
Que ce soit pour des raisons politiques, artistiques, sensuelles ou scandaleuses, la nudité a décidé du destin de personnages historiques, légendaires ou fictifs.
De la nudité d’Adam et Ève au paradis à celle de Mylène Farmer en passant par celle de Lee Miller et de Napoléon, Marc Lemonier nous raconte, avec humour et subtilité, de petites et grandes histoires de nudité.
Découvrez…
•…comment la statue de Vénus, montrant son postérieur, fut baptisée « Callipyge aux belles fesses ».
•…qui était la Vénus d’Urbino, modèle de Titien, et surtout ce qui se cachait sous sa main, recouvrant pudiquement son sexe.
•…le destin de Mademoiselle O’Murphy, maîtresse de Louis XV, qui se fit connaître de la Cour grâce à ses fesses parfaites.
•…l’histoire du streaking, ou l’art de courir nu à travers un lieu public en guise de protestation ou de farce.
•…la manière dont des danseuses nues, sculptées sur la façade de l’Opéra Garnier, furent couvertes d’encre par une main anonyme et outrée.
•…le rôle de la Danse des sept voiles et d’Oscar Wilde dans la lutte contre les kilos superflus menée par les cantatrices.
•…les premières mesures prises par Hollywood pour interdire le nu au cinéma.
•…la façon dont Janis Joplin, excédée après une séance de photos, laissa tomber sa chemise pour poser vêtue uniquement de colliers.
•…et bien d’autres histoires !
Plongez-vous sans plus attendre dans l'histoire de la nudité, qu'elle soit politique, sensuelle ou scandaleuse.
EXTRAIT
Il suffit toujours d’être nu pour qu’une histoire commence…
Nus comme Adam et Ève.
Nus comme Apollon, Vénus, Hermaphrodite ou Éros.
Nu comme le modèle du Déjeuner sur l’herbe ou la femme mystérieuse que l’on devine dans l’Origine du monde.
Nus comme les précurseurs du naturisme, les manifestants à vélo ou les chanteuses des années 80.
Il y a bien des manières d’être nu.
La nudité est un état naturel, le nu un genre artistique, le naturisme une philosophie… Ces trois façons d’être nu ont des implications différentes, socialement, esthétiquement voire politiquement. On ne se met pas aussi naturellement nu dans l’espace public lors d’une manifestation politique que dans l’atelier d’un peintre pour poser, lorsqu’on est modèle, ou sur une plage naturiste. Selon les circonstances, la nudité choque, interpelle, excite et parfois indiffère.
Des personnages, historiques, fictifs ou légendaires, ont bouleversé leur destin, voire bousculé le cours de l’Histoire en se mettant nu. De la Vénus préhistorique anonyme, qui en posant pour un sculpteur du paléolithique a défini la première les canons de la beauté féminine, à Lee Miller s’installant nue dans la baignoire d’Hitler, signifiant ainsi que la guerre était bien finie, être nue parfois suffit à décrire la marche du monde.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Marc Lemonier est journaliste et auteur d’une soixantaine de livres consacrés à l’Histoire de la ville de Paris, au langage populaire, au cinéma des années 50 et 60 et à l’Histoire de l’érotisme. Dans ce dernier domaine, il a publié
Secrets de maisons closes,
Guide du Paris Libertin et
Liberté Égalité Sexualité – révolution sexuelle en France, aux Éditions La Musardine, ainsi que
Histoires de seins, aux Éditions Jourdan.
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Seitenzahl: 225
Veröffentlichungsjahr: 2018
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© Éditions Jourdan
Paris
http://www.editionsjourdan.fr
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ISBN : 978-2-39009-335-0 – EAN : 9782390093350
Toute reproduction ou adaptation d’un extrait quelconque de ce livre par quelque procédé que ce soit, et notamment par photocopie ou microfilm, est interdite sans autorisation écrite de l’éditeur.
Marc lemonier
petites histoires de la
nudité
Il suffit toujours d’être nu pour qu’une histoire commence…
Nus comme Adam et Ève.
Nus comme Apollon, Vénus, Hermaphrodite ou Éros.
Nu comme le modèle du Déjeuner sur l’herbe ou la femme mystérieuse que l’on devine dans l’Origine du monde.
Nus comme les précurseurs du naturisme, les manifestants à vélo ou les chanteuses des années 80.
Il y a bien des manières d’être nu.
La nudité est un état naturel, le nu un genre artistique, le naturisme une philosophie… Ces trois façons d’être nu ont des implications différentes, socialement, esthétiquement voire politiquement. On ne se met pas aussi naturellement nu dans l’espace public lors d’une manifestation politique que dans l’atelier d’un peintre pour poser, lorsqu’on est modèle, ou sur une plage naturiste. Selon les circonstances, la nudité choque, interpelle, excite et parfois indiffère.
Des personnages, historiques, fictifs ou légendaires, ont bouleversé leur destin, voire bousculé le cours de l’Histoire en se mettant nu. De la Vénus préhistorique anonyme, qui en posant pour un sculpteur du paléolithique a défini la première les canons de la beauté féminine, à Lee Miller s’installant nue dans la baignoire d’Hitler, signifiant ainsi que la guerre était bien finie, être nue parfois suffit à décrire la marche du monde.
Voici des histoires de nu qui interrogent, de la nudité supposée de la première épouse d’Adam au Paradis à la nudité éventuelle des bienheureux le jour du jugement dernier.
Des histoires de nu, de nudité et de naturisme.
Il y a bien longtemps Adam et Ève… et Lilith ! sont nus au Paradis
Le nu originel
Ève est nue.
Tout comme Adam.
Mais elle n’est pas la seule femme du Paradis. Le premier couple de l’Humanité était un ménage à trois, nudiste de surcroît.
Rappelons-nous ?
Dieu crée une femme à partir de la côte prise à l’homme : « L’homme dit alors : “Cette fois-ci, voilà l’os de mes os et la chair de ma chair ! On l’appellera femme — Ishsha —, elle qui fut tirée de l’homme – Ish.” (…) Tous les deux, l’homme et sa femme étaient nus, et ils n’en éprouvaient aucune honte l’un devant l’autre ». La nudité d’Adam et Ève leur apparaît comme une tenue tout à fait normale et adaptée aux circonstances — il fait beau, l’air est doux au Paradis. Les peintres ont rarement choisi de représenter cette période idyllique et stricto sensu paradisiaque, la suite des évènements les passionne davantage. Le serpent tentateur s’insinue dans le couple et pousse Ève à croquer la pomme, une anecdote à l’origine d’une métaphore appelée à connaître un succès durable.
« La femme s’aperçut que le fruit de l’arbre devait être savoureux, qu’il était agréable à regarder et qu’il était désirable, cet arbre, puisqu’il donnait l’intelligence. Elle prit de son fruit et en mangea. Elle en donna aussi à son mari et il en mangea. Alors leurs yeux à tous deux s’ouvrirent et ils se rendirent compte qu’ils étaient nus. Ils attachèrent les unes aux autres des feuilles de figuier et ils s’en firent des pagnes. »
Ces deux épisodes expriment par avance le caractère ambivalent de la perception de la nudité, nudité naturelle et innocente ou nudité coupable depuis qu’elle a été associée à un crime... L’Abbé Jacques Boileau, auteur en 1677 d’un pamphlet intitulé De l’abus des nudités de gorge, est catégorique : « Il n’y a point de fille ni de femme qui ne sachent que la nudité d’Ève dont il est fait mention dans l’Écriture fût une suite et une marque de ses crimes ; elle se vit nue parce qu’elle avait pêché et elle connut qu’elle avait pêché quand elle se vit nue ».
Et ces crimes, symboliques, sont notoirement liés à la découverte de la sexualité, ce que Jean-Paul II avait admis et résumé d’une formule : « Au commencement, la femme n’était pas un objet pour l’homme ni lui pour elle ».
Mais qui est donc ce serpent tentateur ?
Quel est ce personnage dont les conseils transforment en conséquence la pauvre Ève en objet pour l’homme ? Un démon à l’évidence, mais n’ayant pas forcément endossé l’apparence assez répugnante d’un reptile, car un ovidien n’a sans doute pas les compétences requises pour pousser deux mammifères supérieurs à se livrer à l’œuvre de chair, il faut quelques connaissances pratiques en matière de sexualité humaine pour cela. Certains courants religieux assez imaginatifs trouvèrent la solution. Ce tentateur est une tentatrice ! Et plus encore la première femme d’Adam — son ex donc — la troublante Lilith.
Dieu aurait donc initialement créé Adam et sa première épouse depuis la même terre glaise. Mais selon Rabbi Yehouda Bar Rabbi, un lettré vivant au IIe siècle, Adam n’était pas content, il reprochait à Lilith d’être couverte de sang et de sécrétions. Ce qui signifierait qu’il manquait de connaissances pratiques en matière de physiologie féminine. Pour expliquer cela, les kabbalistes préfèrent affirmer qu’elle avait été conçue à partir de terre impure.
Lilith était, la véritable première femme.
Le personnage de Lilith évolua au fil des temps et des traditions. Ainsi elle aurait été condamnée à voir tous ses enfants mourir à la naissance, ce qui lui donnait en compensation le pouvoir discutable de faire mourir les enfants des hommes durant les quelques journées suivant leur naissance… Des lettrés affirmèrent que ce sont Lilith et sa sœur Nahéma qui se présentèrent devant le roi Salomon pour tester ses capacités en matière de « jugement ». Lilith restera pour les siècles de siècles l’incarnation du « démon femelle ». Physiquement, certaines représentations la font ressembler à la déesse Cananéenne Anat, une femme nue, porteuse d’une paire d’ailes. Quant à son nom, il ressemble au mésopotamien Lilītu — démon femelle, toujours… — ou Layil, la nuit en hébreu. Selon un guide matrimonial juif du XIIe siècle, publié et commenté par l’historien des religions Shmuel Trigano1, Lilith passait pour avoir tenté d’enrichir le Kâma-Sûtra rudimentaire pratiqué par Adam. « À propos de la position dans le rapport sexuel (lui en bas et elle en haut) qui a toute une histoire dansla midrashique, puisque c’est la première Ève, Lilith, qui l’a revendiqué au nom des droits féminins, et qui pour cela a été chassée du paradis vers le repaire des démons, on trouve ce principe que “l’acte des deux comme un est une manière pervertie”, une “manière grossière”, bien qu’il ne s’agisse pas d’un péché. »
Lilith a été désavouée par Adam pour son impureté et pour ses exigences au lit, mais rien n’indique qu’elle ait disparu après son divorce. Et d’ailleurs où serait-elle allée ? Alors pourquoi n’aurait-elle pas été encore présente — et nue — au Paradis terrestre lors du fatal épisode de la tentation ? C’est ce que laissent supposer quelques peintres.
Hugo Van der Goes, en 1470, glisse une Lilith nue dans un tronc d’arbre, tout comme Raphaël, tandis que Michel-Ange, au plafond de la chapelle Sixtine, la représente sous la forme d’un démon mi-reptile mi-femme, joliment dotée d’un torse de femme voluptueuse.
L’image la plus troublante de la nudité d’Ève se trouve sur le pilier de l’un des portails de la cathédrale Notre Dame de Paris. Ève nue mange la pomme, tenant Adam par la main. Ce ne sont pas ses seins qui attirent le regard, mais ceux d’une autre femme nue s’interposant entre eux, jaillissant d’entre les branches d’un arbre.
Lilith évidemment.
1. Trigano S., L’intention d’amour, Désir et sexualité, in de Posquière R., Les maîtres de l’âme, Éditions de l’Éclat, 2007.
Paléolithique supérieur - La Vénus de Willendorf exhibe ses rondeurs
Le nu préhistorique
Elle est nue.
Plantureuse.
Ses formes devaient troubler ses contemporains, il y a bien bien longtemps.
Aujourd’hui, elle réussit encore à émoustiller les réseaux sociaux.
Le 7 août 1908, l’archéologue Josef Szombathy, responsable du département de Préhistoire du Naturhistorisches Hofmuseum à Vienne, le Dr Josef Bayer et le Dr Hugo Obermaier, tous deux paléontologues, firent une découverte si extraordinaire qu’aussitôt ils se disputèrent pour déterminer celui des trois qui serait associé à l’événement. Après moult palabres, il fut décidé que les noms des trois découvreurs seraient gravés sur l’étui contenant leur précieuse découverte : Szombathy, Bayer, Obermaier. Ce n’est sans doute pas la première fois dans l’Histoire de l’Humanité que trois hommes étaient amenés à se disputer la possession d’une femme nue… Celle-ci pourtant avait un âge qui aurait pu dissuader les désirs de conquête : environ 25 000 ans.
La Vénus de Willendorf est une statuette en calcaire d’environ 11 centimètres représentant une femme aux formes plantureuses. Les trois savants l’ont découverte sur le site d’une briqueterie régulièrement fouillé depuis les années 1880 non loin du village de Krems an der Donau, en Autriche. Selon Walpurga Antl-Weiser2 qui dirige aujourd’hui la section Préhistoire du musée d’Histoire naturelle de Vienne, « c’est la première statuette (de cette époque) dont les traits sont aussi détaillés, et c’est aussi la première statuette à avoir été découverte à l’époque sur un chantier archéologique ».
Cette Vénus intégralement nue a un physique pour le moins particulier. Elle est debout, les bras posés contre la poitrine. Les traits de son visage et sa chevelure tressée sont finement gravés. Mais on remarque davantage sa poitrine, son ventre et son fessier qui présentent tous les aspects de l’obésité à son stade ultime.
Les paléontologues se sont accordés au fil du temps pour dire que cette représentation du corps correspondait plutôt à une exaltation de ce qui constituait les caractéristiques de la féminité, la poitrine, le ventre distendu par les grossesses, les fesses, le pubis et le sillon de la vulve.
Les Vénus du paléolithique, la Vénus de Lespugue en ivoire, la Vénus de Galgenberg, la Vénus de Laussel (qui sont, elles, en pierre), firent s’interroger pourtant sur la réalité de l’un de leurs caractères communs chez les modèles qui les avaient inspirées. Elles sont stéatopyges, autant dire — mille excuses ! — qu’elles ont un gros cul, outrageusement proéminent.
À la fin du XIXe siècle, le paléontologue Édouard Piette rapprocha ce trait physique, commun aux différentes statuettes découvertes alors, avec les formes bien réelles et contemporaines des femmes bochimanes d’Afrique australe. Le débat n’a pas été tranché depuis : le corps de ces Vénus était-il à l’image des formes réelles de femmes opulentes ou leurs rondeurs devaient-elles être assimilées à un discours symbolique sur les attributs de la féminité ?
Heureusement, le nouvel arbitre de la loi a tranché et mis un terme au débat. La Vénus de Willendorf n’est ni un document ethnologique ni une représentation symbolique, mais une œuvre pornographique ! En effet, au début de l’année 2018, le site Facebook a supprimé un message présentant une reproduction de son image au nom de ses sacro-saintes règles en matière de dissimulation de la nudité féminine. Le musée d’Histoire naturelle de Vienne a immédiatement réagi, rappelant que la Vénus était « la représentation préhistorique de femme la plus populaire et la plus connue au monde ». Le directeur du musée, Christian Köberl3, a clôt l’affaire en affirmant : « Il n’y a aucune raison pour que le NHM de Vienne couvre la Vénus de Willendorf (...) et cache sa nudité, que ce soit au musée ou sur les réseaux sociaux ».
La Vénus, nue depuis 25 000 ans, n’allait tout de même pas se rhabiller…
2. Auteure d’un ouvrage sobrement intitulé Vénus, Lammerhuber Ed., 2008.
3. Cité par le Figaro, le 28 février 2018.
VIIe siècle avant Jésus-Christ -Le sexe d’Apollon intrigue par sa petite taille
Le nu décevant
Apollon est beau comme un astre.
Il a juste un petit — tout petit — défaut.
Ce petit détail de son anatomie interroge encore. S’agit-il d’une convention ou les dieux avaient-ils réellement des petits zizis ? Mais c’est encore trop pour les censeurs contemporains.
Le bellâtre est né dans la petite île de Délos, non loin de Mykonos. La mythologie grecque lui attribue un grand nombre de qualités. Il est associé à la lumière et au soleil, c’est le dieu de la Vérité, purificateur et guérisseur. Il a enseigné la médecine aux hommes. C’est presque trop. De plus, Apollon musicien apporte l’harmonie à son entourage en jouant de la lyre, tandis que les muses qui l’entourent dansent et chantent. C’est pourquoi il trône en majesté au fronton de l’Opéra de Paris et de bon nombre d’autres institutions musicales.
Apollon, littéralement beau comme un astre, collectionne les succès féminins, mais aussi les échecs. La nymphe Daphné préféra être changée en laurier plutôt que de céder à ses avances. On le trompe. Coronis, fille de Phlégias, roi des Lapithes, l’abandonna alors qu’elle était enceinte de ses œuvres pour vivre le parfait amour avec un mortel, ce qui est sans doute la pire humiliation pour un dieu de l’Antiquité. On lui résiste, il doit employer la force pour séduire la nymphe Cyrène et la kidnapper sur un char d’or. On se moque de lui. Cassandre trahit la promesse qu’elle lui avait faite, elle devait se donner à lui en échange du don de prophétie. Pour se venger, Apollon — légèrement dégoûtant, disons-le —, lui crache dans la bouche pour qu’on ne la croie jamais…
Cette difficulté à séduire les filles sans avoir recours à des stratagèmes compliqués serait-elle liée à… Eh bien, disons-le à nouveau, à un petit défaut ?
Apollon, si on en juge aux quelques milliers de représentations de son anatomie qui nous sont parvenues depuis l’Antiquité, est assez peu pourvu par la nature. Le dieu de la beauté a un petit pénis, un petit zizi de garçonnet. L’Apollon sauroctone — tueur de lézards — du Musée du Louvre, celui du théâtre antique de Lillebonne, l’Apollon tenant une cithare de la villa Hadrien, voire le célèbre Apollon du Belvédère, ont tous cette caractéristique. Les sculpteurs romains reproduisent en la matière les canons des œuvres d’art grecques, des centaines voire des milliers de statues, dont ils s’inspirent.
Et, nous y voilà, selon l’historienne australienne des arts Ellen Oredsson4 : « Toutes les représentations de l’art et la littérature de la Grèce antique associent les grands pénis à des hommes lubriques et insensés, ou à de semi-animaux comme les satyres. L’homme idéal grec en revanche, était rationnel, intellectuel et autoritaire. Il pouvait avoir beaucoup de rapports sexuels, mais cela n’avait pas de lien avec la taille de son pénis. En avoir un petit lui permettait de garder la tête froide et son sens logique ».
Andrew Lear, professeur d’Histoire classique à l’université de Harvard5 précisait : « Pour les Grecs, les petits pénis en état flaccide étaient associés à la modération, qui était une des principales vertus de l’idéal masculin ».
Il se trouva pourtant un personnage pour être choqué par les proportions modestes du dieu de la lumière. Le député du parti ultranationaliste LDPR (Parti libéral démocrate de Russie) Roman Khudyakov a protesté auprès de la Banque Centrale de Russie pour qu’elle modifie l’aspect du billet de banque de 100 roubles (2,13 €).
Le billet représente le fronton du théâtre du Bolchoï, dominé par une statue d’Apollon conduisant son quadrige. Il a fière allure, tenant les rênes de son char. Le sculpteur pétersbourgeois Piotr Klodt l’a évidemment représenté nu, dissimulant son sexe par une feuille de vigne dorée, qui disparut un temps avant d’être remise en place après une restauration. Le billet de 100 roubles incriminé date de la période pendant laquelle le dieu était nu.
Ce qui indigna donc Roman Khudyakov qui déclara : « Un musée, c’est un musée, mais les dieux nus sur les billets, cela n’a aucun sens, ils ne doivent pas y avoir leur place ».
… Même lorsqu’ils ont un petit zizi.
4. Interrogée par le New York Magazine en juillet 2016.
5. Cité par le site Atlantico en juin 2016.
48 avant Jésus-Christ - Cléopâtre se baigne nue pour séduire César
Le nu conquérant
La nudité est l’ultime manière de séduire.
Même les femmes d’influence n’hésitent pas à y avoir recours.
L’arrivée de César en Égypte avec ses troupes, après avoir vaincu Pompée lors de la bataille de Pharsale, suscite chez la reine Cléopâtre un intense désir de rencontrer l’homme qui va évidemment s’emparer de son pays. Plutôt que de se laisser débarquer du trône, elle décide de séduire le vainqueur. Pour cela, elle organise une opération farfelue, mais digne d’un film d’aventures en s’introduisant clandestinement dans le palais de César avec la complicité de son homme de main, Apollodore.
Arrivée aux abords du palais alors que la nuit tombe, la reine se dissimule dans une grande toile (un « faisceau de hardes » selon l’expression de Plutarque, ou un tapis suivant d’autres auteurs). Après avoir accosté à un ponton, Apollodore la charge sur son cou et la porte jusqu’à l’appartement de César… Où, visiblement, on pouvait entrer comme dans un moulin. Mais Cléopâtre était certaine de réussir, jamais elle n’a songé qu’elle pouvait être interceptée ou rejetée…
On connaît la suite, Apollodore jette aux pieds de César le tapis qui en se déroulant dévoile Cléopâtre à moitié nue. Comment résister à un cadeau et un culot pareils ?
Mais était-elle belle ? Était-elle si belle que ça ? Malheureusement les descriptions précises nous manquent. Dans La Pharsale, livre consacré à la lutte entre César et Pompée, Lucain qui la trouve « perfide et conspiratrice, étrangère, incestueuse, audacieuse, menteuse, adultère, fastueuse, luxurieuse, impudique, vaniteuse, cupide », excusez du peu, parle tout de même de sa « beauté malfaisante », ce qui peut passer dans sa bouche pour un compliment. Dion Cassius qui ne l’aimait pas davantage affirme qu’elle était « splendide à voir et à entendre ». Théophile Gauthier résume l’opinion des auteurs antiques en un portrait admirable : « Une tête bien charmante, dont un regard fit perdre la moitié du monde, une tête adorée et divine, la femme la plus complète qui ait jamais existé, la plus femme et la plus reine, un type admirable, auquel les poètes n’ont pu rien ajouter, et que les songeurs trouvent toujours au bout de leurs rêves ».
Et puis, il y a son nez ! Pascal, dans ses Pensées, affirma : « Le nez de Cléopâtre, s’il eût été plus court, toute la face de la terre aurait changé ». Ce qu’il faut sans doute prendre pour un proverbe signifiant que le moindre événement, si futile en apparence, pouvait modifier le cours de l’Histoire. Interprétation que Ray Ventura confirma en 1938 dans une chanson intitulée Si le nez de Cléopâtre :
« Si le nez de Cléopâtre avait été plus long,
Si le grand Paganini n’avait pas joué de violon,
Et si Roméo n’avait pas rencontré Juliette,
On n’en serait pas là ! »
Toujours est-il que, de la peinture pompier aux aventures d’Astérix, le nez de Cléopâtre suffit à la décrire tout entière. Or, les représentations qui nous en sont parvenues, un bas-relief la présentant de profil — on est en Égypte ! —, présentent un nez plutôt busqué, voire volumineux. Mais c’est en pierre, on ne peut jurer de rien. Et que dire de sa poitrine ? Selon les mêmes bas-reliefs, elle nous apparaît menue, pointue et ferme, très largement dénudée. C’est exactement comme cela que nous la voulions.
Vraisemblablement, Cléopâtre était plus que belle. Parmi ses courtisanes, il y avait quelques-unes des plus belles femmes d’Égypte, ayant le sein ferme, la cuisse et la taille fines. Le teint hâlé, nues le plus souvent, elles savaient mettre en valeur leurs corps de mille manières et se comporter en reines de l’amour, il leur suffisait de paraître pour que les hommes deviennent fous et elles savaient les apaiser grâce aux caresses les plus simples ou les plus raffinées… Parmi cette nuée de beautés, Cléopâtre était sinon la plus belle, mais la plus extraordinaire des femmes…
Et surtout, elle aussi était nue. Nue, la tenue qu’elle choisit pour achever de séduire César.
Nue et propre.
Cléopâtre est indissociablement liée à l’idée du bain. Les commissaires de l’exposition consacrée à Cléopâtre à Genève en 2004 affirmaient « Même la publicité, et bien avant le savon Cleopatra, a utilisé le mythe de Cléopâtre. Elle sert à promouvoir des produits de beauté… » Le bain de Cléopâtre a souvent été un prétexte pour les peintres et les cinéastes pour montrer des femmes nues. L’hygiène fut longtemps assimilée à la recherche de la volupté, en particulier en des temps où l’on ne se lavait guère. Les bains de lait de chèvre où barbotent Elisabeth Taylor ou Monica Bellucci avaient de surcroît l’attrait de l’exotisme. Cléopâtre en tout cas fut une grande consommatrice de cosmétiques divers. Théophile Gauthier se délecte de cette occasion de décrire une femme au bain : « La tunique de lin, retenue seulement par une agrafe d’or, se détacha, glissa au long de son corps de marbre, et s’abattit en blanc nuage à ses pieds comme le cygne au pied de Léda. Cléopâtre trempa dans l’eau son talon vermeil et descendit quelques marches ; l’onde frissonnante lui faisait une ceinture et des bracelets d’argent, et roulait en perles sur sa poitrine et ses épaules comme un collier défait ; ses grands cheveux, soulevés par l’eau, s’étendaient derrière elle comme un manteau royal ; elle était reine même au bain ». Elle était reine même au bain. Surtout au bain, où sa beauté régnait sans partage dès lors qu’elle était nue.
Car Cléopâtre personnifie également la femme nue, elle en est l’incarnation suprême, celle qui se dévoile sans pudeur, celle que l’on ne peut quasiment pas imaginer autrement vêtue. Les poètes s’en sont émus, comme ce cher Banville :
« La blanche lune, au haut de son vol parvenue,
Baignant les escaliers élancés en plein ciel,
Baise un lit rose où, dans l’éclat surnaturel
De sa divinité, dort Cléopâtre nue. »
Ou comme Albert Samain :
« Cléopâtre, à genoux sous les astres qui brûlent,
Soudain pâle, écartant ses femmes qui reculent,
Déchire sa tunique en un grand geste impur,
Et dresse éperdument sur la haute terrasse
Son corps vierge, gonflé d’amour comme un fruit mûr.
Toute nue, elle vibre ! »
Le fantasme de ces Occidentaux aussi libidineux que coincés — pour qui se déshabiller est « un grand geste impur » — trouve son origine dans l’art égyptien qui représente les femmes la poitrine largement dénudée. Les quelques images qui nous restent de Cléopâtre ou des grandes dames de son temps, voire des déesses féminines, montrent invariablement des femmes aux seins nus. Quand Cléopâtre choisit elle-même de se faire représenter en déesse, c’est encore les seins nus. Elle avait reçu en cadeau des dieux une poitrine menue, mais étonnante, deux seins quasi coniques, dont les pointes très brunes semblaient vouloir vous transpercer le cœur.
Cléopâtre pouvait sans crainte se montrer nue.
Vers 33 après lui-même - Le Christ est nu sur la croix
Le nu sacré
Jésus-Christ est mort sur la croix.
Mais dans quelle tenue ?
La représentation de son supplice est-elle conforme à la réalité historique ?
La crucifixion était un supplice banal que les Romains utilisaient pour mettre à mort des criminels sans importance, en leur infligeant un maximum de souffrance et d’humiliation. Le condamné mourrait d’étouffement après de longues heures d’agonie épouvantable, maculé de ses propres excréments et le corps brisé. Lors de la répression de la révolte de Spartacus, certains des 6000 condamnés, particulièrement robustes, mirent plusieurs jours avant de mourir enfin. Durant le siège de Jérusalem, une quarantaine d’années après la mort du Christ, les Romains crucifièrent jusqu’à 500 personnes par jour.
Ce supplice n’avait donc rien d’exceptionnel et les pauvres hères qui en étaient les victimes n’avaient aucune considération et aucune pitié à attendre de leurs bourreaux. Tout au plus pouvaient-ils espérer qu’on abrège leur souffrance… Et même cette apparente mansuétude se manifestait de la pire des façons, les bourreaux brisaient les os des corps disloqués pour que, privés d’appuis, les suppliciés meurent plus rapidement par suffocation.
La mort du Christ aurait pu, elle aussi, être provoquée pour qu’il meure avant la tombée de la nuit de vendredi au samedi et le début du sabbat. En revanche, il a été traité avec le même mépris que n’importe quel autre prisonnier lorsqu’il a été dénudé par ses bourreaux avant d’être cloué sur la croix. C’était la règle, banale, impitoyable, le condamné était privé de toute humanité. L’évangile de Mathieu (27-35) le raconte sans aucun doute. « Après l’avoir crucifié, ils se partagèrent ses vêtements, en tirant au sort, afin que s’accomplît ce qui avait été annoncé par le prophète : ils se sont partagé mes vêtements, et ils ont tiré au sort ma tunique. »
Jésus était donc nu sur la croix.
Mais rares sont les peintres ou les sculpteurs qui n’ont pas pudiquement recouvert le bas de son corps d’un voile. Michel-Ange, alors âgé de 17 ans, a réalisé une crucifixion présentant un Christ dénudé, exposé dans la basilique Santo Spirito à Florence. À la fin du XVe siècle, le sculpteur Filippo Brunelleschi avait lui aussi réalisé un Christ nu exposé également à Florence dans l’une des chapelles de la basilique Santa Maria Novella. Saint François de Sales, dans un sermon prononcé le 28 mars 1614, justifie l’indécence — involontaire, il est vrai — de la tenue du Christ. « Je demande pourquoi Notre Seigneur voulut être tout nu sur la croix. La première raison fut parce que, par sa mort, il voulait remettre l’homme en état d’innocence, et les habits que nous portons sont la marque du péché. Ne savez-vous pas qu’Adam tout aussitôt qu’il eut prévariqué commença à avoir honte de lui-même et se fit au mieux qu’il put des vêtements de feuilles de figuier ? Car avant le péché il n’y avait point d’habits et Adam était tout nu. Le Sauveur par sa nudité même montraitqu’il était la pureté même, et de plus, qu’il remettait les hommes en état d’innocence. »
Il n’en reste pas moins que cette nudité est rarement montrée et plus rarement encore admise. Les partisans de la mort du Christ habillé affirment que les Romains respectaient la pudeur des Juifs en recouvrant la nudité des condamnés. Au-delà de cette question particulière de la nudité, c’est bien le corps du Christ tout entier qui interroge. Isabelle Saint-Martin, directrice de l’Institut européen en sciences des religions (IESR), spécialiste de l’Histoire de l’art religieux6, constate : «