Erhalten Sie Zugang zu diesem und mehr als 300000 Büchern ab EUR 5,99 monatlich.
Le tome 5 des écrits d'Ivsan Otets rapporte six discussions autour de sujets liés au christianisme qui se déroulèrent sur divers forums entre les années 2008-2015. Ces échanges offrent l'avantage d'une formulation dynamique du propos akklésiastique, dont l'auteur était en train de développer les principaux fondements. L'akklésia désigne un cheminement chrétien remettant profondément en question les dogmes ecclésiastiques tels que le corpus christi et l'expiation. Il ne remet pas en cause les faits de l'incarnation et de la résurrection et prône une fraternité existentielle. Dans ce recueil : 1- Contre John Piper 2- Contre Tozer 3- Le tétragramme 4- Sur l'Église 5- Béatitudes 6- Père ou Fils
Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:
Seitenzahl: 180
Veröffentlichungsjahr: 2023
Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:
{ akklesia.eu · akklesia.fr · akklesia.com }
A
VERTISSEMENT
ÉCHANGES
Contre John Piper
Contre Tozer
Le tétragramme
Sur l’Église
Béatitudes
Père ou Fils
Le tome 5 des Écrits akklésiastiques reproduit des propos qu’IVSANOTETS échangea avec d’autres chrétiens sur des forums internet dans les années 2008-2015. Ils constituent à nos yeux un témoignage du cheminement akklésiastique et un discours intermédiaire. Ici, un pied est sorti de l’Église et l’autre est en train d’en sortir. De fait, pour prendre un exemple, nous ne parlerions plus du tout du tétragramme de la même manière.
On ne passe pas de la plaine ecclésiastique à l’Everest de la relation adogmatique avec le Christ sans traverser la moyenne montagne que reflètent ces échanges. Ils manifestent l’évolution d’une pensée et d’une foi se détachant progressivement de ses entraves religieuses et tâchant de lutter contre les réflexes dogmatiques.
Le format du forum a pour avantage de rendre le propos plus dynamique en permettant de répondre directement à des interrogations particulières ou à des critiques précises que nous n’aurions peut-être pas soulevées ; c’est un cadre qui entraîne également des formulations différentes du discours akklésiastique, adaptées à l’interlocuteur.
Le contexte des dialogues est brièvement précisé pour chacun d’entre eux. En tout et pour tout ils eurent lieu sur au moins trois forums – généraliste, protestant et catholique.
Le pseudonyme qu’utilisait IVSANOTETS à l’époque était Les Cahiers Jérémie (LCJ) ; ce pseudonyme a été ici remplacé par Akklésia, dans toutes les interventions.
Les divers interlocuteurs ont tous été rendus anonymes, et leurs commentaires ont été laissés tels quels sauf pour quelques nécessaires corrections orthographiques. Ces commentaires ne sont pas toujours cités intégralement mais les extraits retenus visent à rendre l’échange intelligible.
Nous avons procédé à de rares ajouts entre crochets pour préciser un propos d’IVSANOTETS ici ou là. L’emphase en caractères gras est également ajoutée ainsi que la plupart des notes de bas de page apportant références ou précisions. La note de la page → est un lien hypertexte fourni par l’interlocuteur lui-même dans son message original.
Ivsan & Dianitsa Otets
Et l’« hédonisme chrétien »
— Sur un blog protestant – où j’ai finalement été expulsé
ENCONTESTATION DU TEXTE CI-APRÈS intitulé « Le Rythme de la foi », de JOHNPIPER :
Quand nous sommes sur le point de mourir, il y a tellement d’aspects de la vie qui ont l’air différents. Bien des frénésies de notre passé nous semblent alors bien vaines. Alors que nous sommes couchés sur notre lit de mort, 99% des craintes que nous avons éprouvées durant notre vie nous semblent ridicules.
POURQUOI NE PAS L’APPRENDRE MAINTENANT ?
Esaïe dit en 2816: « celui qui se fie [à lui] ne se hâtera pas. » Croire en un Dieu souverain et aimant ôte les craintes de notre vie. J’ai un ami pasteur qui n’a jamais l’air pressé mais qui accomplit énormément de travail. Quand il attend des personnes en retard, il ne perd pas du temps à faire les cent pas. Quand un fusible saute en plein milieu de son service il ne se met pas en colère. Quand les choses ne se passent pas comme il le veut durant les conseils d’administration il ne se met pas à se ronger les ongles. Il donne une impression très distincte qu’il sait quelque chose que nous ignorons, tout comme une personne qui a déjà lu le livre et sait comment il se termine. Son secret se trouve en ESAÏE 2816: « celui qui se fie [à lui] ne se hâtera pas. » Se fier à qui ? À un Dieu qui est le véritable Dieu, et qui œuvre toujours en faveur de ceux qui croient en Lui. Si Dieu agit en notre faveur au travers du retard de certaines personnes, ou alors quand un fusible saute, ou bien lors des conseils d’administration qui ne vont pas comme il faut – si Dieu agit en tout temps pour notre bien, alors pourquoi s’énerver ? Pourquoi avoir peur ? Pourquoi être pressé ?
Quand Paul dit : « ce que je vis maintenant dans la chair, je le vis dans la foi, la foi au Fils de Dieu, qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi », il veut dire : « À chaque instant je suis confiant dans le fait que l’amour qui a amené Christ à la croix pour moi le fait également œuvrer en ma faveur. » C’est pour cela que Paul dit : « j’ai appris à être content en moi-même dans les circonstances où je me trouve. » Il croyait en la présente bonté et puissance de Dieu, donc il n’était pas pressé, pas apeuré ni énervé.
LA PRÉCIPITATION ENGENDRE DU GASPILLAGE
Gaspillage de paix, de santé, de joie. Le Seigneur ne se presse jamais car toutes choses sont sous Son contrôle. Une telle puissance devrait marquer son peuple ! Nous le déshonorons de par notre agitation. Les enfants du Roi ne paniquent pas quand ils perdent leurs clés.
Imaginez un sergent dans l’armée d’Israël à la Mer Rouge alors que le pharaon approche par derrière. Il est vraiment pressé et il s’agite afin de préparer une flottille, il organise des équipes afin d’aller chercher du bois et de la corde, du goudron et des outils. Il reste debout jusque tard, grondant les ouvriers feignants, se plaignant du travail bâclé. Puis, un matin, une grande douleur lui saisit la poitrine, son bras gauche s’engourdit et l’homme a la nausée. Ses ouvriers le transportent dans sa tente au sommet de la colline, et la dernière chose qu’il voit est la Mer Rouge qui s’ouvre en deux d’un seul souffle divin, et les gens qui passent en toute sécurité, laissant sa flottille derrière eux.
Bethléem, Bethléem ! Ton Dieu jamais ne s’assoupit ni ne dort. Ne sois pas anxieuse ou inquiète. Ton Père sait ce qu’il te faut avant même que tu ne le demandes. Il œuvre en ta faveur en cet instant même. Fais-lui confiance. Ralentis ton pas. Car « celui qui se fie [à Lui] ne se hâtera pas. » Rythmé par la foi.
Akklésia — Ce « rythme de la foi » du pasteur baptiste JOHNPIPER est plus un mode de croyance de type hindou-christianisante ou bouddha-chrisitianisante. On fait ici accroire à l’homme que la foi en Christ est exempte de pression, de luttes et d’angoisses. Ce qui est en vérité tout le contraire ! Toute l’Écriture nous dit que les hommes de foi ont vécu toute leur vie dans les pressions, les luttes, les angoisses et même les doutes. Toute la parole du Christ ne cesse d’avertir que : « c’est par beaucoup de tribulations… » Les hommes de foi étaient loin et très loin de cette Chamallow béatitude à la PIPER et que prêchent aussi les philosophies orientales et les gnoses de toutes sortes, celles qui ne cessent de courir dans l’Histoire des religions, faisant passer le divin pour une sorte d’huile anesthésiante des maux de la vie, une machine à bonheur tant qu’on la paye de la morale adéquate.
Quand Paul dit : « …ce que je vis maintenant dans la chair, je le vis dans la foi au Fils de Dieu » – de quoi parle-t-il en réalité ? Précisément, il eut fallu ne pas piper les dés de la Bible M. PIPER ! Car c’est juste avant que Paul nous dit de quoi il parle. Et il ne fallait pas l’omettre pour faire passer son petit hédonisme hindou-chrétien en découpant dans la Bible ce qui convient à ce mélange du christianisme mondain. « J’ai été crucifié avec Christ […] et si je vis maintenant dans la chair, je vis dans la foi au Fils de Dieu… » disait Paul. Il parlait d’une crucifixion dans sa chair ! Il parlait de sa douleur, de son angoisse devant toutes les difficultés et les pressions que la vie chrétienne lui apportait, témoignant qu’il les supportait parce qu’il regardait vers le but : la Résurrection. Ainsi ne cesse-t-il de parler dans toutes ses lettres de la communion aux souffrances du Christ, des ses tribulations, etc. Dès le chemin de Damas, Paul vécut dans la souffrance, au point d’en arriver à dire : « Christ est ma vie, et la mort m’est un gain. Mais s’il est utile pour mon œuvre que je vive dans la chair, je ne saurais dire ce que je dois préférer. Je suis pressé des deux côtés : j’ai le désir de m’en aller et d’être avec Christ, ce qui de beaucoup est le meilleur… »
Piper pipe encore les versets de l’Écriture en sortant un bout d’ÉSAÏE de son contexte. Car il est question là-bas d’un jugement qui vient mettre à bas le système religieux du judaïsme de l’époque. Et le prophète de dire : « Celui qui s’appuie sur la foi ne sera pas pris de court devant cette catastrophe. » Il n’est pas question là-bas d’un mode de vie que prêche Ésaïe, mais du fait que devant l’abîme de l’épreuve, l’homme de foi se révèle. Tout le livre de JÉRÉMIE est d’ailleurs sur ce leitmotiv : le Temple sera détruit, la terre saccagée, les ministères déchus, mais celui qui a foi tiendra bon, comprenant que là est finalement une situation que maîtrise Dieu.
Mais bien sûr, M. PIPER a certainement été grassement payé de plusieurs milliers de dollars par mois durant son travail dans son église baptiste ; et probablement que sa retraite sur des fonds de pension américains doit aussi être de quelques SMIC par mois. Je doute que notre homme puisse se comparer au vécu de Paul ou à la situation de Jérémie, car tous deux ont vu s’écrouler les fondements d’un système religieux sur lesquels ils avaient durant de longues années mis toutes leurs espérances. M. PIPER, quant à lui, voit son système religieux bien debout, solide, applaudi et se répandant dans le monde. Aussi, est-il bien facile pour lui, si loin du désert, si loin de la mort de la crucifixion, de jouer au sage serein, béat, tel un gourou que rien ne semble ébranler. Sur son lit de mort, précisément, que vaudront ce système ekklésial et cet hédonisme chrétien auquel il a voué toute sa vie ?
Quoi qu’il en soit, il existe toutefois une paix chrétienne à laquelle le mondain n’a pas accès. C’est la paix de la conscience ! Gratuite et donnée par grâce d’En-Haut ! Le monde peut se gaver de plaisir, de maîtres de conférences pour maîtriser sa psychologie, d’heures de psychanalyse, de toutes sortes de plaisirs et jouissances pour évacuer son stress… jamais il n’aura cette paix de la conscience par laquelle celui qui l’embrasse sait n’être coupable de rien – à jamais ! Cette paix-là exige que le Christ pénètre l’âme d’un homme et qu’il brise l’épée flamboyante des jugements de la loi qui ne cesse de le menacer intérieurement. Or, faire entrer chez soi le Christ, voilà une audace, car la couronne d’une telle paix, très certainement, ne plaît pas à la chair qui aime mériter sa paix et qui ne supporte pas l’illogique du Christ qui pardonne l’impardonnable. Aussi la conscience est-elle enfin rendue libre tandis que la chair et sa justice reçoivent les clous. Dès lors, la situation est ici-bas très inconfortable, mais la finalité dans le monde-à-venir est si extraordinaire !
1er intervenant • Il y a aussi un verset qui dit : « C’est dans le calme et la confiance… ». Alors oui, en tant que chrétien, on ne devrait pas s’affoler, se faire du souci, s’angoisser, tomber en dépression (ou déprimer), sombrer dans l’alcoolisme, etc… Mais c’est toujours plus facile à dire qu’à vivre !!! Sans la grâce et le secours de Dieu, nous ne sommes rien et nous ne pouvons rien faire !!! Mais comme le mentionne également Akklésia, la vie chrétienne n’est pas (toujours) un long fleuve tranquille…
Akklésia — Loin de moi la volonté de chicaner, mais il me semble que ce que vous dites est significatif d’une certaine lecture biblique qui précisément tend vers cet état d’esprit « à la PIPER ». — « C’est dans le calme et la confiance… » ; le chrétien est ici voué à un comportement rien de moins identique à ce que prêche n’importe quelle spiritualité ou sagesse humaniste. Une attitude politique somme toute où l’homme civilisé est toujours plutôt stoïque devant les alternatives de la vie, certain que sa philosophie de vie ne lui jouera pas un tour qu’il ne puisse maîtriser. Celui qui s’inquiète et se décourage est finalement en faute… quasiment « dans le péché ». C’est totalement contraire à l’esprit de l’Écriture.
Le texte d’Ésaïe auquel vous vous référez ne prône absolument pas cela. Devant la menace assyrienne, les Israélites se sont alliés à l’Égypte plutôt que de se réfugier dans « les ténèbres de la foi » pour reprendre le mot de LUTHER. Le prophète ne leur reproche donc pas leur inquiétude, leurs soucis ou même d’être déprimés devant la terrible menace qui pèse sur eux. Mais il leur reproche de ne pas y répondre « par la foi ». Il leur reproche de ne pas y faire face, mais de les fuir en s’embarquant dans des solutions humaines. C’est absolument différent. Car en répondant aux aléas de la vie par des alternatives humaines, on évite précisément de faire face à l’inquiétude et au découragement dont est toute empreinte notre misérable nature. De fait, on retrouve l’équilibre et on parvient ensuite facilement à évoquer sa spiritualité ; mais en vérité, cet homme-là n’a pas agi spirituellement, seulement humainement.
Tandis qu’en appeler à Dieu nous coûte de faire face à l’inquiétude et aux angoisses, c’est-à-dire à la réalité de ce que nous sommes en vérité. Il s’agit même là de les convoquer littéralement pour leur résister en face par la Foi. Aussi toute l’Écriture ne reproche-t-elle pas à l’homme son inquiétude ou son découragement comme s’il « péchait » en cela – niet ! Car elle sait fort bien qu’il ne peut y échapper tant cette angoisse est la vérité même de sa nature ; mais elle l’invite à s’attaquer de face à cette vérité, par la Foi, plutôt que de la fuir en solutions humaines. Ainsi voyons-nous cette étrange situation dans laquelle fut mise le Christ lui-même : « Alors Jésus fut emmené par l’Esprit dans le désert, pour être tenté par le diable. » Il s’agit donc de considérer que l’Esprit nous met précisément dans des situations extrêmes ; aussi faut-il plutôt s’inquiéter si ce n’est pas le cas ! Peut-être ne sommesnous alors que des enfants au biberon, protégés dans le nid douillet des « hédonistes chrétiens ». Quant à l’homme mûr, à l’instar des hommes de Dieu parcourant l’Écriture, il ne vit plus dans ce cocon des illusions. Il a appris ce que signifie « être un homme de douleur et habitué à la souffrance ». — Je me méfie des PIPER et autres prophètes de la paix, du calme et de l’équilibre ; l’Écriture n’a de cesse de faire peser sur ces prophètes de la paix le titre de faux prophète.
2e intervenant • Merci Ivsan, par votre réflexion vous avez su rappeler que le chemin est étroit et bouleversant, « que la tristesse selon Dieu produit une repentance à salut » et que l’épreuve n’est pas synonyme d’égarement bien au contraire… Rien de charnel n’hérite le royaume de Dieu et l’épée de l’Esprit amène tout à la lumière sur le long chemin du royaume… Dieu n’en a pas fini avec l’homme ! Quant à moi, je suis dans l’expectative face à tous ceux qui se proclament prophètes, parlant au nom de Dieu et qui disent tout et son contraire… Ils sont légion aujourd’hui, mais sont-ils assez faibles pour que Dieu parle réellement par leur bouche ?
Akklésia — « Sont-ils assez faibles pour que Dieu parle par leur bouche ? » — Certainement pas selon moi, de même que le diabolique n’est jamais assez définitif pour ne pas être encore utile à Dieu. Le Christ lui-même n’a-t-il pas choisi « un diable » comme apôtre, pour reprendre les termes de l’Évangile, afin qu’il serve à sa crucifixion sans laquelle il n’existe plus d’espérance ? De même que Dieu peut aussi se servir de pierres pour parler, etc.
Soit donc, toute cette tripotée de gais lurons à l’Évangile chamallow annonçant aux chrétiens tous les bonheurs terrestres au nom du Christ… ces enfants donc, très certainement sont-ils utiles pour abreuver de lait des enfants semblables à eux-mêmes ; tantôt chimériques, tantôt logiques devant la croix, mais jamais ne connaissant le « pourquoi m’as-tu abandonné ? » Or, qui prétendra Le connaître sans jamais connaître aussi cet abandon ?
Quand, de plus, ces prêcheurs se mettent à faire accroire aux hommes que leur lait est de la viande, devenant ainsi prêcheurs de pacotille… Pour moi, je considère qu’il faut dégainer et être sévère comme a su parfois l’être le Christ ! Car c’est à cause de cette théologie en caoutchouc qu’une grande majorité de la chrétienté en est encore au lait tandis qu’elle devrait en être à la viande : « Être des maîtres » nous dit le texte. Or, en être au lait après 5 ou 10 ans de foi, c’est s’entendre dire : « Pourquoi as-tu enterré ton talent ? » C’est une chose extrêmement grave. Ces prédicateurs-là sont excessivement dangereux, et je me demande très sérieusement si leur dieu est mon Dieu. Quand nous voyons le Christ, se tournant vers les apôtres, alors incapables de concevoir sa mise à mort, et leur dire : « Arrière de moi le satan ! ». Que dirait-il de cette théologie ? Pour moi, je vois en elle un refus de la mise à mort, c’est-à-dire de la possibilité de résurrection, et une recherche addictive d’un bonheur spirite. Le vêtement évangélique qui la recouvre sera son propre juge !
3e intervenant • Je vous trouve bien sévère envers PIPER. Il est, à mon sens, un des rares à se démarquer de la foule des charlatans et autres pseudo-prophètes qui empoisonnent et décrédibilisent la mouvance évangélique de nos jours. Son « hédonisme chrétien » n’a absolument rien de charnel. Bien au contraire, PIPER est un farouche adversaire de l’évangile de prospérité et ne cesse d’en dénoncer l’hérésie, (voir à ce sujet : Piper & the Prosperity Gospel). J’espère ne pas dénaturer sa pensée en la résumant ainsi : l’être humain a été créé pour la joie dans la contemplation béatifique de son Seigneur. Cette joie peut commencer ici-bas, dans la prière et l’adoration. Alors, fermement ancrés dans l’amour du Sauveur, quelles que soient les circonstances de vie et les épreuves traversées, nous sommes comme portés, même à travers les larmes, (écoutez bien la fin de la vidéo) par cette joie ineffable qui se nourrit de l’assurance de notre salut et la certitude d’être appelés à une éternité glorieuse avec notre Dieu. Bref, la joie à laquelle PIPER nous exhorte est toute spirituelle.
Akklésia — Désolé pour la longueur, mais la réponse mérite une certaine précision afin d’éviter les mal-entendus. — Lorsque j’écoute ou lis Piper, j’ai l’impression d’entendre encore une fois les [philosophes] Grecs. Son « hédonisme chrétien » n’est qu’un reformulation de cette « contemplation » (theoria) glorifiée par les Grecs et leurs disciples. ARISTOTE,PLATON,SPINOZA,HEGEL… et j’en passe, n’ont fait que tenir le même discours à la PIPER : « En contemplant la nécessité de tout ce qui arrive dans l’univers, notre esprit éprouve la joie suprême » disait SPINOZA. La contemplation de l’esprit par l’étude et la méditation a toujours été pour les logiques la réponse donnée aux joies incomplètes de la vie et à la terrible condition de notre existence corporelle. « La béatitude est elle-même la vertu » (beatitudo est ipsa virtus) disait encore SPINOZA. Exactement le même propos que PIPER tient lorsqu’il cite EDWARDS dans son Au risque d’être heureux : « Le bonheur de la créature consiste à se réjouir en Dieu, qui est ainsi magnifié et exalté. […] La raison d’être de la création est de rendre gloire à Dieu. » Et PIPER de rajouter : « La joie n’est pas simplement une retombée de notre obéissance à Dieu : elle en fait partie. Parce qu’être joyeux est un acte d’obéissance ». PIPER, tel un bon disciple des [philosophes] Grecs, a bien appris sa leçon et ne fait que les répéter en allant simplement voler du texte ici et là dans le corpus biblique, mais sa lecture de l’Écriture n’en reste pas moins vendue aux [philosophes] Grecs ; pour lui aussi : La béatitude devant Dieu est la vertu elle-même.
Ainsi donc le chrétien, tel le sage ayant conscience de son impuissance, est voué à une « bête-attitude » dans une joie tout intérieure, et qu’il se doit même de mettre en pratique, tel un disciple obéissant – dans ses pires moments ! Un philosophe russe explique ailleurs qu’il faut tendre vers « la béatitude des Stoïciens, des Épicuriens ou encore de SOCRATE par laquelle l’homme vertueux goûte la béatitude jusque dans le taureau de Phalaris. » Le taureau de Phalaris était un taureau en airain qu’un tyran faisait chauffer à blanc pour y faire cuire ses ennemis ; un mécanisme dans les naseaux rendait les cris des suppliciés en une musique mélodieuse. Devant l’impuissance de la vie, les inattendus de notre faible humanité et les tortures qui en résultent, « les joies, les extases et la béatitude éternelle sont des appâts, dont il faut bien se servir pour séduire les hommes incapables de comprendre que la fin de l’univers n’est nullement en eux et en leurs destinées, mais dans les lois éternelles et dans la sublime rigueur de l’ordre. »
C’est-à-dire que la contemplation béatifique du divin est l’homéopathie de l’homme par laquelle il se soumet à l’ordre du Dieu-Omnipotent. De là, il attend ce jour, où enfin, il sera délivré de sa misère d’exister en propre.
Et là-bas, à genoux et sublimé [écrasé, subjugué] devant l’éternité et l’Être éternel, il ne sera plus qu’adoration, contemplation et béatitude. Il ne sera plus !