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Premier tome des écrits d'Ivsan Otets, "Généalogie des Fils de l'homme" propose neuf textes dont quatre études bibliques de type "akklésiastique", c'est-à-dire dans le cadre d'un christianisme sans Église. L'akklésia reconnaît l'incarnation et la résurrection du Fils de l'homme mais non le dogme du Corpus Christi. Ce premier recueil aborde un aspect du projet divin : la nature du Fils de l'homme, en particulier face à l'irrésistible dynamique de la Nature/Raison, ces dernières ayant pour l'homme un tout autre but que celui du Père. Le projet divin pour l'homme est annoncé par le Ressuscité. Textes du recueil : 1- La force des faibles 2- Au commencement 3- Qu'ils soient un 4- Les dictatures de l'Un 5- Celui qui sème sortit pour semer 6- La femme et l'homme 7- L'Enfer 8- Les faiseurs de ponts 9- Dieu est-il un anarchiste ?
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Seitenzahl: 164
Veröffentlichungsjahr: 2022
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A
VERTISSEMENT
P
ROLOGUE
La force des faibles
I -
U
N
DIEU DE L’UNITÉ
? (
D
E
L
’UN...)
Au commencement
Qu’ils soient un
Les dictatures de l’Un
II -
L
A
DISCRIMINATION DIVINE
(...
À CHAQUE-
U
N)
Celui qui sème sortit pour semer
La femme et l’homme
L’Enfer
Les faiseurs de ponts
ÉPILOGUE
Dieu est-il un anarchiste ?
Les textes proposés dans ce recueil reflètent un cheminement et s’inscrivent dans la progression d’un discours. Ce discours est la réflexion philosophique et spirituelle d’IVSANOTETS, développée à partir des années 2000 et se poursuivant jusqu’à nos jours. Les textes issus de cette réflexion furent publiés sur deux sites internet, LESCAHIERSJÉRÉMIE, puis, en collaboration avec DIANITSAOTETS, sur AKKLÉSIA, où ils continuent d’être publiés.
Les écrits sélectionnés pour le présent recueil datent d’une première période située globalement entre les années 2000-2015 ; c’est la période des CAHIERSJÉRÉMIE.
Certaines idées ont depuis évolué, certaines positions ont été revues et modifiées . Quelques-unes de ces évolutions apparaissent dans les textes les plus récents, disponibles en ligne. D’autres nous ont surpris, se présentant à nous impétueusement, comme arrivant à travers le toit. Nous considérons ces derniers développements comme un stade important dans la maturité du discours akklésiastique. Ils nous passionnent et nous espérons bientôt les publier.
Nous laissons néanmoins les textes antérieurs tels quels sans y répercuter la progression du discours ; ils sont une portion du chemin.
Ivsan & Dianitsa Otets
À l’attention des hommes sociables
PLUSS’AFFIRME LA FAIBLESSE DE L’HOMME ET PLUS AUGMENTE SA VIOLENCE ; la plus haute violence jaillit de la plus profonde faiblesse. Ainsi, la sauvagerie et le vandalisme des révoltés n’expriment qu’une violence superficielle, sans l’énergie des profondeurs. Et si la morale condamne cette violence-là comme la dernière des abominations, c’est parce que le moraliste ne voit que l’apparence. La véritable agression émane, non d’émeutiers inconscients, mais de gens disciplinés, soumis, et enrichis des meilleures valeurs intellectuelles de la civilisation moderne ; et cette violence-là, c’est le MÉPRIS.
MALRAUX annonçait déjà « le temps du mépris » lorsqu’il parlait du national-socialisme allemand de la Seconde Guerre. Refusant de scénariser pour la millième fois la tragédie des camps, il tenta de montrer que le mépris était la source où s’abreuvait cette barbarie moderne. « Que ceux qui croient ma documentation trop rapide se rapportent aux règlements officiels des camps de concentration », dira-t-il aux sceptiques. Le vingtième siècle a donc ouvert les temps du mépris, tandis que le vingt-et-unième donnera une SOCIABILITÉ au mépris ! L’homme du siècle présent est le fruit d’un long processus au cours duquel l’humanité dut apprendre, souvent avec douleur, « à regarder l’inconscient bien en face1 ». D’abord ses instincts, puis l’obscurantisme, notamment l’idolâtrie, et enfin les systèmes politiques totalitaires. D’auto-critiques en critiques historiques, d’éducations morales en instructions des savoirs, le moderne n’est plus désormais un être tout à fait humain : il est un CONSCIENT-COLLECTIF.
Libéré, croit-il, de l’inconscience de ses pères, il prétend en outre avoir une fine conscience de son individualité, cependant il est convaincu que seule la collectivité lui offre la possibilité de l’incarner. Il est l’innocent, le sanctifié éduqué, moral et savant – éthique. Ainsi a-t-il droit, tel un dieu, de boire le nectar de la haine 2 : LE MÉPRIS. Trop éclairé par sa raison, la violence directe ne lui sied plus, aussi pratiquet-il le mépris, nettement plus efficace. D’abord avec le bras de la Justice, à l’égard des inconscients, ces sauvages brutaux ; ensuite avec ruse, à l’encontre des nomades de l’esprit, ceux pour qui la collectivité terrestre n’est qu’un pis-aller. De cette manière, il leur ôte tout droit à la parole, avec subtilité, puis il les bannit « doucement » du collectif, les privant de l’autre, du prochain, afin que nul ne soit contaminé par leur nomadisme spirituel. Telle est LA VIOLENCE DES FAIBLES, elle réussit à accomplir avec esthétisme ce dont les meilleures dictatures ont rêvé : que tous adorent un seul maître, la Conscience Universelle, et qu’ils lui soumettent tout leur être avec conviction.
La même idée est formulée dans une nouvelle de TCHÉKHOV écrite il y plus d’un siècle. L’auteur y met en scène l’intendant d’un domaine fermier parti à la chasse et qui rencontre un vieux berger, joueur de pipeau aux yeux grands ouverts sur la civilisation en train de naître :
« Les gens sont devenus faibles jusqu’à l’extraordinaire » disait TCHÉKHOV il y a 130 ans... bien qu’ils aient beaucoup plus d’intelligence, plus d’esprit, plus de conscience. Que dirait-il aujourd’hui ? Car l’homme n’a jamais été aussi puissant, il n’a jamais été aussi fort. Où est donc cette faiblesse extraordinaire ? Elle est cachée en vérité, elle est en lui. C’est en cela qu’elle est « hors de l’ordinaire ». Elle est irréelle bien qu’elle se voile sous l’apparence de la réalité. Car l’humain pullule sur terre, tel une nuée de sauterelles, mais il vandalise tout avec le bras d’athlète de son esprit précisément. Il détruit tout, comme dans un cauchemar. Qui aurait trouvé réaliste que l’homme puisse un jour faire disparaître les oiseaux, tuer chaque abeille, assécher les fleuves et se servir même du ciel comme poubelle à ses jouets technologiques ? Cet irréel est pourtant bien réel, de là est-il extraordinaire. Et le pâtre d’en conclure que « DIEUA ÔTÉ LA FORCE AUX HOMMES, c’est pourquoi les hommes veulent qu’on les soigne, et toute espèce de dorloterie. » Et « pourquoi cela ? », continue le vieil homme : « Parce que l’homme est devenu faible. Il n’y a plus en lui la force de résister. »
Plus croît la conscience collective de l’homme, plus grandit sa faiblesse individuelle. Sur le sein de la raison morale et abreuvé de son nectar, l’homme se pavane, fier comme un coq, et sa femme s’exhibe, heureuse comme le paon ; mais face à lui-même, il n’a plus aucune résistance, IL NE PEUT RÉSISTER À L’ÊTRE. Il a régressé dans l’enfance tout en ayant un cerveau surdimensionné, aussi ne peut-il marcher seul et doit-il sans cesse être porté par un collectif : ses jambes n’ont plus de forces. Qu’est-ce pour lui que l’individu marchant sur ses jambes, en toute autonomie, fixant avec foi un but invisible vers lequel il avance ? C’est un monstre. Un être dangereux qui ne connaît pas la sécurité maternelle. Un fou qui vient effrayer sa conscience commune par des mots incompréhensibles, l’exhortant à retrouver la force qui lui a été ôtée : la foi particulière, seule capable de lutter contre le géant collectif.
Devant une telle apparition, le faible cache son visage, il s’enterre dans la poitrine de sa mère puis s’en remet à sa divinité pour le justifier : il entre dans le mépris. Il sait pourtant qu’aucune justice n’a la force de résister à la foi. Trop faible, il préfère sacrifier cette force qui l’appelle pour reposer dans une sécurité qu’il sait pourtant provisoire. Il préfère sacrifier tous les nomades de la foi, éradiquer leur race dans le mutisme de son mépris, par la barbarie de sa politesse. Et quand aura été éradiquée cette race, quand nul homme de foi ne vivra plus pour aplanir les chemins étroits de la force intérieure, alors régnera la mort ici-bas. Ne règne-t-elle pas déjà d’ailleurs, comme jamais ? Car le tout penche au même du vieux pâtre est en train de s’achever, tout tombe, ayant penché à l’excès ; les temps du mépris sont en train de s’accomplir, ils préparent leur apothéose. La mort frappe plus que jamais, et elle frappera bientôt en masse à la porte de tout individu comme jamais elle ne le fit auparavant, arrachant chaqueun de son sein maternel, se riant de sa conscience collective qui ne le sauvera pas. Qu’y a-t-il de plus fort que la mort, puisque nul ne peut la vaincre, et qu’y a-t-il de plus faible qu’elle puisqu’elle vide le vivant de toutes ses forces ? Et qu’y a-t-il de plus armé de mépris que la mort, elle qui peut tuer l’innocent enfant sur le sein de sa mère comme n’importe quel coupable ? N’est-il pas coupable d’ailleurs, cet enfant parfumé, poli et si intelligent, ce monstre ?
1CARLJUNG,Psychologie de l’inconscient.
2 « La haine a soif de mépris. Le mépris, c’est son nectar... » BARBEYD’AUREVILLY,Le rideau cramoisi.
3 Note d’Akklésia.
De l’Un...
À partir de Jean11
au commencement était le parler
et le parler était à dieu et dieu il était le parler
Traduction CLAUDETRESMONTANT
J’AITOUJOURS ÉTÉ PERPLEXE face à ce premier verset de l’ÉVANGILEDEJEAN ; non par ce qu’il dit, mais par la manière dont il le dit. L’intention de l’auteur est pourtant claire et il faut avoir l’esprit tordu pour ne pas admettre qu’il nous dit que Dieu et le Christ sont un-seul être. En ouvrant son récit avec le fameux « au commencement », JEAN se place d’emblée vis-à-vis de cet autre « au commencement (bereshit) » mis lui aussi en première place, dans l’ANCIENTESTAMENT : « Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre. » En revanche, l’ÉVANGILEDEMARC, me semble-t-il, bien qu’usant du même vocable pour débuter son propos, montre davantage de subtilité en écrivant : « Commencement de l’Évangile de Jésus-Christ, Fils de Dieu. » Pourquoi affirmer une telle chose à propos de MARC dont la popularité est pourtant inférieure ? Parce que MARC n’explique pas le « commencement » dont témoigne la GENÈSE. Il n’en fait pas l’exégèse comme semble en avoir l’intention JEAN. Il ne sous-entend pas qu’il faille détisser le bereshit de l’ANCIENTESTAMENT afin de le recoudre avec l’ÉVANGILE. « Il est un autre commencement », dit Marc : « celui de L’ENGENDREMENT DES FILS ». L’engendrement est en effet l’aboutissement qui succède à l’origine de la GENÈSE, mais il n’est pas son ennemi. Il n’y a pas de conflit entre ces deux « commencement ». Le conflit naît précisément de la volonté de ne faire place que pour un seul commencement, supposant qu’en reconnaître deux serait une incohérence inacceptable ! Le désir de préserver deux commencements fut d’ailleurs celui de SAINTAUGUSTIN lorsqu’il affirma dans La Cité de Dieu : « Pour qu’il y eût un commencement, l’homme fut créé. » Autrement dit : Pour que vienne un autre commencement, il y eut le premier commencement de la création. De fait, l’engendrement des fils dont témoigne le Nouveau Testament, bien qu’il apparaisse dernier dans notre chronologie s’avère être PREMIER. N’est-il pas en effet le but visé dès le début, bien que d’abord caché aux yeux et aux oreilles des matrices de la création ? Il s’ensuit que la GENÈSE n’est pas le point de départ, mais un espace intermédiaire. Il est la grossesse du véritable projet. Il en est ainsi de tout homme, car le nourrisson ne commence pas à exister dans le ventre maternel, il naît d’une rencontre amoureuse qui l’appelle à la vie avant même qu’il ne soit un embryon, et il est accompli lorsqu’il s’élève comme Fils, ne dépendant plus de ses géniteurs naturels.
L’acte créateur de la Genèse est en fait un long commencement raisonnable placé sous l’égide des limites de l’intelligence. Il est une organisation que des forces extraordinaires mettent en place à grands coups de séparations de la matière : la lumière est séparée des ténèbres, le ciel de la terre, les eaux des continents, les végétaux des animaux, les oiseaux des poissons, l’homme des mammifères, le mâle de la femelle, puis enfin chaque individu par rapport à son prochain : Ève et Adam en vis-à-vis. C’est Dieu qui donna à ces forces de distinction la prérogative de faire échapper la matière du chaos, faisant ainsi abonder une vie biologique nourricière, mais une vie en gestation, en attente d’un devenir. C’est pourquoi la moindre de ces forces ne disparaîtra pas, et le plus petit détail de leurs lois ne sera pas supprimé jusqu’à ce que la gestation soit arrivée à son terme : « jusqu’à ce que tout soit accompli » disait le Christ. Dans un premier temps, Dieu soumet donc l’existence aux limites des lois naturelles ; il la nourrit à l’arbre du bien et du mal, faisant ainsi concourir à son projet le raté de l’humanité qui s’adonne au dualisme.
C’est ainsi que, petit à petit, l’individu assujetti aux commandements de la création voit ceux-ci se muer en une conscience du bien et du mal à l’intérieur même de son âme. Pressé entre menaces et espoirs, l’homme s’éveille alors à SA LIBERTÉ. C’est elle qui l’appelle à SORTIR, non plus seulement du chaos, mais du premier commencement de l’ordre des lois ; c’est-à-dire à lutter contre les principautés de la raison. Car sa liberté pousse l’homme vers une nouvelle dimension de la pensée : celle de la foi. Elle seule peut lui faire goûter, dans l’incognito, à son être à-venir, à sa vie spirituelle, à l’infini des possibles dont il espère la venue – au second commencement de son engendrement filial. Quand viendra cette Vie, l’intelligence qui soumet la création sera jugée par les fils de l’homme, et celle-ci pourra enfin entrer dans le repos après lequel elle soupire : « Ne savez-vous pas que nous jugerons les anges ? » disait Paul (1 COR 63). Tout sera enfin soumis aux fils que l’Esprit aura engendrés en les délivrant de leur première genèse. En ce jour, les limites de la raison cesseront de dominer l’Être à qui « rien ne sera impossible ».
En cherchant le conflit direct avec le premier commencement créateur, on s’oppose donc à de gigantesques et subtiles puissances intellectuelles ; et en entrant de la sorte sur leur terrain, on tombe inévitablement dans leurs griffes. Tendance que MARC évite. Il rend honneur au « commencement » hébreu, au bereshit. Il lui offre une perspective plutôt qu’une mort : « C’est une bonne nouvelle », dit-il à la Loi créatrice et à son ordre, « ta domination touche à sa fin, et les souffrances qui en résultent sur le créé ne seront bientôt plus ; lorsque tu tomberas des cieux pour n’être qu’un simple serviteur aux pieds des fils de l’homme, les arbres battront des mains et les collines sauteront de joie, car la création entrera dans son repos de shabbat ». Tandis que le texte de Jean soumet l’homme à une tentation. Car nous pourrions imaginer qu’il veuille unir en un seul le processus de GESTATION de la GENÈSE et l’ENGENDREMENT de l’ÉVANGILE, comme s’il était possible de laisser éternellement l’enfant dans le ventre de Mère Nature par la diablerie des réincarnations. La spiritualité consisterait dès lors à délivrer l’homme de la nature et de l’engendrement, soit donc à le désincarner : à lui faire vivre sa mort. C’est à ce genre de chimères qu’on aboutirait en imaginant que Jean en appelle au logos grec pour expliquer l’origine de toute chose – et pour expliquer Dieu lui-même ! Il faudrait par conséquent que Jérusalem se soumette à Athènes. C’est ainsi qu’on retrouve, presque mot pour mot dans le grec, le premier verset de JEAN dans la bouche même du philosophe PLOTIN : « Au commencement est la raison (logos/et tout est raison (logos/ Par elle sont engendrées les choses et mises en ordre les générations.4 » Et CHESTOV d’en faire le commentaire critique suivant : « Conformément à ceci, le commencement du mal, c’est le refus téméraire de l’homme de s’incliner devant le logos, la loi antérieure au monde 5. » Mais était-ce là aussi l’intention de JEAN ? Voulait-il soumettre l’homme à la raison au nom du Christ ?
Faire venir le logos grec au cœur des origines, puis le diviniser, ce n’est pas conduire la création au repos, ce n’est pas élever la liberté des fils de l’homme au-dessus d’elle, c’est rendre éternelle la domination d’un dieu-raison. C’est définitivement clouer notre liberté au tribunal de la raison. C’est prétendre que l’homme serait accompli dès lors qu’il deviendrait de l’intelligence incarnée. C’est dire que l’homme serait de la logique faite chair, au même titre qu’un ordinateur est la concrétisation d’un savoir dont la raison se glorifie. C’est prophétiser le règne des choses et des machines ! Dieu affirme tout le contraire. Il condamne dès le début cette divinisation du visible, car il lui ôte, ainsi qu’à l’homme qui vient de la couronner, la possibilité de perdurer pour toujours : « Qu’il n’avance pas la main pour prendre aussi de l’arbre de vie, en manger et vivre à jamais ! » (322). Affirmer que la raison est Dieu va à l’encontre des ÉVANGILES et des propos du Christ.
En effet, si la raison, avec son divin logos créa l’homme pour elle-même dès l’origine, ce n’est donc pas dans l’espérance d’une résurrection corporelle où « rien ne sera impossible à l’individu », mais c’est afin que l’homme abandonne son corps, afin qu’il devienne une pure pensée, lui-même un logos, une conscience incorporelle, afin que « rien ne lui soit possible », afin qu’aucune incarnation propre à chaque individu ne puisse jamais naître. Certes, l’humain échapperait ainsi définitivement au chaos, mais en sacrifiant son pouvoir de s’incarner dans le réel, en SACRIFIANT SA PAROLE précisément ! Le logos grec veut donc s’assujettir nos expressions extérieures ; et, niant qu’elles prennent leur source dans notre volonté intérieure, il veut lui-même en être la source, il désire s’asseoir sur le trône de nos intentions. Il fait violence à notre intimité. Il crucifie notre origine. Cela fait, il pourra prétendre par la bouche de PLOTIN être « le commencement de tout ». Ainsi ruinera-t-il nos différences, faisant de chacun un clone de l’autre. Le logos est en vérité effrayé par notre liberté qui ne cesse de le remettre en question, c’est pourquoi il condamne notre vouloir en le confondant avec le chaos. Se croyant lui-même le « commencement de tout », il accuse notre volonté d’ANARCHIE dès lors qu’elle veut lui échapper, il l’accuse littéralement d’être « sans commencement », sans autorité première, sans (an) origine (arché). L’homme dont il est victorieux sera donc inexorablement conduit vers l’immobilisme, vers cette perfection qui consiste pour la raison à nous « délivrer » de notre inique et mouvante liberté. Tout logos qui devient un dieu conduit les hommes à être pétrifiés dans la mort.
Cet amalgame entre Dieu et la raison, entre le Christ et la logique rationnelle, ceci est un malheur. Comment JEAN a-t-il pu faire une telle erreur ? Ne faut-il pas penser, avec CLAUDETRESMONTANT,