Études 2 - Catherine Lestang - E-Book

Études 2 E-Book

Catherine Lestang

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Beschreibung

L'année A, l'année Matthieu, propose outre les textes des temps forts (Avent, Carême, Temps Pascal), des textes qui parcourent au fil des semaines tout l'évangile de Matthieu. J'ai continué, comme pour le tome précédent, à travailler ces textes comme si je ne les connaissais pas, de manière à pouvoir les laisser être entendus par un auditeur, que ce soit un disciple ou un protagoniste. Mon désir étant de permettre au lecteur de ces petits textes d'entrer plus facilement dans le texte lu ou entendu, de se poser des questions, et de se demander comment lui, il raconterait cela dans son aujourd'hui. Il s'agit peut-être de quitter le raisonnement pour laisser résonner les mots; le texte devient chemin de vie, mais aussi accompagnement.

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Seitenzahl: 575

Veröffentlichungsjahr: 2023

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ILS RACONTENT LES ÉVANGILES : 2019

ILS RACONTENT LES ÉVANGILES -2- : 2020

ILS RACONTENT LES ÉVANGILES –3- : 2022

ÉTUDES 1. 2023

TABLE DES MATIÈRES

PRESENTATION PAR ÉVANGI

PRÉSENTATION PAR DIMANCHE

INTRODUCTION

AU FIL DES JOURS, VERS LA LECTIO DIVINA

Luc 1, 57-65: la fin du silence. Quatrième semaine de l'Avent, décembre 2022

Le texte

Zacharie raconte

Et pour expliquer un peu plus

Marc 3, 1-6 guérison un jour de Sabbat. 2° semaine du temps ordinaire. 2023

Le texte.

L'homme raconte

Jésus raconte

Un pharisien raconte

Relecture.

Matthieu 4, 12-23: l'appel des quatre. 3° dimanche du temps ordinaire. Dimanche de la parole. 22 Janvier 2022

Travail sur le texte.

Un passant raconte

Annexe. Comparaison des récits d'appel.

Marc 5, 1-20. Le possédé des cimetières. 3° semaine du temps ordinaire. Janvier 2023

Travail sur le texte

Les cinq supplications.

Un disciple raconte.

Marc 9, 2-12 Transfiguration. 6° semaine du temps ordinaire. Février 2023

Travail sur le texte.

Réflexions.

Matthieu 4, 1-11. Les tentations. Premier dimanche de carême. Février 2023

Premières réflexions.

Travail sur le texte

Interprétations bibliques des tentations

Comparaison des textes dans les synoptiques

Matthieu 17, 1-9. La Transfiguration. Deuxième dimanche de Carême. Mars 2023

Généralités

Comparaison des trois textes.

Les différentes séquences.

Travail sur le texte.

Bien des années après Pierre, proche de sa mort, raconte, 2P,1, 14-18, un peu comme pourrait le faire un conteur.

Jean 4, 5-42. La samaritaine. 3° dimanche de carême. Mars 2023

Premières approches du texte

Travail sur le texte. Jean 4, 5-45

Encore des réflexions.

La Samaritaine raconte.

Les disciples racontent

Jésus raconte

Les Samaritains racontent

Jean 9, 1-41: La guérison de l'aveugle-né, 4° dimanche de Carême - Mars 2023

Retour sur les synoptiques et les guérisons d'aveugles

Comparaison entre les synoptiques et le récit johannique

Ce chapitre dans l'évangile de Jean

Première description de la rencontre

Travail sur le texte

L'aveugle de naissance raconte.

Nicodème raconte

Les œuvres: réflexion sur le livre de Tobie.

Tableau comparatif des récits de guérison d'aveugles dans les Synoptiques.

Jean 11, 1-45. La résurrection de de Lazare. 5° dimanche de carême. Mars 2023

Réflexions préalables.

Travail sur le texte

Un disciple raconte

Retour sur Lazare.

Matthieu 21, 1-11. Entrée de Jésus à Jérusalem. Dimanche des Rameaux, Avril 2023

Des approches de ce texte.

Travail sur le texte.

Quelques réflexions sur la monture choisie par Jésus.

L'ânesse de Jérusalem raconte:

Le Sanctus .Que disons-nous ou que chantons-nous chaque dimanche?

Mise en parallèle des récits.

Un texte lié à la lecture de la passion selon St Matthieu

Jean 13, 21-38. Annonce de la trahison de judas et du reniement de Pierre. Avril 2023: Mardi de la semaine Sainte.

Travail sur le texte.

Jean l'évangéliste raconte

Jean 18-19 Récit de la passion. Vendredi Saint. Avril 2023

Préambule

Pilate raconte

Jean 20, 19-31. Apparition aux disciples . 2°Dimanche de Pâques.

Travail sur le texte

Jean l'évangéliste raconte.

Luc 24, 13-35 Les disciples d'Emmaüs. 3°dimanche après Pâques, Avril 2023

Rappel des différentes rencontres de Jésus après la résurrection.

+

Dans l'évangile de Matthieu.

+

Dans l'évangile de Marc.

+

Dans l'évangile de Luc.

Les vêtements de Jésus.

Travail sur le texte.

Jean 10, 1-11. Le bon Pasteur. 4° dimanche après Pâques. Avril 2023

Travail global sur le chapitre 10

La première partie: Discours aux pharisiens qui ne comprennent pas. Versets 1 à 21

La deuxième partie, la Fête de la Dédicace. Versets 22-42

Travail sur le texte: versets 1 à 10

Un pharisien raconte

Jean 14, 1-14. 5° dimanche après Pâques. Je suis le chemin, la vérité et la vie. Mai 2023

Jean 14, 15-21 6° dimanche après Pâques. Il vous enverra un autre défenseur. Mai 2023

Présentation des deux textes.

Travail sur le texte. Versets 1-12. Cinquième dimanche après Pâques

Travail sur le texte: versets 15 à 21. 6° dimanche après Pâques

Thomas raconte.

Annexe: Jean 14, 21-31. La question posée par Jude

Dialogue imaginaire, après la résurrection. Thomas parle avec Philippe et Jude.

Marc 10, 46b-50. La guérison de l'aveugle de Jéricho. Temps ordinaire. Mai 2023

Premières approches.

Apport des synoptiques

Travail sur le texte

Timée, l'aveugle, le fils de Timée, raconte.

Matthieu 13, 1- 20 La Parabole du Semeur. 16° dimanche du temps ordinaire. Juillet 2023

Une petite découverte à propos de ce texte.

Travail sur le texte.

Quelques précisions avant de laisser un disciple raconter

Un disciple raconte comment il a entendu et compris

Jean 20, 10-18: fête de Marie de Magdala. 22 juillet 2023

Préambule.

Marie, Jésus, Lazare, à Béthanie: le texte

Marie raconte

Matthieu 15, 21-28: la femme syro-phénicienne. 20° dimanche du temps ordinaire. Août 2023

Comparaison des deux récits.

Analyse du texte.

Et si un disciple racontait…

Jean 1, 45-51 Fête de St Barthélémy, Nathanaël. Août 2023

Jean 1, 45-51 Fête de St Barthélémy, Nathanaël. Août 2023

"Un véritable israélite, un homme sans ruse".

Le texte.

Commentaire de Nathanaël

Marc 6, 23-20. Martyr de Jean Baptiste. 28 Août 2023

Réflexions: le rôle du prophète.

Le texte.

Hérode raconte.

Matthieu 16, 13-20. 21°dimanche du temps ordinaire. Août 2023. Matthieu 16, 21-30 . 22°dimanche du temps ordinaire; Septembre 2023

Les deux péricopes.

Matthieu 16, 12-20: Pierre reconnait en Jésus le Christ

Matthieu 16 , 21-27 Réaction de Pierre à la première annonce de la Passion.

Quelqu'un raconte

Les synoptiques

Jean 19,25-27. Notre Dame des sept douleurs - 15 septembre 2023

Le texte

Mes réactions à ce texte.

Le texte.

Marie raconte

Matthieu 21, 28-32, 33-43 22, 1-10. Les paraboles proposées aux autorités du Temple.

Travail sur les textes.

Matthieu 21 , 28,-32 : les deux fils : 26° dimanche du temps ordinaire.

Un notable raconte

ANNEXE : Les invités à la Noce

Matthieu 25, 1-33. Les trois dernières paraboles. 32° et 33° du temps ordinaire, Fête du Christ Roi Novembre 2023

Généralités sur les trois paraboles

Les mots.

Lampe et huile

Serviteur.

Dehors et dedans

Travail sur les textes

Parabole vierges sages

Parabole des Talents

Parabole du jugement dernier

Les récits

Un disciple raconte.

Récits de personnages.

Annexe : parabole des talents, parabole des Mines.

Conclusion

PRESENTATION PAR ÉVANGILE

Évangile

Chapitre/versets Matthieu 2, 13- 19

Titre Fuite en Égypte

Qui raconte Joseph, Marie

Matthieu 4, 12- 23

Appel des 1° disciples Tentations

Un passant Jésus

Matthieu 4, 1-11

Semeur

Disciple

Matthieu 13, 1- 20

La syro- phénicienne

Disciple

Matthieu

Matthieu 15,21- 28

Transfiguration

Pierre

Matthieu 17, 1-9

Entrée dans Jérusalem

L'ânesse

Matthieu 21, 1- 11, 28-32

Les paraboles pour les Autorités

Un Ancien.

Matthieu 25 1- 13, 14-30.

Jeunes filles Les talents

Un disciple Une jeune fille Un disciple Le mauvais serviteur

Mt 25, 31-46

Jugement

Un disciple. Le groupe de gauche

Marc

Mc 3, 1-6

Guérison de l’homme à la main atrophiée.

L'homme Jésus

Mc 3,20-21, 31- 35

Jésus et ses proches

Jésus

Mc 5, 1-10

Le possédé des cimetières

Un disciple

Mc 6, 23-30

Mort de J-B

Hérode

Mc 9, 2-12

Transfiguration

Pierre

Lc 1,57,65

La fin du silence.

Zacharie

Luc

Lc 24, 13-35

Emmaüs

Un ange

Jean 1, 45-50

Appel Nathanaël

Nathanaël

Jean 9, 1-41

Guérison de l'aveugle

L'aveugle et Nicodème

Jean 10, 1-10

Bon Pasteur

Un Pharisien

Jean 11, 1-45

Résurrection de Lazare

Un disciple

Jean

Jean 14

Après la Cène

Thomas

Jean 18-19

Passion

Pilate

Jean 19, 25-27

Marie au pied de la croix

Marie

Jean 20, 1, 10-18

Apparition à Marie Madeleine

Marie Madeleine

Jean 20, 19-31

Apparition aux disciples

Jean l'évangéliste

PRÉSENTATION PAR DIMANCHE

Date

Titre

page

1° dimanche de Carême

Tentations

2°dimanche de Carême

Transfiguration

3° dimanche de Carême

Samaritaine

4° dimanche de carême

Aveugle-né

5°dimanche de Carême

Résurrection de Lazare

Dimanche des

Rameaux et Passion

Rameaux

2° dimanche après Pâques

Apparition aux disciples

3°dimanche après Pâques

Emmaüs

4° dimanche après Pâques

Bon Pasteur

5° et 6° dimanches après Pâques

Thomas, Philippe. Promesse de L'esprit

16°dimanche du temps ordinaire

Parabole du semeur

20° dimanche du temps ordinaire

Guérison fille de la syrophénicienne

21° et 22°dimanche du temps ordinaire

Confession de Pierre. Annonce de la Passion

26, 27, 28° dimanches du temps ordinaire

Paraboles pour les Autorités

32° et 33°dimache du temps ordinaire

Jeunes filles Talents

Christ Roi

Jugement dernier

INTRODUCTION

Ce tome 2, dans cette série Études, est une continuation du livre précédent, en ce sens que la manière de travailler et d’aborder le texte, en lisant systématiquement ce qui s’est passé avant, ce qui arrivera après et sans laisser de versets incomplets ou manquants (coupures des liturges), est restée identique.

L’année liturgique étant l’année A, Matthieu, un grand nombre des textes des dimanches ont été travaillés, mais il me faut reconnaître que j’ai parfois du mal avec cet évangéliste, qui ne connaît pas trop la miséricorde.

La structure est donc la même que pour le livre précédent. Il y a souvent une présentation du texte lui-même avec les questions qu’il me pose, puis le travail sur le texte versets par versets, ce qui me permet de mettre parfois de pouvoir mettre en relation soit un verset soit un simple mot, avec d’autres textes de la Bible, mais aussi avec des réactions plus personnelles, parfois liées à ma pratique professionnelle. Ceci me permet de m’exprimer en toute liberté. C’est donc une analyse personnelle, qui n’engage que moi. Je suis quelqu’un de curieux, j’ai besoin de comprendre, et grâce à Internet, il y a moyen de trouver des réponses.

C’est de ce travail de base que naît le récit, et bien entendu, le lecteur peut tout à fait passer sur ce travail de base, pour ne lire que le récit. Mais bien souvent des éclairages arrivent au petit matin, durant ce temps où j’essaie d’être simplement en présence de celui qui a promis de demeurer en moi.

Je me suis rendue compte que parfois ce que j’avais prévu ou imaginé lors de ce travail préliminaire, je veux dire trouver d’emblée qui allait raconter ce texte, parler de ses réactions, de ce qu’il a compris ou pas compris, pouvait parfois m’échapper complètement.

On dit que les romanciers, peuvent avoir une trame, mais que leurs personnages leur échappent et ont leur vie propre ; c’est alors à l’auteur de les suivre. Ceci m’est arrivé plus d’une fois, et c’est un peu comme si le texte devenait pour moi accompagnement. Je découvre en écrivant des choses auxquelles je n’avais pas pensé du tout, durant tout le travail préliminaire. Et c’est beaucoup plus fréquent pour ce tome 2 que pour le tome 1.

Certains textes, surtout si je regroupe plusieurs sections, peuvent paraître presque scolaires, avec peu d’affects, surtout si c’est un opposant à Jésus qui parle.

Mais est ce que parfois, certains textes que nous connaissons trop bien, ne nous paraissent pas comme ayant perdu tout le sel ? Comment se laisser interroger, peut-être transformés par eux ?

Quand j’ai repris la lecture de la Bible, et surtout des évangiles, je me suis rendue compte que des textes qui avaient été fondamentaux pour moi, étaient devenus secs, morts et il a fallu des années pour qu’ils redeviennent vivants. Alors peut-être que ces textes trop connus, nécessitent pour se laisser travailler par, de les travailler encore et encore, de les « étudier » pour trouver d’autres doigtés, d’autres assemblages de notes, et j’en reviens un peu cette notion d’étude, sauf que cela demande du temps, de la volonté, parfois de l’acharnement.

Et cela me permet de passer à une autre notion qui est importante pour moi, celle d’accompagnement. Se laisser accompagner par le texte, mais l’accompagner aussi, pour qu’il puisse devenir chant.

De fait quand je dis accompagnement, je pense beaucoup aux « lieder ». Il y a le piano (en général) et le chanteur, et l’instrument en quelque sorte, du moins pour moi, accompagne le chanteur, lui permet de trouver le ton, le rythme, mais aussi de trouver ce que lui l’interprète peut ajouter de lui dans les vers qu’il chante et qui sont accompagnés pas l’instrument.

L’un permet à l’autre de prendre son essor, de rester toute fois avec lui, un peu en sourdine. Mais parfois quand il s’agit d’instruments les deux s’accompagnent, ou pas. L’un peut prendre son envol, l’autre peut se taire, puis reprendre la main et aussi fusionner par moment. C’est tout cela ce que je cherche à faire quand je laisse ces phrases venir en moi.

Ce que je veux dire, parce que je crois aussi qu’accompagner des personnes, c’est de lui permettre de trouver son propre chant, sa propre note ou de la retrouver, pour qu’il devienne créateur. À moi, quand c’est possible, de lui donner ce qu’il faut pour qu’il ait un regard différent sur lui-même, qu’il puisse redialoguer avec lui, et arriver à s’aimer.

Là je ne peux que remercier toutes les personnes qui ont bien voulu raconter un peu de leur vie, mais aussi mes lectures et mes propres expériences. L’important n’est-il pas de trouver ce plaisir à un moment de chanter ensemble, de chanter quelque chose d’une vie retrouvée, d’une vie qui se renouvelle.

Je ne dis pas que c’est toujours ce qui se passe, mais il y a toujours en moi la certitude que l’ Esprit Saint est là, qu’il peut tout, et que parfois c’est lui qui peut faire naître ou faire renaître de la vie. Je veux dire que si moi je ne peux pas ou je ne sais pas, il y en a un autre qui sait, qui peut, à condition de le lui demander.

C’est ce que j’ai appris, ce que j’apprends et que je continue d’apprendre.

Je dois aussi ajouter, que compte tenu de mon âge, parce que comme c’est dit dans l’évangile de Luc, Dieu peut « me redemander ma vie, à n’importe quel moment » Lc 12,20 il est important pour moi de proposer ces approches. Parfois je me fais l’effet d’être ce scribe qui comme un bon maître de maison tire de son trésor du neuf et de l’ancien Matthieu 13, 52.

Le trésor ne m’appartient pas, et je remercie tous ceux et toutes celles qui en me faisant confiance m’ont permis d’accumuler toutes ces richesses qui doivent être redistribuées.

AU FIL DES JOURS, VERS LA LECTIO DIVINA

Chaque texte présenté est source d’un travail qui prend du temps. Il faut l’entendre, le lire, le laisser parler. Se le représenter, le regarder, l’écouter.

Le lire, mais aussi le « dé-lire » (si je puis dire), pour le relire, pour qu’il puisse être mis dans la bouche d’un conteur, avec à la fois les mêmes mots, mais avec d’autres. Cela c’est déjà de la « lection divina. » Le but c’est de le laisser résonner en soi, de quitter le raisonnement, pour que le texte devienne un peu soi.

L’important est que ce texte puisse prenne racine. Que ce texte écrit un jour du temps, que ce texte daté, puisse devenir présent, avec ses interrogations.

Les interrogations, nécessitent des réponses ; on ne les trouve pas toujours, malgré tout ce qu’on trouve sur le net. Mais l’Esprit Saint lui est là. Quand je butte sur un verset ou un texte, souvent je finis par trouver un jour ou deux après, voir plus.

Et quand les interrogations font silence, alors le dialogue peut parfois s’ouvrir. Peut-être qu’il se résumera à un une phrase, à un mot, qui seront des sources d’eau vive, ou ce bruissement ténu qui est signe de la Présence.

Luc 1, 57-65: la fin du silence. Quatrième semaine de l'Avent, décembre 2022

C'est un texte qui aurait dû être publié depuis longtemps, mais il est resté en gestation. Ce n'est peut-être pas un hasard s'il voit le jour en ce 11 Février, fête de Notre-Dame de Lourdes.

Quand je relis les deux premiers chapitres de l'évangile de Luc, je suis frappée par le silence qui tombe sur la famille de Zacharie à partir de la rencontre avec l'ange dans le Temple. Zacharie a vu l'Ange dans le Temple, il l'a entendu, il lui a parlé, et depuis ce moment-là il est frappé de mutisme; il ne peut plus parler, il ne peut plus chanter, ce qui doit être plus que difficile à vivre.

On sait aussi que dans son village, sa femme Elisabeth, toute juste qu'elle soit, est montrée du doigt: elle, la femme d'un prêtre, n'a pas donné de descendance. Et depuis des années, elle sort peu, pour éviter ces moqueries, pour ne pas les entendre; et une maison sans enfants est une maison bien silencieuse. Peut-être même qu'elle va puiser de l'eau à la fontaine à une heure différente de celle des autres femmes, pour ne pas entendre les moqueries, pour ne pas subir les regards; Élisabeth se tait.

Quand Zacharie revient, il ne parle pas; et j'imagine que c'était un homme qui parlait pour deux, qui parlait beaucoup. Et dans le silence, la naissance s'annonce. Peut-être que Zacharie pensait que ce serait à ce moment-là qu'il retrouverait la parole. Mais non; il est toujours muet. Et Elisabeth, elle, n'ose en parler à personne. C'est ce que nous dit le texte lucanien. A-t-elle peur que là encore on se moque d'elle, que l'on parle de ce que de nos jours on appellerait une grossesse nerveuse? A-t-elle peur de perdre cet enfant miraculeux? Le sent-elle bouger en elle? A-t-elle vraiment foi en la puissance du Très Haut? Je me dis qu'une femme qui depuis longtemps n'a plus ce qu'on les femmes (comme dit Abraham quand il parle de Sarah), doit avoir des doutes sur sa grossesse, du moins pendant les trois premiers mois.

Et voilà, Marie, la petite cousine, qui arrive et la vie avec elle. Elle, elle parle; et je peux imaginer que son Shalom est un Shalom proclamé. Le silence est rompu, et le petit tressaille dans le ventre d'Elisabeth, qui doit sentir cette joie de la vie en elle, et qui peut, d'une voix forte - et si Luc insiste là-dessus, c'est que c'est un changement - parler, dire, proclamer. Elle peut, comme un homme, parler d'une voix forte et devenir prophète, car c'est bien ce qui se passe, puisqu'elle révèle ce qui se passe en Marie; et le dessin de Dieu, qui fait de Marie celle qui est bénie entre toutes les femmes, celle qui porte le béni de Dieu, celle qui porte le Seigneur des Seigneurs. Et Marie continue, sur la lancée d'Elisabeth, en chantant à son tour ce que nous appelons le Magnificat.

Et après?

Après, on ne sait rien. On peut penser à une joie silencieuse dans la maison, parce que Zacharie, lui ne parle toujours pas; et aussi, quand même un silence; car il semble bien, si on suit le texte de Luc, que personne dans le village ne soit au courant de ce qui se passe. Le silence continue à envelopper cette maison: Zacharie ne parle pas, Elisabeth ne se montre pas; quant à Marie, nous ne savons rien.

C'est après la naissance que les choses bougent. Il y a le cri du nouveau-né, qui est bien vivant, il y a Elisabeth qui, toute fatiguée qu'elle soit, peut parler à son tout petit; et hélas Zacharie, qui est toujours muet, mais qui voit la réalisation de la promesse et qui sent peut-être, en lui, monter une action de grâce: sa femme est vivante, son fils est bien vivant, et tout le monde accourt, que ce soit du village ou de la famille, pour les féliciter. C'est peut-être même du brouhaha qui est là, après le silence.

Voilà le huitième jour, avec toujours ceux qui savent mieux que tout le monde ce qu'il faut faire et dire. La circoncision, c'est normal, mais pourquoi autant de monde? Et pourquoi vouloir l'appeler Zacharie comme son père? Une possibilité, c'est que Zacharie ayant porté une infirmité ne peut plus aller dans le Temple pour servir, et que son fils sera donc le nouveau Zacharie. Mais c'est assez étonnant, car dans les généalogies les fils portent rarement le nom de leur père; d'un aïeul oui, mais pas du père. Et bref, le brouhaha fait que la parole d'Elisabeth est mise en doute et que c'est le père qui doit trancher. C'est là qu'on lui donne une tablette, où il écrit le nom de l'enfant; et que la voix, la parole lui est rendue. Et que lui, le prêtre, peut enfin chanter les louanges de Dieu - un peu comme les bergers le feront dans quelques mois - et parler à son enfant. Le silence est rompu, la vie est là, même si l'histoire de la famille disparaît, pour être remplacée par celle de la famille de Marie et la naissance du Sauveur.

Ce qui est frappant dans cette histoire, c'est qu'elle vient après le chant de Marie, le Magnificat; après le moment où Elisabeth a proclamé d'une voix forte ce qui concerne la jeune fille qui vient de la saluer; mais que pour autant le silence, ou un certain silence, a continué à régner dans cette maison.

Ce silence concerne autant Elisabeth que Zacharie, mais aussi Marie, qui certes sait qu'elle aussi attend un enfant - et quel enfant - mais qui n'en n'a pas encore parlé à Joseph et qui garde donc le silence, même si elle a pu exprimer la joie qui est en elle.

Le silence ne veut pas dire que la joie est absente dans la maison, mais le silence est là. Et ce sont de ces silences dont j'ai envie de parler. Mais tout d'abord:

Le texte

57 Quand fut accompli le temps où Élisabeth devait enfanter,

elle mit au monde un fils.

58 Ses voisins et sa famille apprirent que le Seigneur lui

avait montré la grandeur de sa miséricorde, et ils se réjouissaient avec elle.

C'est un peu étonnant ce terme de miséricorde. On pensait que la stérilité était liée à un péché, était une punition, donc la honte accompagnait cette malédiction qui ne permet pas procréer. Ce qui est étonnant c'est que le silence ait été finalement gardé. Comme si Marie avait été la gardienne de ce temps de préparation, de ce temps de silence, et qu'elle n'était partie qu'après la naissance de Jean. Et avec la naissance, il y a du bruit dans la maison, et les voisins sont au courant et la famille aussi. Vive "le bouche à oreilles".

C'est aussi un peu comme si le bruit que fait ce tout petit mettait en émoi les voisins, puis la famille, famille que l'on découvre ici. Et peut-être que la famille s'était détournée de ce couple, à cause de sa stérilité, et ensuite du châtiment qui avait frappé Zacharie à son retour du Temple de Jérusalem. Pas simple, les relations familiales.

59 Le huitième jour, ils vinrent pour la circoncision de

l’enfant. Ils voulaient l’appeler Zacharie, du nom de son père.

60 Mais sa mère prit la parole et déclara : « Non, il

s’appellera Jean. »

61 On lui dit :" Personne dans ta famille ne porte ce nom-là "

Qui est ce "ils"? Drôle d'idée que de lui donner le nom de son père: Dieu s'est souvenu. Dans les généalogies, il est rarissime qu'un fils porte le nom de son père. Elisabeth, la silencieuse, va être obligée de les faire taire.

Porter le nom d'un autre, pourquoi pas. Mais ce prénom, Jean, semble exclu, on ne doit pas le donner: personne ne l'a jamais porté dans la famille. Or c'est peut-être ainsi que la nouveauté de Dieu qui se manifeste. Jean veut dire: Dieu pardonne, ou Dieu fait grâce. C'est ce que Dieu, dans la manière de voir les choses de l'époque, a fait pour le couple puisqu'il est question de miséricorde faite à Elisabeth. Et cependant c'est bien plus large que cela, c'est ce que Dieu va faire avec son fils, et Jean préparera le chemin.

62 On demandait par signes au père comment il voulait

l’appeler.

63 Il se fit donner une tablette sur laquelle il écrivit : « Jean

est son nom. » Et tout le monde en fut étonné.

Demander par signes. Comme si Zacharie était sourd; à cette époque, surdité et mutité allaient souvent ensemble, mais alors c'est la surdité qui bloque l'accès à la parole. Et ce que dit Zacharie montre que la vieille n'est pas folle, puisque l'autre vieux est d'accord aussi. Ce que l'Ange de Dieu a dit ne peut -être anéanti.

C'est aujourd'hui que Dieu a fait grâce à ce couple, en le sortant de la honte, mais c'est aussi bien plus large. Dieu fait réellement grâce à Israël (et ce sera le cantique de Zacharie), en envoyant à la fois celui qui va préparer le chemin et celui qui montrera le chemin pour se laisser trouver par Dieu qui fait grâce.

64 À l’instant même, sa bouche s’ouvrit, sa langue se délia :

il parlait et il bénissait Dieu.

On a là comme un premier miracle. Et dans les évangiles, délier est un mot important. La langue, ici, est enfin déliée, la parole est libérée, alors qu'elle avait été bloquée au moment du doute, de la suspicion de Zacharie. Zacharie est libéré de quelque chose. Et lui aussi, qui est sorti du temps de "l'infans" - celui qui n'a pas la parole - peut parler pour bénir.

65 La crainte saisit alors tous les gens du voisinage et, dans

toute la région montagneuse de Judée, on racontait tous ces

événements.

66 Tous ceux qui les apprenaient les conservaient dans leur

cœuret disaient : « Que sera donc cet enfant ? » En effet, la

main du Seigneur était avec lui.

A nouveau la crainte; celle que l'on entendra à nouveau quand l'Ange se manifestera aux bergers, la crainte devant quelque chose qui dépasse un peu l'entendement. Et cela prend de l'ampleur, car cela se raconte du moins en Judée, là où naîtra Jésus quelques mois plus tard. Mais comme personne ne sait ce que signifie ce qui s'est passé, alors ceux qui sont de "bonne volonté" conservent - comme le fera Marie - toutes ces choses dans leur cœur. Si par la suite (parce que là, Luc déborde un peu) "la main du Seigneur" est sur cet enfant, c'est qu'il est appelé à de grandes choses. Que dira-til, lui, qui sera la voix qui crie dans le désert?

Zacharie raconte

Ma douce Elisabeth ne m'a pas donné d'enfants. Le Très haut en a décidé ainsi dans sa sagesse; mais les regards des femmes de notre village, les moqueries des uns et des autres, ont fait qu'elle sort de moins en moins de chez nous. Et maintenant que l'âge est là, elle se renferme sur elle, malgré tous mes efforts; alors je parle pour deux, je chante pour deux, mais parfois mon devoir m'appelle au Temple, et je la sais seule et triste.

Ce qui m'est arrivé au temple de Jérusalem dépasse tout ce qu'on peut imaginer; mais cela, ce n'est que maintenant que je peux le raconter. Car j'ai vu l'Ange du Seigneur, à droite de l'autel des parfums, tandis que j'offrais l'encens et que je faisais monter vers le Seigneur la prière de notre peuple.

L'Ange m'a annoncé que ma femme, ma femme stérile, ma femme trop âgée pour concevoir... allait concevoir, qu'elle me donnerait un fils que je nommerai Jean et qui marchera devant la face du Seigneur, avec la force du prophète Elie, pour faire revenir le cœur des pères vers leurs fils, ramener les rebelles à la sagesse des justes, et préparer au Seigneur un peuple bien disposé.

L'Ange était là devant moi, je l'écoutais, je l'entendais, mais en moi il n'y avait qu'une seule question: comment et pourquoi? Pourquoi maintenant, pourquoi avoir attendu si longtemps, pourquoi ne pas avoir répondu à nos prières; et comment cela se fera-t-il alors que mon Elisabeth est déjà si faible, et si usée par les années? Ce qu'il disait, comme je l'ai dit je l'entendais, mais ça glissait un peu sur moi. J'étais là et je n'étais pas là. Alors j'ai posé la question qui me brûlait les lèvres, celle du comment savoir que cela arrivera? Mais cette question a mis l'Ange en colère. J'aurais dû me souvenir que Sarah était autrement plus âgée que ma femme, mais je n'y ai pas pensé, et l'ange a décidé que je serais réduit au silence jusqu'au jour où cela se réalisera. Et il est parti.

Quand j'ai quitté le Temple, je ne pouvais plus parler, plus dire un mot. Ma langue était comme collée à mon palais. J'ai terminé mon service et je suis revenu chez nous. Ma femme savait que je pouvais plus parler, mais comment lui dire ce que le Seigneur attendait de nous? Heureusement que nous pouvons utiliser les tablettes pour écrire au moins un peu.

Et ma femme a conçu, du moins il nous a fallu attendre trois mois pour en être certain et durant tout ce temps, elle est restée presque sans bouger, paralysée; avec la peur - qu'elle connaissait si bien - que l'enfant ne reste pas elle. Le temps a passé, et voilà qu'un beau matin, est arrivée notre petite cousine Myriam, celle qui est promise à Joseph de Nazareth. Cela était très étonnant. Et quand elle est entrée, quand elle a salué ma femme, alors il s'est passé quelque chose d'extraordinaire: ma femme si effacée s'est mise à parler d'une voix forte, elle s'est mise à prophétiser. Elle a parlé de l'enfant qui était en elle, qui était bien vivant, qui bougeait dans son sein, mais surtout d'un autre enfant, d'un enfant porté par sa cousine, d'un enfant qui allait naître et qui serait le sauveur attendu. Elle a dit de Myriam qu'elle était la mère du Sauveur. Alors là j'ai compris pourquoi le Seigneur nous avait fait attendre cette naissance aussi longtemps. Son temps n'est pas le nôtre. Notre fils sera là pour préparer son chemin, préparer ses voies, lui préparer un peuple prêt à l'écouter et à se convertir. Et la voix claire de Myriam a rempli la maison; elle exultait de joie, et sa joie se communiquait. Elle chantait un peu comme jadis Anne, la mère de Samuel, avait chanté; elle glorifiait le très Haut, pour ce qu'il était, pour ce qu'il avait en elle, pour ce qu'il allait faire pour nous.

Avec Myriam, de la joie était entrée dans la maison malgré le silence qui était toujours présent car Elisabeth avait trop peur du regard des autres, et même des mauvais sorts. Je ne devrais pas dire cela, mais dans un petit village on ne sait jamais ce qui se trame, et il fallait bien protéger l'enfant à naître.

Puis le temps de la naissance est arrivé. J'espérais retrouver la joie de parler, mais il n'en a rien été. Et pourtant qu'il était beau mon petit! Curieusement, tout le monde a commencé à jaser, et le bruit s'est répandu très vite que nous, les vieux, nous avions eu un petit. Et alors est arrivé le huitième jour, celui de la circoncision. Voilà que la famille s'est invitée chez nous et qu'elle voulait que l'enfant se nomme comme moi, sauf que ce n'était pas ce que l'Ange avait dit. Ma femme leur a tenu tête, elle a dit qu'il se nommerait Jean; seulement eux, ils ne voulaient rien entendre. Ils se sont tournés vers moi, ils m'ont donné une tablette, ils me parlaient par signes, comme si j'étais sourd, et au fond de moi, ça me faisait rire, quel nom pour mon fils. Et j'ai confirmé ce qu'avait dit ma femme, il s'appellera Jean. Et là, au fond de moi, ou plutôt au fond de ma gorge, il y a eu un tressaillement, ma voix est revenue, et je me suis mis à exulter de joie, comme Myriam, et à bénir Dieu. Tous ceux qui étaient présents étaient remplis de stupeur devant ces événements miraculeux.

L'esprit du Très Haut m'a inspiré un nouveau cantique, un cantique qui célèbre celui qui doit venir pour sauver notre peuple, un cantique qui célèbre les promesses de notre Dieu, un cantique qui annonce le rôle de notre fils.

Ma maison est redevenue la maison de la joie. Le silence s'en était allé, la vie était là.

Que le très Haut soit béni dans tous les siècles.

Et pour expliquer un peu plus

Cet évangile, ou plutôt ces textes du premier chapitre de l'évangile de Luc, sont ceux lus pendant la quatrième semaine de l'Avent. Et c'est lors de la messe paroissiale de semaine du vendredi, où nous échangeons après la lecture des textes donnés par la liturgie, que le prêtre s'est posé et a posé la question du silence.

Or cela me travaillait aussi, cet homme qui perd la parole, qui est condamné au silence, cette femme qui certes attend un heureux évènement, mais qui a peur, peur de la moquerie des autres, peur de sortir; qui est tellement habituée à se taire; silence de Marie qui ne peut dévoiler sa propre grossesse, mais qui doit quand même par sa présence donner un autre sens au silence. Et puis brusquement le cri d'un nouveau-né qui rompt ce ou ces silences, le brouhaha des "gens et de la famille, prévenus qu'il est arrivé un miracle", et enfin la voix retrouvée de Zacharie, voix qui annonce ce que sera la voie de son fils.

Ces silences rythment un peu le texte que j'ai voulu écrire, texte qui a pris beaucoup de temps pour voir le jour et sortir de son silence.

Marc 3, 1-6 guérison un jour de Sabbat. 2° semaine du temps ordinaire. 2023

C'est un texte que j'aime beaucoup, qui a un parallèle chez Luc, ce qui m'avait permis de travailler ce texte en 2020, https://giboulee.blogspot.com/2020/09/luc-6-1-6-guerison-de-lhomme-la-main.html.

Un premier commentaire de l'évangile de Marc date de 2018 https://giboulee.blogspot.com/2018/01/etends-ta-main-mc-35.html et était centré sur l'ordre donné à l'homme d'étendre sa main.

Il se trouve que professionnellement j'ai connu des personnes qui vivaient avec des mains atrophiées, conséquences d'anoxies néonatales ou de traumatismes cérébraux, et je sais à quel point cela est invalidant et cause de la honte. Ces mains, il faut les cacher, les dissimuler, elles sont "pourries" comme disait une jeune fille qui cachait sa main déformée sous son pull. Or ces mains, je les ai tenues dans les miennes, pour les assouplir, leur permettre d'être un tout petit peu moins rigide, et je sais qu'il est possible d'arriver à ce qu'elles s'ouvrent. Ceci pour dire que cet homme porteur de cette pathologie, quelle qu'en soit la cause, devait avoir honte de cette main et vouloir la cacher.

Il me semble que pour mieux rentrer dans le texte de ce jour, il faut revenir un peu en arrière dans l'évangile de Marc. Car cet épisode se termine par la résolution des pharisiens de s'unir aux partisans d'Hérode pour faire périr Jésus. Et on est seulement au chapitre 3.

On se rend compte que si la notoriété de cet homme sorti de nulle part ou presque, qui n'a pas été formé par un Rabbi patenté à Jérusalem, qui fascine les foules, qui guérit, qui expulse les démons, qui parle avec autorité, qui dit qu'il est le Fils de l'homme, augmente sans cesse, cela commence à déranger sérieusement ceux que l'on appelle les pharisiens, ceux qui suivent la loi à la lettre - ce que Jésus leur reproche d'ailleurs avec véhémence, et là je pense à l'évangile de Luc.

Ce Jésus qui se dit capable de pardonner les péchés, ce qui est le privilège du Très-Haut, qui mange avec les publicains et les pécheurs, qui touche un lépreux, qui ne respecte pas les jeûnes supplémentaires que font les disciples de Jean et les pharisiens, qui ose dire qu'il est l'époux, qui n'a aucune autorité sur ses disciples car il les laisse transgresser l'interdit du travail du Sabbat en arrachant des épis de blés, ce Jésus qui ose dire qu'il est le Fils de l'homme et qu'il est le maître du Sabbat, ne faut-il pas s'en méfier comme de la peste? .

Ne faut-il pas le pousser dans ses retranchements, et en profiter pour le lapider et donc s'en débarrasser? Et c'est ce qui se passe dans ce récit, qui rapporte une guérison a priori non urgente, une guérison non demandée par celui qui en est porteur, une guérison faite un jour où il est interdit de le faire.

Par la suite, les scribes accuseront Jésus d'être de connivence avec le Prince des démons et d'être lui-même un possédé, donc un maudit, quelqu'un dont il faut se méfier, dont il faut se débarrasser.

Se débarrasser de Jésus, cela arrivera, mais en son temps. Mais il me semble qu'il est important de lire ce texte dans cette perspective de mort qui est déjà annoncée.

Le prêtre qui commentait ce texte a différencié le péché d'un tout à chacun, qui serait symbolisé par la main desséchée mais qui ne crée aucune colère chez Jésus, puisqu'il est venu justement pour ceux qui ont besoin d'un médecin, du péché des pharisiens qui est l'atrophie du cœur, et qui lui provoque cette colère, teintée de tristesse.

Le texte.

1 En ce temps-là, Jésus entra de nouveau dans la

synagogue ; il y avait là un homme dont la main était

atrophiée.

2 On observait Jésus pour voir s’il le guérirait le jour du

sabbat. C’était afin de pouvoir l’accuser.

On peut penser que ce qui se passe là, c'est un piège que l'on tend à Jésus. Les pharisiens ont fait venir cet homme, en espérant que ce jour-là, Jésus viendra enseigner dans cette synagogue et qu'il verra cet homme. Et en fonction de ce qu'il fera ou ne fera pas, il sera possible de l'exclure, à défaut de le lapider.

3 Il dit à l’homme qui avait la main atrophiée : « Lève-

toi,viens au milieu. »

4 Et s’adressant aux autres : «

Est-il permis, le jour du sabbat, de faire le bien ou de faire le

mal?

de sauver une vie ou de tuer ? »

Mais eux se taisaient.

Jésus a vu. Et il va prononcer deux phrases. La première est pour l'homme, qui est peut-être tout au fond de la synagogue: "Lève-toi et viens au milieu"... Deviens le point de mire… Se lever, ce verbe qui revient si souvent, ce verbe qui évoque la résurrection, montre que Jésus veut que cet homme redevienne un vivant.

Quand Lévi a été appelé, il s'est levé. Il est demandé à cet homme de se lever, d'aller en plein milieu, devenir le centre de l'assemblée. Si déjà cet homme infirme arrive à faire cela, c'est presque un miracle: sortir de sa honte, supporter le regard des autres.

La deuxième phrase est pour ceux qui lui tendent un piège, et c'est une question, qui est formulée en termes de permis/défendu. On pourrait dire :"Est-il défendu le jour du Sabbat de faire le bien ("le bien" c'est autre chose que "du bien")? Est-il permis de sauver une vie?" (Je regroupe les deux positifs ensemble). Et une deuxième question: Est-il permis de faire le mal et de tuer le jour du shabbat? Or que ce soit faire le mal ou tuer, c'est interdit tous les jours de la semaine, shabbat inclus…

Et là, on est dans le silence. Silence de l'homme qui a bougé, silence de cette assemblée, qui est peut-être paralysée par la présence des pharisiens et qui n'ose pas réagir; silence de ceux qui accusent sans le dire, ceux qui récriminent.

5 Alors, promenant sur eux un regard de colère, navré de

l’endurcissement de leurs cœurs, il dit à l’homme : « Étends

la main. » Il l’étendit, et sa main redevint normale.

Jésus répond à leur silence par un regard, et j'aime toujours autant cette traduction qui est celle de la B.J. "un regard de colère, navré de". Chouraqui écrit: "il les regarde à la ronde, et il brûle, blessé par la dureté de leur cœur", qui explicite bien ce qui est rapporté ici.

Cette colère qui est tristesse, car Jésus n'arrive pas à sortir ces hommes du piège où ils sont tombés, d'être devenus incapables de voir avec leur cœur.

Puis est décrit ce qui se passe avec l'homme, qui n'a rien demandé, comme ce sera le cas plus tard avec la femme courbée de l'évangile de Luc. . Il ne le touche pas. Il lui donne un ordre, ordre auquel l'homme aurait pu se soustraire, pensant que c'est impossible. Mais il croit, il fait, et la main redevient ou devient normale; et il y a peut-être une autre guérison, plus profonde, le retour de la vie, qui permet à la honte de s'enfuir.

6 Une fois sortis, les pharisiens se réunirent en conseil avec

les partisans d’Hérode contre Jésus, pour voir comment le

faire périr.

Et là, c'est de désir de mort qui s'empare des pharisiens, qui vont s'unir avec les partisans d'Hérode, pour trouver un moyen d'éliminer cet homme qui, pour eux, ne respecte pas la loi de Moïse.

Arrivée à la fin de ce travail, je voulais laisser parler, laisser raconter, mais par qui?

J'ai commencé par laisser parler celui que je considère comme un handicapé, en essayant de faire du différent de ce qui m'a été soufflé en 2020. Puis tout naturellement est venue l'envie de laisser parler Jésus, de cette colère qui était souffrance en lui, parce que j'ai toujours pensé que ces pharisiens avec lesquels il y a de tels accrochages, il les aimait beaucoup.

Et enfin, plus brièvement, un des pharisiens, de ces récriminateurs.

L'homme raconte

Ils sont venus me chercher pour me conduire à la synagogue, et je n'ai pas compris pourquoi ils étaient venus, alors qu'ils savent que je n'aime pas sortir de chez moi, que je ne veux pas que l'on regarde ma pauvre main, ma main qui n'a pas grandi, ma petite main morte, qui est recroquevillée sur elle-même. Mais je ne suis pas de taille à dire non.

Arrivés à la synagogue, je me suis mis dans le fond et c'est là que j'ai vu ces hommes qui ont suivi celui qui s'appelle Jésus et qui fait des guérisons. J'espérais que lui ne viendrait pas. Mais il est arrivé, il a pris le rouleau de la loi et l'a commenté à sa manière, avec une manière nouvelle. Et je voyais bien que ça ne plaisait pas.

Puis, alors que je pensais que j'allais pouvoir rentrer chez moi, il m'a regardé, et m'a dit de lever et de venir là, en plein milieu. J'ai obéi, mais je n'en menais pas large. Et pourtant sa voix était douce.

Il s'est alors adressé à l'assemblée. Il a demandé si le jour du Shabbat il était permis de faire le bien ou de faire le mal. Faire le bien ce n'est pas faire du bien, c'est autre chose. Pour moi, c'est comme s'il me disait qu'il allait me guérir, que cela c'était faire du bien, mais aussi qu'il pouvait aussi me délivrer de ma timidité, de ma maladresse, de tout ce qui s'est accumulé en moi depuis des années et qui fait que plus rien ne circule en moi. Parfois, j'ai l'impression de devenir aussi sec que ma pauvre main.

Faire le mal le jour du Shabbat, c'est une question bizarre, parce que le mal c'est tous les jours de la semaine qu'on n'a pas le droit de le faire. Et il a aussi demandé si le jour du Shabbat c'était permis de sauver une vie ou de tuer? Là encore quelle drôle de question, mais sauver une vie, sauver ma vie, alors là, s'il peut faire ça, qu'il le fasse, et il n'a besoin de la permission de personne. Et le Très Haut n'a-t-il pas dit par son prophète Moïse que nous devions choisir la vie et pas la mort?

Eux n'ont rien répondu, mais moi je me disais, je lui disais, "Oui Seigneur, même ce jour qui doit être consacré au Repos, tu as devoir de faire le bien, tu as le devoir de me sortir de la mort qui est là un peu plus forte chaque jour, s'il te plaît, Jésus, faisle".

Il a dû m'entendre, parce qu'il les a tous regardé avec un drôle de regard, un regard qui montrait combien cela le peinait qu'ils ne comprennent pas à quel point la vie est ce qu'il y a de plus important; et que la vie, Shabbat ou pas, elle doit primer sur toutes les règles, sur tous les interdits.

Il m'a dit alors de tendre la main: tendre la main, vous vous rendez compte, moi qui ne peux pas déplier les doigts, qui ne peux pas mettre mon poignet dans l'axe du bras depuis tant d'années? C'était presque fou comme ordre, mais j'ai fait ce que j'ai pu et j'ai senti la vie qui revenait. J'aurais voulu me jeter à ses pieds, mais avec leurs regards tellement hostiles je n'ai pas osé…

Eux sont sortis, et je sentais de la haine, un désir de meurtre en eux. Tuer cet homme qui leur tient tête, tuer cet homme qui finalement parle d'aimer, aimer vraiment, aimer d'amour. Cet amour il me l'a donné. A moi maintenant de le donner aux autres et d'être son témoin. Finalement ils ont vraiment bien fait de venir me chercher dans mon "trou"… Que Le très Haut soit loué.

Jésus raconte

Ce qui s'était passé dans ce grand champ que nous avions traversé pour nous rendre en ville, ce matin-là, ce matin de Shabbat, les pharisiens - qui font semblant d'être des disciples, mais qui viennent pour faire comprendre à mes vrais disciples, ceux que j'ai choisis, que je suis un imposteur - n'ont pas aimé du tout ma réponse, et pourtant j'ai cité la Parole. Ils m'ont crié dessus parce que je n'empêchais pas mes amis qui avaient faim (comme moi, je dois le dire) de froisser des épis de blés, comme si faire cela, c'était moissonner. Déjà ça, c'est couper les cheveux en quatre, mais me reprocher de ne rien leur dire, c'était, pardonnez-moi l'expression, un peu fort de café (je sais que le café n'existera que bien des années plus tard).

Et comme ils n'avaient pas pu trouver d'objection à ce que j'avais dit, en citant ce qu'avait fait David qui s'était emparé des pains réservés aux prêtres, et qu'ils étaient furieux contre moi - car j'avais parlé de moi en me nommant "le fils de l'homme" et en affirmant que de ce fait j'étais le maître du Shabbat, et en leur expliquant que le Shabbat avait été fait pour l'homme et non pas l'homme pour le Shabbat, que le Shabbat ne devait devenir une prison, mais un temps de libération - je suis sûr qu'ils vont essayer de me piéger, pour que je sois lapidé, pour l'on n'entende plus parler de moi.

Et ça n'a pas manqué. Quand nous sommes entrés dans la synagogue ce matin-là, il y avait beaucoup, beaucoup de monde. Et dans le fond, j'ai vu qu'il y avait un homme qui se faisait tout petit, qui se cachait derrière les autres et qui cachait sa main sous son châle de prière, comme s'il en avait honte. Alors j'ai compris: ils voulaient voir si, en ce jour de Shabbat, j'allais oser guérir un homme dont la vie, en soi, n'était pas en danger. Sauf que moi, je sais que cet homme va mal, et que même si c'est interdit, il veut ne plus vivre. Il ne se supporte plus, il ne supporte plus le regard des autres, il ne supporte plus de mendier.

Alors, à ceux qui veulent me piéger, j'ai posé une double question. D'abord, de savoir s'il est permis (mais qui dit permis, dit aussi défendu) de faire le bien ou le mal un jour de Shabbat, et s'il est permis (ou défendu) de sauver une vie ou de tuer. Pour tous les gens normaux, c'est évident que l'important c'est de faire le bien, que l'important c'est de sauver une vie. Mais pas pour eux, sauf qu'ils n'ont pas osé répondre, parce qu'ils avaient peur des autres, ceux qui ne sont pas instruits, ces petits que moi j'aime tant.

Au fond de moi, j'avais espéré qu'ils comprendraient que le Shabbat c'est bon, et même très bon, mais qu'il ne faut pas mettre n'importe quoi derrière le mot de travail, d'autant que mon Père, lui, travaille toujours et que comme je le vois faire, je fais comme Lui (1). Et cela m'a attristé. J'aimerais (là encore pardonnez-moi l'expression) , les secouer comme des pruniers, pour qu'ils se secouent, qu'ils comprennent que je suis là pour tous les hommes, pour sauver, pour libérer. Mais ils restent dans leur carcan qui les sécurise et cela me rend malade de tristesse.

Quant à l'homme, dont je ne connais même pas le nom, je lui avais demandé de se lever et de venir à côté de moi, du côté où l'on proclame la Tora; il attendait. Je lui ai demandé d'étendre sa main. Je sais bien que cela il ne pouvait pas le faire, mais maintenant il peut. Son regard est devenu éperdu de reconnaissance quand il a pu bouger ses doigts, et que son poignet s'est redressé. Je l'avais guéri un jour de Shabbat, mais j'avais fait plus que cela, il avait retrouvé le désir de vivre.

Quand les autres sont sortis, j'ai compris qu'ils allaient de mettre d'accord avec les partisans d'Hérode pour m'éliminer. Mais ce temps-là, n'est pas encore venu.

(1) Jean 5, 17

Un pharisien raconte

Des amis à moi, des amis qui comme moi, respectent la loi de tout leur cœur, de tout leur être, sont venus me chercher comme tous les Shabbat pour aller à la synagogue. Avec eux, il y avait un homme qui avait une main atrophiée. Je me demande quel péché il a commis pour avoir cette infirmité. En chemin, ils m'ont dit qu'ils voulaient mettre Jésus à l'épreuve, car il n'y avait aucune urgence à guérir cet homme un jour consacré au Seigneur. Et que s'il transgressait cet interdit, parce que des interdits il en transgresse beaucoup, ils iraient à Jérusalem pour le dénoncer aux grands-prêtres et peut-être même trouver un moyen de le faire taire, car il commençait à prendre trop de place.

Eh bien, la guérison, il a osé la faire. Il nous a pris à partie, en nous demandant s'il était permis, en ce jour consacré au Très Haut, de faire le bien ou le mal, de sauver une vie ou de la perdre. Que pouvions nous répondre? Rien bien entendu, mais ce n'était pas une bonne question. Il nous avait piégés lui aussi. Il nous a regardés, et je dois dire que je n'étais pas très à l'aise. Je le sentais triste et en colère, mais bon, je sais ce qui est bien je sais ce qui est mal, et je sais que le jour du Shabbat aucun travail ne doit être accompli. Puis, il a guéri l'homme. Il ne l'a pas touché, il n'a pas prononcé de formule pour chasser le démon qui le possédait, il lui a juste dit d'étendre sa main et sa main a comme repoussé, ce qui est quand même très impressionnant.

J'étais à la fois impressionné et très mal à l'aise. Mais je crois que ce Jésus, il ne faut pas le laisser faire, et qu'il faut nous unir avec les disciples d'Hérode pour trouver moyen de le faire mourir le plus vite possible. Que le Très Haut nous vienne en aide.

Relecture.

Contempler.

On peut avoir plusieurs regards, plusieurs approches. Certes les pharisiens ont mauvaises presses, mais c'est si facile d'être comme eux. Alors si je suis comme eux, et parfois je le sais, Seigneur arrose mon cœur pour qu'il ne soit pas desséché.

Si je regarde l'homme, peut-être que moi aussi je me terre avec mes handicaps et que je vis très bien avec. Seigneur ne me laisse pas m'enfermer sur moi, et vivre finalement bien confortablement.

Et si je regarde Jésus, je ne peux que lui dire merci pour la vie qu'il donne et pour les risques qu'il prend.

Matthieu 4, 12-23: l'appel des quatre. 3° dimanche du temps ordinaire. Dimanche de la parole. 22 Janvier 2022.

Ce troisième dimanche du temps ordinaire, la liturgie propose le début de la mission publique de Jésus telle que Matthieu la raconte ou la fait raconter. C'est aussi le dimanche de la Parole.

Pour résumer, on peut lire que Jésus a reçu le baptême de Jean, puis, poussé par l'Esprit, est allé dans le désert d'où il revenu victorieux des attaques du mauvais. En apprenant l'arrestation de Jean, il quitte la Judée et retourne à Nazareth. Que s'est-il passé entre ces deux temps, cela on ne le sait pas, et c'est différent de ce qu'on peut lire chez Luc, mais c'est identique à ce que rapporte Marc.

Peut-être que l'arrestation de Jean, est le signe ou le déclic nécessaire, car à partir de ce moment-là, il devient en quelque sorte le successeur de Jean en proclamant la même phrase que lui: "Convertissez-vous, car le royaume de Dieu est tout proche".

Si le Baptiste avait un discours somme tout assez violent, le narrateur ne parle pas du tout de ce que fait ou dit Jésus, mais plante le décor à Capharnaüm, ville portuaire, ville qui draine certainement pas mal de monde. Et c'est l'appel des quatre pêcheurs.

Que Matthieu justifie le choix de la Galilée par Jésus au moyen d'une phrase de l'Écriture, c'est normal, puisque Jésus accomplit les écritures; mais c'est aussi l'annonce du messieroi, puisque le chapitre 9 d'Isaïe annonce la venue de celui qui va sortir de l'esclavage le peuple choisi; de celui qui est "Conseiller-merveilleux, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-dela-Paix" (Is 9,5).

Comme souvent, le texte de Matthieu est très concis, et on peut se demander ce qui pousse ces hommes à suivre Jésus sans sourciller. Le texte lucanien est beaucoup plus explicite, puisque cet épisode est précédé de nombreux miracles et en particulier de ce que nous appelons la pêche miraculeuse, qui permet de mieux comprendre. En effet Jésus est connu, et il est normal qu'il prenne la barque de Simon, qu'il connaît bien puisqu'il a logé chez lui et guéri sa belle-mère.

La mise en parallèle des différents récits est intéressante ( cf annexe après le récit).

Et même si l'appel s'est passé dans un lieu très différent dans l'évangile de Jean, il m'a semblé intéressant de le noter, car là l'appel se fait par le biais du témoignage, et c'est ce qui nous est demandé aujourd'hui. Nous ne convertissons jamais, nous témoignons.

Bref on a deux récits qui sont presque identiques, ceux de Matthieu et de Marc, un récit beaucoup plus riche chez Luc, qui permet de mieux comprendre que Simon suive Jésus de lui-même, et un récit très différent, celui de Jean.

Les récits des synoptiques créent un premier groupe d'appelés: Simon et André son frère, Jean et Jacques les fils de Zébédée et un peu plus tard, Matthieu. Tous sont des Galiléens. Chez Jean le premier groupe comportera des disciples de Jean le Baptiste: André qui ira chercher Simon (qui recevra le nom de Céphas), et un disciple que l'on pense être le rédacteur de l'évangile de Jean; puis Philippe, appelé directement par Jésus, qui ira chercher Nathanaël (Barthélémy); ces hommes étant tous ou presque de Bethsaïde. Jésus dans tous les cas, démarre très vite sa vie publique, avec 5 hommes auprès de lui.

Le début du texte de Matthieu insiste sur le choix de la Galilée, choix justifié par un texte du prophète Isaïe. On sait que du temps de Jésus, la Galilée était méprisée par les Judéens qui leur reprochaient d'avoir une pratique religieuse impure, un langage grossier et d'avoir pour origine des Gentils mélangés à des descendants des Dix Tribus qui n'étaient pas partis en captivité (ou qui en étaient revenus). La référence à Isaïe, surtout si l'on va un peu plus loin dans le texte, fait de Jésus la lumière envoyée pour vaincre les ténèbres mais aussi le roi attendu, le fils que l'on attendait, qui porte sur son épaule le signe du pouvoir et dont le nom proclamé est: « Conseiller-merveilleux, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix » (Is 9, 5).

Travail sur le texte.

12 Quand Jésus apprit l’arrestation de Jean le Baptiste, il se

retira en Galilée.

13 Il quitta Nazareth et vint habiter à Capharnaüm, ville

située au bord de la mer de Galilée, dans les territoires de

Zabulon et de Nephtali.

Jésus a donc reçu le baptême de Jean il a été tenté au désert, et serait peut-être revenu en Judée; mais suite à l'arrestation de ce dernier, il se retire, (verbe intéressant, qui pour moi évoque un peu la notion de se mettre à l'abri) en Galilée, quitte sa ville natale, qui semble effectivement un premier lieu de refuge, et choisit une autre ville, qui est sur le territoire d'une région donnée aux fils de Jacob, Zabulon et Nephtali.

14 C’était pour que soit accomplie la parole prononcée par le

prophète Isaïe :

15 "Pays de Zabulon et pays de Nephtali, route de la mer et

pays au-delà du Jourdain, Galilée des nations !

16 Le peuple qui habitait dans les ténèbres a vu une grande

lumière. Sur ceux qui habitaient dans le pays et l’ombre de la

mort, une lumière s’est levée."

Galilée des nations: Ce serait une terre de mélange; une terre où viennent se retrouver de nombreux peuples, de nombreuses nations.

Et ce lieu a une vocation; être la lumière pour ceux qui sont dans les ténèbres (les païens?).

17 À partir de ce moment, Jésus commença à proclamer :

« Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout

proche. »

C'est la même phrase que celle employée par Jean, au chapitre 3. Dans la bouche de Jésus, cela a peut-être une autre saveur.

18 Comme il marchait le long de la mer de Galilée, il vit deux

frères, Simon, appelé Pierre, et son frère André, qui jetaient

leurs filets dans la mer ; car c’étaient des pêcheurs.

19 Jésus leur dit : « Venez à ma suite, et je vous ferai

pêcheurs d’hommes. »

20 Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent.

Appel très simple, mais assez sidérant. Un homme passe, appelle, et l'appel est entendu: ils quittent leurs filets, et le suivent. S'ils jettent leurs filets, ils sont en pleine action mais pas très loin de la rive quand même. Et là, ils laissent les filets dans l'eau, ils laissent tout en plan si je puis dire, et ils le suivent. Pour moi, le mot de filet s'associe au Psaume 91: "Il te délivre du filet de l'oiseleur", mais surtout au psaume 127: "Le filet de l'oiseleur s'est rompu, et nous sommes échappés". Le filet du pécheur permet de vivre, mais il est filet de mort pour les poissons. Et Pierre est appelé à une œuvre de vie: donner à la suite de Jésus la vie aux hommes.

21 De là,