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L'auteur a choisi de laisser s'exprimer les différents personnages que l'on rencontre dans les pages des évangiles, que ce soit un ange, un disciple, ou un personnage extérieur à la scène .. Ces personnages racontent à la première personne les évènements auxquels ils ont participé ou assisté. Tout en suivant fidèlement les indications données par les textes, l'auteur a essayé de montrer ce que ces acteurs ont pu vivre dans leur coeur. Le but de ces écrits est de redonner une autre vie à ces passages qu'on lit parfois d'une manière automatique et moralisatrice.
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Seitenzahl: 235
Veröffentlichungsjahr: 2019
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Du même auteur
Amazon 2016
Porteuse d'eau tome 1 Psychologie
Porteuse d'eau tome 2 Dictionnaire
Porteuse d'eau tome 3 Ancien testament
Porteuse d'eau tome 4 Nouveau testament Partie 1
Porteuse d'eau tome 5 Nouveau testament Partie 2
BOD 2017
Porteuse d'eau tome 6: écrits 2016-2017
En guise d'introduction
PREMIÈRE PARTIE: AUTOUR DE NOËL
TEMPS DE L'AVENT
BETHLÉEM: L'annonciation faite à Joseph Mt 1, 18-24
JÉRUSALEM, BETHLÉEM: Les récits de l'Ange Gabriel
À Bethléem, la ville où David a vu le jour, Gabriel raconte sa rencontre avec Marie:
BETHLÉEM: Marie raconte sa rencontre avec l'ange Gabriel
LA VISITE DES COUSINES A AÏN-KAREM: Elisabeth, Marie
AïN–KAREM: La naissance de Jean
TEMPS DE LA NATIVITÉ
BETHLÉEM: La naissance
BETHLÉEM: la circoncision
JÉRUSALEM: consécration de Jésus au Temple
BETHLÉEM: l'Épiphanie
Les savants racontent:
BETHLÉEM: le massacre des saints innocents
JÉRUSALEM: douze ou treize ans plus tard JÉSUS DANS LE TEMPLE
SUR LES BORDS DU JOURDAIN, TRENTE ANS PLUS TARD: le baptême
DEUXIÈME PARTIE: RÉCITS
Textes de 2019
MATTHIEU
Jésus marche sur la mer. Mt 14, 23-33
MARC
La résurrection de la fille de Jaïre Mc 5,21-43 racontée par son père
La mort de Jean le Baptiste, Mc 6, 14-29 racontée par le garde requis pour l'exécuter
Le pur et l'impur. Mc 7, 1-23
Le levain des pharisiens et des hérodiens - Mc 8, 14-21
La honte de Pierre. Mc 8, 27-33
La transfiguration. Mc 9, 2-13
La guérison de l'enfant épileptique racontée par sa mère. Mc 9, 14-29
"Je dois être complètement bouché, mais je ne comprends plus grand chose..." Mc 9, 35-50 et 10, 1-16
"Alors Jésus regarda autour de lui" Mc 10, 13-31
LUC
Les tentations après le Baptême. Lc 4, 1-13
Dans la synagogue de Nazareth. Lc 4, 21-30. Marie raconte comment son fils a échappé à la mort
L'appel de disciples (la pêche miraculeuse) Lc 5, 1-11
L'envoi en mission des disciples Lc 10, 1-10
La transfiguration racontée par Pierre. Luc 9, 28-36
Jean, l'apôtre, raconte l'entrée dans Jérusalem Luc 19, 28-40 et le choix de la salle du repas pascal Luc 22, 10-30
JEAN
Les Noces de Cana Jn 2,1-12, racontée par les serviteurs
Jésus raconte sa rencontre avec une femme accusée d'adultère. Jn 8, 1-11
Jésus confie sa mère à Jean Jn 20, 2-8
Le disciple bien-aimé raconte ce qui s'est passé au bord du lac. Jn 21
Textes de 2018
MATTHIEU
Les miracles autour de la tempête apaisée. Mt 14, 24-36
La pêche à l'hameçon, Mt 17, 24-27
MARC
Guérisons dans la synagogue de Capharnaüm: Mc 1, 21-28, Mc 3, 1-6
Le chef de la synagogue de Capharnaüm parle:
Guérison de la femme qui perdait son sang. Mc 5,23-34
LUC
La nuit de l'arrestation: Lc 22, 54-62
Marie raconte son vécu
TEXTES de 2017 (Juin-décembre).
MATTHIEU
Le poisson attrapé pour payer l'impôt au Temple, Mt 17, 24-27
La rencontre de Jésus et du jeune homme "riche". Mt 19, 16-22
LUC
La femme courbée. Luc 10,13-17
Rencontre sur la route entre Jérusalem et Emmaüs Lc 24, 13-33
Quand j'exerçais mon métier de psychologue, j'avais lu un livre dont le titre m'est revenu en mémoire alors que je cherchais une introduction à ces textes: "Un interprète en quête de sens", de Piera Aulagnier. Peu importe le contenu, que j'avais par ailleurs aimé, mais c'est le mot interprète qui a fait sens pour moi, qui a pris corps.
Car quand je traduis à ma manière, en parlant à la première personne, des textes de la Bible, que ce soit l'ancien ou le nouveau testament, je me sens comme un interprète. Peut-être que le fait de "travailler" le texte proposé, verset par verset, c'est un peu comme faire ses gammes. Alors je me trouve avec une partition que je travaille, sans consignes précises données, et à un moment je peux interpréter, mettre en musique pour que les lecteurs découvrent du neuf, aiment cette musique et la fassent leur... C'est cela le rôle de l'interprète. On pourrait certes dire qu'il doit s'effacer devant l'œuvre, mais chaque interprète a sa manière de retranscrire ou de traduire l'œuvre; et même s'il s'efface devant le compositeur, il apporte quelque chose de nouveau...
Je dois dire que lorsque les petits textes que je propose s'imposent à moi, je me sens un peu comme un interprète qui a certes la partition, mais finalement sans les indications précises de l'auteur (ou des auteurs), ce qui me donne une grande liberté.
Alors peut-être que ces textes que je connais bien, même si à chaque lecture studieuse je découvre des mots auxquels je n'avais prêté attention, des verbes qui sont conjugués à des temps différents, des mots qui en évoquent d'autres, des harmoniques parfois entre ces textes et ceux de l'ancien testament ou ceux d'autres auteurs, ces textes à ma manière je leur ai fait violence pour qu'ils parlent ou chantent autrement, car peut-être qu'au final il est question d'un chant, d'un chant léger et ténu, mais bien présent pour que les mots permettent de s'envoler, de prendre un peu de distance, et qu'ils chantent tous seuls.
C'est peut-être cela mon charisme, être interprète. Interprète parce que parfois quand on lit la Bible, c'est comme une langue étrangère qu'il faut traduire, même si c'est déjà dans ma langue maternelle (le français), mais aussi comme une partition dans laquelle je peux laisser libre cours à ma manière de jouer pour que ceux qui écoutent (qui lisent) soient pris par ces histoires et qu'ils en tirent du plaisir.
Il y a longtemps que je me livre à cela, mais durant ce temps de l'Avent et le temps qui sépare la Nativité du temps dit ordinaire, en reprenant ces évangiles qui racontent Joseph, Marie, Elisabeth, Zacharie, les textes à la première personne sont venus d'eux–mêmes, et ce sont ces textes qui suivent les histoires racontées par Matthieu et par Luc que je propose.
Certaines de ces histoires sont précédées d'une réflexion plus historique, par exemple sur le mariage du temps de Jésus, ou sur des réflexions plus personnelles, car le massacre des innocents pour moi c'est le massacre de ces enfants "innocents" par ces adultes qui leur volent leur innocence et qui les condamnent à vivre alors que quelque chose a été mis à mort en eux. Et que là, je ne peux pas me taire, car le Dieu en qui je crois est un Dieu de la vie, qui un jour permettra à ces parties mortes de reprendre vie.
Et si je ne suis pas en quête de sens, mon désir est bien d'insuffler non pas un autre sens, mais une manière peut-être plus féminine de lire les textes qui parlent de la naissance de celui qui va permettre aux hommes de dire un Je différent, un je où l'Autre et l'autre sont présents, un Je de relation.
Si le début du temps de l'Avent est centré sur la lecture du livre d'Isaïe et donc sur les textes du nouveau testament qui peuvent y correspondre, la seconde moitié de ce temps est centrée sur les évangiles de l'enfance, que ce soit Matthieu ou Luc, puis le temps après Noël qui reprend la chronologie pour arriver finalement à l'Epiphanie, fait donc largement appel aux "histoires" qui entourent cette incarnation.
En lisant et en travaillant ces textes, c'est à dire en ne privilégiant, autant que faire se peut, aucune phrase, aucune idée (ce qui ne veut pas dire que certains mots n'ont pas eu de l'importance dans ma réflexion), je me suis sentie (ou j'ai eu envie) l'envie de raconter différemment ces textes, de laisser parler les personnages, que ce soit Marie, Elisabeth, Zacharie, mais pourquoi pas l'Ange Gabriel ou même Jésus.
Les textes qui suivent sont donc des petits récits, récits qui se sont imposés, qui sont venus, sans que j'ai eu trop à réfléchir, mais qui sont remplis d'harmoniques venant de toute la Bible. Ils sont liés aux évangiles proposés par la liturgie tant des dimanches que des messes de semaine.
Comme je l'ai dit, ces récits que je pourrais intituler "ils racontent", que ce soit Pierre, Jésus, la femme syrophénicienne, le garde qui a été requis pour exécuter Jean dans sa prison, sont des récits qui s'imposent à moi, après avoir "travaillé" le texte versets par versets. Il y a des répétitions de mots, il y a des verbes, il y a des mots qui me paraissent importants, il y a ces citations de l'ancien testament que j'essaye toujours de replacer dans leur contexte.
Il est certain que ma sensibilité de femme joue beaucoup. Par exemple quand on lit dans Jean la mort de Jésus et qu'on parle des gardes qui viennent briser les jambes des deux qui sont crucifiés en même temps que Jésus, je me demande vraiment pourquoi leur infliger cela: pourquoi ajouter la douleur de ces fractures à la mort par asphyxie qui va suivre? Et quelque part en moi, même si ces hommes "méritaient", comme on dit, cette mort, pourquoi ne pas les tuer avec un simple coup de lance? Et quelque part, mon cœur se tord un peu en moi.
Alors oui, j'injecte ma sensibilité. Mais peut-être qu'elle permet de rendre ces textes plus vivants, puisque c'est mon désir profond. Vivants pour moi, vivants pour mes lecteurs.
Les textes de cette semaine entre le troisième et le quatrième dimanche de l'Avent, sont des évangiles que l'on connait bien, avec Joseph, Zacharie, Marie, Elisabeth.
Aujourd'hui, j'ai eu envie de laisser parler Joseph...
J'ai quand même recherché comment se vivait un mariage à cette époque. Il y avait un choix, souvent extérieur aux deux qui allaient vivre ensemble, puis des fiançailles avec un acte écrit. Le fiancé devait acheter sa future. Puis, la jeune fille restait durant environ une année chez ses parents et confectionnait son trousseau dont la robe de mariée, alors que le fiancé construisait une nouvelle pièce dans la maison de ses parents. Et au jour choisi, il venait de nuit chercher sa femme.
" Dire que tout allait si bien… Je n'habite plus dans la maison de mon père, j'ai une maison à moi, j'ai un métier et je suis fiancé à une toute jeune fille Marie. Nous avons été fiancés et je lui a donné un bel anneau d'or qu'elle porte à son doigt. J'ai aussi commencé à préparer chez moi une belle pièce, qu'elle pourra arranger comme elle le voudra, une pièce où naîtra notre enfant.
Et voilà qu'elle vient me voir hier, à l'atelier et je vois bien qu'elle a une tête un peu bizarre sous son voile. Mais elle est si belle... Elle se tord un peu les mains, et me dit qu'elle attend un enfant.. Et là quelque chose se brise en moi. Comment a-t-elle pu se laisser séduire alors qu'elle est "ma fiancée", comment a-t-elle pu me faire cela? Puis elle ajoute qu'elle ne m'a pas trompée, que ce qui arrive c'est le dessein de Dieu; et elle part, elle me laisse seul avec cette nouvelle. Et moi qui étais en train de fabriquer une belle armoire pour qu'elle puisse ranger son trousseau...
Alors j'ai réfléchi. Je sais que quand cela va se voir, elle risque d'être lapidée; alors il faudrait qu'elle parte, qu'elle aille ailleurs. Je suis obligée de la répudier, mais je ne veux pas qu'elle meure, je veux que cet enfant dont elle ne m'a rien dit vienne au monde.
Je me suis couché, la mort dans l'âme, j'ai tourné un peu dans tous les sens sur ma couche et je me suis endormi. Et dans mon sommeil, j'ai entendu comme une voix. C'est étonnant les rêves, mais celui-là il était autre. Et cette voix me disait de ne pas craindre de prendre chez moi Marie, ma fiancée. Pas craindre… Etonnant. Bien sûr que je suis bouleversé. Et il continue en me disant que cet enfant est l'œuvre de l'Esprit Saint, et donc qu'elle ne m'a pas trompée. Puis il me dit que cet enfant aura un destin: il sera le rédempteur que nous attendons; celui qui, en nous libérant du poids de tous nos péchés, nous fera entrer dans la Sainteté de Dieu. Puis il me dit que le nom de cet enfant sera Jésus. Je savais bien que je dormais, mais c'était si réel! Puis il a cité le prophète Isaïe qui parle d'un enfant né d'une jeune fille, qui portera le nom d'Emmanuel. C'est cela qui m'a réveillé, Emmanuel, Jésus... Mais dans tous les cas, cela me dit que Dieu est avec nous aujourd'hui et que Dieu nous (me) sauve aujourd'hui.
Alors j'ai attendu le matin; et je suis allé voir Marie dans sa maison. Je lui ai dit que cet enfant serait mon enfant, et peu importe ce que penseraient les autres, nous resterions ensemble toute notre vie.
L'ange Gabriel a un rôle important dans les deux premiers chapitres de l'évangile de Luc. J'ai eu envie de le laisser parler, raconter, raconter trois rencontres: rencontre de Zacharie, rencontre de Marie, rencontre de Joseph (même si cela est rapporté dans l'évangile de Matthieu).
J'ai beau être un Ange qui vit devant le Très-Haut, j'ai toujours du mal quand il m'envoie visiter les hommes. Là j'en ai vu trois, Zacharie, Marie, Joseph. Joseph c'est un peu différent, je me suis servi de son sommeil pour lui parler, pour le rassurer, et il faut bien que le plan élaboré depuis toute éternité puisse se réaliser. Mais quand j'ai parlé à Zacharie et à Marie, je me suis rendu compte que les hommes et les femmes, ce n'était vraiment pas bâti de la même manière. Je vais vous raconter.
Dans Le Temple, là où se trouve l'autel des parfums, j'ai rencontré Zacharie le prêtre.
Zacharie, c'est un prêtre qui a un service à assurer au Temple. Il est vieux, mais pas si vieux que ça. Sa femme Elisabeth est âgée, mais pas si âgée que ça. Tous les deux suivent à la lettre et avec amour les commandements et les préceptes; ils sont justes aux yeux de la cour céleste, mais comme Elisabeth n'a pas eu d'enfant, beaucoup pensent qu'elle a fait quelque chose de mal pour avoir privé Zacharie de descendance, et elle vit dans la honte; elle est un peu celle que l'on montre du doigt, celle qui fait ses courses à toute allure. Et pourtant quand elle voit quelqu'un dans le besoin, elle sait toujours comment s'y prendre pour l'aider discrètement.
Il a été choisi, et cela ce n'était pas le hasard, pour offrir l'encens dans le Temple. Je pensais que me manifester à lui dans ce lieu était ce qu'il y avait de mieux à faire. Il m'a donc vu, enfin quand je dis vu, ce n'est pas tout à fait ça. Il s'est rendu compte qu'il y avait une présence, sur l'autel à droite; et la droite c'est là où se trouve le Très-Haut. Sa réaction, plus que normale, a été la crainte.
Alors je lui ai parlé (dans sa tête), et je lui ai révélé que les prières que lui et sa femme avaient fait monter autrefois allaient être exaucées, et que l'enfant qu'Elisabeth porterait devrait s'appeler Jean. J'ai dit aussi qu'il serait rempli d'Esprit Saint dès sa naissance, et surtout qu'il aurait un rôle particulier: préparer au Seigneur un peuple bien disposé - mais je n'ai pas dit à quoi. J'ai cité le prophète Malachie, qui disait que dans les temps futurs "Elie reviendrait et ramènerait le cœur des pères à leurs enfants". Je pensais vraiment que cela le mettrait dans la joie. Mais non...
Lui, il en restait au niveau de la triste réalité. Il avait oublié que le Très Haut avait permis à Sarah, pourtant beaucoup âgée que son Elisabeth, de donner la vie, et la seule pensée qui était en lui était: "Cette voix qui me promet cela, est-ce qu'elle ne sait pas qu'à l'âge de ma femme, c'est impossible." Et au lieu d'être dans l'allégresse, il m'a juste dit qu'il était trop vieux (enfin pour lui, c'est n'importe quoi), et sa femme aussi (bon ça d'accord); et qu'il lui fallait comme un signe, pour qu'il puisse me croire.
Alors, croyez-moi ou pas, mais moi l'Ange cela m'a mis en colère. Alors je lui ai bien donné un signe, j'ai pris sa voix, je l'ai rendu muet.
Simplement je lui ai signifié, à lui qui voulait un signe, que la parole lui serait rendue seulement à la naissance de cet enfant, cet enfant qui serait la voix qui crie dans le désert. J'aurais voulu qu'il dise merci, qu'il loue le Seigneur Tout Puissant, et au lieu de ça, il demande une preuve, comme si ma parole d'envoyé n'était pas suffisante.
Puis il est sorti... Le peuple qui avait prié pendant qu'il officiait, et portait la prière du peuple devant le Seigneur comme la fumée de l'encens, avait trouvé le temps long. Seulement il ne pouvait plus rien dire, rien expliquer. Ils ont compris que quelque chose lui était arrivé, mais ils n'ont pas su quoi.
Rentré chez lui, comme sa femme et lui savent écrire, il a raconté sur une tablette ce qui était arrivé, et l'impossible s'est accompli. Elisabeth, elle, a magnifié Dieu qui lui avait rendu son honneur.
Ensuite je suis parti à la rencontre de Marie, celle qui était la fiancée de Joseph. Elle était chez elle, elle préparait son trousseau.
Elle a ressenti une présence, ma présence, et elle ne savait pas trop ce qu'elle vivait. Elle était un peu comme à distance d'elle-même. Mais c'est ce qui se passe lorsque le divin arrive chez l'humain.
Il y avait une certaine crainte en elle, ce qui est normal. Alors je lui ai parlé, comme je l'avais fait pour Zacharie. Et là, c'était une autre annonce.. Elle, la petite jeune fille de Nazareth, elle allait concevoir et enfanter un fils qui porterait le nom de Jésus, qui serait le fils du Très-Haut et qui aurait le trône de David.
Elle a compris tout de suite ce que je disais, que je lui annonçais qu'elle porterait le Messie attendu, le Sauveur, le Rédempteur. En elle j'ai perçu une sorte de joie immense, mais aussi un questionnement. C'est vrai que les humains se posent toujours des questions, mais là, c'était presque pour la forme, elle ne mettait rien en doute. Elle voulait quand même savoir.
Alors j'ai parlé de l'Esprit Saint qui allait venir en elle, faire son œuvre de fécondation, parce que c'est ce qu'il fait depuis toute éternité, et cela lui a suffit. Bien sûr j'ai voulu lui donner un signe pour qu'elle soit rassurée, et je lui ai parlé de sa cousine mais ça ce n'était pas l'important.
Elle a eu une phrase extraordinaire; elle a dit: "Je suis l'esclave du Seigneur, qu'il me soit fait selon ta parole". Et moi qui sais lire dans le cœur, je savais qu'elle pensait à ces esclaves de l'ancien temps qui permettaient à des femmes stériles d'avoir des enfants. Je savais qu'en disant cela elle se donnait corps, cœur et âme à son Dieu. Et je me disais que le Très-Haut avait bien choisi.
Il a bien fallu que Marie aille le lui dire, qu'elle attendait un enfant; sauf qu'elle ne lui a pas dit ce qu'elle avait vécu. Et ce fut pour elle une véritable épreuve, car elle savait bien que Joseph pourrait la répudier, qu'elle pourrait être lapidée. Mais au fond d'elle-même, elle savait que le Très-Haut la protégerait, elle et cet enfant dont elle devinait juste la présence ténue.
Joseph, lui, était dans tous ses états, il ne comprenait pas, il était à la fois en colère et abattu. J'ai choisi, comme jadis le Très-Haut l'avait fait pour Jacob, de lui envoyer un songe qui lui ferait comprendre que c'était le désir du Très-Haut, et que cet enfant serait aussi cette échelle entre la terre et le ciel, et que les cieux s'ouvriraient.
Alors je me suis manifesté à lui durant son sommeil; je lui ai dit pour le rassurer qu'il pouvait et devait prendre pour épouse cette jeune fille qui lui avait été donnée; que cet enfant avait été engendré par l'Esprit Saint (là je me suis quand même demandé s'il allait avoir assez de confiance pour me croire), et que cet enfant devrait se nommer Jésus. Et Joseph s'est réveillé. Et aussitôt il a pensé à une phrase du prophète Isaïe, une de ces phrases qui annoncent le sauveur, et cela a été comme un baume, comme une onction sur lui. Et il est allé voir sa fiancée pour lui dire qu'il serait le père de cet enfant.
Moi, je suis remonté à la cour du Très-Haut, et j'ai attendu la naissance… Cela ne doit pas être facile pour vous les hommes de devoir composer avec le temps. Mais je savais que je reviendrais un jour pour servir cet enfant en Germe.
Maintenant nous pouvons écouter Marie, raconter comment elle a vécu cette rencontre.
L'ange m'a quitté, du moins cette présence que j'ai ressentie. Je sais que dans mon corps il s'est passé quelque chose, mais je ne sais pas le nommer. Pourtant je ne suis plus la même. Et l'ange m'a parlé de ma cousine Elisabeth. Je dois aller la voir, je dois lui raconter ce qui s'est passé, je dois lui demander son avis. J'ai besoin de quelqu'un, j'ai besoin d'une mère, puisque la mienne n'est pas là pour me guider.
Comme je suis la fiancée de Joseph, je dois lui demander l'autorisation de partir ainsi. Lui, avec son métier, il ne peut pas m'accompagner et pour le moment, je n'ose pas lui dire ce qui se passe, ce qui s'est passé. Et s'il ne comprenait pas? Et s'il me répudiait? Mais au fond de moi il y a cette certitude, c'est que le Seigneur nous a choisis tous les deux, lui et moi, moi et lui, pour que nous soyons la famille de son envoyé, de son fils, qui sera mon fils.
Joseph a accepté, et je suis partie de Nazareth pour aller vers Jérusalem, puisque c'est dans les montagnes de Judée que résident Elisabeth et Zacharie. J'ai trouvé un groupe qui allait à Jérusalem, parce que je ne voulais pas être seule sur les chemins. Il y a des brigands, alors une femme seule, c'est n'est pas possible. D'ailleurs c'est Joseph qui a trouvé pour moi.
Je suis arrivée fatiguée chez eux, mais comme ils ne savaient rien de ma venue, personne n'est sorti à ma rencontre. Je suis entrée dans leur maison, Elisabeth était là, elle s'est levée, s'est approchée de moi, et je l'ai saluée, elle mon aînée. Et là quelque chose s'est passé.
Elle m'a regardé, elle a regardé mon ventre, elle a regardé son ventre, elle a touché son ventre comme si elle le touchait pour la première fois. Elle a dit que l'enfant avait bougé en elle, qu'il avait tressailli, que tout son corps à elle en avait été ébranlé, qu'elle avait ressenti comme une vie merveilleuse qui s'emparait de son fils, et elle m'a bénie. Elle a eu des paroles qui ont confirmé ce que l'ange m'avait dit, et ce qu'elle a dit, ce qu'elle m'a dit, c'était la confirmation de ce que je sentais en moi, que quelque chose vivait en moi, que quelqu'un se développait en moi et que ce quelqu'un c'était Celui qui doit venir.
Pour moi, cette confirmation était extraordinaire, parce que je n'avais pas à expliquer. Elle savait. Elle allait pouvoir être avec moi dans cette joie, elle allait pouvoir me conseiller, être ma mère, et moi, j'allais pouvoir, en demeurant chez elle jusqu'à la naissance de son enfant, l'aider durant cette fin d'attente, être comme sa fille et partager avec elle et avec Zacharie sa délivrance et la naissance du cousin de mon petit garçon.
Que Dieu soit loué pour sa prévenance!
Elisabeth c'est la cousine de Marie, mais c'est surtout celle qu'on a appelée la stérile toute sa vie de femme. Elle ne rencontre pas d'ange, elle. C'est à Zacharie le muet de lui faire comprendre qu'il n'est pas trop tard pour enfanter celui qui sera le précurseur, c'est à Marie de donner par sa simple présence un sens à cette grossesse qui jusque là se cache.
On me considère comme une vieille femme, et comme je n'ai pas eu d'enfant, parfois il y a des paroles méchantes qui se disent derrière mon dos quand je vais chercher de l'eau au puits ou quand je fais les courses. Quand je vois des enfants qui courent dans les rues, quand je les vois se battre, quand je les vois parfois sauter dans les bras de leur père, des larmes montent en moi. Et je sais que les femmes m'appellent la stérile, celle qui n'a pas donné de descendance. Pourtant, Zacharie et moi, nous en avons fait des offrandes, nous en avons passé du temps en prière. Toujours nous avons espéré que nos prières seraient présentées au Très-Haut, comme jadis les prières de Tobit et de Sara, et nous savons que Dieu ne rejette pas les prières. Maintenant que le temps a passé, à moins d'un miracle, et là, que diront ces femmes qui se moquent de moi, je dois accepter ce que Dieu a voulu pour nous.
En ce moment, je suis seule; mon mari est à Jérusalem où il accomplit son service dans le Temple. Comme les nouvelles se propagent vite, j'ai appris qu'il s'était passé quelque chose, mais je ne sais pas quoi. Je sais juste qu'il a perdu la parole; lui qui aime tant parler, tant chanter les psaumes, cela doit être terrible. Qu'a-t-il fait pour mériter une telle punition? Enfin, je vais vite le savoir, car son temps est terminé.
Et le voilà qui vient, mon aimé. Il me prend dans ses bras, il oublie mon âge, et me regarde autrement. Puis il va chercher une tablette et il me dit que nous avons le droit d'avoir un fils, que Dieu nous a écouté et que ce fils portera le nom de Jean.
Et cela est advenu… Seulement je n'ose pas y croire, je n'ose pas en parler et je ne dis rien, je ne veux pas de moqueries, je veux..., mais qu'est-ce que je veux?
Et aujourd'hui, ma petite cousine, Marie, celle qui habite à Nazareth, est arrivée, sans se faire annoncer. Par qui a-t-elle su que j'allais avoir besoin d'elle? Et dès qu'elle est entrée, il s'est passé quelque chose de très fort en moi. L'enfant a littéralement tressailli de joie, il est monté et il est descendu, et cela je ne l'avais jamais ressenti. Pour moi, cela a été la preuve qu'il était vivant, bien vivant, parce que j'ai tellement peur qu'il lui arrive quelque chose à cet enfant donné. Et je me suis entendue dire des mots inconnus… J'ai dit à ma cousine qu'elle était la mère de celui qui allait sauver tout le peuple, mais ces mots là, sont venus tout seuls, et j'ai béni cette jeune femme qui se tenait devant moi.
Et avec elle, le temps a passé plus vite; avec elle, je suis sortie; avec elle, j'ai préparé la naissance de l'enfant; avec elle, j'ai attendu.