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Ce livre fait suite à la série"Ils racontent les évangiles". Il se veut plus technique, plus fouillé quant aux recherches sur les différents évangiles de cette année Luc. Il veut montrer, à l'image d''un pianiste qui travaille encore et encore les "études" écrites par d'autres, il devient possible de devenir interprète du texte proposé, sans pour autant trahir le compositeur. La genèse de ces "études", permet de mieux comprendre le texte final proposé, mais surtout de favoriser un chemin de contemplation.
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Seitenzahl: 277
Veröffentlichungsjahr: 2023
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DU MÊME AUTEUR:
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PORTEUSE D'EAU. TOME 1 PSYCHOLOGIES
PORTEUSE D'EAU. TOME 2 DICTIONNAIRE
PORTEUSE D'EAU. TOME 3 ANCIEN TESTAMENT
PORTEUSE D'EAU. TOME 4 NOUVEAU TESTAMENT PARTIE 1
PORTEUSE D'EAU. TOME 5 NOUVEAU TESTAMENT PARTIE 2
BOD
PORTEUSE D'EAU. TOME 6. ÉCRITS. 2016-2017
ILS RACONTENT LES ÉVANGILES
ILS RACONTENT LES ÉVANGILES -2-
ILS RACONTENT LES ÉVANGILES –3-
INTRODUCTION.
AU FIL DES JOURS, DES MOIS…
Lc 1,39-56. Dernier samedi de Mai. 31 MAI. Fête de la visitation. Année C. Avant la Pentecôte.
Élisabeth raconte
Jn 21, 15-25. Fin du Temps Pascal. 4 et 5 juin 2022
Le disciple "bien-aimé" explique
Lc 9,11-17. 15 JUIN - FÊTE DU SAINT SACREMENT.
Travail sur le texte
Lc 1,57-60,80. 24 JUIN. NATIVITÉ DE JEAN LE BAPTISTE.
Réflexions
Travail sur le texte lui-même:
Zacharie raconte
Lc 10, 1-12, 17-20 L'appel des soixante-douze. 14
ème
dimanche du temps ordinaire. 3 Juillet 2022
Le texte.
Travail sur le texte.
Un disciple raconte.
Luc 10, 25-37. Le bon Samaritain. 15° dimanche du temps ordinaire. 10 juillet 2022
Réflexions et généralités sur cet évangile
Le texte
Le pharisien raconte
Et moi? Suis-je concernée par cette parabole?
Jésus raconte
Luc 10, 38-42. Marthe et Marie. Année C. 16°dimanche du temps ordinaire.17 Juillet 2022
Premières réflexions
Réflexions sur le texte
Un disciple raconte
Luc 11, 1-10. La Prière enseignée par Jésus. 17
ème
Dimanche du temps ordinaire. 24 Juillet 2022
Un peu en vrac
Travail sur le texte
Le disciple qui voulait apprendre à prier, raconte
Mt 14, 13-36: Multiplication des pains et tempête sur le Lac - 1° et 2 Aout 2022
Un disciple raconte
Mt 19, 3-12. "Ainsi ils ne sont plus deux, mais une seule chair " - 12 Août 2022
Introduction.
Le texte
Un disciple raconte
Approfondissements
L'argumentation de Jésus sur la répudiation
La complétude ou l'unité retrouvée
Et pour finir cette étude
Jn 1,45-51 Viens et vois; l'appel de Nathanaël - 23 Août 2022
Le texte.
Nathanaël raconte
Mc 6, 17-29. Martyr de Jean le Baptiseur (28 Août 2022).
Le texte
Hérodiade raconte
Hérode raconte
Lc 4, 31-37. L'homme possédé dans la synagogue de Capharnaüm. 30 Août 2022
Le texte
Un homme raconte.
Lc 5, 1-11. L'appel des premiers disciples sur le lac. 1° septembre 2022
Une pêche improbable
Le texte.
Simon raconte
Lc 15,1-32. Les trois paraboles de la joie: quand un pécheur se convertit - 24° dimanche du temps ordinaire année C - Septembre 2022
Un pharisien raconte
Luc 15 et Nb 21: "J'ai péché contre le ciel et contre toi".
Jésus raconte Jésus nous raconte
Jn 2, 13-22. Les vendeurs chassés tu temple. Dédicace de la Basilique St Jean de Latran. 9 Novembre 2022
Le texte proposé
Travail sur le texte
Regards croisés
Un pharisien raconte
Un disciple, le rédacteur de cet évangile, raconte.
Et pour conclure
Matthieu 9, 27-31. Les deux aveugles de Capharnaüm. 2 décembre 2022 - Avent.
Travail sur le texte lui-même
Quelques réflexions
Les aveugles racontent
Luc 1, 5-25. L'annonce faite à Zacharie ou la déconvenue de l'ange Gabriel. 19 décembre 2022. 4° semaine de l'avent.
Réflexions
Travail sur le texte
L'ange Gabriel raconte
Luc 1, 25-35 L'annonciation faite à Marie. Mardi 21 décembre 2022. Quatrième semaine de l'avent 2022
Une comparaison des deux annonces
Travail sur le texte
L'ange Gabriel raconte
Jean 20, 2-8. Il vit et il crut. Semaine de Noël 2022
Travail sur le texte
Marie, la mère de Jésus, raconte:
MT 2, 13-15, 19-23 FETE DE LA SAINTE FAMILLE (EXCEPTIONNELLEMENT VENDREDI APRES NOËL - 2022)
Approches du texte
Travail sur le texte
Comparaison des textes de Luc et de Matthieu
Joseph raconte
Intermède
Marie raconte
CONCLUSION
TABLE PAR ÉVANGILES
Table par dimanches. Année C.
J'ai publié les trois tomes "Ils racontent les évangiles" avec un seul désir, faire raconter les évangiles par ceux qui, ce jour-là, étaient présents; avec leurs interrogations, leurs doutes parfois, et leur vécu.
C'est un travail qui a commencé en 2018, avant l'arrivée du Covid, mais qui avait débuté bien auparavant; parce que cela, faire parler, donner la parole à ceux qui ne l'ont pas, c'est mon charisme. Je m'étais lancée il y a bien des années dans cette technique - si je puis appeler cela une technique- en tant que psychologue clinicienne, pour essayer de faire comprendre de l'intérieur ce que pouvait vivre un enfant handicapé qui n'a pas la parole, mais seulement des grognements ou une certaine gestuelle; avec le désir qu'il soit regardé autrement par les soignants, comme un enfant en souffrance qui ne peut pas s'exprimer, mais qui ressent tout.
Je sais que parler à la place des autres, c'est prendre un risque, mais parfois il vaut mieux se tromper que de rester dans le silence; et c'est mon charisme.
En arrivant à la fin du dernier tome, je savais que les suivants, si suivants il y aurait, garderaient certes ce type de transmission, mais que j'essaierai de parler un peu plus de moi, de la rédactrice que je suis, parce que je sentais qu'il y a quelque chose à transmettre, quelque chose de plus intime, comme le porte le nom d'un de mes blogs, "INTIMES": https://obsidiennes.blogspot.com. C'est un blog où je rapporte mes réactions au jour le jour à la lecture du texte de l'évangile proposé par la liturgie.
Je voulais aussi changer de titre, et le nouveau titre, " Etudes", est venu tout seul; il s'est imposé à moi, comme autrefois "Porteuse d'eau" ou "Coupures", livre très intime écrit au moment du début de ma retraite, et qui retrace ce que furent mon enfance et mon adolescence, mais qui n'a pas été publié et qui était destiné à ma famille.
Ce titre m'a été donc été comme soufflé, insufflé, alors que je ne m'y attendais pas du tout, comme nouveau titre pour ces écrits qui allaient naître.
Derrière ce mot, ce n'est pas de "faire des études" qu'il s'agit; ce n'est pas étudier de manière livresque. C'est plus une référence à ce qu'on appelle en musique des "Études", ces morceaux que pour certains j'ai écouté en boucle; surtout les études de Bach, car je dois reconnaître que - malgré leur brio - les études transcendantes de List ne m'ont jamais séduite.
Je crois que ces "études" devaient permettre aux futurs interprètes des progresser, de dépasser ce qui bloquait certains doigtés.
Bien entendu, ayant quand même fait un peu de piano et ayant eu des amies qui en jouaient vraiment, il y a malgré tout la référence à List et à Chopin, peut-être à Czerny: mais pour ce dernier, c'est vraiment une méthode.
Qui dit études en musique dit compositions qui s'adressent à un élève déjà très doué, pour l'aider à pallier un défaut qui est le sien; pour qu'il apprenne à le dépasser, à le contourner. Et cela me plaît bien.
Il y a des habitudes, des techniques que l'on a, et qui ne sont pas forcément bonnes. Il faut donc en quelque sorte s'en défaire, s'en délier; pour qu'on puisse, soit les reprendre autrement, soit en trouver d'autres, dont il faudra aussi se défaire à un moment donné. Et c'est ce que je cherche.
Parfois il m'arrive de rêver à ce qu'il n'y ait qu'un seul mot, puis plus de mots. Lire, se laisser prendre par une phrase; la réduire à un mot, laisser les mots s'envoler. Mais même si c'est parfois possible, c'est tellement rare.
Peut-être suis-je une éternelle étudiante. Je sais par expérience que les autres ont toujours quelque chose à m'apprendre, quelque chose qui prendra chair en moi, et qui parfois pourra m'aider à avoir une oreille plus attentive, plus réceptive aux autres.
Alors ces textes, ces ébauches comme je les nomme parfois, sont là pour dire aussi ce que ces textes réussissent parfois à faire en moi. Et c'est pour moi ce vent, qui souffle où il veut, quand il veut, sans qu'on sache d'où il vient; sauf qu'il est, et qu'il est présence de Dieu.
Pour expliciter un peu plus, je vais rester dans la musique. Il y a fort longtemps, alors que j'assistais à une master-classe de flûte, le professeur a demandé à son élève - après l'avoir écoutée - si elle avait regardé ce qui précédait le morceau qu'elle avait travaillé; réponse négative de sa part et réponse du professeur, expliquant comment ce morceau prenait tout son sens en tenant compte de ce qui précédait.
Je pense que pour comprendre, pour goûter un texte, et là je parle de ceux proposés par la liturgie des messes du dimanche aux pauvres petits chrétiens que nous sommes, un certain travail est nécessaire.
Je constate qu'on nous propose des morceaux dits choisis pour nous édifier, peut-être pour permettre à ceux qui savent, qui ont fait des études de théologie, de trouver de beaux thèmes d'édification, voire de culpabilisation, parce que ça c'est si facile. Mais on ne nous demande jamais de réfléchir vraiment pas nous-mêmes. On nous donne du tout cuit ou du prédigéré. Je trouve cela infantilisant, même si je comprends que la liturgie a ses règles de fonctionnement, et qu'on ne peut pas tout lire. Mais peut-être pourrait-on faire des résumés de ce qui n'a pas été retenu.
Ce qui me vient aussi, c'est que c'est comme si - sauf à certains moments clés de l'année, tels que le temps de l'Avent ou le temps du Carême - on nous rejouait sans cesse "le gai laboureur", ce premier morceau que j'ai appris au piano. Et que du coup on nous fait oublier qu'il y a bien d'autres morceaux, ne serait-ce que la marche turque (que j'aime tant); mais il faut le vouloir, ne pas se cantonner dans le connu, dans l'automatique; et accepter aussi de faire plein d'erreurs, plein de fausses notes; et que le solfège n'est pas facile à apprendre.
Bref, quand je travaille un "morceau" , le morceau du jour, l'évangile du jour, je vais voir ce qu'il y a avant; parfois cela m'oblige à consulter plusieurs bibles, et j'essaie de voir comment le texte proposé prend plus de sens quand on le remet dans son contexte - sans comparer forcément avec ce qui été écrit par un autre évangéliste. Ce qui cependant donne parfois un autre éclairage; et là on est plus dans l'ordre de la lumière, de la peinture.
Par exemple le Notre Père se trouve chez Matthieu dans le discours inaugural, celui qui commence par les Béatitudes, alors que chez Luc c'est la réponse à une demande des disciples qui, voyant Jésus prier, lui demandent de leur apprendre comment faire. Et les deux prières, qui ont certes des points communs, ne se ressemblent pas vraiment. La première phrase chez Matthieu renvoie à du collectif, c'est une prière de tous, une demande de tous, alors que chez Luc, c'est plus la prière que Jésus pouvait adresser à son père, et qui commence directement par "Père". Peut-être qu'en musique, il est bon aussi de ne pas oublier que certains morceaux ont une histoire et ont été composés dans des contextes différents; j'essaie de faire de même.
Maintenant, il y aussi cet Ancien Testament, qui est quand même grille de lecture pour les évangiles,; et là aussi il y a un vrai travail pour apprendre à comprendre; apprendre à lire, mais aussi à dé-lire, pour re lire et re lier. Cela fait bien partie des études, car le fait de connaître différents compositeurs permet certainement une autre fluidité, une autre richesse d'interprétation.
Contrairement aux livres précédents, je ne regrouperai pas par évangéliste -ce qui n'exclura pas une table dans ce sens, mais par date, au fil du temps, au fil des jours, au fil des mois.
_______
Quand un ruisseau coule, il a sa propre musique. L'année liturgique proposée dans ce livre, c'est celle de l'évangile de Luc. Cette année aura sa propre musique, qui sera bien différente de celle de Matthieu, de Luc, ou de Marc, mon préféré. Mais avant de retrouver les dimanches dits du temps ordinaire, il y a cet autre ruisseau qui va de la fête de Pâques à la fête de la Pentecôte, qui permet la lecture de l'évangile de Jean et qui se continue par quelques dimanches assez particuliers, dont certains seront repris ici. Alors, à chaque jour sa petite musique, musique de nuit, musique de jour…
Et, au fil des jours, suivra l'année Matthieu avec ces textes qui semblent parfois si pauvres quand on les compare à ceux de Marc, mais si riches quand il s'agit des discours de Jésus. Ce sera un autre recueil.
Laissons les jours venir les uns après les autres, les semaines les unes après les autres; à leur rythme.
Je ne m'attendais pas à cette fête de la Visitation le 31 Mai, même si cela clôt le mois de mai, le mois de Marie. Cette visite de la petite cousine, qui vient certainement pour aider, mais pas seulement, j'en ai déjà parlé, dans le temps de l'Avent: "La rencontre des deux cousines" - "Ils racontent les évangiles" page 15.
Mais le commentaire entendu sur RCF, Marie qui fuirait Nazareth à cause des ragots, m'a étonnée, pour ne pas dire scandalisée, car à trois mois, désolée, mais ça ne se voit pas, alors les regards, c'est un peu du n'importe quoi, même si cela permet d'expliquer pourquoi Marie est partie. Cela m'a paru une telle méconnaissance du féminin, que j'ai eu envie d'écrire.
Le prêtre qui commentait cet évangile pendant la messe s'extasiait, lui, à juste titre, sur le fait que ces deux jeunes femmes étaient comblées: comblées par leur maternité; et il pensait que, même enfin comblée, Elisabeth, celle que l'on appelait la stérile, avait toujours en elle de la place pour accueillir l'Esprit Saint. Quant à Marie, elle ne peut qu'être comblée par ce qui se passe en elle qui attend un enfant: quoi de plus beau pour une femme. Et Elisabeth devient prophète: cela, c'est quelque chose qui est rarement donné aux femmes dans le Premier Testament. Quand on y pense, Elisabeth ne pouvait pas savoir ce qu'il en était de l'état de sa cousine et quel était l'enfant qu'elle portait.
Un autre prêtre (commentaire de RCF), celui dont j'ai parlé et qui est peut-être un peu à l'origine de ce billet, imaginait que Marie, enceinte de trois mois dans son village, devant les regards qui se fixaient sur son ventre, était partie se réfugier chez Elisabeth, un peu comme un ado va chez ses grands-parents quand ça devient intenable à la maison. Je dois dire que cela m'a interloqué, car à trois mois, on ne voit vraiment pas grand-chose, surtout si on porte une robe assez lâche; mais à chacun de voir les choses à sa manière.
De plus, j'ai toujours imaginé, comme l'avait aussi suggéré il y a des années un autre prêtre, que Marie n'avait pas attendu cent sept ans (je veux dire trois mois), pour se mettre en route; l'ange lui a donné ce signe, et elle obéit en se rendant là où il lui a demandé d'aller. Elle est la servante (l'esclave), alors certainement elle sera utile, ou elle sera utilisée, là aussi par le Très Haut.
Autrefois la traduction disait "Marie partit en grande hâte", ce qui est pour moi très différent de "avec empressement". Et peut-être que lorsqu'elle part, elle ne sait pas vraiment qu'elle est enceinte. Je pense qu'elle le sent, parce que cela se sent, mais qu'il n'y a en elle aucun signe, et c'est bien Élisabeth qui est le signe qui concrétise la promesse. Mais pour ma part, j'aime imaginer Marie se mettant en route aussitôt, comme aurait dit l'évangéliste Marc.
Pour en revenir à Élisabeth, j'ai toujours été très sensible au fait que, lorsqu'elle répond à la salutation de Marie, elle s'écrie "d'une voix forte", comme si quelque chose de neuf était né en elle. Si on reprend les versets précédents, ceux qui parlent du retour de Zacharie, le rédacteur nous dit bien qu'Elisabeth attend un enfant, mais que pendant cinq mois, elle garde le secret et qu'elle se dit: "Voilà ce que le Seigneur a fait pour moi, en ces jours où il a posé son regard pour effacer ce qui était ma honte devant les hommes". Certes elle attend un enfant, mais pour moi il y a un mais. Elle n'est plus stérile, mais est-ce qu'au fond d'elle-même elle croit que cet enfant verra le jour, qu'elle-même sera en vie quand il poussera son premier cri? Alors il me semble que certes cet enfant grandit en elle, mais de même qu'elle en garde le secret, de même cet enfant n'est pas vraiment vivant pour elle. On parle parfois de déni de grossesse, c'est-à-dire de femmes qui prennent du poids, ou peu, et qui ignorent totalement qu'elles sont enceintes, donc qui ne sentent rien des mouvements du bébé.
Or s'il y a bien un instant qui est je dirai béni entre tous les instants, quand on attend un enfant, c'est ce moment où l'on perçoit en soi ce minuscule frétillement, ce minuscule signe de vie. Et je crois qu'Elisabeth ne l'a pas ressenti jusqu'au moment où elle entend la parole de paix de sa cousine, la salutation de Marie, ce Shalom prononcé, cette parole de paix; alors quelque chose se passe pour elle, et elle devient vraiment mère. L'enfant tressaille en elle, la parole lui donne vie, la parole est vie; sa mère n'est plus dans l'angoisse, dans l'inquiétude; elle se transforme, elle, la femme de l'ombre, en prophète. Car voici qu'elle voit, en la jeune fille qui vient de la saluer, celle qui est la nouvelle Ève, celle qui est bénie entre toutes les femmes, celle qui apporte en son fils la vie au monde; celle qui (peut-être contrairement à Zacharie et même à elle), a cru pleinement, totalement, en l'accomplissement des paroles dites de la part du Seigneur.
La réponse de Marie, est alors comme un chant à l'unisson avec ce qui vient de se passer. Elle jubile de joie pour sa cousine qui devient porteuse de vie, et tressaille elle aussi de joie et d'allégresse. On peut évoquer le cantique d'Isaïe comme étant ligne mélodique de ce premier verset de ce que nous appelons le Magnificat. Is 61, 10-11 :" Je tressaille, je tressaille à cause du Seigneur ! Mon âme exulte à cause de mon Dieu ! Car il m’a vêtue des vêtements du salut, il m’a couverte du manteau de la justice, comme le fiancé orné du diadème, la fiancée que parent ses joyaux. Comme la terre fait éclore son germe, et le jardin germer ses semences, le Seigneur Dieu fera germer la justice et la louange devant toutes les nations."
En Marie, c'est tout Israël qui peut exulter et chanter. Et c'est la louange du Très Haut qui franchit les lèvres de Marie, l'humble servante de ce Dieu qui l'a choisie. Et la voilà qui loue ce Tout Puissant qui fait des merveilles, ce Tout puissant dont la miséricorde s'étend d'âge en âge, ce Dieu qui est capable de rejeter ceux qui se prennent pour lui, qui veulent ou voudraient régner à sa place, et qui au contraire se penche sur les humbles, sur les petits, ceux que Jésus ira chercher, relever, restaurer; de ce Dieu qui est un Dieu fidèle, qui ne se dédit pas de ses promesses et les respecte. Cela c'est la louange qui jaillit de la bouche de celle qui sera la mère de celui qui réalisera les promesses, son fils.
Et c'est ensuite le silence et la vie de tous les jours qui reprennent la place, avec les deux vies en promesse, celle qui est en Elisabeth, et celle qui est en Marie: deux vies qui vont changer le cours de l'histoire.
Élisabeth raconte
Ma petite cousine est arrivée chez nous. Comment pouvait-elle savoir que moi, la stérile je suis en enceinte, car j'ai encore du mal à y croire et pourtant cela fait près de six mois maintenant. Mon mari ne parle pas, il ne peut pas. En parler aux autres femmes, je n'ose pas; et cette vie qui est en moi, elle est là, mais je ne la sens pas vraiment, même si mon ventre et mes seins ont changé. Et elle, elle savait.
Quand ses lèvres se sont ouvertes, quelque chose s'est passé en moi, en fait plusieurs choses. La plus importante, c'est que mon enfant s'est manifesté dans mon vieux ventre. Il lui a redonné une vraie jeunesse, et ce tressaillement c'était la vie en moi, la vie. Et cela m'a comme redressée, donné une nouvelle vigueur. Moi qui n'ose pas me montrer, qui n'ose pas sortir de chez moi, moi qui me tais depuis si longtemps, j'ai exulté de joie et j'ai béni ma cousine, et des mots sont sortis de moi, des mots qui n'étaient pas les miens, mais ceux du souffle du Très Haut. J'étais devenue prophète. Je l'ai bénie, ma petite Marie, et en même temps j'ai béni cet enfant qu'elle aussi portait en elle, cet enfant que je savais être celui que notre peuple attendait, le sauveur d'Israël.
Et elle, elle en avait les larmes aux yeux, ma petite Marie, et j'ai vu qu'en elle aussi quelque chose de passait, car elle s'est mise à chanter. Au début c'était un chant tout doux, elle disait que son âme exultait en elle, comme mon fils exultait en moi et que peut-être son fils à elle, exultait en elle. Puis elle a remercié le très Haut, le Tout Puissant, comme elle le nomme, de s'être penché sur elle qui est sa toute petite servante, lui qui est le Saint, lui le Tout Puissant qui peut disperser les orgueilleux, chasser les riches, mais combler de biens les affamés. Et affamés nous le sommes tous. Elle lui a rendu grâce pour sa fidélité, car oui, notre Dieu est un Dieu qui tient ses promesses. Puis sa voix s'est tue, et elle s'est jetée dans mes bras.
Quand Zacharie est arrivé, il était allé faire des courses parce que je ne sors pas, il s'est mis à pleurer, lui l'homme, il s'est incliné devant elle, puis il l'a étreinte.
Maintenant, je suis rassurée, je ne suis plus seule. Mon fils est vivant, bien vivant, et ma petite cousine sera avec moi au moment de ma délivrance; béni soit Dieu qui veille sur nous.
Ce texte est proposé à la fin de la semaine qui précède la Pentecôte. L'interprétation du rédacteur, sur la mort qui attend Simon-Pierre, m'a toujours étonnée. Est-ce vraiment cela ce que Jésus a voulu dire à Pierre, en lui disant que quand il sera vieux, un autre lui mettra sa ceinture et l'emmènera là où il ne voulait pas aller? Que Jean l'interprète comme la mort sur la croix, oui, mais il est vrai que la vieillesse n'est non plus quelque chose de facile, avec la dépendance qui fait que l'on peut aussi se sentir comme un petit chien que l'on dirige en permanence. Alors ne peut-on pas chercher un autre sens que celui proposé par Jean?
La semaine après la fête de Pâques, l'octave de Pâques comme on dit, nous avions entendu le début de ce chapitre 21, avec la pêche des 153 poissons au bord du lac. Après avoir été plongés au long de ces sept semaines dans les textes johanniques, nous voilà arrivés au bout du parcours, avec la finale des chapitres 20 et 21.
Le chapitre 20, qui relate ce qui se passe le matin de la résurrection et l'apparition de Jésus auprès des onze avec Thomas, se termine de la manière suivante:
"30 Il y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits
en présence des disciples et qui ne sont pas écrits dans ce livre.
31Mais ceux-là ont été écrits pour que vous croyiez que
Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu’en croyant, vous
ayez la vie en son nom".
On aurait pu s'attendre à ce que le rédacteur en reste là.
Mais non, puisqu'il y a ce chapitre 21, qui lui se termine d'une manière assez semblable
24C’est ce disciple qui témoigne de ces choses et qui les
a écrites, et nous savons que son témoignage est vrai.
25Il y a encore beaucoup d’autres choses que Jésus a faites ;
et s’il fallait écrire chacune d’elles, je pense que le monde
entier ne suffirait pas pour contenir les livres que l’on écrirait.
Il me semble que cela permet de comprendre que l'auteur de cet évangile a écrit logiquement bien après les autres rédacteurs, car le commentaire qu'il donne sur la mort de Simon-Pierre montre qu'il sait que ce dernier est mort sur une croix, comme son Maître. Et, pardonnez-moi, mais il se lance quand même des fleurs, en disant à propos de lui-même: "Nous savons que son témoignage est vrai".
Or si je ne mets pas cela en doute, il me semble que cet additif montre une certaine amertume. Lui, le disciple qui était tout près de Jésus le soir du lavement des pieds, lui qui était au pied de la croix, lui qui a pris chez lui Marie la mère de Jésus, lui qui comprenait tout alors que Pierre accumulait les erreurs, voilà que lui, il doit attendre de mourir de vieillesse et dans des conditions somme toute assez pénibles, puisque la tradition le met en exil à Patmos.
Dans toute la deuxième partie de l'écrit de celui que nous pensons être le disciple bien-aimé, ce que nous appelons le livre des heures (à partir du chapitre 13), il est beaucoup question de la relation entre ces deux hommes.
Lui, le jeune qui a suivi après le baptême de Jean, qui court plus vite, qui comprend plus vite, qui a aussi été capable de faire entrer Simon-Pierre dans la cour du Grand-Prêtre la nuit de l'arrestation, le voilà qui est confronté au choix de Jésus: qui confirme ce Pierre qui n'est plus tout jeune, qui a renié le Maître par trois fois, qui n'a rien compris quand il a vu le tombeau vide, qui est même retourné en Galilée comme si le don de l'Esprit n'avait pas été fait. Et c'est lui qui est choisi, confirmé comme le Pasteur. Il y a peut-être de quoi en vouloir un peu quand même au monde entier.
On peut dire que Jean a eu souvent le rôle de portier avec Pierre; il le fait entrer dans la cour du Grand-Prêtre, il le précède au sépulcre, il reconnait Jésus au bord du lac, ce qui permet à Pierre d'arriver le premier sur la rive; et, comme je l'ai écrit, c'est à Pierre que sont confiées les clés du Royaume. À lui restera le rôle, qui pour nous est son titre de gloire, de transmettre, de faire entendre et comprendre qui était Celui que le Père a envoyé, qui était Celui par lequel l'Esprit Saint a été répandu sur le monde, et surtout de parler de l'Amour infini, cet autre nom du Père dont personne ne pouvait comprendre la profondeur.
Alors merci à cet homme qui, par sa réflexion, nous donne d'entrer à chaque lecture de son écrit un peu plus profondément dans la dynamique du don, dans la dynamique de l'amour.
Le disciple "bien-aimé" explique
Peut-être vous demandez-vous pourquoi j'ai jugé nécessaire de rajouter ces histoires étonnantes qui se sont passées en Galilée, sur les bords du lac, après que Jésus soit redevenu vivant et nous ait donné son Esprit? C'est parce que beaucoup d'entre vous se demandent pourquoi je suis encore vivant après toutes ces années: et peut-être que je suis "éternel"? Mais il n'en n'est rien, je vais vers ma mort, que j'attends comme chacun d'entre nous, car c'est à ce moment-là que je serai à nouveau couché sur la poitrine de mon bien-aimé. Mais le temps est long, il me dure et je trouve que Simon, finalement a toujours eu de la chance, lui qui était tellement à la traîne.
Moi, j'ai été le premier avec André à suivre Jésus, sur les bords du Jourdain. Simon-Pierre, c'est André qui est allé le chercher; et j'ai toujours eu l'impression qu'il ne comprenait pas grand-chose, sauf peut-être après la multiplication des pains, car lui a été capable de prendre la parole au nom de tout le groupe et de dire qu'ils ne quitteraient pas Jésus; qu'ils ne l'abandonneraient pas car en lui il y avait les paroles qui donnent la vie éternelle, cette vie qui comme il l'avait dit à la Samaritaine est source d'eau jaillissante qui ne tarit jamais, quand elle est dans le coeur de celui qui lui a ouvert la porte.
J'étais là pour son premier miracle, à Cana, quand il a changé de l'eau en vin, mais je ne savais pas qu'un jour, ce serait son sang qui deviendrait vin de noces pour nous, vin de l'alliance.
Je l'ai vu chasser les vendeurs du Temple, et affirmer que son corps à lui était le temple de la Présence; et surtout qu'il se relèverait au bout de trois jours. Mais cela nous ne le comprenions pas.
J'ai assisté à ses démêlés avec les pharisiens, j'ai vu leur mauvaise foi, leur haine qui gonflait de plus en plus. Et pourtant, rendre la vue à un aveugle-né, ou permettre à un homme paralysé depuis 38 ans de se mettre debout et de marcher, n'est-ce pas un signe de la Présence? Seulement il n'aurait pas fallu faire cela un jour de Shabbat, et surtout de pas dire au paralytique de prendre son brancard. Mais comment ont-ils pu être aussi aveugles?
J'étais tout près de mon maître lors de ce repas que nous avons pris ensemble après qu'il ait ramené à la vie notre ami Lazare. C'était juste avant de partager les plats qui avaient été préparés pour ce soir-là, qu'il nous a lavé les pieds. Et il a fallu que Simon refuse, et que Jésus soit obligé de lui faire comprendre que ce geste était un peu comme un baptême, et que ce geste-là, nous aurions à le faire les uns pour les autres, pour nous souvenir que comme Jésus, nous devons être au service de nos frères, quels qu'ils soient.
C'est moi qui ai compris qui était celui qui allait trahir Jésus, et je l'ai dit à Pierre qui n'a pas voulu me croire; lui, n'avait pas compris que ce qui rendait Jésus si triste, c'était de savoir que l'un de ceux qu'il avait choisi allait le vendre pour une bouchée de pain, alors que nous venions de partager ce même pain.
Je dois reconnaître, même si j'ai écrit que celui qui hait son frère n'est pas dans la lumière, que quand j'ai vu Judas arriver avec les soldats, j'aurai bien aimé que Simon, au lieu de s'en prendre au serviteur du grand-prêtre, lui plonge son poignard dans le coeur; mais Judas est parti tranquillement après avoir livré celui qui l'avait choisi.
C'est encore moi qui lui ai permis d'entrer dans la cour du grand-prêtre, sauf que je me dis que je n'aurais peut-être pas du le faire, parce que cela aurait lui aurait évité de faire comme s'il ne connaissait pas Jésus, de le renier publiquement; et pourtant Jésus l'avait bien dit.
Mais moi, je l'ai entendu dire cela, et j'aurais voulu qu'il se taise. Pas étonnant qu'ensuite il ait disparu, il avait trop peur de se faire arrêter, lui qui avait coupé l'oreille du serviteur du Grand-Prêtre. Il a beau être plus âgé que moi, c'est un impulsif qui ne se contrôle pas.
Tous, ils ont abandonné notre Rabbi, moi seul je suis resté avec sa mère, avec Marie de Magdala et avec sa tante. C'est à moi qu'il a confié sa mère, pas à Simon.
Je l'ai entendu dire qu'il avait soif. J'aurais tant voulu étancher sa soif, mouiller ses lèvres gercées, mais je ne pouvais pas; je l'aime tant mon maître; mais il fallait qu'il dise cela, qu'il fasse bien comprendre qu'il est pleinement homme, tout autant qu'il est le Fils de Dieu.
C'est moi qui l'ai vu rendre son souffle, son dernier souffle. Mais, comme il l'avait dit, ce souffle qu'il a remis à son Père est revenu sur moi, en me donnant une force que je n'imaginais pas.
C'est moi qui ai vu ces soldats romains rompre les jambes des deux autres condamnés et percer d'un coup de lance le côté de Jésus. Pourquoi ont-ils fait cela? C'était gratuit, ça ne servait à rien, mais il en est sorti du sang et de l'eau, et pour moi, ce sang c'est le sang de la véritable alliance, et l'eau, c'est cette eau dont il avait parlé un jour, en disant que c'était une source d'eau jaillissante. Et il a donné son souffle pour que la vie soit en nous, pour que la vie soit manifestée, lui qui est retourné vers le Père et qui vient du Père.