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Si on lit les évangiles pour la première fois, on peut être séduit par la dynamique qui s'en dégage: ce n'est jamais statique, il y a des déplacements, des rebondissements, des inattendus. En racontant certaines scènes de cette Bonne Nouvelle à la première personne, l'auteur a cherché à retrouver ce mouvement, cette dynamique: trouver ce qui a pu se passer, et aussi les questionnements des personnes qui ont rencontré l'homme Jésus, et découvert en lui quelque chose de radicalement différent. Il s'agit donc de lire ou de relire ces scènes qui parfois ne nous émeuvent plus, tout en suivant le texte de manière rigoureuse, et de se laisser prendre par ce qui se passe chez les différents protagonistes, qu'ils soient connus comme les disciples, qu'ils soient parfois des spectateurs ou même des adversaires.
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Seitenzahl: 377
Veröffentlichungsjahr: 2022
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PORTEUSE D'EAU. TOME 1 PSYCHOLOGIES
PORTEUSE D'EAU. TOME 2 DICTIONNAIRE
PORTEUSE D'EAU. TOME 3 ANCIEN TESTAMENT
PORTEUSE D'EAU. TOME 4 NOUVEAU TESTAMENT PARTIE 1
PORTEUSE D'EAU. TOME 5 NOUVEAU TESTAMENT PARTIE 2
BOD
PORTEUSE D'EAU. TOME 6. ÉCRITS. 2016-2017
ILS RACONTENT LES ÉVANGILES
ILS RACONTENT LES ÉVANGILES -2-
ILS RACONTENT LES ÉVANGILES –3-
INTRODUCTION
MATTHIEU
Mt 1, 16-21 24a ne crains pas de prendre chez toi, Marie ton épouse. 2022
Travail sur le texte.
Joseph raconte
Mt 12, 46-50. La famille de Jésus vient lui parler. 2021
Le texte.
Marie raconte
Mt 18, 21-35. Le débiteur impitoyable
Analyse du texte: travail sur les versets.
La pointe de la parabole: sortir de la logique du nombre.
L'homme raconte
Un compagnon de ce serviteur raconte.
Le maître raconte.
Mt 20. 1-16 La parabole des talents. 2020
Le texte.
Un ouvrier embauché à la dernière heure qui raconte.
Mt 21, 23-43. Les vignerons homicides. 2020
Un prêtre ou un ancien parle
Mt 28, 8-15 . Récits de la résurrection. 2021
Généralités.
Les deux femmes prénommées Marie racontent.
MARC
Mc 1, 9-14 : le baptême de Jésus. 2020
Dieu raconte.
Mc 2, 1-12 La guérison du paralytique de Capharnaüm. 2022
Le paralytique raconte.
Mc 3, 13-20 L'appel des apôtres. 2022
Le texte
Élaboration.
Jésus raconte…
Mc 4, 35-41 La tempête apaisée. 2022
Un disciple raconte
Mc 5, 21-45: deux guérisons. 2022
Le texte.
Pour le dire autrement
La maman raconte.
Mc 6, 14-29 La mort de Jean le Baptiste.2022
La fille d'Hérodiade raconte cette soirée qu'elle ne pourra jamais oublier.
Mc 6, 34-44 Première multiplication des pains. 2022
Un apôtre raconte
Mc 6, 45-52 Les disciples pris dans la tempête. 2022
Un disciple raconte:
Mc 7, 1-14 le pur et l'impur. 2020
Jésus raconte.
Mc 7, 31-37. La guérison d'un homme sourd et muet. 2022
Un disciple raconte.
Mc 8, 1-10 Deuxième multiplication des pains.2022
C'est un disciple qui raconte.
Mc 8, 14-21: ils avaient oublié de prendre de pain 2022
Un disciple raconte.
Mc 8, 22-26. L'aveugle de Bethsaïde 2021
L'homme aveugle raconte.
Jésus raconte.
Mc 8, 27-33. Sur la route de Césarée de Philippe.2022
Pierre raconte.
Mc 9, 2-13 La transfiguration. 2022
Pierre raconte.
Mc 9, 14-27 La guérison de l'enfant épileptique.2022
Un disciple raconte.
Mc 9, 38-40 L'homme qui expulsait les démons et qui n'est pas un disciple 2022
Jean l'apôtre, le fils de Zébédée, raconte.
Mc 10, 10-17. L'homme qui voulait avoir la vie éternelle en héritage 2022
Un disciple raconte.
LUC
Lc 1, 26-38: "et voici que dans sa vieillesse, Élisabeth ta parente a conçu elle aussi."2022
Préliminaires
Travail sur le texte AELF
Les trois "VOICI
"
Marie raconte.
Lc 1, 57-80 Zacharie raconte la circoncision de son fils 2021
Zacharie raconte.
Lc 2 22-39 Présentation de l'enfant Jésus au Temple. 2021
Joseph raconte
Lc 4, 21-30. Jésus dans la synagogue de Nazareth. 2022
Un ancien de la synagogue de Nazareth raconte la visite de Jésus chez eux. 2022
Lc 5, 1-11. La pêche sur le lac de Génésareth. 2022
Simon, le pêcheur, raconte comment il a décidé de suivre Jésus.2022
Lc 5, 17-26. La guérison du paralytique. 2020
Un scribe raconte.
Lc 5, 21-17. L'appel de Lévi 2022
Un des convives raconte
Lc 6, 6-11 La guérison de l'homme à la main "desséchée". 2020
L'homme infirme raconte
Lc 9, 28-36. La transfiguration.2022
Les différents tableaux.
Pierre raconte.
Lc 10, 38-42. Jésus est reçu dans la maison de Marthe et Marie. 2021
Travail sur le texte.
Un approfondissement.
Marie, la sœur de Marthe, raconte.
Lc 13, 10-17 La femme courbée. 2021
Le texte: Lc 13, 10-17
La femme courbée raconte
Jésus raconte
Le chef de la synagogue raconte
Quelqu'un dans la foule raconte
Lc 15,11-32 Les deux fils. 2020
Samuel, le fils aîné, raconte.
Lc 15 11-32 La parabole des deux fils. 2021
Le père raconte:
Matthias, le benjamin, celui qui est sûrement considéré comme un impie, raconte
Lc 17,11-20 guérison des 10 lépreux. 2020
Le samaritain raconte
Lc 20, 1-10. "Il était un petit homme qui s'appelait Zachée(1) 2020
Zachée raconte.
Luc 24, 35-45. Jésus se manifeste aux disciples à Jérusalem.2022
Cléophas raconte.
JEAN
Jn 2, 1-11 Les noces de Cana. 2022
Un serviteur raconte.
Jean le nouveau disciple de Jésus raconte.
Jn 2, 13-22 les vendeurs chassés du temple. 2020
Jean, le disciple bien-aimé, raconte
Jn 3, 1-22 Nicodème. 2022
Nicodème raconte (1)
Jn 4, 43-54 "Seigneur descends avant que mon enfant ne meure". 2022
Réflexions sur le texte
Lecture du texte en regroupant les versets.
Le fonctionnaire royal raconte.
Jn 6, 16-23: Les disciples voulaient le prendre dans la barque. 2022
Le texte.
Jn 7. "Les récriminations d'un pharisien". 2022
Un pharisien écrit à un ami.
Jn 8, 1-11. La femme adultère. "Va et ne pèche plus."2022
Un disciple raconte
Jn 8-11 Les interrogations d'un pharisien.2022
Un pharisien écrit.
Jn 12, 1-11, L'onction à Béthanie.2022
Commentaire du texte.
Jean, le disciple bien-aimé, raconte.
Jn 20, 8: Il vit et il crut. Fête de Jean l'évangéliste.2021
Le disciple que Jésus aimait et qui aimait Jésus, raconte.
Jn 20, 12-18. La rencontre entre Marie-Madeleine et Jésus. 2022
Le texte
Marie raconte
Jn 21, 1-12. L'apparition sur le lac.
Commentaire
Simon-Pierre raconte.
CONCLUSION
Raconter une histoire, raconter des histoires
Un peu de mon histoire.
Quelques remerciements.
Erreur ! Signet non défini.
Ce tome 3 reprend tous les billets de mon blog "Porteuse d'eau" https://giboulee.blogspot.com consacrés à l'évangile et écrits depuis 2020, donc après le deuxième confinement.
Comme dans les tomes précédents, mon désir est de faire raconter ce qui s'est passé ce jour-là par quelqu'un qui était là, un disciple par exemple, mais pas uniquement. Parfois cela pourra être Jésus ou même quelqu'un qui est devenu acteur d'une action dont il ne voulait peut-être pas, par exemple la fille d'Hérodiade qui demande la tête de Jean le Baptiste.
Parfois, ce seront des regards croisés, car par exemple lors du lavement des pieds il est évident que les réactions de Simon-Pierre, du disciple que Jésus aime, et de Judas sont très différentes. Et tous ces regards qui peuvent être un peu les nôtres aident à approfondir quelle est aujourd'hui notre propre regard sur Jésus, sur celui que je reconnais comme celui qui est source de vie, source de ma vie.
Mais contrairement à ce que disent certaines personnes qui ont le charisme de conteur ou conteuse auprès d'adultes ou d'enfants, je ne "conte" pas les évangiles, je les raconte. Je raconte la scène telle que je la perçois. Je raconte les réactions des diverses personnes qui sont là, et si j’injecte de l’affectif, c’est que je pense que c’est un moyen de s’identifier aux protagonistes et ensuite de pouvoir contempler, car c’est bien le but. Il est nécessaire de se laisser toucher par les mots, par la scène, par les réactions, de se demander comment on aurait réagi et parfois de se mettre à la place de celui qui demande une guérison ou qui ne l’a pas demandée, ou d'être confronté à une tempête.
Pour le dire autrement, je reste au plus près du texte, je ne m'en écarte pas, je ne change pas les mots, simplement j'essaie, à ma manière, de permettre au lecteur de s'identifier à l'une de ces personnes qui un jour de sa vie, a rencontré l'homme Jésus. Une de ces personnes qui s'est posé des questions, qui n'a pas peut-être rien compris, qui a été parfois guéri, qui a vécu des évènements incompréhensibles, mais qui a été changé au plus profond de lui, qui a été sauvé, qui a rencontré celui qui demeurera en lui.
Je pense que ce livre sera le dernier à paraître. Cela ne veut pas dire que le blog lui s'arrêtera, mais que je pense que cette manière de m'exprimer, de témoigner doit changer, aller vers un autre mode d'expression. Sauf que pour le moment ce mode, je ne l'ai pas trouvé. Je sais juste que jamais ce ne sera du style exhortation, ou sermon. J'en suis bien incapable. Et s'il est bien quelque chose dont je ne veux pas, c'est de culpabiliser. Certes Jésus dénonce ce qui n'est pas bon, mais culpabiliser cela il ne le fait pas. Lui, il délie, et il relie.
Quand j'ai publié le premier livre de cette série en mai 2019, c'était pour le fruit de mon baptême dans l'Esprit. Faire parler l'autre, lui donner la parole, c'est je crois mon véritable charisme. J'avais dans le passé écrit beaucoup de textes de réflexions sur les deux testaments, certains étant déjà écrits à la première personne, mais relativement peu et pourtant c'est ce que j'ai toujours aimé faire. Je pense que c'est vraiment mon charisme.
Quand je travaillais auprès d'enfants ou d'adolescents lourdement handicapés, et que je transmettais mon expérience, les vignettes cliniques étaient ce que j'aimais le plus. Sortir de l'anonymat de la pathologie, permettre l'expression de sentiments, d'affects, voire de rage quand une maladie vous interdit tout moyen ou presque de communication.
Je me suis rendue compte, lors de conférences, que sortir du "il" pour passer au "je", permettait aux auditeurs de sortir de leur grille d'écoute, de lecture, et de pouvoir s'identifier avec le vécu de ces enfants ou adolescents qu'à l'époque on qualifiait encore de plantes vertes, ou de débiles, parce que le langage tel que nous le connaissons n'était pas possible pour eux. Ne pas parler, ne veut pas dire ne pas penser.
Il est important d'imaginer ce qui peut se passer quand le corps devient objet. Au cours de conférences, chaque fois que j’ai pu parler à la première personne, j’ai pu constater que l’auditoire devenait beaucoup plus attentif, que les questions ensuite étaient de vraies questions , que certains pouvaient se remettre en cause dans leur pratique et c’était bien un peu mon but.
Alors ce premier tome, très centré sur le temps de l'Avent et le temps de Noël, avait pour but de sortir d'une lecture tellement liée à des textes connus, qu'on ne se pose plus de questions. J'avais même laissé parler l'Ange Gabriel, qui pour moi a eu un sacré mouvement d'humeur en condamnant le brave Zacharie à la mutité pendant neuf mois.
Comme je l'ai déjà écrit, j'ai interprété ces textes que j'aime, en laissant aussi parler ma propre sensibilité, et bien entendu ma formation de psychologue, car on ne se refait pas.
Le deuxième tome, lui, est le fruit du premier confinement. Les derniers textes étant ceux de l'Ascension et de la Pentecôte. Pour le premier j’avais laissé parler Simon, ce disciple qui a eu le cœur brûlant sur la route d'Emmaüs, et pour le deuxième Marie.
Le troisième, que je publie aujourd'hui, est le fruit de beaucoup plus de réflexion. Parfois les récits narratifs, viennent tous seuls, parfois ils sont un peu comme un enfantement, donc plus difficiles même si au final la joie est là.
J'ai choisi de davantage montrer le travail qui m’est nécessaire pour arriver au texte final. Avec un peu l’idée ou le désir d’inciter ceux qui me lisent à se laisser eux aussi prendre par ce travail quotidien de lecture, de relecture. Je crois que la triade : lire, lire le texte, puis en quelque sorte, le "dé-lire", avec ou non le jeu de mots, permet ensuite de le relire en vérité.
Cela nécessite de se laisser interroger par les mots, de regarder parfois d’autres traductions, de regarder des explications, essayer de lire les notes - il faut reconnaître que ce travail est tellement facilité grâce à Internet; et même de changer de traduction. https://lire.la-bible.net/79/lecture/chapitres/traductions/genese/1/1/NBS?p=47
Parfois il faut aussi prendre le temps de regarder ce que disent les autres évangélistes qui rapportent le même évènement, mais à des moments très différents de la vie de Jésus.
Je pense aussi qu'il est nécessaire, quand la liturgie propose des textes où il manque des versets, d'aller les rechercher et surtout de toujours remettre la péricope proposée dans son contexte, c'est-à-dire aller ce qui se passe avant, ce qui se passe après (sauf si la suite est donnée le lendemain par l'évangile du jour).
Le site https://saintebible.com/genesis/1-1.htm permet d'avoir des références croisées, c’est-à-dire de voir si le verset a des harmoniques dans l'ancien testament, et enfin le site https://www.levangile.com/Comparateur-Bible-42-9-32.htm grâce à son comparateur, donne 29 versions différentes du même verset, ce qui peut être utile.
Les textes que je propose sont parfois le fruit de ces recherches. Mais je tiens aussi à dire que lorsque je travaille un évangile, je reste dans cet évangile, même si je sais qu'ailleurs le même épisode est rapporté, mais différemment. Et ce n'est pas toujours facile de rester uniquement dans le texte proposé par la liturgie. Seulement je dois dire aussi, très timidement, que c’est aussi fruit de la prière et que souvent, quand je relis des textes anciens, je m’étonne de moi-même et je pense, que l’Esprit Saint était là à souffler.
Enfin si ce tome 3 est pour moi, le dernier, c'est qu'il a un peu valeur d'un testament. Espérer que ce mode de transmission soit utile à certains, les pousser à toujours chercher, à toujours se laisser séduire, à toujours se laisser déplacer, à toujours se laisser mouvoir et émouvoir.
Je sais que raconter comme je le fais, en injectant des affects, des émotions, mais aussi de parler de ce qui surprend, ce qui pose question, ce qui n'est pas facile à accepter, et se laisser interroger par le comportement, peut être utile, car je pense que ceux qui partageaient le quotidien de Jésus, cet infatigable, n'ont pas toujours dû le trouver facile à vivre. Bien entendu ma manière de percevoir, de raconter sont très liées à ma formation de psychologue et ma propre expérience de vie, et à ma structure psychologique. Je pense que je ne remercierais jamais assez tous ceux qui m'ont fait confiance, qui ont parlé d'eux, qui m'ont appris et qui m'ont aussi transformée.
Je pense que si souvent je me centre sur les regards échangés entre Jésus et ceux qu'il guérit, ce n'est pas pour rien. Je veux dire que ce regard-là, ce regard qui ne juge pas, qui cherche au contraire à élever, parfois à rassurer, c'est certainement un regard dont j'ai pu faire l'expérience; s'agit-il du regard du ressuscité ou du regard de l'homme Jésus quand il était sur cette terre d'Israël, je ne le sais, mais cela renvoie à ma propre expérience.
Je vais peut-être en faire sourire certains, mais les représentations picturales d'un Jésus aux yeux bleus m'insupportent profondément. Je n'aime pas non plus certaines icônes où les yeux sont brun-sombre, et le regard est un regard de jugement. Mon Jésus à moi, il aurait les yeux gris, gris comme ceux de quelqu'un qui m'a beaucoup aimée et beaucoup respectée à un moment de ma vie où j'en avais vraiment besoin. Un regard d'amour et de respect, un regard où on se voir regardée et aimée.
Alors je pense que mon désir le plus profond, est que certains d'entre vous, puissent au travers de ces écrits découvrir le regard de Jésus, ce regard rempli d'amour, la joie et la paix, ce regard dans lequel on peut plonger en toute confiance.
La présentation ne suit pas l'ordre chronologique de parution des billets, mais par évangile et en suivant l'ordre des chapitres, comme dans le tome 2.
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Fête de Saint Joseph. L'évangile proposé est un évangile bien connu (Mt 1,16), déjà entendu pendant le temps de l'Avent. J'ai raconté comment l'Ange Gabriel pouvait parler de sa rencontre avec Joseph mais aussi j'ai écrit en septembre à l'occasion de la Nativité de la Vierge. https://giboulee.blogspot.com/2018/12/temps-de-lavent-lange-gabriel.html
Comme souvent, j'ai essayé de relire ce texte, comme si c'était une première fois.
Travail sur le texte.
En mettant des couleurs sur les différents prénoms, on peut voir leur fréquence, mais aussi l'instance de l'auteur.
On voit ainsi que Joseph revient cinq fois et tout tourne autour de lui. Marie n'apparait que trois fois, presque sur un mode mineur, et il est de même du prénom que portera l'enfant: deux occurrences;
Voici le texte
16 Jacob engendra Joseph, l’époux de Marie, de laquelle fut engendré Jésus, que l’on appelle Christ.
18 Or, voici comment fut engendré Jésus Christ : Marie, sa mère, avait été accordée en mariage à Joseph ; avant qu’ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l’action de l’Esprit Saint.
19 Joseph, son époux, qui était un homme juste, et ne voulait pas la dénoncer publiquement, décida de la renvoyer en secret.
20 Comme il avait formé ce projet, voici que l’ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, puisque l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint ;
21elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. »
24aQuand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit.
Bien entendu il y a des trous, puisque le verset 16 termine la généalogie et qu'il manque le commentaire sur le nombre de générations. Il manque également les versets 22-23, avec l'autre prénom de l'enfant à venir: Emmanuel - mais je dois reconnaître que c'est peut-être plus facile; et la fin du verset 24.
J'ai essayé dans la mesure de mon possible de ne pas me servir du tout ce que l'évangile de Luc raconte sur Marie, la jeune fille de Nazareth. J'ai juste utilisé l'évangile de Jacques (le Protévangile) qui raconte entre autres, la naissance de Marie. Elle est l'enfant tardif de Anne et Joakim.
Joseph est nommé fils de David, et c'est la suite du récit matthéen qui parlera de Bethléem, lors de la venue des mages. De Marie, on ne sait rien, sauf qu'elle avait été accordée en mariage. Mariage de raison? Mariage de rencontre comme jadis la rencontre de Jacob avec Rachel? On ne sait pas; on peut tout imaginer.
On sait enfin que Joseph est un homme juste. Certains commentateurs pensent que c'est cette qualité de Joseph qui le fait penser à renvoyer sa future épouse, car il se sent indigne d'être le père choisi pour élever cet enfant qui est don de l'Esprit. Je trouve cela très beau, mais j'aime pour ma part à sentir le trouble qui a pu prendre cet homme, qui voit ses espoirs de fonder une famille s'évanouir. Peut-être apprécie-t-il la franchise de sa future femme, mais quand même.
Alors j'ai laissé Joseph raconter.
Joseph raconte.
Mon prénom c'est Joseph; et celui qui est mon guide, c'est ce Joseph des temps anciens, ce Joseph qui était devenu le bras droit de Pharaon en terre d'Égypte; et qui lors d'une famine avait permis à son père Jacob (mon père porte le même prénom) et à sa famille de s'établir sur des terres fertiles et de devenir un véritable peuple, le peuple de la lignée des fils de Jacob. Aujourd'hui, comme je suis un descendant de la tribu de Juda, et donc du roi David, je réside à Bethléem, la ville du pain.
Je suis le fiancé d'une belle jeune fille. Elle s'appelle Myriam, ses parents sont morts, et elle a peu de famille. Notre mariage doit avoir lieu dans les mois qui viennent, mais la date n'a pas encore été fixée; nous apprenons à nous connaître et plus je la vois et plus elle me ravit. Elle est instruite, elle connaît bien les écritures et comme moi, elle attend la venue du Messie, celui qui doit sauver notre peuple.
Il me semblait que tout allait pour le mieux, sauf qu'hier elle est venue me voir, seule, ce qui n'est pas la coutume. Elle m'a souri, elle m'a regardé, et a baissé la tête et elle m'a dit qu'elle attendait un enfant, et que cet enfant était engendré par le Souffle du très Haut. J'ai entendu les mots qu'elle disait, j'ai eu l'impression que tout s'effondrait. Je n'ai pas posé de questions. J'avais l'impression qu'elle s'attendait à ce que je ne dise rien. Elle m'a regardé avec son beau regard, son doux regard, et elle est partie, la tête haute. Je l'aurais imaginée honteuse, mais pas du tout. Cela m'a surpris.
Comme je l'ai dit, j'étais abasourdi, désemparé, moi un homme fait, un homme avec un métier, un beau métier d'ailleurs. Je construis des maisons et ma maison à moi, la maison que je voulais fonder, elle s'effondre avant même d'avoir vu le jour.
Je n'ai rien pu avaler de la journée. Je ne savais que faire. La prendre, la renvoyer? Je ne savais pas. Nous ne sommes pas mariés, alors je ne peux rien faire de légal, mais je vais la renvoyer, le plus discrètement possible, qu'elle quitte ce village, qu'elle aille ailleurs, qu'elle donne naissance à cet enfant et que personne ici ne la montre du doigt. Je les connais les gens d'ici, ils jugent si vite; et je ne voudrais pas qu'elle prenne une pierre.
Et en même remps, je me dis que si cet enfant est ce qu'elle dit, qui suis-je pour refuser de m'en occuper?
Elle est orpheline Myriam, et Dieu ne dit-il pas qu'il faut prendre soin des orphelins? Je ne sais pas, je ne sais plus.
J'ai imploré le Très Haut de me guider, je l'ai loué parce que je sais que toute épreuve a un sens pour lui, et je me suis couché en essayant de trouver le sommeil.
Tout à coup, j'ai eu l'impression que je n'étais plus seul; il y avait une présence.
Et j'étais sûr, dans ce sommeil qui en était un sans en être un, que c'était l'Ange du Seigneur. Je voulais bouger, mais je ne pouvais pas. Puis j'ai entendu une voix qui me disait: "Joseph, ne crains pas de prendre chez toi, Myriam ton épouse, car l'enfant qui est engendré en elle, vient de l'Esprit Saint".
Il y a eu un petit temps de silence, et une paix est venue en moi. Ma douce fiancée avait dit vrai, l'enfant était bien engendré en elle, non par un autre, mais par l'Esprit du très Haut, cet esprit qui planait sur les eaux et qui a permis à tout ce que je connais d'exister.
Puis il a repris, et il a dit que cet enfant serait un garçon, et que moi Joseph, je lui donnerais le nom de Jésus, ce nom qui signifie "Dieu sauve", parce que m'a-t-il dit, il sauvera le peuple de ses péchés.
Cette phrase a fini de me rassurer car je sais au fond de moi que le Messie, qui sera issu de ma lignée, la lignée de David, ne sera pas un simple roi, qui viendrait renverser un pouvoir existant, mais qu'il aurait une autre fonction, autrement plus importante, vraie, plus digne d'un roi berger, nous faire devenir un peuple saint en nous sauvant de nos péchés.
Je me suis rendu compte que la Présence m'avait quitté, je me suis réveillé, mais je dois dire que maintenant j'étais bien, je savais ce que je devais faire. Myriam sera mon épouse et cet enfant, certes je l'élèverai comme s'il était le mien, je lui transmettrai tout ce qu'un père peut transmettre à son fils; mais aussi je veillerai sur lui comme un berger veille sur un agneau sans pareil, un agneau qui portera le péché du monde et qui l'en délivrera.
Grande fut ma joie quand le jour s'est levé et quand j'ai dit les premières prières pour accueillir ce jour nouveau, ce jour qui était pour moi comme un premier jour.
L'évangile de ce mardi 20 juillet, c'est la fin du chapitre 12 dans l'évangile de Matthieu. C'est l'épisode où Marie et les frères de Jésus viennent pour lui parler, mais certainement aussi pour le ramener manu militari à la maison, si on en croit l'évangile de Marc. En lisant hier le texte, je suis un peu tombée comme en arrêt devant ce geste de Jésus qui désigne largement ceux qui l'écoutent. C'est un beau geste, un très beau geste.
Certes ce geste, c'est montrer, mais c'est plus que cela. Et la phrase qui suit est réconfortante, pour nous: celui qui l'écoute et qui met sa parole en pratique devient un frère, une sœur une mère pour Lui.
Sauf qu'en général, dans les homélies qui commentent ce texte, on parle de frères et sœurs, pas de mère... Et pourtant, c'est ce que dit Jésus.
Il y a donc des personnes qui l'ont choisi, Lui, et avec lesquelles il est comme un fils. Cela me fait un peu penser à des prêtres africains que je connais, qui voient en une de mes amies leur mère, et qui l'appellent maman! Qui d'entre nous pense que Jésus pourrait nous voir comme des mères pour lui, être notre fils, notre enfant. C'est un autre lien, un lien différent de la fraternité, un lien plus intime, plus proche, plus affectueux aussi, mais qui dit aussi que Jésus a besoin de cette affection, et je trouve cela très important.
Par ailleurs, même si on dit toujours que Marie, qui a fait la volonté du Père, est "la disciple parfaite", je ne peux m'empêcher de penser que cette phrase a dû être très douloureuse pour son cœur. Cet enfant, elle l'a porté 9 mois en elle, elle l'a mis au monde! Et là, c'est quand même tout le groupe familial qui est comme mis à l'écart, comme mis dehors. Certes elle a pu le comprendre, mais pour moi, cette phrase-là a bien dû lui transpercer le cœur.
Bien entendu, comme c'est Matthieu, qui est très bref, on ne sait pas ce que sa famille souhaite; mais il y a bien ici une scission, une rupture. Jésus ne se laisse pas distraire de son chemin: qui ne passe pas, qui ne passe plus par Nazareth.
Je propose maintenant un travail sur les différents versets. Cela me permettra de donner naissance à un petit texte qui laissera parler Marie, celle qui est Sa Mère et notre mère.
Le texte.
46 En ce temps-là, comme Jésus parlait encore aux foules, voici que sa mère et ses frères se tenaient au-dehors, cherchant à lui parler.
Si on lit bien, c'est très étonnant ce qui est décrit là. On peut imaginer que si Jésus parle "aux foules", c'est qu'il est dehors. Et Matthieu nous parle de la famille qui se tient "au-dehors", qui cherche à lui parler. Comme s'il y avait un autre au-dehors. Il y a le au dehors de ceux qui entourent Jésus, avec les disciples, et de ceux qui viennent l'écouter, et cela fait comme une sorte de corps.
Et à l'extérieur, il y a la famille, qui "cherche" à lui parler, et qui ne sait pas comment faire, comment s'y prendre. Et pourtant… Et on peut imaginer qu'ils demandent à ceux de "l'enveloppe" de prévenir Jésus, que sa mère et famille sont là.
Le rôle de la foule est toujours très important à pointer quand on veut essayer de visualiser une scène.
47 Quelqu’un lui dit : « Ta mère et tes frères sont là, dehors, qui cherchent à te parler. »
48 Jésus lui répondit : « Qui est ma mère, et qui sont mes frères ? »
Quelqu'un a vu et donc a transmis, mais la réponse de Jésus, cette interrogation, me semble pour le moins étonnante, presque désabusée , triste. Quelle solitude Jésus peut-il ressentir? Sa famille de fait, même si Marie est là, à mon avis pour faire pression, le pense fou et veut l'empêcher de parler, d'être. Elle ne le comprend pas, il leur fait peur. Ils ont peur pour eux. Alors la réponse de Jésus, qui de fait n'est pas reconnu dans son identité, se comprend;
49 Puis, étendant la main vers ses disciples, il dit : « Voici ma mère et mes frères. 50 Car celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là est pour moi un frère, une sœur, une mère. »
Il y a donc ce geste, que la famille doit voir, ce geste qui a peut-être été un crève-cœur pour Marie, parce que certes la volonté du Père, elle l'a faite, mais ça a dû être dur.
Et cette annonce, pour nous, "celui qui fait la volonté de mon Père", c'est peut-être cela l'important: le pronom possessif "mon", montre bien que Jésus n'est plus dans la logique de la famille biologique, mais dans une logique autre. Créer cette église d'amoureux.
Marie raconte
Depuis que mon fils a quitté la maison pour se faire baptiser par Jean, il a pris son envol, son envergure. On nous a raconté tout ce qu'il fait, tout ce qu'il dit, mais aussi ses querelles avec les pharisiens. Et puis on a aussi appris que Jean avait été emprisonné et tué par Hérode; alors, nous avons peur pour lui. Nous voudrions qu'il arrête, qu'il s'arrête, qu'il ne se mette pas tout le monde à dos, bref qu'il rentre...
Je sais bien que cela il ne le fera pas, parce que le nom qui est le sien, "Dieu Sauve", c'est son destin, son rôle; mais la famille a tellement insisté, et insisté aussi pour que je vienne avec eux, parce que fils se doit d'honorer ses parents, et donc d'écouter sa mère, que je suis partie avec eux, sans trop y croire.
Nous sommes arrivés à Capharnaüm. Il était dehors, assis, avec tellement de gens autour de lui qu'on ne le voyait pas; on entendait juste sa voix. Et cette foule, il fallait la traverser, et elle était tellement dense que cela faisait comme un mur qui le séparait de nous. Nous, sa famille, nous étions comme dehors, à la porte. On a demandé à un homme, qui nous regardait avec une certaine curiosité, de lui faire dire que sa mère et ses frères voulaient lui parler. Et cela a été transmis de bouche à oreille et certains se sont un peu déplacés pour que nous puissions passer.
Mais le temps que nous arrivions, il avait déjà été prévenu et là, rien ne s'est passé comme la famille l'avait prévu, et ça ne m'a pas étonnée; sauf que malgré tout ça m'a fait mal.
À celui qui lui disait que nous étions là, il a désigné les disciples qui étaient proches de lui, ses disciples, qui avaient en son nom expulsé des esprits impurs, guéri des malades et proclamé que le royaume était tout proche. Il dit ensuite que ceux-là, mais aussi tous ceux qui faisaient la volonté de son Père qui est dans les cieux, ceux-là étaient pour lui une mère, des frères, des sœurs. Bref que nous ne comptions plus vraiment pour lui.
Alors j'ai repensé à cette fête de la Pâque, alors qu'il venait d'avoir 13 ans, où après l'avoir cherché trois jours, nous l'avions retrouvé parmi les docteurs, discutant avec eux, et nous disant "pourquoi me cherchez-vous, ne saviez-vous qu'il me faut être chez 'mon' Père? ".
Et là, c'était la même chose: et c'était à nous aussi de laisser faire, pour que la volonté de son Père puisse s'accomplir.
Je sais que ses frères étaient très en colère, mais nous avons pris le chemin du retour. En moi, il y avait à la fois une grande fierté, mais aussi une certaine tristesse, de ne pas avoir pu rester auprès de lui. Mais, quand il a parlé 'd'être pour lui une mère,' son regard s'était posé sur moi, et j'ai senti son amour, cet amour qu'il donne sans compter. Et au fond de moi, je me suis réjouie.
Une prière qui m'est venue après avoir laissé ce texte s'incarner.
" Merci Jésus de nous accepter dans ta famille, de faire de nous tes mères, tes frères, tes sœurs; et apprends-nous à faire toujours plus la volonté de Ton Père qui est dans les cieux."
C'était l'évangile proposé hier, mardi de la troisième semaine du temps de Carême. C'est un texte avec lequel j'ai du mal. Il a fallu presque deux jours pour que ce texte, d'un coup, prenne une autre dimension, que je sorte de ce que j'avais pu lire, pour comprendre que la "logique de Dieu" n'a rien à voir avec la logique des hommes, et qu'il se joue de nos petits calculs bien mesquins; parce que sa logique à lui, c'est celle du cœur (finale de ce texte: pardonner du fond de votre cœur).
J'ai lu beaucoup de commentaires sur ce texte, sur le fait que le serviteur impitoyable a oublié que derrière le don (la remise de la dette), il y a le donateur.
Il y a les commentaires qui font des parallèles avec la prière du Notre Père: "Remets-nous nos dettes, comme nous remettons leurs dettes à nos débiteurs" et "Car si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père non plus ne pardonnera pas vos fautes". Mais pour pardonner, nous avons normalement quand nous étions enfants, été pardonnés par nos propres parents, et c'est cette expérience-là, qui permet la bienveillance envers les autres. On passe quand même ici du juridique (qui a des règles précises dans le Lévitique) a quelque chose de différent, la notion de faute.
Ce texte se trouve dans le chapitre 18 de Matthieu, qui est consacré au "vivre ensemble", donc aux règles qui doivent avoir cours dans la jeune communauté des disciples de Jésus. Se pose à partir du verset 15 la question du péché commis par un frère contre un frère, et du rôle de la communauté qui peut exclure. Vient ensuite celle du pardon, ce qui paraît assez logique.
Analyse du texte: travail sur les versets.
C'est une analyse où je souligne certains mots qui me paraissent importants, et où je me laisse aller, au fil de la plume, à commenter, à laisser venir assez librement ce que cela me dit.
21En ce temps-là, Pierre s’approcha de Jésus pour lui demander: «Seigneur, lorsque mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu’à sept fois?»22 Jésus lui répondit: «Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois.»
Bien sûr, il faut faire un parallèle avec le livre de la Genèse (Gn 4,24): "Caïn sera vengé sept fois et Lamek soixante-dix -sept fois". Mais Jésus remplace vengeance par pardon, et c'est quand même autre chose.
Pauvre Pierre, qui devait trouver que pardonner sept fois, c'était déjà beaucoup. Et ce que Jésus répond, c'est quasiment impossible; ce qui laisse penser qu'on est dans un autre registre. Et puis, le juste pèche sept fois par jour. Mais faute et péché, est-ce la même chose? Je ne le pense pas.
Il est question ici du nombre de fautes: pas du temps, ou de la durée. Je veux dire que si quelqu'un commet envers moi sept fautes dans la même journée, ce n'est pas la même chose que si c'est en une semaine ou en un mois. La faute (mais il faudrait savoir si le mot grec est différent du mot employé pour parler du péché), c'est souvent quelque chose que l'autre ne fait pas exprès, mais qui peut tout à fait insupporter, voire même faire exploser. Faut-il se laisser faire, faut-il répondre systématiquement oui à l'autre, si - conscient de sa faute - il demande pardon?
La réponse de Jésus est sans équivoque: toujours pardonner. Et soixante-dix fois sept fois, c'est de la démesure. Et je crois que c'est bien là que se trouve la pointe de la parabole: ne pas rester dans le "compter", parce qu'avec Dieu, ça ne fonctionne pas comme ça.
23Ainsi, le royaume des Cieux est comparable à un roi qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs.24 Il commençait, quand on lui amena quelqu’un qui lui devait dix mille talents (c’est-à-dire soixante millions de pièces d’argent).25 Comme cet homme n’avait pas de quoi rembourser, le maître ordonna de le vendre, avec sa femme, ses enfants et tous ses biens, en remboursement de sa dette. 26 Alors, tombant à ses pieds, le serviteur demeurait prosterné et disait : “Prends patience envers moi, et je te rembourserai tout.”27 Saisi de compassion, le maître de ce serviteur le laissa partir et lui remit sa dette.
Ce qui est étonnant, c'est qu'on est dans une scène presque banale d'un roi (d'un maître, d'un gros propriétaire) qui veut régler ses comptes, à un moment donné; s'agit-il de quelque chose qui peut évoquer la fin des temps?
Avant même qu'il ne commence à "rendre justice", on lui amène un homme qui très certainement voulait prendre la fuite. Et là, ce sont les autres, les frères si on peut dire, qui ne le laissent pas faire. Il faut dire que cet homme-là, clairement, doit beaucoup plus que les autres. De qui est-il le prototype? Peut-être justement de nos dettes envers Dieu, dont nous ne nous rendons pas compte, mais que les autres comptabilisent.
La suite on la connaît: il y a la demande, la promesse; et la compassion finalement très étonnante du maître pour cet homme. On n'est plus dans le registre du maître implacable face à son serviteur; c'est autre chose qui se passe. Il y a de la pitié, il y a de l'amour.
Et là normalement le serviteur devrait être éperdu de reconnaissance et se précipiter chez lui, par raconter à sa femme, la bonté de leur maître. Et "le remettre sa dette" va s'opposer au "rembourse ta dette" du verset suivant.
28Mais, en sortant, ce serviteur trouva un de ses compagnons qui lui devait cent pièces d’argent. Il se jeta sur lui pour l’étrangler, en disant : “Rembourse ta dette !”29 Alors, tombant à ses pieds, son compagnon le suppliait: “Prends patience envers moi, et je te rembourserai.”30 Mais l’autre refusa et le fit jeter en prison jusqu’à ce qu’il ait remboursé ce qu’il devait.31 Ses compagnons, voyant cela, furent profondément attristés et allèrent raconter à leur maître tout ce qui s’était passé.
C'est donc la même scène, mais cette fois c'est le premier qui a la place du maître, et qui n'agit pas du tout comme ce dernier. C'est aussi parfaitement symétrique par rapport à la première scène. Mais, Il y a eu en plus un acte très violent, presque un désir de meurtre (l'étrangler). Cela peut jouer dans la phrase "serviteur mauvais" qui sera employée par la suite. Et "serviteur mauvais", cela renvoie aussi à la parabole des talents, où le serviteur n'a pas compris qui était ce maître qui lui confiait cette somme.
32Alors celui-ci le fit appeler et lui dit : “Serviteur mauvais ! je t’avais remis toute cette dette parce que tu m’avais supplié.33 Ne devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j’avais eu pitié de toi ?”34 Dans sa colère, son maître le livra aux bourreaux jusqu’à ce qu’il eût remboursé tout ce qu’il devait.
35C’est ainsi que mon Père du ciel vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du cœur. »
La "sentence" qui termine cette histoire, c'est: voici ce qui vous arrivera si vous ne pardonnez pas à votre frère, du fond du cœur. Et je trouve que c'est bien autre chose que pardonner du bout des lèvres. Cela montre aussi que quand Dieu pardonne, il pardonne du fond du cœur. De cela, cela, Pierre en fera l'expérience, bien plus tard, après la résurrection en Jn 21,15-17. Mais que cela peut être difficile encore pour nous, ce "pardonner du fond du cœur", sans arrières pensées, sans rumination ultérieures, pouvoir oublier.
La pointe de la parabole: sortir de la logique du nombre.
La pointe de cette histoire pour moi, c'est de ne pas s'empêtrer dans du juridique, dans de l'obsessionnel, parce qu'avec Dieu ce n'est comme cela que ça se passe. Passer de 7 fois à 70 fois 7 fois, c'est complètement fou...
Remettre une dette qu'on ne peut pas se représenter (comme la dette de la France en ce moment), c'est complètement fou. Cela brise toutes les références.
Dieu n'a pas besoin de compter. Ce qui compte pour lui, c'est justement de ne pas entrer dans une relation de compte, mais d'amour.
Si ce n'est pas possible à un moment donné, parce que l'homme n'est pas prêt à ce fonctionnement-là, alors oui, le juridique pourra reprendre le dessus, mais c'est bien dommage et ce n'est pas la démarche désirée par Dieu, même si une justice doit être rendue.
Si Jésus parle du cœur, pardonner de tout son cœur, c'est que si on pardonne avec son cœur, on ne compte plus. On sort de la logique du donnant-donnant, de la rétribution, pour entrer dans la logique de l'amour qui sera la logique de Jésus: logique de la Croix.
Ce que je veux dire, c'est que quand Pierre pose la question du pardon en termes juridiques, Jésus, par la démesure, fait sauter cette conception étriquée. Et il enfonce le clou en montrant que Dieu (le roi, le maître) ne rentre pas dans cette manière de fonctionner. Peu importe la somme, il ne se place pas dans le juridique, mais s'il fait grâce, s'il a pitié, c'est que cela change d'ordre.
J'ai envie de dire que cela se passe dans l'affectif, et que ce qui est demandé aux disciples, c'est de sortir d'une logique de rétribution pour entrer dans une logique de l'amour. C'est ce que le serviteur mauvais, au cœur fermé, n'a pas été capable de comprendre.
On peut noter que les mots rembourser, dettes, sont omniprésents, ce qui renvoie presque à du juridique, comme dans le passage précédent (Mt 18, 15-18) qui est centré sur le péché.
J'ai lu récemment que ce qui explique l'impossible reconnaissance, c'est que ce serviteur s'est mis dans la tête qu'il devait rembourser (ce qui explique son comportement inadmissible, avec son compagnon, alors que la dette lui a été remise. C'est comme s'il n'avait pas pu croire que c'était possible. Il a entendu délai, il n'a pas entendu que la dette était apurée).
Je vais dans un premier temps laisser ce débiteur qui ne se laisse pas fléchir raconter ce qui s'est passé, puis un autre racontera ce qui lui, il a pensé.
L'homme raconte
Il paraît que le maître est revenu d'une longue absence et qu'il va voir avec chacun d'entre nous ce que nous lui devons. L'ennui, c'est que moi, ça fait des années et des années que j'emprunte, parce que je suis un joueur et que je perds et je perds; et si je gagne je reperds. Alors j'ai dû emprunter. Peut-être qu'il n'aurait pas dû me laisser emprunter autant. Alors je vais essayer de m'enfuir, parce que c'est sûr que je vais être vendu moi et ma famille, je vais perdre les quelques biens que ma femme a réussi à garder, et ce sera pour toute notre vie. C'est de sa faute à lui, d'abord, il n'aurait pas dû me laisser m'endetter à ce point-là.
Seulement je n'ai pas pu prendre la fuite, parce que les autres employés, à qui je dois aussi des sous, même si certains m'en doivent, m'ont rattrapé. Ils m'ont conduit manu militari devant lui. Et Là j'ai peur, très peur.
Il ne me reste qu'une chose à faire: jouer le tout pour le tout, lui demander de prendre patience, prendre un air contrit, me jeter à ses pieds. C'est ce que j'ai fait, et curieusement ça a marché. Il est étonnant ce maître, et maintenant je ne suis pas en prison; ma dette est remise, et je peux reprendre ma vie. Que ma femme va être contente!