Fiona et le nettoyeur - Vanessa Vale - E-Book

Fiona et le nettoyeur E-Book

Vale Vanessa

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Beschreibung

Un mauvais garçon dont le travail consiste à camoufler des activités criminelles et une détective sexy sont capables de travailler ensemble du côté opposé de la loi... enfin c’est ce que j’ai entendu dire.
Mon travail est de réparer les dégâts après les criminels. Je suis surchargé de travail, et j’ai grand besoin d’une pause. Quand on me propose de garder un chat à Coal Springs, je suis partant pour passer quelques jours tranquilles.
Sauf que la tranquillité n’est pas au rendez-vous et que je n’ai aucune chance de m’ennuyer. Surtout pas quand j’entre dans une épicerie et que je rencontre une femme qui déchire, obsédée par le café, qui arrête un braqueur armé à elle toute seule.
J’ai maintenant ma propre obsession. Elle. Quand je découvre que c’est un agent du FBI, je trouve ça très drôle.
Parce que moi, j’enfreins la loi. Elle, elle la fait respecter.
Pour autant que je sache, elle est peut-être ici pour enquêter sur moi ou sur mon pote tueur à gages. Je devrais m’éloigner de cette femme, mais j’en suis incapable. Elle est audacieuse et effrontée et me rend fou. Elle sème le trouble dans toute la ville et se met en danger... et ma santé mentale en péril.
Je pensais avoir identifié la principale menace qui pesait sur moi. Ce n’est pas le fait que la ville soit remplie de femmes sauvageonnes qui adorent que je tienne momentanément une librairie de romans d’amour, ni les dangereux propriétaires d’un magasin de cornichons. Non, c’est Fiona.
Et je ne suis pas certain que nous sortirons tous deux vivants de Coal Springs.
Le méchant peut-il tomber amoureux de la gentille fille... et réussir à survivre ?

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Veröffentlichungsjahr: 2025

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FIONA ET LE NETTOYEUR

VANESSA VALE

Copyright © 2024 par Bridger Media

Vanessa Vale® est une marque déposée de Bridger Media.

Ceci est une œuvre de fiction. Les noms, les personnages, les lieux et les événements sont les produits de l’imagination de l’auteur et utilisés de manière fictive. Toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes ou décédées, entreprises, sociétés, événements ou lieux ne serait qu’une pure coïncidence.

Tous droits réservés.

Aucune partie de ce livre ne peut être reproduite sous quelque forme ou par quelque moyen électronique ou mécanique que ce soit, y compris les systèmes de stockage et de recherche d’information, sans l’autorisation écrite de l’auteur, sauf pour l’utilisation de citations brèves dans une critique du livre.

Conception de la couverture : Bridger Media

Création graphique : Phia Coach

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TABLE DES MATIÈRES

Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 6

Chapitre 7

Chapitre 8

Chapitre 9

Chapitre 10

Chapitre 11

Chapitre 12

Chapitre 13

Chapitre 14

Chapitre 15

Chapitre 16

Chapitre 17

Chapitre 18

Chapitre 19

Chapitre 20

Chapitre 21

Chapitre 22

Chapitre 23

Chapitre 24

Chapitre 25

Chapitre 26

Chapitre 27

Chapitre 28

Chapitre 29

Chapitre 30

Chapitre 31

Chapitre 32

Chapitre 33

Chapitre 34

Chapitre 35

Chapitre 36

Chapitre 37

Chapitre 38

Chapitre 39

Chapitre 40

Chapitre 41

Chapitre 42

Chapitre 43

Chapitre 44

Chapitre 45

Chapitre 46

Chapitre 47

Chapitre 48

Chapitre 49

Chapitre 50

Chapitre 51

Chapitre 52

Chapitre 53

Chapitre 54

Chapitre 55

Chapitre 56

Chapitre 57

Chapitre 58

Chapitre 59

Chapitre 60

Chapitre 61

Contenu supplémentaire

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À propos de l'auteur

Un mauvais garçon dont le travail consiste à camoufler des activités criminelles et une détective sexy sont capables de travailler ensemble du côté opposé de la loi... enfin c’est ce que j’ai entendu dire.

Mon travail est de réparer les dégâts après les criminels. Je suis surchargé de travail, et j’ai grand besoin d’une pause. Quand on me propose de garder un chat à Coal Springs, je suis partant pour passer quelques jours tranquilles.

Sauf que la tranquillité n’est pas au rendez-vous et que je n’ai aucune chance de m’ennuyer. Surtout pas quand j’entre dans une épicerie et que je rencontre une femme qui déchire, obsédée par le café, qui arrête un braqueur armé à elle toute seule.

J’ai maintenant ma propre obsession. Elle. Quand je découvre que c’est un agent du FBI, je trouve ça très drôle.

Parce que moi, j’enfreins la loi. Elle, elle la fait respecter.

Pour autant que je sache, elle est peut-être ici pour enquêter sur moi ou sur mon pote tueur à gages. Je devrais m’éloigner de cette femme, mais j’en suis incapable. Elle est audacieuse et effrontée et me rend fou. Elle sème le trouble dans toute la ville et se met en danger... et ma santé mentale en péril.

Je pensais avoir identifié la principale menace qui pesait sur moi. Ce n’est pas le fait que la ville soit remplie de femmes sauvageonnes qui adorent que je tienne momentanément une librairie de romans d’amour, ni les dangereux propriétaires d’un magasin de cornichons. Non, c’est Fiona.

Et je ne suis pas certain que nous sortirons tous deux vivants de Coal Springs.

Le méchant peut-il tomber amoureux de la gentille fille... et réussir à survivre ?

1

DAX

— Tu veux que je fasse quoi ?

J’inclinai la tête de côté pour maintenir mon portable en place pendant que j’utilisais mes dents pour déchirer le ruban adhésif, un cadavre gisant sur le sol à mes pieds. Je l’avais déjà roulé sur une bâche, soulagé qu’il soit mort d’une overdose et non d’un coup de feu, ce qui aurait provoqué une effusion de sang. Deux longues bandelettes maintenaient déjà les deux côtés de la bâche fermement attachés au niveau de la taille du type. Il ressemblait de plus en plus à une crêpe.

— Assieds-toi, dit Jack.

Je connaissais beaucoup de monde. J’avais un tas de connaissances dans toute la ville. En fait, dans le monde entier, mais Jack était mon... comment les femmes disaient-elles, mon coéquipier, à la vie à la mort ?

Comme je nettoyais derrière les criminels et que lui était un ancien tueur à gages, nos vies étaient intimement liées.

Je me mis debout, posai une main sur le bas de mon dos et grimaçai. Mes muscles étaient tendus.

— Je croyais que tu étais déjà en route pour Hawaï.

— C’est bien le cas. Mais la baby-sitter de notre chat a annulé.

— Laisse juste de la nourriture et de l’eau.

Je n’avais pas de temps pour ce genre de conneries. D’ailleurs, je n’avais pas beaucoup de temps pour quoi que ce soit.

J’étais comme un concierge d’hôtel. Je m’occupais de tout quand les nantis ne voulaient pas se salir les mains. J’étais très bien payé pour le faire. Comme aujourd’hui, quand le beau-frère de mon client avait fait la fête et s’était retrouvé mort dans une suite d’hôtel. À poil. Enfin, à poil, hormis le slip de femme qu’il portait.

Oui, j’étais ce genre de concierge, un nettoyeur.

— Nous étions déjà partis quand elle nous a dit qu’elle se défilait. En plus, c’est de Pancake dont je parle.

Jack avait dû entendre le froissement de la bâche quand je me remis à ma tâche, car il demanda :

— Tu sors les poubelles ?

Le fait qu’il ait reconnu le son, même par téléphone, était révélateur. Il avait autant d’expérience que moi en matière d’emballage de corps. Mon père avait été tueur à gages / nettoyeur et il nous avait enseigné tout ce qu’il savait. Nous avions pris la relève lorsqu’il avait décidé de prendre sa retraite pour s’installer en Floride. Depuis, les affaires allaient bon train.

Surtout cette semaine.

Je soupirai.

— J’ai l’impression que c’est tous les jours la collecte des ordures. J’ai déjà un sac dans mon coffre pour l’emmener à la décharge.

Ce qui signifiait que c’était le deuxième cadavre que je devais extraire d’une situation délicate et faire disparaître aujourd’hui.

— Je croyais que tu avais un travail à Miami.

— Je suis rentré hier matin.

Le temps avait été magnifique, mais j’avais dû raccompagner à Denver une jeune femme d’une vingtaine d’années qui, bizarrement, s’était perdue dans les bars de South Beach au lieu de suivre son cours de sciences politiques à l’université, comme le voulaient ses parents. Elle avait gagné des millions sur les réseaux sociaux en apprenant aux autres comment se maquiller. Heureusement, après l’avoir traquée, jetée sur mon épaule et embarquée sur un vol privé, elle s’était contentée de faire des plans de coupe et de s’habituer à ses nouveaux faux cils.

Après cela, j’avais repris possession d’une Lamborghini de collection à l’ex-mari d’une femme qui avait refusé de la rendre lors du divorce. Tous mes boulots n’impliquaient pas forcément des cadavres.

Sauf... un client qui m’avait appelé après la récupération de la Lamborghini. Il avait fait la fête avec un prostitué, qui avait pris trop de coke, avait glissé, s’était cogné la tête sur une table basse et était mort d’un traumatisme crânien.

C’était le corps qui se trouvait actuellement dans le coffre de ma voiture.

Et puis, il y avait le gars que je venais juste de finir d’envelopper dans une bâche.

La leçon du jour ? Ne pas prendre de drogue.

J’allais chercher le chariot de groom que j’avais amené avec moi depuis le hall de l’hôtel.

— Tu as peur que Pancake fasse la fête et saccage la maison avec tous ses nouveaux amis.

Je ne pus pas m’empêcher de sourire, car depuis que Jack avait sauvé ce chat errant de derrière une benne à ordures où il avait tiré sur quelqu’un, ce chat appréciait vraiment sa nouvelle vie de luxe.

— C’est un vrai fêtard, acquiesça Jack, ses propos teintés de sarcasme. Il y a assez de nourriture pour lui jusqu’à demain. Ensuite, il mourra de faim. Passe à la maison pour qu’il ne meure pas de faim. Il va se sentir seul aussi.

Pour un ancien tueur à gages, il était vraiment très gentil avec son chat. Moi aussi. En tout cas, moi, je ne voulais pas qu’il meure de faim.

Nous avions travaillé ensemble pendant longtemps. Nous nous étions aidés mutuellement. Cela nous avait facilité la vie, car nos compétences étaient complémentaires. C’était sympa aussi. Maintenant, il avait une femme. Hannah. Il avait été assis à côté d’elle dans l’avion qui le ramenait de Vegas et était tombé amoureux au premier regard. Ça avait été aussi fou que ça en avait l’air. Il l’avait suivie à la trace et avait réussi à la faire tomber amoureuse de lui aussi. Il avait même déménagé à Coal Springs, une ville pittoresque et tranquille située dans les montagnes, où la chose la plus excitante de l’année était que les écoliers donnaient aux chasse-neige de la ville des noms tels que Plowasaurus Rex et Han Snowlo.

Je lâchai un rire, alignant le chariot en parallèle avec le corps enveloppé de plastique.

— Tu t’es écouté parler dernièrement ? Il y a six mois, tu travaillais pour la mafia et maintenant... t’as peur que ton chat se sente seul ? Où sont passées tes couilles ?

— Elles sont en route pour Hawaï avec moi pour passer deux semaines enfouies dans ma copine. Qu’est-ce que tes couilles ont prévu de faire ?

— Mes couilles et moi, on s’en sort très bien, marmonnai-je.

Je n’avais pas de femme dans ma vie plus d’une nuit d’affilée. C’était trop compliqué. Les relations amoureuses ne faisaient pas bon ménage avec moi. Mais l’idée d’aller sous les tropiques pour faire l’amour non-stop était assez séduisante. Je ne pouvais pas utiliser le fait que je sois nettoyeur comme excuse pour ne pas avoir de femme dans ma vie. Parce qu’Hannah avait bien voulu de Jack, même si le nombre total de ses meurtres correspondait au score de certaines personnes au bowling.

Pourtant, j’avais vu ce qu’était le véritable amour entre mes parents avant que ma mère ne soit tuée par un chauffard ivre. J’avais vu chaque seconde du contre-coup pour mon père, comment il s’était littéralement transformé en justicier pour obtenir la justice que la police était incapable de rendre. Je n’allais pas mettre mon cœur en péril de cette façon. Les gens partaient. Les gens mouraient, pensai-je en regardant un cadavre.

Saisissant le sac de ski que j’avais apporté, je le jetai sur le parquet et ouvris la fermeture éclair. Oui, c’était pile la bonne taille. Même en octobre à Denver, lorsqu’il n’y avait pas de neige, personne ne se poserait de questions en me voyant pousser un sac de ski sur un chariot à bagages dans le parking d’un hôtel. J’avais envisagé un sac de golf, mais j’étais trop fatigué pour le scier en deux. En plus, ça aurait fait beaucoup de saletés.

— Si tu es prêt à me demander, à moi, de m’occuper Pancake, pourquoi tu ne demandes pas à tes futurs beaux-parents ?

Jack et Hannah n’étaient pas encore fiancés, mais ils le seraient bientôt.

Je pouvais entendre sa répugnance à travers le téléphone quand il dit :

— Parce que si je le fais, quand nous reviendrons, Pancake sera empaillé et perché au-dessus de la cheminée.

Je mis mon portable sur haut-parleur et le posai sur le chariot tout en commençant à faire entrer le corps enveloppé dans la bâche dans le sac de ski, tout en riant. Le père d’Hannah était taxidermiste et la maison des Highcliff constituait le pire cauchemar d’un végétalien. Il y avait une tête de vache accrochée au mur de la salle à manger et un écureuil effrayant dans la salle de bain, pour ne citer que deux des dizaines d’animaux tués sur la route qu’il avait empaillés et dispersés dans la maison. Je n’y étais allé qu’une fois et c’était déjà trop.

— Exact. Et Brittany ?

C’était la meilleure amie d’Hannah.

— Elle est à une convention dentaire à Albuquerque.

Je me tenais au-dessus d’un cadavre, je ne pouvais donc pas trop me permettre de faire cette réflexion, mais l’idée de nettoyer les dents des gens pour gagner sa vie me paraissait assez répugnante. Manifestement, chacun pouvait trouver un métier à sa mesure.

— Il ne se passe jamaisrien à Coal Springs, dis-je m’accroupissant et refermant le sac. Ce serait les deux semaines les plus longues de ma vie.

Cela faisait deux mois que Jack avait abandonné son métier de tueur à gages et quitté Denver pour Coal Springs. Même si nos fonctions n’étaient pas les mêmes, nous avions souvent travaillé ensemble. On avait traîné ensemble. On avait fait des tas de trucs ensemble. Puis il s’était installé dans les montagnes avec Hannah. Même si j’étais très occupé, je m’ennuyais dans ma routine, à récupérer des corps. Et je me sentais un peu seul.

Les seules autres personnes dans ma voiture aujourd’hui étaient mortes et se trouvaient dans le coffre.

Ma vie n’était pas aussi agréable sans lui.

Mon téléphone bipa, indiquant un autre appel. Je pivotai et l’attrapai sur le chariot.

Max Pinter.

— Désolé, demande au gamin du voisin, dis-je à Jack. Je suis trop occupé avec les ordures pour aller le nourrir.

— Tu as besoin de faire une pause.

Je soupirai. C’était probablement vrai. J’en avais vraiment besoin.

— Il ne faut pas que tu deviennes négligeant, ajouta-t-il.

Il avait raison. La négligence signifiait se faire prendre. J’étais trop bon pour ça, mais je devais aussi me demander si je n’étais pas trop fatigué. Si je ne manquais pas de concentration.

— Aloha et tout ça, dis-je à Jack, avant de passer à l’autre appel. Max, que puis-je faire pour toi aujourd’hui ?

— Tu peux réparer le bordel que tu as foutu avec mon fils, lança-t-il.

Je me levai, fis craquer mon cou à gauche, puis à droite, avant de lever les yeux vers le plafond voûté de la suite. J’avais l’habitude des clients en colère et énervés. C’étaient tous... des types malhonnêtes qui aimaient utiliser leur argent, leur pouvoir ou leur absence de morale et de conscience à leur avantage. Aujourd’hui, cependant, j’étais las et de mauvaise humeur et je devais encore me débarrasser de deux corps.

— Qu’est-ce qui ne va pas avec Jason ? Toutes les charges ont été abandonnées et son implication dans le réseau de prostitution a été écartée.

C’était exactement ce qu’il m’avait demandé de faire.

— Il est en cure de désintoxication !

Son intonation de voix donnait l’impression que j’avais confié son fils à une troupe de cirque pour qu’il soit propulsé par un canon.

Je me grattai la tête.

— Exact.

— Il a un travail. Il travaille pour moi. La cure de désintoxe n’est pas à l’ordre du jour.

Je connaissais bien le travail que Jason faisait pour son père, il était trafiquant de drogue. À vingt-deux ans, le gamin consommait autant de produits qu’il était censé en vendre aux autres membres de sa communauté universitaire et aux joueurs de football.

Le week-end dernier, il avait abusé avec la coke et s’était retrouvé impliqué dans toutes sortes de conneries, notamment une descente dans un endroit glauque où des femmes droguées étaient utilisées comme prostituées. Concernant la drogue, c’était l’approvisionnement sans fin de son père qui était responsable. Il aurait dû prendre quinze ans, au minimum, mais grâce à mes relations, je lui avais trouvé un alibi pour le disculper.

Sauf que quelques jours en prison avaient suffi à faire que Jason se chie presque dessus. Il voulait se libérer de l’emprise malsaine de son père et je lui en avais donné l’occasion. J’avais arrangé les choses pour qu’il aille en cure de désintoxication pour se remettre les idées en place.

Encore une fois, la morale de l’histoire : il ne fallait pas se droguer.

— C’est mieux que de faire de la prison, lui rappelai-je en faisant le tour de la suite à la recherche d’autres objets ayant appartenu à M. Cadavre.

Heureusement, il avait été plutôt ordonné avant de se piquer et de mourir d’une crise cardiaque. Quand j’aurais fait rouler le chariot hors de la chambre, ce serait comme n’importe quel autre départ. Vide et prêt pour le ménage.

— Il ne pourrait pas travailler non plus s’il était derrière les barreaux.

Max éclata de rire.

— Il est clair que tu n’as jamais mis les pieds en prison, tu ne sais pas à quel point la drogue circule dans ce genre d’endroit.

— Tu voulais qu’il fasse de la prison ?

Peut-être que je n’avais pas compris le but de mon boulot pour lui après tout.

Putain, j’avais essayé de faire de mon mieux et voilà comment j’étais remercié.

Max éclata de rire.

— La prison, c’est mieux que la cure de désintox. Maintenant, il ne vaut rien pour moi, car il a aussi cinq ans de mise à l’épreuve. Je ne peux pas avoir la police sur le dos.

Exactement.

J’avais arrangé les choses pour Jason puisse se reprendre en main et se libérer de l’emprise de son père. Je l’avais fait aussi pour Max, mais peut-être pas comme il l’aurait souhaité.

— Fais sortir mon fils de sa cure.

Ce que je n’aimais pas, c’était qu’on me dise que je faisais mal mon boulot. Je le faisais toujours bien. C’était pour ça que j’étais le meilleur. C’était pour ça que j’étais super occupé. Je n’aimais tout particulièrement pas qu’on me dise ce que je devais faire.

— Écoute, Max. Tu m’as payé pour régler un problème. C’est ce que j’ai fait. Notre affaire est réglée.

Je raccrochai avant qu’il ne puisse crier davantage. Ces enfoirés pensaient qu’ils me contrôlaient. Ils oubliaient que c’était moi qui avais tout le pouvoir. Je connaissais tous leurs secrets. Je savais où étaient les cadavres. Littéralement. Je pouvais les détruire et ils en avaient conscience. Même si j’étais persuadé que Max ne me ferait plus jamais travailler (ce qui ne me dérangerait pas), il n’allait pas faire de vagues, car je n’hésiterais pas à lui rendre la pareille.

Je fermai les yeux. Soupirai.

— Putain.

Jack avait raison. J’avais besoin d’une pause.

Je le rappelai.

— Oui ?

J’entendais les bruits de l’aéroport en arrière-plan : des bavardages, quelqu’un disant que les rangées douze à vingt étaient ouvertes à l’embarquement.

— Je vais monter nourrir le chat. J’ai quelques boulots à faire pendant ton absence, mais j’ai vraiment hâte de commencer ma petite vie monotone dans une petite ville.

2

FIONA

Avoir une très bonne ouïe avait ses avantages, mais entendre mon patron faire une branlette à l’un des informaticiens dans son bureau n’en faisait pas partie. À neuf heures et demie du matin. J’espérais qu’il avait verrouillé sa porte.

J’essayai de me concentrer sur la liste qui s’affichait sur mon écran, les noms que j’avais recueillis depuis mon retour de congé maladie, sauf que Dan Trotter, chef de division, appelait le gars « papa » et l’autre lui disait qu’il avait été un méchant garçon et de le branler plus fort. Je fis pivoter mon siège d’avant en arrière, puis levai les yeux au plafond, essayant de respirer profondément comme pour un cours de préparation à l’accouchement pour ne pas vomir. Je tendis la main pour prendre mon café, en bus une gorgée, regrettant que ce ne soit pas quelque chose de plus fort. J’essayai de me reconcentrer, mais c’était l’enfer. Je ne pouvais pas m’empêcher d’entendre.

Par très bonne ouïe, je voulais dire comme celle d’une chauve-souris, car le bureau de Trotter était de l’autre côté du bâtiment et je pouvais tout entendre. Tout.

J’avais toujours voulu travailler au FBI. Après la mort de ma mère, je m’étais entièrement consacrée à mes études, préférant les livres à faire la fête. J’étais dans la police depuis sept ans et être agent de terrain n’était pas toujours aussi amusant, on ne tirait pas toujours sur des gens et on n’entendait pas toujours le marteau du juge tomber à la fin d’un procès.

Non. Il y avait les jeux de pouvoir et tout un tas d’autres conneries.

Jonathan Neidermeyer poussa la porte ouverte avec sa main et passa la tête dans mon bureau.

Comme lui par exemple.

— Prête pour la réunion ? demanda-t-il.

Je levai les yeux de mon travail.

— Ouais.

Mon coéquipier avait trente-sept ans et le crâne dégarni comme un moine médiéval. Il avait toujours une tache sur sa chemise. Divorcé. Il sortait avec une femme qu’il avait rencontrée lors de l’inauguration d’une station de lavage de voitures. C’était aussi un crétin, mais cela n’allait pas changer, contrairement au fait que faire de l’exercice et arrêter de manger au fast-food, qui lui permettraient de voir sa bite au lieu de son bide quand il baissait les yeux. Même si ça ne devait pas être bien impressionnant de toute façon. Sa bite, pas son ventre. Impossible qu’il soit bien membré.

— Bien, marmonna-t-il. Trotter veut les dernières infos sur l’affaire. J’espère que tu es prête.

Il souleva la tasse de café qu’il tenait et en but une gorgée. Comme elle provenait de la machine de la salle de repos qui brassait quelque chose ressemblant à du goudron, je ne lui en voulus pas de ne pas m’en avoir apporté.

Sa moustache se tordit lorsqu’il me fit un petit sourire ambigu.

Moi ? Prête. Bien sûr que j’étais prête. J’étais toujours prête et c’était mon propre dossier. Un dossier bien ficelé, avec un tas de preuves solides accumulées pendant six mois de travail. Les dossiers imprimés étaient bien rangés sur mon bureau. Des onglets de couleur indiquaient les preuves, les dépositions, les mandats de perquisition et les notes d’interrogatoire.

Neidermeyer n’était sur l’affaire avec moi que parce que j’avais pris un congé maladie quelques mois auparavant. Une semaine. Une tumeur au cerveau m’avait empêchée de travailler une seule semaine et il ne s’était certainement pas attendu à ce que je revienne aussi rapidement. Je soupçonnais qu’il n’avait jamais pensé que je reviendrais. Mais mon travail était pratiquement toute ma vie et cela confirmait que j’étais, en fait, en vie.

— Toujours, répondis-je en tapotant la pile de dossiers soigneusement rangés, ceux que j’étais venue mettre à jour trente minutes avant l’heure de démarrer ce matin.

Il savait que j’aurais tout préparé, car j’étais naturellement organisée et méticuleuse, et qu’il aimait que je fasse tout et qu’il s’attribue ensuite le mérite. Chaque aspect de sa personnalité m’agaçait. Il était paresseux. Il ne mettait pas de déodorant. Il ne respectait pas les règles. Bon sang, il ne travaillait presque pas.

Ce travail était important pour moi. Mettre les criminels derrière les barreaux était important pour moi. Nous étions les pires coéquipiers parce que je me souciais probablement trop de mon travail et qu’il ne semblait pas s’en soucier du tout. Il aurait probablement préféré que j’aie une autre tumeur au cerveau et j’aurais bien aimé que ses implants capillaires s’infectent.

— Allons-y.

— Je te suis.

Enfin, je le rattraperai dans deux minutes, car la dernière chose que je voulais surprendre était Trotter et le gars de l’informatique avant qu’ils aient fini. Heureusement, Neidermeyer m’avait distrait et j’avais fait de mon mieux pour ne pas me concentrer à nouveau et découvrir où ils en étaient.

Il grogna, probablement parce que la boucle de sa ceinture s’enfonçait et serrait ses intestins, et se dirigea vers le couloir.

Je me concentrai à nouveau sur mon écran d’ordinateur et sur mon petit projet parallèle, qui n’avait rien à voir avec le travail. La liste que j’avais dressée depuis que j’avais reçu la lettre du centre du centre de radiothérapie m’informant qu’il y avait eu un problème de maintenance avec la machine pendant la période où j’avais reçu mon traitement.

J’avais pu utiliser les bases de données du FBI pour dresser une liste des autres personnes qui avaient été irradiées dans cet établissement entre le premier et le sept mai. Ce genre d’accès était l’un des avantages de ce travail. Même si je ne pouvais pas consulter les dossiers médicaux en raison des lois sur la protection de la vie privée, j’avais au moins pu obtenir les noms de ceux qui avaient eu des rendez-vous pendant cette période.

Il y avait une femme que je voulais rencontrer en particulier parce qu’elle était la seule autre personne à avoir subi une radiothérapie Gamma Knife pendant cette période, et non un traitement par radiothérapie pour autre chose, comme un cancer.

Pourquoi ? Parce que si je pouvais maintenant entendre comme une femme bionique, alors peut-être qu’Hannah Highcliff en était capable aussi. J’avais besoin de savoir que je n’étais pas la seule à avoir ce nouveau talent secret. Car à cause de cela, je me sentais encore plus seule que d’habitude. Je ne pouvais en parler à aucun de mes collègues. Je serais mise en congé pour troubles psychologiques si je le faisais, ce qui était encore pire qu’à cause d’une tumeur au cerveau.

Au cours des trois derniers mois, j’avais essayé de m’entraîner à filtrer le flot constant de bruits. Dans un immeuble de bureaux bondé, j’entendais les appels téléphoniques de tout le monde, les frappes sur les claviers, les chasses d’eau, le café qui infusait, les photocopieuses qui tournaient. Dans les autres étages de l’immeuble, j’entendais aussi des conversations. Au début, cela m’avait donné d’horribles maux de tête, mais j’avais appris à faire la sourde oreille et à ignorer la plupart des bruits. Quand mon nom était mentionné n’importe où dans un rayon de deux étages, je me concentrais immédiatement dessus. Surtout quand mon patron et Neidermeyer parlaient de mon affaire. Comme maintenant.

— ... Whitaker n’a pas besoin de savoir que tu as fait planter l’arme, dit Trotter.

Je me figeai, fixai la photo encadrée du Washington Monument dans le couloir et écoutai mon patron. Mon coéquipier et lui parlaient de moi.

— Ouais, elle est trop à cheval sur les règles, Neidermeyer. Je parie que son placard est organisé par couleur.

Tout le monde ne faisait pas ça ?

— Je dois résoudre plus d’affaires, ajouta Trotter.

Je me levai, roulai les épaules en arrière et brossai le devant de mon pantalon de tailleur noir, même s’il était impeccable.

Ils m’attendaient. Je pouvais écouter en marchant.

— Le directeur me harcèle à ce sujet, poursuivit Trotter.

Je soufflai. Trotter n’était pas un vendeur de voitures avec un quota mensuel.

— Comme d’habitude, l’affaire de Whitaker est solide, mais ça a pris une éternité à monter.

C’était la chose la plus proche d’un compliment que j’allais probablement obtenir de Neidermeyer.

— Quelle tête de mule qui suit les règles d’un peu trop près. Peu importe. Si on plante un pistolet, on aura une arrestation la semaine prochaine. Tu penses qu’on devrait le mettre dans la boîte à gants ou dans le sac de sport du gars ?

Placer une arme ferait aussi en sorte que toutes les preuves que j’avais recueillies dans mon dossier–des preuves solides et légales–seraient rejetées si on découvrait la supercherie. Et moi aussi dans le processus. Ce serait moi qui en paierais le prix.

Sa tête ne fonctionne pas bien, serait probablement l’excuse.

— Bien. Mets-toi au travail. Et la boîte à gants, dit Trotter.

Je souris à un collègue que je croisais dans le couloir. Je devais ralentir et discuter un peu, car son épouse avait accouché la semaine précédente. À cause de cela, je ratai une partie des plans illégaux de mon patron et de mon coéquipier.

— Tiens-moi au courant quand tu en sauras plus. En attendant, débrouille-toi pour planter cette arme.

— Oui, chef. Tu as vu la fin du match des Rockies ? Un point marqué en force.

Ils bavardèrent de baseball pendant que je me rendais sur place. Quels connards. Mon boulot était devenu merdique, et à moins de demander une mutation, j’étais coincée sous les ordres de Trotter. Et coincée avec Neidermeyer. Ou alors ils allaient me jeter en pâture et je perdrais mon badge et ma respectabilité sur le terrain. Je serais blacklistée.

J’étais un bon agent avec un palmarès exceptionnel. Bon sang, j’étais l’agent tristement célèbre qui avait fait tomber son propre père. Personne d’autre ne pouvait en dire autant. Il était clair, d’après ce que j’avais entendu, que ma carrière était probablement fichue ici. Neidermeyer voulait que je parte. Trotter avait des projets et se fichait de qui il éliminait.

J’étais l’agent qui avait eu la tumeur au cerveau. Il serait si facile de faire porter le chapeau à la tumeur si je foirais une affaire. Ils pourraient me virer et saborder ma carrière.

Je ne pourrais pas trouver de travail comme agent de sécurité dans un centre commercial.

— Où est Whitaker, bon sang ? s’écria Trotter, visiblement lassé de parler de sport.

— Ici, dis-je en frappant et en poussant sa porte, faisant attention à ne pas toucher la poignée ou quoi que ce soit d’autre après sa branlette de tout à l’heure. Je tenais mes dossiers bien serrés contre ma poitrine.

Neidermeyer était installé dans l’une des chaises de bureau, les jambes écartées. Trotter se tenait derrière son bureau, les mains sur les hanches. Je me demandais s’il s’était lavé les mains après...

— Bien. Qu’avez-vous dans votre affaire ?

Je les observai tous les deux. Ils n’étaient pas nets. J’allais me faire avoir. Ce n’était qu’une question de temps.

Prenant une profonde inspiration, je leur exposai rapidement les dernières nouvelles.

Trotter hocha la tête comme une poupée articulée au ralenti pendant que je lui faisais le compte rendu des dernières écoutes téléphoniques.

— Ça avance lentement et ton idée de planquer un flingue ferait certainement avancer les choses.

Oui, j’avais dit ça.

Neidermeyer se redressa comme s’il venait de recevoir un coup de poing. Il commença à bredouiller.

— Mais de quoi tu parles ? demanda Trotter, les yeux écarquillés.

Je haussai les épaules.

— Je dirais qu’un sac de sport est le meilleur choix pour planter une arme parce qu’il sera plus facile d’y accéder.

Les deux hommes me fixaient, sans ciller. Le regard perçant de Neidermeyer se rétrécit. Je ne manquai pas de remarquer la sueur qui perlait sur sa lèvre supérieure.

— Où as-tu entendu parler de ça ?

Je haussai les épaules.

— Faudrait que vous planifiiez en parlant un peu moins fort.

— Mlle Je-sais-tout écoute aux portes maintenant ? demanda Neidermeyer.

— Oh, alors vous allez vraiment planter un flingue.

— Je n’ai pas dit ça.

J’acquiesçai d’un signe de tête.

— Si, tu viens de le dire. Et tu l’as aussi sous-entendu.

— Combien de temps tu es restée devant la porte ?

— Je n’y étais pas. Demande à Rogers. J’ai parlé avec lui dans la salle de pause et ça m’a retardée. Il a eu une petite fille. Elle s’appelle Emma. J’espère que vous avez tous les deux signé la carte qu’on a fait circuler.

Les yeux de Trotter se déplacèrent de gauche à droite, suggérant une autre possibilité.

— Tu as mis mon bureau sous écoute ?

Je me tapotai le menton du doigt. Je n’avais pas envisagé cet angle, mais ha ! Oh, c’était amusant. J’aimais bien voir ces deux-là nerveux. Ils méritaient de l’être.

— Humm. Tu devrais appeler l’informatique et demander à quelqu’un de faire un contrôle. Peut-être... Brian ?

Le visage de Trotter passa de la couleur de la farine d’avoine à celle de la chambre rose bubble-gum d’une fillette de huit ans. Puis il plissa ses yeux qui prirent une lueur froide.

— Neidermeyer, sors d’ici, dit-il sèchement, sans me quitter du regard.

Pendant une seconde, Neidermeyer fut surpris d’être celui qui se faisait expulser. Il se leva, puis sortit en me lançant un regard meurtrier. Qu’importe. Il était à peu près aussi important qu’un Père Noël en surpoids dans un centre commercial la semaine après Noël.

— Ferme la porte derrière toi, lança Trotter. Tu as mis un micro ici ? répéta-t-il une fois que nous fûmes seuls.

Je le regardai avec des yeux écarquillés, comme si cette idée était absurde, alors que ça semblait plausible.

— Moi ? Je travaille pour le FBI. Pourquoi aurais-je besoin de mettre sur écoute le bureau de mon patron ?

— Tu sais...

— Pour pouvoir mieux faire mon travail ? Parce que tu m’en veux depuis que tu es arrivé ici ?

J’étais dans cette antenne depuis plus longtemps que lui.

— Tu es rancunière.

J’avais déjà entendu ça. « Garce » était un autre qualificatif. Je n’allais même pas entrer dans le débat sur les sexes, mais ça craignait.

— Je ne tomberai pas à cause d’une arme illégale que toi et Neidermeyer avez l’intention de planter.

— Tout ne doit pas être fait dans les règles. Parfois, ça se fait en se serrant la main.

— On peut faire beaucoup de choses avec sa main, rétorquai-je.

Une veine palpitait dans sa tempe.

— Tu es virée.

Je secouai la tête. J’avais grandi avec un père impitoyable. J’avais appris très tôt à avoir la peau dure. On pouvait survivre à ce genre de coup de gueule. J’avais aussi appris à me défendre. Il me l’avait appris lui-même. Il me l’avait enfoncé dans la tête. Il ne s’était pas attendu à ce que je lui tienne tête. Cela m’avait pris des années, mais j’y étais parvenue, et il allait passer le reste de sa vie à s’en souvenir. Donc si je pouvais gérer Vincent Genovese, Trotter était du gâteau. Il ne me faisait pas peur du tout.

— Non, je ne suis pas virée, rétorquai-je. Tu aurais droit à une procédure des ressources humaines et ce serait moi contre toi et je gagnerais.

— Je suis ton supérieur, balbutia-t-il. Ils n’écouteront pas une femme comme...

Je levai la main.

— Est-ce que ta femme sait que tu as un penchant pour les hommes et que tu aimes les appeler papa ?

Il se tut brusquement.

— Voilà ce que tu vas faire, Dan. Retire-moi de l’affaire. Mets Neidermeyer à la tête de l’enquête.

Je fis un pas vers son bureau et y déposai mon épais dossier.

Il resta silencieux un moment, peut-être par peur de parler. Son regard passa du dossier à moi et vice-versa plusieurs fois.

— Tu t’es battue pour qu’il soit mis sur l’affaire avec toi. Pourquoi abandonnes-tu maintenant ?

Je le regardai comme s’il avait quatre ans.

— Je n’abandonne pas. Je laisse Neidermeyer porter le chapeau à ma place.

— Nous ne ...

— Si, si...

Je le vis avaler sa salive.

— Pourquoi est-ce que je voudrais le faire tomber ?

Je lui énumérai les raisons du doigt.

— Parce que c’est un idiot. Un mauvais agent. Avec des antécédents terribles. Il est capable de faire quelque chose de dégueulasse comme poser un mouchard. Il l’a probablement déjà fait.

Je lui laissai un moment pour digérer cette information, car elle était probablement vraie et Trotter en avait sûrement conscience.

— Je pars en congé maladie. Pour une durée indéterminée.

Je n’y avais pas pensé avant, mais il fallait que je me tire d’ici. Le plus loin possible de ces deux-là et de leur bordel. Je n’avais pas d’amis dans cet endroit. Certes, tout le monde s’était cotisé pour m’offrir un bouquet de fleurs quand j’avais été à l’hôpital, mais la gentillesse s’arrêtait là. Cette pause me donnerait le temps libre dont j’avais besoin pour rencontrer Hannah Highcliff.

— Tu veux prendre un congé sans solde ?

Je secouai la tête.

— Bon sang, non. Payé à taux plein.

Comme il avait lui-même tenu papa Brian plus tôt, je tenais mon boss par les couilles.

— Tu vas m’accorder ça parce que je suis sûre que tu vas passer ce bureau au peigne fin pour trouver des micros et tu n’en trouveras pas. Tu vas continuer à te demander comment ça se fait que je sais pour toi, Neidermeyer et le flingue. Pour toi et Brian, du service informatique. Parce que si je sais ça, qu’est-ce que je sais d’autre ?

Je croisai les bras pour m’assurer de ne rien toucher et haussai un sourcil.

Je ne savais rien d’autre, mais il n’avait pas besoin de le savoir.

Il respirait fort. Si un regard pouvait tuer, je serais déjà morte. J’avais récemment été confrontée à la mort et ce qui se passait ici n’était rien en comparaison.

— Il est temps de te faire muter Trotter, ajoutai-je. Pars avant que je revienne. Je te donne deux ou trois mois.

Je n’avais aucune idée de ce que j’allais faire de tout ce temps libre, mais je ne voulais plus être là. Je voulais prendre mes distances avec l’affaire qui allait mal tourner. Neidermeyer allait tomber et je ne laisserais pas son corps en surpoids m’entraîner avec lui.

Trotter restait silencieux. Il réfléchissait. C’était un idiot, mais il n’était pas complètement stupide.

— D’accord.

— J’ai aussi enregistré le marché que nous venons de conclure.

Je ne l’avais pas fait, mais il n’en savait rien.

Il fulmina.

— Salope. J’espère que ta tumeur au cerveau reviendra.

Je ris.

— C’est tout ce que tu as en stock ?

Je me dirigeai vers la porte, l’ouvris et me dis mentalement que je devais utiliser du désinfectant pour les mains.

— Oh, et Trotter ?

Ses lèvres se pincèrent pour former une ligne invisible, ce qui indiquait qu’il ne passait pas un bon moment.

— Lave-toi les mains.

3

FIONA

— Vous êtes de passage ou vous allez à Coal Springs ?

Quelques heures plus tard, je me trouvais à l’arrière d’une épicerie très vintage en compagnie du propriétaire, excessivement amical, qui s’était présenté sous le nom de Pops. Soixante-dix ans. Salopette à bretelles. Cheveux gris clairsemés mais favoris impressionnants. Un large sourire comme si, bien qu’il tienne un commerce où tous les clients étaient des étrangers, il n’en avait jamais rencontré un seul.

Moi y compris, semblait-il. Comme s’il considérait chaque voyageur en manque de caféine comme son petit-fils ou sa petite-fille. Je supposais que c’était ce que faisaient les grands-parents, car je n’avais jamais connu les miens, mais j’imaginais que son attitude amicale et sa curiosité insatiable étaient comparables à celles des gens de sa génération.

Intérieurement, je soupirais. Extérieurement, je m’efforçais de sourire. Cet homme était la clé de l’un des plus grands bonheur de ma vie : le café. Plus je répondais à ses questions rapidement, plus j’obtiendrais ma dose rapidement.

Après la confrontation avec Trotter, qui avait notamment consisté à le superviser pendant qu’il remplissait un formulaire de congé médical, je m’étais assise à mon bureau en attendant l’accord des RH et j’avais trouvé très vite une location de vacances à Coal Springs. Trotter avait sans doute accéléré les formalités administratives, car j’avais quitté les lieux dans l’heure qui avait suivi. J’étais retournée à mon appartement, j’avais fait mes valises et pris la route sans même prendre un café à emporter.

Je ne m’étais pas donné beaucoup de temps pour réfléchir à ce que je venais de faire : soit j’avais sauvé ma carrière, soit je l’avais anéantie. Plutôt que de réfléchir maintenant, j’improvisais.

Ce que je ne faisais jamais. J’étais méthodique. Logique. Organisée.

Certains disaient que j’étais tatillonne. Rigide. Même impitoyable, mais ces personnes étaient les mêmes qui pensaient que j’avais gravi les échelons du FBI uniquement pour mettre mon propre père en prison.

C’était le cas.

Dernièrement, ma vie m’avait semblé complètement désorganisée. Comme un feu de poubelle. Tumeur au cerveau. Patron et coéquipier véreux. Ouïe supersonique.

Un peu plus de café serait le bienvenu. Je pensais que ce congé le serait tout autant, mais je n’en avais jamais pris auparavant. J’avais des tonnes de vacances accumulées que je n’avais jamais utilisées. Le travail était toute ma vie.

Avait été toute ma vie. Maintenant, j’espérais que ce serait une tasse de café.

J’avais trouvé la cafetière presque vide et j’avais attiré l’attention de Pops. Il en préparait une nouvelle pendant que j’attendais.

— Coal Springs, dis-je en appuyant ma hanche contre le comptoir pendant que je l’observais. Oui, une vraie cafetière, pas une urne industrielle, qui, en appuyant sur un bouton, crachait l’or noir dans un gobelet en papier.

— En vacances ?

— Oui.

Un congé médical payé sans problème médical s’appelait-il des vacances ?

— Avec votre famille ?

Mon Dieu, non. À moins que mon cher vieux père ne m’accompagne dans son uniforme orange de prisonnier, avec des menottes et des gardes armés.

— Non.

— Un petit ami ?

Un petit ami ? Jamais de la vie. Aucun des gars avec qui j’étais sortie n’avait eu les couilles d’affronter une femme qui travaillait pour le FBI et qui arrêtait des sales types pour gagner sa vie. Ou peut-être que c’était juste moi. La réponse à cette question pouvait aller dans les deux sens et cela n’avait pas d’importance. Je ne faisais pas assez confiance à quelqu’un pour le laisser entrer dans ma vie. Quant au sexe ? Bien sûr, même si c’était il y a bien longtemps. Mais une relation ? Je n’avais aucune idée de la façon de m’y prendre pour en avoir une.

— Non.

Ses yeux gris reflétaient le regard que l’on avait en visitant la fourrière locale et en regardant tous les adorables chiens à adopter.

— Vous devez rencontrer un ami ou un truc du genre.

— J’espère rencontrer quelqu’un, répondis-je, sachant qu’il attendait une réponse.

Mon objectif était maintenant de retrouver Hannah Highcliff.

— Ne me dites pas que vous séjournez seule dans un hôtel.

Je secouai la tête.

— Non. Je loge dans une maison sur Candy Cane Lane. Toutes les rues portent-elles ce genre de nom ?

Je n’avais pas l’habitude de dire à quelqu’un où j’allais loger, mais Pops ne représentait pas une menace. Et Candy Cane Lane ? C’était sérieux, un nom comme ça ? J’avais entendu parler de Coal Springs et je me demandais si c’était aussi excentrique et animé que tout le monde le disait.

Il claqua la langue en versant de l’eau à l’arrière de la machine.

— Oui, c’est partout comme ça. Une jolie fille comme vous toute seule ? Je n’aime pas ça du tout. Vous devriez venir dîner. Je sais que ma femme, Marge, serait ravie de vous accueillir. Elle prépare son célèbre rôti demain. Vous avez dit que vous espériez rencontrer quelqu’un. Nous avons un petit-fils que vous pourriez rencontrer qui...

Je levai la main, mettant un terme à son activité d’entremetteur.

— Pas ce genre de rencontre. Pops, c’est très gentil de m’inviter à dîner. Transmettez mes remerciements à Marge, mais je suis végétarienne.

Il s’interrompit dans son action de verser du café dans le filtre.

Mon cerveau tapait des poings sur la table en répétant : du café, du café, du café. Encore et encore.

Vous ne mangez pas de viande ?

Son expression était la même que si j’avais avoué que je venais d’arriver de l’espace et que j’étais là pour l’emmener avec moi, sans le rôti.

Je secouai la tête. Heureusement, cette bombe lui avait fait oublier qu’il essayait de me caser.

Il sourit et me fit un clin d’œil, puis baissant la voix, il ajouta ;

— Vous êtes donc l’invitée idéale. Je n’aurai pas à partager le rôti avec vous. Ne dites pas à Marge que j’ai avoué que je suis gourmand.

Je ne pus m’empêcher de rire. Marge devait être une très bonne cuisinière.

— Motus et bouche cousue.

Il acquiesça, puis plaça la carafe en verre dans la machine et appuya sur le bouton.

— Voilà. Un bon café en route. On va lui laisser quelques minutes pour que ça infuse et ensuite ce sera prêt.

— Merci, Pops.

Il me tapota l’épaule, me fit un sourire de grand-père et retourna derrière le comptoir.

Alors que la cafetière se remplissait rapidement, je me calmai et laissai entrer le bruit. Je commençais à entendre tout ce qui m’entourait. Le téléphone sonna et Pops répondit. C’était Marge. Elle voulait qu’il ramène un litre de lait et une sélection de glaces du congélateur parce que les petits-enfants faisaient une soirée pyjama.

Près du mur des boissons réfrigérées, deux jeunes hommes–qui étaient entrés pendant que Pops et moi discutions–débattaient pour savoir s’ils devaient prendre un soda à la cerise ou à la vanille. Sur le parking, une voiture avait besoin d’une nouvelle courroie de distribution, à en juger par le bruit strident.

Dès que la cafetière s’arrêta, j’en versai avidement dans un gobelet à emporter et soupirai. Le bavardage incessant était épuisant. Je pris une seconde, fermai les yeux et me concentrai pour tout oublier à nouveau. J’étais devenue plutôt douée à ça, mais...

— On partage ?

La voix grave venait de ma gauche. Elle m’avait surprise et fait sursauter, me faisant secouer la cafetière que je tenais toujours dans ma main.

Je me retournai brusquement et je vis un homme. Juste là.

Comment avait-il pu m’approcher si furtivement alors que je pouvais maintenant entendre un chien péter à un pâté de maisons de là ? Je travaillais dans les forces de l’ordre, où il était essentiel d’être conscient de son environnement.

Tout comme l’évaluation d’un suspect.

C’était un homme, évidemment. Il était magnifique. La trentaine. Il mesurait au moins un mètre quatre-vingt-cinq. Il portait un costume avec la cravate desserrée et le bouton du haut de sa chemise défait. Il avait la carrure d’un coureur... non, d’un joueur de hockey riche et arrogant, sauf que ses jointures et ses mains étaient rugueuses comme s’il avait participé à trop de bagarres. Ses yeux, bleus et perçants, étaient braqués sur moi, fixement et intensément. Mes ovaires explosèrent, comme des confettis, pour l’inviter à me mettre enceinte.

Bon sang, il dégageait une énergie puissante qui me donnait l’impression d’être debout sur un fil électrique sous tension.

Il semblait me regarder de la même façon que je le fixais. Son regard cataloguait tout en moi, mais j’espérais qu’il ne remarquait pas que mes tétons étaient devenus instantanément durs ou que ma culotte avait pris feu.

Son interrogatoire visuel faisait-il de lui un agent des forces de l’ordre ?

Non, bien sûr. Il émanait une aura de danger de cet homme. S’il était du mauvais côté de la loi, il s’en sortait plutôt bien. Son costume était sur mesure et trop cher pour un salaire de policier. Tout comme sa coupe de cheveux. Courte sur les côtés, plus longue sur le dessus, mais avec une décoloration qui avait probablement été faite dans un endroit où l’on rasait avec des serviettes chaudes. Sauf qu’il n’en avait pas eu besoin, car il avait une barbe de trois jours très sexy.

Il n’était pas du coin. Les seuls vêtements que les hommes portaient dans les montagnes étaient des vêtements pour la neige.

— Désolée, dis-je en déglutissant bruyamment.

En fait, je ne savais pas vraiment pourquoi j’étais désolée. Peut-être parce que je gardais le café en otage ou que je le reluquais. Parce que le simple fait de le regarder me donnait envie de baver. Bon, d’accord, peut-être que j’étais vraiment en train de baver. J’avais peut-être connu une période de disette en matière d’hommes, mais ce type pouvait transformer l’entrejambe de n’importe quelle femme consciente en un véritable volcan en éruption. C’était sans aucun doute ses yeux. Pourquoi les hommes avaient-ils des cils naturellement longs ? Ou des pommettes saillantes ? Depuis quand étais-je attirée par une mâchoire carrée ? Oui, depuis toujours. Ou des lèvres charnues. Des lèvres qui embrasseraient le long de ma cuisse et que je sentirais frotter contre ma peau à cause de la barbe de trois jours. Un corps qui...

— Donne-moi l’argent qui se trouve dans la caisse.

Interrompant mes pensées sexy sur le mec viril et intense en face de moi, j’entendis une voix nerveuse de l’autre côté du magasin. L’homme parlait doucement, comme s’il ne voulait pas que quelqu’un d’autre dans le magasin sache ce qui se passait. Pourtant, je l’entendais clairement. Bien sûr que je l’entendais. Merde.

— Silence, ou je tire sur tout le monde, ajouta le type, ce qui signifiait qu’il était armé.

Je soupirai.

Putain. Pourquoi moi ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi est-ce que j’avais toujours la poisse ?

Un vol à main armée ?

Vraiment ? Il fallait que j’intervienne, bien sûr. Je ne pouvais pas rester là à baver devant le beau gosse pendant que quelqu’un enfreignait la loi.

Le beau gosse agita la main devant mon visage.