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Jérusalem, la ville des villes, a un rôle important, en particulier à partir du IV° siècle, non seulement pour sa liturgie, mais aussi pour ceux qui y ont joué un rôle important : Cyrille de Jérusalem, avec ses célèbres catéchèses baptismales et mystagogiques et pour sa place centrale dans les pèlerinages qui se sont mis en place. Elle a aussi une dimension symbolique qui sera prise en compte dans ce numéro, sans oublier la Jérusalem céleste, la cité de Dieu.
la revue CONNAISSANCE DES PERES DE L'EGLISE : plus de 160 numéros CLIQUEZ ICI et TROUVEZ LE VÔTRE
SOMMAIRE
Editorial
Marie-Anne VANNIERLa liturgie de Jérusalem à l'époque de l'évêque Cyrille
Nicolas EGENDERHésychius de Jérusalem, didascale de la « Mère des Églises »
Michel VAN PARYSLe patriarcat de Jérusalem
Philippe MOLACLes différents visages de Jérusalem dans la Correspondance de Jérôme
Benoït JEANJEANActualité des Pères de l’Église

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« Les quatre figures se trouveront réunies, si bien que la même Jérusalem pourra revêtir quatre acceptions différentes : au sens historique, elle sera la cité des Juifs ; au sens allégorique, l’Église du Christ ; au sens anagogique, la cité céleste, “qui est notre mère à tous” ; au sens tropologique, l’âme humaine. »

Jean CASSIEN,

Conférence XIV, 8, SC 54, p. 190-191.

« Jérusalem est un mot hébreu, qui signifie vision de paix, dont les citoyens sont tous les hommes sanctifiés, qui ont vécu, vivent ou vivront, et tous les esprits sanctifiés […]. Le roi de cette Cité est le Seigneur Jésus-Christ, Verbe de Dieu qui règne sur les anges les plus élevés et Verbe qui assume l’homme pour régner aussi sur les hommes qui régneront ensemble avec lui dans la paix éternelle. »

Saint AUGUSTIN,

Grande Catéchèse 20, 36, BA 11/1, p. 173.

Sommaire

Jérusalem

CPE n° 159

Éditorial — Marie-Anne VANNIER

La liturgie de Jérusalem à l’époque de l’évêque Cyrille — Nicolas EGENDER

Hésychius de Jérusalem, didascale de la « Mère des Églises » — Michel VAN PARYS

Le patriarcat de Jérusalem — Philippe MOLAC

Les différents visages de Jérusalem dans la Correspondance de saint Jérôme — Benoît JEANJEAN

Actualité des Pères de l’Église

Éditorial

Carrefour des trois monothéismes, berceau du judaïsme et du christianisme, ville où le Christ est mort et ressuscité, Jérusalem, dont le nom signifie Cité de la paix, est le creuset, la mère de toutes les Églises. Son rôle central se manifeste au IVe siècle, avec la construction des grandes basiliques, comme l’a déjà montré le numéro 122 de Connaissance des Pères de l’Église, consacré aux pèlerinages en Terre sainte et comme le font ressortir les différents articles de ce nouveau dossier.

Le père Nicolas Egender[1], qui connaît remarquablement

Jérusalem, pour y avoir passé de nombreuses années[2], fait, tout d’abord, revivre la liturgie de Jérusalem, évoquée par Égérie dans son Journal, liturgie axée sur le mystère pascal vécu, célébré, expliqué dans les célèbres catéchèses baptismales et mystagogiques de Cyrille de Jérusalem.

Puis, le père Michel Van Parys nous fait découvrir un auteur, contemporain de Cyrille d’Alexandrie, mais laissé pour compte : Hésychius de Jérusalem, qualifié de « théologien », titre rarement donné à l’époque, ce qui montre l’importance de son apport. Hésychius, très attaché à Jérusalem, se présente comme le « didascale de la Mère de toutes les Églises ». Il est fondamentalement « un interprète de la Parole de Dieu dans les Saintes Écritures » (p. 14) qu’il a presque entièrement commentées, en mettant en œuvre les sens de l’Écriture et en proposant une lecture christologique.

Compte tenu de son importance, Jérusalem est l’un des cinq patriarcats, dont Philippe Molac nous présente, avec talent, l’histoire mouvementée et complexe.

Les représentations de Jérusalem sont également nombreuses, tant dans l’exégèse que dans l’art. Saint Jérôme, qui a choisi de s’établir en Terre sainte, en donne un certain nombre d’expressions dans sa Correspondance, en « oscillant sans cesse entre présentation historique et interprétation spirituelle » (p. 31), comme l’explique Benoît Jeanjean.

Pour mieux le comprendre, il aurait été bon d’envisager la Jérusalem céleste, en particulier avec saint Augustin[3], mais ce pourrait être l’objet d’un autre numéro, tant la matière est abondante.

Marie-Anne VANNIER

[1].Voir N. Egender, Pâques. Grandes fêtes byzantines, Paris, Nouvelle Cité, 2020.

[2]. N. Egender, Vermächtnis Heiliges Land, Münster, Aschendorff Verlag, 2018.

[3]. Voir M.-A. Vannier, « Augustin et la Jérusalem céleste », Graphè 14 (2005), p. 4154.

La liturgie de Jérusalem à l’époque de l’évêque Cyrille

La paix constantinienne au début du IVe siècle a permis à l’Église de Jérusalem, Mère de toutes les Églises, un triple essor rapide : la construction d’édifices religieux somptueux sur les Lieux saints, dont certains étaient encore à ciel ouvert, les pèlerinages à ces Lieux saints et le développement d’une liturgie propre à la Ville Sainte. Il est significatif que les trois grandes premières basiliques sont construites sur les trois « grottes », trésors du christianisme primitif : sur le tombeau du Christ, l’Anastasis ; sur la grotte de Bethléem, celle de la Nativité ; sur celle de l’enseignement aux apôtres au mont des Oliviers, l’Éléona. La liturgie aura un caractère stationnal et processionnal, et les Lieux saints seront des témoignages, des Martyria. Le tombeau du Christ, dit Eusèbe de Césarée, « est le vénérable et très saint témoignage de notre salut[1] ». Ils sont des « lieux théologiques » et l’on parlera d’une « théologie des Lieux saints ». Ils proclament par eux-mêmes le Credo. L’Église de Jérusalem aura toujours une conscience vive de tenir la vraie foi, elle qui vit et prie à l’endroit où le Christ a vécu, est mort et est ressuscité. Ses célébrations liturgiques l’expriment jour pour jour au long de toute l’année.

Il nous est possible de suivre leurs déploiements, grâce au Journal de voyage, l’Itinerarium, d’Égérie[2], pèlerine des Lieux saints entre 381 et 384, à l’époque de saint Cyrille (312-387), évêque de Jérusalem pendant trente-neuf ans, qui a connu trois exils comme témoin de la foi nicéenne. Cyrille ne manque pas de relever le caractère propre hagiopolite.

« Ce lieu illustre te confond, ce bienheureux Golgotha, où justement nous voici rassemblés[3] » (CB 4, 10) ou bien « ce sanctuaire de la résurrection, où nous nous trouvons » (CB 14, 14) ou encore

ici à Jérusalem, ici dans l’église supérieure des Apôtres (Sion)[4]. Car nous jouissons, nous, des prérogatives en tout domaine. Ici le Christ est descendu des cieux ; ici l’Esprit Saint est descendu des cieux. Nous faisons sur le Golgotha l’exposé sur le Christ et le Golgotha ; il eût été de même tout indiqué que nous fissions dans l’église supérieure l’exposé sur le Saint-Esprit. Mais dès là que celui qui y est descendu jouit de la même gloire que celui qui a été crucifié ici, nous nous autorisons pour dire ici ce qui concerne celui qui est descendu là-haut : car indivise est la piété [CB 16, 4].

D’autre part, il convient de tenir compte du Lectionnaire arménien (LA), traduction de Typikon grec de Jérusalem, qui a dû être faite sous le successeur de Cyrille, Jean II (387-417) et le catholicos Sahag Ier († 439) et qui comble les lacunes de l’Itinerarium, surtout en indiquant les références aux psaumes et aux lectures bibliques, tout en présentant déjà un stade ultérieur à l’époque d’Égérie[5].

Liturgie quotidienne

Pour comprendre Égérie, il faut avoir devant les yeux le complexe de l’Anastasis qui est la rotonde de tombeau du Christ et le Martyrium, la grande basilique de la Passion et, entre les deux : un atrium à ciel ouvert, l’édicule du Golgotha qu’Égérie appelle Croix, d’où l’expression ad crucem et ante crucem pour l’atrium, avec au sud la chapelle de la Croix (post crucem). Au cours d’une célébration, on se déplaçait d’un lieu à l’autre. Si le service commençait à l’Anastasis, on terminait à la Croix, comme c’est le cas pour le lucernaire et la vigile dominicale. L’eucharistie dominicale se célébrait au Martyrium et s’achevait à l’Anastasis. Golgotha et tombeau, signes visibles de la mort et de la résurrection du Seigneur, sont englobés dans une même célébration et marquent l’unité du mystère pascal. Égérie met un grand soin à décrire le cycle quotidien de l’office. Celui-ci comprend la vigile matinale, sexte, none et le lucernaire[6]. Y participent moines et moniales (monazontes et pathenai). On les appelle aussi aputactitae, les renonçants qui pratiquent l’apotaxis, ou ascites ou encore, à Jérusalem et plus tard à Constantinople, spoudaioi, ceux qui sont zélés pour l’office divin. Ils habitent près de la citadelle et sur le mont Sion, avant que le patriarche Élias, au début du VIe siècle, ne les rassemble près de l’Anastasis, à l’endroit de l’actuel patriarcat grec.

La vigile comprend deux parties : 1. la partie psalmodique, qu’accomplissent les moines. « Deux ou trois prêtres avec des diacres » viennent à tour de rôle dire les oraisons. « Les laïcs, hommes et femmes » viennent librement, « ceux qui veulent faire cette vigile matinale » (24, 1)[7]. 2. Quant à l’évêque, il vient avec son clergé « dès qu’il commence à faire clair, alors on commence à dire les hymnes du matin » (24, 2). Il s’agit du Ps 62 et des « Laudes », les Ps 149-150, hérités de l’office synagogal et toujours présents dans presque toutes les Églises. L’évêque vient alors et

entre aussitôt dans la grotte et, derrière les cancels, il dit d’abord une prière pour tous ; il fait aussi mémoire des noms de ceux qu’il veut, puis il bénit les catéchumènes ; ensuite il dit une prière et bénit les fidèles. Après cela, lorsque l’évêque sort de derrière les grilles, tous s’approchent à portée de sa main (pour la baiser) ; il les bénit un à un en sortant et le renvoi a lieu alors qu’il fait jour [24, 2].

Il n’y a d‘eucharistie que le samedi, en action de grâces pour la création, et le dimanche, mémorial de la résurrection.

Sexte et none sont célébrées à l’Anastasis, ainsi qu’à seize heures le lucernaire, qu’Égérie appelle licinicon (luchnikon). Elle est émerveillée par l’allumage de nombreuses lampes :

On allume tous les flambeaux et les cierges, il se fait une immense clarté. Le feu n’est pas apporté du dehors, mais il est tiré de l’intérieur de la grotte, où une lampe brûle jour et nuit, donc derrière les grilles [24, 4].

Le symbolisme de la lumière, présent dans la liturgie juive, prend ici toute sa valeur. C’est du tombeau que jaillit la lumière nouvelle, le Christ, lumière sans déclin. Au lucernaire du samedi saint, au moment où aujourd’hui on chante l’hymne « Lumière joyeuse », cette lumière qui vient « de l’intérieur de la grotte » prendra tout son éclat, dans une cérémonie propre à Jérusalem, à laquelle participent les Arméniens, les Syriens et les Coptes, jadis aussi les Éthiopiens et Latins, et qui attire des milliers de pèlerins, aujourd’hui autant que jadis : « La Sainte Lumière » (to hagion phôs) de Pâques[8] est considérée comme un miracle annuel. C’est à cause d’elle que le calife Hakim détruisit en 1009 la basilique du Saint-Sépulcre et provoqua les croisades. Égérie note que ce n’est qu’après « les psaumes du lucernaire (dont le Ps 140) avec les antiennes » que vient l’évêque qui « s’assied sur un siège élevé » (24, 4). Après les hymnes, un diacre chante la litanie et à chaque demande répond « un grand nombre d’enfants » (pisinni plurimi) par Kyrie eleison ; suivent les prières et le renvoi comme à la vigile. Mais alors, l’évêque et les fidèles vont au Golgotha, où il y a encore deux stations : ante crucem et post crucem. Nous nous trouvons en présence de l’Ordo d’un office cathédral bien structuré, où le rôle des moines et des moniales, ainsi que celui du clergé, évêque, prêtres et diacres est précisé, où la participation des fidèles est effective : une liturgie vivante, consciente de l’événement qui s’est passé en ces Lieux saints.

Dimanche

Le dimanche, dit Égérie, « est comme la Pâque ». La vigile commence dans la nuit, « avant le chant des coqs », par des psaumes et des prières, devant l’Anastasis, dont les portes ne s’ouvrent que lorsque « le premier coq a chanté ». Alors l’évêque vient et « pénètre à l’intérieur des grilles ». On lit trois psaumes, chacun suivi d’une oraison. L’évêque encense le tombeau, puis se tient hors des grilles et « lit lui-même le récit de la résurrection du Seigneur. Dès qu’il commence à lire, ce sont de tels cris, de tels gémissements de toute l’assistance, des telles larmes que même le plus insensible peut être ému jusqu’aux larmes de ce que le Seigneur ait tant souffert pour nous » (24, 9). Aujourd’hui encore, cet office se célèbre toute l’année, même les dimanches de carême : « l’office des myrophores » avec les « évangiles de la résurrection », onze dans le rite byzantin, quatre dans le rite arménien. Cet office est suivi d’une station à la Croix, où ont lieu une brève prière et le renvoi.

C’est alors que les monazontes reprennent leur rôle et poursuivent à l’Anastasis la vigile par le chant des psaumes et des antiennes et les prières conclusives par des prêtres, comme lors de la vigile de semaine. « À l’aube, comme c’est dimanche, on se réunit dans l’église majeure, bâtie par Constantin, le Martyrium […] et, comme partout ailleurs » (25, 1), on célèbre l’eucharistie. La prédication est assumée par plusieurs prêtres, « ceux qui veulent » et en finale par l’évêque : une célébration qui s’étend de l’aube à neuf ou dix heures et qui se termine à l’Anastasis par une prière d’actions de grâces et dont les catéchumènes sont absents, car ils avaient été renvoyés du Martyrium après les homélies et les prières d’intercession. Le lucernaire est semblable à celui de la semaine. Égérie a noté que psaumes et antiennes sont « appropriés et bien choisis, de manière à être en rapport avec ce qu’on célèbre » (25, 5). Elle ne dit pas quels sont les psaumes, mais pour les fêtes, elle indique les lectures évangéliques appropriées à l’endroit, où se fait la station. Les dimanches n’avaient pas encore de péricopes fixes.

Épiphanie et quarantième jour

Le 6 janvier, Épiphanie du Seigneur, est la fête de la Nativité du Christ[9]. La célébration comprend trois stations à Bethléem et trois à Jérusalem. Elle commence au « champ des bergers », le cinq à seize heures, où est proclamée l’annonce aux bergers (Lc 2, 8-20) et où sont chantés les Ps 22 et 79. Puis la procession monte à Bethléem, entre dans la basilique de la Nativité et descend dans la grotte, où est lu l’évangile de la naissance de Jésus (Mt 1, 18-25) et sont chantés les Ps 2 et 109. On remonte dans la basilique, où a lieu la vigile qui comprend onze lectures de l’Ancien Testament, dont le Lectionnaire arménien donne les références ; suit la célébration eucharistique. Après son renvoi, la communauté de Jérusalem se sépare de celle de Bethléem et revient lentement, en chantant le Ps 117, à Jérusalem, où l’on arrive à l’Anastasis : « Il fait presque jour » (25, 6). Après une brève station, « l’évêque se retire et chacun va se reposer. Mais les moines restent là jusqu’à l’aube et disent des hymnes » (25, 7). Vers sept heures a lieu l’eucharistie au Martyrium, dans une basilique rutilante de lumière, parée « d’or, de pierres précieuses et de soi » (25, 28), ce qui suscite l’émerveillement d’Égérie et la réprobation de Jérôme. Après le renvoi, « on va avec des hymnes à l’Anastasis, selon l’usage habituel » (25, 10). Au lucernaire, on procède comme chaque jour. La fête dure huit jours avec station en différents sanctuaires : le deuxième et troisième jour au Matyrium, le quatrième à l’Éléona, le cinquième au Lazarium, le sixième à Sion, le septième à l’Anastasis et le huitième au Martyrium.

À Bethléem, pendant toute cette octave, c’est tous les jours cet éclat, et cette solennité est célébrée par les prêtres, tout le clergé de ce lieu et les moines qui sont rattachés en ce lieu. […]. Quant à l’évêque, il doit toujours célébrer ces jours de fête à Jérusalem [25, 12].

Le quarantième jour après l’Épiphanie, le quatorze février[10], « se célèbre ici en très grande pompe. Ce jour-là, la réunion a lieu à l’Anastasis » (26) et l’eucharistie au Martyrium. « On y célèbre tout de la manière habituelle avec la plus grande solennité comme à Pâques » (26). Égérie signale le passage de l’évangile du jour, la Présentation de Jésus au temple (Lc 2, 22-40), commenté par plusieurs sermons. La fête ne s’appelle pas encore Hypapante, « Rencontre ». Il existe une homélie, attribuée à Cyrille, mais elle est plus tardive[11]. Par contre, nous connaissons celles d’Hésychius de Jérusalem[12], mort après 450, remarquable prédicateur déjà sous Jean II.

Carême

Le carême comprend huit semaines, « parce qu’on ne jeûne pas les samedis et les dimanches, sauf un samedi, celui de la veille de Pâques, où l’on est tenu de jeûner ; en dehors de ce jour-là, on ne jeûne ici absolument jamais aucun samedi de toute l’année. […] Il reste quarante et un jours où l’on jeûne » (27, 1). C’est toujours encore la coutume des rites byzantin et arménien. Le dimanche se célèbre comme pendant toute l’année et il comprend donc l’office de la Résurrection à l’Anastasis. Ce qui est propre au carême, c’est un office de tierce et l’office des lectures à none les mercredis et les vendredis, célébré à Sion, « et l’on fait tout ce qu’il est d’usage de faire à la neuvième heure, sauf l’oblation[13] pour que le peuple soit sans cesse instruit de la Loi, l’évêque et les prêtres prêchent assidûment » (27, 6). Le LA[14] indique deux lectures de l’Ancien Testament, dont il donne les références. Puis, on descend à l’Anastasis pour le lucernaire, plus tardif qu’en temps ordinaire. Le vendredi soir, depuis le lucernaire jusqu’au matin du samedi, on célèbre à 1’Anastasis une longue vigile qui se clôture par l’eucharistie « très tôt, avant le lever du soleil » (27, 8). Égérie donne la raison de cette « oblation au moment où le soleil commence sa course. […] C’est pour libérer plus vite du jeûne ceux qu’on appelle ici hebdomadiers, c’est-à-dire qui font des semaines de jeûne, mangent le dimanche […] et ne mangent plus que le samedi matin, aussitôt après avoir communié à l’Anastasis » (27, 8-9).

Catéchèse baptismale

Égérie a noté les étapes de la préparation des baptizandi, qui vont recevoir le baptême au cours de la nuit pascale. Elle les nomme ainsi ; en grec, ils sont appelés phôtizomenoi, « ceux qui vont être illuminés », l’un des noms du baptême étant phôtismos, « illumination ». La description qu’elle donne correspond dans l’ensemble à la pratique déjà stable au IVe siècle en Orient et en Occident[15]. Les catéchèses baptismales se tiennent au Martyrium le matin après l’office et durent trois heures, de six à neuf heures, après quoi, « on conduit l’évêque de là à l’Anastasis avec des hymnes, puis on fait l’office de tierce » (46, 4). La veille de l’entrée en carême, un prêtre recueille les noms de ceux et de celles des catéchumènes qui se présentent pour vouloir être baptisés. Le lendemain, l’évêque procède à une enquête sur les candidats, qui viennent chacun avec son parrain, sa marraine devant lui : « Si le candidat est irréprochable en tout ce qu’il a demandé aux témoins présents, l’évêque inscrit son nom de sa main » (45, 1-4). Les candidats sont d’abord « exorcisés par des clercs » (46, 1). Puis, ils sont assis en cercle aux pieds de l’évêque. Les fidèles peuvent y assister, mais pas les catéchumènes. « L’évêque instruit de la loi. Il le fait ainsi : partant de la Genèse, il parcourt pendant ces quarante jours toutes les Écritures, dont il explique d’abord le sens littéral, puis il dégage le sens spirituel. On les instruit encore de tout ce qui concerne la résurrection, mais aussi la foi » (46, 2). Le LA indique dix-neuf péricopes[16] avec références. Il est remarquable qu’elles coïncident avec la procatéchèse et les dixhuit catéchèses baptismales de Cyrille[17]. Après cinq semaines, les baptizandi « reçoivent le Symbole », Cyrille dit simplement la Foi, et après sept semaines, lors de la redditio Symboli