Le Retour de l'Enfant prodigue - André Gide - E-Book

Le Retour de l'Enfant prodigue E-Book

André Gide

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Beschreibung

"J’ai peint ici, pour ma secrète joie, comme on faisait dans les anciens triptyques, la parabole que Notre-Seigneur Jésus-Christ nous conta. Laissant éparse et confondue la double inspiration qui m’anime, je ne cherche à prouver la victoire sur moi d’aucun dieu – ni la mienne. Peut-être cependant, si le lecteur exige de moi quelque piété, ne la chercherait-il pas en vain dans ma peinture, où, comme un donateur dans le coin du tableau, je me suis mis à genoux, faisant pendant au fils prodigue, à la fois comme lui souriant et le visage trempé de larmes."


À PROPOS DE L'AUTEUR


André Gide (1869 - 1951) était un auteur français et lauréat du prix Nobel de littérature (en 1947). La carrière de Gide s'étend de ses débuts dans le mouvement symboliste à l'avènement de l'anticolonialisme entre les deux guerres mondiales. Auteur de plus de cinquante livres, au moment de sa mort sa nécrologie dans le New York Times le décrivait comme "le plus grand homme de lettres contemporain de France" et "jugé le plus grand écrivain français de ce siècle par les connaisseurs littéraires".

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Le Retour de l’Enfant prodigue

André Gide

– 1907 –

 

 

LE RETOUR DE L’ENFANT PRODIGUE

Paru dans Vers et Prosede mars à mai 1907

 

à Arthur Fontaine

J’ai peint ici, pour ma secrète joie, comme on faisait dans les anciens triptyques, la parabole que Notre-Seigneur Jésus-Christ nous conta. Laissant éparse et confondue la double inspiration qui m’anime, je ne cherche à prouver la victoire sur moi d’aucun dieu – ni la mienne. Peut-être cependant, si le lecteur exige de moi quelque piété, ne la chercherait-il pas en vain dans ma peinture, où, comme un donateur dans le coin du tableau, je me suis mis à genoux, faisant pendant au fils prodigue, à la fois comme lui souriant et le visage trempé de larmes.

L’ENFANT PRODIGUE

Lorsqu’après une longue absence, fatigué de sa fantaisie et comme désépris de lui-même, l’enfant prodigue, du fond de ce dénûment qu’il cherchait, songe au visage de son père, à cette chambre point étroite où sa mère au-dessus de son lit se penchait, à ce jardin abreuvé d’eau courante, mais clos et d’où toujours il désirait s’évader, à l’économe frère aîné qu’il n’a jamais aimé, mais qui détient encore dans l’attente cette part de ses biens que, prodigue, il n’a pu dilapider – l’enfant s’avoue qu’il n’a pas trouvé le bonheur, ni même su prolonger bien longtemps cette ivresse qu’à défaut de bonheur il cherchait. – Ah ! pense-t-il, si mon père, d’abord irrité contre moi, m’a cru mort, peut-être, malgré mon péché, se réjouirait-il de me revoir ; ah ! revenant à lui bien humblement, le front bas et couvert de cendre, si, m’inclinant devant lui, lui disant : « Mon père, j’ai péché contre le ciel et contre toi », que ferai-je si, de sa main me relevant, il me dit : « Entre dans la maison, mon fils » ?… Et l’enfant déjà pieusement s’achemine.

Lorsqu’au défaut de la colline il aperçoit enfin les toits fumants de la maison, c’est le soir ; mais il attend les ombres de la nuit pour voiler un peu sa misère. Il entend au loin la voix de son père ; ses genoux fléchissent ; il tombe et couvre de ses mains son visage, car il a honte de sa honte, sachant qu’il est le fils légitime pourtant. Il a faim ; il n’a plus, dans un pli de son manteau crevé, qu’une poignée de ces glands doux, dont il faisait, pareil aux pourceaux qu’il gardait, sa nourriture. Il voit les apprêts du souper. Il distingue s’avancer sur le perron sa mère… il n’y tient plus, descend en courant la colline, s’avance dans la cour aboyé par son chien qui ne le reconnaît pas. Il veut parler aux serviteurs, mais ceux-ci méfiants s’écartent, vont prévenir le maître ; le voici.

Sans doute il attendait le fils prodigue, car il le reconnaît aussitôt. Ses bras s’ouvrent ; l’enfant alors devant lui s’agenouille et, cachant son front d’un bras, crie à lui, levant vers le pardon sa main droite :