Les anaphores - Collectif - E-Book

Les anaphores E-Book

Collectif

0,0

Beschreibung

L'anaphore est cette partie de la prière eucharistique, où le prêtre présente (en grec phora) vers le haut (en grec ana) l'offrande à Dieu, en mémoire de l'offrande du Christ.
Depuis la Didachè, il y a eu une grande diversité d'anaphores qui sont présentées par des spécialistes : Nicolas Egender, Mgr Job Getcha, Philippe Molac, Ugo Zanetti et qui témoignent de la création de prières liturgiques au cours des premiers siècles.
la revue CONNAISSANCE DES PERES DE L'EGLISE : plus de 160 numéros CLIQUEZ ICI et TROUVEZ LE VÔTRE
SOMMAIRE
Éditorial
Marie-Anne VANNIERIntroduction aux anaphores
Nicolas EGENDERL'anaphore d'Addaï et Mari
Philippe MOLACL'anaphore de saint Basile le Grand
Job GETCHALes anaphores coptes
Ugo ZANETTIActualité des Pères de l’Église

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern

Seitenzahl: 156

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



« Et nous aussi, avec ces puissances bienheureuses, Seigneur ami des hommes, nous clamons et nous disons : Tu es Saint, très Saint, toi, ton Fils Unique et ton Esprit Saint. Tu es Saint, très Saint, et ta gloire est magnifique.

Toi qui as aimé le monde jusqu’à donner ton Fils Unique, afin que tout homme qui croit en lui ne périsse, mais qu’il ait la vie éternelle.

Et lui, étant venu pour accomplir en notre faveur toute l’oeuvre du salut, la nuit où il fut livré ou plutôt se livra lui-même pour la vie du monde, ayant pris du pain en ses mains saintes, pures et immaculées. Il te rendit grâce, et prononça la bénédiction, le sanctifia, le rompit et le donna à ses saints disciples et apôtres en disant :

Prenez et mangez, ceci est mon Corps qui est rompu pour vous en rémission des péchés (Mt 26, 26 ; 1 Co 11, 24).

Amen.

De même après le repas, il prit la coupe, en disant :

Buvez-en tous, ceci est mon Sang, le Sang de la Nouvelle Alliance, qui est répandu pour vous et pour un grand nombre en rémission des péchés (Mt 26, 27-28 ; 1 Co 11, 25).

Amen.

Faisant donc le mémorial de ce commandement salutaire et de tout ce qui a été fait pour nous : de la Croix, du Sépulcre, de la Résurrection, de l’Ascension aux cieux, du Siège à la droite du Père, du second et glorieux Avènement,

Ce qui est à toi, le tenant de toi, nous te l’offrons en tout et pour tout.

Nous te chantons, nous te bénissons, nous te rendons grâce, Seigneur, et nous te prions, ô notre Dieu. »

Anaphore de la liturgie de saint Jean Chrysostome.

Sommaire

Les anaphores

CPE n° 161

Éditorial — Marie-Anne VANNIER

Introduction aux anaphores — Nicolas EGENDER

L’anaphore d’Addaï et Mari — Philippe MOLAC

L’anaphore de saint Basile le Grand — Job GETCHA

Les anaphores coptes — Ugo ZANETTI

Actualité des Pères de l’Église

Éditorial

Le terme « anaphore » ne nous est peut-être pas familier, il a été introduit dans la liturgie au cours des premiers siècles pour « désigner cette partie centrale de la célébration eucharistique qui commence par le Dialogue avec la Préface et s’achève avec l’Amen de la doxologie » (N. Egender, p. 2).

Après avoir rappelé la genèse des anaphores, le Père Nicolas Egender les présente dans leur diversité et leur richesse, depuis leur lieu d’émergence : la Cène et son écho dans la Didachè, avant d’envisager l’anaphore d’Addaï et de Mari, puis le Canon romain, les anaphores syriennes, arméniennes, coptes, sans oublier celles de Jean Chrysostome et de Basile… C’est toute une création théologique et liturgique qui se déploie à travers ces anaphores.

Pour mieux les pénétrer, Philippe Molac reprend, tout d’abord, l’anaphore d’Addaï et de Mari. Il la situe dans son contexte historique, en dégage l’enjeu et montre comment elle vient de permettre une avancée dans le chemin sur l’unité entre Chaldéens et Assyriens.

Puis Monseigneur Job Getcha étudie les différentes versions de l’anaphore de saint Basile et s’attache à la version byzantine qui est pétrie de références bibliques et qui est la plus proche de l’œuvre de saint Basile.

Finalement, le Père Ugo Zanetti étudie les anaphores coptes. Il explique que, si aujourd’hui, il n’y a plus que trois, voire deux anaphores, la version égyptienne de celle de saint Basile et celle de saint Grégoire de Nazianze, il n’en allait pas de même à l’époque patristique, où il existait un grand nombre d’anaphores, la plupart de type anatolien, encore peu connues.

Ce numéro de notre revue prolonge les numéros 136 et 137 sur la louange et ouvre un volet que l’on pourra creuser : la mise en place de la liturgie à l’époque patristique.

Marie-Anne VANNIER

Introduction aux anaphores

L’Église vit de la célébration eucharistique dont l’anaphore est le sommet : Faites cela en mémoire de moi, dit le Christ. Dès la Pentecôte, la communauté des disciples de Jésus se réunissait pour accomplir le geste du Maître au cours du Repas du Seigneur, kuriakon deipnon (I Cor 11, 20), la Fraction du pain, klasis tou artou (Lc 24, 35 ; Ac 2, 42), Eucharistie (Ignace d’Antioche, Irénée) ; Mémorial, zâkkâron, anamnêsis (Justin), Offrande, prosphora ; Sacrifice, thysia (Didachè). Repas du Seigneur, communion, koinônia qui fait l’unité de la communauté : La coupe de bénédiction que nous bénissons, n’est-elle pas communion au sang du Christ ? Le pain que nous rompons, n’est-il pas communion au corps du Christ ? Parce qu’il n’y a qu’un pain, à plusieurs nous ne sommes qu’un corps, car tous nous participons à ce pain unique (I Cor 10, 16-17). Repas du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne (I Cor 11, 26). Le nom « anaphore » (oblation) a été retenu pour désigner cette partie centrale de la célébration qui commence par le Dialogue avant la préface et s’achève avec l’Amen de la doxologie. Nous cherchons, en premier lieu, des éléments de la genèse des anaphores, pour découvrir leurs multiples facettes et ensuite examiner la situation actuelle de leurs particularités[1].

Du repas juif à l’eucharistie chrétienne

L’Eucharistie, action de grâce, s’insère dans la tradition juive de la bénédiction (Berakah), de l’eulogie, la louange, ainsi lors des repas : « Béni sois-tu, Seigneur, notre Dieu, Roi des siècles qui nous donnes ce fruit de la vigne […]. Béni soistu, Seigneur, notre Dieu, Roi des siècles qui fais produire le pain à la terre. » Le souvenir de la Dernière Cène nous est parvenu en quatre récits (Synoptiques et Paul) ; chez les Synoptiques, inséré dans le récit de la Passion. Jésus a transposé le rituel juif du repas, que ce fût le repas pascal ou le repas fraternel de la fratrie de Jésus (chaburah), ou tout simplement le repas festif juif familial que la communauté primitive a adapté[2]. Dans Faites cela en mémoire de moi, l’accent est sur : en mémoire de moi : le Christ, pas seulement dans sa mort, mais de la mort à la résurrection et jusqu’à sa venue dans la gloire. Ces quatre récits témoignent de deux traditions marquant déjà l’évolution de la célébration. Paul (I Cor 10, 16) informe (en 48-50) sur la Cène de l’Église de Corinthe, Luc de celle d’Antioche (avant 46), donc des Églises de la gentilité. Marc (avant 70 ?) et Matthieu (70-80) informent sur la Dernière Cène avant la Passion. La structure est la même des deux côtés : Bénédiction-action de grâce sur le calice et le pain ; fraction du pain,distribution, parole signifiante de Jésus [Qiddush] ; repas ; action de grâce sur la coupe, distribution, parole signifiante de Jésus [Birkat ha-Mazon]. Le geste sur le pain indique la mort salvifique de Jésus, le corps donné pour vous (Lc 22, 19). Le geste sur la coupe de bénédiction[3] indique la nouvelle (Lc 22, 20) Alliance en mon sang répandu pour beaucoup [pour vous][4]. Tel est le noyau biblique qui se développera en une profusion de formes et de formulaires liturgiques d’une richesse inouïe dans les anaphores, dont quelques-unes nous sont parvenues et beaucoup sont perdues ou hors d’usage. La perspective sacrificielle s’explicitera sous l’influence de Malachie 1, 11 : Du levant au couchant mon Nom est grand chez les nations, et en tout lieu un sacrifice d’encens est présenté à mon Nom ainsi qu’une offrande pure : texte fondamental pour les anaphores. Non que l’eucharistie soit la répétition de la mort sacrificielle du Christ, laquelle a été une fois pour toutes […] en s’offrant lui-même (Rm 6, 10 ; Heb 7, 27). Aussi le chrétien doit-il s’insérer dans l’offrande du Christ en s’offrant lui-même comme offrande vivante :Je vous exhorte, dit Paul, par la miséricorde de Dieu, à offrir vos corps en sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu. C’est là le culte spirituel [logikè latreia] que vous avez à rendre (Rm 12, 1). L’expression logikè latreiea, le culte selon le Logos, « le culte spirituel », devient une notion clé dans les anaphores. Si l’aspect mémorial, anamnèse est primordial, l’aspect sacrificiel d’oblation va se développer et aboutir à ce que nous appelons l’épiclèse, l’œuvre propre de l’Esprit. Cependant, « on ne l’invoque pas encore pour consacrer le sacrifice, ni davantage pour transformer les éléments, mais pour faire que notre célébration eucharistique produise en nous son fruit : la consommation de l’Église dans l’unité, pour glorifier à jamais le Père par le Fils dans l’Esprit[5] ». C’est là la perspective toujours présente dans les anaphores actuelles. On explicitera et précisera : « Et fais d’abord de ce pain comme le Corps précieux de ton Christ […] et de ce qui est dans le calice le précieux sang de ton Christ » dans l’anaphore de saint Jean Chrysostome ou dans celle de saint Basile : « Et bénis et manifeste ce pain comme le précieux Corps de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ […] et ce calice comme le précieux sang de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ. » Cette explicitation s’insère entre : « Envoie ton Esprit sur nous et ces dons présents » et « pour qu’ils deviennent pour ceux qui y participent purification de l’âme » (Jean Chrysostome), « et en nous […] fais que nous soyons unis les uns aux autres » (Basile). Les traditions ont cherché le moment précis consécratoire, l’Occident dans les paroles de l’Institution, l’Orient dans l’épiclèse, différence accentuée dans un climat polémique, aujourd’hui dépassé. La théologie patristique comprend l’eucharistie avec l’aide de la typologie : les éléments du pain et du vin sont les Antitypa du Typos de la Cène qui est le modèle, figura du corps et du sang du Christ[6]. On pourrait traduire antitypos par sacrement. L’Église, obéissant au Faites cela en mémoire de moi, reproduit le Typos, le modèle qu’est la Dernière Cène du Christ. Elle certifie que sa copie est conforme, identique au modèle. Elle en certifie l’authenticité. Le Moyen Âge occidental expliquera au moyen de la présence réelle. De celle-ci, l’Orient n’a jamais douté, ni eu les difficultés de l’Occident.

À l’origine, l’évêque improvisait l’anaphore ou la rédigeait[7]. Certaines furent écrites, mises sous le patronage d’un apôtre ou d’un évêque renommé. Il fallait veiller à leur orthodoxie. Le prestige des grandes métropoles a joué un rôle immense : Jérusalem, Édesse, Rome, Antioche, Alexandrie, Constantinople qui avaient la tendance à imposer la leur et à absorber toutes les autres. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le mouvement s’est fait, non en augmentant les anaphores, mais en réduisant leur nombre[8]. De plus, les textes circulaient à travers toute la chrétienté. Il y a osmose et parenté entre ceux des Églises orientales entre elles et avec celles de l’Occident.

Familles liturgiques

Édesse

Antioche

Alexandrie

Rome

Syro-orientale :

• 1. Église assyrienne de l’Orient, anaphore Addaï et Mari, langue syriaque et arabe

• 2. Église chaldéenne (cath.), anaphore Addaï et Mari, langue syriaque et arabe

• 3. Église syromalabare (Inde), anaphore Addaï et Mari, langue syriaque et malayalam

Syro-occidentale :

• 1. Église syrienne, langue syriaque et arabe

• 2. É. maronite (cath.), langue syriaque et arabe

• 3. É. syro-malankare (Inde), langue syriaque et malayalam

• 4. É. byzantines, langues locales, dont les Melkites (orth. et cath.), langues grec et arabe

• 5. É. arméniennes (apostolique et cath.), langue arménien

Tradition alexandrine grecque

• 1. É. coptes (orth. et cath.), langue copte et arabe

• 2. É. éthiopiennes (orth. et cath.), Éthiopie et Érythrée, langue ge’ez

Liturgies latines langue latin et langues locales

• 1. L. romaine

• 2. L. ambrosienne (Milan)

• 3. L. gallicanes

• 4. L. mozarabe (Espagne)

Témoins anciens

Du développement de la célébration encharisitique au cours des trois premiers siècles, voici cinq témoins importants : la Didachè, l’anaphore d’Addaï et Mari, la Tradition apostolique d’Hippolyte de Rome († 235), les Constitutions apostoliques et le Canon romain.

Didachè

La « Doctrine des douze Apôtres[9] », probablement originaire d’Antioche autour de 50-52, est le rituel juif, christianisé par des ajouts, comme « par Jésus, ton serviteur ». Voici le texte.

Pour l’eucharistie, rendez grâce de cette manière. D’abord sur la coupe : Nous te rendons grâce, notre Père, pour la sainte vigne de David, ton serviteur. Gloire à toi, dans les siècles ! Puis pour le pain rompu : Nous te rendons grâce, notre Père, pour la vie et la connaissance que tu nous as révélées par Jésus, ton serviteur. Gloire à toi, dans les siècles ! Comme ce pain rompu, disséminé sur les montagnes, a été rassemblé pour être un, que ton Église soit rassemblée de la même manière des extrémités de la terre dans ton royaume. C’est à toi qu’appartiennent la gloire et la puissance par Jésus Christ dans les siècles !… Après vous être rassasiés, rendez grâce de cette manière : Nous te rendons grâce, Père saint, pour ton nom que tu as fait habiter dans nos cœurs, et pour la connaissance, la foi et l’immortalité que tu nous as révélées par Jésus, ton serviteur. Gloire à toi dans les siècles ! C’est toi, maître tout-puissant, qui as créé l’univers à cause de ton nom et qui as donné aux hommes la nourriture et la boisson en jouissance, afin qu’ils te rendent grâce. Mais à nous, tu nous as fait la grâce d’une nourriture et d’une boisson spirituelles et de la vie éternelle par Jésus, ton serviteur. Pour tout, nous te rendons grâce, parce que tu es puissant. Gloire à toi dans les siècles ! Souviens-toi, Seigneur, de ton Église, pour la délivrer de tout mal et la parfaire dans ton amour. Et rassemble-la des quatre vents, cette Église sanctifiée, dans ton royaume que tu lui as préparé. Car c’est à toi qu’appartiennent la puissance et la gloire dans les siècles ! Que la grâce vienne et que ce monde passe ! Hosanna au Dieu de David ! Si quelqu’un est saint, qu’il vienne ! Si quelqu’un ne l’est pas, qu’il fasse pénitence ! Maranatha. Amen[10].

La maison de Dieu, le temple, devient le temple spirituel : l’Église et la prière pour la restauration du royaume davidique deviennent la convocation de l’Église en vue de la parfaire, la sanctifier (agiastheisas) dans le Royaume. Le Hosanna s’adresse au Dieu de David, non à la maison ou au Fils. L’action de grâce se porte sur la révélation du Nom divin dans la prière : le Nom divin qui a dressé sa tente dans nos cœurs et a révélé la connaissance, la foi et l’immortalité. Cette action de grâce englobe toute la création et en particulier la double nourriture de vie : terrestre et spirituelle, vie en plénitude, vie éternelle. L’atmosphère est eschatologique : jusqu’à ce qu’il vienne, le retour du Christ, la Parousie. Nous avons là le noyau de toute célébration eucharistique. Le rituel est celui du repas festif, repas sacré au poisson et au pain, le soir du shabbat (non le vendredi soir comme les Juifs) : bénédiction sur la coupe initiale, bénédiction sur le pain rompu et distribué, puis le repas sacré (Agape), calice des bénédictions eucharistiques après l’Agape. Cette forme a duré jusqu’au IIe-IIIe siècle (en Égypte IVe-Ve siècle). Puis la bénédiction sur le pain fut reportée après l’Agape, laquelle a fini par se détacher de l’eucharistie. La belle prière de la supplication, que nous disons encore aujourd’hui, concerne l’Église rassemblée des quatre vents en vue du Royaume.

Anaphore des apôtres Addaï et Mari

Addaï et Mari sont comptés parmi les soixante-douze disciples de Jésus ; ils furent envoyés à Édesse. Leur légende est liée à celle du roi Abgar et du Mandilion. Ils ont donné leurs noms à cette prière eucharistique archaïque (autour de 200) de la chrétienté araméenne de la Mésopotamie (Iraq, Iran, Syrie). Cette anaphore est toujours utilisée, avec des ajouts au cours des siècles, par l’Église assyrienne de l’Orient, l’Église chaldéenne (sa branche catholique) et l’Église malabare des Indes (catholique). La tradition maronite, pourtant syro-occidentale, la connaît sous le nom d’ « Anaphore de l’apôtre Pierre ». Sous sa forme ancienne, à l’instar de la Didachè, elle ne comporte pas le récit de l’Institution. Elle a connu un regain d’intérêt dans le contexte œcuménique actuel. En effet, l’Église assyrienne est en dialogue avec l’Église romaine et avec l’Église chaldéenne. Les branches catholiques ont toutes introduit le récit de l’Institution et, en 1978, l’Église assyrienne a permis à ses évêques et prêtres de l’introduire également, ce que la moitié d’entre eux a fait. Depuis 1994, il y a des accords entre elle, l’Église romaine et l’Église chaldéenne. En 2001, la Congrégation pour la doctrine de la foi a reconnu la validité de l’anaphore sans le récit de l’Institution, et la même année, le Conseil pour l’unité a publié des directives sur l’accès à l’eucharistie réciproque des Chaldéens et des Assyriens[11].

L’actuel formulaire de l’Anaphore d’Addaï et Mari est un stade évolué dont le noyau comprend dix prières. Il est une grande action de grâce qui, comme la Didachè, commence par une glorification du Nom divin, Dieu créateur et sauveur. La louange terrestre rejoint la louange céleste des anges. Puis c’est le mystère de l’Incarnation qui est glorifié. On s’adresse au Christ comme au Père. Suit une commémoraison des vivants et des morts dans un geste d’offrande. C’est dans ce contexte de mémorial que vient l’anamnèse du corps et du sang du Christ avec une seconde mémoire des saints et de l’Église terrestre et la prière solennelle de la memoria du mystère central de la passion, de la mort, de la sépulture et de la résurrection, célébré par cinq assertions : réjouissant, glorifiant, exaltant, commémorant et célébrant. Nous trouvons donc déjà une épiclèse au Saint-Esprit avant la doxologie finale. On voit combien l’aspect mémorial est déterminant, mais la note sacrificielle n’est pas absente. Face à ce formulaire actuel, voici un essai de reconstruction de la forme originelle de cette prière eucharistique.