9,99 €
"Au fond de moi, j'étais contente d'avoir réussi à voir ce que c'était ! C'est important qu'un guide explique bien en donnant des informations précises ou des indices etc...pour que je voie, imagine ou devine." Je suis née sourde, avec le syndrome d'Usher de type 1, mais je ne le savais pas. C'était ainsi que j'ai découvert petit à petit que je ne voyais pas comme tout le monde, mais sans savoir que mes yeux avaient un problème. J'ai toujours aimé voyager. Ce livre est un récit de mes voyages; j'y raconte toutes les petites astuces qu'il faut utiliser pour se débrouiller avec son handicap, avec aussi l'aide précieuse des autres. Mais le syndrome d'Usher reste encore méconnu... [email protected]
Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:
Seitenzahl: 267
Veröffentlichungsjahr: 2020
Prologue
Grèce - 1986
Chine - 1991
Turquie -1992
Sud de l'Afrique - 1994
Amérique du Sud - 1998
Martinique - 1999
Burundi - 2001
Maroc - 2002
Egypte - 2006
Australie en 2011 - 2012
Espagne Août 2012
Inde Octobre 2013
Belgique 2014
Epilogue
J’ai grandi sans le savoir avec une maladie évolutive ; j'étais atteinte d’un syndrome d’Usher, mais je l'ignorais. J'ai donc vécu depuis la naissance avec une surdité totale, puis avec en plus une perte progressive du champ visuel.
Il y a quelques années, beaucoup ne me croyaient pas capable de voyager seule ou en groupe, ou de faire du sport, des études… Mais ils se sont bien trompés par manque d'information, car j'ai pu faire tout cela malgré la maladie.
Finalement je prends la plume pour vous prouver qu’il est possible de vivre comme tout le monde et pour raconter mon histoire, mes expériences, à travers différents voyages que j'ai faits dans le monde, présentant bien sûr des anecdotes, mais aussi des obstacles face auxquels j'ai toujours trouvé des solutions.
J’ai beaucoup voyagé, j'ai en mémoire de beaux souvenirs, j'ai vécu de belles expériences très enrichissantes. J’ai choisi quelques pays parce que je ne pouvais pas vous les raconter tous.
Le plus important que vous allez découvrir c'est comment je me suis rendue compte petit à petit de ma maladie, quelle a été l’évolution de cette maladie, et surtout cette capacité à vivre comme tout le monde et à découvrir chaque pays. J'ai été tellement marquée par toutes ces expériences, toutes ces émotions fortes ressenties durant ces voyages, que je me souviens parfaitement de tout.
J’ai découvert seulement à l’âge de 30 ans le nom de ma maladie ; c'était bien tard, d’autant plus que je m'étais rendue compte depuis longtemps que je ne voyais pas comme les autres. Avant mes 30 ans on s'est toujours moqué de moi, me reprochant d'être "dans la lune".
A partir du moment où j’ai su ma maladie, les gens se sont adaptés à moi et m'ont davantage respectée.
Actuellement des informations circulent peu à peu sur cette maladie rare, mais elle reste encore méconnue.
Le collège de ma sœur et de mon frère avait organisé un voyage en Grèce et mes parents s’étaient battus pour que j’y participe ; c’était pendant les vacances de Pâques, soit deux semaines en dehors du temps scolaire.
De plus j’étais encore scolarisée au Centre d’Education pour les Jeunes Sourds (CEJS) d’Arras. Finalement le collège m’a acceptée. C’était la première fois que je participais à un voyage avec l’école de mon frère et de ma sœur, surtout en étant intégrée aux collégiens entendants. Je vais vous raconter ce voyage, mais je n’en ai que de vagues souvenirs car c’était il y a très longtemps.
A Athènes, la capitale de la Grèce, nous avons visité le « Parthénon » un édifice situé sur l'Acropole d'Athènes et réalisé en marbre. Je ne peux pas vous en dire plus car le guide parlait et personne ne m’a traduit en langue des signes ni en oral. La vue depuis le « Parthénon » m’a impressionnée.
Nous sommes allés admirer la capitale depuis le haut d’une colline ; en fait, nous voyions un gros nuage noir, c’était la pollution ; c’est dommage car nous n’avons pas pu bien admirer la ville ; j’ai quand même tenté de faire une photo, même si ce n’était pas joli à voir, je n’avais pas le choix.
Situé à 169 km d'Athènes, Delphes est l'un des sites archéologiques les plus importants de Grèce. Sanctuaire commun à toutes les cités de la Grèce antique, Delphes eut un rayonnement religieux considérable.
Niché sur l'un des flancs du Mont Parnasse, ce sanctuaire dédié à Apollon et qui se caractérise par la présence d'un oracle où officiait une pythie, jouit d'un splendide panorama sur la vallée avec, à l'horizon, le golfe de Corinthe. Le temple d'Apollon et le théâtre, qui datent du IVe siècle av. J.-C., sont remarquables de beauté.
Le site d'Olympie, dans une vallée du Péloponnèse, fut habité dès la préhistoire, et le culte de Zeus s'y implanta dès le Xe siècle av. J.-C. En plus des temples, on y trouve des vestiges de toutes les installations sportives destinées à la célébration des Jeux Olympiques qui s'y tinrent tous les quatre ans à partir de 776 av. J.-C.
Au bout de la quinzaine de jours, je me suis sentie exclue de ce groupe vue ma surdité : j’avais du mal à lire sur les lèvres des collégiens et des professeurs car les conversations se déroulaient trop rapidement.
Comme au tennis, et aussi je ne pouvais pas savoir qui parlait ; ça m’a tellement fatiguée à courir sur leurs lèvres pour suivre la communication, heureusement les visites m’ont follement plu, mais sans que je puisse avoir accès aux informations ni aux explications, dommage.
J’ai découvert les différentes cultures entre entendants et sourds, surtout l’école des entendants, l’école des sourds et aussi les clubs sportifs.
Ce voyage en Grèce m’a fait découvrir une culture différente, des paysages magnifiques et m’a donné l’envie de connaître d’autres pays ; après, mon rêve était d’aller le plus loin possible, c’est-à-dire en Australie.
C’était mon premier voyage lointain, quinze heures de vol sans escale avec sept heures de décalage horaire et surtout avec un groupe de trente-six sourds oralistes français et suisses âgés de vingt à quatre-vingt-quatre ans.
A Roissy Charles de Gaulle, j’arrivais par la navette venant du métro, je cherchais le numéro où la responsable de Fugues et Loisirs prénommée Huguette m’avait donné rendez-vous. J’étais très timide, je n’osais pas demander si c’était bien le bon groupe ; par chance, j’ai repéré une pochette, la même que l’on m’avait remise à l’avance ; c’était donc le bon groupe, j’étais soulagée mais je devais attendre un peu car j’étais arrivée trop tôt. Soudain une personne du groupe m’a interrogée oralement :
– Est-ce que vous êtes une participante au voyage en Chine ?
– Oui ! ai-je répondu brièvement, vue ma timidité.
– Ok venez ! Je vous présente à la responsable.
– Ok, je vous suis !
– Voici Huguette, responsable du voyage.
– Bonjour Huguette.
– Bonjour, quel est votre nom ?
– Sandrine Dangleterre.
Huguette a déniché mon nom dans la liste des participants.
– C’est bon et bienvenue parmi nous, venez et restez avec les autres ; ok ?
– Ok et merci.
Devant le groupe, je leur ai dit bonjour rapidement sans me présenter à cause d’un mélange d’angoisse, de timidité et de malaise, mais contente de m’envoler vers la Chine. Ce sont mes grands parents qui m’avaient offert ce beau cadeau.
Pendant le vol, j’étais bien installée près du couloir, mais j’ai trouvé que c’était gênant d’être à cet endroit car beaucoup de gens ou d’hôtesses sont passés et ça m’a empêché de dormir ou de me concentrer pour regarder l’écran au fond. Un moment, à l’heure de dormir, les lumières se sont éteintes ; je fus alors un peu paniquée car je voulais aller aux toilettes et je ne voyais plus rien du tout ; j’ai bougé la tête pour essayer de trouver une solution, et j’ai repéré par terre de petites lumières uniquement au niveau du couloir. Au bout de quelques minutes je n’osais toujours pas aller aux toilettes, malheureusement ma vessie était complètement pleine, je devais donc prendre mon courage à deux mains pour y aller. J’eus une idée : j’allais tâter les sièges en les comptant jusqu’aux toilettes ; alors j’ai foncé. Je calculais le nombre de sièges, un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, ouf ! Je ne me suis pas cognée. Hop ! Aux toilettes j’ai vidé ma vessie, ça m’a soulagée puis, au retour, j’ai fait pareil, j’ai compté un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept. Et je me suis dit : « Merde ! C’est quel siège exactement ? Devant ? Ou derrière ? » ; Je suis restée debout quelques minutes pour trouver exactement mon siège. Je faisais semblant d’assouplir mes jambes, comme pour une petite gymnastique, tout en prenant mon temps pour repérer mon vrai siège. J’eus encore une idée, je tâtai avec mon pied pour voir si le siège était vide ou pas ; hélas ! Je sentis qu’il y avait un pied, le siège de devant était pris, et mon siège était donc derrière ; je me suis installée avec soulagement mais ça m’avait agacée.
A l’arrivée à Pékin, la capitale de la Chine, le temps était très lourd, très humide, plus de trente-cinq degrés et à sa montre il fallait ajouter sept heures.
Au restaurant, nous nous sommes installés autour d’une table ronde, avec au milieu une petite table roulante où se trouvaient divers plats sans les boissons ; c’était pratique de faire tourner la petite table pour se servir librement tout en restant assis. J’avais tellement soif vue la chaleur ! Le serveur est venu à notre table et nous a demandé en anglais :
– Que voulez-vous boire ?
– De l’eau plate ! ai-je répondu en anglais.
– Malheureusement il n’y a que des eaux gazeuses.
– Ah bon ! Donc rien pour moi et merci.
L’un des sourds a vu que je parlais en anglais, mais pas couramment, seulement des mots ; il m’a donc supplié de traduire pour leurs commandes de boissons ; je les ai dépannés, puis un autre sourd m’a demandé :
– S’il te plaît, demande au serveur quels sont les plats sur la petite table roulante.
– Ok ! leur ai-je dit.
– Monsieur, s’il vous plaît, quels sont ces plats? ai-je traduit au serveur.
– Bœuf, nouilles, soupe etc.…
– Merci !
– Bon appétit !
– Pourquoi vous voulez savoir ce que sont ces plats ? ai-je osé demander à l’un des sourds.
– J’ai entendu dire qu’en Asie, on mange des chats, des chiens, des rats etc.…
– Tu blagues ?
– Non, c’est vrai et nous irons demander au guide pour savoir si c’est vrai ou pas.
– Ok !
– Monsieur, est ce que les chinois ou les asiatiques mangent des chiens, des chats, des rats etc. ? a demandé l’un de nous au guide accompagné d’Huguette.
– Oui c’est vrai mais pas partout ; ici on est dans des restaurants adaptés aux étrangers donc tout va bien.
– Ah zut ! Beurkkk !! avons-nous dit.
C’est la misère !!
Nous avons pris la route pour aller à l’hôtel déposer nos valises à l’accueil ; Huguette nous a demandé de l’écouter attentivement :
– D’accord, je vous explique le programme pour aujourd’hui : rendez-vous dans une demi heure ici pour partir en visite ; ok ?
– Oui !
– Voici un drapeau qui va nous aider à nous suivre sans nous perdre et s’il vous plaît vous restez en groupe.
– Oui !
– Bon, je vous appelle par vos prénoms pour vous donner les clés deux par deux ; on se dépêche, donc écoutez-moi bien.
– Oui.
– Sandrine.
– Présente.
– Avec Catherine.
– Euh ! Qui est Catherine ? prononçai-je.
– Là ! Hop ! L’ascenseur est à droite.
L’appel se poursuivait, j’ai déposé ma valise dans la chambre. Chic ! Une demi-heure s’était écoulée, tout le monde s’était présenté, et, avec le guide chinois, nous sommes partis visiter le « Temple du Ciel »; ce temple était un monument de Pékin, situé dans le quartier historique de Xuanwu au sud de la ville. Il était considéré comme le summum de l'architecture chinoise traditionnelle. Sa disposition symbolise la croyance chinoise que la terre est carrée et le ciel rond.
Le guide nous a questionnés :
– Combien de clous se trouvent dans ce temple du ciel ?
– Euh deux millions ?
– Mille ?
– Non.
– Plus ? Ou moins ?
– Moins.
– Hein ! Euh deux cents ?
– Non.
– Aucun ? ai-je répondu.
– Voilà, bonne réponse.
– Pas possible ! Pour la charpente, on a besoin de clous pour accrocher les tuiles…
– C’est vrai ! Mais ici pas besoin, regardez tout près.
C’était un peu sombre pour moi pour bien voir ; tant pis, je fis de mon mieux pour tout voir et aussi j’échangeais avec quelques sourds ; c’était comme si je voyais presque tout.
– Ah mince ! C’est vrai, pour accrocher des cadres, des bougies on se servait de fils ! ai-je soupiré.
– Oui ! Juste ! Et la charpente ?
– Des bois qui s’emboîtent.
– Oui ! Bien.
Puis nous avons visité la place « Tian An Men » ; le guide nous a expliqué :
– La place « Tian An Men » est chargée de fortes émotions du fait de la mort de Hu Yaobang qui a été écrasé par un tank. Les manifestations de Tian An Men se déroulèrent entre le 15 avril et le 4 juin 1989, sur cette place même. Elles se sont conclues par une vague de répression, parfois englobés sous l'expression de « massacre de la place « Tian An Men ». Elles prirent la forme d’un mouvement d'étudiants, d’intellectuels et d’ouvriers chinois, qui dénonçaient la corruption et demandaient des réformes politiques et démocratiques.
J’ai su cette histoire par les informations avec sous titrages à la télévision, ce fut un grand choc dans le monde. La Chine est un pays communiste.
Sur cette place, un groupe d’écolières vêtues toutes du même survêtement chantaient l’hymne chinois en marchant au pas deux par deux comme les militaires. Beaucoup de groupes de touristes de différentes nationalités se baladaient et photographiaient sans s’éloigner de leurs groupes car les règles sont strictes. Par exemple, il était interdit d’aller hors de cette place pour aller visiter les bidonvilles ou ailleurs, on devait respecter les parcours des visites, et les militaires chinois surveillaient. Autour de cette place, sur la route, des cyclistes circulaient et il y avait peu de voiture ; les piétons avaient du mal à traverser, on devait traverser vite et en zigzagant entre les vélos qui ne laissaient pas la priorité aux piétons.
L’un de nous a demandé au guide :
– C’est incroyable comme il y a beaucoup de cyclistes !
– Oui, ici, une voiture coûte cher, et même un vélo ! a dit-le guide.
– Un vélo ne coûte pas cher ?
– Non, mais pour eux c’est cher : un vélo coûte 200 Yuans et un salaire mensuel est d’environ 20 yuans.
– Ah ! Pour avoir un vélo, il faut travailler pendant 10 mois !
– Oui.
En route pour aller à la « Grande Muraille », c’était jour de marché : tous les bus roulaient lentement, y compris le nôtre ; ceux qui étaient assis près de la fenêtre du bus ont vu tout ce qui s’est passé. Un chinois pauvre a volé un légume, deux militaires l’ont attrapé, lui ont mis les mains derrière le dos et l’ont tabassé devant tout le monde ; ce fut un choc pour les touristes !
L’un de nous a réclamé de l’eau ; nous sommes donc descendus acheter des bouteilles d’eau ; le guide nous a avertis :
– Faites attention ! Et vérifiez bien que les bouteilles n’aient pas été ouvertes. C’est bon ?
– Pourquoi ? dit l’un de nous.
– Car en Chine, l’eau n’est pas potable ; si les bouteilles ont déjà été ouvertes, ils ont donc pu les remplir avec de l’eau non potable, qu’ils nous vendent, et nous risquons d’être malades.
– Comment vérifier ?
– Vous prenez une bouteille, vous essayez de dévisser le bouchon ; si c’est dur, c’est bon ; et si ça tourne facilement c’est qu’elle a déjà été ouverte ; donc vous la rendez en la refusant et vous prenez une autre bouteille. Ok ?
– Ah d’accord !
– C’est pareil, à l’hôtel, évitez d’utiliser l’eau du robinet pour vous brosser les dents.
– Ah d’accord !
– Suivez-moi ! a dit le guide.
Au marché, j’ai acheté deux bouteilles d’eau d’un litre et demi en vérifiant que les bouteilles soient neuves, puis j’ai bu une bouteille entièrement, doucement, tellement j’avais soif et aussi parce que je n’avais rien bu depuis un jour et demi ; ça m’a fait du bien. J’ai mis une bouteille bien fraîche dans mon sac à dos, tout en sachant que l’eau allait être vite chaude à cause de la chaleur ; mais ce n’était pas grave : à l’hôtel il y avait un petit frigo avec un petit congélateur, donc le soir je l’ai mise dans le congélateur, ça resterait frais toute la journée.
Nous sommes ensuite allés visiter « La Grande Muraille », l’une des plus grandes merveilles du monde. Le guide chinois nous a raconté l'histoire de La Grande Muraille :
– Littéralement « la longue muraille » est un ensemble de fortifications militaires chinoises construites, détruites et reconstruites en plusieurs fois et à plusieurs endroits entre le 3ēme siècle avant Jésus-Christ et le 17ème siècle pour marquer et défendre la frontière nord de la Chine. C'est la structure architecturale la plus importante jamais construite par l’homme à la fois en longueur, en surface et en masse.
– Combien de kilomètres mesure cette muraille? lui a demandé un sourd.
– Sa longueur est d’environ 6 500 km.
– La hauteur et la largeur ?
– 6 à 7 m de haut, et 4 à 5 m de large.
– C’est énorme d’avoir fait ça pendant 15 siècles ! m’exclamai-je.
C'est incroyable et inimaginable d’avoir construit cette grande muraille à la main, sans grues, ni bétonnière etc. On y entre et je me dis : wow ! Le chemin est tout droit, sans lacet, bien qu’il y ait des collines, des montagnes ou des rizières ; donc la pente est raide et la vue est magnifique.
Le guide nous a annoncé une bonne surprise qui n’était pas écrite dans le programme :
– Ce soir, rendez- vous à l’accueil de l’hôtel à 19 h pour aller au spectacle de cirque.
– Ah chouette ! nous sommes-nous exclamés.
Au fond de moi, je me sentais coincée car me balader dans le noir m’angoissait.
Par chance, deux dames âgées, M et T, m’ont demandé de les accompagner parce qu’elles avaient peur, et j’ai tout de suite accepté, j’étais sauvé.
Après, au spectacle, c’était impressionnant ! La souplesse, les équilibristes, les acrobates, la voltige, les mains à mains, le Kung Fu : de très jeunes artistes qui étaient de très haut niveau, avec des qualités physiques et mentales et surtout, le plus extraordinaire, le spectacle du dragon qui m’a beaucoup plu.
Lors de la visite des « Tombeaux des Mings », j’ai vu des tombes qui sont de part et d’autre d’un chemin sacré, une avenue au milieu de la zone des tombes ; de chaque côté de cette avenue nous avons découvert des statues d’animaux en pierre : chameaux, lions, dragons, tortues etc. Le guide chinois nous a raconté :
– Le cimetière impérial couvre une superficie de 120 kilomètres carrés et treize des seize empereurs de la dynastie Ming y sont enterrés dans une nécropole. La dynastie des Mings a régné sur la Chine de 1368 à 1644. Cela représente le plus grand nombre d'empereurs dans une nécropole impériale chinoise.
Pendant la balade, je remarquais qu’une femme d’une trentaine d’années, la plus grande de notre groupe, était toujours accrochée au bras d’une personne du fait d’un problème d’équilibre et je me demandais ce qu’elle avait. Je n’osais pas le lui demander, mais peut-être un jour.
J’ai un peu échangé avec quelques personnes car j’étais réservée et timide, mais ça avançait bien pour moi, doucement, pour mieux connaître notre groupe ; en plus j’étais la plus jeune ; aussi ça faisait longtemps que je n’avais pas fréquenté de sourds puisque j’avais fait mes études (lycée et université ) avec des entendants, sans interprète en langue des signes.
J’ai rigolé car quelques personnes m’ont avoué:
– Nous avons appris que ton prénom était Sandrine et on a cru que tu étais un jeune homme à cause de tes tenues et de ton comportement un peu masculin ; et aussi on a été surpris que tu partages ta chambre avec Catherine : en effet on a cru que vous étiez fiancés.
– Ah ! Hi hi ! Non, je ne connaissais pas Catherine !
– Maintenant on sait que tu es bien une femme et euh ! Es-tu sportive vu tes épaules larges ? Quels sports fais-tu ?
– Judo, je suis ceinture noire premier Dan, tennis et natation.
– Fais-tu des études ?
– Oui, je suis étudiante en première année en DEUG en STAPS à Lille.
– STAPS ? C’est quoi ?
– Sciences Techniques des Activités Physiques Sportives.
– Ah ! Tu feras quoi après les études ?
– Professeur de sports.
– Wow ! Bravo et bonne continuation !
– Merci.
Parfois, quelques sourds s’énervaient après moi car quand ils m’appelaient avec des signes en l’air, je ne les voyais pas et ils me disaient :
– Pourquoi fuis-tu ? Ou tu nous ignores ?
– Non je ne fuis pas, je me concentre sur les visites, ça me fascine, c’est tout.
– Bizarre, on a l’impression que tu es tête en l’air.
– Ah ! Possible, je suis souvent dans la lune et c’est mieux de me taper sur l’épaule.
– Ah d’accord !
Je pensais : Ouf ! Pas de conflits. Je ne comprends pas pourquoi je suis souvent dans la lune, pourtant je fais attention ; ça m’agace et je dois toujours trouver de bonnes excuses pour éviter les colères ou les polémiques. Mais les autres voient bien quand on les appelle en faisant des signes en l’air ; pas moi, pff ! Ça veut dire que je ne suis pas comme les autres ?
Nous avons visité le « Palais d’Eté », riche de l’un des plus beaux parcs impériaux avec ses pavillons. Sur ce site se trouvait la colline de la Longévité et le lac de Kunming. L'ensemble couvre une surface de 2,9 km2, dont les trois-quarts sont occupés par un plan d'eau. Sur les 70 000 m2 de surface construite, on trouve une grande diversité de jardins, palais et autres édifices de style classique chinois. Nous nous sommes baladés en admirant le parc, très calme, comme zen ; j’ai repéré des chinois qui jouaient à un jeu de dame chinois et à un jeu de l’oie chinois, c’était compliqué ; j’ai essayé de deviner les règles, sans succès ; je ne pouvais pas leur demander car ils ne parlaient pas français ni anglais et ne comprenaient pas les mimes ; c’est dommage car j’adore les jeux de société.
Le lac de Kunming est traversé par le Pont aux Dix-sept Arches ; construit en maçonnerie entre 1751 et 1764, il comporte une passerelle pour les piétons.
Au restaurant, je m’installais toujours à la table ronde au milieu de laquelle se trouvait une petite table tournante, il m’est arrivé souvent que des personnes m’accusent de me comporter comme une sauvage incapable de contrôler sa gourmandise parce que je tournais la petite table sans faire attention aux autres qui n’avaient pas fini de se servir ; pourtant je faisais beaucoup d’efforts pour éviter cela ; mais ce n’était pas facile pour moi. Toutes ces critiques, ça m’agaçait de plus en plus en secret.
Me voilà à la « Cité Interdite » qui est le palais impérial au sein de la Cité Impériale de Pékin rendu très connue par le film « Le dernier empereur » réalisé en 1987. Cette Cité Interdite, également appelé Musée du palais, s'étend sur une superficie de 72 ha dont 50 ha de jardins; elle compte parmi les palais les plus anciens et les mieux conservés de Chine et comporte selon la légende 9 999 pièces.
La construction de la Cité interdite a duré 14 ans et plus d'un million d'ouvriers réduits à l'esclavage y auraient travaillé. Un premier palais fut achevé en 1420 mais brûla en 1424. Entre 1420 et 1911, un total de 24 empereurs y a résidé. Avant 1924, année où elle a été ouverte au public, personne d'autre que l'empereur et sa cour n'avait le droit de s'en approcher ni même de la regarder. Des pavillons privés appartenaient à la famille impériale et aux concubines.
Un matin, l’un de nous a demandé à Huguette oralement et en langue des signes de poser une question au guide puis Huguette a traduit au guide :
– Y a-t-il des associations de sourds ?
– Euh ! Oui.
– Peut-on les voir ?
– Je vais essayer d’en contacter pour que nous puissions rendre visite à des sourds mais je ne vous garantis rien.
– Super merci et faites de votre mieux.
Je n’ai pas vu ces conversations, et je n’en ai pris connaissance que lors de la visite de l’établissement de sourds.
Devant les immenses portes blindées comme un coffre-fort, je suis restée choquée et sans voix ; à l’accueil, le tapis était tout rouge, deux militaires nous ont donné des ordres puis Huguette nous a traduit :
– Ne vous éloignez pas, restez en groupe et ne faites pas de bruit pour ne pas déranger ceux qui travaillent ; c’est clair ?
– Oui !
– Les règles sont très strictes ici !
– Faites attention s’il vous plaît ! nous a chuchoté Huguette.
– Si on ne respecte pas les règles, qu’est ce qui va arriver ?
– Ils vont nous mettre dehors immédiatement.
Ah d’accord, oh c’est vraiment très strict ! me disais-je.
La première grande pièce, toute rouge, toujours avec des tapis rouges et des rideaux rouges, était la salle de réunions ; elle était assez froide avec une longue table rectangulaire toute simple et de simples chaises en bois avec au mur un portrait du dictateur ; la deuxième pièce était encore rouge, toute rouge parce que c’est un pays communiste, des travailleurs sans jambes étaient assis par terre ou avec des béquilles en bois pour ceux qui avaient une jambe en moins ; la troisième pièce était immense, avec plusieurs rangées de longues tables. J’ai deviné que les personnes atteintes de divers handicaps y travaillaient à la chaîne en faisant des emballages etc… Ça ressemblait à un CAT en France. Nous arrivons alors devant des sourds chinois ; l’un d’entre eux m’a appelée en cachette et m’a posé en langue des signes chinoise des questions que j’ai essayé de comprendre avec l’aide d’une sourde suisse :
– Êtes-vous sourd ?
– Oui.
– D’où venez-vous ?
– France. ( J’ai mimé le coq ).
– Ah ! D’accord et êtes-vous un garçon ?
– Moi non, une femme.
– Ah ! D’accord, j’ai cru que vous étiez un garçon.
Quelques sourds français ont rigolé tout en faisant le guet pour nous protéger ; mon interlocuteur chinois avait soif de communiquer avec moi :
– Faites vous du vélo en France ?
– Oui tous les sourds en ont, et vous ?
– Non jamais, il est interdit de sortir de l’établissement, c’est dangereux pour nous et vous conduisez une voiture ?
– Oui nous conduisons.
Tout à coup, un sourd, voyant un chef arriver, nous a fait signe d’arrêter la conversation ; nous avons fait semblant de regarder les travailleurs, et le chinois a continuer à travailler ; ouf ! Nous étions sauvés et mon interlocuteur chinois nous a remerciés. A la sortie de l’établissement, nous avons un peu échangé entre nous car nous avions eu de la peine.
J’étais perdue dans mes pensées, sans voix, sous le choc comme les autres sourds : pauvres sourds chinois ; cet établissement était comme une prison pour handicapés, je n’acceptais pas cela ; heureusement, en France ce n’était pas comme ça. Ils ne profitaient pas de leur vie, ça devait être dur pour eux, mais ils nous ont dit qu’ils étaient heureux parce qu’ils mangeaient bien et se sentaient protégés à l’intérieur de l’établissement.
Le guide nous a alors annoncé :
– On va au marché, hors de la ville, restez en groupe car on risque facilement de se perdre.
Au marché, l’odeur était désagréable, j’avais du mal à respirer, surtout avec la chaleur en plus, j’ai aperçu plein de cages avec dedans des chats, des tortues, des chiens… je me disais « ils vont en faire quoi ? » J’étais choquée en voyant qu’un marchand de chats en prenait un vivant, l’assommait, puis le mettait dans une marmite pleine d’eau bouillante pendant quelques minutes ; puis il le sortait, taillait dedans pour arracher la peau et le découpait.
Un sourd m’a dit :
– Voilà ! Je te l’avais dit dès le premier jour.
– Oui je vois, la preuve est là, c’est horrible, pauvres chats et chiens. Ça a été pareil en France, autrefois pendant la Première Guerre mondiale, les Français, très pauvres et affamés, chassaient les rats pour survivre.
– Exact ! La vie est dure mais bon...
Visite d’un « temple des lamas » ; le guide nous a résumé :
– Littéralement, c’est le « palais de la paix et de l'harmonie », un temple du bouddhisme tibétain de Pékin fondé en 1694, sous la dynastie Qing. Une des statues, qui atteint une hauteur de douze mètres, représente un bouddhiste qui va debout.
Nous avons ensuite fait un vol de 1074 kilomètres de Pékin vers Xian, ancienne capitale de nombreuses dynasties, riche de plus de trente siècles d’histoire ; nous avons visité la Grande Pagode de l’Oie Sauvage qui a été construite entre 707 et 709 avec la Tour du Tambour qui contraste avec la Tour de la Cloche du fait que la cloche était autrefois frappée à l'aube alors que le tambour était battu au coucher du Soleil, indiquant la fin de la journée.
Le midi, à la table du restaurant, je me suis comme d’habitude adressé au serveur :
– Bonjour.
– Bonjour en chinois ( je crois )
– Qu’est ce que c’est ces plats ?
Le serveur m’a souri sans comprendre
– Est ce que vous parler anglais ou français ?
Le serveur m’a encore souri sans comprendre. J’ai donc annoncé à toute la table :
– Malheureusement, ce serveur ne sait pas parler anglais ni Français.
– Ah mince !
– Coincé.
– Alors on va appeler le guide.
– Ok vas-y ! ai-je dit.
Un sourd est parti chercher le guide avec Huguette pour traduire et est revenu à notre table après leur avoir demandé:
– Ces plats ?
– Ah ! Ça la soupe aux anguilles, ça, c’est du bœuf etc.…
– Merci ! nous sommes-nous exclamés.
J’ai bien observé ; surtout la soupe aux anguilles qui m’a parue bizarre, et que je n’ai pas eu envie de goûter, d’autant plus que je n’aime pas trop le poisson. Tout le monde s’est bien régalé, les plats ont presque tous été vidés.
Huguette m’a demandé un service :
– S’il te plaît, peux-tu accompagner Nicole ?
– Excuse-moi, qui est Nicole ? Je ne connais pas encore tous les prénoms.
– Cette femme là, viens que je te présente.
– Avec plaisir !
– Voici Nicole et voici Sandrine ! dit Huguette en nous présentant l’une à l’autre.
– Bonjour Nicole ! ai-je répondu à Nicole
– Bonjour Sandrine, je ne vois pas très bien et merci d’accepter de m’accompagner.
– De rien et avec plaisir.
– Et merci aussi de parler doucement et bien en face de moi.
– Ok pas de problème, je peux répéter si tu n’as pas compris ; ok ! souris-je.
Je me demandais comment j’allais l’accompagner : en effet, je l’avais regardée fonctionner depuis le début du voyage ; donc je me suis débrouillée pour faire attention ; c’était la première fois que j’accompagnais Nicole ; elle avait son bras accroché au mien et je marchais doucement car je savais qu’elle avait des problèmes d’équilibre ; ce n’était pas évident car j’ai aussi moi-même des problèmes d’équilibre, mais légers.
Nous avons visité le « Mausolée de l’Empereur Qin Shi Huang Di » et des « lieux de fouilles de Lintong » où se trouve ensevelie une armée en terre cuite, une armée d’argile composée de plus de six milles statues de cavaliers et de fantassins que l’empereur avait fait exécuter grandeur nature ; et l'ensemble s'étend sur environ 56,25 kilomètres carré, avec beaucoup d’escaliers en bois ou en fer et des chemins très étroits. J’ai transmis à Nicole dans ses mains toutes les informations pour lui signaler qu’il y avait des marches à descendre ou à monter et aussi de se mettre derrière moi ; tout s’est bien passé, j’ai pris conscience que ça me demandait beaucoup d’attention et de travail envers Nicole pour éviter de tomber ou de lui faire mal… Et le fait qu’Huguette ait voulu partager avec d’autres l’accompagnement de Nicole était une bonne idée : ce fut sympa de partager et d’aider Nicole par solidarité ; moi, je considère Nicole comme tout le monde, elle a tout simplement besoin d’être guidée et je n’ai pas eu de mal à communiquer avec elle, je l’ai aidée de bon cœur ; pour moi c’était tout à fait normal.
Aux « Sources Thermales » de Huanqing qui sont situées à trente kilomètres à l'est de Xian au pied de la montagne de Lishan, les chemins étaient en terre, donc pas plats ; ça me demandait beaucoup de travail de guider Nicole, le pire c’était les escaliers en pierres mal posées : j’ai failli perdre l’équilibre en la guidant car elle avait de gros problèmes d’équilibre mais j’ai réussi à me tenir droite et j’étais rassurée que nous ne soyons pas tombées ; ce n’était pas évident dans cette foule dense, car je guidais Nicole sans perdre de vue notre groupe et tout en essayant de profiter de la visite ; ce ne fut pas une bonne expérience pour moi.
Le guide nous a fait un résumé :
– Ces sources ont été découvertes il y a 3 000 ans. La plupart des dynasties qui ont pris Xian comme capitale ont aménagé un parc d’agrément autour des sources d’eau chaude qui jaillissent sur la pente nord de la montagne de Lishan. C’est un site thermal depuis des milliers d’années ; aujourd’hui on peut encore y aller pour les sources thermales et se baigner dans les eaux minérales et limpides qui sont à une température de 43 degrés.
– Wow ! Quarante-trois degrés ! Ça me donne envie de nager ! me suis-je exclamée.
– Hi ! Pas le temps de se baigner, on continue la visite.
– Dommage !
La « Forêt de Stèles » ou le musée Beilin est une prestigieuse collection rassemblant des écrits sur pierres des plus grands écrivains de Chine. Les stèles portent les textes qui formaient le socle de l'enseignement sous la dynastie Han. Il est possible d'acheter des copies papier des stèles, réalisées par décalquage à l’encre.