Red Eagles Riders - Tome 2 - Natacha Marchand - E-Book

Red Eagles Riders - Tome 2 E-Book

Natacha Marchand

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Beschreibung

La rencontre entre Mal et Douglas promet-elle une belle histoire ? 


Malicia, appelée aussi Mal sur le ring est une redoutable boxeuse. Elle évolue dans le monde des combats clandestins afin d’échapper à une existence qui ne l’a pas épargné. Elle pensait maîtriser sa vie avec brio, mais venir en aide à cet homme semble menacer tout ce qu’elle a bâti jusque-là.
Ne dit-on pas que secourir son prochain est un acte charitable ? Eh bien, Mal va découvrir que parfois il en est tout autre !
Douglas, Vice-Président du Club de motard d’un petit village, ce voit recevoir le soutien d’une femme, une inconnue qui va pourtant le hanter et il fera alors tout pour la retrouver et l’aider. Ce, même si elle ne le souhaite pas. Il est déterminé et avec l’appui de ses frères, il espère y parvenir.
Est-ce que ces deux-là vont réussir à s’entendre ? Douglas la sauvera-t-il de son enfer ? Mais surtout acceptera-t-elle l’homme qu’il est ? Seront-ils deux êtres voués à s’aimer ou à se détruire ?


Le deuxième tome de Red Eagles Riders répond à toutes les attentes des adeptes du genre !


À PROPOS DE L'AUTEURE


Âgée de 37 ans et originaire de Seine et Marne je vis actuellement en Picardie avec mes deux garçons. Vendeuse et commerciale dans l'âme depuis 20 ans maintenant, j'adore le contact avec les personnes. Depuis l’âge de mes 15ans, je suis passionnée par l’écriture et cela dure depuis, aillant un faible pour le monde surnaturel, fantasy et fantastique. Je me suis donc orientée dans celui-ci, encore plus après avoir été inspirée par de nombreux films ou séries de ce genre.




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RED

EAGLES

RIDERS

 

2 ~ Mal, un ange tombé du Ring

 

 

Natacha Marchand

Romance

Éditions « Arts En Mots »

Illustration graphique : © Graph’L

Image : 123RF

 

 

 

1 - PDV Douglas

 

Me retrouver en face d’un de nos ennemis n’est certainement pas une première. Seulement, je n’avais pas prévu qu’une sortie pour aller boire un verre dans un des bars de la ville m’amènerait à tomber sur l’un d’eux. Moi qui voulais me saouler la gueule tranquillement, on peut dire que c’est raté, pensai-je alors avec rage. Ce qui ne fait, en général, pas bon ménage avec l’alcool.

Malgré cette découverte, je n’ai rien dit. Préférant me la jouer calme pour le moment. Je fais donc comme si je ne les avais pas vus, afin de finir ma soirée paisiblement et surtout sans embrouilles ou pour sûr, Peter va me coller un prospect au cul avec mes conneries.

Seulement, voilà, ma chance a l’air d’avoir trouvé meilleure compagnie ce soir et je ne lui donne pas vraiment tort, vu mon humeur du jour. Autant dire qu’elle a dû fuir en apercevant le taf qu’elle allait devoir fournir pour m’éviter les emmerdes.

Avoir perdu une cargaison d’armes n’est vraiment pas pour nous aider ces temps-ci. Il semble qu’un MC rival des Red Eagles prend soin de nous foutre en rogne en détournant nos livraisons. De quoi mettre à cran tous mes frangins et moi-même. Même notre dernière recrue et pas des moindres, Louane, fait jouer ses indics pour parvenir à découvrir un moyen de les stopper. Surtout qu’on n’a aucune putain d’idée de qui cela peut être, et ça ne conduit qu’à assombrir un peu plus mon humeur.

Voilà pourquoi je me retrouve isolé ici. Loin des miens, afin de ne pas avoir à subir leurs reproches sur ma façon de décompresser et surtout au lieu d’être avec mon fils. Je sais que plusieurs de mes frères ne me comprennent pas, la seule qui semble le plus y parvenir est Louane. Cette nana a un don certain pour nous faire parler, ce qui de temps en temps peut s’avérer flippant d’ailleurs. Elle réussit également à me comprendre, en partie. Ce qui est déjà un bon début, d’une certaine façon.

Mon fils, ce petit mec de trois ans dont j’ai la garde et qui compte sur moi bien plus que quiconque, alors que parfois, je merde et de manière mémorable. Si son arrivée a été un pur moment de joie pour sa mère et moi, la suite a vite tourné en un foutu cauchemar. Je la revois encore dans la marre de son sang, cachant de son propre corps celui de notre enfant.

À cette vision, j’ai complètement craqué et pété un plomb, ce jour-là. Donnant alors la garde de Steve à Maureen, seule femme en qui j’avais suffisamment confiance à ce moment-là, pour lui laisser mon bien le plus précieux.

Tout ça pour aller venger la mère de mon fils de ces pourris, qui n’ont eu aucun scrupule à la battre à mort. Devant notre garçon, même s’il n’était encore qu’un nourrisson lorsque les faits se sont produits. Cela nous a pris trois putains de jours pour les débusquer et les buter un par un. Le dernier m’avait été réservé, car il était celui qui avait touché à ma femme.

Je n’ai eu aucune pitié pour lui, aucun moment de recul face à lui ou même de remords. Au contraire, ma haine n’en a été que plus féroce et la boucherie que j’ai créée avait presque manqué de faire rendre leurs repas à mes Frangins. Moi, je suis resté là, à admirer le spectacle une fois fini, un sourire collé aux lèvres. Celui-ci n’avait rien de rassurant, empli de sadisme. J’ai simplement attendu que la satisfaction me vienne et ce fut le cas, mais de façon très brève. J’ai donc compris que malgré le meurtre de ce fils de pute, ma régulière ne reviendrait pas. Que je ne reverrai plus son regard, ni même que notre fils ne connaîtrait jamais sa mère. Cette constatation m’a aussitôt foutu à genoux.

Il m’avait alors fallu deux jours de plus avant de pouvoir reprendre le dessus sur mes émotions. L’alcool avait coulé à flots pendant ces deux jours, me noyant dedans afin de ne plus penser. De ne plus ressasser tous ces moments de bonheur avec ma femme. Grossière erreur, car le lendemain mes souvenirs m’étaient revenus en pleine gueule sans se poser de questions.

Cayden était resté avec moi, à chaque étape, me regardant me faire engloutir par ma peine, jusqu’à ce qu’il finisse par en avoir marre de me voir ainsi. Mon pote m’avait alors foutu un matin sous la douche. L’eau froide m’avait saisi et j’avais décuvé avec une force fracassante. Tel un éclair qui m’aurait foudroyé sur place. Ce dernier m’avait ensuite insulté de sale con, d’enfoiré de première et surtout que si moi j’ai perdu une femme, mon fils lui n’a plus sa mère près de lui.

Qu’il était hors de question qu’ils me laissent abandonner son neveu, comme il l’appelle. Mais aussi, que je devais absolument me ressaisir, car Steve avait besoin de moi. De son père qui est maintenant son seul parent et repère dans la vie.

Comme il l’espérait, ses mots ont eu un effet immédiat sur moi. La culpabilité m’avait alors gagné, au point de me foutre à genoux sous l’impact de sa puissance. De pleurer enfin pour la première fois, la perte de ma femme et ainsi laisser échapper ma peine de la meilleure des façons selon mes frères. Une fois sortis de ma transe, nous avions rejoint, sans gaspiller une minute de plus, le Club où d’après mon Frangin, mon fils m’attendait avec grande impatience.

Depuis cet instant, je n’ai que très peu quitté Steve. Qu’en cas d’extrême nécessité et lors de missions. Les gars ont parfaitement compris mon besoin de ne jamais être trop loin de lui.

Lors de la journée, il reste soit avec Maureen, soit maintenant avec Louane, la régulière de Cayden. Cette dernière l’adore et Steve également, la considérant comme sa tante et elle le lui rend bien. Son fils, Marlon semble lui aussi s’être attaché à Steve et le protège. Ce qui nous fait souvent rire avec ses parents quand on le voit faire.

Les deux régulières sont les seuls repères féminins qu’il a et comme me l’a dit Maureen, il arrivera un jour où cela ne suffira plus à mon gamin. J’en ai parfaitement conscience, mais depuis Cat, mon organe vital s’est fermé, de peur de souffrir encore une fois.

Puis, pour être honnête, je n’ai aucune idée si je serais capable d’ouvrir mon cœur de nouveau, de permettre à une autre femme que Catherina d’entrer dans nos existences. La laisser prendre une place qui ne devrait pas lui revenir auprès de moi et de mon fils. Je n’en sais foutre rien et ça me met sur les nerfs.

Encore une journée à ressasser ma vie de merde, qui m’a mené dans ce bistrot où plusieurs membres des Panthéras, un des MC ennemis des Red, se trouvent. Quand je vous dis que ma chance s’est barrée en courant à l’heure actuelle. Je ne rigole pas, mais suis des plus réaliste.

Malgré cette découverte, je suis resté au bar pendant un bon moment, espérant que ces derniers partent avant moi et ne causent aucun souci. Seulement, comme souvent dans ma chienne de vie, rien ne se déroule selon mon souhait. Preuve en est quand après plusieurs heures, aucun d’eux n’a bougé.

Alors, je prends les devants et après avoir enfilé cul sec mon verre, je sors le premier du bistrot. Légèrement éméché, mais rien de bien grave et qui ne m’empêchera de rentrer. Habitué à ce que l’alcool coule bien trop souvent dans mes veines.

Mais ensuite, rien ne se passe simplement. À peine ai-je fait quelques pas hors de mon lieu de prédilection, que deux Panthéras me tombent dessus. Une bagarre débute alors dans la ruelle derrière le bar. Même si je sais que je risque de ne pas en sortir indemne, me voyant d’ailleurs mourir ce soir, je ne me laisse pas faire. Assénant de nombreux coups à mes agresseurs qui étant donné leurs regards ne s’attendaient certainement pas à se retrouver face à un combattant.

Un des Bikers a pris cher grâce à moi. La pommette ouverte de celui-ci le prouve et il finit assommé par mes soins. Seulement en observant son pote en mauvaise posture, le deuxième qui jusque-là est resté en retrait, s’en mêle et là, je ne fais plus le poids et subis sans parvenir à riposter. Mes côtes me brûlent à chacune de mes respirations, tant les coups frappés sur celles-ci pleuvent. Impossible d’ouvrir mon œil gauche dont je peux au travers sentir mon cœur battre lentement, trop d’ailleurs. Ce qui je le sais déjà ne présage rien de bon.

Je tente de me protéger au mieux, mon dos me fait souffrir, mes jambes ne me soutiennent plus. Je m’effondre au sol et ne parviens plus à me redresser pour éviter leurs coups.

Je ne pourrais dire combien de temps cela dure, ne ressentant pratiquement plus rien. Tant mon corps est endolori en cet instant. Cependant, au travers de la brume de mon esprit, je réussis à percevoir une voix étrangère se frayer un chemin dans celui-ci. Enfin, il me semble, car je ne suis plus vraiment sûr de rien. Seul un bruit de bagarre se fait entendre de nouveau. Fait assez surprenant, je ne suis plus le punching-ball de ces hommes, pourtant je discerne les sons qui m’entourent. Ainsi que des cris et je reconnais alors le timbre d’une nana. Comment est-ce possible ? Que fait-elle là ?

Après plusieurs vaines tentatives, je parviens à ouvrir mon unique œil valide et manque de flipper quand je vois cette meuf envoyer au tapis mes deux agresseurs.

Cette dernière a une technique de dingue, des gestes des plus précis et surtout acquis. Elle ne faiblit ni ne tremble face à eux. Au contraire, elle semble s’amuser et je me demande alors si mon cerveau ne serait pas démuni d’oxygène pour m’offrir une telle vision.

Au bout d’un moment, les Panthéras se sauvent, la queue entre les jambes de s’être fait mettre une raclée par une nana. Lorsqu’elle est certaine qu’ils sont bien partis, elle se tourne enfin vers moi. Sa capuche m’empêche d’observer son visage, mais j’aperçois ses lèvres qui se plissent en me trouvant dans cet état.

Eh ouais, ma chérie ! Je ne suis pas beau à voir, couvert de sang et de bleu, ai-je envie de lui lancer, mais n’y parviens pas. Je sens que le néant prend de plus en plus de place dans mon esprit et pense alors à mon fils, ce petit bonhomme qui est ma lumière dans ce monde de noirceur dans lequel je vis.

Je ressens des coups être frappés sur mes joues, afin de me tenir éveillé et sa voix me demander qui je suis. J’entends dans un léger flou celle-ci, ainsi que ses questions, et tente d’y répondre. Les seules paroles qui réussissent à passer mes lèvres sont décousues.

— Pas l’hôpital… Le garage Phénix… Mes frères y sont…

Je n’ai aucune idée si elle va suivre ce que je lui dis, si même elle est parvenue à comprendre un traître mot de ce que je viens de lui prononcer, mais je ne peux l’empêcher de me relever et me mener dans sa bagnole.

 

2 - PDV Malicia

 

 

Une réunion comme une autre dans cet entrepôt de la ville de Meaux. Un endroit désert en extérieur qui pourtant regorge de monde deux soirs par semaine. La foule qui s’y trouve se compose autant d’hommes ou femmes influents, que de personnes kl, mais surtout d’individus peu fréquentables. Des raclures de première qui n’hésitent pas à élever les enchères des combats, pariant sur les boxeurs et boxeuses.

Un rapide coup d’œil en entrant me montre qu’encore une fois, ce soir les mises vont être hautes et les affrontements plus féroces, mais je ne m’en formalise pas plus que cela. Habituée depuis maintenant dix ans à vivre et évoluer dans ce monde. Même si depuis deux ans, tout cela a viré au cauchemar, mais tant que je peux monter sur un ring, me battre et ainsi laisser sortir ma haine alors je fais avec et accepte mon sort.

Ce soir est identique à celui que je passe tous les vendredis. Certainement, plusieurs combats m’ont été attribués, je les effectuerai et empocherai mes gains en conséquence, c’est-à-dire très peu étant donné que le reste lui revient. Une rage naît en moi en pensant à lui et c’est exactement ce qu’il me faut pour alimenter ma soirée et mes prochains affrontements. Je pars alors ensuite me changer dans l’une des loges qui nous sont réservées et retourne dans l’immense salle.

Une fois prête, je me place en retrait, loin de tous. J’apprécie peu me mêler à la foule, la solitude est une amie à moi et cela me convient parfaitement. Vivre comme je le fais est aussi une des raisons pour laquelle j’aime celle-ci, elle m’est même nécessaire pour rester en vie.

Habillé d’un short de boxe bleu ciel où le numéro 2 est écrit, un débardeur blanc qui cache une brassière de sport. Le tout assortit d’un sweat à capuche noir où sur le dos y réside une inscription « l’ange déchu » accompagné de deux ailes célestes rouges. Seul vêtement qui ne me quitte presque jamais. Ultime cadeau de la dernière personne qui a compté pour moi et qui me rappelle à quel point sans elle, je n’en serais pas là. Ni ne serait certainement plus en vie, d’ailleurs.

Je sors de mes pensées quand mon nom est enfin annoncé, un sourire narquois se dessine sur mes lèvres en apercevant ma première adversaire. Je l’ai déjà vu se battre et très peu de technique, elle préfère agir au feeling. Ce qui, à mon avis, est une très mauvaise chose, car ainsi on ne maîtrise rien et dans ce genre de combat, il vaut mieux avoir le contrôle que l’inverse.

Me voilà, debout face à elle, sur le ring, attendant que le gong retentisse. Lorsque c’est le cas, je la laisse approcher et quand elle le fait, son poing en avant, je lance mon pied sur son genou pour lui faire perdre l’équilibre et lui balance ensuite une bonne droite dans sa gueule. Elle tombe et reste quelques secondes, sonnée. Ce qui me vaut de sourire, en attendant qu’elle se redresse. La colère la domine et va donc donner plus de peps à ce combat.

Une fois debout, elle crache du sang au sol et m’accorde un regard furieux, afin de me déstabiliser, mais cela ne fonctionne pas. Je lui offre en retour mon plus beau rictus. Ce qui déclenche alors son prochain coup, mais si je l’intercepte, je n’ai pas anticipé sa seconde riposte qui me coupe le souffle. Son pied logé dans mon ventre me fait reculer de plusieurs pas.

OK, elle veut jouer ! Eh bien, c’est parti, je m’avance vers elle, ma garde en place et lui tourne autour avant de lui lancer un uppercut, puis une succession de frappes, dont elle ne parvient à en éviter que très peu. Je me prends une bonne droite, mais la rage voile mon regard et le rouge qui y est présent, me permet de ne rien penser ou ressentir autre que mettre à terre mon adversaire.

Comme je l’imaginais, une demi-heure plus tard, elle est au sol, inerte. Contrairement à d’autres, je ne tue pas ou ne participe pas à des combats à mort. Seule condition émise à mon bâtard de recruteur. Il ne s’y est pas opposé, tant que je gagne et lui ramène de l’argent. Cela me va aussi et je peux laisser mon corps se défouler, lâcher toute cette colère et cette rage qui est en moi.

L’existence n’est qu’une putain de plaisanterie, elle ne nous apporte rien de plus que de la souffrance, de la misère et surtout des problèmes. Alors, j’ai rapidement appris que si l’on voulait s’en sortir un peu, il fallait la battre à son propre jeu et la défier chaque foutu jour qui passe. Ma vie, à chacun de ses combats que je livre, n’est jamais sans risque.

Le monde de la clandestinité n’est pas sans règles et la plus importante n’est autre que « la loi du plus fort » celui-ci survit, là où les plus faibles périssent. Je me bats pour que ce ne soit pas le cas. Le plus gros de l’argent que je gagne ici, ainsi, je l’utilise pour aider ces hommes et femmes qui, comme je l’ai été, sont dans le besoin.

Avec Brice, mon coach particulier et plus vieil ami, nous avons créé un centre d’assistance aux sans-abri et personnes en difficulté. Nous y avons aussi ouvert un Club de boxe, plus précisément une salle d’entraînement. Je savais qu’elles pourraient être nombreuses, mais certainement pas autant.

Afin que celui qui me vaut de me retrouver là, deux fois par semaine, ne soit pas au courant et vienne foutre sa merde, le complexe est à son nom. Ce qui ne me dérange pas, ayant une parfaite confiance en lui.

La soirée continue ainsi. Deux autres combats invaincus à mon actif. Ce qui me coûte la crainte de certains lorsque je déambule dans l’immense hangar. La foule s’écarte. Je ne saurais dire si c’est à cause du sang sur mon tee-shirt ou si c’est la peur de ce que je suis ; une boxeuse sans pitié.

Lorsque j’aperçois le bras droit de l’ordure qui me tient à sa merci, venir dans ma direction, je m’avance vers lui. Le visage fermé, peu ravi de devoir faire affaire avec cette pourriture. Je pourrais l’anéantir sans souci, mais cela me créerait bien plus de problèmes. Je récupère donc l’enveloppe qu’il me tend, sans recompter et pars prendre mon sac au vestiaire, afin de quitter ce lieu.

J’ai beau aimer combattre. Me sentir vivante à chacun de mes matchs, il n’en reste pas moins que ce qui entoure ce genre d’événements, me répugne. Si je le pouvais, jamais plus je ne remettrais les pieds ici. Mais comme bien trop souvent, dans la vie, on ne fait pas toujours ce que l’on veut. J’en ai encore une fois la preuve et l’ai prise en pleine gueule celle-ci.

Lorsque je sors enfin de cet entrepôt, la brise vient me fouetter le visage et je ferme les yeux, appréciant ce moment. L’odeur à l’intérieur, somptueux mélange entre hémoglobine et sueur, commençait à me rendre nauséeuse. Une fois remise, j’emboîte le pas vers chez moi, du moins si l’on peut appeler ça ainsi, mais c’est toujours mieux que la rue où je vivais avant.

J’ai élu domicile dans le studio au-dessus de la salle de boxe à la demande de Brice qui me voulait en sécurité. Afin d’apaiser ses craintes, j’ai fini par accepter et la transition entre la rue et un appart douillet a été aussi agréable que compliquée. Pas habituée à me retrouver entre quatre murs.

Cela m’a pris du temps, mais je suis parvenue à vaincre cette phobie, comme aime l’appeler Brice. Même s’il m’arrive encore de passer une ou deux nuits dehors. Bien sûr, il n’en sait rien où je serais bonne pour un sermon. J’emprunte alors une des allées du centre-ville quand j’entends des bruits que je reconnais tout de suite.

Une bagarre semble se dérouler non loin. Je n’en fais pas cas, après tout ce ne sont pas mes affaires, pensé-je, quand j’aperçois deux gars en emmener un autre dans une ruelle. OK, je ne suis pas du genre à me mêler de ce qui ne me regarde pas, mais là, l’affrontement est à cent lieues d’être équitable.

Peu importe ce que ce mec a fait. Pour moi, un combat se doit d’être réglo. Un contre un, non deux contre un. Voilà ce qui me vaut de me retrouver, cinq minutes après, à me battre avec ces gars qui, je peux le voir à leurs têtes, ne semblent pas ravis de mon intervention.

J’ai bien compris, trop tardivement certes, que je viens de m’interposer dans un conflit entre deux Clubs de Bikers. Merde, c’est bien ma veine. Moi qui souhaite être discrète et ne pas attirer l’attention, je doute qu’ils restent sans rien faire face à mon geste.

Ce que je saisis vite, lorsque le dernier mec à partir me hurle qu’on se reverra. Bien, au moins, je suis avertie maintenant. Fais chier, je n’avais vraiment pas besoin de ça. Voilà où mon âme charitable me mène, dans les emmerdes une fois de plus.

Bon, je penserai ça à tête reposée dès que je serais à la maison. Pour le moment, j’ai bien plus urgent à faire. Aider ce Biker à rentrer, enfin vu son état, l’hôpital serait certainement la meilleure solution, là. Finalement, mon avis ne semble pas lui plaire quand je lui en fais part. Je grogne de mécontentement. En plus, ce mec est un casse-couilles, super. Manquait plus que ça.

Il finit par me donner le nom d’un garage apparemment. Manque de chance, je ne le connais pas. J’emmène le blessé jusqu’à ma bagnole qui par chance n’était pas stationnée très loin. Sa moto, il se démerde pour revenir la chercher, je n’ai pas que ça à faire moi.

Une fois que je l’ai installé à l’arrière, je monte côté conducteur et sors mon portable, afin de trouver l’adresse de ce putain d’établissement. Lorsque je le découvre, je manque de m’étouffer en comprenant où il se situe. Quarante-cinq minutes de route, bah voyons. Allez, on est parti ! Notez l’ironie dans mes paroles, hein.

Je démarre donc sans attendre, sous les râles de douleur de mon passager, qui je dois avouer à bien dégusté. Ils ne l’ont pas raté les enfoirés. Je ne sais pas de quoi il en retourne et ne veux pas le découvrir, mais cela devait être important, selon moi. Du moins, ce n’est que mon avis, car même si je me suis un peu renseignée sur les Clubs, après avoir rencontré quelques membres du MC de Meaux, je ne connais rien sur ce qu’ils trafiquent ou font.

Ce qui me convient parfaitement. J’ai déjà bien assez à gérer pour, en plus, m’occuper de ça. À notre arrivée, je dépose le gars à ses potes et me casse. Ma BA sera accomplie et je pourrais alors dormir en paix.

C’est en continuant de réfléchir à tout ce qui se passe dans ma trépidante et passionnante vie que je parviens enfin dans ce village. Je poursuis donc sur la route principale et finis par apercevoir les néons du garage éclairer la rue. Super, ses potes sont là, ainsi je ne devrais pas le veiller toute la nuit.

Je me stationne aussitôt devant le local, sans me soucier d’être mal positionnée. Un rapide regard sur le lieu m’indique qu’il ne répare que des bécanes ici, sympa, je dois avouer. Je ne m’y attarde pas et sors, afin de venir aider le mec à l’arrière de ma voiture. Merde, il a foutu du sang partout sur mes sièges, grogné-je alors, tout en laissant un gémissement plaintif s’échapper d’entre mes lèvres.

Quand je le tiens stable, on avance et je m’empresse de faire connaître notre présence.

— Hey oh ! Y a quelqu’un, ici ? Non parce que votre pote il n’est pas léger hein ! crié-je aussitôt.

Comme je l’espérais, deux gars sortent en trombe d’une pièce à l’arrière. Lorsqu’ils remarquent leur frère, il se hâte de venir prendre la relève et l’attraper. Pour mon plus grand soulagement. Une fois qu’ils le tiennent, le blond avec sa queue-de-cheval me regarde en fronçant les sourcils.

— Qu’est-ce qu’il s’est passé ?

— Je n’en sais rien, Mec ! Pas la peine de t’en prendre à moi, j’ai seulement sauvé la peau de votre pote qui s’est fait choper par deux membres des Panthéras ! Enfin, c’est ce qui était marqué sur leurs cuirs ! leur dis-je

— Tu vas nous dire que toi, tu as mis en fuite deux gars des Panthéras ? me demande avec ironie le second.

Réaction typiquement masculine et qui a le don de me foutre en rogne. Ainsi, je lui offre mon plus beau sourire hypocrite, avant de lui répondre.

— Mais non voyons, j’ai utilisé ma baguette magique et pouf, ils ont disparu ! lui lancé-je d’un ton narquois. Ouais, moi, la nana que je suis, a fait fuir ces mecs en leur collant une bonne rouste ! Maintenant, vous m’excuserez, mais j’ai eu une soirée assez mouvementée et physique, je vais donc rentrer et aller me pieuter ! Vous direz à votre pote que la prochaine fois, je ne serais peut-être pas là pour protéger ses miches, alors qu’il reste sur ses gardes ! En plus avec ça, il faut que je fasse gaffe aux miennes, actuellement, grogné-je en retournant à ma voiture.

— Attends ! Comment t’appelles-tu ? me demande le blond.

— Tu n’as pas besoin de le connaître, Mec !

— Ouais, mais mon frangin désirera sûrement savoir qui remercier de lui avoir sauvé la vie !

— Pas la peine, je n’aime pas les combats à la déloyale ! Un contre un, OK ! Mais deux contre un, pas moyen que je ne réagisse pas ! lui dis-je avec sincérité.

— Tu te doutes que s’ils ont vu ton visage, ils vont vouloir se venger ? On peut t’aider !

— Pas besoin, crois-moi, niveau défense, je suis parfaitement capable de me l’assurer moi-même et ouais, j’en ai bien conscience puisque l’un d’eux me l’a balancé en pleine gueule, lui dis-je alors avec ironie. Par chance, avec ma capuche ils n’ont pas aperçu ma tronche ! Bon allez, je me casse les mecs et vous devriez aller le soigner, car vu le sang qu’il a laissé dans ma bagnole, il ne doit pas être au mieux de sa forme votre ami, leur dis-je en m’avançant vers ma voiture.

Avant de partir, je remarque une petite bouille qui sort du garage à son tour, mais par une autre porte. Les deux types n’ont pas l’air de l’avoir vu trop occupé à emmener le gars dans un endroit tranquille. Alors, je me détourne de ma caisse et m’approche de lui.

— Hey, bonhomme, tu ne devrais pas être là ! Il est tard, lui dis-je en me baissant à sa hauteur.

— J’attends mon papa… me dit-il avec tristesse.

La ressemblance avec l’homme que j’ai ramené me frappe, leurs yeux si identiques surtout ne manquent pas d’attirer mon attention et cela me donne envie de raisonner ce père qui préfère aller picoler plutôt que rester avec son fils. Fichus parents qui ne savent pas la chance que c’est d’avoir des enfants, l’inverse est aussi exact d’ailleurs, ce qui est mon cas, grimacé-je légèrement à cette pensée.

— Je viens de reconduire ton papa, il était très fatigué, mais demain il ira mieux et tu pourras le voir, d’accord ?

— Oui…

— Alors, maintenant tu devrais vite aller dormir et comme ça, à ton réveil, tu pourras le retrouver, lui dis-je avec un sourire, avant de me redresser quand il rentre et m’offre un au revoir de la main.

Une silhouette attire mon attention, celle du blond, mais je préfère ne pas m’attarder. Pas certaine de sa réaction, vu que j’ai parlé au gamin. Une fois au volant, je prends de nouveau la route, sans regarder dans mon rétro et cette fois-ci je compte bien retourner chez moi, filer sous la douche et surtout pioncer un peu.

La journée de demain est une première pour le Club, on a décidé de dispenser des cours pour jeunes enfants, dès six ans et je peux vous dire que les demandes ont afflué, à ma grande surprise. Travailler avec les gosses a toujours été un rêve et n’ayant pu le mettre en pratique à cause de ma vie merdique, Brice a pensé à cette option.

Autant dire que j’ai accepté aussitôt, il n’a pas eu besoin d’argumenter. Oh non, j’étais tellement heureuse qu’il m’a fallu vingt-quatre heures pour que tout soit en place. Mon enthousiasme a ravi mon ami et entraîneur. Peu habitué à me voir aussi investie et surtout fière.

 

3 - PDV Douglas

 

Mon corps me fait un mal de chien. Mince, ils ne m’ont pas raté ces enfoirés de Panthéras, constaté-je en ouvrant les yeux avec difficulté. Surtout le gauche. Je lève la main vers celui-ci et laisse un gémissement de souffrance s’échapper à la suite de mon geste. Quand celle-ci parvient sur mon œil, je comprends pourquoi je ne peux pas. Ce dernier est enflé. Je replace mon bras contre mes côtes afin de tâter un peu les dégâts et grimace lorsque je les touche. La douleur me vaut de lâcher un sifflement aigu.

Je tente tout de même de me relever et y arrive après de longues minutes de torture, et de jurons à en faire pâlir un prêtre. Si je remets la main sur un de ces mecs, je promets de les tuer sans sommation. Une fois assis, je remarque où je me trouve. Dans le bureau du garage. OK, comment suis-je revenu ici ? me demandai-je alors, avant de fouiller dans ma mémoire. Ah ouais, on est venu à mon secours.

Une nana, si je ne me trompe pas. Merde, je me souviens plus trop en fait. Tout ce dont je me garder en mémoire d’elle, c’est sa voix. Qui m’a d’ailleurs permis de savoir que c’était une meuf. Un flash me revient lorsque je repense à elle. Cette nana a battu à plat de couture deux mecs baraqués, sans même sourciller. Je n’ai aucune idée de qui elle est, mais elle n’est pas comme toutes les autres, il n’y a pas à dire.

En revanche, je suis assez surpris qu’elle m’ait ramené ici, non à l’hosto. Même si je me souviens le lui avoir demandé, je ne pensais pas qu’elle le ferait étant donné mon état. Bon, je ne vais pas m’en plaindre, ça évitera de causer des soucis au Club. Les flics auraient trouvé le moyen de prendre ce prétexte pour venir nous faire chier. Vu la situation actuelle, il vaut mieux s’abstenir. On est tellement à cran, que je ne suis pas certain que mes frangins seraient parvenus à garder leur calme.

Je tente de me relever. Après plusieurs essais, j’y arrive et pas sans mal. Au moment où je suis enfin debout, la porte s’ouvre sur mes deux associés. Ces derniers semblent surpris de me voir sur mes deux pieds et non à geindre sur le canapé, encore. Pas mon genre, désolé les gars, pensai-je tout en leur offrant un sourire empli d’ironie. Réponse pour leurs regards réprobateurs.

Afin d’avoir un peu plus d’info sur mon arrivée ici, je décide de les questionner.

— Comment suis-je rentré ?

— Sérieux, Mec ? Tu ne t’en souviens pas ? me demande Cayden avec étonnement.

— J’ai quelques doutes, ma mémoire semble encore légèrement embrouillée, grimacé-je.

— Vu l’état dans lequel tu étais, c’est plutôt logique ! Sans cette nana, tu serais certainement en train de pourrir dans cette ruelle ! me balance sans attendre mon pote avec mécontentement. Je pensais qu’on en avait fini avec ça, Doug !

— Pour les leçons de morale, tu peux patienter que j’ai bu mon café, s’il te plaît ? Donc c’est bien elle qui m’a ramené ! dis-je plus pour moi que pour eux.

Je n’ai pas parlé assez bas, car Cox embraye aussitôt sur ma réflexion et se fait un plaisir de me répondre à son tour.

— Ouais ! Une nana avec la langue un peu trop pendue et une grande gueule, grogne-t-il, ce qui me fait froncer les sourcils.

Je remarque l’amusement dans le regard de Cayden. Merde, il s’est passé quoi avec elle pour qu’il soit aussi remonté contre cette nana ?

— On m’explique les gars ?

— Il s’avère que celle qui t’a sauvé le cul et ramené n’a pas hésité à remettre Cox à sa place et c’était assez jouissif à observer, se marre le Sergent.

— On verra si elle fera la maline si un jour je retombe sur elle ! Comme si elle pouvait flanquer au sol deux gros bras à elle seule ! lance aussitôt le concerné.

— Je peux t’assurer qu’elle a dit vrai ! Je l’ai aperçu et elle a de quoi nous coller tous à terre sans problème !

— Comment ça ? me questionne Cay.

— J’étais en mauvaise posture, j’avais réussi à en foutre un K.O, mais pas le second, bien que je contrôlais un peu la situation… Le premier a commencé à me maîtriser, puis m’en mettre plein la gueule, grimacé-je à ce souvenir. J’étais à moitié sonné, je ne sentais presque plus les coups, couché au sol, malgré tout j’entendais encore des bruits de luttes, alors j’ai relevé la tête et vu cette nana leur colle une raclée ! J’ai halluciné et les ai regardé filer après qu’ils lui aient dit un truc, sauf que je n’ai aucune idée concernant ce que cela peut être ! finis-je d’expliquer dans les grandes lignes ce qu’il s’est passé.

Les deux m’observent avec surprise. Je peux les comprendre, parce que savoir que c’est une nana qui m’a sauvé le cul, met quelque peu mon ego a mal là. Bon, je ne vais pas m’en plaindre non plus, car au moins je suis ici et en vie.

— OK, rappelez-moi d’esquiver cette nana en fait ! Je tiens à mes couilles et voudrais éviter qu’elle ne me les broie pour lui avoir parlé ainsi, hier ! lance Cox avec peur.

— Cette dernière était assez surprenante et pas craintive de se trouver face à nous ! Elle doit soit connaître d’autres Bikers, soit évoluer dans un milieu masculin, selon moi, me précise ensuite Cay. Cependant, pour avoir sauvé ton cul, elle s’est mise en danger, Mec ! Les Panthéras l’ont menacé de faire attention à ses arrières apparemment.

— Merde ! Vous avez pu avoir son nom ou des infos sur elle ? les interrogé-je avec un brin de culpabilité.

— Rien ! Pas faute de lui avoir demandé, mais elle n’a rien désiré nous dévoiler ! précise alors Cay.

— Et avec sa plaque ? Le petit génie n’a pas trouvé de renseignement ?

— La bagnole n’est pas à son nom, mais à celui d’un mec ! J’ai tenté de l’appeler, mais il n’a rien voulu nous dire ! Juste qu’il lui prête de temps en temps sa voiture, voilà tout ! me répond Cox, avec déception.

— Faut qu’on parvienne à la retrouver, que je puisse au moins la remercier et éviter qu’elle ne se fasse buter !

— Ouais, d’ailleurs elle a demandé que l’on te dise de faire gaffe, car la prochaine fois elle ne sera pas là pour sauver tes miches ! se moque alors le Sergent d’armes.

— En plus, même une reconnaissance faciale n’est pas possible, car elle avait toujours sa capuche sur la tête, s’empresse de reprendre Cox, en voyant mon regard de tueur dirigé sur Cayden après ses paroles.

Lorsque je prends conscience de ce que vient de dire mon pote, je grimace de mécontentement. La retrouver s’annonce plus compliqué que prévu. Mais je ne vais certainement pas m’avouer vaincu si facilement. On va déjà commencer par aller parler au proprio de la voiture, ensuite on avisera. Car s’il lui prête sa bagnole, c’est qu’elle est en contact avec lui. Peut-être qu’après avoir entendu que je veux juste la remercier et non la tuer, il sera plus coopératif. Enfin, j’espère, parce que je doute de parvenir à garder ma patience à force. Surtout dans mon état.

Bon, pour le moment, il me faut ma dose de caféine dans le sang sinon je vais finir par assassiner un de mes potes. Ses derniers se foutent ouvertement de ma gueule en me voyant avancer comme un petit vieux. Mots de Cox, auquel j’offre en réponse mon majeur, avant de me servir une tasse.

— Cependant, un événement assez surprenant s’est produit au moment où on t’emmenait dans le bureau, me précise Cayden avec sérieux.

Son changement d’attitude ne me dit rien qui vaille. Malgré tout, je ne prononce rien et d’un signe de tête l’invite à continuer.

— Steve est sorti de l’atelier où l’on était avant votre arrivée et il est allé vers elle…

Je me crispe en entendant cela, craignant qu’il ne se soit passé quelque chose avec mon fils. En voyant ma réaction, le Sergent d’armes reprend aussitôt la parole, afin d’apaiser mes inquiétudes.

— Elle s’est adressée à lui et il lui a répondu, me dit-il toujours aussi surpris apparemment vu son expression faciale actuelle. Et Steve lui a offert un signe de main en guise d’au revoir, finit-il alors de m’avouer.

Merde, c’est qui cette nana en réalité ? Elle me sauve le cul avec facilité et en plus fait réagir et parler mon fils, alors que celui-ci ne prononce jamais un mot aux inconnus et d’ailleurs, même aux trois quarts des membres du Club. Donc, ouais là pour le coup la surprise est de taille pour tout le monde.

— Attends, cette meuf elle a peut-être vraiment une baguette magique en fait ! précise Cox à Cayden.

Ce dernier le regarde avec désespoir.

— Ta gueule, Mec ! lui réplique-t-il.

— C’est quoi encore cette histoire ? les coupé-je, un sourcil relevé en guise de questionnement.

— Quand cet abruti s’est foutu de sa gueule en lui disant qu’il était impossible qu’elle ait battu ces gars, elle lui a rétorqué avec ironie qu’elle en avait une et pouf plus de méchants ! m’explique le Sergent en retenant son rire.

— Putain, Mec ! Elle t’a rembarré sec, en vrai ! je me moque alors de lui à mon tour.

— Très drôle ! me répond le lieutenant avec hargne.

— Aller ne fait pas la tronche ! Tu as déjà une belle nana à courtiser, lui dis-je en faisant référence à Sarah.

Cox manque de tomber de sa chaise en entendant ma réplique et me lance un regard noir, d’avertissement. J’adore le taquiner avec ça, surtout quand il me fait chier afin de lui rappeler que je peux moi aussi foutre ma merde s’il me saoule un peu trop.

— C’est quoi cette histoire ? Depuis quand tu as des vues sur une nana et ne m’en as pas touché un mot ? lui demande Cayden avec surprise.

— Oui, Cox, depuis quand ? m’amusé-je à continuer de l’enfoncer.

— Ta gueule, Doug ! grogne-t-il, avant de se tourner vers son meilleur pote. Ce n’est rien, il déraille, je lui ai juste parlé d’une brebis et il s’est fait un film ! Je crois que les coups qu’il a reçus ne lui ont pas fait du bien ! lui balance-t-il alors afin d’apaiser sa curiosité.

Je me marre dans mon coin. Conscient que ce n’est pas vrai. Il s’avère que le lieutenant a des vues sur la sœur du Sergent d’armes, mais qu’il n’ose pour le moment pas passer à l’acte avec elle. Préférant jouer au con et se taire.

Bon, pour le coup, qu’il la ferme envers Cayden, je pense que c’est la meilleure idée pour lui. Surtout tant qu’il ne se sera pas décidé à agir sérieusement avec Sarah. Ce dernier a sans cesse été très protecteur avec sa frangine et encore plus depuis la disparition de leur frère Braxton.

On a tous cru qu’il craquerait en apprenant son décès, mais heureusement Louane est parvenu à l’apaiser. Même sans le savoir et ça nous a tous rassurés. Ces deux-là nous font autant mourir de rire que péter des câbles avec leurs engueulades. Il s’avère que la Capitaine n’aime pas qu’on lui dicte quoi faire, ce que n’a toujours pas compris le Sergent d’armes. Un mélange qui vaut alors de causer des crises entre eux.

Par chance pour nous, elles ne durent jamais longtemps et je fais souvent office de médiateur avec Peter dans ce genre de situation. Moi avec Louane et Peter avec Cayden. Aussi surprenant que cela puisse paraître, avec cette dernière je m’entends très bien. Nous avons pas mal de choses en commun et nous nous comprenons bien plus facilement. Nombreuses sont les fois où elle m’a aidé lors de mauvaises passes, m’évitant ainsi de craquer et de surtout faire une connerie.

Je peux également vous dire qu’elle a une force qui ne manque pas de nous rappeler qu’elle n’est pas un petit oiseau sans défense. J’ai eu le privilège de recevoir une bonne droite, une fois. Coup que j’ai mérité et ne m’en cache pas. Je lui avais balancé qu’elle n’était qu’une putain de nana qui, comme les autres, aimait sucer et qu’elle n’avait que sa gueule à fermer. Je vous laisse imaginer que sa réponse s’est faite aussi rapide que ma tête à voler. J’avais quelques grammes d’alcool dans le sang, mais je m’en veux toujours autant.

Cayden n’en a jamais eu vent et heureusement ou pour sûr je ne serais plus là pour le dire. Le lendemain, après avoir dessaoulé, je suis parti m’excuser auprès d’elle et celle-ci s’est empressée de m’annoncer que c’était oublié. Bon, Louane m’a tout de même menacé de me couper les couilles si je venais à recommencer. Son regard était on ne peut plus sérieux et depuis, je fais gaffe à ce que je lance en sa présence. Ouais, pas que mes burnes et ma queue me servent énormément, mais j’y tiens quand même, alors autant rester sage.

On continue de parler ainsi une partie de la matinée. Les gars m’apprennent que l’on a une Messe à midi pour discuter de la prochaine livraison et de ce qu’il m’est arrivé cette nuit. J’acquiesce aux paroles de Cox. De cette façon, je pourrais donc voir avec le petit génie en informatique s’il peut me dénicher quoi que ce soit sur cette nana.

Après avoir entendu qu’elle semble avoir un effet positif sur mon gamin, je suis encore plus intrigué de la connaître un peu mieux. Puis, je dois la remercier et la mettre en garde face à ces mecs à qui elle a collé une raclée. Ce ne sont pas des enfants de chœur. S’ils l’ont menacé, alors ils vont eux aussi la chercher. Faut vraiment que l’on soit les premiers à la trouver.

Je suis sortie de mes pensées par la voix de mon garçon. Celui-ci entre doucement, comme s’il avait peur de ce qu’il allait découvrir. Quand il m’aperçoit assis, il s’empresse de venir m’offrir un câlin.

— La dame avait raison ! nous dit-il après m’avoir relâché.

— Pourquoi dis-tu ça, fils ?

— Elle a promis que tu irais mieux…

— Eh bien, comme tu peux l’observer, elle a dit vrai, lui souris-je.

Je jette un coup d’œil à mes frères et remarque que comme moi, ils sont surpris. Elle aurait pu m’enfoncer envers mon gamin et d’une certaine façon, vu dans l’état qu’elle m’a trouvé, je l’aurais bien mérité, mais non. Elle a pris soin de le rassurer et de l’apaiser.

Une fois certain que je vais bien, il repart en direction du couloir. Je le regarde s’éloigner, avant de tourner mon attention vers mes deux associés, quand Cayden parle de nouveau.

— Putain, elle ne te connaît pas et prend quand même le temps de réconforter Steve, c’est flippant et sympa à la fois !

— Ouais, je ne sais pas trop quoi en penser, en fait ! avoué-je à celui-ci.

— Au fait ! Ça ne vous dit rien deux ailes rouges et une inscription qui annonce : l’ange déchu ? demande d’un coup Cox.

On le regarde alors avec incompréhension face à sa question. Pourquoi nous lance-t-il ça ?

— Non ! lui répond Cayden.

— Jamais entendu parler de ça, dis-je à mon tour. Pourquoi ?

— Cette nana, hier, elle portait un sweat et y avait ça sur son dos ! nous apprend rapidement le Lieutenant.

— Faudra le préciser au petit génie de l’informatique ! Peut-être qu’il pourra découvrir quelque chose avec cette info, qui sait ! indiqué-je en me levant.

Après avoir fini de discuter, nous prenons la direction du Club, qui ne se situe pas très loin. Heureusement, car je ne suis pas certain de pouvoir marcher sur une grande distance. Pendant la route, Cayden m’apprend que Walter emmène Marlon et Steve à cette nouvelle salle de Boxe.

Louane a inscrit Marlon, à la demande de celui-ci et Steve qui adore être avec son cousin comme il l’appelle, va avec lui. Je n’y vois pas de souci. Puis ça le fait sortir alors aucune raison pour moi de lui dire non. J’ai pleinement confiance en Walter pour veiller sur mon fils. C’est donc sur cette nouvelle qu’on entre, tous les trois, dans la salle principale du Club, pour rejoindre nos frangins.

 

4 - PDV Malicia