Red eagles riders - Tome 1 - Natacha Marchand - E-Book

Red eagles riders - Tome 1 E-Book

Natacha Marchand

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Beschreibung

Maître chien et capitaine dans l'armée française spécialisée dans le déminage, Louane doit se battre entre les bombes, les ennemis, le machisme et les décisions difficiles... Cayden, le dangereux Sergent des Red Eagles va-t-il l'aider à remonter la pente ?

Louane est maître chien et capitaine dans l'armée de terre française, spécialisée dans le déminage et la recherche. Du haut de ses trente ans, elle a gravit les échelons de ce monde où la testostérone fait rage et règne en maître. Mais avec son caractère trempé et son entêtement, elle n'a jamais pliée devant l'un d'eux et le soutien de son unité, l'aide tout autant.
Seulement voilà, ce métier, cette vocation comme elle l'appelle va donner à sa vie un tournant qu'elle espérait ne jamais vivre... Une bombe, des ennemis, du sang et des cris... Voilà ce qui va rythmer la vie de notre capitaine, surtout ses nuits... Elle va devoir rentrer au pays mais sans lui, son plus fidèle compagnon et cette décision sera celle de trop pour la militaire...
Cet homme si mystérieux, mais aussi si dangereux sera-t-il celui qui l'aidera ? Seulement acceptera-t-elle ce qu'il est ? Après tout Cayden n'est nul autre que le Sergent d'Armes des Red Eagles.
Qu'adviendra-t-il de la jeune femme ? Parviendra-t-elle à remonter la pente ? Mais surtout retrouvera-t-elle son poilu qui l'a accompagné pendant presque six ans ?

Plongez dans cette romance haletante où l'action et le suspense sont de mise !


CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

"On saute à pieds joints dans ce roman pour ne pas en sortir." - minouche76, Notre passion au fil des pages


À PROPOS DE L'AUTEURE

Natacha Marchand - Âgée de 37 ans et originaire de Seine et Marne je vis actuellement en Picardie avec mes deux garçons. Vendeuse et commerciale dans l'âme depuis 20 ans maintenant, j'adore le contact avec les personnes. Depuis l’âge de mes 15ans, je suis passionnée par l’écriture et cela dure depuis, aillant un faible pour le monde surnaturel, fantasy et fantastique. Je me suis donc orientée dans celui-ci, encore plus après avoir été inspirée par de nombreux films ou séries de ce genre.

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Red

Eagles

riders

1 ~ TYR, unité Fantôme

Natacha Marchand

Romance

Editions « Arts En Mots »Illustration graphique : © Nequizias Design

Prologue

« Capitaine Rodz,

Suite à votre dernière mission, aux conséquences qui en ont découlées, nous avons décidé après maintes délibérations avec vos supérieurs de vous renvoyer à la vie civile, le temps de votre guérison. Choix pris afin que vous puissiez vous remettre de cet évènement tragique et que vous retrouviez une vie civile avec plus de facilité.

Toutefois, vous ne pourrez pas repartir avec votre compagnon, celui-ci se doit de servir encore son pays durant une année. Nous étudierons alors votre demande de le récupérer, ce qui ne devrait pas poser de problème car il aura alors fini son service auprès de notre pays.

Nous vous souhaitons un bon retour à la vie civile, Mademoiselle Rodz.

Votre pays vous remercie encore une fois de votre dévouement.

Colonel Martial. »

Voilà la missive que tient en cet instant Louane, assise dans l’un des campements de son régiment. Celui-ci établi dans un recoin du désert de l’Iran. Lieu où son unité a été envoyée, afin de venir prêter main-forte à l’équipe Alpha.

Il est courant que Louane et ses hommes, car oui bien que cela surprenne, elle en est bien à la tête et si elle craignait une rébellion de la part de certains lorsqu’elle a reçu son affectation, cela n’a pas eu lieu.

Au contraire, elle a obtenu le respect de ses hommes et femmes. Le même qu’elle leur donne et offre, ce qui permet alors une parfaite cohésion de cette équipe composée de cinq hommes et trois femmes, dont elle.

Les Tyr détiennent un atout de taille, qui a su faire ses preuves à de nombreuses occasions et qui a surtout su amadouer le cœur de chacun d’entre eux. Plus précisément celui de Louane, qui l’a élevé et entraîné avec détermination car il était hors de question pour elle de perdre un membre de son unité. Peu importe qu’il soit sur deux jambes ou quatre pattes, d’ailleurs.

L’équipe est appelée ainsi, en référence au dieu de la guerre nordique et proposé par Keegan, le meilleur ami de Louane. Nom accepté par tous et c’est donc ainsi qu’on les nomme depuis maintenant neuf ans.

Spécialisés dans la recherche et le déminage, dans les missions les plus dangereuses et parfois sans issue. Par chance, ils sont toujours parvenus à les résoudre, enfin jusqu’à il y a trois jours. Soixante-douze heures où elle n’a pas dormi, ou n’y est pas parvenu car à chaque fois qu’elle ferme les yeux, elle y voit cette scène d’horreur qu’elle sait ne jamais pouvoir oublier.

En a-t-elle envie d’ailleurs ? Mérite-t-elle de vivre, de respirer encore quand cinq membres de son unité ne sont plus là eux ? Non… Depuis cet instant, voilà ce qu’elle se repasse en boucle et pense. Ce que ne manque pas de voir les deux Tyr à ses côtés, ils ont essayé de lui parler, de la rassurer mais rien n’y fait et ils craignent de perdre leur chef, leur amie même, à cause de cet évènement tragique.

Maintenant cette lettre qui lui enlève le seul être qui parvenait à lui décrocher quelques sourires, Keegan commence à penser que l’État Major s’acharne sur Louane. Il a tenté lui aussi de parler à leurs supérieurs mais rien n’y fait, un engagement est un engagement et cela même pour un chien. Encore plus quand celui-ci à des résultats aussi impressionnant à son actif, faisant de lui un membre des plus prisé au sein de l’armée.

Keegan a alors demandé que l’équipe reste active, mais le Colonel a exclu cette possibilité aussitôt et cela pour chacun d’entre eux.

Argumentant qu’après un tel évènement, ils avaient besoin de rentrer auprès des leurs, de retourner au pays et de se rétablir pour certains avant de penser à revenir au front. Paroles qui ont fait grogner de désaccord les trois Tyr. Seulement, ils n’ont pas d’autres choix que de suivre les ordres en bons petits soldats qu’ils sont. Autant dire que cette idée ne les réjouit pas le moins du monde, cependant s’ils veulent revenir rapidement, ils vont devoir rentrer.

Pensée qui, Louane le sait, réjouit ses deux amis. Keegan va pouvoir rencontrer sa fille qui est née il y a quelques mois et retrouver sa femme. Mélanie, elle va rentrer rejoindre son fiancé et sa famille. Seule constatation qui parvient à décrocher un sourire des lèvres de la Capitaine.

Pour sa part, sa seule famille, ne la suit pas et son cœur se serre à cette idée car elle redoute que l’on vienne à lui annoncer qu’il a péri lui aussi, à la suite d’une mission.

Dans vingt-quatre heures, ils seront de retour au pays, en France et devront accompagner les corps de leurs amis auprès de leurs dernières demeures. Voilà ce qui hante les pensées de Louane, tout en caressant le pelage de Loki, profitant de ses dernières heures à ses côtés.

 

1 - PDV lOUANE

L’instant que je redoute tant est enfin là, celui de confier Loki à l’un de mes collègues et amis. Par chance, mes supérieurs m’ont permis de pouvoir choisir qui sera le binôme de mon fidèle compagnon. Cela n’a pas aidé mon cœur à calmer sa douleur, mais ça l’apaise un peu car ainsi j’ai là, la possibilité de pouvoir décider de l’avenir de mon poilu. Nous ne sommes que peu d’hommes ou femmes maître-chien, ce qui ne m’a donc laissé que peu de choix face à ce fait.

Cependant ma décision n’a pas été dure à prendre, Corey Alster est un des hommes que je respecte le plus. Ce dernier a perdu son chien, un mois auparavant, à la suite d’un tir de mortier sur leur véhicule et qu’ils n’ont pu anticiper. Le lieutenant avait, tout comme moi avec Loki, une telle alchimie avec Rory, son binôme à quatre pattes, que je suis persuadée que mon gros bébé sera en de bonnes mains avec lui, en attendant mon retour auprès de lui. Je ne vois personne d’autre sur le camp à qui le confier et surtout avec Corey, je sais qu’il sera aimé, ce qui compte beaucoup pour moi.

C’est le cœur lourd, après de nombreuses papouilles et caresses, ainsi que des mots réconfortants, que je m’avance avec Loki. Celui-ci est sans laisse et marche aux pas, suivant les miens sans fausses notes, la queue battante avec fierté. Le voir ainsi m’aide à accomplir ce passage de maître qui me tord les tripes et me donne envie de pleurer. Seulement voilà, je résiste en bon soldat et surtout Capitaine que je suis, afin de ne rien laisser paraitre qui pourrait alors nuire à ma réputation. Même si toutes les personnes présentent se doutent parfaitement de mon état actuel.

Je finis par stopper mes pas lorsque j’arrive face à Corey, un sourire triste sur mes lèvres.

— Salut, Corey !

— Hey, Lou ! Alors, ça y est c’est le départ ? me demande-t-il alors avec sérieux.

— Ouais ! Faut bien y aller un jour, alors je te confie donc mon poilu, Corey ! précisé-je, en lui donnant sa laisse et ses affaires.

— Merci, je prendrais soin de lui, Lou !

— Je le sais et c’est bien pour cela que je te le confie à toi ! Même si l’on ne peut être certain de rien dans notre métier… Cependant, tu es ici celui qui a le plus de considération pour nos bêtes ! Puis, je sais aussi que Rory te manque… Même si ça ne sera pas pareil…

— Effectivement, mais je te remercie de ta confiance ! Cela fait plaisir à entendre et puis cette truffe redoutable mérite de retrouver sa maitresse à la fin de son service, me sourit-il afin de me rassurer au travers de ses paroles.

— Je l’espère bien, oui ! dis-je tout en me baissant vers Loki. Aller mon beau, il est l’heure pour moi de partir et toi de sauver encore beaucoup de monde ! Fais bien attention à ta truffe et tes pattes, mon ami car ce sont les premiers à être en danger, lui rappelé-je, comme je le fais avant chacune de nos missions.

Loki sans se douter réellement de ce qu’il se passe, vient passer un bon coup de langue sur mon visage, ce qui ne manque pas de me surprendre et me faire tomber au sol. Il n’en faut pas plus pour qu’il vienne se placer sur mon torse et continuer son léchage, ce qui vaut les rires de tous et allège ce moment.

Keegan et Mélanie sont là eux aussi, à nos côtés comme toujours. Ils ne voulaient pas me laisser seule dans ce moment dur pour moi en tant que civile et Capitaine. Leurs rires se mêlent à celui des autres et le mien. Je laisse agir Loki tout en le caressant. Puis, après un petit moment, je me relève avec un sourire triste et dépose un baiser sur la truffe de mon chien, avant de poser quelques minutes ma tête contre celle de Loki.

Personne n’interrompt ce moment, nous laissant effectuer nos aurevoirs à notre manière, sans qu’ils ne nous quittent du regard pour autant. Après un petit moment, je m’écarte de Loki avec difficulté, mais le fais tout de même afin de laisser Keegan et Mélanie venir saluer eux aussi mon poilu.

J’ai parfaitement conscience qu’eux aussi sont attachés à ce dernier, ce qui est normal après avoir passé six ans tous ensemble. Des liens se créent forcément, chacun diffère suivant la personne, mais chacun des Tyr a su apprendre à aimer Loki et ce dernier le leur rend bien. Il est même devenu un parfait complice pour les blagues de Keegan et Braxton.

Ainsi qu’un protecteur plus assidu envers les femmes de l’équipe et certains militaires en ont eu une démonstration lorsqu’ils venaient taquiner Maureen et Mélanie. Il manquera à tous, tout comme ses hommes morts au combat lui manqueront.

C’est sur cette pensée que je décide qu’il est temps pour nous de prendre la route jusqu’au tarmac, afin de prendre notre vol et accompagner alors les corps de nos amis.

— Bon les gars, on va devoir y aller si on ne veut pas manquer le C-160 qui nous ramène en France !

— Ouais, car je doute qu’ils nous attendent, s’empresse alors de confirmer Keegan.

Mélanie acquiesce à leurs paroles et tous trois on se rapproche, afin de prendre ensemble le trajet jusqu’à la Jeep qui nous attend.

— On se revoit bientôt mon gros, alors pas de bêtises en attendant, d’accord ! précisé-je, tout en offrant une dernière caresse à Loki.

Je lance un dernier regard d’avertissement à Corey, afin qu’il comprenne que je compte sur lui pour le garder en vie. Ce dernier me sourit en réponse et c’est le cœur lourd que je me détourne de mon compagnon, de mon binôme, sans attendre plus longtemps ou je le sais je ne serais pas capable de le faire. Sans me soucier si mes amis me suivent, j’emprunte le chemin de terre qui relie plusieurs tentes et mène à l’emplacement des véhicules.

C’est ainsi que tous trois, nous grimpons dans la Jeep, moi sur le siège passager et mes amis derrière. Puis, sur mon ordre au conducteur, nous prenons la route vers le tarmac à plus d’une heure de notre camp.

Temps que je prends pour repenser à toutes ses années passées ici, trois ans sans rentrer au pays. Autant dire que cela va me faire bizarre de voir autre chose que du sable, des soldats, des armes et surtout des combats. Pas sûre selon moi que je parvienne à m’y faire facilement, mais je préfère garder mon ressenti pour moi, pour l’instant. Choix que je fais afin de ne pas inquiéter mes deux amis.

Certaine que s’ils viennent à le savoir alors ils vont me surprotéger et être des plus présents pour moi, au détriment de leurs familles et ça, je ne le veux pas. Après avoir passé autant de temps en mission, chacun d’eux mérite de retrouver sa famille et je compte bien faire en sorte que mes deux derniers hommes encore en vie, fassent cela.

Puis, un peu de bonheur après avoir vu autant d’horreur ne pourra que leur être bénéfique, me dis-je alors en jetant un coup d’œil dans le rétroviseur intérieur afin d’apercevoir mes amis. Lorsqu’il s’en aperçoit, Keegan m’offre un clin d’œil et Mélanie un sourire. Gestes que je leur rends avant de me reconcentrer sur la route.

Car même si nous ne sommes plus en service actif, nous portons toujours nos tenues afin d’être opérationnel en cas d’attaque, lors de notre transport à la base aérienne d’Iran. Le treillis est une tenue que j’aime par son côté pratique. Alors, devoir remettre des habits civils, tels que des robes ou autres très peu pour moi. J’ai toujours été un garçon manqué, alors mon orientation militaire n’a surpris personne dans ma famille, ni dans mon entourage. Pensant même qu’il était le plus judicieux choix pour moi, selon certain.

Ma mère en revanche n’était pas vraiment de cet avis et me l’a bien fait savoir, mais comme tous elle a fini par accepter le choix de sa fille. Surtout quand elle a vu la passion avec laquelle j’en parlais. Briser le rêve de son propre enfant ne lui avait alors pas été possible.

C’est perdu dans mes pensées, que je me rends compte que le véhicule se stoppe enfin. Je reviens alors à la situation actuelle et m’aperçois que nous sommes arrivés à destination. Il ne m’en faut pas plus pour que je sorte de la Jeep et rejoigne le Capitaine Clark qui nous attend à l’entrée de la bâtisse principale.

— Mon Capitaine !

— Heureux de vous revoir, Capitaine Rodz ! Malgré les circonstances… Lieutenant Nox et Pierce, les salue-t-il aussi.

— Moi de même mon Capitaine !

Les deux lieutenants rendent leur salut au Capitaine Clark, comme il se doit dans le monde militaire. Tous deux bien droits et au garde à vous.

— Repos soldats ! Bien vous décollez dans dix minutes, le temps d’installer tout le matériel et les cercueils de vos camarades dans la carlingue ! explique aussitôt le Capitaine, afin de nous donner une idée du temps qu’il nous reste, avant de rentrer enfin au pays.

— Bien, Monsieur ! Nous allons donc prendre nos paquetages et nous rendre au C-160, afin de ne pas retarder le vol, précisé-je alors avec sérieux, avant de reprendre. Merci à vous !

— Ne me remerciez pas, c’est normal dans de telles circonstances et je vous souhaite à tous un bon retour au pays ! nous dit-il avant de retourner dans son bureau, sans plus de cérémonie et surtout vu le peu de temps que nous avons.

Le reste des Tyr et moi, ne perdons pas de temps pour attraper nos sacs et nous rendre directement auprès de l’appareil prévu pour notre retour. Ils ne nous faut que peu de temps pour trouver lequel c’est, quand on aperçoit le dernier cercueil, drapé d’un drapeau Français, être embarqué à l’intérieur.

Vu qui me fait perdre le léger sourire présent sur mon visage et plus aucun son ne sort de ma bouche pendant que je monte à bord et m’installe sur l’un des côtés du C-160. Keegan et Mélanie en font de même et tous deux s’harnachent aussi avec précision lorsque l’immense trappe arrière de l’appareil se referme.

Tous deux aperçoivent aussi mon regard bloqué sur les cinq cercueils, celui-ci est dur et mon visage fermé en dit long sur ce qu’il se passe dans mon esprit en cet instant. La culpabilité d’être encore en vie et pas eux. Voilà ce qui ne me quitte plus depuis que cet évènement s’est produit.

Nous sommes tous les trois assis dans cet appareil qui nous ramène chez nous, auprès de nos proches. Enfin ce dernier point est surtout valable pour mes deux amis car dans mon cas ma seule famille c’est eux, ainsi que Loki. Seulement voilà, celui-ci est resté là-bas, au front et sans nous.

Même si je sais qu’il est entre de bonnes mains avec Corey, je ne peux tout de même m’empêcher d’avoir peur pour lui. Après tout lorsque nous sommes en mission, rien ne peut nous garantir un retour, tant chaque jour, voir même chaque heure sont incertains pour nous.

Les attaques et offensives ennemies sont tellement imprévisibles que l’on ne peut donc jamais être serein ou ne pas craindre pour nos vies à chaque instant. Voilà pourquoi, laisser mon plus fidèle ami et compagnon là-bas est aussi difficile pour moi.

Puis, comme si cela n’était pas suffisant, avoir face à moi les cercueils de mes amis et camarades, de mes hommes même, ne m’aide en rien à ne pas penser au pire. Si seulement j’avais pu prévoir cette attaque et ainsi les sauver, quitte à y rester moi-même.

Après tout, cela n’aurait pas changé grand-chose pour moi, contrairement à eux. Tous mes hommes ont une famille, que ce soit un parent, un enfant ou bien un époux, tout comme un fiancé qui les attend à chaque retour. Ce que je n’ai pas, alors donner ma vie contre la leur n’aurait pas été aussi dure d’une certaine façon.

Je sais que mes deux amis assis à côté de moi ne pensent pas ainsi et s’ils viennent à entendre mes pensées, n’hésiteront pas à me rappeler à l’ordre aussitôt. Ses derniers affirmeraient alors que l’on n’est une famille et que par conséquent je leur manquerais. Paroles déjà prononcées par Keegan, lorsque nous sommes revenus de mission, après m’avoir entendu évoquer cette possibilité.

Ce qui d’ailleurs ne lui a pas du tout plus et son sermon résonne encore dans mon cerveau à l’heure actuelle. Bien que cela n’enlève en rien mon idée sur ce point-là, car même s’ils seront tous deux à mes côtés, c’est à moi que revient le devoir d’annoncer aux familles de nos défunts amis, qu’ils sont morts au combat.

Ce ne sera pas une première pour moi, l’ayant déjà fait il y a de cela quelques années. Malgré tout cela n’enlève en rien la difficulté de ce moment. Voir des parents, des enfants ou des époux pleurer, demander à dieu pourquoi cela leur arrive à eux, est de loin le moment que j’exècre le plus dans mon métier, car moi je suis en vie et pas eux.

Pendant les cinq heures et demie de vol que dure notre voyage, je reste le regard bloqué sur les cinq cercueils face à nous et laisse mon esprit se souvenir de nombreux moments que nous avons passés entre nous lors de nos repos ou permissions. Ce qui n’était pas très souvent mais lorsque c’était le cas, autant dire que l’on n’hésitait pas à se détendre avec quelques bonnes bouteilles que parvenait toujours à nous dégotter Braxton.

J’ai eu beau lui demander comme il les obtenait, il n’a jamais voulu m’en dire plus, du moins rien de plus que : « T’inquiète j’ai mes sources ». Autant dire que cela ne m’aidait pas beaucoup, mais je n’ai jamais vraiment cherché plus loin.

Après tout j’avais tout de même connaissance d’où il venait et avec qui il trainait avant de nous rejoindre il y a de cela six ans. Lorsqu’il m’en a fait part, j’avais été assez surprise de ce fait car pour une raison que j’ignore je ne l’aurais pas vu dans un club, mais plus dans un gang avec tous ses tatouages. Comme quoi il ne faut pas toujours se fier à la première impression et au préjugé que nous avons.

Braxton adorait nous parler des siens, de ce qu’ils faisaient, enfin pas non plus tout car comme il aimait à nous le dire, les affaires d’un Chapitre reste entre les membres. J’ai aussi appris qu’il avait un frère et une sœur, le premier plus âgé que lui de deux ans et la deuxième plus jeune de cinq ans. Mon ami n’avait aussi pas manqué de nous les faire voir en photo, tant il était fier de sa fratrie, ce qui m’a toujours fait sourire, vivant un peu sa joie au travers de lui. Voir même d’eux tous, d’ailleurs.

Je reviens au moment présent, lorsque la voix d’un des militaires nous avertit que nous allons atterrir. Alors on se replace tous comme il faut et je ne manque pas de jeter un coup d’œil à mes deux amis, afin de voir si tout va bien pour eux et leurs sourires me rassurent aussitôt. Quelques secousses plus tard et un atterrissage sans problème, l’immense trappe de la soute arrière du C-160 s’ouvre enfin et nous éclaire rapidement grâce au soleil qui semble briller sur la France aujourd’hui.

C’est comme si celui-ci nous souhaitait un bon retour au pays, pensais-je alors tout en détachant mes ceintures et me levant. Je ne perds pas plus de temps et sort de l’appareil, afin de respirer un bon bol d’air frais. Même si je ne m’éloigne pas de l’engin, afin de superviser le déplacement des corps de mes amis dans les différents Van mortuaires qui attendent face à nous, dans une ligne parfaite.

Les voir là, ainsi devant nous, me cause de nombreux frissons que je tente de réprimer de mon mieux, tout en gardant une allure de circonstance et surtout digne de mon rang de Capitaine. Bien que je doute que quiconque m’en veuille si je montre un brin de faiblesse, mais ce n’est pas moi, non je n’ai jamais faibli et pour eux, pour mes amis je leur dois au moins cela.

C’est donc forte de cette pensée que je m’avance vers l’un des Commandant de la base militaire de Reims ou nous avons atterri.

— Mon Commandant ! lui dis-je alors tout en le saluant comme il se doit.

— Capitaine Rodz, bon retour au pays ! Même si les circonstances ne sont pas des plus réjouissantes, me répond-il alors en jetant un regard sur ses hommes descendant les cercueils, un à un, tout en traversant une allée de soldats aux gardes à vous.

Ma gorge se serre encore plus en voyant cela et j’ai de plus en plus de mal à garder un visage impassible. Ce que doit certainement apercevoir le Commandant puisqu’il me précise qu’ils prendront bien soin de mes hommes en attendant l’enterrement qui aura lieu dans deux jours. Je le remercie aussitôt et m’excuse auprès de lui, avant de partir rejoindre Keegan et Mélanie qui m’attendent non loin avec nos paquetages.

Quand j’arrive à leur hauteur, je ramasse mon sac et après un dernier regard sur les véhicules présents, on prend la route vers la sortie où l’on est attendu apparemment.

— Alors hâte de retrouver vos familles ? leur demandé-je avec un sourire.

— Oh que oui ! Un an sans voir mon fiancé, c’est bien trop long ! s’empresse dire Mélanie, ce qui nous fait rire, Keegan et moi.

— Oula ça sent la nuit blanche ça, la taquiné-je alors.

— Tu ne crois pas si bien dire ! Faut rattraper toute cette année, sourit-elle à son tour. Surtout que l’on ne sait pas vraiment pour combien de temps nous serons ici, reprend-elle ensuite avec sérieux cette fois-ci.

— C’est vrai ! Alors profitez-en à fond tous les deux, d’accord ? Encore plus toi, Keegan avec ta petite princesse qui t’attend, lui dis-je avec une grande joie pour lui.

— J’y compte bien, Miss ! Puis, elle va aussi être très heureuse de voir et apprendre à connaître sa marraine, hein ! répond alors mon ami avec un clin d’œil amusé.

— Tout comme je le suis de la voir ! Et surtout pour lui apprendre comment rendre fou son papa, le taquiné-je rapidement.

— Tu n’oserais pas ?

— Vraiment ? Tu lui poses cette question après toutes les farces dont elle a été complice pendant nos perms ?

— Pas besoin de me le rappeler, Mel… J’ai encore un mauvais souvenir de la dernière en date, grogne-t-il alors.

— Oh aller ! Avoue qu’elle était drôle notre blague quand même, dis-je avec un regard de chien battu afin de l’amadouer.

— Pas la peine de faire cette tête, Lou ! Et non, elle ne l’était pas ! Ce n’est pas toi qui as dû te promener dans tout le camp avec la moitié de la barbe en moins, afin de trouver une tondeuse qui fonctionne car vous n’avez rien trouvé de mieux que de décharger la mienne !

L’entendre relater cet évènement nous fait repartir Mel et moi dans un fou rire, tant je revois parfaitement la tête de notre ami ce jour-là. Blague élaborer par Brad et moi, car le concerné ne voulait pas se raser comme l’exige le règlement. Il me fallait donc agir et Brad avait eu cette bonne idée afin de l’obliger à le faire, tout en nous amusant un peu à ses dépens.

Encore aujourd’hui, les hommes de notre camp en parlent toujours et chacun avait ensuite fait en sorte d’avoir une tenue parfaite, tout comme un rasage de très près afin d’éviter le même souci que Keegan.

C’est toujours accompagné de notre fou rire que l’on rejoint le parking où j’aperçois les familles de mes amis. Souhaitant les laisser tranquilles lors de leurs retrouvailles, je leur précise que l’on se verra plus tard. Tous deux acquiescent et Keegan me précise qu’une place à leur table m’attend ce soir pour le repas. Il fait la même proposition à Mélanie qui accepte avec plaisir, alors j’en fais de même avant de les serrer dans mes bras et de les laisser partir.

Je rejoins ensuite mon véhicule fétiche, une belle Harley noire mâte, avec les jantes chromées. Je passe rapidement ma main sur la carrosserie, ainsi que sur la selle avant de venir m’y asseoir et de la démarrer. Un souffle de satisfaction s’échappe d’entre mes lèvres, heureuse de retrouver ce petit bijou et de voir que rien ne lui est arrivé pendant mon absence.

Sans attendre plus, je place mon sac sur mon dos, enfile mon casque et sors de mon emplacement afin de prendre la route. Lorsque je passe non loin de mes amis, qui se tournent en entendant le bruit caractéristique de ma moto, je leur offre un salut militaire, auquel ils répondent. Puis, je m’engage sur la route pour rejoindre la base militaire, enfin la partie résidentielle de celle-ci, afin de retrouver ma maison de fonction.

 

2 - pdv Cayden

Une semaine que je n’ai pas de nouvelle de mon frangin et je commence déjà à me faire mille scénarios dans ma tête car ce n’était encore jamais arrivé. Du moins, pas sans une bonne raison qu’il nous donnait avant que cela n’arrive afin de ne pas nous inquiéter, Sarah et moi. Notre sœur, depuis qu’il nous a annoncé vouloir entrer dans l’armée de terre, n’a pas cessé de s’inquiéter. Je peux vous assurer que cela n’a rien d’amusant ni de reposant. Encore moins depuis cette dernière semaine où il n’a daigné nous donner aucune nouvelle.

Il a intérêt d’avoir une bonne raison, car je n’ai pas supporté les crises de panique, pour ne pas dire d’hystérie de notre sœur pour rien. Sinon je le tue moi-même, ce qui pourrait finir par arriver si Sarah ne se calme pas et que Braxton ne nous appelle pas.

J’ai dû partir depuis deux jours pour une livraison d’armes pour le Chapitre et cela aura au moins permis à mon esprit de se concentrer sur autre chose que la désertion téléphonique de mon enfoiré de frangin. La mission comme souvent s’est déroulé sans accro, notre fournisseur un petit trafiquant local n’a posé aucun souci et c’est une bonne chose.

Vu mon humeur actuelle, cela n’aurait donné rien de bon. Hormis un carnage car je dois avouer que cela aiderait grandement mes nerfs à s’apaiser mais je ne peux décemment nous foutre, le MC et moi, dans la merde. Carl reste malgré tout assez utile, alors le buter reviendrait à nous tirer une balle dans le pied. Voilà pourquoi, tant qu’il ne causera pas de problème, il restera en vie.

Dès que la cargaison est payée et fourguée dans le coffre de Dean, l’un des lieutenants qui m’accompagne, on ne s’attarde pas et prenons la route pour rentrer. J’espère que ma sœur me dira qu’enfin cet enfoiré à appelé et a surtout offert une excuse valable pour son omission ou oublie de dimanche soir.

Être sur ma moto, rouler à vive allure, voilà exactement ce qu’il me faut et qui apaise les tensions dans mes muscles. Cette sensation a un effet apaisant sur mon corps et ce, depuis que j’ai l’âge d’enfourcher un tel engin. Ce qui déjà petit me faisait baver d’envie. J’adorais les balades que mon père m’emmenait faire avec lui, c’est d’ailleurs très certainement ce qui me vaut cette passion.

Tout comme ma position au sein des Red Eagles, d’ailleurs. Comme chaque homme ici présent, j’ai gagné ma place. Je suis passé de prospect, moment où les anciens ne se sont pas privés de m’en faire baver et même si l’envie ne me manquait pas de les envoyer se faire foutre, je ne l’ai pas fait. J’ai préféré mettre ma rage dans les tâches qu’ils me donnaient et assez étonnamment mon attitude a fini par payer quand le Prez est venu me voir pour m’avertir de mon changement de grade.

Me voici devenu depuis ce jour, Sergent d’armes. Choix qu’il a vu judicieux étant donné que son ancien était mon père et que ce dernier m’a formé dans ce but, sans que je ne m’en rende vraiment compte.

Cela nous prend presque la journée pour rentrer au Club et ce n’est que lorsque la nuit c’est bien installé que nous entrons Miles et moi dans l’enceinte du Club. On traverse la grande salle où nombreux membres s’y trouvent et discutent entre eux, ou bien s’affrontent autour de parties de billard ou fléchettes.

L‘alcool coulent à flots et voir l’état de certains me décoche un sourire en coin à l’idée de la gueule de bois qu’ils vont avoir et que je me ferais un plaisir d’amplifier, comme le connard que je suis et j’adore l’être. Ils le savent tous et pourtant aucun d’entre eux n’osent réellement me stopper.

Dean et un autre prospect, sont partis mettre les deux caisses d’armes dans la remise prévue à cet effet, pendant que nous allons faire notre rapport à Peter, le Prez et meilleur ami de mon paternel.

La porte du bureau étant ouverte alors on entre sans attendre et avançons jusqu’au bureau où le maitre des lieux se trouve, en pleine paperasse apparemment et vu sa tête cela ne doit pas vraiment le ravir.

— Hey, Prez ! lui dis-je alors afin qu’il lève ses yeux de son occupation.

Je ne manque pas son sourire en coin quand il nous voit, là, face à lui et vu nos têtes il n’a pas de mal à comprendre que tout s’est bien passé. Même s’il n’en doutait pas, mais on ne peut jamais en être vraiment certain dans notre milieu. Après tout, un imprévu est vite arrivé et cela n’est jamais bon quand c’est le cas.

— Cayden, tu es en avance ! Je ne vous attendais pas avant demain, nous dit-il alors, tout en s’adossant contre son fauteuil et sans nous lâcher du regard.

— Ouais, mais la cargaison était prête et j’ai d’autres choses à gérer après, donc je me suis dit qu’un jour d’avance ne serait pas de trop ! précisé-je alors avec assurance.

— Effectivement, bonne initiative de ta part, comme souvent, d’ailleurs ! Toujours aucune nouvelle de ton frangin ? me demande-t-il alors en voyant mon humeur changer et redevenir merdique.

— Non ! Enfin moi je n’en ai pas eu, je vais voir avec Sarah si jamais il l'a appelé car mon tel était éteint !

Peter acquiesce en entendant mon explication et grimace, signe qu’il sait quelque chose que je ne sais pas, ce qui me fait tiquer tout de suite et serrer les poings. Lorsqu’il voit cela, il reprend alors la parole.

— Ta sœur n’a eu aucune nouvelle non plus, elle est venue m’en parler tout à l’heure et son moral est encore pire le tien ! m’explique-t-il alors avec sérieux.

— Putain, j’ai un mauvais pressentiment, Prez, grogné-je alors.

— Il est peut-être simplement dans un lieu où ils ne peuvent, lui et son équipe, vous joindre ! Cela arrive souvent dans le pays où ils se trouvent, tu sais ! tente-t-il alors de me calmer.

— Non… Il aurait anticipé ! C’est ce qu’il fait à chaque fois et c’est un code que l’on a mis en place entre nous ! Afin de tous nous rassurer et là, je ne le sens pas… Mais, alors pas du tout même !

— OK, je vais essayer de voir avec quelques contactes que j’ai dans ce milieu s’ils savent ou ont entendu quelques choses et dès que j’ai de leurs nouvelles je vous tiendrais au courant, Cayden !

— Merci, Prez !

— Tu n’as pas à me remercier, ton père était mon meilleur ami alors cela fait de vous un peu mes neveux et nièce, me dit-il alors avec sérieux et une pointe de compassion dans le regard.

C’est sur ces derniers mots, que l’on sort avec Miles du bureau, afin d’aller retrouver les nôtres et pouvoir enfin décompresser un peu. Mon pote ne perd pas de temps et part rejoindre un groupe de brebis dans un des coins du Club. Constat qui me fait sourire, car ce dernier est comme géré par sa queue et ne peut se passer de baiser une des brebis dès qu’il en a le temps.

Pour ma part, un bon verre fera l’affaire pour ce soir. Je me dirige donc vers le bar et sans attendre que je lui passe commande, Cox me sert un verre de Whisky de trente ans d’âge, mon préféré. Je le remercie d’un hochement de tête et m’empresse d’avaler la première gorgée de ce breuvage aux effets apaisants. Je ne peux m’empêcher de fermer les yeux, afin d’apprécier encore plus la sensation que me procure la descente du liquide dans ma gorge. Ayant vraiment besoin de celui-ci après cette journée éreintante.

Mais sans que je m’y attende la voix de ma chère sœur se fait entendre à mes côtés et je manque de m’étouffer tant elle me prend par surprise, ce qui fait bien-sûr rire Cox.

— Ta gueule, Mec ! dis-je à ce dernier, tout en lui offrant un regard noir qui le fait rire encore plus.

— Hey, oh, tu m’as entendu ? reprend Sarah lorsqu’elle s’aperçoit que je ne la calcule pas.

— Ouais parfaitement alors pas besoin de gueuler veux-tu !

— Oh ça va, hein ! Puis, si tu me répondais alors je n’aurais pas à venir ici, assister à des scènes de débauches et te faire chier ! m’engueule-t-elle alors aussitôt.

L’entendre me parler ainsi me fait alors grimacer, car bien que je l’aime et donnerai ma vie pour elle, je n’apprécie guère que l’on me parle ainsi. Ce que je compte bien lui faire comprendre de nouveau.

— Alors déjà tu baisses d’un ton, car sœur ou pas je risque de m’énerver rapidement et ensuite mon tel était éteint, car j’étais en mission !

— Et ? demande-t-elle alors, comme si ce que je viens de lui dire n’est pas une raison valable.

— Tu es sérieuse, Sarah ! En mission, je n’ai pas le temps de jouer les grands frères et tu le sais très bien ! Ce ne sont pas des parties de plaisir que l’on effectue ! grogné-je à son intention.

— OK, mais tu n’as pas répondu à ma question, Cay !

— Tu me fais chier, tu le sais ça ! lui dis-je, même si un léger sourire fini par apparaitre sur mes lèvres en prononçant ses mots, avant qu’il ne disparaisse quand je reprends. Non, je n’ai eu aucune nouvelle de Braxton et ça ne me plaît pas trop, si tu veux savoir !

— Toi aussi tu sens que quelques ne va pas, alors, me dit-elle avec émotion et une pointe de peur, que je peux parfaitement entendre dans sa voix.

Je la prends alors dans les bras et la cale contre mon torse, ma tête sur la sienne, afin de la rassurer au mieux, mais ce n’est vraiment pas chose facile quand moi-même je crains le pire.

— Peter va se renseigner auprès de ses indics et nous dira ce qu’il a ! Je suis certain que ce n’est rien, petite sœur…

— Bien tenté, grand frère mais même toi tu n’arrives pas à être convainquant, me précise-t-elle alors avec tristesse.

Je ne lui réponds rien. Après tout, quoi dire de plus et les fausses promesses très peu pour moi. Je préfère de loin la franchise et c’est un trait de famille que nous avons hérité tous les trois de nos parents. On reste ainsi, encore un petit moment avant que l’on ne rentre chez nous, dans la maison familiale où nous résidons encore tous.

3 - pdv Louane

Rentrer chez moi, dans cette petite maison au sein de la résidence militaire, est contre toute attente pas si mal. Malgré tout, je n’ai pas pu dormir plus que d’habitude, bien trop habituée à me lever aux aurores et je ne m’en plains pas à vrai dire car cela me permet de pouvoir profiter encore plus de ma journée. Ce que j’ai fait, et ce en allant pratiquer un bon footing matinal, afin de ne pas perdre en capacités motrices, même s’il n’a pas été aussi rapide que dans mes habitudes. Reste de cette attaque et des blessures qu’elle a occasionné en moi, mais aussi auprès de mon équipe.

Une énorme entaille faite par un morceau de bombe se trouve sur ma cuisse. De nombreux points la referment et laisseront certainement une belle cicatrice, ce dont je ne me soucie guère car dans mon métier c’est à prévoir, malheureusement. Je m’y étais préparé, puis mon physique n’a jamais vraiment été une chose dont je me soucis réellement. Quelques autres cicatrices se trouvent elles aussi sur mon corps et prouvent la dangerosité de ce métier. Chaque journée n’est jamais la même, ni ne nous assure que nous serons encore là le soir même ou le lendemain.

Selon le Doc du camp où nous étions stationnés, je devrais rester au repos et ne pas forcer sur ma blessure afin qu’elle se referme rapidement. Seulement si je fais ce qu’il me dit, alors je risque de devenir dépressive et cela ne donnerait rien de bon. Courir me permet de vider mon esprit, de ne penser à rien d’autre que ma respiration afin qu’elle reste régulière et d’admirer le paysage qui s’offre à moi. Surtout lorsque le paysage en vaut le détour, suivant les lieux que je choisis.

Depuis petite, je ne sais pas rester en place. Être assise calmement dans un endroit m’est difficile et a souvent été cause de souci pour mes parents ou professeurs. Mais, c’est aussi ce qui fait qui je suis et la femme que je suis devenue, une militaire de carrière et surtout accomplie.

Ce matin, je n’ai pas été bien loin, restant sur la base et parcourant les longues allées résidentielles. Ce qui m’a donc permis de revoir quelques têtes connues et de les saluer, comme à chaque fois. Toutefois, je n’ai pas trop forcé, ma blessure se rappelant à moi et puis, une longue journée m’attend. Je me dois alors d’être au mieux de ma forme pour celle-ci. Elle ne sera pas la plus réjouissante de ma carrière et cela ne le sera d’ailleurs jamais. Rien que d’y penser me donne envie de vomir.

Une fois douchée et habillée de ma tenue d’apparat, je jette un coup d’œil à mon reflet dans le miroir et grimace, peu ravie de ce que j’y vois, mais surtout de ce que cela signifie aujourd’hui.

Après avoir pris un bon souffle pour me donner du courage, je m’apprête à sortir lorsque j’entends un coup être donné sur ma porte. Je n’attends personne et encore moins à six heures trente du matin. C’est donc avec un froncement de sourcils que je pars ouvrir et qu’elle n’est pas ma surprise lorsque je les vois.

— Mais que faites-vous là ?

— Bonjour à toi aussi, Lou ! me répond avec amusement Keegan.

— Ouais, bonjour ! Pardon, grimacé-je alors en réponse, tout en les regardant tour à tour. Vous devriez être avec vos familles tous les deux !

— C’est ce que l’on fait ! Tu es notre famille, Miss, même si tu sembles l’oublier parfois, me taquine alors mon ami.

— Tu ne croyais tout de même pas que l’on allait te laisser faire cela seule ? demande ensuite Mel avec sérieux.

— Eh bien si, à vrai dire ! Puis, ça fait partie du rôle de Capitaine et je le dois à mes hommes…

— Tous comme nous devons à nos amis de ne pas les abandonner, ni toi dans cette épreuve et d’être donc présent pour soutenir leurs familles ! Ainsi que toi ! me coupe alors Keegan avec ferveur.

Je reste sans voix mais surtout touchée de les voir ici. Une part de moi s’y attendait, même si je ne le montre pas et je ne peux qu’être encore plus fière de mes hommes en cet instant. Notre équipe est ce qu’elle est grâce à la cohésion qui la caractérise et surtout l’amitié qui nous lie tous.

— Bien, alors allons-y ! Nous devons seulement aller dans deux familles… Celle de Maureen et celle de Braxton ! Les trois autres résidant trop loin, ont été avertie par le colonel de la base la plus proche, tout en leur remettant une lettre en mon nom, leur précisé-je, tout en sortant de chez moi.

Puis, nous prenons le chemin jusqu’à la voiture de fonction et surtout de circonstance, prêter par le corps militaire. Une berline noire, dont le chauffeur nous attend au bout de mon allée.

Lorsque l’on monte dans le véhicule, le silence prend place et l’angoisse en moi ne se fait pas prier pour apparaître, rendant mes mains moites. Je les frotte alors discrètement sur mon uniforme, sans le froisser pour autant, afin d’être parfaite devant les familles.

Mes deux amis, assis à l’arrière, ont eux aussi mis leurs tenues de circonstances et cela rend la situation encore plus sérieuse et difficile. Il ne faut que trente minutes pour nous rendre à la première adresse, Celle de Maureen. Mon regard se perd alors sur le paysage environnant et je m’aperçois qu’elle ne nous avait pas menti en nous disant qu’elle vivait presque dans les bois. Constatation qui me fait légèrement sourire car vivre ici doit-être tellement agréable.

— C’était presque Robin des bois au féminin, Maureen ! Je comprends mieux pourquoi, elle avait autant de mal avec le sable, précise alors Keegan avec un léger amusement, ce qui fait du bien avant ce qui nous attend.

Quand notre chauffeur stoppe enfin le véhicule, devant un immense chalet en bois, je ne prends pas le temps de réfléchir et sors, afin de me diriger dans le coffre et y prendre les papiers de circonstances ; les condoléances et remerciements de l’armée, ainsi que les affaires de celle-ci. Les honneurs lui seront rendus comme il se doit le lendemain, lors de la cérémonie militaire.

Lorsque je grimpe les marches, je me compose un visage neutre, celui de la Capitaine en mission et ce, afin de ne pas flancher. Autant dire que cela ne s’annonce pas gagner mais pour mon amie, je me dois d’être là, de venir moi-même annoncer à cette mère de famille que sa fille ne rentrera plus chez elle. Qu’elle ne la serrera plus dans ses bras. De quoi rendre le moment encore plus dur en cet instant et me retourner les tripes, tant je ne peux qu’imaginer la douleur que cette femme va ressentir à mon annonce.

Voilà aussi pourquoi, je ne souhaite nouer aucune attache avec qui que ce soit, seuls mes amis et membres de mon équipe me suffisent. Peut-être changerais-je d’avis, une fois mes services remercier mais pas avant, pas avec un risque que ma mort cause du mal auprès de quelqu’un. Encore pire en ayant un enfant, pense-t-elle alors en regardant rapidement Keegan, qui est père depuis peu.

Une fois devant la porte d’entrée face à nous, je regarde Keegan et Mélanie et tous deux m’offrent un signe de tête en soutien. Il ne m’en faut pas plus pour frapper deux coups sur le panneau de bois et attendre que l’on nous ouvre. Moins d’une minute passe avant que la porte ne s’ouvre sur une femme d’une cinquantaine d’années, un sourire aux lèvres.

Celui-ci se fane aussitôt lorsqu’elle nous voit, mais surtout après avoir examiné nos tenues. Ses yeux s’embuent sans même attendre que je ne prononce le moindre mot, me valant de perdre une partie de mon sang-froid face à la détresse de cette mère.

— Non… Pas ma fille… nous laisse-t-elle entendre entre deux sanglots.

Aucune chance que je reste de marbre une minute de plus. Au diable le protocole et encore plus devant cette femme que j’ai rencontrée à plusieurs reprises. Je m’avance d’un pas et elle se jette dans mes bras que je referme sur son corps tremblant. Je n’ai donc pas besoin de me présenter comme l’exige normalement le protocole en de telles circonstances.

— Je suis désolée, madame Peters… Votre fille est morte au combat et en héroïne, vous pouvez être fière d’elle, lui dis-je alors afin de tenter de la consoler au mieux.

— Merci… Merci de me dire cela… répond aussitôt cette femme qui parvient à se reprendre et me faire face, les yeux rougis.

— Vous n’avez pas à me remercier, votre fille était mon amie, bien plus que l’un de mes hommes ! C’est donc pour cela que je me devais de venir vous le dire en personne et surtout vous rapporter ses affaires, qui je le sais, elle voulait que vous les ayez… précisé-je ensuite, en lui tendant le paquetage de mon amie qui contient tous ses effets personnels, ainsi que la fameuse lettre.

Madame Peters, prends le tout et serre le sac contre son corps, toujours secoué par ses sanglots. Je l’avertis ensuite que la cérémonie militaire et l’enterrement auront lieu le lendemain. Non sans omettre que, bien sûr, l’état s’occupe de tout comme l’ont précisé les hommes et femmes avant de partir. C’est-à-dire pour Maureen, reposer auprès de ses frères d’armes dans le cimetière militaire.

Souhait que nous avons tous fait, afin d’être tous ensemble, même dans la mort. Ce qui prouve encore plus à quel point nous étions tous liés. Lorsque les explications sont finies et qu’elle me confirme sa présence le lendemain, nous la saluons et lui précisons que nous devons y aller. Elle me remercie encore une fois avant de rentrer chez elle, le cœur lourd. Tout comme le mien et ce n’est que la première partie pour moi.

Quand Keegan s’aperçoit de mon état mental, peu réjouissant, il vient me serrer dans ses bras afin de me réconforter. Celui-ci n’hésite pas à me dire que j’ai très bien agi et que l’on s’en fout des protocoles, ce qui a le don de me faire sourire.

— Ouais, ce n’est pas toi qui risques les réprimandes, c’est pour ça que tu dis cela ! m’empressais-je alors de lui dire, tout en reprenant mes esprits et m’avançant vers la voiture.

— Même si ce que tu dis a une pointe de vrai, sourit-il. Il n’en reste pas moins que ses familles te connaissent, tout comme tu les connais ! En six ans que l’on travaille tous ensemble, c’est même logique ! Donc rester impassible n’est pas une chose envisageable et même si tu veux te la jouer gros dur, tu n’es pas ainsi, finit-il par m’avouer.

Pas de doute, mes amis mes connaissent très bien, preuve en est maintenant et cela me fait chaud au cœur je dois avouer.

— Merci de briser ainsi mon image, Keegan ! grogné-je juste pour le fun, lorsque je monte enfin dans le véhicule et que mes amis en font de même.

Plus un mot de plus ne se fait entendre et le silence reprend ses droits dans l’habitacle. Le chauffeur nous conduit maintenant dans un village de Picardie, à plus d’une heure et du nom de Viels-Maisons. Là où réside la famille de Braxton, plus précisément son frère aîné et sa sœur cadette, comme il nous l’a si souvent précisé.

Nombreuses sont les fois où il parlait d’eux, mais aussi de ses autres frères, ceux du MC auquel il appartient. Contrairement aux autres membres de mon équipe, je n’ai jamais rencontré quiconque de la famille, ou même des amis de Braxton. Non que l’un ou l’autre ne le voulions, mais vu leurs activités peut recommandables et surtout en contradiction avec l’armée, il préférait ne pas que l’on se retrouve en porte à faux. Je n’ai jamais été contre son choix, après tout cela lui convenait ainsi, alors il en était de même pour moi. Ce qu’il ne savait pas c’est que ce n’était pas une première pour moi de rencontrer de tels hommes, mais je ne lui en ai jamais fait part.

Par chance, afin de m’aider à trouver les concernés, Braxton nous avait montré nombreuses photos d’eux, ce qui va donc être plus simple pour nous de les trouver. Fait qui s’avère encore plus vrai quand lorsque l’on se gare sur l’immense place du village, une dizaine de motos sont présentent. Ainsi que quelques Bikers, contre l’un des murs du Club, discutant entre eux. Toutefois, leur attention se porte sur nous, lorsque je descends du véhicule et me tourne vers Keegan qui a abaissé sa fenêtre.

— Putain, ça craint là ! Tu es certaine de vouloir y aller ? Ses gars ne m’ont pas l’air très accueillant, si tu veux mon avis, s’empresse-t-il alors de me dire avec une méfiance évidente face à ses hommes.

— On s’en doutait bien, Keegan ! Braxton nous avait avertis sur la personne qu’il était ! Puis, j’en ai maté des biens plus coriaces, ce n’est pas une bande de gros bras en cuir qui va me faire peur, lui dis-je avec un sourire que je veux rassurant.

Lorsque je lui fais part de cela, je ne mens pas, aucune peur vis-à-vis de ses hommes. Seule la douleur de l’annonce que je m’apprête à faire à cette famille ne me quitte pas. Une fois le sac en main, je reviens vers mes amis et leur précise de m’attendre là, car voir trois militaires débarquer en force, risqueraient de braquer ses hommes et rendre la situation encore plus difficile.

Une fois cette précision de fait, je reprends constance et m’avance avec droiture et sérieux, le regard rivé sur la porte vitrée qui me fait face. Je l’ouvre et l’odeur d’alcool, de sexe et de musc vient aussitôt m’agresser les narines. Par chance, avoir été au front et sentir des odeurs bien pire lors de déminages ou autres missions m’aide à ne pas me laisser assaillir par les odeurs et grimacer. Ce qui à coup sûr m’enlèvera toute crédibilité auprès de ses hommes, fait que je dois bien évidemment éviter.

C’est donc avec une démarche assurée que je me dirige vers l’homme au bar, afin de savoir où sont les frères et sœurs Cooper. Je ne manque pas les regards peu ravis ou surpris de me voir ici, surtout en cette tenue, mais je n’en tiens pas cas. Afin de leur offrir aucune possibilité de venir me faire chier. Non que j’aie peur, loin de là même, simplement je n’ai pas envie de me battre, pas aujourd’hui.

 

4 - pdv cayden

La soirée de la veille a été rude et bien remplie, ce qui me vaut un réveil peu aimable et encore moins sans avoir bu au moins un litre de caféine. Ouais, un de mes plus grand penchant et défaut, l’abus de caféine. Seulement sans elle, je suis encore plus irritable et en fais baver deux fois plus les prospects, ainsi que mes frères. La seule qui parvient à y échapper est ma chère frangine et elle le fait d’une main de maître d’ailleurs.

Sarah est la seule à me remettre en place et surtout sans craindre que je lui fracasse le crâne. Ce que je n’hésiterai d’ailleurs pas à faire avec les membres du Club, si l’un d’eux vient à me faire chier.

Voilà comment se passe une bonne partie de la matinée, moi le cul assis sur un des fauteuils en cuir du club, une bonne tasse de café en main. Cela doit certainement être la quatrième, si je ne me trompe pas. J’en profite pour faire un tour d’horizon et quelques gars sont déjà là, une bière à la main pour certain, pour d’autre une boisson plus forte.

Je repère aussi ma frangine en pleine discussion avec Cox, un sourire aux lèvres, certainement amusée par les conneries qu’il peut lui sortir. Ce mec est doué pour raconter de la merde, mais tourner cela de telle manière que l’on ne peut qu’en rire. Autant vous dire que depuis qu’il a compris cela, il ne s’arrête plus.

Fort heureusement pour les gars et moi, il sait aussi quand il doit la fermer et ne pas l’ouvrir inutilement. Mon inspection se stoppe quand j’aperçois au travers de la porte du Club, une voiture noire se garer sur l’immense parking qu’offre la place où l’on se trouve. Celle-ci dénote aussitôt avec les dizaines de Harley garées devant et cela attire tout de suite mon attention. La méfiance prend alors rapidement place en moi, n’appréciant pas les arrivées dont je ne suis pas prévenue à l’avance. Ces dernières n’annoncent rien de bon selon moi.

Ce véhicule parvient à me causer un sentiment de malaise, ce qui en général est mauvais signe alors je ne quitte pas cette bagnole des yeux. Lorsque la portière s’ouvre enfin et qu’un uniforme se matérialise devant mes yeux, mon souffle se coupe. La forme du corps qui le porte m’indique alors que c’est une femme et une boule prend place dans ma gorge. Je redoute ce que mon esprit essaie de me dire et me faire comprendre.

Mes mains se resserrent autour de ma tasse et mon esprit fait aussitôt défiler des images de mon frangin, pas les meilleurs et encore moins dans une position rassurante. Sarah remarque mon état et dirige son regard sur ce qui cause mon état. Elle ne perd pas de temps et vient s’assoir à mes côtés, espérant comme à chaque fois que je la rassure. Seulement là, j’en suis parfaitement incapable.

Mon regard ne lâche pas cette femme et la voit parler à des personnes au travers de la vitre arrière ouverte. Puis, elle attrape un sac, non un paquetage plus précisément et s’avance avec assurance. Voir ce détail me troue le bide encore plus, car elle est en mode militaire et non civil. Ce qui selon moi n’est pas bon signe.

Je la vois entrer sans sourciller et faire abstraction du milieu dans lequel elle vient d’entrer et je ne peux alors nier qu’elle a des couilles. En même temps, dans son métier cela vaut mieux car ils sont bien trop souvent confrontés à des visions d’horreur, alors ne pas y résister ce résumerait à être renvoyer à la vie civile sur-le-champ.

Plus, elle avance et plus son visage me paraît familier, enfin il me semble l’avoir déjà vu, mais je ne me souviens plus où. Le fait qu’elle n’ait pas non plus regardé dans ma direction, ne me permet pas de l’apercevoir plus en détail. Bien que mes yeux ne manquent pas de reluquer son corps et Bon Dieu, elle est à damner et des plus bandante. Encore plus dans cet uniforme qui la rend encore plus inaccessible, mais aussi qui donne envie de braver l’interdit rien que pour avoir le plaisir qu’elle nous arrête.

Lorsqu’elle s’adresse à Cox, un sentiment s’insinue en moi et je n’aime pas du tout celui-ci. Puis, rapidement il nous montre d’un mouvement de tête et je peux lire sur les lèvres de la femme un merci, avant qu’elle ne s’avance vers ma sœur et moi.

Sarah d’ailleurs, en la voyant approcher, me broie la main de peur et heureusement pour mon membre qu’elle n’a pas la même force que mes frères où j’aurais pu avoir un problème pour tenir une arme pendant quelques jours.

— Bonjour, vous êtes Cayden et Sarah Cooper ? nous demande-t-elle en ancrant enfin son regard au mien.

— Oui, c’est nous ! répond alors ma frangine avec inquiétude.

La femme face à nous hoche la tête et j’aperçois un éclair de compassion et de peine dans son regard, avant qu’elle ne se reprenne et nous face enfin part de la raison de sa venue ici.

— Je me présente, Capitaine Louane Rodz ! J’étais la supérieure de votre frère, le Lieutenant Braxton Cooper et si je suis venue moi-même aujourd’hui, c’est pour vous annoncer une bien triste nouvelle…. Votre frère… Mon ami… grimace-t-elle légèrement. A été tué lors d’une mission dangereuse… finit-elle alors par nous avouer.

Je reste sans voix face à ce qu’elle vient de nous dire et comprends maintenant pourquoi il me semblait la connaître. Notre frère nous avait déjà montré en photo les membres de leur équipe ; les Tyr. Comme ils étaient appelés et cela ne m’a pas surpris quand Braxton m’avait avoué l’origine de ce nom.

Sarah pleure toutes les larmes de son corps, blotti au creux de mes bras dans lesquels je la tenais à l’arrivée de la Capitaine. Seule la colère se dessine sur mon visage, pas envers la messagère, mais envers ceux qui ont tué mon frangin. Bien que je meure d’envie de poser la question à celle-ci, je sais d’avance qu’elle ne m’en dira pas plus et c’est à la fois normal et rageant. Les secrets dus à nos devoirs sont monnaie courante et ce n’est pas moi qui vais lui jeter la pierre.

Après ce qui semble une éternité, alors que cela ne fait que quelques minutes, la Capitaine reprend la parole en nous tendant le sac. Le visage de celle-ci est empreint de tristesse cette fois-ci et elle ne tente plus de le cacher. Avec Sarah nous savons à quel point cette équipe est soudée et surtout que tous étaient plus que des collègues, mais des frères et sœurs entre eux.

Voilà pourquoi la réaction de Louane ne me surprend pas et me conforte dans l’idée qu’elle aussi est touchée par ce fait important. Puis, Braxton nous avait aussi avoué à quel point elle a été un soutien pour lui, une véritable amie et parfois confidente. Tout comme celui-ci nous avait aussi avoué qu’il lui avait parlé de nous, de ce que nous sommes et qu’elle n’avait pas pris peur. Celle-ci nous a même nommés comme une bande de gros bras musclés et armés.

Entendre cela m’avait bien fait rire et si mon frangin avait confiance en elle, alors c’est que le MC pouvait aussi ne rien craindre d’elle. Malgré son statut militaire et le côté de la loi pour lequel elle œuvre.

— Je suis vraiment désolée de venir vous annoncer une telle nouvelle… Sachez que nous avons tout mis en œuvre pour éviter cela, mais que certains faits ont tout de même causés cela… J’ai perdu cinq hommes et femmes… Cinq frères et sœurs, mais aussi amis… Je ne prétends pas égaler votre peine, loin de là même… Mais sachez que le reste de mon équipe et moi-même seront là si vous en avez besoin… nous dit-elle en nous tendant le paquetage de Braxton.

— Merci… lui répond Sarah en attrapant le sac, les bras tremblants.

— Vous n’avez pas à me remercier… Je n’en ai aucun mérite, sinon votre frère serait ici et non moi… précise-t-elle alors avec une pointe de colère.

Pour pratiquer ce sentiment, je comprends vite que ce n’est pas contre nous qu’elle est destinée, mais contre elle-même. Louane semble prendre le blâme sur elle et cela montre à quel point elle tient à ses hommes.

— Vous savez, vous rendre coupable ne vous aidera pas et ce n’est pas ce que mon frangin aurait voulu ! dis-je alors à celle-ci, afin d’essayer de lui faire comprendre cela.

Elle m’offre un léger sourire, mais pas un de ceux qui sont empreints de joie. Non le sien reflète tant d’autres choses, que je n’arrive pas à les énumérer.

— C’est gentil à vous !