Simon à la croisée des chemins - André Querton - E-Book

Simon à la croisée des chemins E-Book

André Querton

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Beschreibung

Découvrez le point de vue de Simon, un passant commes tous les autres, qui a pourtant vécu les derniers moments du Christ.

Trois Évangélistes attestent que Simon de Cyrène aida Jésus à porter sa croix. Ils ne disent rien d’autre de cet homme.
Simon est un passant. Il est surtout un témoin, s’approchant au plus près d’un homme qui va mourir.
Il porte la croix d’un autre. Ceux qui visitent les malades, accompagnent les mourants, portent assurément la croix d’autrui. Ils peuvent espérer un réconfort dans la Pentecôte qui les attend.

Après Le Père prodigue, André Querton nous livre une digression remarquable de plus, en complétant les Evangiles par l'histoire de Simon de Cyrène. Un récit spirituel offrant un prolongement original de l'histoire connue de tous.

EXTRAIT

J’étais perdu dans mes pensées, c’est-à-dire que je ne pensais plus du tout ; l’essentiel était d’avancer, d’être sourd aux injures mais aussi aux ordres moqueurs, sourd à mon dégoût, sourd aussi à sa douleur. Je fixai mon attention sur son cou. Je ne comprenais d’ailleurs rien. De quoi aurait-il pu être coupable ? Je n’en savais rien. Comment des Romains pouvaient-ils l’avoir condamné, lui dont j’avais au moins compris qu’il n’avait jamais parlé de leur occupation de notre terre ? De quels crimes payait-il le prix ?
Dans quel traquenard ou quel complot était-il tombé ?
La poutre qui nous reliait l’un à l’autre, toute répugnante qu’elle m’était, m’apparaissait comme les bras que deux amis poussent l’un vers l’autre en gardant leurs mains jointes au cours d’une promenade. Nous étions liés, lui et moi.
J’étais encore assez révolté d’être contraint de venir en aide à un criminel, mais je ressentais cependant un élan plus de compassion. Non, il n’était pas mon frère, il était condamné et coupable et moi, j’étais innocent et libre. Cet effort physique que je faisais me parut soudain comme une petite aumône que l’on fait au grabataire ou au lépreux à l’entrée du Temple. Un geste sans doute généreux, mais qui finalement n’engage pas à grand-chose. On donne au mendiant une piécette et l’on poursuit son chemin et sa conversation en l’ayant aussitôt oublié.

À PROPOS DE L'AUTEUR

André Querton est un ancien diplomate belge, actif depuis plus de dix ans dans les domaines de l’édition et de la philanthropie. Son premier roman, La Chambre d’Art, a été publié en 2014 aux Éditions L’Age d’Homme. En 2016, il a écrit un portrait biographique Thomas Jefferson, vie, liberté et bonheur, paru aux Éditions du Pavillon, qui sera suivi du Père Prodigue, un récit tiré des Évangiles. Ces trois ouvrages ont bénéficié en Belgique d’un accueil critique très positif. Simon à la croisée des chemins s’inscrit dans la même veine que Le Père Prodigue avec lequel il forme un diptyque.

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Couverture

Page de titre

À la ribambelle d’enfants qui m’ont élevé.

Simon à la croisée des chemins

Trois évangélistes attestent que Simon de Cyrène aida Jésus à porter sa croix. Marc, le plus sensible aux petits faits précis, ajoute qu’il est le père de Rufus et d’Alexandre, dont on ne sait rien.

Simon est un passant. Il se trouve à un moment précis à un endroit précis : c’est le hasard. Il rentre des champs, dit l’Écriture, ce qui peut vouloir dire qu’il est un homme qui travaille la terre, mais peut-être aussi simplement qu’il habite en dehors des remparts de Jérusalem.

Jésus sort de sa prison après une nuit de tourments, il est chargé de sa croix. Simon est dans la rue et il reçoit l’ordre d’aider le condamné à porter cette immense poutre jusqu’au lieu du supplice. C’est une tâche ignominieuse et pénible physiquement. Elle est humainement terrifiante : accompagner un mourant est une épreuve redoutable.

Les Évangiles ne disent rien de plus de cet homme.

Simon est un témoin ; il s’est approché au plus près d’un homme qui allait mourir. De nombreux mystiques se sont efforcés de vivre la Passion par la prière et la mortification. Nos églises sont habituellement ornées d’un Chemin de croix. Et le Vendredi saint, ce pitoyable cheminement est célébré avec émotion. Mais chaque mort, chaque deuil ne sont-ils pas chaque fois une passion ?

On croyait jadis les rois de France, oints et sacrés, dépositaires d’un pouvoir de guérison des écrouelles, qui sont d’horribles fistules purulentes à la base du cou. Ils bénissaient les malades en leur disant : « Le Roi te touche, Dieu te guérisse. »

Ceux qui, comme Simon, soignent les malades, ceux qui approchent les mourants pourraient à juste titre murmurer à leur tour : « Le malade me touche, Dieu me guérisse. »

« Obsequium pauperum », se disent avec ferveur certains de mes amis.

C’est mon fils Rufus qui t’envoie ? J’ai compris que tu étais proche de Paul et tu as donc certainement entendu parler de Rufus. Que mon fils soit l’ami de Paul m’amuse. Je ne parviens pourtant pas à oublier le Saul de jadis, si ardent à nous injurier, à tenter de nous mettre à mort. Et puis, après Damas, si prompt et si déterminé à répandre le message du Maître. Le voilà, l’ami de mon fils. Comment cette première haine s’est-elle transformée en amour enflammé ? Que peut-on comprendre au chemin d’un cœur ?

Tu interroges à la demande de Paul tous ceux qui ont connu le Maître. Je ne crois pas que je l’ai connu. Mais je l’ai vu. De dos. Je ne suis pas un disciple, tu le sais. Et tu sais d’ailleurs que j’ai toujours eu un peu de mal à m’entendre avec les disciples. Il m’a fallu bien du temps pour comprendre et pardonner leur absence ce maudit après-midi-là ; et je crois bien qu’ils ne m’ont jamais vraiment pardonné d’y avoir été présent, moi seul, si ce n’est Jean, que j’ai juste vu de loin, avec les femmes. Ils n’ont jamais compris pourquoi j’étais là.

Je n’ai été témoin que d’un court moment. Mais un moment si tragique, si profond, si important pour moi que j’hésite à t’en parler. Mes fils ont suivi les apôtres et j’en suis heureux ; moi, je reste muet.

Mais il y eut un moment où j’ai parlé. Parce que j’ai été témoin. Et parce qu’un autre témoin m’a raconté ce à quoi aucun disciple n’avait assisté. C’est moi qui leur ai rapporté le témoignage d’un autre. Et ils m’ont cru parce que ce que je disais était vrai.

Moi, je n’ai reçu aucune instruction, je n’ai été chargé d’aucune mission. Je suis l’homme qui passe et qui soudain reçoit un ordre ; enfin, j’ai reçu deux ordres et je ne sais toujours pas auquel des deux j’ai obéi. Et puis j’ai vu et entendu. Et j’ai cru. Sans m’en apercevoir, d’ailleurs.

Assieds-toi et prends une coupe. Notre conversation sera triste. Du moins peut-être, pour ce qui te concerne, quand je parlerai de tes amis. Pour moi, ce moment, dont j’ai perçu toute la souffrance, dont une part s’est incrustée à jamais en moi, ce moment m’a élevé ; tu comprends bien le sens du mot que j’utilise ; c’est celui que l’on emploie pour parler de l’éducation des enfants. On oublie parfois qu’il signifie aussi « monter vers le haut ». Ce moment m’a appris à comprendre mes forces et mon caractère. Et je crois qu’il m’a fait grandir. Bien au-delà de ma force à moi.

J’ai transmis à mes fils l’enseignement que j’ai tiré de cet événement. De cette épreuve que j’ai vécue, ils ont surtout retenu la valeur et la richesse. Ils ont grandi à leur tour. Les fils héritent des terres que leurs pères ont défrichées ; ils n’ont plus à arracher du sol les lourdes pierres qui brisaient les socs ; le prix à payer, les efforts, la fatigue, la tristesse, ils ne les payent pas. Je ne les jalouse pas. Tandis qu’ils moissonnent en chantant, dans l’enthousiasme et l’ivresse, oublieux des larmes des semailles, je suis confiant qu’ils penseront à de nouvelles terres à cultiver. Ils ont été élevés, eux aussi.