The Eminence in Shadow (Francais Light Novel) : Tome 2 - Daisuke Aizawa - E-Book

The Eminence in Shadow (Francais Light Novel) : Tome 2 E-Book

Daisuke Aizawa

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Beschreibung

Cid se rend sur la Terre sainte de Lindblum, sur invitation d’Alpha. Alors qu’il participe aux épreuves de la déesse, c’est l’esprit d’Aurora, la sorcière de l’apocalypse ayant autrefois semé le chaos dans le monde, qui est invoqué. Au terme de leur combat, la porte du Sanctuaire s’ouvre alors en réponse aux âmes de Cid et de la jeune femme, tous deux extrêmement puissants. La vérité sur la Possession démoniaque, l’objectif de l’Ordre de Diabolos ainsi que le passé du héros Olivier sont enfin révélés. Dans ce tourbillon d’intrigues, Cid, le Magelame inconnu, s’élance dans la nuit pour devenir Shadow, l’Éminence de l’Ombre.

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Seitenzahl: 261

Veröffentlichungsjahr: 2024

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Table des matières

Cover

Pages couleur

Prologue

Chapitre 1 : Divertissement aux épreuves de la déesse

Chapitre 2 : Investigations au Sanctuaire

Chapitre 3 : Rien de tel qu’une explosion pour casser l’ennui !

Chapitre 4 : Je veux que tout le monde se demande qui est Shadow

Chapitre 5 : Que mon combat n’attire que les plus forts !

Chapitre 6 : Une Éminence de l’Ombre joue toujours du piano sous le clair de lune !

Chapitre 7 : Montrer un aperçu de mes véritables capacités

Chapitre 8 : Admirez mes véritables capacités !

Épilogue : Mais qui est cet homme puissant et mystérieux ?

Annexes

A propos de JNC Nina

Copyright

Points de repère

Pages couleur

Table des matières

Prologue

Vers Lindblum, la Terre sainte !

Tout avait commencé par une lettre qu’Alpha m’avait envoyée. Elle ne contenait qu’une simple phrase : « Si tu es libre, rends-toi à la Terre sainte. »

Les vacances d’été ayant démarré plus tôt que prévu à cause de l’incendie, j’avais bien évidemment beaucoup de temps libre. De plus, par expérience, je savais qu’un évènement divertissant m’attendait si je répondais présent à l’invitation d’Alpha. C’est pourquoi j’avais décidé de me mettre en route pour Lindblum.

Je m’y étais déjà rendu une fois. C’était l’un des lieux saints prônant la religion la plus répandue dans le monde : la Sainte Parole, culte qui considérait la déesse Beatrix comme déité unique. Le voyage durait quatre jours en calèche. Bien que Lindblum se trouvât à la campagne, elle restait assez proche de la capitale, ce qui était plutôt pratique. J’avais pensé m’y rendre en courant à une vitesse folle, mais j’avais finalement décidé d’y aller en diligence, comme tout le monde, afin de ne pas attirer l’attention.

Malheureusement, je me retrouvais maintenant à faire le voyage avec Rose Oriana. J’avais envie de me gifler pour ne pas avoir effectué le chemin en courant.

Nous étions seuls dans ce luxueux carrosse. Une voiture assez modeste m’avait déposé dans une auberge où j’avais croisé la princesse, qui s’y délassait également. Elle m’avait convié à me joindre à elle pour la suite du trajet. J’avais voulu refuser de toute mon âme, mais il ne m’avait pas été possible d’aller à l’encontre de la demande d’un membre de la royauté.

Rose m’avait expliqué qu’à la Terre sainte avait lieu les « épreuves de la déesse », et qu’elle s’y rendait en tant que convive d’honneur. Je l’écoutais parler, en me disant que l’invitation d’Alpha concernait sans doute ces « épreuves ». Mais au bout de quelques minutes, j’avais déjà perdu le fil de la conversation.

« Un jeune homme aussi courageux que toi ne méritait pas de perdre la vie de cette façon », dit-elle, le sourire aux lèvres.

Je m’efforçais de n’être qu’un personnage secondaire, et malgré ça, elles trouvaient toutes le moyen de tomber sous mon charme, pourtant inexistant…

« Lorsque j’ai appris que tu avais survécu, j’ai compris que le destin était de notre côté. Si nous pouvons discuter aujourd’hui, c’est parce que nous avons reçu la bénédiction de l’univers. »

Je n’étais pas croyant, et ces histoires de bénédiction de l’univers me passaient au-dessus de la tête.

« Bien sûr, notre chemin sera semé d’embûches, et personne n’approuvera notre relation… »

Elle vient pourtant d’annoncer que l’univers nous avait bénis.

« Mais tu sais ce qu’on dit du héros légendaire qui a reçu la bénédiction de la déesse ? Il serait passé de simple roturier au statut de célébrité, et aurait même épousé la princesse d’un grand royaume. Si nous réussissons à surmonter les obstacles, un futur radieux nous attendra également, j’en suis certaine ! »

Cela ressemblait fort à une propagande de la Sainte Parole, visant à tromper les croyants en leur faisant gober des histoires de héros, dans le seul but de les convertir.

« Si nous parvenons à surmonter les épreuves de la déesse, je pourrai faire part de ta bravoure à mon père. »

Je vois, réussir ces épreuves est gage d’un destin fructueux.

« Surmontons ensemble ces obstacles, pas à pas. Ces étapes rendront notre amour encore plus fort. »

« Aide-toi, le ciel t’aidera », si je comprends bien…

« Pour le moment, il vaut mieux garder notre idylle secrète. Mais je sens qu’un bel avenir s’offre à nous !

— Si tu le dis… »

Rose tendit sa main vers moi. Je la serrai. Je n’y connaissais pas grand-chose en religion, mais cette histoire de futur radieux me plaisait. Après tout, mon bonheur était ma priorité.

En sentant son regard chaleureux posé sur moi et ses paumes légèrement moites étreignant les miennes, je me dis qu’il était impératif que je prenne mes distances. Loin de moi l’idée de dénigrer ses croyances, mais nos objectifs étaient bien trop différents. Elle ferait mieux de partager son engouement pour la Sainte Parole avec d’autres fidèles

« Quel temps magnifique, n’est-ce pas ? » ajoutai-je en contemplant par la fenêtre du carrosse le ciel dégagé et les prairies verdoyantes.

Parler de la météo était une bonne façon de changer de sujet.

« Tu as raison. D’ailleurs, le soleil tape vraiment fort », répondit Rose en m’imitant.

Nous étions à l’ombre et, pourtant, nous transpirions quand même. Des gouttes de sueur perlaient sur le cou de la princesse. Ses cheveux couleur miel se balançaient au gré du vent, et ses pupilles se contractaient sous l’effet de la lumière éblouissante.

Nous avons continué à discuter du temps et des évènements récents qui s’étaient produits à l’académie, en nous taisant parfois afin de réfléchir à un nouveau sujet de conversation.

Il existait deux sortes de silences : les silences légers, et les silences pesants. Celui qui planait en cet instant faisait partie de la deuxième catégorie, mais ne me déplaisait pas pour autant. Il me permettait de me détendre. Après tout, il était normal que nos échanges eussent une fin. Nous étions seuls, coincés dans cette voiture qui roulait depuis des heures. C’était l’effort futile de trouver de nouveaux sujets qui était pénible.

Après de longues minutes, Rose prit la parole.

« Je pense que la prise d’otage que nous avons subie à l’académie cache quelque chose. »

Le ciel teinté de rouge par le soleil couchant se reflétait dans ses yeux.

« Comment ça ?

— À mon avis, nos ravisseurs qui se faisaient appeler “Shadow Garden” et cet homme, Shadow, appartiennent à deux organisations différentes.

— Qu’est-ce qui te fait penser ça ?

— Leurs styles de combat étaient complètement distincts. Le style de Shadow Garden était plutôt ordinaire, alors que celui de Shadow et des femmes qui l’accompagnaient était inédit. Je n’en avais jamais vu de pareil auparavant.

— Vraiment ?

— J’en ai fait part aux Chevaliers de la garde royale de Midgar. J’ai également évoqué le conflit entre nos agresseurs et Shadow, mais ils en ont malgré tout conclu qu’ils faisaient tous partie d’une seule et même organisation. Tous les indices prouvent pourtant le contraire, et je sens que cette attaque n’était qu’une couverture.

— Tu réfléchis trop.

— Eh bien, tant mieux. Il faut bien que quelqu’un le fasse, puisque le royaume de Midgar ne semble pas prendre au sérieux mon témoignage. S’ils se trompent sur leurs ennemis, un grand désastre sera vite arrivé. C’est pourquoi mon royaume mènera également l’enquête de son côté. Cid, promets-moi d’être prudent. »

J’acquiesçai. Rose me sourit tendrement, puis hocha la tête à son tour.

« Nous parviendrons bientôt à la prochaine auberge. Je demanderai à ce que nos chambres soient mitoyennes.

— Ne t’inquiète pas pour ça. Je me débrouillerai pour trouver un logement pas cher.

— Hors de question. Je payerai pour ton séjour.

— Ça ira, je t’assure.

— Mais non, voyons, pas de chichi entre nous. »

Au bout du compte, elle me réserva une suite de premier ordre à 300 000 zennies la nuit. Nous dînâmes ensemble dans un restaurant raffiné, fîmes du lèche-vitrine, achetâmes des tenues coordonnées puis terminâmes la soirée dans un casino afin de nous amuser un peu.

Le lit de ma chambre était moelleux, et la salle de bains, superbe. Naturellement, nous avions été traités comme des rois partout où nous étions allés, tout cela sans que j’aie à dépenser un zenny. Peut-être que la richesse n’était pas si mal, finalement. Cela me donnait presque envie de croire en la Sainte Parole.

***

Nous arrivâmes à destination deux jours plus tard, à l’heure du déjeuner. Une magnifique cathédrale se dressait sur un terrain qui semblait avoir été creusé dans la montagne, surplombant Lindblum. La rue principale du centre-ville menait directement au grand escalier qui conduisait au lieu saint. La foule était surtout composée de visiteurs venus en pèlerinage. Nous nous attablâmes, comme à l’accoutumée, dans un restaurant de choix, puis nous promenâmes le long de l’artère principale, tout en parcourant les étals.

J’y remarquai un petit porte-clés souvenir, qui me faisait penser aux attrape-touristes que l’on pouvait trouver au Japon. Cela m’amusait de voir que cette pratique était commune à tous les mondes. Cependant, ce n’était pas un dragon, figure récurrente en Asie, qui était représenté, mais un bras tortueux enroulé autour d’une épée.

Je saisis l’objet avec grand intérêt.

« Il te plaît ?

— Disons qu’il m’intrigue. Pourquoi seul un bras gauche est sculpté autour de l’épée ? »

Rose se pencha vers moi. Son épaule toucha légèrement la mienne. La chaleur de l’été se faisait moins sentir depuis que nous étions dans les montagnes, mais elle n’en restait pas moins présente.

« C’est l’épée du héros Olivier et le bras du démon Diabolos. On dit qu’Olivier le lui aurait tranché, et que le bras serait encore scellé là-bas. »

Elle pointa du doigt des ruines qui se trouvaient derrière la cathédrale.

« D’après la légende, l’évènement se serait produit près de ces ruines, sur le flanc abrupt de la montagne. Nous les appelons “le Sanctuaire”. Mais bien sûr, ce ne sont que des contes de fées. »

Elle sourit, avant de poursuivre.

« Cet objet est très populaire auprès de la gent masculine.

— Y a de quoi ! Excusez-moi, je vous en prendrai un, s’il vous plaît ! »

Je décidai d’en acheter un pour Hyoro. Le porte-clés coûtait 3 000 zennies, ce qui était assez cher, mais j’étais tout de même déterminé à le payer de ma poche. Jaga, lui, m’avait remis une liste de souvenirs qu’il voulait absolument que je lui rapporte. Mais je n’avais pas encore eu le courage de la consulter.

Nous continuâmes tranquillement notre promenade. Les touristes et les étals me rendaient nostalgique. Rose attrapa soudain ma main.

« Natsume propose une séance de dédicaces ! Je suis une de ses plus grandes fans ! »

Un petit attroupement s’était formé plus loin, devant ce qui semblait être une librairie dont je n’apercevais même pas l’enseigne.

« Dis, ça ne te dérange pas que je fasse la queue ? Cela risque de prendre un moment…  demanda Rose, en me suppliant du regard.

— Pas de soucis, vas-y, je patienterai.

— Merci ! Tu veux un exemplaire signé ?

— Non, ça ira. »

Plusieurs livres étaient posés sur un présentoir. Rose en acheta un, puis se dépêcha de rejoindre la file d’attente pour solliciter une dédicace. J’en profitai pour en feuilleter un. Le titre m’interpella.

Je rêve ou cette histoire est plagiée ? pensai-je. Non, il s’agissait probablement d’une incroyable coïncidence. Je retrouvai mon calme et pris un autre livre.

Roméo et Juliette.

Plagiat. J’en pris un autre.

Cendrillon.

Puis un autre.

Le Petit Chaperon rouge.

Je continuai de vérifier les ouvrages un par un. Chacun reprenait des films ou des dessins animés dignes, entre autres, des plus grands studios hollywoodiens. J’avais enfin deviné ce qui se tramait. Un terrien s’était sans aucun doute réincarné dans ce monde, tout comme moi.

J’achetai un livre, puis fis la queue pour obtenir un autographe de ce fameux Natsume, curieux de savoir à quoi il ressemblait. Alors que je réfléchissais à ce que je pourrais bien lui dire, la file d’attente s’était réduite, laissant finalement apparaître la silhouette de l’auteur. Il n’était pas facile à distinguer à cause de sa capuche, mais on pouvait clairement voir que c’était une femme. Ses beaux cheveux argentés étaient coupés au carré, et ses yeux tombants d’un bleu perçant rappelaient ceux d’un chat. Le profond décolleté de son chemisier révélait une partie de sa poitrine.

« Qui c’est, celle-là ? »

Son apparence me rappelait vaguement quelque chose, mais j’étais convaincu de ne pas la connaître. Je décidais alors de m’éloigner.

« Eh, monsieur, où allez-vous comme ça ? »

Malheureusement, la jeune femme m’avait remarqué, et aussitôt interpellé. Je ne pouvais plus faire marche arrière. Je m’approchai d’elle, pour me rendre compte que l’autrice n’était autre que Bêta.

« Donnez-moi votre livre. »

Je souris puis lui tendis l’ouvrage, faisant mine de ne pas la connaître.

« Alors, les affaires marchent bien ? chuchotais-je.

— Je n’ai pas à me plaindre. Je gagne de plus en plus en notoriété. »

Je vois. Tout comme Gamma, elle utilisait mes savoirs terrestres pour s’enrichir dans mon dos.

Il m’était souvent arrivé de lire des contes de mon monde à Bêta, lorsque nous étions plus jeunes. Puisqu’elle aimait la littérature, je lui avais conseillé de s’inspirer des légendes de mon univers pour écrire sa propre histoire. Je n’aurais jamais imaginé qu’elle ferait fortune un jour grâce à ces récits.

Bêta, tu me déçois. Je lui lançai un regard froid, puis récupérai mon volume signé.

« Je suis ici en tant qu’invitée d’honneur des épreuves de la déesse. J’ai donc pu obtenir des informations confidentielles. J’ai tout noté dans le livre », murmura-t-elle.

Je m’en allai sans me retourner, comme ces acteurs dans les films d’espionnage. Je retire ce que j’ai dit, Bêta. Il semblerait que je me sois trompé sur ton compte.

Je rejoignis Rose qui m’attendait, toute guillerette.

« J’avais raison, tu es fan de Natsume, toi aussi !

— Non, j’étais simplement…

— Je comprends ! Tu n’osais pas l’avouer car son lectorat est en grande partie féminin, n’est-ce pas ? Les gens ne s’en doutent pas, puisque ce sont surtout des femmes qui assistent à ce type d’évènement, mais elle a également beaucoup d’admirateurs masculins.

— Ah bon…

— Ce qui fait son charme, c’est sa capacité à avoir des idées spectaculaires. Ses récits, ainsi que sa vision du monde, sont totalement inédits et ses personnages aux valeurs nouvelles sont absolument fascinants ! »

Inédits, bah voyons…

« Romance, mystère, action, contes de fées ou encore littérature classique ! Elle maîtrise tous les genres et chaque histoire semble émaner d’une plume différente. C’est cette diversité qui lui permet de conquérir le cœur de tant de lecteurs. »

Évidemment, puisqu’elle a plagié plusieurs auteurs distincts…

« Regarde ma dédicace ! Je lui ai demandé de la composer à mon nom ! »

Rose ouvrit son livre. Sur la page de garde était calligraphié son nom, suivi de la signature de Natsume.

Je me rappelai alors que Bêta avait rédigé les détails de ses investigations dans mon exemplaire. Je tournai la première de couverture.

« C’est une langue ancienne ? s’enquit la princesse, qui n’avait pu s’empêcher de jeter un œil.

— On dirait bien. »

Je n’arrivais pas à décoder l’inscription.

« Tu comprends ? m’enquis-je.

— Non. Je n’ai que très peu de connaissance en matière d’écritures anciennes, et même si je pouvais déchiffrer celle-ci, elle n’aurait aucun sens. Elle est bien trop vieille.

— Vraiment ? »

Tant pis. Cela donnait un sentiment de mystère. Puisque j’avais renoncé à les étudier, il ne me restait plus qu’à les admirer.

« Mais pourquoi lui as-tu demandé de te dédicacer ton livre en langue ancestrale ?

— Hum… Parce que c’est cool !

— Tu trouves ?

— Oui !

— Je ne savais pas que les garçons appréciaient ce genre de chose. »

Après nous être installés dans un hôtel haut de gamme, Rose et moi nous sommes séparés. Elle devait saluer quelques pontes du monde religieux, mais ne pouvait pas me présenter à eux car je n’étais encore qu’un camarade de classe. Qu’entendait-elle par « encore » ? Croyait-elle vraiment que j’allais me convertir à la Sainte Parole ? Malheureusement pour elle, je n’avais aucune intention de m’impliquer dans les affaires confessionnelles, et si cela devait arriver un jour, ce serait dans l’unique but de devenir gourou.

***

Il n’y avait pas grand-chose que j’appréciais ou qui me rebutait, tout simplement car la plupart des choses ne m’intéressaient pas. Cela ne voulait pas pour autant dire que j’étais dépourvu de goûts. J’aimais ce que j’aimais et je n’aimais pas ce que je n’aimais pas, quelle que fût l’importance ou la nécessité de ce sur quoi portaient mes affects. Après tout, les sentiments prennent toujours le dessus sur la raison.

Je divisais ces « goûts » en deux catégories : les « goûts futiles » et les « dégoûts futiles ». L’un de ces goûts futiles concernait les sources chaudes.

Dans ma vie antérieure, il m’était arrivé de ne pas prendre de bains pendant une longue période. À l’époque, je trouvais que ce n’était qu’une perte de temps. Cependant, je restais civilisé et prenais tout de même une douche de trois minutes tous les jours. Mon objectif était d’éliminer la perte de temps que représentait le fait de se plonger dans un bain, afin de mettre à profit ces précieuses minutes pour continuer mes entraînements.

À ce moment-là, mon corps était sur le point d’atteindre ses limites, je ne pouvais donc pas me permettre de gaspiller ne serait-ce qu’une seconde. Mon but était de pouvoir être assez fort pour détruire une ogive nucléaire à la simple force de mon poing.

Après tout cela, j’avais fini par comprendre que j’avais sombré dans la folie. J’avais donc décidé de recommencer à prendre des bains, ce qui m’avait naturellement conduit à fréquenter les sources thermales.

Le fait de s’immerger dans l’eau chaude libérait l’esprit. Cette liberté était directement liée à la qualité des entraînements et permettait de se connecter à la magie.

C’est pourquoi je me trouvais actuellement dans l’une de ces sources. La station des bains de Lindblum, située en montagne, était très réputée dans le pays, et j’avais attendu avec impatience de pouvoir m’y rendre. Je préférais la fréquenter tôt le matin, car il n’y avait que très peu de monde. Il était d’ailleurs quelquefois possible d’obtenir pour soi tout seul une cabine privée prévue pour deux. J’étais venu ce matin dans cette intention, mais apparemment, une personne avait eu la même idée que moi. Et cette personne n’était autre qu’Alexia Midgar.

Elle me regarda, ses yeux couleur rubis écarquillés, étonnée de me voir ici. Elle détourna rapidement la tête. Je m’installai et nous décidâmes tous les deux d’ignorer l’existence de l’autre. En journée, la station était réservée à la noblesse, mais tôt, à l’aube, les cloisons étaient enlevées et les bains extérieurs, devenus mixtes, étaient ouverts à tous. Les bassins étant spacieux et en contrebas, on pouvait apercevoir une mer de nuages, ainsi que le lever du soleil. Je plongeai dans l’eau brûlante en contemplant ce panorama, regrettant de ne pas pouvoir profiter de ce moment seul.

Nous étions tous les deux assis dans l’eau, appuyés contre les rebords du bassin. Alexia observait également cette vue imprenable, dans un silence légèrement pesant.

Le reflet de sa peau blanche vacillait au gré des ondulations à la surface de l’eau. Alors que je m’apprêtais à partir, elle rompit le silence :

« Tes blessures sont guéries ? s’enquit-elle d’une petite voix.

— Oui, répondis-je en me demandant de quelles blessures elle parlait.

— Je suis contente que tu ailles bien, malgré le fait que je t’ai tailladé de partout après avoir perdu mon sang-froid, la dernière fois.

— Merci. »

Elle faisait donc référence aux entailles qu’elle m’avait infligées sur le toit de l’école. J’avais fini par la connaître, et je voyais bien qu’elle tentait de s’excuser. Je me demandais si quelqu’un lui avait appris à demander pardon en bonne et due forme, mais bon, c’était l’intention qui comptait.

« Et moi, je suis désolé de t’avoir prise pour une tueuse en série. »

Elle m’éclaboussa le visage.

« Bien sûr que je n’en suis pas une !

— Tu en serais capable. Et sinon, qu’est-ce qui t’amène à Lindblum ?

— Je suis invitée d’honneur aux épreuves de la déesse. Et toi ?

— Une amie m’a proposé d’y assister. D’ailleurs, elles consistent en quoi, ces épreuves, exactement ? »

Alexia soupira.

« Tu ne sais pas ce que c’est ? C’est une série d’affrontements qui ont lieu une fois par an, lors de l’ouverture des portes du Sanctuaire. Les postulants invoquent les esprits d’anciens guerriers afin de les braver. N’importe quel Magelame peut y participer, tant qu’il s’est inscrit à l’avance. Cependant, les esprits ne répondent pas toujours présents s’ils estiment que les combattants ne sont pas à la hauteur. Plusieurs centaines de candidats s’enregistrent chaque année, mais seule une dizaine de personnes ont l’occasion de lutter. »

Intéressant. Peut-être qu’Alpha comptait y prendre part.

« Sur quels critères se basent les esprits pour choisir leurs adversaires ?

— Disons qu’ils choisissent généralement des Magelames moins expérimentés qu’eux. C’est pour cela qu’on nomme cet évènement “les épreuves de la déesse”. Le but est de vaincre un guerrier plus fort que soi. D’ailleurs, il y a une dizaine d’années de ça, Venom, l’Épéiste errant, aurait appelé l’esprit du héros Olivier, ce qui a fait grand bruit.

— Ah… Et il a gagné ?

— Il paraîtrait qu’il aurait perdu. Mais je n’étais pas présente, alors je ne sais pas si c’est vrai. J’ignore même si l’esprit convoqué était réellement celui d’Olivier.

— Hum…

Alpha avait-elle l’intention d’invoquer l’esprit d’un héros ? Si c’était le cas, ces épreuves s’avéraient plus amusantes que prévu.

« J’en conclus que tu n’y participeras pas. Pourtant, tu t’es grandement améliorée, ces derniers temps.

— Non, j’ai d’autres priorités cette année. L’archevêque de la cathédrale fait l’objet de sombres rumeurs sur lesquelles je dois enquêter.

— Quelles rumeurs ?

— Si tu veux le savoir, tu n’as qu’à rejoindre les Chevaliers écarlates.

— Non merci.

— Tu les rejoindras une fois ton diplôme en poche.

— Non merci.

— Je remplirai le formulaire pour toi.

— J’ai dit : non merci.

— Quel entêté tu fais. »

Un silence, cette fois-ci plutôt agréable, enveloppa à nouveau l’endroit. Du coin de l’œil, je vis Alexia bouger dans l’eau. Elle balançait ses longues jambes, provoquant de légères vagues à la surface.

« Je pensais que tu en aurais profité pour me reluquer, mais j’avais tort, ajouta-t-elle, comme pour changer de sujet.

— Tu es bien présomptueuse.

— Avec un physique de rêve comme le mien, comment ne pas l’être ? Les œillades lubriques font partie de mon quotidien. »

C’est pas la modestie qui l’étouffe…

« Je tâche toujours de ne pas regarder les autres lorsque je vais aux sources, pour éviter tout malaise.

— C’est tout à ton honneur.

— Et c’est pourquoi je te saurai gré d’arrêter de viser mon Excalibur… »

Alexia pouffa de rire.

« Ton “Excalibur” ? Essaie plutôt ton “ver de terre” !

— Je me fiche de ce que tu penses. Sache simplement une chose… »

Je me levai avec ferveur, troublant l’eau du bassin.

« Il ne faut jamais se fier aux apparences. Ce que tu crois être un ver de terre recèle peut-être quelque chose de bien plus saillant. »

Je me tournai vers elle, nu comme un nouveau-né, puis quittai la source.

« Mais… Qu’entends-tu par-là ? balbutia Alexia, les joues rouges d’embarras.

— J’entends qu’un jour, cette épée sacrée sera dégainée de son fourreau, et que sa lame enfin libérée s’en ira au jardin du chaos. »

Après cette réplique lourde de sens, je passai vigoureusement ma serviette entre mes jambes. Cette dernière fouetta mon popotin musclé.

C’était ce que les vieux pépés faisaient chaque fois qu’ils quittaient les bains publics, au Japon, et cela m’avait toujours amusé. Sans ce petit numéro, je n’avais pas le sentiment de profiter au maximum des sources chaudes. Je réitérai le geste à trois reprises, avant de rejoindre les vestiaires. Une fois à l’intérieur, j’entendis Alexia se tapoter les joues afin de se ressaisir.

***

L’intérieur de la cathédrale était éclairé par la chaude lumière du lustre, qui instaurait une ambiance assez mystique. Une magnifique elfe aux cheveux dorés se tenait debout, seule. Vêtue d’une robe noire, ses yeux bleus fixaient la statue en pierre du héros Olivier, tandis que la lune brillait dans l’obscurité de la nuit.

« Nous souhaitons simplement connaître la vérité… dit-elle, comme si elle s’adressait à la sculpture. Héros Olivier, qu’est-il réellement arrivé dans le Sanctuaire ? Plus nous faisons la lumière sur le passé, plus les mensonges se mélangent à la vérité. »

Elle effectua quelques pas. Ses talons résonnèrent. Elle approcha d’une flaque de sang qui souillait le sol en marbre. Elle releva le bas de sa longue robe afin de ne pas se tacher, dévoilant au passage des jambes immaculées.

« Archevêque Drake. Quels secrets cachiez-vous ? J’aurais aimé arriver plus tôt, pour que vous me les révéliez tous. »

L’homme enrobé, cruellement découpé en plusieurs morceaux, gisait devant elle.

« Qui vous a tué ? Ils vous ont tranché comme un bout de viande, malgré votre rang… »

Les yeux encore écarquillés du religieux témoignaient de l’effroi qu’il avait ressenti avant de mourir. Plusieurs rumeurs à son propos s’étaient répandues dans la capitale royale, mais on lui avait ôté la vie juste avant que l’enquête fût menée.

« La seule chose que nous pouvons faire maintenant, c’est attendre l’ouverture des portes du Sanctuaire demain… »

Alpha jeta un dernier coup d’œil à la statue du héros, avant de tourner les talons. Derrière les portes de la cathédrale, on entendait des voix appelant l’archevêque. L’elfe les ouvrit, puis quitta l’endroit. Elle croisa la route d’une troupe de Chevaliers de la Sainte Garde, qui ne la remarquèrent pas. Ces derniers envahirent le lieu consacré, et trouvèrent le corps de l’archevêque. Des traces de talons ensanglantés recouvraient le sol de marbre blanc, mais aucun d’eux ne fit le rapprochement avec Alpha.

***

J’observai la ville de la tour de l’horloge de Lindblum. Nous étions la veille des épreuves de la déesse et l’ambiance était à son comble. Les lumières des étals et échoppes de la rue principale éclairaient l’obscurité. Rose participait à une réception organisée à la cathédrale, à laquelle je n’avais évidemment pas été convié. Et même si je l’avais été, j’aurais décliné l’invitation. Je souris, mes cheveux ondulant dans la brise du soir. J’adorais me placer en hauteur pour observer les villes et leurs habitants, surtout en pleine nuit et en période de festivités.

« Ç’a commencé… » murmurais-je.

Je fus emporté par l’excitation.

« Si tel est leur choix… »

Je plissai les yeux.

« Nous résisterons… »

Je me transformai instantanément en Shadow.

« Et nous ne les laisserons pas faire. »

Ma tirade terminée, je m’envolai dans le ciel étoilé. Mon long manteau noir flotta dans le vent, puis j’atterris dans une modeste ruelle, à l’écart de l’effervescence. Devant moi se tenait un homme dont le visage était caché par un masque. Je l’avais suivi du regard alors qu’il fuyait la cathédrale. Son comportement suspect me faisait penser que c’était sûrement un petit voleur minable.

Mais je sentais un peu de sang. N’était-il vraiment qu’un voleur ?

« Tu ne croyais tout de même pas t’en tirer comme ça ? »

L’homme recula.

« L’obscurité est notre domaine. Personne ne peut s’en échapper. »

Il dégaina son épée, mais je ne l’imitai pas. Je préférai attendre sa réaction. Mais alors qu’il s’apprêtait à attaquer, sa tête vola. Je regardai la scène en silence, patientant jusqu’à ce que sa meurtrière se montrât. Elle apparut derrière lui.

« Cela faisait longtemps que nous ne nous étions pas vus, Maître. »

Elle s’agenouilla devant moi. C’était Epsilon, la cinquième des Sept Ombres. Elle leva le regard vers moi. Le bas de son visage était masqué. C’était une elfe aux cheveux bleu si clair qu’ils ressemblaient à un lac cristallin. Ses yeux, eux, étaient d’un azur plus profond.

Sa beauté dépassait toutes les autres. Son visage, son nez, ses yeux, tout chez elle flamboyait. Il en allait de même pour son allure. Elle semblait danser quand elle marchait. Homme ou femme, chacun se retournait sur son passage, fasciné. Mais je connaissais son secret.

« Tu l’as décapité à distance grâce à ton mana ? Joli !

— Votre compliment m’honore. »

Elle arbora un léger sourire crispé. Son ton exagérément poli pouvait en énerver certains, mais j’aimais beaucoup sa voix, dont la mélodie me rappelait celle d’un piano pleinement accordé. Des Sept Ombres, c’était celle qui contrôlait le mieux sa magie. Lorsque celle-ci quittait le corps, elle devenait plus difficile à manipuler, mais Epsilon en avait acquis une maîtrise parfaite et était capable de lancer des attaques à distance. On la surnommait pour cette raison « Epsilon la pointilleuse ».

Elle était d’ordinaire dure et orgueilleuse, mais avec moi, elle s’adoucissait. Il était facile de se méprendre sur son compte, mais elle me préparait une tasse de thé tous les jours, respectait les directives d’Alpha et croyait fermement en l’utilité du système hiérarchique. Nous ne nous étions pas vus depuis longtemps, et nous avions beaucoup de choses à nous raconter, mais je percevais bien qu’elle était prise par son rôle d’Ombre. Ce n’était pas grave. C’était l’occasion pour moi d’en savoir un peu plus sur toute cette affaire.

« Et donc, comment se déroule “le plan” ? »

Epsilon fronça les sourcils. Prise de court, elle était sûrement en train d’imaginer un plan fictif.

« La cible a été supprimée sur ordre du “Bourreau” de l’Ordre de Diabolos. L’homme que je viens d’abattre travaillait pour lui. Malheureusement, le Bourreau reste encore introuvable.

« Je vois… »

Le Bourreau… Pas mal, comme surnom.

« Il est temps de passer au plan B. »

Intéressant. Elle joue la carte du plan A qui tourne mal, et qui doit être remplacé par le plan B.

« Entendu. Mais tu sais ce que ça implique, n’est-ce pas ?

— Oui, je suis prête, quitte à me faire ennemie de l’Église et voir ma réputation traînée dans la boue.

— Bien. Moi, j’agirai de mon côté. Ne me déçois pas, compris ?

— Oui ! »

Epsilon s’inclina, alors que je disparaissais dans l’obscurité.

Chapitre 1 : Divertissement aux épreuves de la déesse

Je n’aime pas ça, pensa Alexia. Perchée sur les gradins réservés aux invités d’honneur, elle observait le début de la cérémonie d’ouverture des épreuves de la déesse. Elle était assise entre Natsume et Rose Oriana, elles aussi conviées aux festivités. D’autres hôtes, moins prestigieux, étaient placés derrière elles.

Il était clair que les organisateurs des tournois avaient tiré avantage de leur beauté afin d’attirer un très grand nombre de spectateurs, mais ce n’était pas ce qui dérangeait la princesse. Il y avait deux choses qu’elle n’aimait pas. La première était Nelson, l’archevêque de substitution qui remplaçait l’archevêque Drake, qui se tenait au milieu de l’arène centrale et saluait la foule avec ferveur.

La veille au soir, elle lui avait fait part du meurtre de son prédécesseur, mais Nelson avait refusé catégoriquement d’ouvrir une enquête, disant que ce n’était pas nécessaire. Alexia avait bien essayé de le convaincre, mais si elle souhaitait qu’une investigation fût menée, elle devait respecter les procédures imposées par l’Église : demander son approbation à la capitale royale. Cela voulait dire trois jours de voyage, une semaine pour que le permis de recherche fût délivré, puis à nouveau trois jours de route pour revenir à Lindblum. S’ajoutait à cela encore à peu près une semaine, le temps que Nelson acceptât l’autorisation. Après un tel délai, toutes les preuves auraient déjà disparu.