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L’Académie des Magelames de Midgar, réputée pour sa tranquillité, est menacée par une étrange brume qui s’abat sur le campus. Depuis lors, des événements inexpliqués se produisent, et des étudiants disparaissent les uns après les autres. Claire, la sœur de Cid, demeure introuvable pendant plusieurs jours, jusqu’au moment où elle réapparaît au beau milieu d’une salle de classe !
Shadow surveille les lieux nuit et jour, mais la vie étudiante le rattrape, ce qui le contraint à maintenir ses résultats dans la moyenne pour réussir les examens. Il missionne Zeta, l’une des Sept Ombres, pour enquêter.
Claire, quant à elle, est bien déterminée à comprendre ce qui lui est arrivé. Et c’est en la personne d’Alexia, la princesse de Midgar, qu’elle trouve une alliée.
Un cercle magique mystérieux, des documents écrits dans une langue ancienne, l’intrusion d’individus suspects… Voilà de nombreux indices qui pourraient mener Shadow Garden à l’Ordre de Diabolos et ses noirs desseins…
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Veröffentlichungsjahr: 2025
Cover
Pages couleur
Prologue : Les ténèbres dissimulées dans l’Académie tranquille, l’affaire des étudiants disparus !
Chapitre 1 : Le retour de Claire et la progression de sa maladie !
Chapitre 2 : La matinée funeste, l’affaire de meurtre de l’école !
Chapitre 3 : Affaire résolue, parlons de vieilles histoires !
Chapitre 4 : Aujourd’hui encore, la paix continue !
Chapitre 5 : Une nouvelle attaque terroriste contre l’Académie !
Épilogue : Si je pouvais m’en emparer, je n’hésiterais pas à détruire le monde !
Annexes
A propos de JNC Nina
Copyright
Pages couleur
Table des matières
« Je suis arrivé juste à temps… »
Je laissai échapper un soupir de soulagement en sortant de l’auditorium de l’Académie des Magelames. La condensation blanche s’estompait dans l’air matinal. La cérémonie d’ouverture du troisième trimestre venait de se terminer.
« Sérieusement, où étais-tu pendant les vacances, Cid ?
— Ah c’est vrai, nous nous étions promis de passer du temps avec les filles de Mitsugoshi. »
Les visages insignifiants de Hyoro et Jaga me paraissaient nostalgiques.
« Pardon, pardon, j’étais occupé. »
Mes vacances d’hiver furent pleines d’événements amusants, comme mon retour au Japon et la bataille pour le trône du royaume d’Oriana.
« Beaucoup de choses sont arrivées pendant ton absence…
— Oui, ta sœur nous a menacés… »
Les visages de Hyoro et de Jaga exprimaient de l’amertume.
« Claire ?
— Elle te cherchait. Je lui ai répondu que je ne savais pas où tu étais, mais elle a pressé sa lame contre mon cou…
— Quand je lui ai dit qu’elle était jolie et que nous pourrions sortir ensemble, elle a voulu me poignarder les fesses…
— Ah, d’accord. Pardon, pardon. »
Je ferais mieux de ne pas m’approcher de Claire pour le moment.
« Oh, en parlant des dernières nouvelles : l’ancienne présidente des élèves qui avait disparu, Rose, est devenue la reine du royaume d’Oriana, et ç’a bouleversé le pays.
— Je le savais déjà. »
Héhéhé, personne ne se doutait de mon rôle dans son accession au trône. Derrière le masque de l’Éminence de l’Ombre, qui était responsable de la naissance du monarque, se cachait… un étudiant ordinaire, comme on en trouvait de partout ! C’était le genre de frisson que l’Éminence de l’Ombre était capable de procurer.
« Et ce n’est pas tout. Le royaume d’Oriana a été attaqué par des créatures magiques et il y avait même un plan de coup d’État ! »
J’étais au courant de tout ça. Après tout, celui qui montrait la voie, celui qui réglait tous les problèmes n’était autre que l’Éminence de l’Ombre. Vous ne devinerez jamais que cet homme formidable se trouve devant vous.
« L’alliance avec le royaume d’Oriana est maintenant terminée. »
Hein ? L’alliance ?
« C’est vrai. Je n’aurais jamais imaginé que Rose choisisse le chemin du mal… Le peuple ne lui pardonnera jamais.
— Le chemin du mal ? Hein ? Qu’est-ce que tu veux dire ?
— Rose a invoqué les monstres pour éliminer les héritiers du trône et prendre le contrôle du royaume. C’est réellement une fille diabolique dont les crimes resteront gravés dans l’histoire.
— Elle était si gentille à l’Académie. Je ne la pensais pas capable d’une chose pareille. Elle a même tué son père lors du tournoi de Bushin. L’habit ne fait pas le moine. Enfin, si elle insistait, je ne refuserais pas sa demande en mariage.
— Main… Maintenant que tu le dis, c’est une fille ignoble… »
La naissance du monarque qui devait entrer dans l’histoire s’était transformée en récit de méchant. Ce qui est fait est fait. Un monarque maléfique bouleversait le monde, une Éminence de l’Ombre qui contrôlait secrètement la couronne… J’avais improvisé un changement drastique, quel talent !
« Des commérages concernant Rose fusent.
— Oui, apparemment, elle serait liée à Shadow Garden…
— Eh, Jaga ! C’est dangereux d’en parler, dit Hyoro pour l’interrompre.
— Oups, tu as raison. Si je continue, je vais bientôt me volatiliser.
— C’est-à-dire ?
— Quatre étudiants de l’Académie ont disparu durant les vacances d’hiver. D’après les rumeurs, ce serait l’œuvre de l’organisation qui avait attaqué l’école, expliqua Hyoro, l’air sérieux.
— Ils kipnappent les élèves qui ont essayé d’enquêter sur eux… dit Jaga, apeuré.
— Hmm, est-ce qu’ils feraient vraiment une chose pareille ?
— Probablement pas. »
Jaga se retourna et fit mine de se calmer.
« Après la disparition de ces élèves, tout le monde alimente des théories du complot. Les chevaliers ont enquêté au cas où, mais il n’y a aucune trace d’intrusion.
— Leurs résultats ont baissé et ils ont voulu échapper à la réalité. Ils n’ont pas disparu, ils se sont enfuis. Tes notes sont bonnes, Jaga ?
— J’ai tout juste la moyenne. Et toi, Hyoro ?
— M-Moi, bof, bof. Et toi, Cid ?
— Moi aussi, ça devrait aller… Je crois.
— Oh, c’est bien. Aucun de nous ne va redoubler alors.
— C-C-C-C’est vrai.
— Effectivement.
— Au fait, que faites-vous après ?
— Il n’y avait que la cérémonie d’ouverture aujourd’hui, nous n’avons pas d’autres cours. Nous pourrions retourner au dortoir pour jouer aux cartes.
— Hein, aux cartes ?
— C’est un produit de Mitsugoshi ! »
Hyoro affichait un air arrogant tandis qu’il sortait un jeu de cartes, identique à ceux que j’avais pu voir dans ma vie précédente. Je ne pensais pas trouver ce type de marchandise dans le magasin.
« C’est Nina qui me l’a offert. On peut faire une partie de président ou de poker !
— C’est sans doute une première pour Cid. Nous allons te montrer à quel point le monde du jeu est cruel.
— Héhéhé… Dans ce cas, le poker est le choix idéal. Parions tout notre argent. »
Du poker ? Il s’agissait probablement de Texas hold’em. J’avais enseigné les règles aux Sept Ombres autrefois. J’avais gardé un bon souvenir d’une partie où je les avais dépouillées tandis qu’elles retenaient leurs larmes. Il était naturel de leur prendre leur argent de poche, si c’était là le prix qu’ils devaient payer pour apprendre la cruauté de la vie en société… Mais ces dames progressaient rapidement, alors j’avais fui après ma victoire.
Voilà une excellente occasion pour m’emparer des sous de Hyoro et Jaga. Je fis craquer mes doigts.
« J’accepte le pari. Montrez-moi la dureté des jeux.
— Le montant est dix fois supérieur à d’habitude. Je vais me faire de l’argent en plus.
— Tu nous donnes le bâton pour te faire battre.
— Pff… »
Ouh là, attention. Je me couvris la bouche avec la main.
***
Nous décidâmes d’entamer notre partie de poker dans ma chambre. Le soleil était couché et Jaga avait déjà perdu tout son argent. Il regardait le plafond comme si son âme s’était échappée. J’avais amassé beaucoup de jetons.
« Je relance.
— Argh… Ta… Tapis. »
Hyoro mit tous les jetons qui lui restaient en jeu. Bien sûr, je suivis.
« Héhéhé… Tu es tombé dans mon piège. »
Hyoro révéla sa main avec un sourire triomphant.
« Hmm, d’accord. C’est bien joué.
— Cid, désolé, mais j’ai compris toutes tes stratégies. La roue tourne…
— Non, j’ai gagné.
— Hein ? »
Je dévoilai mes cartes.
« Comment… Un brelan ? Le poker avait l’air si simple quand je jouais avec Jaga…
— Je peux encore jouer si j’emprunte de l’argent. Il faut absolument que j’en récupère assez pour tenir le mois… Je vais mourir sinon… murmura Jaga dans un monologue confus.
— Allez, faites passer les billets. »
J’empochais leur argent tandis qu’ils sombraient dans le désespoir, puis je les abandonnai dans le couloir.
« Pardon, mais si vous n’avez pas d’argent, nous n’avons plus rien à nous dire », dis-je, avant de fermer la porte.
Je pouvais les entendre crier dans le couloir :
« Fait chier ! Je m’en souviendrai !
— On trichera la prochaine fois ! »
S’ils voulaient tricher, je ne me gênerais pas pour en faire autant. Si je m’y mettais sérieusement, même Alpha ne pouvait pas voir à travers ma ruse. Je mis l’argent que j’avais gagné dans ma tirelire de « fonds de l’Éminence de l’Ombre » avant de tamiser la lueur de la lampe. J’écoutais les bruits de la nuit pendant un moment. Puis, une voix retentit de l’autre côté de la fenêtre.
« Il était temps. Tu peux entrer.
— D’accord. »
J’entendis une réponse feutrée et une fille apparut de nulle part. Sa compétence de furtivité était louable. Tu t’es bien amélioré, Zeta. C’était une hybride au corps mince, vêtue d’une combinaison noire. Elle me regardait attentivement de ses yeux de chat d’un violet froid.
« Ça faisait longtemps, maître.
— Oui, ça faisait longtemps.
— Vous avez un peu grandi.
— Vraiment ?
— Oui. »
Elle hocha légèrement la tête. Puis, elle me tendit du poisson séché.
« C’est un souvenir.
— Oh ?
— C’est une carangue.
— Oh, d’accord.
— Je suis allée en pêcher en pleine mer.
— Ça devait être difficile.
— Il est bien gras. C’est la meilleure carangue de la saison.
— Je vois. »
Zeta était une hybride chat, ainsi que la sixième membre des Sept Ombres. Elle était intelligente, contrairement aux autres hybrides. Elle était calme et parlait peu. Elle était l’opposé d’un certain chien. Zeta continuait de me fixer alors que j’acceptais le poisson séché. Comme un chat qui attendait sa nourriture.
« Merci. Je le cuisinerai plus tard.
— D’accord. »
La queue dorée de Zeta remua légèrement, exprimant de la joie.
« Bien, dis-je en prenant un air sérieux, y a-t-il eu du progrès dans l’affaire ?
— L’Ordre bouge comme nous l’avions prévu.
— Hmm… »
Je me tenais près de la fenêtre, un verre de vin à la main. Zeta agit rapidement et me servit du vin. Elle avait compris le message. C’était le jeu d’espion que Zeta aimait tant. Elle avait toujours eu un talent pour la furtivité et l’infiltration.
« Ils continuent leur tentative de résurrection du bras droit.
— Je vois.
— Ils essaient d’améliorer les Gouttes de Diabolos. L’origine de toute l’affaire s’y trouve.
— C’est donc ça.
— Le bras est scellé dans les ruines de l’Académie.
— Je m’en doutais.
— Ils sont pressés. Ils ont peur de notre intervention.
— Tout comme nous l’avions prévu.
— Il ne leur reste plus beaucoup de temps. Ils vont bientôt agir. »
Zeta levait les yeux vers moi, semblant attendre mes instructions. Je ne m’en étais pas rendu compte, mais elle avait posé des textes anciens sur mon bureau. Ils étaient pour moi illisibles.
« Qu’en est-il des étudiants disparus ?
— Nous ne les avons pas encore retrouvés.
— Il y en a quatre…
— Oui.
— Et ils ne seront pas les derniers…
— Probablement pas. »
Alors que nous prétendions tous les deux avoir compris quelque chose, les yeux mi-clos tournés vers la fenêtre, nous fixions la lumière qui arrivait du dortoir des filles.
« Il y aura une cinquième victime.
— Oui… Que devons-nous faire ? »
Zeta me regardait fixement.
« Fais ce que tu veux.
— Vraiment ?
— Zeta, va jusqu’au bout.
— Hmm… au bout de quoi ?
— Du futur… et de ce qui vient après. Fais le nécessaire.
— Vos désirs sont des ordres. »
Une certaine solennité régnait entre nous. J’avais mentionné les étudiants disparus pour convoquer davantage de réalité dans notre conversation. Derrière la vie paisible de l’Académie, l’Ordre était en mouvement. Zeta et moi faisions mine de nous comprendre par un nouvel échange de regard. Je hochai la tête, elle aussi.
« Maître, je m’en occupe. J’irai jusqu’au bout ! »
Puis, elle disparut dans la nuit, dans une rafale. Mais je n’avais pas manqué ce qu’elle avait fait. Elle avait discrètement frotté sa queue dorée sur mon lit.
Je lui avais pourtant dit de cesser de marquer les objets.
J’enlevai les poils des draps avant de regarder le ciel nocturne. Il était déjà tard ; je me couchai pour me réveiller le lendemain en pleine forme.
« Seraient-ce des ténèbres éternelles, ou bien l’éveil des ténèbres éternelles… » murmurai-je, avant de m’endormir.
***
« Je ne lui pardonnerai jamais ! »
Claire Kagenô gonflait les joues dans le dortoir des filles.
« Combien de fois va-t-il encore me poser un lapin ? Il avait promis de revenir à la maison avec moi pendant les vacances d’hiver… »
La lampe éclairait un profil boudeur. La fille tenait un collier en acier.
« Je ne lui pardonnerai jamais, je le jure. Je vais le forcer à rentrer pour les vacances de printemps. »
Le collier tintait, tandis qu’elle s’assurait de la robustesse de la fermeture.
« Tu ne pourras pas t’échapper la prochaine fois. »
Elle grimaça soudain.
« Aïe… »
Un bruit sourd retentit quand le bijou tomba au sol.
« Ma main droite… Ça fait mal… »
Elle pressait sa main et son visage se tordait.
« Pourquoi… Ça s’était pourtant calmé il n’y a pas longtemps. »
Depuis que le cercle magique était apparu sur sa main, elle avait eu mal plusieurs fois. Mais, récemment, elle n’avait plus ressenti de douleur.
« Que se passe-t-il ? Réponds-moi, Aurora. »
Même si elle lui demandait, Aurora ne lui avait jamais rien révélé depuis ce jour-là. Peut-être que tout cela n’avait été qu’un rêve. Cependant, le cercle magique qu’elle avait sous son bandage à la main droite était réel. Claire ouvrit le tiroir de son bureau et prit des documents qu’elle étala sur le meuble.
« J’ai fait des recherches. Les symboles sur mon cercle magique sont les mêmes que sur les écrits qui parlent du démon Diabolos. »
Le cercle magique dessiné sur le document était en effet semblable à celui qui était gravé sur sa main droite.
« Qu’est-ce que ça veut dire ? Quel est mon lien avec Diabolos ? Que m’arrive-t-il ? S’il te plaît, réponds-moi… »
Claire entendit un bruit. Elle leva les yeux et regarda autour d’elle.
« Qu’est-ce que…
— Ui…
— Quoi… Aurora ! Est-ce que c’est toi ? »
La voix semblait résonner directement dans sa tête.
« Ui… en… nemi… »
Claire distinguait de mieux en mieux les paroles.
« Fuis… danger…
— Hein… Fuir ? »
Claire affichait une expression perplexe, quand un bruit de craquement se fit entendre.
« Qu’est-ce que c’est que ça ? »
Tout son environnement était fissuré. Le monde s’effondrait, comme un miroir brisé. Elle essaya de s’accrocher au bureau qui se cassa. Derrière le paysage en mille morceaux s’étendait un nouveau monde.
« Je suis toujours… dans ma chambre ? »
C’était bien sa chambre mais une mystérieuse brume blanche remplissait la pièce. Les bruits paraissaient lointains et Claire n’entendait que sa propre respiration. Puis elle remarqua des froissements de vêtements derrière elle.
« Comme tu es naïve ! »
Claire se retourna soudainement, assénant un coup de coude à la mâchoire de son agresseur, brisant celle-ci.
« Rah ! »
L’assaillant tomba presque à genoux, mais réussit à tenir debout. Son effort était toutefois vain. Son visage était parfaitement positionné pour le coup de genou que Claire lui donna.
« Je me suis entraînée sur Cid. »
La jupe de son uniforme tournoyait. L’homme inconscient avait les yeux retournés. Claire ne reconnaissait pas son visage.
« Qui est-ce ? »
Elle se baissa pour examiner l’individu de plus près. Mais le corps de l’homme se fissura avant de se briser à son tour.
« C-C’est comme tout à l’heure ! »
Il ne restait plus aucune trace de l’intrus.
« Mais, que se passe-t-il ? Eh ! Est-ce qu’il y a quelqu’un ? »
Claire sortit dans le couloir et ouvrit la porte de la chambre contiguë. Aucune de ses camarades n’était là. Ni dans la pièce voisine ni dans la suivante. Il n’y avait personne. Claire était seule en ce monde.
« Qu’est-ce que ça veut dire ? Dis, Aurora, tu es encore là, pas vrai ?
— Non, réagit-elle avec agacement.
— Mais si, puisque tu me réponds. Ce n’est pas le moment de plaisanter.
— Je t’avais dit de fuir.
— Je n’y peux rien. Je ne pouvais pas partir à la hâte.
— Tu es tellement bornée.
— C’était une urgence !
— J’ai aussi mes raisons.
— C’est-à-dire ?
— Je ne voulais pas t’impliquer là-dedans.
— Comment ? Tu m’as déjà laissé ce cercle magique ! »
Claire fixait ledit cercle sur le dos de sa main.
« C’était pour te protéger.
— Je sais, mais… tu pourrais au moins m’en donner la raison.
— Je voulais le faire. Mais je n’ai pas pu.
— Comment ça ?
— Parce qu’il voulait te protéger.
— Qui ?
— Il te protège. Il essaie de t’éloigner du danger. C’est pour ça que je ne peux rien te dire.
— Tu l’avais mentionné la dernière fois. De qui parles-tu ? Je n’ai aucune intention de me laisser protéger par qui que ce soit.
— Au contraire. Tu as toujours été protégée. Jusqu’alors, et tu le seras encore dans le futur. J’en suis presque jalouse.
— Je te le répète : je ne sais pas de qui il s’agit, mais je n’ai besoin de l’aide de personne. »
Un sentiment de colère s’échappait de la voix de Claire.
« Continue comme ça. Il vaut mieux que tu ne saches rien et que tu restes en lieu sûr. C’est ce qu’il souhaiterait…
— Ça suffit ! Ce n’est pas ce que je veux !
— Je ne dirai jamais rien. J’ai une grande dette envers lui. »
La voix d’Aurora trahissait son embarras.
« Je te ferai cracher le morceau.
— Comment comptes-tu faire ça ?
— Euh… »
Claire se calma soudain. Que pouvait-elle bien faire à quelqu’un dont elle n’entendait que la voix dans sa tête ?
« Euh… Euh. Je vais crier jusqu’à ce que tu me dises la vérité.
— Vas-y, je t’en prie.
— Je vais vraiment le faire.
— Je ne te retiens pas.
— Je vais répandre de mauvaises rumeurs sur toi.
— Et donc ? »
Claire se mordit les lèvres.
« Ça y est, tu as fini ?
— Tu m’énerves de plus en plus.
— Ne t’inquiète pas, je vais te dire comment sortir de cet endroit.
— D’ailleurs, où suis-je ?
— Je ne te le dirai pas.
— Roh, j’en ai marre de toi !
— Pour commencer, va tout droit.
— Non, je ne veux pas.
— Si tu n’avances pas, tu ne sortiras jamais d’ici.
— C’est bon, j’ai compris. Il faut juste que j’avance, c’est ça ?
— Oui, avance, puis tourne trois fois sur toi-même.
— Quoi ?
— Je plaisante.
— Je te frapperai un jour. »
La fille à la chevelure noire s’avança dans un monde de brume blanche. Derrière elle, la figure d’une femme aux yeux violets était à peine perceptible.
***
Le troisième trimestre commençait à peine. Toute la classe semblait studieuse, peut-être à cause des examens de fin d’année qui arrivaient.
« J’ai entendu dire que la leçon de manipulation du mana d’aujourd’hui faisait partie des sujets de contrôle chaque année.
— Tu es toujours bien informé, Jaga.
— Il faut que je me mette à travailler, sinon ça va mal finir. Si je redouble, mes parents vont me tuer.
— Moi aussi je vais devoir m’y atteler sérieusement. Je me suis un peu trop relâché.
— Quand on veut, on peut.
— Oui, rien de plus simple. »
Les yeux de Hyoro et de Jaga étaient injectés de sang.
« Cid, tes notes sont passables aussi ? Tu devrais faire comme nous.
— Ah, oui, je vais vous imiter. »
Je maintenais mes résultats juste en dessous de la moyenne. À vrai dire, je m’entraînais à la magie pendant les cours, donc je ne comprenais pas la plupart des sujets. Si je m’y mettais sérieusement, je pouvais aisément tricher, donc il n’y avait aucun problème. Je ne saisissais pas non plus le cours du jour, mais j’avais réussi à prouver qu’il était possible de multiplier la puissance de magie par mille en compressant celle-ci.
Cet entraînement était nécessaire afin de devenir Éminence de l’Ombre. Je m’exerçais comme d’habitude à manipuler ma magie quand quelqu’un ouvrit la porte. Une fille aux cheveux argentés entra. C’était Alexia.
« Il fait beau aujourd’hui », dis-je en observant le ciel par la fenêtre.
Le temps était nuageux. Je me sentis visé par les yeux des autres élèves. Tout le monde se tourna vers moi à l’arrivée d’Alexia. Je n’étais pourtant qu’un garçon ordinaire qui se fondait dans la foule.
« Eh !
— Ah, des oiseaux volent dans le ciel. »
Le paysage présentait un spectacle banal.
« Regarde-moi, Médor.
— Les nuages sont portés par le vent. »
Cette journée promettait de se dérouler sans incident.
« Arrête de m’ignorer. »
Elle me saisit par la mâchoire. Mon cou émit un son désagréable quand je fus forcé à me retourner. Les yeux rouges d’Alexia étaient juste devant moi.
« Salut, princesse Alexia. »
Je tentai une salutation banale.
« Bonjour, Cid Kagenô.
— Tu es sûre de ne pas t’être trompée de classe, princesse Alexia ?
— Sûre et certaine. Je suis venue pour toi, Cid Kagenô.
— Ah, le cours va bientôt commencer ! Quel dommage, cette conversation devra attendre, dirent Jaga et Hyoro en chœur.
— Ça n’a pas d’importance. Je vous l’emprunte un instant. »
Alexia se tourna vers mes camarades avant de m’attraper par la nuque.
« A-A-Allez-y !
— J-J-Je vous en prie ! »
Je fus emporté au son de la voix de ces traîtres.
***
On m’emmena au dortoir des filles.
« Est-ce que je peux vraiment rentrer ?
— J’en ai eu la permission.
— Mais je suis un garçon.
— Tu es un membre de la famille, donc tout va bien.
— De la famille ? »
Alexia s’arrêta devant une porte. Si je me rappelais bien, c’était la chambre de Claire.
« Ta sœur était absente lors du petit-déjeuner.
— Ah oui ?
— Quand une étudiante est venue voir si tout allait bien, elle a constaté que sa porte n’était pas verrouillée. »
Quand Alexia ouvrit la porte, il n’y avait effectivement personne à l’intérieur.
« J’ai cherché partout où elle aurait pu être, mais je ne l’ai pas trouvée.
— Oooh !
— Est-ce que tu sais quelque chose ?
— Non. »
Je répondis immédiatement et Alexia me regarda comme si j’étais fou.
« Tu n’es pas inquiet ?
— Ça arrive souvent.
— Ah bon ?
— Elle disparaissait fréquemment quand nous étions enfants.
— C’est pour ça que je t’ai demandé si tu étais au courant de quelque chose.
— Ah, oui, vu comme ça.
— Où était-elle pendant ces disparitions ?
— Je ne sais pas, elle revenait d’elle-même. »
C’étaient les Sept Ombres qui s’étaient chargées de la secourir. Cette fois-ci, Zeta n’était pas loin. J’avais confiance en ses capacités, donc si elle ne faisait rien, c’était qu’il n’y avait pas lieu de s’inquiéter.
« C’est peut-être une fugue, suggéra Alexia.
— C’est possible.
— Ça va si ce n’est que ça, mais quelque chose me dérange.
— Quoi donc ?
— Regarde ça. »
En entrant dans la pièce, elle ramassa un bijou par terre.
« C’est un collier ? Il a l’air très solide, remarquai-je.
— Il possède aussi un sceau magique. Ce n’est pas un objet qu’on trouve habituellement dans une chambre de fille.
— Je ne sais pas si cette logique s’applique dans le cas de Claire.
— Il est possible que quelqu’un soit entré par effraction et ait essayé de l’emmener avec ce collier.
— Mais le collier est tombé ici.
— Sûrement pendant leur lutte. Mais il y a autre chose qui m’intrigue. »
Alexia baissa les yeux sur les documents posés sur le bureau. En voyant leur contenu, je compris ce que cela voulait dire.
« C’est… Oh ! »
Des textes anciens, un cercle magique très cool, des incantations qui semblaient avoir une signification mais qui en étaient dépourvues en réalité. Les preuves ne mentaient pas. C’étaient les notes secrètes d’une mégalomane.
« Sais-tu ce que c’est ? me demanda-t-elle.
— Non, aucune idée, je ne sais absolument rien.
— Ah oui ? Tes yeux partent dans tous les sens.
— Ça… Ça doit être ton imagination.
— Si tu le dis. »
Alexia retourna son attention vers les écrits de la honte.
« Je ne pense pas qu’il y ait quoi que ce soit d’intéressant dans ces documents, ajoutai-je.
— Tu es sûr ? »
Alexia étudia minutieusement le carnet. Malheureusement, il ne contenait que des choses embarrassantes. Il était évident que le collier marqué du sceau était un accessoire prétentieux, tout comme le cercle magique qu’elle avait dessiné sur sa main droite et qu’elle s’amusait à cacher avec des bandages. La mégalomanie de Claire avait peut-être atteint son apogée. Sa disparition soudaine était le symptôme le plus courant de la maladie.
« Je suis sûr qu’elle s’en sortira, affirmai-je.
— Tu as l’air d’avoir confiance en elle…
— Ce n’est pas tout à fait juste… »
Je dirais plutôt qu’il n’y avait aucun moyen de l’arrêter.
« Je… Iris est… »
Alexia plissa les yeux, comme si elle regardait au loin.
« En ce moment, je ne parviens pas à savoir ce que pense Iris.
— Oh ?
— Est-ce que ça t’est déjà arrivé ?
— La plupart du temps, je ne comprends pas Claire, déclarai-je.
— Je vois… Je me demande si c’est pareil pour tout le monde.
— Nous ne sommes que des inconnus liés par le sang.
— C’est très détaché comme façon de le dire.
— Tu trouves ?
— J’aimerais la comprendre.
— Je vois. »
Elle soupira doucement.
« Tu peux retourner en cours. Je vais fouiller un peu plus.
— D’accord. »
Je m’éloignai, laissant Alexia investiguer sérieusement le carnet honteux.
***
En somme, Claire ne semblait pas être revenue en fin de journée. Zeta était déjà sur l’affaire ; elle réglerait tout problème éventuel. Je faisais griller la carangue qu’elle m’avait offerte dans l’arrière-cour du dortoir. L’heure de l’extinction des feux était passée, il faisait nuit noire.
« C’est bientôt prêt. »
La graisse du poisson qui gouttait sur le feu créait un bruit alléchant.
« Je vais le laisser cuire un peu plus longtemps. »
Faire un feu de camp seul de temps en temps n’était pas une mauvaise idée. Cela permettait de s’aérer l’esprit. Le simple fait d’être en vie salissait la pensée. Alors que je regardais les flammes, je sentis une présence s’approcher à toute allure.
« Boss ! Je t’ai enfin trouvé ! »
Delta apparut, ses oreilles frétillaient.
« Salut. Il fait nuit alors ne faisons pas trop de bruit.
— J’ai chassé le Jagger noir !
— C’est bien. Il fait nuit alors ne faisons pas trop de bruit.
— Et madame Alpha m’a complimenté !
— Oooh ! Il fait nuit alors ne faisons pas trop de bruit.
— Je veux que tu me complimentes aussi !
— Bravo, bravo ! Bonne fille ! »
J’ébouriffais ses cheveux en lui caressant la tête, et Delta remuait la queue.
« Il fait déjà nuit alors ne faisons pas trop de bruit.
— Je tâcherai d’être discrète ! »
Après sa réponse enthousiaste, elle couvrit sa bouche avec les mains.
« Je vais parler avec une petite voix, murmura-t-elle.
— Oui, comme ça c’est bien.
— Oui, oui. J’ai creusé des trous comme tu m’as demandé. »
Sa voix s’élevait de plus en plus.
« Des trous ? Je ne m’en souviens pas.
— Tu l’as dit ! »
Elle parlait de nouveau normalement.
« Ah bon ? Bon, tant pis.
— Et j’ai trouvé ça ! Comme tu as dit ! C’est incroyable ! »
Delta sourit en mordant une sorte de pierre précieuse rouge.
« Pourquoi est-ce que tu mords ça ?
— Pour ne pas le perdre.
— C’est une idée de génie.