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Le roi Rapahel est mort, tué par sa propre fille, la princesse Rose. Afin de protéger la reine mais aussi tout le royaume d’Oriana, elle accepte d’épouser le duc Thomas Zoschist.
Les rumeurs de ce mariage circulent de plus en plus et parviennent aux oreilles de Cid. Non seulement une telle union représenterait un bouleversement majeur, mais elle risquerait d’anéantir ses plans !
Accompagné d’Epsilon, il parvient à se faufiler à l’intérieur du palais en prenant l’identité d’un apprenti musicien promis à un bel avenir. Sa couverture lui permet de se rapprocher au plus près de la famille royale et de découvrir bien des secrets autour de ce prétendu mariage. Quelles sont ses véritables intentions du duc Zoschist ?
Mais la menace d’une guerre plane sur le pays, et les Ombres doivent se tenir prêtes. Parviendront-elles à dépasser leur différend avec leur ancienne camarade et à combattre le mal ensemble ?
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Seitenzahl: 262
Veröffentlichungsjahr: 2025
Cover
Pages couleur
Prologue : Une guerre s’annonce au royaume d’Oriana !
Chapitre 1 : Empêchons le mariage de Rose Oriana !
Chapitre 2 : Plan d’attaque contre les épousailles !
Chapitre 3 : Interrompons la cérémonie !
Interlude : Le tueur chic de voyous fait son entrée !
Chapitre 4 : Dissimulons-nous dans l’ombre du Japon fantastique !
Chapitre 5 : Manœuvres secrètes au Japon, comme au bon vieux temps !
Chapitre 6 : Je sens quelque chose de louche… Mais l’Éminence de l’Ombre voit clair dans votre jeu !
Épilogue : Voyez l’Éminence de l’Ombre dans toute sa grandeur !
Annexes
A propos de JNC Nina
Copyright
Pages couleur
Table des matières
Il arrivait parfois de comprendre que l’on était dans un rêve. Pour Rose Oriana, cela se produisait sans cesse au même moment. Dans ce rêve, elle se trouvait au festival de Bushin. Son père était devant elle. Rose dégaina son épée et le poignard. Lentement, toujours plus lentement.
Dans ce monde silencieux, seuls Rose, son père et la lame se déplaçaient doucement. Lentement, encore plus lentement. L’épée transperçait le corps de son père. Rose ne pouvait pas s’arrêter. Ni retirer son arme. Le temps continuait à avancer lentement, cruellement. La sensation de la chair percée et la chaleur du sang qui jaillissait étaient gravées à jamais dans sa mémoire.
Elle ne pouvait pas pleurer non plus. Ni même crier. Il était impossible de fuir. Son père la regardait comme pour lui faire parvenir un message. Il tendit la main vers elle… Puis resserra ses doigts autour de son cou. « Je ne te pardonnerai jamais. »
***
« Pardon, pardon… »
Tous les matins, Rose se réveillait au son de sa propre voix. Dans une pièce équipée seulement d’un lit et d’un petit bureau. Elle se trouvait au sein d’une base de Shadow Garden dans le royaume d’Oriana.
« Père… »
Des larmes coulaient le long de ses joues. Le cauchemar était gravé au fond de son regard. Son père avait essayé de lui dire quelque chose pendant ses derniers instants. Peut-être des mots pleins de ressentiment. Peut-être la haïssait-il. Peut-être que les mots qu’il prononçait en rêve étaient sa réponse.
Rose agrippa les draps froids trempés de sueur. À ce moment-là, quelqu’un frappa à la porte.
« Numéro 666, c’est l’heure, annonça Numéro 664.
— J’arrive tout de suite. »
Rose sécha ses larmes et s’habilla. Elle retira sa chemise mouillée par la transpiration, puis sortit un slime noir qu’elle laissa glisser sur sa peau. C’était une combi-slime. Sa matière était un excellent conducteur de mana, et son élasticité lui permettait de prendre une infinité de formes possibles. Si Rose y transfusait son mana, aucun Magelame ordinaire ne pouvait l’égratigner.
Cette technologie était si révolutionnaire qu’elle dépassait les capacités des Magelames et ce n’était qu’une partie des savoirs que possédait Shadow Garden.
« Bonjour. »
Après s’être changée, Rose sortit dans le couloir où Numéro 664 et Numéro 665 l’attendaient. C’étaient des membres de son équipe.
« Dépêchons-nous.
— Saluuut, Numéro 666 ! »
Rose et Numéro 665 suivaient Numéro 664 qui marchait d’un pas rapide. Les murs et le plafond d’un gris dévitalisé du couloir étaient en béton armé, une autre innovation sur laquelle travaillait le centre de recherche. L’apparence des lieux était simple, ce qui mettait la lumière et le tapis en valeur. Les éclairages étaient composés de verres en cristal transparent avec une technique de coupe spéciale. Leur brillance formait de belles ombres dans l’espace.
Cela faisait aussi partie des créations développées par Shadow Garden, et proposées par le magasin Mitsugoshi sous forme de lustre de luxe. Les moins chers coûtaient dix millions de zennies, ce qui n’empêchait pas qu’ils se vendissent comme des petits pains. Plus tard, ces nombreuses technologies seraient utilisées dans le domaine de la construction.
Rosa soupira devant la finesse de toutes ces technologies. Le fait le plus surprenant était que ces savoirs venaient de la sagesse de l’Ombre de Shadow. Un homme qui possédait de telles connaissances, en plus de capacités de combat incroyables… Qui était-il ?
« Je t’ai entendu », dit Numéro 664.
Elle faisait référence au soupir de Rose.
« Si tu as des problèmes, n’hésite pas à en parler. J’ai conscience que tu te trouves dans une situation particulière.
— Ce n’est rien.
— D’accord… »
Numéro 664 était une elfe de petite stature. Elle paraissait avoir un an de plus que Rose. Elle était stricte mais avait un grand sens des responsabilités et était leur chef d’escouade.
Numéro 665 était une elfe du même âge que Rose. Elle semblait toujours somnolente et la tête ailleurs. Les deux filles étaient jolies et dans le monde extérieur, elles seraient considérées comme des Magelames de première classe. Mais elles faisaient toutes les deux partie du bas de l’échelle dans l’organisation.
Rose portait le numéro 666. Les nombres étaient assignés par rapport à l’ordre d’arrivée et non pas selon les capacités des personnes. Cependant, chaque groupe de cent était plus fort que la centaine suivante, ce qui permettait de jauger approximativement les capacités de tous. Bien sûr, il y avait des exceptions.
Rose avait déjà assisté à un combat de Numéro 559. Son adversaire était Numéro 89. Leurs numéros étaient séparés par plus de quatre cents nombres. Malgré cela, Numéro 559 avait gagné facilement. Cette victoire lui accorda la possibilité de défier les Numbers. Shadow Garden était étonnamment régimenté.
Elle avait la sensation d’avoir plus de mana et d’être devenue plus puissante. Faire partie de Shadow Garden lui donnait l’impression de pouvoir faire plus de choses. En se renforçant, elle serait capable de sauver le royaume d’Oriana. Mais la réalité était tout autre.
« Je dois travailler plus dur », murmura Rose en suivant les deux filles devant elle.
La mission d’aujourd’hui était supervisée par Numéro 559.
***
Après avoir quitté la base, Rose et les autres couraient sans bruit dans la neige, au milieu de la nuit. La forteresse était visible au loin. Une belle fille les regardait du sommet d’une colline.
« Vous êtes là », dit-elle avant de se retourner.
Ses cheveux blonds rosés se balançaient. Sa figure illuminée par le clair de lune lui donnait une splendeur divine, même aux yeux de Rose qui était aussi une femme. Elle portait le numéro 559 dans Shadow Garden.
« Nous sommes désolées pour l’attente.
— Comprenez-vous les raisons de cette mission ? »
Les paroles de Numéro 559 étaient toujours directes.
« Non, j’ai seulement entendu dire qu’elle était en lien avec le fort de Premier.
— C’est exact. »
Numéro 559 laissa échapper de la buée blanche, et leur tourna le dos.
« Il y a deux jours, le fort de Premier est tombé dans les mains de la faction des Zoschist. »
Le royaume d’Oriana était actuellement divisé entre la faction des Zoschist et le clan des anti-Zoschist. Il n’y avait pas encore eu de grandes batailles mais des escarmouches survenaient fréquemment dans les campagnes.
« Le fort de Premier est une petite forteresse près de la frontière du royaume de Midgar. Mais les Enfants de Diabolos ont secrètement été mobilisés pour la démanteler. »
Les Premiers Enfants étaient l’élite de l’Ordre. Les envoyer prendre une citadelle abandonnée représentait une perte d’effectif.
« Il y a quelque chose dans la fortification. Notre mission est d’intégrer le fort de Premier et de découvrir l’objectif de l’Ordre. Sais-tu pourquoi tu as été choisie ? »
Le regard de Numéro 559 était fixé sur Rose.
« Parce que je connais la forteresse. »
Le fort de Premier était situé dans les montagnes et servait de résidence d’été à la famille royale.
« Oui. Mais ce n’est pas tout. »
Rose sauta au pied de la colline. Elle marchait d’un pas léger dans la neige, comme un oiseau dansant. Rose et les autres se hâtèrent de la suivre.
« C’est moi qui t’ai choisi. Rose Oriana. »
Rose fut confuse en entendant son véritable nom. Le fait que le prénom de Numéro 666 était Rose Oriana était un secret de polichinelle au sein de Shadow Garden.
« Tu as reçu ce pouvoir de maître Shadow.
— Hein ? »
Numéro 664 et Numéro 665 regardaient Rose avec étonnement. Les sept premiers membres de l’organisation, les Sept Ombres, avaient reçu leur pouvoir de Shadow. Elles étaient déjà exceptionnelles dans Shadow Garden et avoir reçu leurs capacités de Shadow renforçait ce statut spécial.
« Oui… » répondit Rose avec un léger hochement de la tête.
C’était Shadow qui l’avait guérie de la Possession démoniaque.
« C’est aussi mon cas.
— Toi aussi ?
— Le maître m’a aussi sauvée. »
Numéro 559 fixait Rose comme pour jauger sa réaction, avant de murmurer :
« Tu es faible…
— Quoi…
— Je suis une fidèle servante de maître Shadow. J’éliminerai tous ceux qui ne sont pas dignes de lui. »
Numéro 559 jeta un coup d’œil à Rose avant de se retourner.
***
Des cadavres de soldats étaient empilés et laissés à l’abandon à l’intérieur du fort de Premier. Rose se mordit les lèvres en observant la scène des remparts. Voilà le fruit de cette guerre qu’elle avait elle-même déclenchée. Les combattants mouraient et les habitants souffraient. Le plus douloureux pour Rose était qu’elle ne pouvait rien y faire.
C’était peut-être de la vanité. Mais elle pensait que si elle agissait, les choses changeraient. Cependant, Rose n’était qu’une simple subordonnée de Shadow Garden. De nombreux membres de l’organisation étaient de loin supérieurs à elle aussi bien en termes de puissance de lutte qu’en termes de sagesse, et Rose mesura à quel point son propre pouvoir était insignifiant.
« Numéro 666, qu’y a-t-il ? »
Que pouvait-elle bien faire durant cette guerre ? Les visages des soldats, déformés par la douleur, semblaient la regarder avec rancœur.
« Numéro 666 ! »
Rose se retourna en sursautant. Numéro 664 la regardait avec anxiété.
« Pardon, ce n’est rien.
— D’accord. Essaie de ne pas prendre ça à cœur, dit Numéro 664 avec un sourire.
— Ils arrivent », murmura Numéro 559 qui surveillait les mouvements de l’Ordre.
Une silhouette vêtue d’une cape noire apparut de la porte de la forteresse éclairée par le clair de lune.
« Il y a plus de quarante personnes.
— C’est plus que ce que j’imaginais. »
Les lèvres de Numéro 559 se tordaient légèrement. C’était un sourire réjoui.
« Que faisons-nous ?
— Gardez vos distances et suivez-les. »
Avec Numéro 559 en tête, elles avancèrent dans l’obscurité sans un bruit. Le groupe en capes noires quitta la citadelle avant de s’enfoncer dans le maquis.
« Approchons-nous une fois dans la forêt.
— Entendu.
— Restez sur vos gardes. Ce sont tous des Premiers Enfants.
— Tous ? »
Les Premiers Enfants étaient l’élite de l’Ordre et n’étaient pas nombreux. Il était étrange que plus de quarante d’entre eux fussent rassemblés.
« Numéro 666. Qu’y a-t-il dans la forêt ? demanda Numéro 559.
— Il y a des ruines. Il s’agit de vestiges d’un temple dédié aux guerriers morts lors de la bataille contre Diabolos, bien qu’il n’en reste presque rien.
— Des ruines… Ça veut donc dire que… »
Numéro 559 semblait avoir découvert quelque chose. Elles réduisirent peu à peu leur distance avec le groupe dans les bois, avant d’arriver aux ruines. Le groupe vêtu de capes noires entourait un autel. Rose et les autres effacèrent leur présence en se cachant dans l’ombre.
« C’est certain… grâce à ça… la porte… »
La voix d’un homme qui semblait être le chef était à peine audible. Les torches qui éclairaient son visage révélaient un individu d’âge moyen avec des cicatrices aux joues.
« C’est Kouadoi la “tourmente”… Un des chefs de l’Ordre.
— Je vois. »
La bouche de Numéro 559 se tordait.
« Sur l’autel… là… je te laisse t’en occuper… Sa Majesté Reina. »
Kouadoi emmena une petite femme du groupe devant l’autel. La gorge de Rose se serra quand la dame retira sa cape.
« Mè… Mère… »
Cette femme était indubitablement la mère de Rose. Elle était forcée d’obéir à l’Ordre. Pourtant, Rose avait entendu dire que les anti-Zoschist protégeaient la famille royale d’Oriana.
« Pourquoi mère est-elle ici… »
Avait-elle été capturée ? Ou alors, Shadow Garden lui avait-il menti ? Plusieurs questions traversèrent l’esprit de Rose.
« Mettez votre main ici… »
La reine Reina tendit la main sur ordre de Kouadoi, puis des runes magiques lumineuses apparurent sur l’autel.
« Comme je le pensais… La clé… Sang… Famille royale… »
La lumière s’assombrit et un petit anneau flottait au-dessus de l’autel. C’était une bague.
« C’est certain… C’est… le royaume d’Oriana… »
Kouadoi mit la bague dans une petite boîte.
« Préparez-vous au combat, dit Numéro 559 avec un sourire en coin.
— Quoi… N’était-ce pas une simple mission d’enquête ? demanda Numéro 664 sur un ton désapprobateur.
— Cette bague est la clé. Nous éliminerons les ennemis et la récupérerons.
— Je ne comprends pas, quelle est cette clé ?
— Vous n’avez pas besoin de connaître les détails. Sachez seulement qu’il faut impérativement mettre la main dessus. Contentez-vous de réfléchir à un moyen de vous en saisir. »
Les informations importantes ne pouvaient être révélées à des membres comme Numéro 664 ou Rose. Shadow Garden gérait rigoureusement les renseignements.
« Attends, nous sommes totalement désavantagées… »
Elles étaient quatre contre quarante. Ils étaient dix fois plus nombreux.
« Et alors ? demanda nonchalamment Numéro 559 en dégainant son épée noire. C’est l’heure de l’exécution.
— A… Attends, ma mère est parmi eux… »
Rose fut ignorée. Numéro 559 frappa le sol du pied et se déplaça rapidement vers l’autel. L’arme dans sa main s’allongeait. Elle comptait les trancher d’un seul coup.
« Qui… Qui va là… »
Les Enfants dégainèrent leurs épées. Immédiatement après, un son strident retentit. Le coup de Numéro 559 brisa facilement leurs épées et coupa les Enfants en deux.
« C’est Shadow Garden ! Dispersez-vous ! »
Ses capacités rappelaient celles des Sept Ombres. Une énorme onde de choc se propagea. L’Ordre fut attaqué par surprise ; cependant, ses membres reprirent rapidement leurs esprits et commencèrent à se séparer. Mais Numéro 559 continuait de les éliminer un par un. Puis, elle visa la reine Reina.
« Mère ! »
Rose revit le visage de son père dans son esprit. La figure qu’elle avait aperçue un nombre incalculable de fois en rêve : les derniers instants de son père, transpercé à la poitrine et vomissant du sang.
« Nooooooooon ! »
Rose tendit la main et prit sa mère dans les bras pour la protéger de la lame de Numéro 559. La reine Reina la regarda avec surprise.
« Rose ?
— Mère ! s’écria-t-elle en la serrant plus fort. Pourquoi… Mère, pourquoi est-ce que… »
Les yeux couleur miel de Numéro 559, teintés de colère, la fixaient.
« Pff… »
Numéro 559 répondit par un sourire froid. Rose garda sa mère dans ses bras, comme pour la protéger, alors qu’elles étaient encerclées par l’Ordre. De nombreuses lames étaient dirigées vers elles.
« Ne bougez pas. Si vous bougez, je les tue, prévint Kouadoi. Même si nous avons été pris au dépourvu, je ne pensais pas qu’on perdrait neuf de nos Premiers Enfants… Vous faites donc partie des Sept Ombres ? »
Neuf cadavres gisaient autour d’eux.
« Malheureusement… Je ne suis pas une des Sept Ombres, répondit Numéro 559.
— Non ? Dans ce cas, êtes-vous des Numbers ?
— Je suis seulement le numéro 559, pour l’instant…
— Du simple menu fretin, doté de tant de force… s’étonna Kouadoi en écarquillant les yeux. Mais peu importe votre puissance, c’en est fini de vous. »
Il agita le bras et trois personnes vêtues de noir retirèrent leurs capuches.
« Oh non… Il y a trois autres chefs de l’Ordre. »
Les visages de Numéro 664 et Numéro 665 se tordaient de désespoir. Celui-ci de Numéro 559 affichait un sourire.
« Ne tentez rien. Nous détenons un otage. »
Kouadoi pointa son épée vers le cou de Rose.
« Faites ce que vous en voulez.
— Quoi ?
— Cette femme ne mérite pas de faire partie de Shadow Garden. »
Le mana de Numéro 559 se densifia.
« Éliminez-les. »
Rose fut capturée et emmenée avec sa mère. La dernière chose qu’elle vit quand elle se retourna fut Numéro 559 encerclée par l’Ordre.
***
J’écoutais l’histoire en buvant du jus de pomme, dans une taverne de la ville du Fort Premier. Après avoir échappé à Delta, je traversai la frontière en vitesse pour m’infiltrer dans le royaume d’Oriana.
« La guerre a commencé. Le fort de Premier a été pris par Kouadoi et de nombreux habitants ont été massacrés.
— Hmm, je vois. »
Je donnai un coup sur le comptoir. La gérante était une belle femme sexy appelée Marie. J’avais l’impression de l’avoir déjà vue auparavant, mais cela devait être mon imagination. D’ailleurs, 90 % des clients masculins semblaient être là pour la regarder.
« C’est l’anarchie complète. Les soldats vident les poches des commerçants.
— Hmm, oui, c’est embêtant.
— Je suis désolée que tu sois ici pendant une telle période. Je viens tout juste d’ouvrir cet endroit aussi et… »
Le royaume d’Oriana fut divisé en deux clans depuis qu’il n’avait plus de roi. Il y avait un certain charme dans la guerre et les luttes de factions. L’occasion de faire une entrée cool en tant qu’Éminence de l’Ombre était inévitable.
« Mais je suis sûre que tout finira par s’arranger.
— Hmm, oui, c’est sûr.
— Il ne faut pas abandonner. Quand on continue à persévérer, des portes s’ouvrent à nous.
— C’est sûr, hmm, oui. »
Les prunelles de Marie brillaient tandis qu’elle regardait au loin. Mais ses yeux ne pouvaient que se poser sur la porte de la taverne miteuse. À ce moment-là, la porte s’entrebâilla, laissant apparaître trois soldats véreux.
« Eh, ma jolie ! File-moi toutes tes recettes ! »
La réalité était cruelle.
« Mais… Mais, ce n’est pas possible ! Je vous les ai déjà données la dernière fois…
— Ferme-la ! Si tu ne veux pas me les donner, alors tu paieras avec ton corps.
— Ce… C’est…
— Eh ! »
Un garçon courageux se leva et se tint devant les soldats tyranniques.
Vous l’avez deviné, c’était moi ! Je pensais trembler de peur comme les autres clients, réaction typique des personnages secondaires…
« N-N-N-Ne touchez pas à Marie ! »
Mais cette fois-ci, le garçon allait tenir tête aux malfrats grâce au pouvoir de l’amour… En vain, bien sûr !
« Pegyah ! »
Je fus envoyé dans les airs en un seul coup de poing, avec un saignement de nez. Je pivotai pendant mon envol pour atterrir parfaitement face contre terre.
Héhéhé, un personnage secondaire battu avec panache !
« Cid !
— C’est ton tour maintenant, ma jolie, dit le soldat en riant.
— Je… Je vais payer ! »
Marie rassembla son argent et le donna aux soldats.
« Bah voilà, c’était pas compliqué… Hein, c’est tout ?
— C’est… C’est tout ce que j’ai. Les affaires n’ont pas été bonnes…
— Te fous pas de moi ! »
Le soldat attrapa Marie par le col.
« C’est bon pour aujourd’hui. Mais tu sais ce qui t’attend la prochaine fois… »
Les soldats regardèrent Marie avec un œil pervers avant de sortir de la taverne.
« Cid, est-ce que ça va ? »
Marie laissa ma tête reposer sur ses cuisses.
« Uh… Uuuh… Pardon, Marie.
— Qu’est-ce qui t’a pris, franchement ?
— Désolé… Ils t’ont volé ton argent.
— Ce n’est pas grave, dit-elle en me caressant les cheveux.
— Tu es bien calme.
— C’est parce que je suis habituée. Je viens de la Cité de l’Anarchie. »
J’aimais bien la Cité de l’Anarchie. Je la considérais comme ma deuxième maison.
« J’ai longtemps été prostituée là-bas. La vie y était difficile et j’ai pensé à abandonner plusieurs fois, mais je ne l’ai pas fait. C’est pour ça que j’ai été sauvée par lui… dit-elle avec des étoiles dans les yeux. C’est pour ça que je ne baisserai pas les bras. Parce que, si je persévère, je reverrai cette personne un jour…
— C’est vrai. Bon, je dois m’en aller.
— Merci, Cid. Ça m’a fait plaisir que tu aies pris ma défense. »
Marie m’accompagna jusqu’à la sortie en souriant.
***
Trois soldats marchaient sur un chemin pendant une nuit froide.
« Haha, c’est un jeu d’enfant ! Qu’est-ce qu’une beauté comme elle fait cette ville ? »
Le soldat secoua le sac qui contenait l’argent.
« Bonne question. J’ai entendu dire qu’ils prévoyaient de massacrer tous les habitants pour les faire taire.
— Il y aurait, semble-t-il, des ruines importantes ou je ne sais quoi non loin… Héhéhé, amusons-nous avant la tuerie », dit-il en soufflant une buée blanche.
Alors qu’ils s’apprêtaient à tourner dans une ruelle, un garçon apparut.
« Eh ! »
Le garçon sourit légèrement. Il avait une apparence ordinaire, des yeux et des cheveux noirs.
« Tu es le gars de tout à l’heure.
— Oh, tu es le gamin pathétique qui s’est envolé après un seul coup.
— Haha, et si on le tuait ? »
Le soldat dégaina son épée sans hésitation. Mais le jeune homme avait disparu.
« Il s’est volatilisé !
— Hein ? Où est-il allé ?
— Ah, derrière ! »
Le garçon se trouvait derrière eux. Il se tenait simplement debout, rien n’avait changé chez lui.
« Commençons par le tuer, à la sauce de la Cité de l’Anarchie. »
Le jeune homme hocha la tête avec approbation.
« Eh, qu’est-ce que t’as fait ?
— Quelque chose cloche chez lui.
— Te dégonfle pas ! »
Le soldat brandit son épée, mais le garçon avait déjà disparu.
« Il… Il s’est encore volatilisé !
— Très bonne idée. »
La voix du garçon retentit d’un endroit inconnu.
« Où est-il… Koff ! »
Le garçon se manifesta à nouveau derrière eux. Il tenait le cœur d’un soldat dans sa main. Du sang tombait sur la neige.
« Ce… C’est pas vrai ! Il lui a arraché le cœur à mains nues !
— Comment est-ce possible ? Tout à l’heure, il avait suffi d’un coup de poing… »
Ses mouvements étaient fluides. Le garçon jeta le cœur ensanglanté et perça la poitrine du soldat qui s’enfuyait par-derrière.
« Koff ! Ah… Au… Au secou… »
Le second cœur fut écrasé, formant une fleur de sang.
« Par… Pardon ! Pardon de t’avoir frappé ! »
Le garçon tendit son bras ensanglanté vers le dernier homme restant.
« La Cité de l’Anarchie est régie par la loi du plus fort.
— Hii ! Au secours… »
Le soldat fut transpercé. Le sang se propagea dans la ruelle.
« En d’autres termes, je suis la justice. »
Le brillant clair de lune illuminait les poitrines trouées.
« Une forteresse et des ruines… Leur sujet de conversation était intéressant. »
Le garçon jeta le cœur et ramassa le sac. Il plissa ensuite les yeux pour regarder la fortification au loin.
***
« Monstre… » murmura Kouadoi.
Numéro 664 acquiesça profondément. Elle était adossée à un arbre avec Numéro 665 effondrée à ses pieds. Elles avaient épuisé leur mana et toutes leurs forces. D’innombrables cadavres gisaient au sol. Il y en avait plus d’une centaine. Numéro 559, maculée de sang, se tenait au centre du massacre.
Après que Rose avait été emportée, la bataille s’était poursuivie. Elles avaient décimé le groupe des personnes vêtues de cape noire, dont trois chefs de l’Ordre, avant de terrasser les renforts arrivés de la forteresse par la suite.
Numéro 559 n’eut aucun moment de répit pendant cette bataille qui dura trois jours et trois nuits. Et elle n’en ressortit pas indemne.
Son dos fut tailladé, son abdomen percé, et son bras gauche coupé après le coude. Elle tenait son épée noire faiblement dans sa main droite. Il était étrange qu’elle pût encore tenir debout avec de telles blessures. Du sang coulait toujours de son bras gauche. Elle ne devait plus avoir assez de mana pour interrompre l’hémorragie.
« On… On dirait bien que tu es à court de mana, dit Kouadoi. Tu nous as donné du mal. »
Il s’approcha de Numéro 559 et lui asséna un coup de pied au ventre.
« Argh… »
Numéro 559 s’effondra avec un faible gémissement. Kouadoi posa son pied sur son cou.
« Je pourrais t’éliminer comme ça. »
Il pressa un peu plus son pied.
« Tu tuer ne suffirait pas. Je vais te faire comprendre à quel point nous avons subi des dégâts. »
Kouadoi piétina Numéro 559 avec un grand sourire.
« Mais ces sacrifices en valaient la peine, maintenant que nous avons obtenu Rose Oriana. Sire Thomas sera ravi d’apprendre la nouvelle. »
Kouadoi contempla les runes, satisfait.
« Eh bien, par où commencer ? Le bras droit ? Les jambes ? Ou alors les yeux… »
Kouadoi infligea une blessure légère à Numéro 559 avec sa lame. Le combi-slime était inutile sans mana. Numéro 664 ne pouvait qu’observer la scène.
« Quoi ? Pourquoi fais-tu cette tête ? »
Kouadoi lança un regard méfiant vers Numéro 559. Celle-ci riait. C’était un sourire radieux.
« Il va me sauver à nouveau… »
Des larmes coulaient de ses yeux.
« Tu es vraiment dégénérée. Je vais te couper le bras droit. »
Kouadoi était sur le point de brandir son épée.
« Aguiiiiiii ! »
Kouadoi s’effondra en criant. Sa jambe fut coupée misérablement au-dessus de la cheville.
« Co… Comment… »
Numéro 559 se leva lentement. Elle tenait quelque chose dans sa main droite. C’était la jambe de Kouadoi.
« Tu… Tu n’avais plus mana, comment… »
Avant que son ennemi ne s’en rendît compte, du mana bleu-violet entoura Numéro 559. Le tourbillon de mana était si dense qu’il soigna ses blessures. Elle remit son bras au niveau de la plaie. Le mana convergeait vers la lésion et brillait. Puis…
« Ceci est son pouvoir… »
Son bras gauche était redevenu comme avant.
« Il y a d’autres monstres parmi Shadow Garden, en dehors de Sept Ombres… »
Kouadoi se retourna et s’enfuit. Même sans sa jambe, il restait la « tourmente ». Ses mouvements ne pouvaient pas être suivis des yeux, il n’y avait qu’une brise.
« Crétin… nous sommes dans son domaine », murmura Numéro 559.
L’instant d’après, des éclaboussures de sang voltigeaient comme des pétales. Le corps déchiré de Kouadoi tomba. Son visage exprimait encore la surprise après sa mort. Des bruits de pas retentirent. Des bottes hautes et noires avançaient sur les pavés.
« Ravie de vous revoir… »
Numéro 559 s’agenouilla avec joie. Un homme vêtu d’un long manteau sombre émergea de l’obscurité. Le sang sur son épée brillait étrangement.
« Maître Shadow… »
Numéro 664 s’agenouilla précipitamment.
***
J’étais au fort de Premier quand j’ai senti du mana dans la forêt alentour. Une fille aux cheveux blond rosé que je reconnaissais était dans une mauvaise posture. Je crois que son nom était Victoria. C’était une fille que j’avais guérie de la Possession démoniaque l’année dernière puis j’avais laissé Alpha s’occuper d’elle. C’était une fille fragile, qui n’aurait pas fait de mal à une mouche. Je fus surpris de le trouver couverte de sang au milieu d’une bataille.
Elle avait l’air de souffrir alors je l’ai soignée, mais elle n’aurait pas dû pousser son corps à bout de la sorte. J’avais réduit en morceaux le vieil homme qui la martyrisait.
« Tout va bien ? demandai-je à Victoria.
— Oui. »
Tant mieux alors. Mais pourquoi se battait-elle avec des soldats ?
« Que s’est-il passé ?
— Un petit imprévu. L’Ordre a fait une avancée dans ses plans… »
Un petit imprévu, hein.
Tout le monde a des choses à cacher. Elles ont dû être surprises par les soldats pendant qu’elles faisaient de mauvaises choses. Elles essayaient de le dissimuler en faisant passer cela pour un plan de Diabolos.
En plus de Victoria, il y avait deux autres filles qui étaient avec Rose. Elles n’avaient pas l’air d’être mortellement blessées, mais je les soignai quand même.
« Mer… Merci beaucoup…
— Merci bien. »
C’est bien, elles sont polies.
« Maître ! Nous devons vous faire part d’une information. »
Victoria tira légèrement mon manteau. Cette action me rendit nostalgique et me rappela quand je l’avais soignée l’année dernière. Elle tirait souvent mon manteau de la sorte.
« Cela concerne la traîtresse, Numéro 666. »
Qui ça ? Les membres de Mitsugoshi semblaient s’appeler par un nombre mais je ne pouvais pas me souvenir de six cents personnes.
« Une traîtresse ?
— C’est… C’est faux ! Numéro 666 ne nous a pas trahies, elle voulait sauver sa mère quand… »
Une fille du genre déléguée de classe prit sa défense.
« Je vois… »
Numéro 666 avait trahi l’organisation. Elle était peut-être partie à avec des informations concernant les nouveaux produits de Mitsugoshi. Je hochais la tête quand Victoria tira de nouveau sur mon manteau.
« Numéro 666 n’est pas digne de vous. Je… »
Un vent fort se leva soudain et un papier se mit à flotter.
« Hmm ? »
J’ai regardé le contenu des écrits par curiosité : « Félicitations ! La princesse Rose Oriana et le duc Thomas Zoschist vont se marier ! »
« Quoi… »
Rose allait se marier ? N’avait-elle pas tué son père dans le but de devenir le nouveau monarque ? De plus, l’autre partie était un ancien fiancé qui l’avait déjà rejetée. Pourquoi renouer les fiançailles après tout cela ?
Que s’était-il passé ? Avait-elle renoncé à prendre le pouvoir ?
« C’est inacceptable… »
Je déchirai le document en minuscules morceaux. Parce qu’il y avait de la lumière, cela créa de brillantes petites ombres. Si elle devenait la souveraine, mon rôle d’Éminence de l’Ombre serait plus intéressant.
« Mais… Hein ? Pourquoi !
— Je n’en attendais pas moins du maître !
— Je ne le pardonnerai… jamais ! »
Je ferai tout pour arrêter ce mariage. Même si ses parents le permettaient, je ne le tolérerai pas.
« Attends-moi, Rose Oriana. »
Rose, pourquoi as-tu poignardé ton père ? N’était-ce pas pour t’emparer du pouvoir ?
« Maître, je m’en remets à vous pour vous occuper de la traîtresse.
— Oh non… Numéro 666… »
Je partis à toute vitesse, faisant voler la neige, laissant derrière moi Victoria qui avait des étoiles dans les yeux et deux petites elfes emplies de désespoir.
Ah, je dois payer pour mon jus de pomme d’abord.
***
Marie se réveilla au milieu de la nuit. C’était une nuit calme et très froide. La fenêtre était entrouverte. Elle était pourtant persuadée de l’avoir fermée avant de dormir. Marie souffla une buée blanche et sortit de son lit. À cet instant, quelque chose bougea à côté de la fenêtre.
« Qui… Qui est là ?
Il n’y eut pas de réponse. L’ombre d’une personne était visible. Le clair de lune illuminait la pièce.
« Ah… »
La silhouette portait un long manteau noir et familier.
« Tu es… »
Alors qu’elle s’apprêtait à ouvrir la fenêtre, la silhouette disparut.
« A… Attends, s’il te plaît ! »
Marie se précipita à la fenêtre. Mais il n’y avait personne.
« Est-ce que c’était lui… »
Le voleur a dû s’enfuir. C’était la chose logique à penser. Mais Marie était toujours à la recherche d’un certain homme. Quand elle se baladait en ville, quand elle travaillait, peu importe ce qu’elle faisait. Même le garçon aux cheveux noirs rencontré à la taverne lui rappelait cette personne.
« C’est stupide… »
Elle se dirigeait vers la fenêtre pour la refermer quand elle vit un grand sac par terre.
« C’est… Ah. »
Marie se mit à pleurer quand elle vit le contenu du sac. Elle serra le sac encore imprégné de chaleur contre elle.
J’arrivai dans la capitale du royaume d’Oriana, renommée pour ses arts. Son magnifique paysage était connu pour ses murs immaculés et ses toits rouges mais, en hiver, la neige qui recouvrait les maisons tapissait la ville de blanc à perte de vue.
La cité était habituellement un lieu touristique très populaire mais les visiteurs étaient absents. Cela s’expliquait par l’imminence d’une guerre qui promettait d’éclater à tout moment. Une atmosphère tendue régnait parmi les habitants. On disait que Thomas Zoschist visait le trône à travers son mariage avec Rose.
C’était inadmissible. Il fallait convaincre Rose. J’arrivai donc à l’entrée principale du château royal, où des vigiles surveillaient les passages.
« Chers gardes ! Essayez de suivre mes mouvements à la vitesse du son… »
Le temps était ensoleillé, les gens affluaient et les sentinelles étaient aux aguets. Le moment était venu de faire briller mes techniques de furtivité.
« Maître Sha… Cid, ça faisait longtemps ! »
Une voix familière m’interpella.
« Eh bien, Epsilon. Quelle coïncidence ! »