Treize ans plus tard... - Elima Diabong - E-Book

Treize ans plus tard... E-Book

Elima Diabong

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Beschreibung

Il est maintenant minuit! Rituel inconnu, je vis dans l’angoisse pendant que plusieurs femmes m’entourent et s’occupent de moi. Des visages connus, qui tout d’un coup deviennent des étrangers, ce qui accentue mon mal être du moment… Le mot mariage me met dans un état second, je me ronge les ongles au sang dans un désarroi insoupçonné. Être mariée de force à quatorze ans. Être accusée de ne pas être vierge à sa nuit de noce et devoir subir l’enfer de la lapidation, voici ce qui attend Elsa dans cette vieille case en paille où elle est enchaînée et humiliée. Réussira-t-elle à sortir de ce tourment ?
Ce roman est un parcours de mémoire et une série de réflexions sur la vie et sur tous les sentiments qui nous animent au quotidien. C’est un miroir pour la femme confrontée aux affres du mariage forcé, au viol et à d’autres faits sociaux. Ce livre nous offre aussi un mélange de cultures rendu possible grâce au parcours du personnage principal.


À PROPOS DE L'AUTEURE


Elima Diabong est née à Latmingué, dans la région de Kaolack (Sénégal) où elle vécut une partie de son enfance. Après un brillant parcours scolaire au Lycée de Khombole (Thiès), elle obtient une bourse pour aller étudier au Maroc et ensuite en France où elle complète une maîtrise dans le domaine du français langue seconde à l’Université de Lyon. Aujourd’hui, mère de deux enfants, Madame Elima Diabong vit à Thetford Mines (Québec). Amoureuse de littérature et de voyage, elle trouve sa passion dans l’écriture où elle aborde le problème de la condition des femmes sous le joug des traditions, particulièrement en Afrique.

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ELIMADIABONG

 

TREIZEANSPLUSTARD...

 

 

POURCOMMENTAIREOUPOURCOMMANDER

[email protected] LauraPettenati

 

ElimaDiabong

Toutereproductionpartielleoutotaleestinterditesansleconsentementexplicitedel’autrice

LarévisionlinguistiquedecetouvrageestassuréeparMarie-ClaudeJouvet

 

Cettepublicationestdirigéepar:

 

 

Téléphone:418-761-1154

Courriel:[email protected]

 

 

 

 

 

ÀlamémoiredemondéfuntpèreAssaneetdemonpetit frèreAmath.ÀmononcleCheikhFaye,tombéaufrontpendantla guerreenCasamance.

À mes deux enfants,Fadel et Zeyna Dioufpour toutl’amourqu’ilsm’apportentauquotidien.

Amamère.ÀmontendreépouxMouhamedDiouf.

Àtoutemafamilleetauxgensquicomptentpour moi.

 

Àtoiquilirascetouvrage,jeteremercieinfiniment!Celivreestunprojetd’écritureoùj’ailaissélibrecoursàmonimagination.Lesévènementsdécritsdanscerécitsontpurementfictifs;certainslieux existent réellement et d’autres non. Toute ressemblance avecdespersonnesexistantesouayantexistéestpurementfortuite.

 

PRÉFACE

Je me demande souvent ce que la société a fait pourchanger la vie de milliers de jeunes filles qui continuentdevivresouslepoidsdesmaltraitancesémotionnellesetphysiques ou d’autres expériences traumatiques commeleviol,lesmariagesprécocesetforcés,lesmarginalisationssociales. Jusqu’à présent, la condition féminine s’amélioretrès lentement dans certaines parties du monde où laculturerésistetoujoursàlaloi.Beaucoupdejeunesfillessont sexuellement abusées, d’autres courent le risque d’enperdre la dignité humaine. Cela montre à quel point j’ai accepté,avechumilitéetenthousiasme,depréfacercetouvragetrèsémouvant.

On sait bien que, dans certaines familles, l’adolescentepeutêtreconfrontéeàlapressiondesparents.C’estlafamille qui décide de sa carrière et qui lui choisit un mari. “Ilfautapprendreàvivreavec…”,a-t-onl’habituded’entendre dans certains discours moralisateurs. Dans de nombreusessociétés, les jeunes filles ont l’impression que leur avis necompte pas, qu’elles n’ont aucune influence. Et combiend’entreelless’ensortent?Combiensaventgérercespressionsetinjusticesquiviennentdeleurspropresfamilles,cesabusvenantd’ailleurs?Toutescessouffrancessontconnuesde nos jours et, l’on ne propose pas grand-chose pourqu’ellesdisparaissentàjamais.

“Ilestmaintenantminuit!Rituelinconnu,jevisdansl’angoisse pendant que plusieurs femmes m’entourent ets’occupent de moi. Des visages connus qui tout d’un coupdeviennent des étrangers, ce qui accentue mon mal être dumoment. Des tantes, des voisines, des coépouses ; les tâchessont réparties et chacune connaît son rôle. Elles chantonnentdes paroles incompréhensibles ou du moins que mon cerveaun’arrivepasàdéchiffrer.Lemotmariagememetdansunétat second, je me ronge les ongles au sang dans un désarroiinsoupçonné.Sijeune,jerépèteincessamment…”

Ici la jeune Elsa s’étonne, s’interroge, décrit les émo-tions et blessures qu’elle vit. Son rêve de réussir et de vivrecomme une adolescente normale se voit enterré. Onconstate,en effet, chez l’adolescente, le sentimentd’être abandonnéeseule,l’indifférencetotaleàsonégard.Sesparentsont-ilssongé,uneseulefois,àécoutersonpointdevue? L’histoire inattendue surprend tout un village. C’estdirel’amertume,maisenmêmetempslebonheurqu’Elsaaeuenseséparantdesonvillageetdesesparentspourreprendregoûtàlavie.Incroyablesensation!

Tous ces sentiments, qui se transforment en desprises de positions, dénoncent les problèmes auxquels sontconfrontéscertainesjeunesfillesetlerefusdelapartdelasociétédeconsidérerleursdroitsdevivrelibre.Cequeles parents font accepter à leurs filles, toutes ces violencesabusivescontribuentàréduirelacapacitédesjeunesfillesà choisir pour elles-mêmes. Et leur condition de vie, qui setraduit souvent par les exclusions sociales, les fugues, lesagressions sexuelles, mettent en exergue ce que l’on masquedanslaviecourante.

Treize ans plus tard, c’est un ouvrage bouleversant,maispasseulement.C’estunrécitquiprovoquechezlelecteurdessentimentsdetristesseetdejoie.Cequiyéclatedeplus, c’est le combat de l’autre partie de la société qui militepourlespersonnesvulnérables,maisaussicetterévolteve-nueentempsvoulupoursesentirvivant:“J’aidécidédenepasattachermescheveuxcrépus,unbesoindeliberté,medis-je…Jeressensaussiunbesoindemedévoiler…”.

Parlant de l’auteure, je me targue avec beaucoup dejoie, de dire que c’est une amie courageuse. Son enracine-mentàsesvaleursafricaines,plusparticulièrementsénéga-laises,etsonouvertureaurestedumondefontd’elleunefemmeintègreetsoucieusedesautres.ElimaDIABONGestundonducielquineselimitepasseulementàfairesonde-voir dans sa profession et dans sa famille, c’est une femmeengagéequifaitbeaucoupd’œuvressociales.Mèrededeuxbeaux enfants, elle est un vrai don littéraire, une meilleuredans ce domaine, de par ses récits originaux et fascinants.Elle me fait grand plaisir en me donnant la chance de pré-facersonlivre.C’estuneconfirmationd’uneamitiésincère.

 

AlphaDaoudaBA

Auteur,enseignant,entrepreneur

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

AVANT-PROPOS

À l’aube de mes dix ans, je réalise ce que j’ai toujourssoupçonné, cette indéniable vérité étouffée silencieusementettrainéelourdementcommeunfardeaudegénérationengénérationdansunsilencecomplice,malprofondquiruinelescœurs;lepouvoirdel’homme,cettedominationmesquinequi me noie dans la désolation et me déchire l’âme. Je chercheàcomprendrelesecretenfouideceritueld’acclimatation.Mesquestionsrestentsanslamoindreréponse.Etd’ailleurs,matanteNgoyem’auraitinterditdemeposerdesquestions.

— Tu es encore jeune Elsa, tu vas comprendre plus tard,me sermonne-t-elle en se curant les dents avec une tige d’aca-cia, recrachant de temps à autre, les petits morceaux qui s’in-crustententreelles.

Jelavoisencoreavecsonœilaubeurrenoirforçantunsourireetessayantdecamouflersonmal.C’est ma faute, Birane n’est pas violent, je ne l’ai pasécouté.

Etmamèrequirenchérit:

— Ngoye, une bonne femme doit écouter son marimêmesicedernieratort…

Mon estomac se retourne et j’ai brusquement enviede vomir. Je regarde ces deux femmes sans rien dire; je dé-visage les mains flétries de Ngoye et je bouillonne au fonddemoi.Audiable,cettesoumission,hurlé-jeintérieurementsanspouvoirsortirmacolèreparpeurdereprésailles.TanteNgoyedécèdefinalementsouslescoupsdesonmarietpourunehistoiredesaucetropsalée...Onétouffel’affaire,cardanscetteculture,onveutgarderl’honneurdelafamille.Ngoyea camouflé son mal plusieurs années pendant que son mariBiranecontinuaitsoninfamie.

Àpartirdecemoment,jemeréfugiedansmacolèreetje me mets à détester le monde sans savoir que ma vie seraparsemée de douleurs. Dès mon jeune âge, on m’apprend àme taire et à ne pas m’opposer, au risque d’être punie et dem’attirer les foudres des dieux… Les plus vieux y croient et lajeunessesuitinconsciemment.Moncœurs’opposeàcetteloi humaine. Jemeprometsdenepassuivre…

 

 

PREMIÈREPARTIE

Survivance

 

CHAPITREI

Toutacommencéici….

Une matinée ordinaire, aube nouvelle; le chant du coqretentitmélodieusementcommeunefanfaredanslepetitvillagedeDaourdontlesmaisonsauxtoitsconiques,encorecouvertes d’une légère brume matinale, commencent à s’illu-miner timidement. Les moineaux, surpris dans leur somno-lence, s’éparpillent et disparaissent dans la clarté disparate decetteaubenouvelle.

Au loin, le tapage des premiers coups de pilon dans lemortier vient perturber le silence qui règne dans les foyers.Daour se réveille doucement et avec lui, des habitants encoredansleuralanguissement.

Je sors lentement du sommeil et me frotte légèrementles yeux dans un long bâillement. Mes paupières peinent à sedécolleretjeforceàlesséparer.Dansuneffortsurhumainet àmoitiéendormie,jepromènemamainsurlatabledechevetàlarecherchedelaboitedemédicamentsquej’aiposéelà cette nuit. Je la frôle et la saisis du bout des doigts. Je videlescomprimésdanslecreuxdemamaintremblanteetl’ap-prochedemeslèvrespresquegercéessousl’effetdustress.Aumême instant, un frisson me parcourt tout le corps et je ré-alise ce que je suis sur le point de faire. L’idée d’en finir avecmes jours effleure mon esprit, mais la peur de l’agonie me faitabandonner subitement. Je reste étendue silencieusementsurcelitpendantplusieursheures,milleetuneidéesmetraversentlapensée.Jemesensseuleetlasolitudes’emparedemonâme,cequiaccentuedavantagemonmal.Jepenchelatête,monregardcroiselavieillehorlogeaccrochéesurlemurfissuréetgrâceauxlueursdupetitmatinquis’infiltrentdoucement dans la chambre et de manière désharmonisée,jeliscinqheuresdumatin…Jem’étireettirefurtivementledrapsurmoiensoupirant.J’évoquetouslessaintspourquel’aube ne voie pas le jour. Les souvenirs des derniers joursressurgissentetm’empêchentdemerendormir.Jemeremémore encore cet après-midi où tout a commencé… je reviensde l’école, d’un pas nonchalant et chantonnant jovialementmajeunesseinsouciante;jeviensd’obtenirlameilleurenotedelaclasse.Jefranchisàpeinelaportedenotrevieillemaison en « palissade » que mon père, assis sous le vieux manguieraumilieudelacour,avecdeuxinconnus,meconvoqueàuneréuniondefamille.Jen’avaisjamaisvucesmessieursauparavant.J’appréhendececomitémasculin,maisjenemeposepasdequestions,jelessuisetnousnousdirigeonsversla pièce qui nous sert de salon. Je m’assois à même le sol, detoutefaçon,c’estleseulchoixquis’offreàmoi;macultureme l’impose, le respect des ainés est important. Maman sejointànous,saluantàtourderôlelesdeuxhommesenpliantlegenou,signederespectetvients’asseoiràcôtédemoienajustantsalonguemarinière.Lesdeuxhommessontdanslacinquantaineetportenttouslesdeuxdelonguesbarbes.Undes deux hommes semble plus âgé et porte une légère cicatricesurlajouegauche.